Trailbreaker: les choix difficiles
Le 8 avril dernier, le député bloquiste Yves Lessard conviait les citoyens de Saint-Basile-le-Grand à prendre connaissance de quelques enjeux reliés au projet Trailbreaker et suggérait de lancer une coalition pour exiger la tenue d’audiences publiques qui permettraient à la population de bien connaître les avantages et désavantages associés aux modifications qui seront apportés à ce pipeline. Rappelons que la compagnie américaine Montreal Pipelines projette de renverser le débit de son pipeline – qui facilite actuellement le transport de pétrole brut de Portland, Maine vers les raffineries de Montréal – pour exporter le pétrole des sables bitumineux albertains vers les États-Unis.
Dès le début de la soirée, M. Lessard a indiqué que les députés du Bloc Québécois et du Parti Québécois des circonscriptions qui sont affectées par ce projet préfèrent conserver le pipeline dans sa forme actuelle et ce, même si ces infrastructures – vieilles de près de soixante-dix ans – représentent un risque important pour l’environnement. Alors que la multinationale Shell planifie la fermeture de sa raffinerie de Montréal et que la pétrolière Ultramar pourra contribuer à l’approvisionnement de pétrole raffiné en terminant la construction de son nouvel oléoduc entre Lévis et ses installations montréalaises, il semble y avoir divergence d’opinion entre les députés souverainistes et ceux du Parti Libéral du Québec. D’un côté, la ministre Nathalie Normandeau approuve le nouvel oléoduc sans prendre en considération son impact sur les territoires agricoles et de l’autre, le Bloc et le PQ appuient les travailleurs de la Shell en tentant de trouver un acheteur pour la raffinerie de Montréal qui est alimentée par le pipeline en provenance de Portland.
Malgré leurs bonnes intentions, les députés des principaux partis politiques appuient des projets pétroliers tout en tentant de nous donner une image écologiste. En permettant à Ultramar de remplir les réservoirs de Montréal, le Parti Libéral facilitera peut-être le transport du pétrole albertain vers les États-Unis; ironique n’est-ce pas? Et, en s’opposant au renversement de débit du pipeline Portland-Montréal tout en appuyant la sauvegarde de la raffinerie Shell, le Bloc et le PQ sont prêts à assumer les risques reliés à l’utilisation d’un pipeline construit pendant la deuxième guerre mondiale.
Si les partis politiques veulent vraiment combattre le réchauffement climatique, il leur faudrait faire preuve de courage politique et prendre des décisions sérieuses, voire drastiques. Le Parti Québécois ne parviendra pas à s’identifier comme une formation politique écologiste s’il endosse la possibilité d’un risque environnemental « calculé » ou s’il inclut à son programme l’exploration gazière dans le golfe du Saint-Laurent. Évidemment, nous ne pouvons pas arrêter l’utilisation des combustibles demain matin et nous devons assurer l’approvisionnement de la région de Montréal. Toutefois, considérant qu’Ultramar est en mesure de le faire et qu’il semble y avoir consensus sur les effets néfastes reliés à l’exploitation pétrolière en Alberta, je serais plutôt favorable au démantèlement du pipeline en provenance de Portland.
J’espère toutefois que l’initiative de nos députés permettra de tenir des audiences publiques pour bien comprendre le dossier et pour donner la voix aux citoyens de la région. Là-dessus, je donne mon appui à messieurs Yves Lessard et Bertrand St-Arnaud. Pour ce qui est de lancer une coalition, on pourrait peut-être joindre celle qui existe déjà et unir nos forces, évitant ainsi une approche partisane…
À lire également: OBA-MA-ROIS, un même discours
Comme vous le dites si bien, ce n’est pas demain qu’on pourra se débarasser totalement des hydrocarbures et c’est pourquoi la raffinerie Shell est si importante pour des jobs ultra bien payées dans l’est de Montréal au lieu de laisser sur la table des autres provinces ou États.
En attendant, si les hydrocarbures du St-Laurent peuvent un tant soit peu apporter des dollars au Québec, tant mieux, ensuite on pourra restribuer cette richesse nouvellement acquise à vos pauvres citoyens du Québec. En attendant….voici une source qui a un rapport avec votre billet : http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2010/03/22/006-auidences-oleoduc-mtl-portland.shtml
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Astidastineux, nous ne pourrons jamais lutter contre le réchauffement climatique si nous justifions la pollution par la croissance économique et la protection des emplois. Les albertains protègent l’exploration des sables bitumineux pour ces raisons et nous les dénonçons. Pourquoi le Québec a-t-il le droit de polluer?
D’après les premières études, il est possible que l’exploration gazière dans le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent soit aussi néfaste pour l’environnement que celle des sables bitumineux. Pourquoi alors devrais-je endosser ce projet?
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@Lutopium, pourquoi vous ne citez presque jamais vos sources i.e. « d’après les premières études » ?
L’humain pollue dès sa naissance : pour se nourrir, pour circuler, pour se parler, pour communiquer, pour vivre et même mort, l’humain pollue.
Vous même vous polluez ou vous allez le faire, même l’ordinateur par lequel vous me faites parvenir vos billets pollue. Vous vous donnez donc le droit de polluer.
Alors on fait quoi en attendant de trouver une façon économique (faut penser aux pauvres ) de se déplacer sans l’aide des hydrocarbures ? On ferme boutique ?
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Astidastineux, j’ai souligné la fragilité de l’argumentaire en précisant qu’il s’agissait de « premières études ». Il faut être très prudent avec ce genre de truc, à moyen-terme et à long-terme… Il n’y a pas consensus: http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/environnement/200912/16/01-931762-petrole-aux-iles-de-la-madeleine-les-effets-examines.php
Personnellement, je crois qu’il faut envisager sérieusement la décroissance. Mais on me traitera de fou.
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@ Astidastineux
«L’humain pollue dès sa naissance»
Ce n’est pas parce qu’on pollue qu’on ne peut pas chercher à polluer moins. Tous les humains ne polluent pas de façon égale. Certains modes de vie entraînent plus de pollution que d’autres et d’autres moins. Il est tout à fait justifié d’encourager les modes de vie moins polluants, ainsi que les sources d’énergie moins polluantes.
«Personnellement, je crois qu’il faut envisager sérieusement la décroissance. »
Je suis alors fou aussi ! 😉
En fait, ce crois possible d’avoir une croissance dans des domaines moins polluants (utilisation d’énergie moins polluante, croissance dans le transport en commun et décroissance dans le transport individuel, etc.). Croissance ne signifie pas nécessairement plus de pollution.
Le problème est que les indicateurs de croissance ne distinguent pas les dollars issues d’activités polluantes des $ provenant d’activités moins polluantes. Je tenterai peut-être un jour de développer là-dessus… 😉
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Lutopium a malheureusement raison. Il faut dès maintenant penser la décroissance. Ne serait-ce qu’au chapitre de l’environnement. Notre empreinte écologique déborde déjà largement les capacités de récupération de notre pauvre planète. Chaque année, nous creusons un énorme déficit écologique. Nous ruinons notre seul héritage. Voici une source : http://www.footprintnetwork.org/en/index.php/GFN/page/earth_overshoot_day/
Et c’est la même chose avec le pétrole. La croûte terrestre en contient une quantité finie. Selon les scientifiques (pas les industriels, ni les économistes ou même leurs laquais, les politiciens) il en reste à peine plus que ce que nous avons déjà puisé. Et notre demande ne cesse de croître. À ce rythme, dans quarante ou cinquante ans ce sera fini. Et ça sent déjà la fin. L’exploitation des sables bitumineux en est la preuve. Si les ressources de pétrole n’étaient pas déjà raréfiées, on ne se donnerait pas la peine d’exploiter les sables bitumineux. Si c’est économiquement rentable, ça reste une aberration sur le plan thermodynamique. Une unité de pétrole produite à partir des sables bitumineux demande l’équivalent en énergie d’une unité et demie de pétrole. Voici une source pour commencer à explorer la question : http://aspocanada.ca/
Sinon, patientez. On travaille à la préparation d’un documentaire sur ces questions. On espère le finir avant qu’il ne soit trop tard pour nos enfants. Et parce que je me sens dans un jour faste, allez voir cette vidéo : http://www.impossiblehamster.org/
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Hefgé, moi qui croyait que tu me rassurerais en me confiant qu’il n’y a rien à craindre… Et merci pour le lien vers ce clip… tordant et triste comme tous les bons film de monstres japonais…
Et ce documentaire, ça avance à votre goût?
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Intéressant résumé de la situation et tout à fait pertinent à l’approche de la rencontre du samedi 24 avril à Granby. http://www.facebook.com/group.php?gid=172610176902&v=app_2344061033#!/event.php?eid=111405432225502&index=1
Heureux d’en voir proposé la lecture sur le babillard du groupe. Merci Lutopium.
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@Luto et Darwin
Pouvez vous m’expliquer « décroissance » ou me dire si vous parlez d’eugénisme.
Namaste.
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Lleila, c’est par là… ou, du moins, c’est un bon début…
http://www.decroissance.qc.ca/
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«Pouvez vous m’expliquer “décroissance” ou me dire si vous parlez d’eugénisme»
Eugénisme ? Je ne vois vraiment pas ce que cela vient faire dans la décroissance. J’ai écris un peu ce que j’en pense au commentaire 5.
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@Darwin
Désolé j’avais manquer ce passage, c’est que vous m’avez fait peur un instant!!
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@Luto
Merci pour le nouveau « marque-page » 😉
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