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Jeanne express – La concurrence fiscale

11 novembre 2011

Depuis le début de la crise en 2007-2008, Paul Krugman a écrit un nombre innombrable de billets déplorant le fait que les théories néolibérales qui n’ont jamais fonctionné soient encore aussi populaires. Il y a bien sûr la croyance ridicule qu’il puisse exister une telle chose que des plans d’austérité qui vont susciter tant d’admiration que les marchés vont s’empresser d’investir dans un pays dont les revenus personnels sont à la baisse et dont les habitants ont donc moins d’argent à dépenser.

La croyance dont je veux parler ici est plus pernicieuse, car elle est une des principales raisons qui explique les problèmes de financement de la plupart des pays du monde.

Concurrence fiscale

Avec la mondialisation, les pays se retrouvent en concurrence pour attirer chez eux des entreprises qui, elles, n’ont plus d’attaches territoriales. Fabriquer à un endroit ou à un autre, et même établir un centre d’appels dans un pays ou un autre ne change pas grand chose pour une entreprise.

Les pays ont beau avoir mis sur pied des institutions les regroupant, comme la zone euro, quand vient le temps de décider de leurs stratégies fiscales, ils sont seuls, les uns contre les autres. Le cas de l’Irlande est à ce sujet un cas d’espèce. Elle a diminué son impôt aux sociétés à 12,5 %, tandis que ce taux varie de 15 % (Lettonie et Lituanie!) à 35 % dans les autres pays européens. Or, comme environ les trois quarts du commerce extérieur des pays européens se fait entre eux (74 % en 2006) et que le commerce international hors de la zone européenne (incluant la Suisse et la Norvège!) ne représente que 8 % de son PIB (1,3 milliards $ / 16,3 milliards $), cette concurrence n’a que peu d’effet sur les pays à l’extérieur de la zone, mais bien plus entre chacun des pays de la zone! Et encore, même sans aucune taxe en Europe, la fabrication de vêtements serait encore moins chère en Chine! Bref, ces pays se privent de revenus qui leur seraient bien précieux aujourd’hui dans l’espoir d’attirer ainsi des entreprises qui sont presque toutes établies dans d’autres pays de leur zone!

Si cette stratégie a bénéficié à l’Irlande pendant un temps, elle a nui aux autres pays européens (je n’insisterai jamais assez). Quand on voit en plus que cette stratégie (qui explique la grande présence du secteur financier dans ce petit pays) l’a mené à une des pires situations de la zone (avec notamment un taux de chômage qui est passé de guère plus de 4 % en 2008 à plus de 14 % en septembre 2011), on voit que la concurrence fiscale ne lui a pas apporté de protection contre la crise, bien au contraire. Et pourtant, l’Irlande s’accroche à cette stratégie, conservant son taux de 12,5 % aux sociétés, même face à la désapprobation des autres pays de la zone euro qui l’accusent de dumping fiscal

Notons également que ce type de concurrence fiscale existe aussi pour les hauts revenus, la théorie (qui se vérifie rarement dans le monde réel) prétendant que des taux d’impôts élevés pour les riches les chassent. Pourtant, on ne voit rien du genre dans les pays scandinaves, dont les taux d’imposition marginaux sont bien plus élevés qu’ailleurs en Europe, par exemple à 59 % au Danemark et en Suède, par rapport à 15 % en… Lituanie et en Tchéquie! Là encore, les pays se privent de revenus qui leur seraient bien précieux aujourd’hui sans retirer d’avantage notable de cette stratégie vouée à l’échec.

Et au Canada, pendant ce temps…

… le ministre des finances, Jim Flaherty reconnaît que la conjoncture économique mondiale influence et influencera l’économie canadienne. Mais, s’il consent à reculer d’un an sa cible d’atteinte de l’équilibre fiscal, il entend toujours couper des emplois et des services dans la fonction publique (même si les services ont déjà commencé à diminuer en raison des compressions des dernières années) et tient mordicus à baisser encore le taux d’imposition des sociétés.

Rappelons, comme je l’avais expliqué dans ce billet, que le taux d’imposition des sociétés était (voir page 7 de ce document) de 41 % en 1960, 40 % en 1970, 36 % en 1980, 28 % en 1990 et 2000 et que c’est depuis ce temps, il y a à peine 11 ans, qu’il a diminué en flèche pour atteindre 16,5 % cette année. Mais, c’est encore trop élevé pour notre ministre conservateur, qui est prêt à se priver de 4 milliards $ par année (le même montant que les nouvelles compressions qu’il veut toujours faire dans les emplois et les services dans la fonction publique) pour l’abaisser à 15 % en janvier 2012, tout cela en fantasmant sur les effets supposément bénéfiques de la concurrence fiscale :

«Dans son discours, le ministre Flaherty a présenté cette réduction de l’impôt des sociétés comme un moyen de préserver «l’avantage» du Canada sur les autres pays. «Le taux global d’imposition [fédéral et provincial] des nouveaux investissements des entreprises est plus bas au Canada que dans tous les autres pays du G7 et il est inférieur à la moyenne des pays membres de l’OCDE.»

Le taux d’imposition des sociétés est déjà plus bas qu’ailleurs, ce qui n’a entraîné aucune hausse des investissements des entreprises en pourcentage du PIB, mais le ministre veut le faire diminuer encore! Comprenne qui le peut…

Et alors…

Comme le dit Jacques Généreux, ce ne sont pas que les individus qui sont dissociés en raison de l’accentuation de la compétition aux détriments de la collaboration, mais les pays aussi! Comme la concurrence fiscale ne s’exerce pratiquement que contre des pays alliés, ne serait-ce pas plus efficace qu’on laisse tomber cette attitude compétitive qui ne fait que nuire aux uns et aux autres, et qu’on pense plutôt à collaborer? Pourquoi des pays qui sont actuellement vulnérables aux attaques des spéculateurs ne pensent pas à collaborer plutôt qu’à se concurrencer? Pour être le seul qui s’en tirera? Comme si une telle chose se pouvait…

Sans davantage de collaboration en Europe, mon dernier billet risque de ne pas être qu’une fiction humoristique…

58 commentaires leave one →
  1. 11 novembre 2011 8 h 01 min

    J’ai du mal à imaginer comment on peut organiser une collaboration. Serait-ce en fixant le même taux pour tous les pays alliés?

    Les compagnies chercheront alors d’autres avantages, comme la taille de la population, le prix de la main d’oeuvre etc…

    Comment on pourrait établir une collaboration dans un tel système?

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  2. 11 novembre 2011 8 h 25 min

    @ Koval

    «Serait-ce en fixant le même taux pour tous les pays alliés?»

    Même en collaborant, il peut y avoir des différences, les besoins ou les politiques n’étant pas les mêmes et chaque pays ayant droit à sa souveraineté. Mais, si on collabore, on ne baissera pas les impôts (des sociétés et des particuliers) dans le but d’attirer davantage d’entreprises ou de citoyens riches (à part quelques vedettes comme Plamondon ou Halliday, cette dernière stratégie demeure assez stérile…).

    Quand je parle des théories néolibérales qui n’ont jamais fonctionné, je pense entre autres à la courbe de Laffer et au dogme qui dit qu’une baisse d’impôt se paye tout seul. Cela peut arriver quand un seul pays applique cette théorie (comme cela a réussi en Irlande), mais pas quand tout le monde le fait! C’est un peu comme le dilemme du prisonnier : tout le monde a intérêt à collaborer, mais, sans mécanisme précis pour ce faire, chacun reste dans son coin et y perd.

    Y avoir pensé hier, j’aurais de fait comparé la concurrence fiscale au dilemme du prisonnier…

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  3. 11 novembre 2011 9 h 52 min

    La collaboration entre les pays? À l’intérieur de grands ensembles économiques comme – par exemple – la zone Euro (ou ce qui en restera), il me semble qu’il serait possible d’harmoniser certaines politiques fiscales, ce qui pourrait profiter à TOUS les pays de la zone.

    C’est vrai qu’une entreprise peut aller ailleurs, mais il y a des « ailleurs » où bien peu d’entreprises pourraient aller.

    Dans le petit monde municipal, des municipalités de banlieue avaient accordé des crédits de taxe foncière, applicables aux nouveaux arrivants ou aux proprios de constructions neuves. Quand une municipalité est seule à le faire dans son « marché », elle suscite un boom localisé… jusqu’à ce que les voisines se mettent à l’imiter. En bout de ligne, elles le font toutes – dans un secteur donné, au point où elles vont TOUTES perdre des revenus fonciers.

    Alors elles se rencontrent, et établissent une politique commune. La fête est finie!

    Cet exemple venu d’en bas ne pourrait-il pas servir aux ministres des finances? Évidemment, ça ne pourrait pas fonctionner aussi facilement là où le pays est divisé en provinces ou en États… ni quand le vrai motif de ce laxisme fiscal n’est pas d’ordre « concurrentiel », mais idéologique.

    Comme c’est le cas avec nos cons serviteurs et les repus, plus au sud.

    Cela dit, il doit y avoir moyen, pour les autres, de contrer ces États voyous, au moyen de taxes à l’importation, par exemple.

    La seule question, c’est: comment diable pourront-ils en venir à de tels consensus?

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  4. 11 novembre 2011 10 h 07 min

    @ Papitibi

    «Alors elles se rencontrent, et établissent une politique commune. La fête est finie!
    Cet exemple venu d’en bas ne pourrait-il pas servir aux ministres des finances? »

    L’exemple est excellent et montre à quel point la concurrence fiscale peut être nocive.

    «Évidemment, ça ne pourrait pas fonctionner aussi facilement là où le pays est divisé en provinces ou en États…»

    Déjà, si le gouvernement central s’entend avec les autres pays de la zone, ce serait un grand pas en avant. En suite, ce serait aux provinces et états de ces pays de collaborer aussi, comme l’ont fait les municipalités dans votre exemple.

    « ni quand le vrai motif de ce laxisme fiscal n’est pas d’ordre « concurrentiel », mais idéologique.»

    C’est en effet plus complexe dans ce cas là. Il faut alors démontrer que cette théorie est fausse, ce qui, j’en conviens, n’est pas de la tarte, les idéologues dogmatiques croyant davantage leurs théories que les faits.

    «La seule question, c’est: comment diable pourront-ils en venir à de tels consensus?»

    En réalisant que c’est contreproductif. Mais, il est vrai que s’ils ne le réalisent pas dans une situation critique comme celle qu’ils vivent actuellement (je parle surtout de l’Europe), on peut se demander quand ils le feront…

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  5. the Ubbergeek permalink
    11 novembre 2011 12 h 12 min

    Billet intéressant.

    Mais je suis un peu décu au moins de tapper ceci; c’est le jour du Souvenir, et je crois que ca aurait fais un meilleur sujet de billet, peut-être (considérant QUI est à Ottawa..)…

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  6. 11 novembre 2011 12 h 30 min

    @ the Ubbergeek LIEN PERMANENT

    «Mais je suis un peu décu»

    Parler du jour du Souvenir? L’idée ne m’en ai pas venue une seconde. J’ai tendance à ne pas me souvenir du jour du souvenir…

    Je vois un peu ce que vous voulez probablement dire, associer cette journée au virage militaire du fédéral. D’autres l’ont fait… http://www.ledevoir.com/politique/canada/335804/vive-l-armee (article cadenassé, par contre).

    Mon créneau est plus du côté économique (j’espère que ça paraît!), quoique je ne dédaigne pas la politique de temps en temps. D’autres s’y consacrent à fond…

    Et, franchement, je trouve le sujet que je touche aujourd’hui pas mal plus fondamental. Mais, cela, ça peut bien sûr varier d’une personne à l’autre!

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  7. 11 novembre 2011 13 h 56 min

    «Mais, cela, ça peut bien sûr varier d’une personne à l’autre«

    😆

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  8. 11 novembre 2011 14 h 03 min

    Je suis loin de connaitre l’économie, mais quand je te lis Darwin tout semble si logique et limpide qu’ on ne peut faire autrement que d’adhérer à ce que tu dis. Mais comment accepter et surtout comprendre que tous les économistes qui gouvernent ce monde soit idiot au point de ne pas le voir. S’en est révoltant.

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  9. Richard Langelier permalink
    11 novembre 2011 14 h 41 min

    Ce billet de Josée Blanchette a un rapport certain avec ce billet et plusieurs autres de Darwin :
    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/335734/le-cul-ne-mene-plus-le-mondele-capitalisme-pour-les-nuls

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  10. Richard Langelier permalink
    11 novembre 2011 14 h 55 min

    Par contre, j’ai sursauté lorsque Josée Blanchette a salué : « le projet de remettre un cours d’éducation économique et financière au programme du secondaire ». Il faudrait savoir qui choisirait le contenu !!!

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  11. 11 novembre 2011 15 h 05 min

    @ Yves

    «Mais comment accepter et surtout comprendre que tous les économistes qui gouvernent ce monde soit idiot au point de ne pas le voir.»

    Ce serait facile de dire qu’ils ont été endoctrinés par leur formation. Ne renonçant pas à la facilité, je le dis! Bon, il y a sûrement d’autres facteurs qui explique cet aveuglement, mais je pense vraiment que c’est le principal.

    @ Richard Langelier

    «Ce billet de Josée Blanchette a un rapport certain avec ce billet et plusieurs autres de Darwin»

    En effet. Regardez d’ailleurs qui fut le premier à commenter cette chronique!

    Malgré la critique que j’ai faite, le corps de sa chronique demeure très intéressant. Il a l’air bien, son amant économiste de gauche…

    «Combien de fois m’a-t-il expliqué que l’économie est devenue une science sociale surinvestie par les mathématiques, une des raisons pour lesquelles elle apparaît si complexe au citoyen lambda…»

    D’accord pour le début, mais reste que, même sans maths et surtout sans maths, l’économie demeure influencée par tellement de facteurs, qui ne jouent pas toujours avec la même ampleur et même pas toujours dans le même ses, qu’elle demeure très complexe pour tout, y compris pour le citoyen lambda…

    «Les sciences économiques sont truffées de formules algébriques et de lettres grecques, d’équations complexes, de variables inconnues, de modèles mathématiques nébuleux dont on ignore l’utilité même. Mon matheux préféré l’avoue sans vergogne et qualifie ses études universitaires «d’onanisme grec».»

    Ça doit vouloir dire de la masturbation intellectuelle, ce qui rejoint mon commentaire à Yves…

    «l’économiste de base vibre jusqu’à la moelle devant l’élégance de ses modèles mathématiques»

    Krugman l’a dite souvent, cette phrase-là, que les économistes orthodoxes (qu’il appelle les «freshwater» economists ou «économistes d’eau douce», car les principales écoles d’économie qui enseignent le modèle classique, comme l’École de Chicago, sont situées dans les terres, tandis que celles qui enseignent encore Keynes, sont plutôt vers les côtes océaniques; il les appellent donc les «saltwater» economists, soit les économistes d’eau salée) visent plus des modèles complets et élégants que des modèles qui correspondent à la réalité.

    «S’il y a une chose facile à prévoir en économie, c’est la démographie!»

    Je ne dirais pas facile, mais bien moins difficile que le reste! Si j’explique, Jack va encore penser que je suis en guerre contre Pierre Fortin…

    «Le film de près de trois heures [Zeitgeist moving forward] est gratuit et propose toutes sortes de solutions (parfois très farfelues) au néolibéralisme et au pouvoir dévastateur de l’argent.»

    Plus farfelu qu’intéressant, selon moi…

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  12. 11 novembre 2011 15 h 10 min

    @ Richard Langelier

    «Il faudrait savoir qui choisirait le contenu !!!»

    C’était exactement l’objet de mon commentaire à cette chronique! 😉

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  13. 11 novembre 2011 18 h 12 min

    Parler du jour du Souvenir? L’idée ne m’en ai pas venue une seconde. J’ai tendance à ne pas me souvenir du jour du souvenir… – Darwin

    Eh bin moi j’ai fait acte de souvenance, au moyen d’une entête de blogue qui sera bien éphémère.

    Au départ, un drapeau canadien avec un coquelicot en guise de feuille d’érable. Trois drapeaux, 3 fois le chiffre 11. Le blanc de la bande centrale a viré au noir, symbole des sables bitumineux. Je me souviens – aussi – de la faune sacrifiée…

    Y eussai-je consacré un billet que je l’eus consacré à ces anciens combattants blessés, amputés, handicapés physiquement ou psychologiquement, et laissés pour compte par le Ministre.

    Politically incorrect, sans doute…

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  14. 11 novembre 2011 18 h 29 min

    @ Papitibi

    «Y eussai-je consacré un billet que je l’eus consacré à ces anciens combattants blessés, amputés, handicapés physiquement ou psychologiquement, et laissés pour compte par le Ministre.»

    Moi, j’aurais parlé de l’inutilité des dernières guerres, des victimes civiles de ces pays… et j’aurais attiré plein de trolls!

    Et peut-être aussi d’autres choses, dont les victimes de chez nous.

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  15. 11 novembre 2011 19 h 13 min

    HA! C’est que moi, je respectais le thème du 11-11-2011, les anciens combattants!!! 😉

    Mais vous avez raison sur le fonds.

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  16. Richard Langelier permalink
    11 novembre 2011 21 h 02 min

    @ Darwin

    J’avais bien vu un pseudonyme semblable au vôtre et un commentaire qui allait dans le sens de vos idées. Si je l’avais écrit, vous m’auriez accusé de manquer de fair play [1]. J’ai donc pratiqué l’abstinence. Là, vous laissez sous-entendre, entre les lignes, que je vous ai plagié. Vous allez me rendre schizophrène. C’est démontré scientifiquement : le phénomène de la double contrainte (double bind, ça fait encore plus sérieux). Comme je suis déjà paranoïaque, ça va être beau! 😥

    En attendant une collaboration entre pays, il est au moins possible pour le gouvernement canadien, non seulement de ne pas empirer la situation, mais d’augmenter l’impôt des corporations de quelques points de pourcentage. Un impôt minimum sur les revenus des sociétés serait de mise. Il est normal qu’une entreprise qui fait de la recherche et du développement, qui finance les arts puisse reçoivent des crédits d’impôt, mais il y a une limite.

    Dans la mesure où le coût de l’électricité pour les entreprises est avantageux au Québec, le gouvernement provincial pourrait se permettre d’avoir des taux d’imposition [2] plus élevés que dans la moyenne des autres provinces canadiennes. Serait-il préférable d’augmenter le tarif commercial de l’électricité (une aluminerie, ça bouffe de l’électricité)?

    Pierre Fortin considère qu’il est préférable d’imposer l’actionnaire plutôt que l’entreprise. En principe, je serais porté à appuyer son point de vue. Le hic, c’est que l’actionnaire ne réside pas nécessairement dans le pays, qu’une partie importante des actions est détenue par des fonds de retraite individuels ou collectifs et les fonds qui gèrent nos programmes sociaux financés par capitalisation, donc non imposée.

    La résistance

    Je suis à la fois enthousiaste et perplexe devant le mouvement des indignés et des manifestations lors de sommets du G20. Le désir du tabula rasa peut conduire au refus de voter, parce que le parti de gauche ne paraît pas suffisamment radical, ou trop [3], que le vote est perdu à cause du mode de scrutin.

    [1] Oh là, là. Le dictionnaire d’Antidote RX ébranle mon équilibre psychique : Anglicisme — Au Québec, on utilise plutôt franc-jeu, loyauté ou bonne foi. Cet anglicisme est toléré ailleurs dans la francophonie. Avec la graphie rectifiée, il n’y a pas de trait d’union.
    [2] Sur les revenus et la masse salariale, (moins élevé pour les PME, mais il y a plusieurs définitions : valeur des actifs, chiffre d’affaires, nombre d’employés. Vous pouvez vous amuser sur les moteurs de recherche). La taxe sur le capital me semble légitime, mais je reconnais l’effet pervers pour l’entreprise qui se modernise.
    [3] Pour prendre un exemple au hasard, quelqu’un qui aurait déduit que les congressistes de Québec solidaire avaient opté pour 25 gouffres financiers comme la Société nationale de l’amiante, parce que sur le site du congrès, il n’y avait que du twittage sur le fait que le co-président d’assemblée avait jeté son chewing-gum dans le bac de recyclage et qu’il s’était rabattu sur l’article d’Antoine Robitaille dans Le Devoir.

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  17. 11 novembre 2011 21 h 38 min

    @ Richard Langelier

    «Si je l’avais écrit, vous m’auriez accusé de manquer de fair play»

    Quand je signe Darwin, j’assume qu’on me reconnaisse (en tant que Darwin!)! Le «666» a été ajouté uniquement parce que le Darwin sans ajout était déjà pris. J’ai choisis le «666» en raison de mon goût prononcé pour le métal.

    «Là, vous laissez sous-entendre, entre les lignes, que je vous ai plagié.»

    Pas du tout! Simplement que nous avons tiqué sur la même chose. J’aurais pu ajouter que les grands esprits se rejoignent!

    «il y a plusieurs définitions»

    Il y a aussi la question de calculer tout cela par établissement ou par société. Certaines sociétés pourraient se scinder artificiellement si la différence d’imposition était trop grande. Mais, bon, ce sont des détails…

    «Serait-il préférable d’augmenter le tarif commercial de l’électricité (une aluminerie, ça bouffe de l’électricité)?»

    Ces entreprises ne resteraient pas au Québec… Mais, il faut plutôt imaginer ce qu’on pourrait faire d’autre avec cette électricité au lieu de la brader! L’IREC a de bonnes propositions à cet effet…

    «Le hic, c’est que l’actionnaire ne réside pas nécessairement dans le pays, qu’une partie importante des actions est détenue par des fonds de retraite individuels ou collectifs et les fonds qui gèrent nos programmes sociaux financés par capitalisation, donc non imposée.»

    Voilà!

    « parce que sur le site du congrès, il n’y avait que du twittage sur le fait que le co-président d’assemblée avait jeté son chewing-gum dans le bac de recyclage et qu’il s’était rabattu sur l’article d’Antoine Robitaille dans Le Devoir.»

    😆

    Sur les smiley : il faut un espace avant et après et aucun entre le texte et les deux points : J’ai corrigé et enlevé le comm qui suivait, rendu caduc.

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  18. Le crible permalink
    12 novembre 2011 0 h 27 min

    Bonjour,

    Selon vous est-ce que la vente d’un actif diminue le déficit du québec?

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  19. 12 novembre 2011 2 h 15 min

    @ Le crible

    Bienvenue ici!

    «Selon vous est-ce que la vente d’un actif diminue le déficit du québec?»

    Non, ce n’est pas supposé diminuer le déficit. Par contre, cela diminue la dette. Nous parlons ici de la vente d’actifs possédés par le gouvernement, pas par une société d’État. Là, ça pourrait bizarrement toucher le déficit… Les normes comptables sont parfois étranges!

    Pourquoi cette question?

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  20. 12 novembre 2011 12 h 55 min

    Une réponse de David l’Antagoniste à un correspondant du nom de JeffB, dont il cite l’extrait suivant:

    Je croyais avoir compris que le déficit était lié aux revenus et dépenses alors que la dette relevait des passifs. Je ne vois donc pas comment une augmentation des passifs provient obligatoirement d’un déficit.

    Réponse de l’Antagoniste: Non, ça c’est le concept de dette nette et de dette brute (qui relève aussi de la comptabilité créative).

    source: http://www.antagoniste.net/2011/11/07/comptabilite-creative/#comment-235050

    = = =

    Le Crible avait commenté sous ce même billet et il s’est fait rabrouer. Alors il vient s’informer auprès d’un VRAI économiste! 😉

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  21. 12 novembre 2011 13 h 19 min

    @ Papitibi

    «Le Crible avait commenté sous ce même billet et il s’est fait rabrouer. Alors il vient s’informer auprès d’un VRAI économiste!»

    Merci de cette précision.

    JeffB avait raison, mais David n’a pas totalement tort (quoiqu’il n’explique rien). La vente d’un actif fait baisser la dette brute, mais pas nécessairement la dette nette. En fait, la dette nette est supposée tenir compte de la valeur des actifs. Lorsqu’un actif est vraiment vendu, il peut l’être à un prix différent de l’évaluation qui avait été faite pour soustraire la valeur de cet actif de la dette brute. Si le prix obtenu de la vente est supérieur à l’évaluation, la dette nette baissera, S’il est inférieur, elle montera et s’il est éagl, elle demeurera fixe.

    Par contre, je ne suis pas certain qu’il est venu s’informer. Il connaissait la réponse, c’est évident en regardant ses commentaires chez DG. Peut-être un test?

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  22. Le crible permalink
    12 novembre 2011 15 h 35 min

    Je voulais m’assurer que les gars d’antagoniste avait raison. Ils sont tellement arrogants qu’il est difficile à penser que ce sont des experts.

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  23. the Ubbergeek permalink
    12 novembre 2011 15 h 39 min

    Le Crible, des fois plus une personne est ignorante, plus elle veut le paraitre.

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  24. 12 novembre 2011 16 h 19 min

    @ Le crible

    «Je voulais m’assurer que les gars d’antagoniste avait raison. »

    Et l’avaient-ils? J’ai lu en diagonale et tout ne me semblait pas très clair. Et la situation est très complexe. En fait, si une immobilisation n’est pas totalement amortie, sa vente pourrait avoir un petit effet sur le déficit, car le gouvernement n’aurait plus à prévoir d’amortissement pour cette immobilisation.

    «Ils sont tellement arrogants qu’il est difficile à penser que ce sont des experts.»

    Oh, ils n’en sont pas, croyez-moi. La comptabilité du gouvernement n’est pas créative, c’est celle qui lui avait été recommandée par le vérificateur général. Il est vrai par contre que les dires du ministre n’étaient pas transparents. Cela dit, la hausse de la dette était indiquée partout dans les articles que j’ai lus.

    En plus, il est inexact de dire que des entreprises privées ne font pas la même chose. Leurs immobilisations, par exemple, sont aussi amorties sur plusieurs années. Ainsi, l’achat d’immobilsations pour ces entreprises n’est pas non plus inclus en entier dans leur état des revenus et dépenses de l’année de l’achat (qui détermine les pertes, ou le déficit, ou les profits), seul l’amortissement pour l’année en cours s’y trouve, le reste allant dans le passif (la dette…).

    En passant, je vous ai replacé. Ça faisait longtemps!

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  25. Le crible permalink
    12 novembre 2011 16 h 45 min

    Darwin oui je suis déjà venu. C’est un commentateur qui m’a fait comprendre que le sens que je donnais au mot revenu n’était pas la même définition qu’en comptabilité. La vente de ma maison n’est pas un revenu. L’acheteur ne m’enverrait pas un T4. C’est ça qu’il m’a fait comprendre. Celui avec un S avec une flèche. Les autres ne font qu’insultés et donnant l’air de connaître. Mais c’est un bon site quand même. Sauf que la dureté de ces gens est extrême. Mais ça m’empêchera pas de recommenter. J’apprends des nouvelles affaires même si je me fais injurié.

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  26. 12 novembre 2011 16 h 59 min

    Une vision libertarienne, donc très dure de la société attire des gens très durs!

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  27. the Ubbergeek permalink
    12 novembre 2011 17 h 13 min

    Le libertarisme a certain lien avec des théories philosophiques comme les ‘gens toxiques’, ‘l »égoisme est bon’, etc,,… so….

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  28. 12 novembre 2011 17 h 15 min

    @ Le crible

    «Mais c’est un bon site quand même»

    Chacun ses goûts. Pour moi, c’est le summum de la désinformation, de la propagande et des données mal mises en contexte (sans parler du «cherry picking»). Je n’y vais que lorsqu’on m’y force et n’y ai jamais commenté. Mes seuls échanges avec DG ont eu lieu chez Lisée.

    «La vente de ma maison n’est pas un revenu.»

    Oui, c’est un revenu (enfin, le gain en capital), mais il n’est pas imposable, si c’est votre résidence principale.

    «L’acheteur ne m’enverrait pas un T4.»

    En envoyez-vous quand vous payez un travailleur autonome? Ou au restaurant, ou à l’épicerie? Et ce sont des revenus quand même pour eux et même imposables (après déductions des dépenses)! Seuls les employeurs envoient des T4 à leurs salariés (pas aux travailleurs autonomes qu’ils embauchent)!

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  29. 12 novembre 2011 17 h 34 min

    Bon texte Darwin, On connait depuis longtemps cette réalité.

    John Saul proposait, dans une conférence concernant son livre « Mort de la globalisation »,, un genre de pacte international pour contrer le va et vient entre les pays et le chantage des entreprises.

    J’ai pondu un bon texte sur ce livre en 2007. Vraiment intéressant.

    La globalisation économique en déclin

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  30. 12 novembre 2011 17 h 44 min

    @LeCrible 16:45

    « C’est ça qu’il m’a fait comprendre. Celui avec un S avec une flèche. Les autres ne font qu’insultés et donnant l’air de connaître. « 

    Le « S » avec une flèche, c’est Simon (ou Shimon); ne vous laissez pas berner par son pseudo, il n’est pas très respectueux. En cette morne fin d’après-midi pluvieuse (chez moi, du moins), que ne prendriez-vous pas connaissance d’un billet rempli d’humour sur un sujet bien triste? http://papitibi.wordpress.com/2011/03/24/e-phantasme-de-la-femme-uterus-un-betisier-de-la-drouate-misogyne/

    Votre « S » fléché y est en vedette… Mais ce n’est là qu’un avant-goût de ses immenses talents. 😉

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  31. 12 novembre 2011 17 h 46 min

    @ Jimmy

    «J’ai pondu un bon texte sur ce livre en 2007. Vraiment intéressant.»

    Intéressant en effet, plus global que le mien, si je puis me permettre! Le mien met l’accent sur une seule facette de ce que tu y décris.

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  32. 12 novembre 2011 17 h 47 min

    Merci Darwin. Je savais que ça t’intéresserait.

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  33. 12 novembre 2011 17 h 52 min

    Jimmy

    Je n’ai pas lu son livre mais je l’avais vu donner une conférence sur ce livre à canal savoir et j’avais bien aimé…

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  34. 12 novembre 2011 18 h 38 min

    Oui, j’ai vu aussi la conférence. Il est très bon conférencier.

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  35. 26 Mai 2013 19 h 36 min

    Un excellent billet de Robert Reich sur la concurrence fiscale. Et lui, il propose des solutions!

    Lessons from the World of Tax Avoidance: How Nations Can Negotiate With Global Capital (Les leçons du monde sur l’évasion fiscale: comment les nations peuvent négocier avec le capital global)

    Extrait :

    «[traduction] Après tout, le capital global dépend des consommateurs, et l’accès aux grands marchés de consommation tels que les Etats-Unis et l’Union européenne est essentiel si le capital global veut obtenir un bon rendement. Pourquoi Apple devrait avoir accès aux consommateurs américains, par exemple, si Apple refuse de payer sa juste part d’impôts pour financer l’infrastructure et l’éducation dont les Américains ont besoin pour améliorer leur niveau de vie? Les Américains pourraient acheter de l’un des concurrents d’Apple à la place.»

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  36. Richard Langelier permalink
    26 Mai 2013 21 h 57 min

    Que voilà une solution intéressante!

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  37. Yves permalink
    26 Mai 2013 22 h 17 min

    Oui, très intéressante!

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  38. 26 Mai 2013 22 h 23 min

    Au moins c’est concret!

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  39. 22 février 2014 22 h 41 min

    J’écrivais dans ce billet : «ne serait-ce pas plus efficace qu’on laisse tomber cette attitude compétitive qui ne fait que nuire aux uns et aux autres, et qu’on pense plutôt à collaborer?»

    Et que lis-je aujourd’hui de la présidente du FMI?

    «La coopération fiscale entre les grandes économies du monde et la lutte contre l’évasion pratiquée par les multinationales est un point crucial de la réunion du G20 ce week-end à Sydney»

    Cela dit, ce ne sont jusqu’à maintenant que des mots…

    http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/400806/la-cooperation-fiscale-contre-l-evasion-au-menu-du-g20

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  40. Richard Langelier permalink
    22 février 2014 23 h 35 min

    Lorsque j’ai vu que l’article provenait de l’Agence France-Presse, je me suis dit : « je reviendrai lire l’article en diagonale, je préfère lire le billet de Claude Chiasson, au moins j’aurai la chance de découvrir où couper dans l’gras, c’est-à-dire les crédits d’impôt qui permettront de placer ce retour d’impôt dans un autre régime qui donnera un autre crédit d’impôt que le lecteur utilisera pour réduire un peu l’hypothèque du triplex, pour qu’elle soit payée au moment où il prendra sa retraite».

    Je viens de lire l’article et rien n’indique que ce sera autre chose que des mots. J’ai en mémoire Sarkozy affirmant : « il faut refonder le capitalisme ».

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  41. 23 février 2014 0 h 39 min

    En passant, je lis maintenant de temps en temps les chroniques du samedi de Chiasson à cause de toi. Mais, aujourd’hui, je l’ai traversé en 10 secondes…

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