Les dérapages d’une radio-poubelle

Carnets du Devoir, le 17 avril – Une nouvelle dérive d’animateurs d’une radio de la capitale pousse le Conseil de presse du Québec à réclamer la tenue d’un débat public «sur la façon de pratiquer le journalisme d’opinion, notamment à la radio, tout en respectant les droits fondamentaux». La proposition accompagne une décision diffusée hier par le tribunal d’honneur de la profession journalistique. Des animateurs de l’émission «Dupont le midi» et la station CHOI 98,1 FM Radio X ont reçu un blâme du Conseil pour des propos jugés «méprisants» et «inexacts» à propos des assistés sociaux mais aussi des travailleurs sociaux…

Les commentaires décriés ont été émis le 10 mars 2009 par l’animateur controversé Stéphane Dupont et par son coanimateur Vincent Dessureault. Le même Stéphane Dupont a qualité Haïti de «trou à marde» en janvier dernier. La plainte auprès du Conseil émanait du Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ). La décision du Conseil date du 12 mars 2010, mais vient d’être divulguée.

«Moi, les organismes communautaires, j’chu pu capable! J’chu pu capable! J’te détruirais ça de A à Z », a dit un des animateurs. « Eux qui braillent en disant les banques alimentaires sont vides… Mais ils veulent pas de quoi à manger, ils veulent d’l’argent. Savez-vous pourquoi? Pour payer leurs hosties de salaires.»

Le Conseil de presse y a vu «la définition même de l’acte de mépriser, soit de considérer quelqu’un comme indigne d’estime, comme un être ne valant pas la peine qu’on lui porte attention ou intérêt». Le jugement parle aussi de propos «inexacts» et «démesurés» concernant les revenus des personnes assistées sociales. Il conclut que les animateurs nageaient «dans un flou d’approximations qui entretiennent des préjugés et qui compromettent gravement l’exactitude de l’information». La radio comme les animateurs n’ont fourni aucune réaction au tribunal et ils reçoivent également un blâme pour ce refus de collaborer.

Par contre, M. Dupont a réagi en ondes à la décision du Conseil. Il a déclaré ne pas se sentir visé par le jugement. Il s’est aussi présenté comme «un clown» dont les opinions se fondent sur des impressions personnelles plutôt que sur des critères journalistiques. «Je ne suis pas journaliste, a-t-il dit. Heille, je ne suis même pas collégien, ostie! J’ai un secondaire cinq. Et on me demande de dire ce que je pense de différents sujets de l’actualité.»

Billet rédigé par Stéphane Baillargeon dans les carnets du Devoir, le 17 avril 2010.  Publié ici sans permission.  Photo: archives de canoe, utilisée sans permission.

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