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Jeanne express – Les investissements et les coûts

15 septembre 2011

Un article paru hier dans Le Devoir, Pour une réglementation profitable pour tous (malheureusement incomplet sur Internet), présentait une entrevue avec Bernard Sinclair-Desgagné, professeur titulaire du Service de l’enseignement des affaires internationales et de la Chaire d’économie internationale et de gouvernance à HEC Montréal.

Dans cet article, il nous parlait du «coût» de la réglementation, par exemple de celle sur l’environnement :

«Encore maintenant, il y a «un réflexe négatif dès qu’une nouvelle réglementation est annoncée. Mais on ne sait pas le coût de cette réglementation»! Et pourtant, dans le seul domaine de l’environnement, ce ne sont pas les chiffres qui manquent. Dans une étude récente, le professeur mentionne que selon l’OCDE les écoactivités représenteraient actuellement à l’échelle mondiale environ 550 milliards d’euros, soit à peu près 750 milliards $CAN, par année.»

Bref, cette réglementation est un «coût». Ce n’est pas bien, un «coût», c’est négatif…

Mais, quand on veut être positif, on parle d’«investissements». Par exemple, quand le gouvernement parle du Plan Nord, on entend «investissements», pas «coûts», comme dans l’annonce de la construction d’une route qui ne servira qu’à une mine de diamant :

«Le gouvernement assumera la majeure partie de la facture en investissant pas moins de 287,6 millions de dollars dans le projet (…) En tout, le gouvernement Charest compte investir 1,2 milliard d’ici 2016 dans le développement des infrastructures dans le cadre du Plan Nord. »

Et, quand il y a des «investissements», les «retombées économiques» ne sont pas loin…

«Les importants projets annoncés dans le cadre du Plan Nord ont des retombées économiques majeures pour la région de la Côte-Nord.»

Mais, on ne parle pas des «retombées économiques» qui découlent des «coûts» de la réglementation environnementale. Pourtant, ces «coûts» ont dû être dépensés quelque part, des gens ont dû être embauchés, de l’équipement acheté, des chercheurs et des consultants rémunérés… Mais on ne nous dit surtout pas que, ça aussi, ce sont des «retombées économiques»! Et j’y pense, ces «coûts» étant comptabilisés, il font augmenter le PIB, donc la richesse! Ils créent de la richesse et engendrent de la… croissance! On en a tellement besoin, de croissance, surtout ces temps-ci…

En plus, ces «coûts» font augmenter la richesse pour vrai. Un meilleur environnement améliore notre qualité de vie et améliorera celle des générations futures. Une route menant à une mine ne sert que quelques années à aider une entreprise minière à vider notre sol de ses richesses, profitant davantage aux actionnaires de sociétés souvent étrangères qu’aux citoyens. Dans ce cas, crée-t-on de la richesse ou la dilapide-t-on? En plus ça pollue, entraînant des «coûts» environnementaux!

Personnellement, je trouve qu’on serait mieux de faire davantage d’«investissements» dans le «coût» de la protection de l’environnement et d’éviter les «coûts» de certains «investissements» polluants!

Je dois ne pas avoir compris, encore une fois…

16 commentaires leave one →
  1. jack permalink
    15 septembre 2011 17 h 49 min

    Je m’excuse à l’avance: mon commentaire est inutile. Désolé.

    Je n’ai pas l’habitude de faire des commentaires que je juge inutile. À chaque fois que j’écris j’essaie d’apporter une nuance ou un point de vue différent (parfois opposé). Quand je suis en accord complet, d’habitude, je me tais.

    Je fais exception cette fois-ci. Je n’ai pas pu me retenir. Je n’ai qu’une chose à dire: bravo. C’est tout. Rien de constructif.

    Ça fais un certain temps (je dirais 3-4 ans) que je dis à peu près la même chose à certaines personnes de mon entourage. Pas aussi bien que dans ce texte. Pas très souvent. Pas assez souvent.

    Bravo. Et merci!

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  2. 15 septembre 2011 18 h 06 min

    «bravo. C’est tout. Rien de constructif.»

    Ben, moi, je trouve ça quand même constructif! Pour mon ego, à tout le moins… 😳

    J’ai eu bien du plaisir à écrire ça! 😉

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  3. 15 septembre 2011 20 h 29 min

    Très drôle! S’agissait d’y penser! Investir dans les coûts! Simple!

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  4. 15 septembre 2011 20 h 31 min

    Drôle mais en même temps, ça me fait prendre conscience de trucs auxquels je n’aurais jamais pensé par moi-même!

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  5. Richard Langelier permalink
    15 septembre 2011 20 h 48 min

    En lisant que Bernard Sinclair-Desgagné est membre du Cirano, j’ai eu le réflexe de penser : « Bof! Je n’ai pas de temps à perdre avec ces gens de droite! » J’ai tout de même relu l’article du Devoir. Dans la mesure où je considère que la social-démocratie est un compromis entre le travail et le capital, je suis d’accord avec sa démarche : expliquer aux entreprises qu’à long terme, les règlements pour protéger l’environnement sont avantageux pour elles et qu’elles devraient demander aux gouvernements des mesures de transition plutôt que de s’opposer à ces règlements (une troisième lecture me serait peut-être nécessaire).

    Si j’étais membre d’un parti provincial de gauche, féministe, écologiste et altermondialiste qui veut présenter aux électeurs québécois, des solutions de rechange crédibles à l’hyperlibéralisme économique, chiffrées au besoin, je rappellerais aux membres que des PME peuvent se retrouver en faillite si des mesures d’aide pour la transition (crédits d’impôt temporaires, par exemple) ne sont pas mises en œuvre. Je rappellerais aussi aux propriétaires de PME, que les scieries qui n’ont pas vu les désastres du régime forestier québécois et qui ne sont pas modernisées lorsqu’elles faisaient des profits lorsque le huard était à 0,62 $, en prétextant que la machinerie d’origine américaine leur coûtait trop cher, sont maintenant en difficulté. Jouer la carte gagnant-gagnant, quoi!

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  6. 15 septembre 2011 21 h 18 min

    @ Koval

    «Drôle mais en même temps, ça me fait prendre conscience de trucs auxquels je n’aurais jamais pensé par moi-même!»

    Quand j’ai eu cette idée, je ne pensais pas que ce serait drôle. Le titre était d’ailleurs «Le PIB et les dépenses»… C’est en l’écrivant que tout a changé (en moins d’une heure…). Bien sûr que ce billet est sérieux! 😉

    @ Richard Langelier

    «Dans la mesure où je considère que la social-démocratie est un compromis entre le travail et le capital, je suis d’accord avec sa démarche»

    J’aurais peut-être dû le dire (et j’ai essayé, mais ça ne rentrait pas dans le texte…), mais je n’ai rien contre Bernard Sinclair-Desgagné. La citation peut donner l’impression qu’il est contre les dépenses environnementales, mais, ce n’est pas évident dans le texte. Mais, ce n’est pas évident non plus qu’il est pour! Il dit par exemple : «C’est ce que j’ai essayé de faire depuis 20 ans. Réconcilier des objectifs sociaux et environnementaux qui s’inscrivent dans une bonne réglementation et qui est légitime pour les entreprises.» Ce n’est pas clair pour moi. Il semble plus s’intéresser à la gestion de la chose qu’à son contenu. Mais, je me trompe peut-être…

    «Si j’étais membre d’un parti provincial de gauche, féministe, écologiste et altermondialiste»

    Il n’en tient qu’à vous! 😉

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  7. 15 septembre 2011 22 h 20 min

    C’est toujours bon pour l’économie lorsque l’argent circule. Habituellement, quelqu’un résume une bonne économie va de paire avec la consommation. C’est une vision mercantile de l’économie.

    L’économie ne se résume pas qu’au commerce.

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  8. 15 septembre 2011 22 h 23 min

    «L’économie ne se résume pas qu’au commerce.»

    On confond l’indicateur (PIB) avec ce qu’il est censé mesurer et qu’il mesure mal!

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  9. Richard Langelier permalink
    15 septembre 2011 22 h 49 min

    Je voulais profiter de la fin de la canicule montréalaise pour lire et cesser d’écrire des naisaireries sur internet. Je voulais relire Freud pour montrer à koval que l’article de wiki sur la sublimation http://fr.wikipedia.org/wiki/Sublimation_%28psychanalyse%29 n’est qu’une ébauche. Dans Vocabulaire de psychanalyse, Laplanche et Pontalis rappellent que Freud écrit « La pulsion sexuelle met à la disposition du travail culturel des quantités de force extraordinairement grandes et ceci par suite de cette particularité, spécialement marquée chez elle, de pouvoir déplacer son but sans perdre, pour l’essentiel de son intensité. On nomme cette capacité d’échanger le but sexuel originaire contre un autre but, qui n’est pas sexuel mais qui lui est psychiquement apparenté, capacité de sublimation ». On est loin du pansexualisme dont parlait Jung, quoique..

    Tout indique que pour faire mon sevrage, je devrai annuler mon forfait internet, télédistribution et téléphone et ne pas acheter le convertisseur numérique.

    @ Darwin

    Je ne sais pas si c’est l’article du Devoir qui n’est pas clair. C’est le résumé d’une entrevue. Celle de Luc Godbout à RDI économie était un résumé d’une étude par lui-même. Celle-ci étant disponible, il était possible de la décortiquer (je dirais bien grâce à sublimation, mais les jungiennes…).

    Je suis prêt à faire une promesse d’ivrogne. Si vous et les autres membres ou sympathisants de Québec solidaire qui écrivez sur ce blogue, réussissez à faire en sorte que la proposition de revenu minimum qui sera adoptée au prochain congrès n’enrichira pas une famille dont le revenu est de 100 000 $, je promets de songer à reprendre ma carte de Québec solidaire.

    Je prends cet exemple parce qu’il y a un dada dans l’air : un célibataire sur l’aide sociale qui choisit de former un couple avec quelqu’un qui a un revenu de 100 000 $ s’appauvrit. La seule façon de sortir du modèle du mari-pourvoyeur serait d’enrichir une telle famille. Bien sûr, je ne juge pas l’ensemble des discours féministes à partir de cette aporie.

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  10. 15 septembre 2011 23 h 10 min

    Sans que vous ayez à annuler votre forfait Internet, il reste un moyen d’utiliser Internet sans tomber dans la sublimation, et plusieurs l’ont compris, c’est de s’en tenir aux sites porno!

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  11. 15 septembre 2011 23 h 33 min

    @ Richard Langelier

    «réussissez à faire en sorte que la proposition de revenu minimum qui sera adoptée au prochain congrès n’enrichira pas une famille dont le revenu est de 100 000 $»

    Ce sera difficile. Assez étrangement, je ne suis pas certain que la distinction entre un ménage et un individu soit toujours claire pour certains membres. Je trouve déjà mieux que ce revenu ne soit appliqué qu’à ceux qui gagnent moins que le seuil de faible revenu, et non pas à tout le monde. Par ailleurs, vous exigez une garantie de résultat plutôt qu’une garantie de moyen, ce que Legault veut imposer aux enseignants! 😉

    Je l’ai déjà dit et je le répète, les détails du programme m’importent peu, même si je vais travailler pour qu’ils soient réalistes. Pour l’instant, c’est le contrepoids que représente QS qui m’intéresse. Avec le travail qu’accomplit Amir Khadir, et même les résultats qu’il obtient, je trouve que c’est une excellente chose qu’il ait été élu. Et j’aimerais qu’il y en ait plus comme lui.

    Si QS devient suffisamment populaire pour être élu, le membership gonflera et les éléments exagérés du programme finiront bien par être atténués. Cela dit, le programme me satisfait dans l’ensemble. Ce ne sont pas les arguties entre membres un peu trop «enthousiates» qui importent, mais l’alignement du parti. Et cet alignement me convient.

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  12. 15 septembre 2011 23 h 34 min

    @ Benton

    «c’est de s’en tenir aux sites porno!»

    Comme ici! 😉

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  13. 16 septembre 2011 8 h 21 min

    J’écris dans ce billet: «ces «coûts» étant comptabilisés, il font augmenter le PIB, donc la richesse! Ils créent de la richesse et engendrent de la… croissance! On en a tellement besoin, de croissance, surtout ces temps-ci…»

    Je ne suis pas le seul à le dire, même Paul Krugman va dans le même sens!

    «Paul Krugman n’affirme rien d’autre : l’imposition de nouvelles normes environnementales implique que les entreprises investissent massivement pour changer leurs équipements, ce qui débouche sur un effet immédiat sur la demande. Bien sûr, dit-il, cela coûte cher aux entreprises; mais c’est exactement ce qu’il faut faire pour que les entreprises, qui sont actuellement assis sur une masse énorme de capitaux qu’ils utilisent de façon improductive – rachat d’actions, généreux dividendes, spéculation –, dépensent ces capitaux de façon plus productive pour l’économie des États-Unis.

    Critiquant extrêmement sévèrement la décision récente de l’administration Obama sur la réglementation des normes de pollution de l’EPA, Krugman affirme que le retrait du gouvernement sur un resserrement des normes est, d’un point de vue économique, une très mauvaise politique. Une réglementation plus forte, dit-il, n’a pas d’effet négatif sur l’économie sur le long terme. Le seul impact serait plutôt de favoriser, sur le court terme, l’investissement et l’innovation.»

    Des normes plus élevées créent de l’emploi
    http://www.oikosblogue.coop/?p=8810

    Et il ajoute :

    « (…) if you’re going to do environmental investments — things that are worth doing even in flush times — it’s hard to think of a better time to do them than when the resources needed to make those investments would otherwise have been idle. »
    «Si vous allez faire des investissements environnementaux – des choses qui valent la peine, même en ces temps-ci- il est difficile de penser à un meilleur moment pour les faire que lorsque les ressources nécessaires pour faire ces investissements auraient autrement été ralenti. »

    Lui aussi parle d’investissements!

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  14. the Ubbergeek permalink
    18 septembre 2011 1 h 20 min

    De la même facon, je peus me tromper, mais même les BS aident l’économie… ils consomment eux aussi, achetent bouffe et tout, l’argent ne reste pas en caisse…

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  15. the Ubbergeek permalink
    18 septembre 2011 1 h 22 min

    Il peut y avoir un féminisme de droite, comme il y a un écologisme de droite (le prince charles et ses biscuits bios à l’orange..’)… Attention, attention…

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  16. 18 septembre 2011 2 h 03 min

    @ the Ubbergeek

    «De la même facon, je peus me tromper, mais même les BS aident l’économie…»

    Votre façon de l’exprimer n’est pas très élégante, mais c’est vrai. C’est toujours vrai, mais encore plus en période de récession.

    Les baisses d’impôt sont inefficaces pour relancer une économie, parce que ce sont des gens plus riches qui les reçoivent et ne les consommeront pas, surtout si elles pensent que ces baisses sont temporaires. Les allocations aux chômeurs ou autres pauvres seront toutes utilisées, elles.

    Même le gouvernement conservateur le sait. Si vous regardez le Tableau A1.1 à http://www.budget.gc.ca/2009/plan/bpa1-fra.html , vous verrez que la mesure la plus efficace à moyen terme (dernière colonne) pour relancer une économie est les mesures pour les ménages à faible revenu. La moins efficace? Les mesures liées à l’impôt sur le revenu des sociétés, celles que ce gouvernement a finalement adoptées!

    En plus, vous remarquerez que les quatre mesures les plus efficaces (et de loin) sont liées aux dépenses et les trois moins efficaces aux baisses d’impôts (et de cotisations). Pourtant, ce sont celles que la droite propose tout le temps…

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