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L’illusion de la gratuité

5 avril 2011

Par Darwin – Eh non, je ne parlerai pas de l’illusion que certains peuvent avoir de la gratuité des services publics que nous payons avec nos taxes et impôts. Enfin, y a-t-il vraiment quelqu’un qui pense qu’on ne paie pas de taxes et d’impôts pour ces services comme tentent de nous le faire croire les autoproclamés lucides?

Je vais plutôt parler d’un tout autre type d’illusion de la gratuité. C’est le domaine qui nous fait croire que tout ce qui est sur Internet ou à la télé ne nous coûte rien ou encore que nos journaux peuvent nous offrir toutes ces nouvelles grâce au malheureux huard que nous payons. Encore mieux, on m’offre un matin sur deux quand j’arrive au métro le Journal de Montréal (que je ne prends jamais) ou la Presse (que je ne prends pas non plus car je suis abonné), et tous les jours deux journaux qui se prétendent gratuits. Comment est-ce possible? Vous l’aurez deviné (avec l’image qui accompagne ce billet, ce n’était pas bien difficile!), je parle bien sûr de la publicité!

Qui paye pour la publicité?

Devinez? Nous, bien sûr.

La publicité est une dépense pour les entreprises privées et étatiques qui l’utilise. S’il est évident que nous payons la publicité étatique à même nos taxes et nos impôts, nombreux sont ceux qui ne réalisent pas qu’ils payent aussi la publicité des entreprises privées à même leurs achats… et même par leurs impôts et leurs taxes!

D’une part, la publicité étant une dépense pour les entreprises, elle entre dans leurs coûts de production. Leurs coûts de production se trouvant plus élevés, les entreprises doivent hausser le prix des produits et services qu’ils vendent. Ce qu’il y a de particulier dans ce transfert des coûts des entreprises vers les consommateurs, c’est que ceux-ci payent pour la publicité peu importe s’ils utilisent ou non les produits et services qui «bénéficient» de la publicité, comme les journaux et la télé, bien sûr, mais aussi Internet, la radio et toutes les activités qui se financent avec des commandites. En effet, que j’écoute ou non Virginie (on vient de me dire que cette émission n’existe plus…), je paierai plus cher les produits qui y sont (étaient) annoncés.

Autre exemple, une étude réalisée par la Chaire d’études socio-économiques de l’UQAM il y a quelques années montrait que les neuf principales entreprises pharmaceutiques «ont dépensé 316 milliards $ U.S en frais de marketing et d’administration contre 113 milliards $ en frais de recherche et de développement, soit 2,8 fois plus.». Qui a payé pour ces dépenses? Vous, moi et le gouvernement… c’est-à-dire encore nous!

D’autre part, comme il s’agit de dépenses pour les entreprises, celles-ci sont déduites de leurs profits et font donc diminuer leurs impôts. Je ne veux surtout compter en double le coût de la publicité (refilé aux consommateurs et déduit des dépenses des entreprises), mais il est bon de réaliser à quel point la publicité n’est vraiment pas gratuite.

Combien ça coûte?

Selon la version la plus récente de l’Enquête sur les revenus de la publicité en ligne au Canada réalisée par le Bureau de la publicité interactive du Canada, les revenus de publicité des médias canadiens se chiffraient à 13,5 milliards $ en 2009, en baisse de 7,5 % par rapport à 2008, récession oblige (voir page 11). À la page 12, on peut voir que la forte croissance des revenus de la publicité sur Internet depuis 2001 s’est faite en premier lieu au détriment des journaux, on n’en sera pas surpris. Bref, ce qui est dépensé à un endroit est plus souvent qu’autrement compensé par une réduction à un autre endroit. L’obtention d’une commandite par un organisme signifie en général qu’un autre organisme la perdra.

Comme les revenus de l’industrie québécoise de la publicité et des services connexes représentent entre 20 % et 25 % de ceux de l’industrie canadienne, on peut penser qu’il en est sensiblement de même pour l’ensemble des revenus de publicité des médias. Ces revenus s’élevaient donc au Québec à environ 3 milliards $ en 2009. C’est beaucoup, mais ce n’est pas tout. En effet, les médias ne sont pas le seul véhicule publicitaire…

On n’a qu’à penser au Centre Bell, au futur amphithéâtre Québécor, au pavillon Jean-Coutu de l’Université de Montréal, à la pub dans le métro et sur les autobus, et aux affiches publicitaires qu’on n’a presque pas le choix de regarder quand on pisse dans un bar (en fait, dans les toilettes du-dit bar…) pour réaliser que la publicité n’est pas présente que dans les médias. Le placement de produits au cinéma et même la publicité invisible (des acteurs glissent le nom de produits dans leurs entrevues ou font semblant de vanter un produit dans des lieux publics…) franchissent un niveau supplémentaire en nous agressant sans qu’on le sache.

Finançons-nous avec de la pub et des commandites!

L’illusion de la gratuité de la publicité est tout particulièrement insidieuse dans les services publics. On nous convainc (ou on tente de le faire) que la pub dans le métro permet aux usagers de payer moins cher leurs titres de transport, même s’ils paieront plus cher les produits et services qui y sont affichés. Cela est déjà déplorable, mais n’est rien comparé à la publicité dans les écoles.

Là encore, on fait accroire à la population que l’implication du secteur privé est nécessaire pour faire diminuer les dépenses de l’État et même pour compenser la hausse des droits de scolarité imposée aux étudiants. «Ce que j’ai en tête, par exemple, c’est le développement d’une culture de la philanthropie.», dit la ministre… Philanthropie? Quel beau mot pour remplacer le si mal aimé «publicité»! Alors qu’on impose par le budget des hausses de 75% des droits de scolarité sur cinq ans aux étudiants, on prie le secteur privé de contribuer davantage par grandeur d’âme… sans aucune mesure de coercition s’il regimbe! Et cette contribution serait de la philanthropie, pas de la pub?

Pourtant, toutes les contributions passées du secteur privé dans notre système d’éducation étaient intéressées, que ce soit celle du club de hockey Canadien qui a développé du matériel «pédagogique»… à l’aide d’une subvention du ministère de l’Éducation, ou celles faites auparavant par Desjardins, Investors, la Banque de Montréal, Coke et Clearasil!

L’établissement du campus Ubisoft qui demande à l’État de former des travailleurs pour son entreprise est-il plus sain? Et que dire d’associations étudiantes qui acceptent le monopole de la vente de boissons gazeuses sur un campus pour se financer, avec l’obligation que ses membres en ingurgitent un nombre précis pour recevoir le montant prévu au contrat? Ah la philanthropie… Et on veut nous faire croire que ces entreprises contribueront par grandeur d’âme!

Heureusement, l’enquête La commercialisation des écoles canadiennes : qui mène la barque ? nous a appris en 2005 «que la publicité dans les écoles du Québec, particulièrement dans les écoles francophones, est beaucoup moins présente que dans les autres provinces». Elle était tout de même présente dans plus de 20 % de nos écoles…

Et alors…

Mon but ici n’était pas de faire le procès de l’industrie de la publicité (quoiqu’elle le mériterait bien!). Je visais plutôt à faire prendre conscience, si besoin est, que toutes les interventions de notre gouvernement pour nous faire croire que la publicité et la commandite peuvent contribuer au financement des services publics n’est que de la bouillie pour les chats. Si on veut faire participer l’entreprise privée au financement des services publics, qu’on augmente leur niveau d’imposition plutôt que de le faire constamment diminuer!

Cela dit, si un commanditaire est prêt à financer ce billet, qu’il me fasse signe… Personne? Ah bon… Ça me surprend!

41 commentaires leave one →
  1. Yves permalink
    5 avril 2011 8 h 43 min

    Je fais partie de ces nombreuses personnes qui ne réalisaient pas qu’on paye pour la publicité. Disons que je m’y suis jamais attardé.

    Avec tout ça, tu viens de me donner une autre raison d’être en criss.
    Je n’ aime pas payer pour un service que je n’utilise pas .

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  2. Yves permalink
    5 avril 2011 9 h 01 min

    Je suis prêt à financer ce billet !
    Tu as juste à pondre un billet une fois par semaine sur ma compagnie de Paysagement. Comme quoi je suis le meilleur, le plus honnête, le plus beau, etc. Pour chaque billet je suis prêt à te donner la faramineuse somme de 25¢. 😉

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  3. 5 avril 2011 18 h 30 min

    @ Yves

    «Avec tout ça, tu viens de me donner une autre raison d’être en criss.»

    Je m’excuse… 😉

    «Je suis prêt à financer ce billet !
    Tu as juste à pondre un billet une fois par semaine sur ma compagnie de Paysagement. »

    En fait, ce n’est pas ce billet que tu veux commanditer, mais un autre… Je vais y penser… 25¢, après tout, c’est infiniment plus que ce que je reçois actuellement pour mes billets ! Quoique, 25¢, ce n’est même pas un billet pour un billet !

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  4. Yves permalink
    5 avril 2011 18 h 39 min

    Merci pour la correction!

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  5. 5 avril 2011 19 h 27 min

    «Merci pour la correction!»

    Je fais toujours ça quand quelqu’un ajoute un commentaire pour se corriger. Je corrige et enlève le commentaire de correction. DaviD Gendron est un maniaque de l’ajout de commentaire pour se corriger !

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  6. youlle permalink
    5 avril 2011 22 h 36 min

    « En effet, les médias ne sont pas le seul véhicule publicitaire… »

    Il faut penser aussi aux entreprises qui payent une fortune pour placer leurs produits en vue et au bout des étagères ou sur le comptoir des pharmacies, des supers marchés, des dépanneurs, et des grands magasins. Touts ces coûts nous sont transmi dans le prix, une taxe, quand nous payons à la caisse.

    Que dire des cartes de crédits gratuites. Bien sûr que les cartes Ne sont pas gratuites non plus et ce même si vous payez votre solde à temps à chaque mois.
    À toutes les fois que nous payons avec la carte de crédit, le commerçant est taxé par le fournisseur de la carte. Je me souviens que c’était 3%, mais aujourd’hui il doit y avoir toutes sortes de forfait puisque nous pouvons payer avec une carte le supermarché qui n’aurait que 4,5% de marge de profit. Alors, même ceux qui n’ont pas de carte de crédit sont taxés.

    Que dire du manoir Ronald McDonald? À chaque fois que l’on va chez Mecdo on est taxé.

    L’insigne Chevrolet ou Toyota qu’il y a sur les autos c’est de la pub et c’est dispendieux ces bidules.

    Évidemment les libertariens et les droiteux sont d’avis contraire.

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  7. koval permalink*
    5 avril 2011 22 h 38 min

    Très bon billet Darwin, l’association Pepsi-Uqam est désolante.

    Comme Yves, je n’avais jamais vraiment réfléchi à toute ces implications monétaires de la pub, ça prend rien que toi pour penser à toutes ces magouilles!

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  8. 6 avril 2011 5 h 33 min

    @ Youlle

    «Que dire des cartes de crédits gratuites. »

    Le cas des cartes de crédit est un peu différent, mais demeure un bon exemple d’illusion de gratuité.

    Au moins, nous obtenons un service en échange. Ce qui est fatigant et semblable à la pub, c’est que ce coût est réparti entre tous les consommateurs, même ceux qui n’utilisent pas le service, et que ce coût est caché.

    @ Koval

    «ça prend rien que toi pour penser à toutes ces magouilles»

    Moi qui pensais défoncer des portes ouvertes avec ce billet !

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  9. 7 avril 2011 14 h 16 min

    Gratuité ou gracieuseté

    Il ne faut pas confondre gratuité et gracieuseté. Je n’écris pas pas que vous confondez, je pose la question. La pub, c’était de la gracieuseté à l’origine. C’est devenu un instrument de l’économie d’échelle avec les médias de masse. C’est parfois de l’hommerie maintenant avec les médias de niches.

    Définition: fait d’être gratuit. Synonyme de gratuité : désintéressement, détachement, don. Antonymes : cherté, intérêt, utilité. La pub, c’est de l’utilité, pas du don; donc pas de la gratuité.

    − 1. Caractère de ce qui est fait ou donné, de ce dont on peut profiter sans contrepartie pécuniaire. Par extension, caractère de ce qui est fait ou donné sans contrepartie, sans recherche de compensation. Est-ce que les économies d’échelle sont prise en considération ? La contrepartie serait des prix plus bas. CNRTL

    Ceci dit, c’est vrai qu’on paie pour. Contre les médias, je n’y peux rien mais chez IGA, je refuse les Air miles. Je suis un adepte du Consumers Report pour l’auto, l’électronique, les shampoings et le savon de bain. Une association de consommateurs.

    Synonyme de gracieuseté : affabilité, amabilité, attention, bienfait, bonté, cadeau, civilité, cordialité, courtoisie, don, empressement, faveur, gentillesse, grâce, gratification, libéralité, mignonnerie, obligeance, pièce, politesse, pourboire, prévenance, prime. Antonyme : grossièreté.

    Définition de gracieuseté: caractère de ce qui est plein de grâce; amabilité, gentillesse, propos aimable; don gratuit. Ça colle à certaines pubs; pas celles de Meubles Léon. L’insolite et la vulgarité fait aussi partie de l’arsenal de la pub et ce n’est pas à titre gracieux mais marchand.

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  10. the Ubbergeek permalink
    7 avril 2011 16 h 08 min

    Aussi, techniquement, la propagande, comme en ex-USSR et cie, c’est une forme de publicité si on y pense..

    « Spayé avec NO taxes, CO! »

    😉

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  11. Déréglé temporel permalink
    7 avril 2011 17 h 41 min

    Bon billet. Je pense que le sujet avait dû m’effleurer l’esprit de temps à autre, mais on passe de l’effleurage d’esprit à la prise de conscience.
    Je vais toutefois hasarder quelques critiques:

    « D’autre part, comme il s’agit de dépenses pour les entreprises, celles-ci sont déduites de leurs profits et font donc diminuer leurs impôts.  »

    Ces dépenses représentent des revenus pour les entreprises qui produisent la publicité pour l’entreprise-cliente. Les publicitaires, par conséquent paient davantage d’impôts. À ce niveau, ne serait-ce donc pas un jeu à somme nulle?

    « On nous convainc (ou on tente de le faire) que la pub dans le métro permet aux usagers de payer moins cher leurs titres de transport, même s’ils paieront plus cher les produits et services qui y sont affichés. »

    Oui, mais les titres de transport coûtent bel et bien moins cher à service égal! 😉
    Ce que je me demande à ce niveau, c’est à quel point les usagers paient également ces publicités. Par exemple, une pub de supermarché dans le métro, elle va aussi être payée par les automobilistes, qui vont eux aussi au super-marché. Donc ne peut-on pas supposer qu’au total les usagers de métro paient moins? (d’un autre côté, s’ils paient vraiment moins, ça veut peut-être surtout dire que le service marketing a mal fait sa job de ciblage).

    Bref, ça mérite méditation, tout ça.

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  12. Yves permalink
    7 avril 2011 17 h 50 min

    intéressant !

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  13. Yves permalink
    7 avril 2011 17 h 56 min

    Haha, je crois que j’ai un peu trop charcuter mon commentaire ci-haut.

    Les points que tu soulèves Déréglé me semble très solide. La suite risque d’être intéressante.

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  14. 7 avril 2011 18 h 14 min

    «la pub, c’était de la gracieuseté à l’origine»

    Je crois comprendre que vous faites référence à ce que disent (encore aujourd’hui, il me semble) les présentateurs de télé en parlant du commanditaire, genre «cette émission est une gracieuseté de…»

    Mais, ce n’est pas parce qu’ils le disent (ou disaient) que la pub est (ou était) nécécessairement gracieuse !

    «Ça colle à certaines pubs»

    C’est votre opinion, pas la mienne…

    «ce n’est pas à titre gracieux mais marchand»

    Sauf la publicité institutionnelle, je ne vois pas beaucoup de pub qui n’est pas à titre marchand ! Et, quelque soit la pub, elle n’est jamais gratuite !

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  15. 7 avril 2011 18 h 15 min

    « la propagande, comme en ex-USSR et cie, c’est une forme de publicité si on y pense..»

    Bien sûr ! Et, de fait, elle n’est pas gratuite.

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  16. Déréglé temporel permalink
    7 avril 2011 18 h 24 min

    En toute honnêteté, je pense que mon deuxième point est pas mal moins solide que le premier.
    Et dans les deux cas, ils ne sont pas chiffrés.

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  17. 7 avril 2011 18 h 42 min

    @ Déréglé

    «Ces dépenses représentent des revenus pour les entreprises qui produisent la publicité pour l’entreprise-cliente.»

    Premièrement, j’ai bien indiqué dans le billet que je n’insistais pas sur cet argument, car il aurait comme effet de compter deux fois les coûts : une fois en raison de la hausse des prix et une seconde sur les impôts. Un peu plus et je vais joindre le club des mal cités, ou, à tout le moins, cités hors contexte !

    Cela dit, ton calcul est inexact. L’impôt des sociétés se paye sur les profits, pas sur les recettes (il peut toutefois y avoir des taxes, mais elles sont de toute façon déduites ensuite selon le principe de la taxe «sur la valeur ajoutée»).

    Par exemple, si une entreprise de publicité reçoit 1000 $ (c’est un exemple…) pour une pub, elle devra payer son loyer, son personnel administratif, les acteurs, le cinéaste, etc. Ces dépenses seront déduites et son profit sera, disont de 50 $. Au lieu d’être payé sur le 1000 $, l’impôt des sociétés sera payé sur seulement 50 $. Ensuite, chacun des employés et le propriétaire (qui reçoit le loyer) recevront 950 $, mais chacun a droit à des déductions. Donc, au bout du compte, il y aura moins de revenus pour l’État.

    On pourrait aussi faire le même raisonnement pour les réseaux de télé et les journaux (métro et ainsi de suite) qui sont payés pour diffuser la pub.

    Cela dit, je le répète, j’ai moi-même presque rayé cet argument, et, finalement, j’aurais peut-être dû !

    La vraie question ici est l’utilité sociale de la pub, sujet que je n’ai pas abordé dans ce billet, si ce n’est par la phrase : «Mon but ici n’était pas de faire le procès de l’industrie de la publicité (quoiqu’elle le mériterait bien!).». Est-ce vraiment la meilleure façon pour la société d’utiliser le temps, la créativité et les compétences des gens qui y travaillent ?

    Je ne répondrai pas à cette question ici (c’est trop complexe pour un commentaire…), mais elle se pose.

    «Ce que je me demande à ce niveau, c’est à quel point les usagers paient également ces publicités.»

    Tu as raison, mais comme tous les consommateurs payent au bout du compte pour cette pub, au total, tous sont touchés et personne n’y gagne. Cela dit, il est vrai que les usagers du transport en commun bénéficient de la pub dans le métro, puisqu’elle est payée par ceux qui consommeront les produits annoncés, qui ne sont pas nécessairement des usagers du métro.

    C’est ça le truc. Pris de façon individuelle, une pub est payante pour l’organisme qui la présente et les usagers de ses services. Mais, pris de façon globale, tous payent pour l’ensemble de la pub. C’est dans ce sens qu’elle n’est pas gratuite. Et les gagnants gagnent moins que les perdants ne perdent, car elle coûte plus cher que ce que les diffuseurs reçoivent !

    Je le répète, la vraie question est l’utilité sociale de la pub…

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  18. Déréglé temporel permalink
    7 avril 2011 19 h 34 min

    « L’impôt des sociétés se paye sur les profits, pas sur les recettes (il peut toutefois y avoir des taxes, mais elles sont de toute façon déduites ensuite selon le principe de la taxe «sur la valeur ajoutée»). »

    Ça se tient. Je me rends à cet argument.

    « Cela dit, je le répète, j’ai moi-même presque rayé cet argument, et, finalement, j’aurais peut-être dû ! »

    Mais non: cet échange m’aura permis d’apprendre quelque chose.
    « La vraie question ici est l’utilité sociale de la pub, sujet que je n’ai pas abordé dans ce billet, si ce n’est par la phrase : «Mon but ici n’était pas de faire le procès de l’industrie de la publicité (quoiqu’elle le mériterait bien!).». Est-ce vraiment la meilleure façon pour la société d’utiliser le temps, la créativité et les compétences des gens qui y travaillent ? »

    D’accord avec ça.

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  19. 7 avril 2011 19 h 54 min

    «Ça se tient. Je me rends à cet argument.»
    «D’accord avec ça.»

    Moi qui m’attendais à un marathon d’arguments et contre-arguments ! 😉

    Je pense que je vais mettre l’utilité sociale de la pub dans ma liste de sujets… Il y en a qui sont sur cette liste depuis plus d’un an, il est donc possible que cela prenne du temps avant que je n’y touche ! D’ailleurs, le sujet de ce billet y était depuis longtemps. Je l’ai pris parce que j’en cherchais un facile !

    «Mais non: cet échange m’aura permis d’apprendre quelque chose.»

    En fait, avec les effets multiplicateurs, la perte d’impôt n’est pas si grande, si même il y en a une. C’est pourquoi je pensais à rayer ce paragraphe. Par contre, s’il n’y avait pas de pub, les prix des biens et services produits par les entreprises qui dépensent en pub seraient moins élevés et l’argent ainsi économisé par les consommateurs servirait à autre chose, autre chose qui lui aussi aurait des effets multiplicateurs et générerait des revenus à des personnes et à l’État.

    Je m’étourdis moi-même !

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  20. Yves permalink
    7 avril 2011 20 h 47 min

    «Je pense que je vais mettre l’utilité sociale de la pub dans ma liste de sujets«

    Bonne idée. Un sujet qui m’intéresse. En espérant que cela ne sera pas trop compliqué pour ma p’tit tête. 😉

    «Mais non: cet échange m’aura permis d’apprendre quelque chose «

    Moi aussi. Cela à approfondi un peu le sujet. D’ailleurs c’est pour cela que je disais que la suite risque d’être intéressante.

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  21. youlle permalink
    7 avril 2011 20 h 53 min

    Comme je l’écrivait, la publicité est de venue une taxe cachée que l’on paye à la caisse. Elle est devenue systématique.

    Je dis cachée.

    Avant la TPS quelqu’un se souvient-il d’avoir payé la taxe fédérale de 13,5% sur les produits?.

    Bien non elle était cachée. La pub l’est aussi.

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  22. 7 avril 2011 20 h 54 min

    «c’est pour cela que je disais que la suite risque d’être intéressante.»

    C’est parce que tu as dit ça que je me suis forcé pour faire une réponse complète !

    «En espérant que cela ne sera pas trop compliqué pour ma p’tit tête.»

    En fait, c’est plus une question de valeur que de technique. Mais, bon, il faut quand même analyser les conséquences de la disparition de la pub. Cela demeure un jeu, car cela ne risque pas d’arriver bientôt !

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  23. 7 avril 2011 21 h 12 min

    «Avant la TPS quelqu’un se souvient-il d’avoir payé la taxe fédérale de 13,5% sur les produits?.»

    Moi oui ! 🙂

    Mais, si je me souviens bien, c’était une taxe variable, le taux changeant selon le type de produit. Personnellement, j’aimais mieux le principe d’une taxe qui varie, mais moins qu’elle soit cachée !

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  24. youlle permalink
    7 avril 2011 21 h 41 min

    « La vraie question ici est l’utilité sociale de la pub,… » Darwin)

    Bien sûr que la pup est utile même essentielle. Jadis ici au Québec elle était souvent faite sur le perron de l’église. Il faut absolument que le producteur fasse connaître son produit et que le consommateur l’apprenne pour le connaître.

    Par contre quand on m’inonde de pub de coke pour être bien sûr que j’en boirai aussitôt que j’ai soif, que sa me tente ou au cas où je serais en contact avec un compétiteur, c’est une perte pour la société. Koke, Tapsi, Cola, Kique Coole, payent tous de façon égale et avec la même intensité pour vous mettre leur liquide sous le nez ou devant les yeux. Alors si la pub du jour au lendemain passe de 40% à 65% pour tous ils s’en foutent, puisque c’est vous qui la paye.

    Donc la majeure partie de la pub n’est pas pour faire connaître le produit mais pour inciter les gens à consommer plus que le besoin et ça ce n’est pas utile pour une société, c’est même dommageable pour cette dernière. Les problèmes de poids sont éloquents.

    Si vous entendiez parler d’une boisson extraordinaire qui à plusieurs qualités pour vous je suis certain que vous débourseriez 25 cennes pour la connaître.

    Maintenant, débourseriez-vous 1 cenne pour connaître le V8 en cacane?
    Non, bien entendu.
    C’est là que l’on peut juger de l’utilité de la pub pour soi ou la société.

    Bien entendu on peut voir la société de plusieurs façons la surconsommation en étant une.

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  25. 7 avril 2011 21 h 49 min

    @ Youlle

    «Bien sûr que la pup est utile même essentielle.»

    C’est discutable, mais les exemples que vous donnez font partie de ceux que j’avais en tête quand j’ai écrit «il faut quand même analyser les conséquences de la disparition de la pub» et «c’est trop complexe pour un commentaire…»

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  26. Yves permalink
    7 avril 2011 21 h 50 min

    «C’est parce que tu as dit ça que je me suis forcé pour faire une réponse complète !«

    Merci.

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  27. Déréglé temporel permalink
    7 avril 2011 22 h 05 min

    « Moi qui m’attendais à un marathon d’arguments et contre-arguments ! 😉  »

    Je ne vais pas prétendre en savoir plus sur un sujet que je n’en sais réellement. Dès lors que mon objection est correctement réfutée, je ne vois pas l’objet d’aller plus loin.

    « «C’est parce que tu as dit ça que je me suis forcé pour faire une réponse complète !« »

    Et bien je vais dire merci à Yves aussi 🙂

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  28. youlle permalink
    7 avril 2011 22 h 15 min

    @ Darwin

    «il faut quand même analyser les conséquences de la disparition de la pub»

    Tout dépends de ce que vous entendez comme pub. Je parlais d’annoncer dur le perron de l’église, mais si je vous dis à vous ainsi qu’plusieurs autres personnes que les pomme d’un tel pommier sont adorable, je fais de la pub. En fait la pub est vieille comme le monde et nous ne pouvons pas nous en passer.

    Il y a des pubs essentielles et d’autres superflues ou néfastes.
    Vous avez certainement entendu « publier les bancs » pour un mariage. Là vous pouvez juger s’il faut que cette pub disparaisse ou pas. 😉

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  29. youlle permalink
    7 avril 2011 22 h 18 min

    Bonne nuit!

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  30. 7 avril 2011 22 h 21 min

    @ Déréglé

    Tes questions viennent de me faire rappeler pourquoi j’avais mis ce sujet dans ma liste… Et j’ai oublié d’en parler dans le billet ! C’est ça quand ça fait trop longtemps qu’un sujet est dans la liste.

    C’est ta remarque sur le le fait que les usagers du transport en commun bénéficient de la pub qui me l’a rappelé. L’argument que je voulais présenter est que finalement, comme c’est l’ensemble des citoyens qui payent pour ce revenu en payant un peu plus cher les biens et services annoncés, on peut se demander si ce ne serait pas préférable d’éliminer la pub et d’augmenter les impôts d’un montant équivalent aux revenus de pub touché dans les services publics (scusez la phrase un peu longue..).

    D’une part, cela ne coûterait pas plus cher aux citoyens et au contraire, moins cher, car ils n’auraient pas besoin de payer une agence de pub, des photographes, etc. 100 % ou presque de cette augmentation d’impôt irait aux services publics. D’autre part, les usagers n’auraient pas à subir l’agression de la pub partout où ils regardent.

    Cela est encore plus vrai dans le milieu scolaire. Ce sont souvent les écoles les plus riches qui attirent la pub. Les programmes universitaires qui intéressent le plus l’entreprise privée se voient avantagés par rapport aux autres. Est-ce sain que ce soit en partie sur les choix de l’entreprise privée que le financement d’une école ou d’un département dépende ? Je reprends ici un peu le même argument que j’ai développé quand j’ai parlé des fondations dites «charitables» qui finissent par influencer les priorités d’intervention socio-économiques, même si c’est l’État qui paye au bout du compte la plus grande partie des fonds.

    Finalement, la pub n’est pas qu’une illusion de gratuité, mais elle oriente aussi le financement des services publics.

    Et je ne parle pas des journaux de quartier qui censurent les nouvelles qui pourraient déplaire à leurs annonceurs. Mais sont-ce seulement les journaux de quartier qui font ça ? Mais, bon, là, j’enbarque de plain-pied dans le sujet de la pub, alors j’arrête !

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  31. 7 avril 2011 22 h 39 min

    @ Déréglé

    « Moi qui m’attendais à un marathon d’arguments et contre-arguments !»

    Je blaguais, tu le sais bien ! Et tes questions (ainsi que l’intérêt de Yves) m’ont permis d’élaborer et de me rappeler pourquoi je voulais écrire un billet sur ce sujet ! Alors, je ne me plains surtotu pas.

    @ Youlle

    «Vous avez certainement entendu « publier les bancs » pour un mariage. Là vous pouvez juger s’il faut que cette pub disparaisse ou pas.»

    Ben oui, j’ai entendu cela. Mais est-ce que cela se fait encore ? Si non, ce n’est quand pas à cause d’un méchant gauchiste qui pourrait souhaiter la disparition de la pub !

    «Tout dépend de ce que vous entendez comme pub.»

    Bon sang, je n’aurai plus besoin d’écrire un billet ! Je blague…

    Il ne faut pas confondre la fonction de publiciser avec l’industrie de la publicité et l’achat d’espace et de temps de publicité. Et, je le répète, la pub n’est surtout pas entrain de disparaître.

    Quand le maire du Plateau Mont-Royal a décidé de faire enlever «les 45 panneaux géants qui sont présentement installés sur le territoire» parce qu’ils ne «ne rapportent que 40 000$ par an en taxes.», cela a fait tout un tollé !

    http://www.ruefrontenac.com/nouvelles-generales/politiquemunicipale/27359-plateau-panneaux-interdits

    Certains ont même menacé de pousuivre l’arrondissement pour défendre leurs «droits acquis» !

    «Il y a des structures qui sont en place depuis les années 50. Il y a des droits acquis. C’est sûr que nous prendrons tous les moyens pour nous faire entendre et que nous allons nous défendre pour faire reconnaître nos droits», a ajouté M. Lefebvre (porte-parole du Regroupement de l’industrie de l’affichage extérieur au Québec), qui n’écarte pas une contestation du règlement devant les tribunaux.»

    http://www.ledevoir.com/politique/montreal/295751/les-panneaux-publicitaires-geants-bannis-du-plateau

    Alors, si cette industrie grimpe sur ses grands chevaux pour quelques panneaux, elle partirait bien une révolution si la publicité était interdite !

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  32. Déréglé temporel permalink
    8 avril 2011 8 h 06 min

    « D’une part, cela ne coûterait pas plus cher aux citoyens et au contraire, moins cher, car ils n’auraient pas besoin de payer une agence de pub, des photographes, etc. 100 % ou presque de cette augmentation d’impôt irait aux services publics. D’autre part, les usagers n’auraient pas à subir l’agression de la pub partout où ils regardent. »

    [mode libertarien on]Ben oui, mais ça deviendrait du vol de propriété privé, parce que c’est ça l’impôt! Alors que la pub, c’est une dépense privée légitime!!![mode libertarien off]

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  33. 8 avril 2011 18 h 00 min

    @ Déréglé

    «mode libertarien»

    Ah, le mode libertarien à 3 points d’exclamation…

    «Alors que la pub, c’est une dépense privée légitime!!!»

    Oui, oui, d’autant plus que le consommateur a le choix de ne pas acheter les biens et services annoncés, tandis qu’il n’a pas le choix de payer des impôts…

    (Je préfère le mode libertarien à 3 points de suspension. Il invite le lecteur à réfléchir, tandis que les 3 points d’exclamation ne lui laissent aucun choix.)

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  34. Emmanuel permalink
    19 novembre 2011 22 h 32 min

    Bonjour à tous ! et que penser de ceci ?

    Chaque jour les publicitaire ce paye des commandite sportive pour rejoindre leurs clients.

    Mais que penser du fait que les grande corporation dépense des sommes faramineuse pour tenter de dire à leur client potentiel acheter mon produit.

    On a qu’a penser aux commandites sportives sur les voitures de courses qui font étalage de nombreux sponsors.

    La réalité si on la prend à la base , les commanditaires rassembler sur une voiture de formule un essai de s’identifier à nous et nous encourager à acheter leurs produits.

    Alors voici le topo. plusieurs millions versés pour une seule équipe de course et tout cet argent dépensé pour mettre une voiture sur la piste et la rendre compétitive,

    Ensuite s’en suit les déboursée pour le salaire des pilotes des équipes techniques et de soutiens et c’est sans compter les profits que doivent générer les équipes, pour les propriétaires des écuries de courses qui sont tous pour la plupart déjà millionnaire.

    Alors la réflexion est la suivante, pourquoi tant d’argent versé dans ce genre de média publicitaire qui fait monter le prix des produits vendus comme énoncé dans l’article plus haut .

    Comme résultat évident que les personne directement affecté directement par le versement de tels publicités vise à récompenser une fois de plus l’élite au détriment comme toujours du client.

    Vous connaissez beaucoup de pilote de formule un qui s’achètent des Mercedes ou Lexus et si c’est le cas aucun d’eux ne serait en mesure d’acheter autant de voiture pour faire vire des compagnies comme celle-ci.

    La vérité est que les petits clients à eux seuls achètent les produits bas de gamme pour que des corporation se paye des commandite de plusieurs millions de dollars pour nous convaincre, de les encourager en choisissant leurs produits. l’argent n’est jamais retourner vers le client seulement vers l’élites.

    Alors pourquoi encouragé des compagnies, qui dans le fond se soucis peu ou pas de leur vrai clients clients qui représente près de 90 % de leur clientèle cible.

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  35. 19 novembre 2011 23 h 08 min

    @ Emmanuel

    Bienvenue ici!

    Votre exemple correspond bien à ce que j’essayais de discuter avec mon billet!

    Par contre, je pense que les entreprises se soucient de leurs 90 % de clients (allons jusqu’à 99 %, c’est plus dans l’air du temps!). Elle veulent les garder, ça j’en suis sûr! C’est d’ailleurs leur premier objectif en faisant de la publicité!

    Quant à les encourager, on peut éviter les pires, mais pas toutes!

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  36. 11 août 2012 14 h 19 min

    « Oui, oui, d’autant plus que le consommateur a le choix de ne pas acheter les biens et services annoncés, tandis qu’il n’a pas le choix de payer des impôts… »

    (vilain tyran pro-étatisme liberticide en mode sarcastique) Oui c’est vrai, personne ne force le consommateur à s’alimenter pas plus qu’on ne le force à boire ou à se procurer un toit au-dessus de sa tête… L’impôt c’est peut-être du vol, mais la propriété privée, dont la première acquisition s’est faite de manière totalement arbitraire, est quant à elle entièrement légitime.

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  37. 11 août 2012 16 h 16 min

    Ouf, je ne me rappelais pas de ces échanges sarcastiques avec Déréglé! Ça sort bizarre quand je me lis dire des clichés libertariens semblables!

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  38. 3 janvier 2019 6 h 00 min

    Il m’est venu à l’esprit que les arts, à l’époque de la noblesse, étaient financés pour le prestige de ses mécènes. Il faut lire les entractes insipides des pièces de Molière pour le constater. Or, si on y pense, il devient évident que les somme les plus colossales rémunérant des artistes depuis le XXe siècle l’ont été par la publicité. Ça ne donne pas toujours un art qui vaut systématiquement la peine d’être connu.
    Il y a un concept dans votre article avec lequel je suis en désaccord, par contre, et c’est celui que la publicité augmente les prix des biens et services publicisés. Ça revient à l’objection que j’oppose à ceux qui affirment que l’augmentation des salaires, en particulier, le salaire minimum, augmente les prix. Je refuse de croire qu’un vendeur demande moins que ce qu’il peut avoir, peu importe ses coûts de production. La publicité sert à ceux qui veulent se faire connaître, ce qui n’a d’utilité qu’un temps. Elle sert aussi à des institutions pour la justification de leur existence et, dans le cas d’entreprises de l’ampleur de Coke, à effacer la présence de leurs concurrents dans la conscience des consommateurs. Mais c’est une dépense qui est prise sur ses profits

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