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Le salaire minimum

8 juin 2010

Par Darwin – Lors d’une manifestation tenue à Québec le 29 mai dernier, «une centaine de militantes de la Marche mondiale des femmes au Québec ont sommé le gouvernement de Déboucher ses oreilles.». Parmi leurs revendications, elles proposaient de hausser le salaire minimum à 10,69 $ de l’heure, salaire, disaient-elles, basé sur le seuil de faible revenu.

La semaine précédente, j’ai assisté à un débat contradictoire entre un membre de l’Institut économique de Montréal, Yanick Labrie, et Bernard Élie, professeur retraité d’économie et membre du collectif Économie autrement. M. Labrie s’inquiétait au contraire des conséquences de la dernière hausse du salaire minimum qui l’a porté à 9,50 $, soit une troisième hausse annuelle consécutive de 0,50 $, hausse nettement supérieure à celle de l’inflation. Il citait entre autres Pierre Fortin, qui avance que, lorsqu’il excède 45 % du salaire moyen, «une augmentation du salaire minimum de 5 % détruit 1 % de l’emploi parmi les plus bas salariés, soit l’équivalent de 4 000 postes». J’adore les économistes qui ne farfouinent pas avec les nuances et nous fournissent des prévisions d’une telle précision (ironie…) !

Qui sont-ils ?

Avant de se faire une opinion sur ces positions diamétralement opposées, il serait bon de savoir qui sont les travailleurs qui touchent le salaire minimum et quel genre d’emplois ils occupent. Selon les données de l’Institut de le statistique du Québec (pages 126 à 142) :

  • en 2008, 64 % d’entre eux étaient âgés de 15 à 24 ans (60 % en 2005), même si ces jeunes n’occupaient que 17 % des emplois;
  • alors que seulement 2,5 % des salariés âgés de 25 ans et plus occupaient des emplois au salaire minimum, c’était le cas de 23 % des salariés âgés de 15 à 24 ans, proportion près de 10 fois plus élevée;
  • 60 % étaient des femmes (70 % en 2002), alors qu’elles n’occupaient que 48 % des emplois.

D’autres données intéressantes ne sont toutefois disponibles que pour l’ensemble du Canada :

  • en 2009, 62 % des salariés qui occupaient des emplois au salaire minimum travaillaient dans les secteurs du commerce, de l’hébergement et de la restauration, alors que ces secteurs n’offraient que 23 % des emplois;
  • 18,5 % des salariés qui travaillaient à temps partiel étaient payés au salaire minimum, par rapport à seulement 2,9 % des salariés qui travaillaient à temps plein;
  • 55 % des salariés qui occupaient des emplois au salaire minimum vivaient chez leurs parents, dont 53 % (ou 29 % de tous ceux qui occupaient des emplois au salaire minimum) étaient aux études à temps plein.

Faut-il l’augmenter ?

Les calculs et les arguments de Pierre Fortin pour en arriver à des données aussi précises datent en partie … des années 1970 ! Il écrit en effet, pour justifier sa règle du 45 % du salaire moyen : «Dans les années 1970, au Québec, le salaire minimum a grimpé jusqu’à 58% du salaire horaire manufacturier. Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans a explosé à 17%, soit 10 points au-dessus du taux de chômage des hommes de 25 à 54 ans.».

Le problème avec les calculs de ce genre est qu’ils reposent sur l’hypothèse que rien ne change. Ceteris paribus (toute chose étant égale par ailleurs), dit-on en économie. Or, rien n’est jamais égal en économie, surtout pas dans ce domaine. Dans les années 1970, une horde de jeunes envahissaient le marché du travail, dont une proportion beaucoup plus forte qu’aujourd’hui étaient peu scolarisés. Le slogan de l’époque était «créons des emplois». En 1970, Robert Bourassa en promettait 100 000 par année. En 1984, Brian Mulroney misait sur la même corde sensible avec ses trois promesses «Des emplois, des emplois, des emplois».

La situation est tout à fait différente de nos jours. S’il revenait aujourd’hui, Bourassa promettrait plutôt 100 000 travailleurs et Mulroney «des travailleurs, des travailleurs, des travailleurs» ! On nous le serine assez par les temps qui courent, Pierre Fortin le premier, ce qui nous pend au bout du nez avec le vieillissement de la population, ce n’est pas le manque d’emplois, mais une pénurie de travailleurs ! Faudrait être cohérent…

Et que se passe-t-il actuellement dans les principales industries où on embauche des travailleurs au salaire minimum (commerce, hébergement et restauration) ? On se plaint d’une pénurie de travailleurs ! Dans le fond, même s’ils le contestent, les entreprises de ces secteurs bénéficient de la hausse du salaire minimum. En effet, quand elles éprouvent des difficultés à embaucher des travailleurs, elles peuvent difficilement hausser leurs salaires si leurs concurrents ne le font pas. Avec une hausse du salaire minimum, les salaires augmentent de façon égale pour tous. Ces salaires plus élevés attirent ainsi des personnes qui ne seraient pas intéressées à travailler dans ces entreprises à un salaire moins intéressant. Pour un bénéficiaire de l’aide sociale qui perd ses avantages s’il se joint au marché du travail, une augmentation de la différence entre ses prestations et le salaire minimum l’incitera davantage à accepter ce type d’emplois.

D’ailleurs, en Alberta, où le salaire minimum (8,80 $) et le taux de chômage sont plus bas qu’ici, et le coût de la vie bien plus élevé, on en est rendu à faire venir des travailleurs étrangers temporaires pour occuper des emplois au salaire minimum (ou environnant) ! En effet, en 2008 (dernière année où les données sont complètes), les serveurs au comptoir et aides cuisiniers est la profession où ils ont fait venir le plus de travailleurs ! Oui, les emplois Mc-Do ! Les «nannies», ou aides familiales à domicile ? Deuxième ! Les préposés à l’entretien des chambres dans les hôtels ? Troisième ! Ah, l’économie du savoir…

On remarquera en plus que la plupart de ces emplois ne peuvent être délocalisés dans des pays à bas salaires. Ce n’est pas demain qu’on ira prendre notre café en Chine parce qu’il y est moins cher…

L’augmenter, mais à quel point ?

Il semble clair que les 45 % à 50 % du salaire moyen de Pierre Fortin sont des limites maintenant inopérantes. Quelles seraient-elles maintenant ?

Même si le niveau proposé lors de la manifestation des militantes de la Marche mondiale des femmes ne me semble pas déraisonnable (10,69 $ de l’heure), j’ai des réserves avec leur façon de l’établir. Leur demande est en effet basée sur le seuil de faible revenu, méthode aussi proposée par Québec solidaire à la page 33 de son manifeste «Pour sortir de la crise, dépasser le capitalisme ?». Or, il existe 70 seuils de faible revenu… selon la taille de la communauté (5) et des familles (7), et du calcul avant et après impôt (2). En outre, ces seuils sont calculés avec des données pour l’ensemble du Canada et ne tiennent donc pas compte des spécificités du Québec. En plus, un salaire est remis à un individu, pas à une famille, base du calcul des seuils de faible revenu. Or, maintenant qu’on sait que 55 % des salariés qui occupaient des emplois au salaire minimum vivaient chez leurs parents, cela semble peu approprié d’utiliser une méthode basée sur les besoins d’une famille. Finalement, un salaire doit-il être basé sur les besoins des travailleurs ou sur la valeur du travail ? Le salaire d’un même emploi devrait-il varier en fonction des besoins du travailleur ? Personnellement, je trouve beaucoup plus cohérent que la question des besoins des familles relève de la fiscalité et des programmes gouvernementaux de redistribution des richesses.

Pour moi, la méthode proposée par Pierre Fortin est sensée, sauf que les taux qu’il utilise sont insuffisants pour faire face à la réalité actuelle. De fait, utiliser un pourcentage du salaire moyen est à la fois rationnel et à l’abri des décisions intempestives des politiciens. Je proposerais donc de continuer les hausses de 0,50 $ par année jusqu’à ce que le salaire minimum atteigne 55 % du salaire moyen (et même 60 % si les pénuries des emplois au salaire minimum deviennent plus vives), ce qui représenterait cette année 11,00 $ de l’heure, soit plus que la revendication de la Marche mondiale des femmes… Pourquoi 55 % ? Parce que ce taux me paraît possible, ne nuirait pas trop aux entreprises (même si mon café me coûterait 10 ou 20 cents de plus… ce serait comme du commerce équitable !) et attirerait davantage de travailleurs sur le marché du travail.

Et j’ai une autre raison : pourquoi pas ?

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45 commentaires leave one →
  1. 8 juin 2010 17 h 34 min

    Très intéressant. Tu as répondu au final à presque toutes les objections auxquelles j’ai pu songé en cours de lecture.

    Ne reste qu’une question: « Parce que ce taux me paraît possible, ne nuirait pas trop aux entreprises »

    Sur quoi te bases-tu pour dire qu’il ne nuirait pas trop aux entreprises (en particulier les petits commerces)?

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  2. Sombre Déréliction permalink
    8 juin 2010 17 h 35 min

    Analyse surprenante, je me dois de le souligner!

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  3. 8 juin 2010 17 h 47 min

    @ DT

    «Sur quoi te bases-tu pour dire qu’il ne nuirait pas trop aux entreprises (en particulier les petits commerces)?»

    Surtout sur le fait que les salaires des concurrents augmenteraient aussi et qu’ils ne peuvent subir la concurrence des entreprises des pays à bas salaires. En plus, en y allant graduellement comme je le propose, il serait toujours possible de mettre les freins si des signaux contraires se manifestaient. Mais je doute que de tels signaux apparaîtraient.

    Malgré trois années consécutives de hausses du salaire minimum, on ne voit rien de tel et le taux d’inflation demeure très faible. Cela prendrait encore trois ans pour atteindre le niveau que je propose. Pour le 60 %, donc autour de 12,00$ de l’heure, j’attendrais que de plus graves signaux de pénuries se manifestent.

    @ SD

    «Analyse surprenante»

    Dans quel sens ? Je discute de cette question avec des proches depuis des années, alors, je trouve mon analyse assez classique. C’est vrai que je n’ai pas lu souvent (bref jamais !) ce raisonnement en entier, mais les éléments que je retiens sont quand même ceux de l’analyse classique. Peut-être même trop !

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  4. Sombre Déréliction permalink
    8 juin 2010 21 h 42 min

    Dans le sens de la qualité, de la précision et de la clarté. Je vous faisais un compliment (pour une fois!). Par contre avec Friedmann sua kaverne je trollais un peu puisque j’étais vexé d’avoir été comparé à un buffet chinois!

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  5. koval permalink*
    8 juin 2010 22 h 15 min

    « Troisième ! Ah, l’économie du savoir… »

    Quoi? Tu veux dire la prostitution ? Je pige pas…

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  6. Sombre Déréliction permalink
    8 juin 2010 22 h 21 min

    Nan, il ironise sur le fait que certains petits Smattes parlent de l’économie du savoir alors que nombre d’étudiants brillants se voient confinés à du travail de bas d’échelle! Enfin, si j’ai bien compris!

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  7. koval permalink*
    8 juin 2010 22 h 24 min

    Ah bon! Ça a du sens…

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  8. 9 juin 2010 6 h 31 min

    @ SD et Koval

    «il ironise sur le fait que certains petits Smattes parlent de l’économie du savoir »

    C’est à peu près cela. Tout le monde parle que les métiers de demain demanderont de plus en plus de compétences (ce qui n’est pas totalement faux en soi), mais on néglige le fait qu’on aura toujours besoin de travailleurs pour les métiers simples. Et en Alberta, où le salaire minimum est plus faible qu’ici, on ne réussit pas à pourvoir tous les postes dans des métiers qui demandent très peu de compétences. On est «obligé» de faire venir des travailleurs de l’étranger, comme ici on fait venir des manoeuvres agricoles.

    La différence est que ce n’est pas que les salaires qui rebutent les Québécois dans les travaux des champs, tandis qu’un travail chez Tim Horton ou chez Mc-Do est quand même moins exigeant. Bref, les Albertains auraient besoin d’une forte hausse du salaire minimum…

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  9. 9 juin 2010 6 h 36 min

    @ SD

    «Dans le sens de la qualité, de la précision et de la clarté. Je vous faisais un compliment (pour une fois!).»

    Je vais le prendre quand ça passe ! Disons qu’avec le mot «surprenante», ce n’était pas évident. On peut surprendre de bien des fçons, pas nécessairement positives…

    Mais ce n’est pas la première fois. Je me souviens par exemple d’un texte sur le coefficient de Gini sur la Plaine…

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  10. 9 juin 2010 14 h 30 min

    « Les prix records du pétrole ont fait baisser le taux de chômage à 3,5 % en Alberta au printemps dernier, le taux le plus bas en un quart de siècle ; il est la moitié de la moyenne canadienne. […] Il manque à Mme Barham 50 employés dans ses restaurants Tim Hortons. C’est environ le quart de l’effectif dont elle a besoin pour servir le café et les beignets. Cette années, les salaires qu’elle verse et les avantages qu’elle consent lui coûtent 15 % de plus qu’en 2004. Chez elle, le salaire à l’embauche est de 7,50$ l’heure, soit 27 % de plus que le salaire minimum en Alberta».
    (La Presse, 22 août 2005, Affaires1, Bloomberg, «Des iPod pour recruter en Alberta!»).

    Ce genre d’information me semble démontrer que, contrairement à une théorie énoncée dans ce billet, les employeurs n’ont pas besoin que le gouvernement impose une hausse du salaire minimum affectant tant leurs compétiteurs qu’eux-mêmes pour pouvoir augmenter leurs offres salariales et réduire ainsi leurs problèmes de pénuries de personnels.

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  11. 9 juin 2010 16 h 31 min

    Le salaire minimum est un délire bourreaucratique. Cette mesure ne fait qu’exclure les moins qualifiés du marché du travail.

    Et si un jour il y a une pénurie de travailleurs, ce qui n’est pas le cas présentement, le salaire minimum ne sera même pas nécessaire pour augmenter les salaires.

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  12. 9 juin 2010 17 h 48 min

    @ Le crible

    «les employeurs n’ont pas besoin que le gouvernement impose une hausse du salaire minimum affectant tant leurs compétiteurs qu’eux-mêmes pour pouvoir augmenter leurs offres salariales et réduire ainsi leurs problèmes de pénuries de personnels.»

    Votre anecdote date de 2005 et ne parle que d’un cas. Encore là, on y lit que même en offrant 27 % de plus que le salaire minimum alberain de l’époque, soit moins que le salaire minimum au Québec à l’époque (7,55 $ en moyenne), il manquait à cet employeur le quart des effectifs dont il avait besoin.

    Or, c’est justement après 2005 que l’Alberta a commencé à faire venir beaucoup de travailleurs étrangers temporaires pour ce type d’emplois, comme l’indiquent les tableaux du lien que j’ai laissé dans mon billet (http://www.rhdcc.gc.ca/fra/competence/travailleurs_etrangers/stats/annuel/tableau6a.shtml#AB) :

    2006 : 1 376
    2007 : 4 884
    2008 : 11 608
    2009 : 5 219 (malgré la récession)

    Tout cela va drôlement plus dans le sens de mes arguments… Mais, libre à vous de ne pas les accepter !

    @ DG

    Comme d’habitude, nous ne sommes pas d’accord, c’est tout… Mes arguments sont dans mon billet, les vôtres dans votre billet. Ils sont tout à fait irréconciliables…

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  13. 9 juin 2010 23 h 05 min

    Je suis désolé: je ne comprends pas en quoi le recours à des employés étrangers pour combler des emplois à bas salaire viendrait soutenir la théorie à l’effet que les employeurs sont incapables d’offrir de meilleures conditions de travail sans y être obligés par la loi.

    Je comprends plutôt que les employeurs réussissent ainsi à obtenir des travailleurs sans avoir à bonifier les conditions de travail qu’ils offrent.

    Si le gouvernement protégeait autant les intérêts des travailleurs à bas salaire qu’il le fait pour les médecins, ingénieurs, et autres emplois légalement relativement fermés aux concurrents étrangers, il me semble que les conditions de travail offertes à ces travailleurs à bas salaire seraient bonifiées, sans que le salaire minimum légal n’ait à être augmenté.

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  14. 9 juin 2010 23 h 12 min

    Permettez moi de préciser:
    «… sans avoir à bonifier « davantage » les conditions de travail qu’ils offrent » (2e paragraphe)
    « les conditions de travail offertes à ces travailleurs à bas salaire seraient bonifiée « encore plus » sans que le salaire minimum légal n’ait à être augmenté » (3e paragraphe).

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  15. 10 juin 2010 6 h 37 min

    @ Le crible

    «Je comprends plutôt que les employeurs réussissent ainsi à obtenir des travailleurs sans avoir à bonifier (davantage) les conditions de travail qu’ils offrent.»

    Cela ne contredit pas mon argument. En augmentant le salaire minimum, il y aurait plus de gens sur place qui accepteraient de travailler dans ces emplois sans qu’on ait besoin de faire venir de la main-d’oeuvre étrangère. La forte présence de ces employés étrangers montre que le marché local ne s’est pas adapté suffisamment à la rareté de main-d’oeuvre prête à travailler dans des conditions insuffisantes. La hausse du salaire minimum permet de faire ce que le marché ne parvient pas à faire correctement.

    J’ai de la difficulté à bien saisir l’idée derrière votre dernier paragraphe. Suggérez-vous de réglementer l’exercice des professions non spécialisées ?

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  16. 10 juin 2010 9 h 25 min

    « La forte présence de ces employés étrangers montre que le marché local ne s’est pas adapté suffisamment à la rareté de main-d’oeuvre prête à travailler dans des conditions insuffisantes».

    Je suis désolé. Je ne compends toujours pas en quoi la forte présence des employés étrangers serait la preuve d’une incapacité d’adaptation du marché local.
    Qu’est-ce qui empêche de croire que la forte présence d’employés étrangers montre que les employeurs locaux ont « choisi » cette façon relativement peu dispendieuse de combler leurs besoins de main-d’oeuvre, avec la complicité des gouvernements, plutôt que de combler ces besoins en augmentant encore davantage les salaires offerts pour attirer plus de main-d’oeuvre locale?

    Je ne suggère pas de réglementer l’exercice des professions non spécialisées. Je remets cependant en question la politique d’importer des travailleurs non spécialisés, car j’estime qu’elle se fait au détriment des travailleurs non spécialisés d’ici en réduisant les pressions à la hausse sur leurs salaires relativement bas.

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  17. 10 juin 2010 16 h 08 min

    Vous partez d’une prémisse capitaliste qui suppose que les emplois sont nécessairement rares, donc il faut réglementer les salaires, sinon, ce sera la famine. Je ne peux pas souscrire à cette prémisse.

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  18. 10 juin 2010 16 h 11 min

    « S’il revenait aujourd’hui, Bourassa promettrait plutôt 100 000 travailleurs et Mulroney «des travailleurs, des travailleurs, des travailleurs» ! On nous le serine assez par les temps qui courent, Pierre Fortin le premier, ce qui nous pend au bout du nez avec le vieillissement de la population, ce n’est pas le manque d’emplois, mais une pénurie de travailleurs !  »

    Autre fausse prémisse.

    Ce n’est pas croyable comment des économistes peuvent nous seriner une telle ânerie!

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  19. Darwin permalink
    10 juin 2010 18 h 55 min

    @ DG

    «les emplois sont nécessairement rares, donc il faut réglementer les salaires, sinon, ce sera la famine. »

    Où ai-je écrit cela ?

    «Autre fausse prémisse.»

    Ce n’est pas une prémisse, c’est un développement, à la suite d’observations.

    «Ce n’est pas croyable comment des économistes peuvent nous seriner une telle ânerie!»

    Je reste sans réponse devant un argument d’une telle profondeur…

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  20. 10 juin 2010 18 h 50 min

    «Je remets cependant en question la politique d’importer des travailleurs non spécialisés, car j’estime qu’elle se fait au détriment des travailleurs non spécialisés d’ici en réduisant les pressions à la hausse sur leurs salaires relativement bas.»

    Là-dessus, nous sommes assez d’accord. Si le salaire minimum avait été plus élevé, les employeurs n’auraient pas eu besoin de faire venir de travailleurs étrangers, ou, à tout le moins, pas autant.

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  21. 11 juin 2010 15 h 23 min

    La pénurie de travailleurs est une fausse prémisse capitaliste.

    « Où ai-je écrit cela ? »

    Vous ne l’avez pas écrit, mais c’est une prémisse supposée par votre analyse.

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  22. 11 juin 2010 17 h 35 min

    «La pénurie de travailleurs est une fausse prémisse capitaliste.»

    En fait, dans le capitalisme de base, les pénuries ne peuvent exister, car la main invisible règlerait tout déséquilibre temporaire en un tourne… main !

    «Où ai-je écrit cela ?»

    Je n’ai pas écrit non plus que sans réglementation salariale, il y aurait la famine…

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  23. 14 juin 2010 16 h 31 min

    Qu’elle soit capitaliste ou non, il s’agit d’une fausse prémisse.

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  24. 14 juin 2010 20 h 14 min

    Maintenant que vous avez enlevé «capitaliste» à votre affirmation, il ne reste plus qu’à enlever «fausse» et on sera presque d’accord ! 😉

    En fait, une pénurie n’est pas une prémisse, mais une observation. On a beau rejeter ce concept théoriquement, cela n’empêche pas de l’observer…

    Et ce serait bon que, parfois, vous expliquiez vos affirmations plutôt que de les lancer comme des vérités inattaquables.

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  25. 16 juin 2010 15 h 29 min

    Je vais y répondre dans un prochain billet.

    Et même si c’était le cas, raison de plus pour que le salaire minimum ne soit plus nécessaire!

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  26. pseudovirtuose permalink
    6 novembre 2012 19 h 25 min

    « En effet, quand elles éprouvent des difficultés à embaucher des travailleurs, elles peuvent difficilement hausser leurs salaires si leurs concurrents ne le font pas. »

    Pourquoi? Si une entreprise augmente le salaire de ses employés, elle paie d’abord plus cher son coût salarial unitaire mais par après, elle attire davantage de travailleurs et augmente ainsi sa productivité. Cela ne lui procure-t-elle pas un avantage par rapport à ses concurrents?

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  27. 6 novembre 2012 19 h 50 min

    «Si une entreprise augmente le salaire de ses employés, elle paie d’abord plus cher son coût salarial unitaire mais par après, elle attire davantage de travailleurs et augmente ainsi sa productivité»

    Je rappelle, comme je l’ai dit dans le billet, que « 62 % des salariés qui occupaient des emplois au salaire minimum travaillaient dans les secteurs du commerce, de l’hébergement et de la restauration». Il s’agit en grande partie de petites entreprises. Même pour les grosses, il s’agit de secteurs à forte composante de main-d’oeuvre. L’adoption de politiques salariales qui se démarquent trop nettement de la moyenne aura inévitablement des conséquences sur la compétitivité.

    Certaines peuvent avoir une politique avantageuses et en bénéficier, comme Cotsco par rapport à Walmart (j’ai lu ça, mais j’aimerais bien avoir des sources précises sur le sujet) qui, semble-til, connaît un roulement plus faible et n’a pas besoin en conséquence de dépenser autant en formation.

    Mais, cela demeure limitée. La hausse du salaire minimum permet de clore le sujet : les salaires augmentent pour tous.

    Quant à la «productivité dans ces secteurs, j’aimerais bien de me dire en quoi la productivité augmenterait tant que ça. Allez chez McDo, et imaginez que les salaires soient doublés: aurait-on besoin de deux fois moins d’employés. À les voir travailler aussi fort, j’en doute. La productivité est un concept galvaudé…

    https://jeanneemard.wordpress.com/2011/07/17/la-productivite/

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  28. pseudovirtuose permalink
    6 novembre 2012 20 h 09 min

    « Il s’agit en grande partie de petites entreprises. Même pour les grosses, il s’agit de secteurs à forte composante de main-d’oeuvre. L’adoption de politiques salariales qui se démarquent trop nettement de la moyenne aura inévitablement des conséquences sur la compétitivité. »

    C’est vrai que cela fait plus de sens en considérant la présence de petites, moyennes et grosses entreprises sur le marché; les PME subissant un net désavantage.

    Est-ce que je me trompe où il s’agit là d’un cas typique du dilemme du prisonnier?

    Si une entreprise « coopère » et augmente de 25% le salaire de ses employés, les autres peuvent alors augmenter également leurs coûts salariaux (si elles connaissent aussi une pénurie) mais dans une moindre mesure que la première. Ainsi, elles la « trahissent » et profitent de son manque de compétitivité avec ses taux de profits moins élevés!

    Finalement, si l’entreprise cherche à diminuer le salaire de ses employés afin d’être sur un pied d’égalité avec ses concurrentes, certains des travailleurs vont peut-être démissionner alors que d’autres vont s’y opposer (rigidité des salaires). Et c’est retour à la case départ.

    Bref, ça complique pas mal les choses. Le mieux serait qu’un troisième joueur intervienne et l’État joue ce rôle dans ce cas-ci!

    On arrive alors grosso modo à la même conclusion : « La hausse du salaire minimum permet de clore le sujet : les salaires augmentent pour tous. »

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  29. 6 novembre 2012 20 h 16 min

    «Est-ce que je me trompe où il s’agit là d’un cas typique du dilemme du prisonnier?»

    Je n’y avais jamais pensé, mais ça se tient! En n’augmentant pas les salaires, elles doivent souvent embaucher des gens qui ne les satisfont pas, voire même devoir diminuer leurs activités ne trouvant personne qui veut travailler dans ces conditions.

    « La hausse du salaire minimum permet de clore le sujet : les salaires augmentent pour tous. »

    C’est pas mal la base du raisonnement de mon billet…

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  30. pseudovirtuose permalink
    6 novembre 2012 20 h 20 min

    « Je n’y avais jamais pensé, mais ça se tient! »

    Depuis que je connais cette fameuse théorie des jeux, je la voie partout! Et pas seulement au sein du spectre économique. Par exemple, la loi 101 (la partie concernant l’obligation des parents francophones et immigrants à envoyer leurs enfants à l’école en français) en est une application parfaite!

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  31. 6 novembre 2012 20 h 25 min

    J’ai tendance à trouver qu’on la voit trop, mais je dois avouer que cela a du sens…

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  32. pseudovirtuose permalink
    6 novembre 2012 21 h 01 min

    « J’ai tendance à trouver qu’on la voit trop »

    D’autres ne voient que la main invisible alors…

    C’est d’ailleurs ce qui a de bien avec les éléments supposémment invisibles, on peut prétendre qu’ils existent même si personne ne les voit ou en ressent les effets. 😉

    Pour en revenir à la loi 101, il faut adapter le dilemme afin de le faire correspondre à une situation impliquant plus de deux joueurs : http://lanredec.free.fr/polis/prisonnier.html (section « Le dilemme du prisonnier à nombreux joueurs »)

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  33. 7 novembre 2012 18 h 34 min

    Je dis ça comme ça mais j’ai comme l’impression que l’élection américaine a éclipsé mon dernier commentaire sur cette page hier soir. 😉

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  34. 7 novembre 2012 20 h 49 min

    «mais j’ai comme l’impression que l’élection américaine a éclipsé mon dernier commentaire»

    Je l’avais lu! Mais, j’avais de la difficulté à intégrer « Le dilemme du prisonnier à nombreux joueurs »…

    Par ailleurs, je commence aussi à voir le dilemme du prisonnier partout! Entre autres aujourd’hui sur un court texte que j’ai lu sur le Leviathan de Hobbes, soit l’État qui impose la coopération forcée pour éviter le désastre de l’individualisme poussé à outrance…

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  35. 7 novembre 2012 21 h 00 min

    « un court texte que j’ai lu sur le Leviathan de Hobbes »

    Était-ce une critique de Hobbes? Car pour autant que je sache, Hobbes est à l’origine du principe de droit naturel, ce que les libertariens invoquent régulièrement pour justifier le fait que leur droit à leur propriété privée est sacré et absolu. Je ne le vois pas tellement en faveur de l’intervention de l’État.

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  36. 7 novembre 2012 21 h 04 min

    « Hobbes est à l’origine du principe de droit naturel »

    Pardon, je crois avoir mélangé Hobbes avec Locke.

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  37. 7 novembre 2012 21 h 10 min

    Ça fait partie d’un livre que je suis en train de lire. Comme je présenterai ce livre dans mon prochain billet (déjà écrit…) que je publierai vendredi à 4 h 44, je préfère ne pas en parler!

    Mois, je ne connais pas tous les philosophes et je les mélange toujours, alors, je ne m’obstinerai pas! Cela dit, wiki semble d’accord avec l’auteur de mon livre :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9viathan_(Thomas_Hobbes)#Contrat_social

    «Influencé par la première révolution anglaise, Hobbes développa l’idée selon laquelle, les hommes à l’« état de nature » cherchent uniquement à survivre, à assurer leur propre préservation, par tous les moyens nécessaires, n’obéissant qu’à ce qu’Hobbes appelle leur « droit naturel »: le fait que chacun ait la liberté totale d’utiliser sa puissance par n’importe quel moyen afin de se préserver lui-même et de préserver sa propre vie. Ainsi, Hobbes explique que dans un tel cas, la société est en situation de chaos et de guerre civile, selon la formule bellum omnium contra omnes (« guerre de tous contre tous » en latin), ceci ne pouvant être évité que par un solide gouvernement central. Hobbes développe alors le Léviathan, une théorie du gouvernement qui est capable selon lui de contrer cet état de nature et de garantir à tous ses membres la préservation de leurs vies et de leurs biens contre tout ennemi, qu’il soit étranger ou interne au système.»

    Tout seul, l’homme ne cherche qu’à survivre «ceci ne pouvant être évité que par un solide gouvernement central». Et ça correspondre à «l’État qui impose la coopération forcée pour éviter le désastre de l’individualisme poussé à outrance…». En tout cas, ce n’est pas contradictoire!

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  38. 7 novembre 2012 21 h 21 min

    «Pardon, je crois avoir mélangé Hobbes avec Locke.»

    Ça me ressemble de mélanger deux philosophes! Je n’avais bien sûr pas lu ce commentaire avant d’envoyer mon précédent!… 😉

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  39. 2 décembre 2013 9 h 27 min

    J’ai écrit dans ce billet : «On remarquera en plus que la plupart de ces emplois ne peuvent être délocalisés dans des pays à bas salaires. Ce n’est pas demain qu’on ira prendre notre café en Chine parce qu’il y est moins cher…».

    Paul Krugman dit la même chose trois ans plus tard dans son billet d’aujourd’hui :

    «[traduction] Cela signifie, par ailleurs, que l’argument souvent invoqué à l’encontre de toute tentative d’augmenter les salaires – la menace de la concurrence étrangère – ne peut jouer aucun rôle ici : les Américains vont pas aller en Chine pour acheter leurs hamburgers et leurs frites.»

    http://www.nytimes.com/2013/12/02/opinion/krugman-better-pay-now.html

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