Les taux d’emploi au Québec et en Ontario
Au cas où vous ne sachiez pas, le taux de chômage au Québec a rejoint celui de l’Ontario lors de la dernière récession et lui est inférieur depuis. C’est quelque chose que je ne croyais pas voir de mon vivant, compte tenu des grands avantages historiques de l’Ontario sur le Québec.
Il s’agit d’un revirement tout à fait étonnant. Comme un dessin vaut mille mots, je vais donc raccourcir la longueur de mon billet avec ce graphique pour démontrer …
… que le fait que le taux de chômage du Québec est moins élevé que celui de l’Ontario est vraiment un événement hors de l’ordinaire. Entre 1976 et 2001, jamais la différence entre ces deux taux de chômage n’a été inférieur à 2 points de pourcentage. Il a même atteint son maximum de 4,6 points de différence en 1989 (9,6 % au Québec et 5,0 % en Ontario, presque le double!), pas durant une récession, mais au contraire durant une année de sommet dans le cycle économique.
Mais, le revirement ne fut pas soudain. L’écart s’est réduit graduellement à partir de 2001. En 2007, donc avant la récession, l’écart est devenu inférieur à 1 point de pourcentage. Puis, il s’est encore réduit en 2008 et le taux de chômage est finalement devenu inférieur au Québec qu’en Ontario en 2009 et 2010.
Dans sa série «Temps dur pour les détracteurs du modèle québécois», Jean-François Lisée s’amuse à narguer les droitistes à chaque mois où le taux de chômage du Québec est inférieur à celui de l’Ontario. Et, ceux-ci répondent à tous les mois que le taux de chômage n’est pas un bon indicateur, qu’il faut plutôt regarder le taux d’emploi, et que celui de l’Ontario est bien plus élevé que celui du Québec.
Taux d’emploi
Fiou, j’arrive enfin au sujet du billet… Avec ma grande plume (lire «gueule»), je ne croyais pas y arriver un jour! En fait, pour avoir une idée complète de la situation du marché du travail, il faut regarder le plus d’indicateurs possibles, pas un seul. Cela dit, regardons l’évolution du taux d’emploi au Québec et en Ontario avec un autre joli graphique.
On voit bien par ce graphique qu’il est vrai que le taux d’emploi est plus élevé en Ontario qu’au Québec. Mais on voit aussi et surtout que cet écart s’est considérablement réduit depuis 35 ans. Cet écart a atteint son maximum de 9,0 points de pourcentage en 1982 (51,9 % au Québec et 60,9 % en Ontario), au plus profond d’une récession.
Les taux d’emploi du Québec et de l’Ontario se sont par la suite resserrés, lentement au début (l’écart était toujours de 8,5 points en 1989), un peu plus rapidement dans les années 1990 (écart de 5,4 points en 1999 et en 2000), au même rythme jusqu’en 2008 (écart de 2,5 points en 2008), puis avec un saut significatif au cours des deux années suivantes, marquées par la récession de 2008-2009 (écart de 1,3 point en 2009 et de 1,1 en 2010). Bref, 88 % de l’écart (de 9,0 à 1,1) s’est effacé entre 1982 et 2010! C’est tout à fait remarquable. Et ce n’est pas tout…
Taux d’emploi selon l’âge
On ne cesse de nous répéter que la population québécoise vieillit et que ce vieillissement est plus marqué au Québec que dans le reste du Canada. Et c’est vrai! En effet, «l’âge médian de la population du Québec au 1er juillet [2011] était estimé à 41,4 ans», celui de la population du Canada à 39,9 ans et celui de la population de l’Ontario, de 39,6 ans. Ainsi, 17,4 % de la population adulte (15 ans et plus) du Québec avait 65 ans et plus en 2010 par rapport à 16,1 % en Ontario. De même, 16,0 % de la population adulte du Québec était âgée de 55 à 64 ans par rapport à 14,6 % en Ontario. Et, on le devinera, ces personnes plus âgées ont un taux d’emploi beaucoup moins élevé que les plus jeunes proportionnellement plus nombreux en Ontario.
Ces différences d’âge ont donc une influence importante sur les taux d’emploi du Québec et de l’Ontario. D’ailleurs, en appliquant la structure d’âge de l’Ontario aux taux d’emploi par tranches d’âge de 5 ans du Québec, l’écart de nos taux d’emploi respectifs en 2010 passerait de 1,1 point de pourcentage à … 0,1! Voici d’ailleurs ces taux pour 2010 :
On peut voir que le taux d’emploi au Québec est supérieur à celui de l’Ontario dans 6 des 8 tranches d’âge les plus jeunes, de beaucoup dans le cas des personnes âgées de 15 à 24 ans (autant chez les étudiants que chez les non étudiants). Dans les tranches de 30 à 34 ans et de 35 à 39 ans, ce taux est plus élevé au Québec chez les femmes, principalement en raison de la présence de services de garde à tarifs réduits au Québec et pas en Ontario, et moins élevé chez les hommes, résultant en un taux d’emploi légèrement plus élevé en Ontario.
Au bout du compte, le taux d’emploi était en 2010 plus élevé au Québec qu’en Ontario chez les 15-24 (58,0 % et 50,9 %) et les 25-54 (80,8 % et 80,0 %). M. Bouchard devrait être content! Par contre, il était beaucoup moins élevé chez les 55 ans et plus. Est-ce vraiment un drame? Est-ce un handicap ou un choix judicieux? Est-ce seulement le reflet d’un taux de scolarité encore plus faible au Québec dans ces tranches d’âge (assurément) ou aussi le résultat d’un style de vie différent? L’avenir nous en apprendra plus à ce sujet.
Et alors…
La quasi égalité de la situation sur le marché du travail entre le Québec et l’Ontario, tant du côté du chômage que du taux d’emploi, est très étonnante. D’une part, la performance du marché du travail du Québec était historiquement très éloignée de celle de l’Ontario, et ce, depuis toujours. D’autre part, la structure industrielle du Québec étant beaucoup plus saisonnière (forêt, pêche, saison de la construction moins longue, etc.), son taux de chômage devrait être d’au moins un point de pourcentage plus élevé (calcul basé sur le nombre moyen de semaines d’emploi au Québec et en Ontario, selon les données du recensement).
Plus notable encore, si les gens de droite avaient le moindrement raison de démoniser le modèle québécois, la différence entre le rendement des deux provinces sur le plan de l’emploi devrait se creuser, pas se refermer. Mais, les faits n’ont jamais vraiment influencé leurs croyances…
Libertarians incoming in 10, 9, 8…
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Comme je prévois prendre ma retraite vers 56 ans, je n’aiderais pas le Québec pour le taux d’emploi. Il me semble que ce n’est pas négatif comme situation…
De plus, le côté négatif est un taux d’emploi de 45.6% pour la tranche d’âge des 15-19 ans contre 36.6% pour l’Ontario. Serait-ce que l’on fréquente l’école moins longtemps que les Ontariens… ou bien l’âge moyen des Ontariens est plus vieux dans les McDonalds et Couche tard de ce monde ?
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@ Benton
«Serait-ce que l’on fréquente l’école moins longtemps que les Ontariens…»
Comme je l’ai écrit, le taux d’emploi des jeunes âgé de 15 à 19 ans est plus élevé au Québec à la fois chez les étudiants (7 points) et les non-étudiants (11 points). Cela dit, oui, en 2010, le taux de fréquentation scolaire à temps plein était plus élevé en Ontario (85 % par rapport à 80 %). Par contre, chez les 20-24, le taux de fréquentation scolaire à temps plein était égal dans les deux provinces (40 %).
Il faut dire que l’école secondaire dure un an de plus en Ontario et qu’elle a adopté récemment (fin 2006) une loi pour prolonger l’âge obligatoire de fréquenter l’école à 18 ans (16, au Québec).
http://www.e-laws.gov.on.ca/html/source/statutes/french/2006/elaws_src_s06028_f.htm
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Pour expliquer l’écart énorme chez les plus vieux, 55 à 69, il doit bien exister d’autres raison que celle que tu mentionnes….
C’est un fossé immense! Surtout chez les 60-64 ans!
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L’extraordinaire rattrapage:
http://martincoiteux.blogspot.com/2011/08/lextraordinaire-rattrapage-du-quebec.html
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Voilà bien ce que je disait-craignait.
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@minarchiste
D’accord les dépenses de programmes de l’Ontario rattrapent celles du Québec en proportion du PIB……. Quelle est votre point ? Les dépenses gouvernementales créent le chômage et font baisser le taux d’emploi ?? Mais c’est n’importe quoi comme argumentation….
C’est ça le meilleur sophisme dont vous disposé ? Wow… vous devriez admettre la défaite dès maintenant….
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@Pragmatisme
J’allais écrire quelque chose dans le même sens.
La première chose qu’on apprend dans un cours de stat de base c’est qu’une corrélation ne démontre jamais un lien de cause à effet.
Autrement dit, ce n’est pas parce que deux choses évoluent en même temps qu’elles s’influencent mutuellement.
Autres remarques:
Sur le graphique de M Coiteux, on ne voit les courbes que depuis 2003, or je pense qu’il faudrait vérifier à partir de 1977 pour avoir un bon comparatif avec les graphiques de Darwin parce que je pense que l’Ontario a déjà eu un gouvernement assez à gauche et en ces temps-là, les dépenses publiques étaient peut-être plus élevées qu’ici.
Il se pourrait tout aussi bien que la baisse d’emploi à elle seule ait contribué à l’augmentation du ratio du graphique de M Coiteux. MM Coiteux et Minarchiste semblent certains que l’augmentation des dépenses publiques ait provoqué les pertes d’emploi, et ce, sans démonstration.
Ils n’ont qu’à nous démontrer pourquoi, comme ils suggèrent, le coût des programmes publics ont autant augmenté chez nos voisins! Est-ce parce qu’ils ont ouvert des garderies? Est-ce qu’ils se payent des congés parentaux?
C’est bien beau d’étaler des ptits graphiques mais si l’interprétation cohérente ne suit pas, on n’est pas beaucoup plus avancés…
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L’évidence est que l’Ontario a été affecté plus durement que le Québec par la crise de 2007.
Mais l’évidence n’est pas l’apanage des drettistes….
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Ce n’est pas le nombre de fonctionnaires et les fluctuations de leur masse salariale qui importent; comme on vient de le voir au Québec, il est parfois plus coûteux d’évacuer la fonction publique de certains éléments que l’on devra ensuite remplacer tant bien que mal par un recours massif au privé.
Je pense aux ingénieurs chargés de préparer les plans et devis des travaux routiers, et des autres ingénieurs (idéalement, pas les mêmes!) chargés de la surveillance des travaux. À quoi sert d’économiser $1 en salaires et bénéfices marginaux s’il en résulte une augmentation des coûts de $2?
Je pense aussi au personnel infirmier; le recours aux infirmiers et infirmières des agences privées permet de faire fondre la masse salariale, certes, mais en contrepartie, d’autres coûts augmentent. L’infirmière fournie par une agence coûte BEAUCOUP plus cher au gouvernement que celle qui fait le même travail pour une agence privée…
Dans le coin gauche, Darwin fait l’effort de chercher des données et d’en livrer une analyse intelligente; dans le coin droit, il y a Minarchiste qui se contente de proposer un hyperlien vers un article crédible (en raison du profil de son auteur) mais dont le rapport au sujet développé par Darwin est nul.
Décidément, LIBERTARIEN et CAPACITÉ DE DÉBATTRE, ça ne va pas bien ensemble…
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@ Koval
«Pour expliquer l’écart énorme chez les plus vieux, 55 à 69, il doit bien exister d’autres raison que celle que tu mentionnes….»
Si tu en trouves, je suis très ouvert à les entendre, mais sérieusement, à part le retard historique de scolarisation et le style de vie, je ne vois pas grand chose…
J’ai regardé l’historique dans ces tranches d’âge :
– 55-59 : l’écart maximal a été observé en 1990, avec 15 points (12 chez les hommes, et 16 chez les femmes, avec 33 % et 49 %); seul l’écart de 2009 est inférieur à celui de 2010, à 5 points au lieu de 6 (4 chez les hommes, et 8 chez les femmes); ça monte dans les deux provinces, mais plus au Québec.
– 60-64 : ça bouge plus, ils sont moins nombreux! L’écart a varié depuis 1976 de 7 à 13 points, sans trop de tendance; le 10 points de 2010 (9,5 chez les hommes et 10,6 chez les femmes) est dans la moyenne; ça monte dans les deux provinces.
– 65-69 : Ça bouge aussi, mais le 7,9 est le sommet. En fait le taux augmente au Québec de 6 % en 200 à 17 % en 2010, mais augmente plus en Ontario! Doit-on s’en plaindre?
Bref, l’historique est important, mais le style de vie semble aussi avoir un impact. Pour en savoir plus, il faudrait suivre l’évolution par industrie et professions, mais à ce niveau de détail les données ne sont pas facile à trouver… et pas tellement fiables si j’en trouvais…
Mes réactions aux autres vont attendre après le souper!
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Papitibi vous m’avez enlevé les mots de la bouche. Cependant, écrit d’une manière mieux formulée que j’aurais pu le faire.
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Darwin, j’ai cherché un peu et j’avais espéré trouver des réponses facilement mais non, ce n’est pas évident comme je pensais de trouver d’autres explications…
Ici, on creuse un peu la question avec d’autres facteurs mais rien qui saute aux yeux.
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« Mes réactions aux autres vont attendre après le souper! »
Tu soupes tard! 😉
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@ Koval
«Ici, on creuse un peu la question avec d’autres facteurs mais rien qui saute aux yeux.»
Intéressant comme article. Tu vois, il répond à ma question sur les secteurs (ou professions). Même les gens qui travaillent dans une industrie spécifique prennent leur retraite plus jeune au Québec, tant dans le secteur public que dans le secteur financier ou les services professionnels.
Il y a en fait d’autres facteurs, mais qui expliquent plutôt la hausse du taux d’emploi dans les deux provinces, comme l’arrivée à ces âges des femmes qui ont un «attachement» supérieur au marché du travail que leurs aînées.
«Tu soupes tard!»
18 h 30 c’est tard? Ah bon…
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D’la schnoute, minarchiste! On voit très bien sur le graphique de Darwin que le taux d’emploi du Québec a plus monté que celui de l’Ontario a baissé. 😡
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@ Minarchiste
«L’extraordinaire rattrapage:»
Bizarre, M. Coiteux ne fait, lui, aucun lien entre cette hausse et la situation sur le marché du travail, lien que vous faites même si vous n’en parlez pas, car sinon votre commentaire serait seulement non pertinent, alors qu’il est aussi malicieux.
Si vous comparez le graphique de M. Coiteux aux miens, vous constaterez que de 2002 à 2007, la hausse de la part des dépenses publiques en Ontario n’a pas empêché le taux de chômage de l’Ontario de diminuer, en fait de 7,2 % à 6,5 % et le taux d’emploi de passer de 62,9 % à 63,4 %. Bon, disons qu’il est resté fixe, compte tenu des variations annuelles… Quel désastre! En fait, si les écarts de ces taux entre le Québec et l’Ontario ont dominué, c’est que le taux de chômage québécois a diminué encore plus (de 8,7 % à 7,2 %) et que le taux d’emploi québécois a augmenté davantage (de 59,5 % à 60,9 %) !
Quant aux deux dernières années du graphique de M. Coiteux, la forte hausse (quand même pas époustouflante, de 13,3 % à 14,7 % du PIB à l’oeil), vous devriez savoir que l’Ontario a subi beaucoup plus durement la récession que le Québec, ne serait-ce en raison de sa forte présence dans le secteur automobile et de sa plus grande dépendance au marché des États-Unis (sans parler de la maladie hollandaise qui l’attaque au moins autant qu’elle ne le fait au Québec).
Or, durant une récession, le rapport dépenses publiques/PIB augmente sans que le gouvernement ne prenne de décision. D’un côté, le numérateur (dépenses publiques) augmente par l’entrée en jeu des stabilisateurs automatiques et de l’autre, le dénominateur (PIB) diminue… parce qu’une récession est justement une baisse du PIB…
On remarquera que le rapport dépenses publiques/PIB a haussé augmenté au Québec entre 2007-2008 et 2008-2009 pour la même raison, mais moins (et moins longtemps), parce que la récession y fut bien moins virulente.
Autre chose?
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@ the Ubbergeek
«Voilà bien ce que je disait-craignait.»
Pas moi!
@ Benton
«L’évidence est que l’Ontario a été affecté plus durement que le Québec par la crise de 2007»
J’ai cru bon de commenter aussi la période précédente…
@ Sombre
«D’la schnoute, minarchiste! On voit très bien sur le graphique de Darwin que le taux d’emploi du Québec a plus monté que celui de l’Ontario a baissé.»
Bravo!
Je fais des jolis dessins, moi aussi, non? 😉
@ Pragmatisme
«Les dépenses gouvernementales créent le chômage et font baisser le taux d’emploi ??»
Surtout que ce n’est même pas ce qui s’est passé!
@ Papitibi
«dont le rapport au sujet développé par Darwin est nul»
Ça m’a quand même permis de développer un peu…
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À l’heure des riches.
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@ Yves
«À l’heure des riches.»
18 h 30, l’heure des riches? Ah bon…
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« Je fais des jolis dessins, moi aussi, non? »
Ouais ça me donne l’impression de comprendre les choses…
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Pour revenir à votre lien « Pourquoi les pauvres votent-ils contre leurs intérêts économiques ? » (J’ai comme perdu la référence de l’article… mais gardé le lien!) on peut appliquer l’explication aussi au pourquoi certains déteste les syndicats.
Ça explique la frustration de se faire « doubler » pour ce que certains considère de leur niveau… et surtout de leur niveau inférieur. Pour eux, les dés sont « pipés »!!!
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@ Benton
«Ça explique la frustration de se faire « doubler » pour ce que certains considère de leur niveau… et surtout de leur niveau inférieur»
L’explication est intéressante et concorde avec bien des observations. On peut penser à la hargne de bien des travailleurs intectuels frustrés du salaire des cols bleus…
Je pense aussi à une lettre d’un homme venant d’un ménage qui gagnait 450 000 $, mais qui habitait un quartier où habitait des gens majoritairement encore plus riches. Il considérait injuste qu’Obama veuille augmenter ses impôts (le voulait-il vraiment? Bon, c’est un autre sujet). Il se plaignait qu’il serait forcé de mettre à pied son pauvre jardinier mexicain, ou retirer sa fille d’un cours de je ne sais plus quoi (danse, théâtre ou quelque chose du genre). Il déplorait même de devoir cesser d’«investir» en bourse, geste qu’il disait patriotique «dans cette période difficile»! Même faisant partie du 1 % le plus riche, il avait le culot de se plaindre… (lu chez Krugman).
Mais, bon, la thèse de Kuziemko et Norton explique ce genre de comportement. Et leur thèse est tout de même nuancée. J’ai failli en tirer un billet (express), mais un billet sur un billet, je ne trouvais pas ça fort…
Voici la source :
Pourquoi les pauvres votent-ils contre leurs intérêts économiques ?
http://alternatives-economiques.fr/blogs/behrent/2011/09/23/pourquoi-les-pauvres-votent-ils-contre-leurs-interets-economiques/
(par http://www.oikosblogue.coop/?p=9253 )
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« Pourquoi les pauvres votent-ils contre leurs intérêts économiques ? »
Parce que on leur a fait acrère que monter le salaire minimum et les impôts est un empêchement pour ces derniers d’accéder au rêve américain qui n’existe pas pour eux et qui n’a jamais existé.
Rappelez-vous de Joe the plumer, pas instruit, pour lequel les hausses d’impôts étaient un empêchement d’accéder à avoir une entreprise de plomberie pour faire de l’argent et ainsi réaliser son rêve américain.
Joe avait une image de pauvre au près des pauvres. Pourtant cet individu qui a servi d’image possède une maison avec une tondeuse comme dans le rêve.
Quand une personne ne connais rien ou ne sait rien on peut lui faire croire n’importe quoi et encore bien plus si elle est naïve.
Alors quand les riches se plaignent, les pauvres convaincus se sentent attaqués.
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@ Youlle
«Parce que on leur a fait acrère que monter le salaire minimum et les impôts est un empêchement pour ces derniers d’accéder au rêve américain qui n’existe pas pour eux et qui n’a jamais existé.»
Ce facteur est mentionné dans le texte que j’ai mis en lien…
«Rappelez-vous de Joe the plumer, pas instruit, pour lequel les hausses d’impôts étaient un empêchement d’accéder à avoir une entreprise de plomberie pour faire de l’argent et ainsi réaliser son rêve américain.»
http://www.aufeminin.com/mag/societe/d5129/c118653.html
Cela dit, tout ça fait de lui un candidat républicain idéal!
http://presstv.com/detail/203876.html
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Ah! les pauvres! En mauvais hégéliens de gauche, Marx et ses épigones y ont vu le moteur de l’Histoire. Dans son Marx, Michel Henry [1], affirme qu’en 1843, Marx ne trouvait pas en Prusse l’équivalent des penseurs de la Révolution français ni de ceux du gouvernement croupion de Cromwell [2]. Il s’est alors rabattu sur le prolétariat. Ironie du sort, en Prusse, la révolution industrielle ne battra son plein qu’avec Bismarck. La subdivision lumpenproletariat est illustrée dans L’opéra de Quat’sous, que nous [3] pourrons voir à L’Usine C [4].
Un jour, je disais à mon frère, qui résidait au bas du mont Sutton :
– Puisque l’invention des guichets automatiques a supprimé des emplois, il n’est pas normal que la société assume seule les coûts du chômage. Une fiscalité plus juste sur les revenus des banques permettraient de financer des emplois d’utilité sociale.
– Je suis d’accord avec toi, mais ne va pas dire ça à mes voisins, ce sont des travailleurs autonomes qui font du 50 heures semaine. Ils épargnent pour acheter des actions des banques. Ils vivent pour s’acheter la maison au sommet du mont Sutton et la BMW. Ils ne voteront jamais pour ton parti
Ouf! Oui le désir d’ascension sociale, fort légitime [5] peut rendre très conservateur. Il ne suffit pas de scander so-so-solidarité pour changer les choses. Lorsque la question constitutionnelle vient se conjuguer aux débats, on n’est pas sortis de l’auberge.
@ Youlle
J’ai écrit à un ami d’Arthabaska. Nous passons maison par maison. J’ai fait l’hypothèse que la mère de vos enfants serait une voisine avec qui je me suis tenu à l’âge de 4 ans. Si nous ne trouvons pas, je donnerai la permission aux responsables de ce blogue de vous donner mon adresse électronique.
[1] Paris, Gallimard 2009
[2] Hannah Arendt rappelle que le terme « révolution » a d’abord été utilisé pour désigner la Restauration après ce gouvernement de Cromwell. En géométrie, on revient au point de départ après avoir opéré une révolution. En politique, la révolution mange parfois ses petits avant de revenir à la même place.
[3] Ceux qui peuvent se payer le théâtre.
[4] Dans sa traduction, Laura Lafargue laisse le terme en allemand. Elle note cependant qu’il peut signifier « en haillons, la racaille ». Maximilien Rubel, traduit par : « la pègre prolétarienne ». Selon moi, le reste du paragraphe va dans ce sens. Sa situation fera qu’il se vendra au plus offrant, les Chemise brunes d’Hitler qui iront casser la gueule aux grévistes.
[5] Moi, j’ai étudié par désir de régression sociale et j’ai réussi, mais je n’imposerai pas ma philosophie de la misère au reste de l’humanité.
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@ Richard Langelier
«Oui le désir d’ascension sociale, fort légitime, peut rendre très conservateur.»
C’est comme une loterie, mais une loterie très chiche qui ne retourne qu’une très faible portion des mises (je devrais chercher pour avancer un pourcentage, quelque part entre 1 % et 10 % au pif). Tous les pauvres payent pour une minorité qui s’enrichit… souvent au détriments de ses amis d’origine!
Mais, oui, cela aussi est un des facteurs mentionné dans le texte.
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@ Richard
« J’ai fait l’hypothèse que la mère de vos enfants serait une voisine avec qui je me suis tenu à l’âge de 4 ans. »
Connaissez-vous Ti-Douard?
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Certains rigolent parce que le dernier communiqué de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada estime que le Québec a perdu 13 300 emplois en octobre et que son taux de chômage a augmenté de 0,4 point de pourcentage à 7,7 %.
Ils oublient toutefois que l’Ontario en a perdu 38 700 et que son taux de chômage a augmenté 0,5 point de pourcentage à 8,1 %.
Avec la maladie hollandaise qui se répand toujours, il est normal que ces deux provinces soient les plus touchés par le ralentissement mondial. Dans un billet sur cette maladie, j’écrivais :
«Je rappelle que le solde du commerce extérieur du Québec est passé d’un surplus de 4 milliards $ en 2002 à un déficit de plus de 27 milliards $ en 2010. En Ontario? Il est passé d’un surplus de 22 milliards $ en 2002 à un déficit de 31 milliards $ en 2010. Bref, le solde du commerce extérieur s’est détérioré de 31 milliards $ au Québec entre 2002 et 2010 et de 53 milliards $ en Ontario!».
L’idée n’est pas de se féliciter que ça va encore plus mal en Ontario, mais de bien comprendre que la montée du dollar canadien nuit aux deux provinces centrales qui subissent les effets de la maladie hollandaise générée par les provinces productrices de pétrole.
Comme le disait ce matin Robert Sansfaçon dans le Devoir (article cadenassé) :
«Mais plus inquiétante est cette division de plus en plus marquée du pays en deux groupes de provinces, celui des producteurs de pétrole et celui réunissant les autres. Plus le temps passe, plus le «marché» s’occupe de redéfinir les termes de la fédération sans qu’Ottawa manifeste d’inquiétude.»
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