Karl et son capital
Par lutopium – Je me demande bien si Bernard Landry a de la difficulté à s’endormir ces jours-ci. Son grand ami Karl Péladeau a décidé d’investir une partie de sa richesse personnelle dans le lancement d’une chaîne d’information continue, en anglais et avec des couleurs de populisme emprunté à l’américaine Fox News. Baptisée Sun News, la nouvelle aventure du groupe Quebecor Media se veut avant tout un produit patriotique – canadian, évidemment – qui diffusera des bulletins d’information le jour et offrira des émissions d’opinion en soirée.
Si ce n’était de la générosité de Bernard Landry et du Parti Québécois, Karl ne serait pas celui qu’il est devenu aujourd’hui. Rappelons-nous qu’en 2001, Landry avait bloqué la transaction entre Ted Rogers et la famille Chagnon (vente de Vidéotron) en évoquant la souveraineté culturelle du Québec. Grâce aux réserves de notre fonds de retraite, Karl est donc passé du statut de propriétaire de journaux et d’imprimeur en un acteur de premier plan du monde de la télévision et de la câblodistribution québécoises. On a toujours prétendu que Karl était un grand défenseur de l’indépendance du Québec et qu’il demeurerait loyal au Parti Québécois qui l’a hissé sur le podium de la réussite et de la popularité. Dans quelques semaines, son investissement permettra aux forces conservatrices de Stephen Harper de faire la promotion de l’unité canadienne, de défendre les idées néolibérales (Karl est déjà à l’aise avec ce concept) tout en détruisant les idées progressistes en utilisant des demi-vérités, des mensonges et des syllogismes de bas étage (Karl est également à l’aise avec ce style).
Osera-t-il demander à Michael Sabia d’y investir quelques dollars?
J’avais l’intention d’écrire un billet détaillé sur cette histoire. En lançant une recherhe sur Google, je suis tombé sur un excellent papier de Carl Boileau qui fait le tour de la question. Je vous le recommande fortement.
J’avais vu le billet de Carl Boileau. Vu, mais non lu. Je l’ai commencé, mais me suis découragé quand j’ai remarqué sa longueur !
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Héhé: j’aime beaucoup le titre…
😉
Je pensais réellement lire une analyse entourant LE CAPITAL de «l’autre» Karl… et je me préparais à sortir tous mes arguments… anti-marxistes…
Ouf, ‘ma’ neurone -parfois paresseuse- vous dit merci.
🙂
Sérieux, même si j’ai hâte d’entendre les commentaires «à la Glenn Beck» fesser sur tous les étatistes (j’espère qu’il y aura des libertariens -que la gauche aime détester- dans leurs ‘troupes’), j’aime bien votre critique… libertarienne… qui dénonce le corporatisme (dans le sens utilisé par ceux qui dénonce l’alliance entre les grosses cies et l’état, comme sous Mussolini).
Après ma lecture des 2 derniers derniers textes de ce blogue, j’ai vraiment un peu l’impression d’être sur le site du Québécois Libre… que se passe-t-il? Les scribes de QS voient enfin la lumière… ? Ou bedon, ils décident de prendre -un peu- l’angle libertarien, parce qu’il est payant, électoralement parlant ?
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Sébas, je crois que les partisans de la gauche politique et ceux de la droite, particulièrement les « vrais » libertariens font souvent les mêmes constats. Les gauchistes modérés, dont je fais partie, sont contre l’interventionnisme inutile de l’état dans l’économie. Seules certaines actions peuvent être endossées. Selon certains calculs, environ la moitié des subventions gouvernementales (approximativement 3 milliards $) ne sont pas nécessaires.
Certains éléments de l’école libertarienne sont justes. Spécifiquement ceux qui font la promotion des responsabilités individuelles. Mais, à mon avis, ça relève beaucoup plus du philosophique et du sociétal que du politique. Je ne crois pas que l’ensemble de la population est déresponsabilisée et qu’elle souhaite vivre aux crochets de l’état. Dans une société « social-démocrate » comme la nôtre, les citoyens espèrent simplement accéder à des services publics (santé, éducation, structures…) de qualité et que les fonds publics soient gérés adéquatement.
Comme je le mentionne dans mon dernier billet, les militants de Qs ne sont pas des extrêmistes… Ils se retrouvent plutôt à défendre ce modèle social-démocrate que le Québec s’est donné depuis les années soixante. Mais nous sommes très conscients que ces services ne sont pas parfaits… La droite politique, du moins dans ses discours, endossent le concept de privatisation de ces services et l’approche utilisateur-payeur. Il me semble impossible que l’accès à ces services soit équitable. Je n’adhère pas à la possibilité que les organismes de charité comblent le vide.
Reste à trouver le consensus… Je suis d’accord avec vous, il faut trouver le mode de « vivre ensemble ». Je ne crois pas que c’est possible avec des mesures drastiques. Il faut y aller à petits pas et ne pas confondre les problèmes politiques aux problèmes de société.
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Non sérieux, je sens vraiment un changement de ton. Est-ce moi qui est plus sage (et qui vois du positif partout?), ou est-ce vous?
Pour le reste, je suis évidamment pas du tout d’accord avec vous lorsque vous défendez la social-démocratie (ce systême est basé sur des antagonismes irréconciliables) , mais tout à fait d’accord avec votre analyse de la droite corporatiste, donc étatique.
Oui j’aimerais que nous trouvions le consensus (sic), et RIEN ne fait plus peur à nos élites (de tout acabit: qui aiment nous voir diviser et qu’ils rient de nous et de nos échanges ‘partisans’) que ça.
Mais pour y arriver, il faut arrêter nos gu-guerres partisanes et discuter du FOND des problèmes.
Comme d’où vient l’inflation qui cause tant de pénuries, de sans-abris, des logements inabordables, etc?
Et pourquoi notre santé est un service «public» et que ce domaine est étatisé/nationalisé et pas notre alimentation et nos logements? Me semble que manger est tjrs plus important que d’avoir accès à des soins «gratuits» ? Et pourquoi manger coute 100x moins cher que de se faire soigner, alors qu’en 1950, les 2 coutaient à peu près la même chose? Pourquoi -au moins au niveau philosophique- ne pas débattre de ces questions?
Je suis (nous sommes), du même bord: pour que tous puissent vivre heureux.
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@ Sébas
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«Non sérieux, je sens vraiment un changement de ton. Est-ce moi qui est plus sage (et qui vois du positif partout?), ou est-ce vous?»
Je ne peux répondre pour Luto, mais, dans mon cas, tant qu’on ne tient pas de propos agressant, c’est très rare que je le fais.
«Comme d’où vient l’inflation qui cause tant de pénuries, de sans-abris, des logements inabordables, etc?»
Disons que ce n’est pas vraiment un problème actuellement, avec une inflation annuelle de 0,4 % et même négative (-0,1 %) selon le dernier communiqué de Statcan ! (http://www.statcan.gc.ca/subjects-sujets/cpi-ipc/t100723a2-fra.htm ). Les risques de déflation sont beaucoup plus inquiétants… Quant aux conséquences que vous attribuez à l’inflation, surtout lorsqu’elle est maîtrisée comme c’est le cas depuis plusieurs années, je ne les partage pas du tout.
Je dois poursuivre sur un autre commentaire pour éviter de me faire modérer encore une fois (pas plus d’un lien pas comm.) aujourd’hui…
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@ Sébas
(2 de 3)
«Et pourquoi notre santé est un service «public» et que ce domaine est étatisé/nationalisé et pas notre alimentation et nos logements»
J’ai déjà écrit un billet la dessus (enfin, en partie…) : https://jeanneemard.wordpress.com/2010/04/10/le-beurre-de-pinottes-est-il-bon-pour-la-sante-2/ . En gros, il est possible de manger adéquatement sans caviar, , sans aller au restaurant, mais il est impossible de se faire soigner adéquatement à rabais.
Pour le logement, il y en a du public (logements sociaux), justement pour les plus défavorisés.
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@ Sébas
(3 de 3)
«Et pourquoi manger coute 100x moins cher que de se faire soigner, alors qu’en 1950, les 2 coutaient à peu près la même chose?»
Tant qu’on aura des enquêtes sur les ménages (comme le formulaire long du recensement), on pourra répondre à ce genre de question… À http://tinyurl.com/2epaemr , on peut voir que les coûts d’alimentation (en $ constants) n’ont pas varié entre 1997 et 2007 (ce serait long de trouver des données plus anciennes), que les dépenses privées de santé ont augmenté de plus de 60 % (plus que les dépenses publiques). Comme les dépenses privées représentent environ 30 % des dépenses totales, celles-ci représenteraient donc entre 6 500 $ et 7 000 $ dollars par année (dont entre 4,500 $ et 5 000 $ par les dépenses publiques). Ce montant est encore inférieur au coût de l’alimentation (7 250 $). Donc les deux coûtent donc sensiblement la même chose, et non pas 100 fois plus cher pour la santé.
Il faut aussi que les impôts moyens ont diminué de plus de 12 % entre 2000 et 2007, ce que Luto et moi répétons souvent sans grand succès, et ce, même si les unités familiales se sont enrichies en moyenne de 6,5 % (toujours en $ constants) depuis. (donnée prise sur le même site).
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@ Darwin
Je ne voulais pas discuter du taux officiel d’inflation (qui ne représente pas le taux réel en passant, car il ne représente pas la hausse réelle des prix ou la perte réelle de notre pouvoir d’achat), mais ceci:
«Comme d’où vient l’inflation»
et n’est-ce pas vrai que c’est la «haisse des prix» ou la perte de pouvoir d’achat qui cause- en grande partie- ceci:
«qui cause tant de pénuries, de sans-abris, des logements inabordables, etc?»
et qui cause -en partie- la stagnation de nos salaires réels depuis 25 ans -environ ?
***
Pour ça je suis d’accord (à court terme en tout vas):
«Les risques de déflation sont beaucoup plus inquiétants…»
Mais je ne vois pas ça comme quelque chose -de tjrs- inquiétant…
***
Et pour ça:
« Quant aux conséquences que vous attribuez à l’inflation, surtout lorsqu’elle est maîtrisée comme c’est le cas depuis plusieurs années, je ne les partage pas du tout.»
Alors, selon vous, qu’est-ce qui cause -par exemple- la hausse vertigineuse et rapide des prix de nos maisons et logements? La «spéculation», uniquement ?
*******
Vous dites:
« En gros, il est possible de manger adéquatement sans caviar, , sans aller au restaurant, mais il est impossible de se faire soigner adéquatement à rabais.»
Mais pourquoi il n’est pas possible de se faire soigner comme on a accès à des supermarchés qui vendent des trucs pour survivre à faible coûts ? Et pourquoi cette simple idée rend bcp d’indivudus inconfortables (ou parfois pire: très agressif) ?
Pourquoi il y autant de lois qui régissent l’offre de service… qui encadrent ce domaine… plus crucial/important que nos alimentation ?
Mais surtout -et c’est ce débat que j’aimerais faire- pourquoi ne pas appliquer les mêmes principes qui ont conduit à régir le secteur de la santé avec autant de lois/reglements, à notre alimentation et nos logements. Je ne comprends pas ce 2 poids, 2 mesures.
Vous dites:
«Pour le logement, il y en a du public (logements sociaux), justement pour les plus défavorisés.»
Oui, par contre, ce «secteur» n’est pas nationalisé / étatisé comme notre éducation et notre santé et pourtant le logement et l’alementation sont 2 besoins de base bcp plus importants que les 2 autres «items».
***
Pour les couts d’alimentation vs ceux de notre santé, je me suis mal exprimé.
Je voulais seulement comparer les prix (donc pas les coûts publics + privés globaux), avant la nationalisation de ce secteur…
Par exemple, pour se faire soigner dans les années 50, les prix étaient vraiment bcp plus abordables qu’aujourd’hui et comparables aux prix de notre alimentation à cette époque. Les assurances étaient très basses et très accessibles. Les gens pouvaient aussi se faire soigner en payant le prix directement (sans passer par les assureurs); les medecins/infirmières gagnaient un salaire très comparble au restant de la population…. souvent pauvre, etc
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En passant,.désolé pour les fautes. (elles me sautent aux yeux aussi, mais j’ai appris à accepté ce défaut -peristant- de ma part)
Je peux corriger le texte au compet pour satisifaire les perfectionnistes, ou bedon, je laisse comme ça pour travailler votre patience.
😉
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@ Sébas
«et qui cause -en partie- la stagnation de nos salaires réels depuis 25 ans -environ ?»
Ce n’est pas l’inflation qui a causé la stagnation des salaires réels, mais l’accaparation par les plus riches des gains de productivité, comme on peut le voir dans l’augmentation des écarts de revenus entre les dirigeants de société et les employés de la base.
«Mais je ne vois pas ça comme quelque chose -de tjrs- inquiétant…»
Ici, cela ne semble en effet pas trop inquiétant à court terme (quoique plus que l’inflation !), mais aux États-Unis, oui. On a vu l’effet de la déflation au Japon depuis deux décennies (surtout dans les années 1990).
«Alors, selon vous, qu’est-ce qui cause -par exemple- la hausse vertigineuse et rapide des prix de nos maisons et logements? La «spéculation», uniquement ?»
Cela prendrait un long billet pour répondre à cela. Je dirai seulement que cette hausse est comprise dans l’évolution de l’indice des prix à la consommation et que la composante logement n’a augmenté que de 0,7 % en un an (http://www.statcan.gc.ca/pub/62-001-x/2010006/t054-fra.htm) au Québec. Ce sont les prix des transactions courantes qui augmentent, ce qui ne touche qu’un faible pourcentage des ménages. Une moyenne, c’est toujours trompeur. Quand Bill Gates rentre dans un restaurant, les gens dans le restaurant deviennent en moyenne millionnaires !
«Mais pourquoi il n’est pas possible de se faire soigner comme on a accès à des supermarchés qui vendent des trucs pour survivre à faible coûts ?»
«Je ne comprends pas ce 2 poids, 2 mesures.»
Désolé, si vous ne voyez pas la différence, je n’y peux rien. Une opération à coeur ouvert à rabais ? Hum…
En plus, l’alimentation est une dépense nécessaire à tous. Les coûts de santé peuvent varier énormément d’une personne à l’autre. Même aux États-Unis, ce sont rarement des individus qui paient leurs dépenses, mais ils achètent des assurances pour partager le risque. C’est ce que nous faisons avec notre système public (partager le coût) et pour bien moins cher et avec de meilleurs résultats (espérance de vie, mortalité infantile, etc.).
«Oui, par contre, ce «secteur» n’est pas nationalisé / étatisé comme notre éducation et notre santé»
Les cliniques médicales sont privées et la grande majorité des frais payés par l’État. La plupart des HLM sont publics et les autres logements sociaux sont soit des coopératives ou des OSBL. Et il y a malheureusement des écoles privées (j’ai écrit un billet là-dessus, je ne me répèterai pas ici…)
« les prix étaient vraiment bcp plus abordables qu’aujourd’hui et comparables aux prix de notre alimentation à cette époque»
Je vous ai montré que les coûts de l’alimentation étaient en 2007 en moyenne plus élevés que ceux de la santé. Je n’ai rien à ajouter.
Je n’ai pas les données pour 1950 je n’ai pas le goût de les chercher, ni celles portant sur la mortalité infantile et l’espérance de vie. Je les ai déjà vues et c’était laid… Plein de femmes accouchaient avec des charlatans pour économiser. La belle époque est plus un fantasme qu’une réalité…
«les medecins/infirmières gagnaient un salaire très comparble au restant de la population»
J’aimerais avoir des données là-dessus. Pour les infirmières, souvent des religieuses, ça va. Dans mon quartier, les fils du médecin jouaient au golf et faisaient du ski. Cela ne prouve rien, mais cela confirme que cela prend des données pour bien évaluer une situation. Entre mon médecin et celui qui se faisait payer avec un poulet, il y a une réalité : les gens crevaient plus jeunes et la mortalité infantile était plus élevée.
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@ Sébas
Voir http://www.stat.gouv.qc.ca/publications/demograp/pdf2006/Bilan2006.pdf , page 55 :
La mortalité infantile est passée d’environ 30/100 en 1961 à moins de 5 en 2005. Plus bas sur la page, vous verrez qu’elle est plus élevée aux États-Unis.
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Développement dans l’histoire du «Fox News du Nord» :
45 000 signatures pour faire barrage au «Fox News du Nord»
http://www.ledevoir.com/societe/medias/295511/45-000-signatures-pour-faire-barrage-au-fox-news-du-nord
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Darwin, j’ai ajouté un lien vers la pétition dans la colonne de droite…
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@ Luto
Excellent !
Cela dit, je préférerais que le lien mène à la version française de la pétition…
http://www.avaaz.org/fr/no_fox_news_canada/?fpla
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