Le libre marché (2)
Nous poursuivons ici notre analyse du «libre marché» en examinant le réalisme (ou plutôt l’ésotérisme…) des cinq conditions de la concurrence parfaite.
L’homogénéité des produits
C’est presque une évidence : les produits sur un marché en concurrence parfaite doivent être, sinon identiques, à tout le moins très semblables.
Si c’était le cas sur le marché du travail, tous les travailleurs seraient comparables : plus besoin de CV, plus d’entrevues de sélection, etc. Les emplois ne sont pas plus semblables, même dans une profession donnée : un même type d’emploi peut être plus ou moins agréable selon l’employeur, son style de gestion et même selon les collègues. Les tâches et les mandats peuvent aussi varier considérablement. Il est donc évident que ce critère n’est absolument pas respecté sur le marché du travail.
Il ne l’est pas plus au hockey. Les équipes embauchent d’ailleurs des dépisteurs qui évaluent scrupuleusement les joueurs dès leur plus jeune âge et qui les suivent jusqu’à ce qu’ils soient admissibles au repêchage, justement parce qu’il n’y a pas deux joueurs semblables.
L’atomicité
Non, il ne s’agit pas ici du nombre d’atomes que contient une molécule… Mais, on s’est servi de cette image pour indiquer que la concurrence parfaite ne peut fonctionner que dans le cas où il y a un nombre élevé de demandeurs et d’offreurs (nombre d’atomes), et où chacun de ces demandeurs et offreurs est d’une taille trop petite (atomes) pour pouvoir influencer le fonctionnement du marché.
Dans bien des professions, le nombre d’employeurs est très restreint. Dans certaines localités, on parle même des communautés monoindustrielles. Il est donc évident que ces employeurs contrôlent leur marché et l’influencent grandement. Du côté de l’offre, les membres de bien des professions se regroupent en association et ordre professionnels, ou au sein d’un syndicat, et forment dans certains cas des véritables monopoles (dans la construction, par exemple).
Au hockey, le nombre de demandeurs (30 équipes) est peu élevé. En plus, un seul joueur ou une seule équipe peut influencer le comportement du marché. En effet, la signature d’un gros contrat change les règles du jeu et porte les autres joueurs à devenir plus exigeants. L’adoption du plafond salarial a toutefois fortement atténué l’impact de cette influence. Cet exemple montre qu’une réglementation peut très bien améliorer le fonctionnement d’un marché et non pas lui nuire…
La transparence de l’information
On tombe ici carrément dans un monde parallèle. Tous les agents présents sur un marché, demandeurs et offreurs, doivent avoir accès à toute l’information disponible.
Cette condition n’est respectée sur aucun marché. Cela prend souvent l’intervention gouvernementale (par exemple, étiquette sur les produits alimentaires, obligation de faire certifier ses produits, etc.) pour que les consommateurs en sachent un peu plus sur les produits et services qu’ils achètent. De même, jouant sur l’impossibilité pour les consommateurs de détenir toute l’information nécessaire à l’exercice d’un choix éclairé lors de leurs achats, les producteurs dépensent des fortunes en publicité pour les influencer. Eux-mêmes ne possédant pas toute l’information nécessaire sur la demande, ils investissent des sommes importantes en études pour s’informer sur le comportement du consommateur et sur l’accueil qu’il pourrait faire à tel produit ou service. D’autres n’hésitent pas à délier les cordons de leur bourse et ajoutent des clauses de confidentialité dans les contrats de leurs employés pour se protéger contre l’espionnage industriel! Alors, pour la transparence complète de l’information, on repassera !
Sur le marché du travail, de nombreux produits et services (journaux, revues, sites Internet etc.) existent justement pour compenser le manque d’information, que ce soit sur les exigences des employeurs et la formation requise pour exercer une profession donnée, ou sur les perspectives dans les professions, les «offres» (c’est en fait une demande…) d’emplois, le marché caché et j’en passe. Ce qu’on appelle le chômage frictionnel est justement le reflet du manque d’information sur les emplois et les travailleurs disponibles.
Au hockey, on cache même la nature des blessures, parlant de blessures au bas ou au haut du corps… De même, si l’information sur les salaires des joueurs circule bien, ce n’est pas le cas de l’information sur la situation financière des équipes. Rappelons-nous qu’un des principaux écueils lors du conflit de travail qui a débouché sur l’annulation de la saison 2004-2005 était justement le refus des équipes de «montrer leurs livres» au syndicat des joueurs pour prouver le déficit de 300 millions $ qu’elles affirmaient avoir cumulé en 2002-2003.
La libre entrée et sortie sur le marché
Avec cette condition, on s’enfonce davantage dans notre univers parallèle… Le marché doit être libre de tout obstacle (réglementation, tarification, protectionnisme, etc.). Or, aucun marché ne respecte cette condition, et le marché du travail encore moins : normes du travail, réglementation sur la santé et sécurité au travail, assurance-emploi, ordres professionnels, professions réglementées, syndicats, associations patronales, etc.
Au hockey, c’est pareil. L’accès à la LNH est très difficile pour un investisseur, car tout achat ou implantation d’une nouvelle équipe doit être approuvé par la ligue. De même, le plafond salarial et les règlements encadrant le repêchage et le statut d’agent libre restreignent drôlement la liberté des joueurs.
La parfaite mobilité des facteurs
Ai-je mentionné les univers parallèles ? Si les facteurs étaient parfaitement mobiles, tous les agents (demandeurs et offreurs) pourraient, sans coût et sans délai abandonner un marché pour un autre. La demande de tomates faiblit ? Fabriquons des ordinateurs ! Ras le bol de la comptabilité ? Pourquoi ne pas jouer au hockey !
Reflet de la faible mobilité des facteurs sur le marché du travail, il faut souvent retourner sur les bancs d’école pour changer de carrière, sauf lorsque les exigences du nouvel emploi permettent un transfert de compétences déjà acquises. Ainsi, leurs compétences n’étant transférables qu’à un nombre limité de professions, beaucoup de joueurs de hockey accèdent, après leur retraite, à des postes d’entraîneurs (où ils ont parfois l’occasion d’encadrer leur propre enfant…), de «joueurnalistes» ou de propriétaires de brasserie…
Conclusion
Même si les conditions de la concurrence parfaite ne s’observent absolument pas dans le monde réel, cela ne veut pas dire que l’offre et la demande ne sont que des visions de l’esprit. Il est incontestable qu’elles jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement des marchés et que tout être humain, malgré son niveau limité de rationalité, tente, dans la mesure du possible, de maximiser son bien-être. Mais il ne le fait pas de façon mécanique, ni méthodique, et surtout pas pour toutes ses transactions.
Cela dit, on l’a vu, il est assez surréaliste d’entendre des gens parler des avantages du libre marché quand celui-ci n’existe pas et ne peut pas exister sur cette terre. Il ne s’agit que d’un modèle qui peut nous donner des indications, mais surtout pas une règle de conduite. Il existe plutôt des marchés plus qu’imparfaits qu’on doit absolument encadrer pour compenser leurs lacunes et éviter leurs dérives. On ne l’a que trop bien vu récemment avec la crise financière…
Bon billet. Je ne pense pas avoir appris grand-chose, mais cette présentation méthodique a l’avantage de mettre de l’ordre dans les idées.
J’ai toutefois une réserve sur le premier point. L’homogénéité des produits (ou leur non-homogénéité), ne me semble pas un gros obstacle au libre-marché. Si tout était homogène, il n’y aurait pas besoin de faire de choix, une loterie suffirait, ce qui est me semble-t-il contraire à l’idée même de marché.
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Merci. Je sais que je n’invente rien. Comme je l’ai mentionné dans le premier, le but de ces billets est justement de clarifier ce qu’est un libre marché et de montrer qu’il ne s’agit que d’une construction intellectuelle qui n’existe pas comme telle, et encore moins sur le marché du travail.
«L’homogénéité des produits (ou leur non-homogénéité), ne me semble pas un gros obstacle au libre-marché»
J’ai écrit ces billets en réponse à certains commentaires sur mon billet portant sur le salaire minimum et sur l’application des principes du libre marché au marché du travail. Si tu savais le nombre de personnes qui s’imaginent que les données sur le marché du travail, sur les salaires et les taux de placement des programmes de formation professionnelle, technique et universitaire s’appliquent à tous de façon égale…
Cela est bien sûr faux, car il faut considérer les caractéristiques spécifiques de chaque personne, ses intérêts et aptitudes, ses contacts, ses expériences, etc. Lorsque les perspectives dans une profession sont «bonnes», cela ne veut pas dire qu’elles sont bonnes pour tous. Ce qui est bon pour un ne l’est pas nécessairement pour un autre. L’inverse est aussi vrai, bien des gens se démarquent dans des domaines où les perspectives sont considérées moins bonnes, comme en histoire !
En plus des exemples que j’ai donnés (CV, entrevues de sélection, etc.), le manque d’homogénéité de l’offre de travail explique l’utilité des conseillers d’orientation, les évaluations de rendement, les programmes de formation continue et même les programme d’aide aux employés.
Il en est de même du côté des demandeurs d’emploi. Combien de chercheurs d’emplois refusent des emplois parce qu’ils ne conviennent pas ou les quittent rapidement parce qu’ils ne correspondent pas à leur perception de cet emploi.
Bref, l’homogénéité est la base qui permet de parler de marché, car si les biens et services ne se comparent pas, on se retrouve avec une multitude de demandeurs et d’offreurs individuels, ce qui, d’ailleurs, ressemble à une grande partie de la réalité !
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J’ajouterai que cela n’empêche pas ces marchés de fonctionner. Mais pas de la façon décrite par le concept de concurrence parfaite.
C’est probablement le sens de ton intervention, et, à cet égard, tu n’as bien sûr pas tort. Mais, je le répète, c’est en premier lieu l’aspect mécanique et automatique qu’on attribue au libre maché que je conteste. Et, sur cet aspect, le manque d’homogénéité change la façon dont fonctionnent les marchés.
En termes de hiérarchie entre les cinq conditions, ce n’est certes pas celle qui mine le plus le concept de libre marché (le manque de transparence de l’information arrive probablement au premier rang dans mon esprit), là je suis d’accord. Mais, il ne faut pas non plus négliger son impact.
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Je me souviens avoir lu Jacques Généreux qui disait que le seul domaine respectant intégralement les lois du marché est le marché boursier. Pour le reste, c’est difficilement applicable, car les déséquilibres entre offres et demandes se pointent le bout du nez assez rapidement (par exemple avec les oligopoles ou monopoles).
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Ce texte est exact, mais inutile pour moi. La concurrence parfaite n’existe pas et ne peut pas exister, j’en conviens.
Vous parlez du marché du travail, mais ce serait la même chose pour tout autre marché. Prenons les hamburgers, par exemple. Un Big Mac n’est pas identique à un Whopper, un Teen Burger ou n’importe quel autre hamburger. Ils ne sont donc pas en concurrence parfaite. Et si j’opte pour un Big Mac, je peux choisir l’endroit où le manger: la décoration varie d’un McDo à un autre. Un Big Mac n’est donc pas en concurrence parfaite avec un autre Big Mac.
Bravo, nous voilà bien avancés. La concurrence parfaite n’existe pas et ne peut pas exister.
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«Je me souviens avoir lu Jacques Généreux qui disait que le seul domaine respectant intégralement les lois du marché est le marché boursier.»
Je ne me souviens pas de cela. Cela m’étonne toutefois qu’il dise que le marché boursier respecte «intégralement» le «lois du marché». Même s’il s’en éloigne moins que le marché du travail, il demeure imparfait.
D’une part, un investisseur peu à lui seul influencer un marché. Voir par exemple les effets de l’erreur du courtier qui a confondu des «millions» avec des «billions» (http://www.france24.com/fr/20100506-employe-confond-milliards-millions-wall-street-devisse ). Mais, encore plus important, l’information y est loin d’être transparente. La rumeur domine ! Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les délits d’initiés existent, justement parce que les gens qui possèdent plus d’information que les autres dont indûment avantagés.
En plus, le marché boursier est réglementé, contrevenant à la quatrième condition (La libre entrée et sortie sur le marché). Comme je l’ai indiqué, la réglementation peut permettre un meilleur fonctionnement d’un marché, mais n’en contreviennent pas moins aux conditions de la concurrence parfaite.
Quant au comportement rationnel des «investisseurs» (voir le billet précédent), on pourrait rigoler longtemps là-dessus !
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@ Jack
«Ce texte est exact, mais inutile pour moi.»
Merci !
Le problème est que des gens croient aux bienfaits d’un libre-marché qui n’existe pas et ne peut pas exister !
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« Le problème est que des gens croient aux bienfaits d’un libre-marché qui n’existe pas et ne peut pas exister ! »
Voila!
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En effet, la concurrence pure et parfaite n’existe pas. Vous n’aurez aucune résitance là-dessus, puisque je ne connais personne de sain d’esprit qui affirme le contraire…un simple lien Wikipedia aurait suffi.
Mais cela ne prouve rien d’utile, comme le mentionne Jack…
Un marché n’a pas besoin de parfaitement satisfaire ces 5 conditions pour être libre.
Ces conditions illustrent les conditions nécessaires pour que le marché soit optimal. Que cet optimum soit inatteignable ne signifie pas que le libre-marché ne soit pas le mécanisme menant à la situation la plus désirable économiquement.
» il est assez surréaliste d’entendre des gens parler des avantages du libre marché quand celui-ci n’existe pas et ne peut pas exister sur cette terre. »
Encore une fois, vous avez démontré l’inexsitence de la concurrence pure et parfaite, et non du libre-marché.
Les deux conditions pour qu’un libre-marché fonctionne sont la reconnaissance des droits de propriété et la non-utilisation de la force pour manipuler le marché. Autrement dit, on prend pour acquis que si deux parties font un échange de l’une de leurs propriétés et ce sans contrainte « violente », c’est que les deux croient qu’ils en sortent gagnants, sinon ils ne participeraient pas à cet échange. C’est aussi simple que ça le libre-marché.
» Il existe plutôt des marchés plus qu’imparfaits qu’on doit absolument encadrer pour compenser leurs lacunes et éviter leurs dérives. On ne l’a que trop bien vu récemment avec la crise financière… »
Là est justement l’erreur: de croire que l’État peut corriger le tir du marché à sa guise. Au contraire, il est facile de démontrer que c’est l’intervention de l’État qui fait dérailler les marchés…nous l’avons trop bien vu récemment avec la crise financière!
Voici un excellent texte sur la régulation par l’État publié sur Objectif Liberté:
http://www.objectifliberte.fr/2010/05/regulation-de-leconomie-par-letat.html
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Si l’un d’eux est mal informé, vous considérez ça comme une violence ou pas?
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@DG
Non.
Par contre, ça l’est si l’État utilise la force pour prendre une décision à notre place en affirmant qu’il est mieux informé que nous.
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Effectivement, ce n’est pas d’une facilité absolue que d’atteindre les conditions nécessaires au libre-marché. Cependant, une anarchie serait plus proche d’un libre-marché que le capitalisme actuel.é
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Merci pour ce billet qui confirme que l’État est le pire obstacle contre le libre-marché! Je commenterais plus profondément un jour.
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@Minarchiste: merci de ne pas me confondre avec DG 😉
Votre réponse me confirme ce que je pensais. La parousie libertarienne est la terre promise des escrocs de haut vol.
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@ Minarchiste
«Que cet optimum soit inatteignable ne signifie pas que le libre-marché ne soit pas le mécanisme menant à la situation la plus désirable économiquement.»
Cela ne démontre pas non plus votre affirmation !
«Les deux conditions pour qu’un libre-marché fonctionne sont la reconnaissance des droits de propriété et la non-utilisation de la force pour manipuler le marché.»
Je suis d’accord avec la première de vos conditions, mais elle ne peut se réaliser qu’avec la collaboration de l’État. Même avec l’ajout de la deuxième, que vous réduisez en la limitant à l’absence de «contrainte violente», ces conditions me semblent bien insuffisantes. Ces conditions ne tiennent pas compte de l’existence très répandue des monopoles et monopsones, et encore plus répandue des oligopoles et oligopsones. En plus, comme le dit bien Déréglé, elles ne tiennent pas compte du rôle essentiel de la transparence de l’information.
Cette condition est essentielle qu’on soit en concurrence parfaite ou non. ce n’est pas pour rien que c’est la condition sur laquelle je me suis le plus étendu dans mon billet. Nous en avons déjà discuté, mais je ne comprends vraiment pas comment vous ne pouvez voir son importance. Pour échanger des biens et services sans contrainte, il faut connaître, idéalement en détail, l’objet de ces échanges. Des fortunes sont dépensées pour fournir de l’information, l’orienter ou même la cacher. Comment prétendre face à cette évidence qu’elle n’est pas importante ? Quand je lis qu’elle n’est pas essentielle, que seul le signal du prix est suffisant, comme l’a déjà écrit Philippe que vous avez appuyé là-dessus, les bras m’en tombent…
Et là, oui, les institutions que la société s’est données, dont l’État, ont un rôle essentiel. Pas seulement pour faire ajouter des étiquettes aux produits, mais aussi par la réglementation sur les produits, le contrôle du contenu des produits et services (par exemple, ces contrôles ont permis récemment de condamner un importateur qui ajoutait de l’huile de tournesol à son huile d’olive, supercherie qui serait restée impunie sans intervention gouvernementale et qui se multiplierait sans cette menace…), la conformité à des normes (comme l’Acnor, mieux connue sous l’acronyme anglais CSA), l’appartenance à des ordres professionnels, les tests de produits et services, et j’en passe. Que vous puissiez être contre ces interventions qui permettent une meilleure circulation de l’information, cela me dépasse…
Et cela n’a absolument rien à voir avoir la force utilisée pour décider à notre place, mais bien à une intervention pour nous aider à obtenir la meilleure information possible pour pouvoir effectuer nos choix de façon éclairée. Je le répète, l’État fait des «choix à la place des individus» (mais en conformité avec les choix de la société) seulement dans le cas des biens publics. J’y reviendrai un jour…
«nous l’avons trop bien vu récemment avec la crise financière»
Je sais, vous attribuez la crise à une réglementation qui n’a rien à voir et qui existait depuis de nombreuses années sans causer le moindre tort, en empêchant plutôt la discrimination systémique. Mais, bon, inutile de répéter encore et encore nos arguments à ce sujet…
@ David Gendron
«Merci pour ce billet qui confirme que l’État est le pire obstacle contre le libre-marché! »
J’ai écrit exactement le contraire… Soit que vous avez un problème de lecture ou de compréhension, soit que j’en un d’écriture…
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« Soit que vous avez un problème de lecture ou de compréhension, soit que j’en un d’écriture… »
Haha, je ne vois aucune nuance ici ! Assez limité comme choix, non. Cela me fait me souvenir de l’intervention de quelqu’un sur ce blogue. 😉
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«je ne vois aucune nuance»
Pas de nuance, moi ? Quelle insulte ! 😉
D’autant plus que j’ai omis le verbe («ai») dans la fin de la phrase, pour montrer que j’ai des problèmes d’écriture ! 😉
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« Que vous puissiez être contre ces interventions qui permettent une meilleure circulation de l’information, cela me dépasse… »
Tiens, en ce sens, je propose la lecture de ce billet et des deux dernier commentaires (anonyme et la réponse que lui fait Yannick Bourquin:
http://quedisentleseconomistes.blogspot.com/2010/06/pourquoi-les-economistes-sont-ils.html
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En bref, je ne nie pas que l’information soit importante; plus l’information est « complète » (dans la mesure où l’utilisateur la trouve utile), plus le marché sera efficient. Une information incomplète fera en sorte que le marché ne sera pas optimal. Ça ne fera pas en sorte que le marché ne sera pas libre.
Mais je mentionnerais que je suis d’accord avec vous à l’égard du fait que l’État est nécessaire pour protéger les droits de propriété.
C’est d’ailleurs sa fonction la plus importante selon moi.
Je ne m’oppose pas non plus au contrôle du contenu des produits. La fausse représentation est une forme de fraude qu’il faut détecter et punir. Je ne vois pas cela comme une intervention étatique, mais plutôt comme un corrolaire du système légal.
Une bonne façon de le faire sans que ça coûte trop cher (prenons votre exemple de la fausse huile d’olive) est de faire des contrôles aléatoires dans les épiceries; si un produit est faussement représenté, le détaillant devrait payer une amende équivalente aux ventes totale du produit fautif.
En réaction à une telle loi, on pourrait s’attendre à ce que les épiciers se mettent à analyser tous les produits qu’ils vendent pour s’assurer que ce qui est dans la bouteille correspond à ce qui est sur l’étiquette et éviter une gigantesque amende. Ils pourraient même créer une association entre eux question de partager les coûts.
Ceci étant dit, si la règlementation se concentrait à favoriser une meilleure information sur les marchés, ce serait un moindre mal; mais on dirait que l’État ne peut s’arrêter. Il crée plein de lois visant à changer l’orientation des marchés, parfois avec de bonnes intentions, mais n’anticipe pas les conséquences inattendues. La crise financière en témoigne.
Mon collègue Vincent Benard a écris un excellent article sur comment des règlements étatiques ont menés à la crise financière.
http://www.objectifliberte.fr/2009/01/credit-immobilier-us-1.html
On peut parler du McFadden Act de 1927 et de son amendement Douglas de 1935 qui ont interdit aux banques américaines de franchir les frontières de leur État d’incorporation, les empêchant ainsi de diversifier leur risque. Pour remédier à la situation, l’État a créé Fannie Mae, permettant aux banques de titriser leurs hypothèques pour se diversifier. Il lui a plus tard créé un « concurrent », Freddie Mac. Ces deux entités ont mis la main sur 90% des hypothèques titrisées par Countrywide avant la crise.
Ensuite il y a eu la Régulation Q de 1933 (à l’intérieur du Glass-Steagall), qui a littéralement eu comme impact de nuire aux caisses d’épargne. L’État a « corrigé le tir » en 1980, avec le DIDMC Act, qui a mené à la crise de 1989 et au bailout des S&L. Fannie et Freddie avaient alors le champs libre.
Ensuite, la règlementation du HUD obligea les deux entités à partir de 1992 à prendre en charge le financement des familles à bas revenu (les sub-prime). Et que dire du Community Reinvestment Act, réformé en 1995, qui a eu plusieurs effets pernicieux.
C’est pour complaire au Congrès que Fannie et Freddie ont, en 2004, entâmé un programme massif d’achats de subprime CDOs, question d’améliorer l’accès à la propriété.
Et c’est sans parler des garanties de l’État et de tous les autres privilèges dont bénéficiaient Fannie et Freddie, et qui ont fait en sorte de les engrossir.
Cette crise a été le résultat inévitable de 70 ans d’interventions étatiques sur les marchés du crédit et d’une politique monétaire ultra-expansionniste.
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Ah oui? Je ne pouvais pas croire ça, alors j’ai supposé le contraire!
De plus, la quasi-totalité de vos cas de figures proviennent d’interventions étatiques qui nuisent au libre-marché, ce n’est pas moi qui l’a écrit!
Minarchiste, il n’est pas nécessaire d’avoir un droit de propriété absolu pour avoir une libre-marché.
http://anarchopragmatisme.wordpress.com/2009/06/25/libre-marche-trois-concepts-anti-capitaliste/
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@Darwin
Voici l’extrait de Généreux dont je me souvenais. Il confirme aussi l’une de tes assomptions: « En plus, le marché boursier est réglementé, contrevenant à la quatrième condition (La libre entrée et sortie sur le marché) »
« En conclusion de cette revue des marchés, soulignons le fait que la loi de l’offre et de la demande peut jouer, quel que soit le produit financier concerné, parce qu’il existe toujours un moyen de confronter rapidement l’ensemble des offres et des demandes. Les agents intéressés ont accès rapidement et en permanence à l’information sur l’ensemble des conditions d’échanges pratiquées dans le monde entier. La concurrence peut donc jouer PLEINEMENT, sous la seule réserve que les pouvoirs publics veuillent laisser jouer cette concurrence sur les marchés nationaux, et laisser à leurs ressortissants un libre accès aux marchés internationaux. »
Introduction à l’économie, Jacques Généreux, P. 140
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@ Monarchiste
«Mais je mentionnerais que je suis d’accord avec vous à l’égard du fait que l’État est nécessaire pour protéger les droits de propriété.»
Ravi de lire cela !
«Je ne vois pas cela comme une intervention étatique, mais plutôt comme un corrolaire du système légal.»
…du système légal étatique…
Pour l’huile, je suis aussi heureux que vous partagiez mon point de vue sur la nécessité de protéger les consommateurs, ainsi que l’effet dissuasif apporté par ce genre de réglementation et de contrôle.
«comment des règlements étatiques ont menés à la crise financière»
Nous avons déjà discuté de cela ailleurs. Nous ne faisons absolument pas la même analyse des causes de la crise.
Vous, vous l’attribuez à la réglementation, moi, au manque de réglementation ! Inutile de reprendre toute cette discussion ici.
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@ David Gendron
«De plus, la quasi-totalité de vos cas de figures proviennent d’interventions étatiques qui nuisent au libre-marché, ce n’est pas moi qui l’a écrit!»
Ce n’est pas vous qui l’avez écrit, mais c’est vous qui l’interprétez de cette façon. Regardez, même Minarchiste est d’accord que certaines interventions étatiques peuvent améliorer le fonctionnement du marché. Moins que moi, c’est certain, mais il ne nie pas complètement cette réalité.
En passant, ce n’est pas que l’État qui peut améliorer le fonctionnement du marché, mais bien d’autres institutions, pas toutes étatiques.
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@ Jimmy
Merci pour l’extrait.
«Les agents intéressés ont accès rapidement et en permanence à l’information sur l’ensemble des conditions d’échanges pratiquées dans le monde entier.»
Vrai. Mais cela ne s’applique qu’aux «conditions d’échanges pratiquées dans le monde entier», pas nécessairement à toute l’information qui serait nécessaire pour évaluer correctement la véritable valeur des actions (si une telle chose que «véritable valeur» existe…).
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@ Déréglé
«Tiens, en ce sens, je propose la lecture de ce billet et des deux dernier commentaires (anonyme et la réponse que lui fait Yannick Bourquin:»
Merci, j’ai lu cela aujourd’hui. En fait, je me demandais pourquoi tu m’avais suggéré de lire ce billet, jusqu’à ce que j’arrive au commentaire d’Anonyme. Mis à part ses références françaises, son intervention ressemble à certaines des miennes. J’ai donné l’exemple de l’huile d’olive et lui prend celui des restaurants (ce qui est encore plus pertinent) et de fauteuils ! C’est pareil !
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@Darwin
« Nous avons déjà discuté de cela ailleurs. Nous ne faisons absolument pas la même analyse des causes de la crise. »
Auriez-vous un lien? Ce genre de débat entre vous et minarchiste vaut assurément le coup d’oeil!
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«Auriez-vous un lien?»
Ce billet date de deux ans et demi! Désolé, mais je ne me souviens même plus du blogue où s’est déroulé l’échange dont je parle (peut-être celui de Renard Léveillé, mais peut-être aussi sur les7duQuébec ou ailleurs. Et sur quel billet?).
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