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Les «qualités» de l’euro (2)

5 janvier 2012

Après avoir critiqué l’analyse d’économistes orthodoxes sur le bilan des avantages et désavantages de l’euro dans un billet précédent, il est maintenant temps de trancher la questions des gagnants et des perdants de la création de l’euro.

S’il est clair que tous les pays de la zone euro ont profité de sa création dans les premières années de sa mise en œuvre grâce à des taux d’intérêts moins élevés, surtout dans les pays qui avaient à l’origine des monnaies plus faibles, il est tout aussi clair que presque tous les pays ont été désavantagés à partir du début de la crise en 2008. Il l’ont été autant parce qu’ils ne pouvaient dévaluer leur monnaie que parce que, en adhérant à la zone euro, ils ont perdu presque toutes possibilités d’appliquer des politiques monétaires adaptées à leur situation (dont la création de monnaie et l’achat des dettes par leurs autorités monétaires).

J’ai écrit «presque tous les pays ont été désavantagés» parce qu’il y en a un qui a continué à profiter de sa présence dans la zone euro après 2008. C’est bien sûr celui qui veut que rien ne change, soit l’Allemagne.

La valeur de l’euro

À sa création (rappelons que l’euro a été introduit en 1999, même si l’échange entre les monnaies nationales et l’euro s’est étendu jusqu’en 2002.), il a bien fallu établir des équivalences entre les monnaies nationales et l’euro. On avait l’illusion que ce rapport entre la valeur de l’euro et les éléments sur lesquels repose la valeur d’une monnaie resterait équilibré. On comptait sur «un pacte de stabilité avec une surveillance multilatérale assez faible, reposant sur l’idée que si chacun gérait bien ses finances publiques et son économie les choses iraient bien.» On comptait donc sur la pensée magique…

Au début, l’Allemagne était réticente à se joindre à l’euro. Sa situation économique était loin d’être enviable. Paul Krugman cite Ezra Klein à ce propos sur son blogue :

«[traduction] Il y a dix ans, les Allemands aiment bien le rappeler, le taux de chômage en Allemagne s’élevait à 10 % et son déficit structurel était important. On qualifiait l’Allemagne «d’homme malade de l’Europe.»

L’Allemagne se targue d’avoir souffert pour sortir de ce marasme. Elle prend son exemple pour prétendre que les pays du sud de l’Europe n’ont finalement qu’à faire comme elle a fait. Souffrir… Ce type de raisonnement plaît à l’homme de la rue (surtout s’il est allemand!), étant simple à comprendre et correspondant à une certaine morale encore populaire

Or, ce ne fut pas vraiment comme cela que cela s’est passé. Krugman le montre éloquemment avec le graphique qui suit. On peut voir que, alors que le solde commercial international de l’Allemagne était même un peu négatif lors de la création de l’euro, il est devenu positif rapidement et a atteint un sommet de 7 % de son PIB en 2007, demeurant par la suite autour de 6 %, ce qui est vraiment énorme. On voit donc, que ce n’est pas en souffrant que l’Allemagne est sortie du bourbier, mais en bénéficiant d’un surplus commercial considérable avec ses partenaires commerciaux.

Les autres pays européens peuvent-ils faire comme l’Allemagne pour s’en sortir? Comme le dit Krugman, cela pose un petit problème arithmétique : quand un pays a un surplus commercial, c’est parce que d’autres pays ont un déficit… Pire encore, comme la grande majorité du commerce international des pays européens se fait entre eux, le surplus allemand s’est bâti au détriment du solde commercial des autres pays européens.

Krugman (encore lui…) le montre dans un autre billet. Le graphique qui l’accompagne est cette fois gradué en milliards d’euros, plutôt qu’en pourcentage du PIB comme le précédent. Même avec ce changement, on voit bien le passage de l’Allemagne d’un déficit de son solde commercial international à un solide surplus, comme dans le graphique précédent, mais, ce qu’on voit en plus, c’est que l’évolution de ce surplus correspond directement à celle du déficit du solde commercial international des pays les plus touchés par la crise actuelle (qu’on appelle en général les PIGS, mais ici le GIPS) : la Grèce, l’Italie, le Portugal et l’Espagne.

Non seulement ces deux courbes évoluent comme dans un miroir (quand une courbe monte, l’autre diminue), mais l’ampleur de ces mouvements est quasi identique. Par exemple, leurs sommets-planchers s’observent en 2007 et 2008 avec une ampleur du même ordre de grandeur (+ 250 milliards d’euros pour l’Allemagne et – 300 milliards pour le GIPS). De même, les niveaux de 2010 et 2011 sont dans le positif et le négatif autour de 190 milliards d’euros.

De là à voir une relation de cause à effet, il n’y a qu’un pas, que je franchis allégrement! Alors, on voit la futilité des objectifs donnés par la banque centrale européenne pour que le GIPS améliore son solde commercial sans que l’Allemagne ne réduise son surplus. D’ailleurs, Krugman a inclus dans le titre de son billet l’expression «Wishful Thinking», la même («pensée magique») que j’ai utilisée plus haut.

Mais, pourquoi?

Pour des raisons que je ne connais pas vraiment, l’Allemagne a amélioré grandement sa productivité après son entrée dans l’euro, ce qui n’est pas le cas des pays du sud de l’Europe. Est-ce dû à une réelle amélioration de ses modes de production, ou simplement au fait que les prix des biens et services qu’elle produit ont augmenté davantage que ceux produits par les pays du Sud? Peu importe…

Peu importe en effet, car si ces pays avaient conservé leur monnaie, celle de l’Allemagne aurait augmenté fortement et celles des pays du Sud aurait diminué. Résultat? L’Allemagne bénéficie d’un euro plus faible que ne le serait sa monnaie et les pays du sud souffrent d’un euro plus fort que ne le serait leurs monnaies. L’Allemagne est donc sans contredit la grande gagnante de la création de l’euro et les pays du sud les grands perdants. Elle serait aussi la grande perdante si l’euro faisait marche arrière

«L’industrie allemande se retrouverait à travailler avec un deutschmark fort et sa compétitivité à l’export en pâtirait», ajoute Max Warburton, analyste chez Sanford C. Bernstein. Selon lui, une devise nationale flottante allemande s’apprécierait de 20 à 80 % par rapport au taux retenu en 1999 pour convertir le mark en euro. (…) «L’euro aide les exportations allemandes, mais pénalise les exportations italiennes, parce que la valeur de la monnaie unique est inférieure à ce que serait aujourd’hui le mark, mais supérieure à ce que serait la lire.»

«Les coûts salariaux en Italie, libellés en nouvelle lire, s’en trouveraient réduits et les 68 000 salariés de Fiat pourraient redevenir compétitifs face à leurs homologues d’Europe de l’Est.»

«L’Italie a perdu en compétitivité depuis le passage à l’euro. Un avantage à un éclatement de la monnaie unique serait la capacité des constructeurs à vendre des produits meilleur marché à l’étranger», ajoute-t-il [Riccardo Barbieri, économiste chez Mizuho Bank].»

Voilà. Les Allemands seraient les grands perdants de l’éclatement de l’euro, tandis que les pays du sud de l’Europe y gagneraient à long terme. Les Allemands devraient avoir ça en tête quand ils refusent d’aider ces pays. Ceux-ci pourraient perdre patience et quitter la zone euro, laissant l’Allemagne se débrouiller seule…

Et alors…

Alors, je trouve odieux que le seul pays qui profite encore de la création de l’euro collabore si peu pour aider les pays qui la subissent le plus et, au contraire, mette constamment des bâtons dans les roues de toute suggestion qui pourrait contribuer à les aider.

Pourquoi la zone euro ne fonctionne-elle pas mieux? J’ai déjà abordé ce sujet dans d’autres billets. Si quelqu’un veut les relire dans l’optique du billet d’aujourd’hui, voici lesquels :

  • dans mon billet sur les banques publiques, j’ai présenté la position de Jacques Généreux sur la question : l’euro aurait pu fonctionner, mais avec un autre type de règles et surtout plus de collaboration et moins de compétition;
  • celui-ci analyse les problèmes d’union monétaire sans politique de redistribution et dans des zones où la mobilité des citoyens est limitée pour des raisons culturelles;
  • ce dernier aborde le problème des effets négatifs de partager une zone monétaire avec une région qui fait augmenter la valeur d’une monnaie; c’est l’Allemagne dans la zone euro et l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve au Canada.

L’analogie entre l’Allemagne dans la zone euro et l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve au Canada est intéressante. Ces provinces (et ce pays) sont les grandes gagnantes de leur union monétaire respective, bénéficiant d’une monnaie qui conserve une valeur beaucoup plus basse que s’ils avaient leur propre monnaie, mais se permettent de faire la leçon aux perdants de ces zones. Ils se considèrent comme les pourvoyeurs qui daignent donner une partie de leur richesse aux pauvres, alors que ce sont les «perdants» qui leur permettent de bénéficier d’autant de richesse.

Bref, que ce soient des pays ou des individus, les riches aiment bien passer pour ceux qui payent pour les pauvres, alors que ce sont en fait les pauvres qui doivent subir les effets de la cupidité des riches…

68 commentaires leave one →
  1. jack permalink
    5 janvier 2012 18 h 35 min

    Le graphique comparant l’Allemagne aux GIPS est vraiment troublant. La corrélation est hallucinante. Il pose clairement 2 questions: d’où vient la hausse de la capacité d’exportation allemande d’une part, mais aussi et surtout pourquoi les GIPS ont-ils importé autant?

    Je propose 2 hypothèses.

    1- Suite à la réunification il a fallu moderniser les installations est-allemandes. Compte tenu du retard technologique important il ne fait pas de doute que des installations existantes ont du être éliminées et que d’autres les ont remplacées. Les nouvelles installations devaient être particulièrement performantes et procurer de la valeur ajoutée. Après tout, si on transforme une usine de Lada en usine de BMW…

    2- Les pays du sud avaient des taux d’intérêt très élevés avant l’espace euro. Les citoyens étaient habitués à des paiements mensuels élevés. Lorsque l’euro est arrivé, les taux d’intérêt ont plongé et leurs paiements mensuels ont fait de même. Ils se sont sentis riches. Ils ont compris qu’ils venaient de voir leur pouvoir d’achat augmenter substantiellement. Et ils en ont profité. Quand tu es habitué à payer 20% de ton salaire en intérêt sur des prêts à la consommation et que les intérêts réduisent ce montant à 10%, le message que certains comprennent, c’est qu’ils peuvent doubler leurs emprunts et conserver leur vie comme avant.

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  2. 5 janvier 2012 20 h 01 min

    @ Jack

    «Je propose 2 hypothèses.»

    Votre première hypothèse se tient très bien, mais j’aime bien vérifier mes hypothèses avant de les diffuser… C’est ma manie de chercher des sources fiables! C’est d’ailleurs pourquoi je n’ai pas voulu m’avancer dans le billet sur cette question en écrivant «peu importe». Comme je l’ai écrit, même avec ces hausses de productivité et en fait à cause d’elles, la valeur d’une monnaie nationale aurait augmenté considérablement, mettant les freins (de BMW…) à la hausse du surplus commercial.

    La deuxième hypothèse me semble plus douteuse. Pourquoi leurs hausses de dépenses ne se serait pas traduites par une augmentation des dépenses locales (restaurants, spectacles ou produits et services locaux)? Comme vous le dites la corrélation est trop hallucinante pour imaginer qu’ils n’auraient augmenté leurs dépenses qu’en produits allemands!

    Je préfère l’hypothèse de Krugman et celle des gens cités dans l’article du Devoir. Ils ont acheté allemand parce que le prix de leurs produits n’a pas augmenté comme ils l’auraient fait si l’Allemagne avait gardé sa monnaie, et le prix de leurs produits locaux n’a pas baissé à l’étranger comme ils l’auraient faits avec une monnaie nationale.

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  3. 5 janvier 2012 21 h 44 min

    Très bon billet Darwin

    Je lisais dans un livre qui m’a l’air pas trop con distribué sur internet, dont le titre est « Gouverner par le bien commun », par Claude Rochet en 2001….

    Déjà à cette époque il avait prédit ceci:

    « Le débat démocratique remplacé par la monnaie

    Nous entrons donc dans un ordre ou le seul régulateur sera monétaire. Que deviennent les considérations éthiques dans la prise de décision, dont nous avons mesuré l’importance pour bâtir des systèmes robustes et une économie efficace ? Que devient la culture, si importante pour la cohésion sociale et la performance des systèmes d’innovation? Que devient la délibération démocratique qui assure la stabilité des décisions ? Trop complexe! rayées du système! « L’ordre monétaire doit être critiqué en tant qu’il réduit la diversité des formes d’échange social et qu’il appauvrit le contenu des interactions entre le développement économique et la culture. Le projet de spécialiser la rationalité économique en réduisant au minimum ses points de contact avec l’éthique (…) pourrait s’avérer mortel pour la société (y compris du point de vue des échanges économiques) s’il est poussé jusqu’au terme de sa logique » Pousser la logique à son terme, c’est pourtant le projet des européistes qui entendent s’y adonner avec enthousiasme : « Profitons donc, pour lancer des réformes du choc salutaire de la monnaie unique, bouleversante nouveauté, fantastique ouverture sur l’air du large, propre à dissiper les miasmes attardés de notre vieux délire social –étatiste et national protectionniste.

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  4. 5 janvier 2012 22 h 08 min

    @ Koval

    Merci!

    «Je lisais dans un livre qui m’a l’air pas trop con distribué sur internet»

    Je suis rendu à la page 12 (ton extrait est à la page 71)… Mais, déjà là, je me suis demandé au moins trois ou quatre fois s’il n’avait pas été mis à jour récemment, tellement ses propos sont liés à la situation actuelle en Europe.

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  5. 5 janvier 2012 22 h 40 min

    Hum, pas supposé quand même, mais pas impossible….

    Selon ce site, tout est en règle et le bouquin aurait été en librairie en octobre 2001….

    http://claude.rochet.pagesperso-orange.fr/precis.html

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  6. 5 janvier 2012 22 h 44 min

    «Hum, pas supposé quand même, mais pas impossible….»

    Non, je pense vraiment que ça date de 2001, je voulais seulement souligner à quel point ce texte est pertinent… pour ce que j’ai lu!

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  7. jack permalink
    6 janvier 2012 2 h 42 min

    Hélas on dirait que mon hypothèse est pour le moins incomplète. La modernisation des usines pourrait expliquer une amélioration de la productivité des biens (j’utilisais l’image de la BMW) mais il semble que les biens n’aient qu’un tout petit impact sur l’ensemble.

    Pour le vérifier j’ai refait le graphique initial en y ajoutant le commerce de biens entre l’Allemagne et les GIPS. On voit que le commerce des biens est loin d’être suffisant comme explication. Le graphique est ici: http://www.freeimagehosting.net/6c122

    J’ai essayé de faire l’équivalent pour les services mais je n’ai pas trouvé les données nécessaires.

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  8. 6 janvier 2012 8 h 06 min

    «Pour le vérifier j’ai refait le graphique initial en y ajoutant le commerce de biens entre l’Allemagne et les GIPS»

    Beau travail, mais il y a un autre problème. Le graphique de Krugman ne représente pas le commerce entre l’Allemagne et le GIPS, mais les soldes commerciaux totaux de l’Allemagne et du GIPS avec tous les pays. Cela m’étonnerait que le solde du commerce des services entre ces entités soit plus élevé que celui du commerce de biens.

    La situation avantage l’Allemagne pas seulement dans son commerce avec le GIPS et le GIPS est désavantagé pas seulement dans son commerce avec l’Allemagne.

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  9. jack permalink
    6 janvier 2012 9 h 06 min

    « Le graphique de Krugman ne représente pas le commerce entre l’Allemagne et le GIPS… »

    Oui, ça je l’ai bien compris. Je voulais voir la part du commerce entre ces deux entités qui pourrait expliquer la corrélation. J’anticipais une relation plus forte.

    Mon résultat partiel (il n’inclut pas les services ni la balance des revenus) semble indiquer que le commerce entre les deux n’explique pas la corrélation. D’où viendrait-elle, alors?

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  10. jack permalink
    6 janvier 2012 9 h 26 min

    Tant qu’à y être, j’ai fait un graphique semblable entre l’Allemagne et les États-Unis. On peut voir à quel point les États-Unis ressemblent aux GIPS, en plus gros. Voici: http://www.freeimagehosting.net/e6baf

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  11. 6 janvier 2012 9 h 39 min

    «D’où viendrait-elle, alors?»

    Mon explication est la même : en conservant une monnaie basse, l’Allemagne gagne un peu partout et en ayant une monnaie surévaluée, le GIPS perd un peu partout. Par contre, je suis certain que le solde des deux régions (Allemagne et GIPS) est négatif avec l’Asie.

    Quant à la corrélation, elle est le résultat d’un ensemble de flux (dont celui avec les États-Unis et l’Asie). Il faudrait aussi savoir d’où vient le pétrole allemand, ce qui résulterait en un solde fortement négatif de l’Allemagne avec la région d’où vient le pétrole.

    Je suis d’accord que le niveau de corrélation est très étonnant, mais sa structure s’explique bien de la façon dont je l’ai fait (monnaie sous-évaluée en Allemagne et surévaluée dans le GIPS).

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  12. jack permalink
    6 janvier 2012 10 h 47 min

    Il semblerait bien qu’il ne faille pas chercher plus loin, en effet. Le rapport d’amplitude des fluctuations si près de 1 me faisait croire qu’il y avait plus.

    Ce ne serait donc qu’une histoire de taux de change. Les Allemands se privent d’un pouvoir d’achat plus grand en voyant leur monnaie sous-évaluée mais en profitent pour exporter. Les GIPS profitent d’un pouvoir d’achat exagéré mais ne peuvent de ce fait exporter autant qu’ils devraient. Le retour à l’équilibre est difficile en raison de la monnaie partagée. C’est une explication acceptable. Surtout que les dévaluations étaient considérées comme normales avant l’euro dans ces pays.

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  13. 6 janvier 2012 11 h 23 min

    «Surtout que les dévaluations étaient considérées comme normales avant l’euro dans ces pays.»

    C’est d’ailleurs l’essentiel de l’argumentation de Krugman. L’autre solution à la dévaluation (impossible actuellement, bien sûr) est la déflation. Or déflation est synonyme de récession. Krugman dit que le meilleur moyen, mis à part la sortie de l’euro (qui elle, comporterait aussi son lot de désastres, mais temporaires…), serait une inflation plus grande en Europe, disons de 4 %. Ainsi, un gel dans les pays du sud équivaudrait à une baisse de 4 % par rapport au reste de l’Europe. Ce ne serait pas idéal, mais déjà moins pire qu’une déflation. Et un gel salarial entraîne beaucoup moins de mécontentement qu’une baisse salariale. Ce serait donc socialement préférable.

    En plus, il ne faudrait pas que tous les pays d’Europe aient des plans d’austérité en même temps, surtout pas l’Allemagne, car, la demande étant freinée au sud, il faudrait au moins une hausse de la demande ailleurs. Sinon, on obtient une spirale de récession, exactement ce qui semble se produire.

    En plus, des actions plus fortes de la BCE, par l’achat de dettes et la création monétaire complèteraient le tableau. Ce serait d’ailleurs à peu près la seule façon de créer l’inflation désirée…

    À ces actions, il faudrait renforcer la coopération et éviter la concurrence fiscale, comme j’en ai parlé dans de précédents billets. Pourquoi pas établir une forme de péréquation?

    Et je n’ai rien dit de la création de banques publiques, ni de la réglementation nécessaire du secteur financier!

    De toutes façons, rien de tout cela ne risque d’arriver! Ça va être laid…

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  14. jack permalink
    6 janvier 2012 15 h 42 min

    « … serait une inflation plus grande en Europe, disons de 4 %. Ainsi, un gel dans les pays du sud équivaudrait à une baisse de 4 % … »

    Je suis d’accord. La question demeure: pourquoi ne pas l’avoir fait dès le départ? Les choses ne se seraient pas dégradé ainsi.

    Ma réponse: parce que c’était suicidaire politiquement.

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  15. youlle permalink
    6 janvier 2012 15 h 48 min

    Et si il y avait une seule monnaie internationale?

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  16. 6 janvier 2012 15 h 58 min

    @ Jack

    «Ma réponse: parce que c’était suicidaire politiquement.»

    Je ne crois pas. C’est purement une question idéologique. L’inflation, pas le chômage est devenu l’ennemi à battre dans l’idéologie néolibérale, ou chez ceux que Krugman appelle les VSP, very serious people (personnes très sérieuses). Je me jure depuis un bout d’écrire un billet sur l’inflation… Ça viendra peut-être!

    «Et si il y avait une seule monnaie internationale?»

    Ça serait l’enfer total, car les problèmes de l’euro serait multipliés par… beaucoup! Keynes avait milité pour une monnaie commune (le bancor) lors des discussions des accords de Bretton Woods, mais le bancor n’aurait pas remplacé les monnaies nationales, mais aurait seulement servi aux échanges internationaux (monnaie supranationale). Les représentants des États-Unis ont réussi à imposer leur dollar pour jouer ce rôle…

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  17. Richard Langelier permalink
    6 janvier 2012 19 h 24 min

    Imaginons que la création de la Communauté économique européenne avait eu lieu selon le scénario suivant :
    Des pays réalisent qu’avec la productivité du travail, il est important d’exporter si on ne veut pas être obligé de cesser la production le premier mars. Si on veut exporter, il faut permettre les importations. Des pays qui ont des coûts salariaux semblables et des taux de fiscalité semblables, choisissent de limiter les barrières tarifaires et non tarifaires. Ils créent une zone économique. Une monnaie commune comporte des avantages. L’entreprise qui passe une commande de 500 M$ sait qu’elle paiera ce prix lors de la livraison et celle qui produit sait que ce montant aura le même pouvoir d’achat.

    D’autre part, en faisant quelques heures de train, les citoyens traversent trois pays. Échanger sa monnaie à l’aller et au retour avec frais est plutôt désagréable.

    Si le choix avait été de construire une Europe sociale, la monnaie commune ne se serait pas faite selon une logique monétariste (ce peut sembler tautologique de prétendre que la monnaie commune a été instaurée selon une logique monétariste, mais il n’en est rien).

    Des changements technologiques ont modifié la donne. Par internet, il est maintenant possible de spéculer sur des monnaies nationales 24 heures par jour. Lorsque la Bourse de New York ferme, celle de Tokyo ouvre, puis celles d’Europe. Il y a 20 ans, si Bombardier recevait 300 M$ pour une livraison et qu’elle n’en avait pas besoin pendant 3 semaines, elle les plaçait à la banque avec un peu d’intérêts. Aujourd’hui, elle a une division financière, qui achète et vends des actions, obligations, monnaies nationales 24 heures par jour. Au risque de provoquer Koval à nouveau et d’avoir besoin de Darwin pour m’en protéger (je joue les Bismarck), je répète que la Caisse de dépôt et de placement qui gère nos programmes sociaux financés par capitalisation, spécule aussi. Une monnaie commune à plusieurs centaines de millions de citoyens est moins fragile, en principe, qu’une monnaie commune à quelques millions d’habitants.

    @ Youlle

    Une forme de gouvernance mondiale s’impose. Pensons seulement aux problèmes de pollution. À mon âge, je ne crois pas participer à l’élection d’un gouvernement mondial, un jour. Vous avez déjà écrit que vous visitiez des salons, chaque année, pour acheter de la machinerie. Je suppose qu’une fluctuation importante du dollar canadien par rapport à la monnaie des pays d’où vous importez cette machinerie et à celle des pays où vous exportez peut vous créer des problèmes. Il est aussi possible que le hasard fasse bien les choses. Une baisse constante de la valeur de votre monnaie nationale par rapport à celle du pays où vous exportez et une hausse constante par rapport à celle des pays où vous importez votre machinerie peut vous conduire à la vie rêvée des anges.

    Alors voilà, c’était quelques réflexions candides sur la monnaie. Dire qu’il y a quelques siècles, en Europe, le duc ou l’archiduc mordait dans une pièce pour savoir si l’or était pur. Aujourd’hui, seuls les chiffres voyagent. Je le constate au dépanneur, lorsque le client devant moi achète des gratteux, en gagne un, regratte et paie avec sa carte-débit. Georges Bataille avait peut-être raison dans La Part maudite.

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  18. 6 janvier 2012 21 h 11 min

    @ Richard Langelier

    «Si le choix avait été de construire une Europe sociale, la monnaie commune ne se serait pas faite selon une logique monétariste»

    Vous rejoignez ici tout à fait l’analyse de Jacques Généreux que j’ai présentée dans le billet Jacques Généreux et les banques publiques. De fait, la création de l’euro s’est malheureusement faite dans une perspective axée presque uniquement sur la monnaie.

    «Par internet, il est maintenant possible de spéculer sur des monnaies nationales 24 heures par jour.»

    Cela montre la pertinence d’une des conditions que mentionnait Généreux pour espérer le succès de la création de l’euro, soit de contrôler les mouvements de capitaux.

    «Aujourd’hui, elle a une division financière, qui achète et vends des actions, obligations, monnaies nationales 24 heures par jour»

    Lors d’une soirée de formation organisée par Québec solidaire l’automne dernier sur la fiscalité, un participant avait posé une question sur ce que voulait dire une des présentatrices sur la financiarisation des entreprises. Votre exemple (comme sa réponse) est tout à fait pertinent. Il explique ce que le gouvernement fédéral n’a pas compris (à moins qu’il fasse semblant de ne pas comprendre) quand il «semonce» les entreprises qui n’utilisent pas leurs liquidités pour investir pour créer des emplois.

    Quand les capacités de production ne sont même pas utilisées à un niveau satisfaisant en raison de l’insuffisance de la demande, pourquoi les entreprises investiraient-elles? Elles préfèrent spéculer avec ces liquidités… Et le gouvernement pense que sa dernière baisse des impôts des entreprises incitera les entreprises à investir davantage (mais, j’insiste, le pense-t-il vraiment?)…

    «Une monnaie commune à plusieurs centaines de millions de citoyens est moins fragile, en principe, qu’une monnaie commune à quelques millions d’habitants.»

    En principe peut-être, mais l’expérience de l’euro est en train de nous prouver le contraire! À moins qu’on considère que la monnaie est solide, mais pas les économies des pays qui l’utilisent! Au lieu de spéculer sur la monnaie, les financiers spéculent sur la dette des pays, ce qui est encore pire!

    « Au risque de provoquer Koval à nouveau et d’avoir besoin de Darwin pour m’en protéger (je joue les Bismarck), je répète que la Caisse de dépôt et de placement qui gère nos programmes sociaux financés par capitalisation, spécule aussi.»

    Désolé, je ne saisis pas l’allusion…

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  19. Richard Langelier permalink
    6 janvier 2012 23 h 01 min

    @ Darwin

    « Désolé, je ne saisis pas l’allusion…»

    Il y a quelques mois, vous et moi avions eu quelques échanges quelque peu « virils » qui s’étaient terminés par un traité de paix. J’avais par la suite placé, en blague, dans un commentaire une demande à Koval de protection contre vous. Elle avait acquiescé. Récemment Koval a répondu à un commentateur qui trouvait réducteur le mouvement des indignés qui se concentrait sur le 1% des plus riches, que ça lui semblait amplement suffisant. C’est la seconde fois que j’indique que le réel est plus complexe en faisant allusion à nos programmes sociaux financés par capitalisation, non pas parce que je considère qu’après 35 ans, un prof ne mérite pas 70% de taux de remplacement de son revenu [1] (en incluant le Régime des rentes du Québec), mais pour indiquer que même si la tentation du discours bourgeoisie/prolétariat semble à nouveau pertinente, avec l’overclass et tous les parachutes dorés, le compromis social-démocrate scandinave entre le capital et le travail a donné de meilleurs résultats que la voie révolutionnaire qui a donné le socialisme réel. Comme Koval a la « clutch rapide » avec la personne qui veut placer des liens ultra-cathos sur Jeanne, un jeune Français qui pense maîtriser le code linguistique mieux que les indigènes de 63 ans, celui qui pense connaître le gain en capital (de caput en latin) de l’élevage des bœufs, j’ai placé, à la blague, cette demande de protection, tout en supposant qu’au touch-football la protection est impossible.

    [1] Je considère que tout le monde devrait y avoir droit, tout en sachant que les personnes exclues du marché du travail (partiellement, travail sur appel, sous-traitance, grossesses là où il n’y a pas de convention collective, complètement parce qu’une personne a fait une dépression nerveuse et a perdu confiance, d’entrevue en entrevue, etc.) auront 70% de peu.

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  20. 6 janvier 2012 23 h 21 min

    @ Richard Langelier

    Je supputais quelque chose du genre, me rappelais que ce n’était pas la première fois que vous sollicitiez ma protection, mais c’est le motif de cette demande qui me confondait.

    Merci pour l’explication!

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  21. Richard Langelier permalink
    7 janvier 2012 0 h 43 min

    @ Darwin

    Bizarre, bizarre ma compréhension de l’intelligence artificielle. J’avais déduit qu’avec WordPress, c’était après le 2e commentaire qu’on recevait le message : « confirm… ». Il faut peut-être cocher une deuxième fois : « avertissez-moi…» Ce n’est pas drôle d’être né dans l’ancien temps!

    J’ai oublié un thème. Le Collectif Décroissance conviviale de Québec solidaire avait proposé quelque chose comme : « si au mois de mars, il s’est produit suffisamment de chaises au Québec, on en arrête la production ». J’avais trouvé ça loufoque. D’un autre côté, produire du gadget pour ne pas « gaspiller les capacités productives » me semble loufoque depuis ma naissance en politique, si j’ose dire, avec la critique de la société de consommation avec Herbert Marcuse et Mai 68. Ce qu’apporte Bernard Maris dans Capitalisme et Pulsion de mort écrit avec Gilles Dostaler, me semble être ce syndrome du chien qui court après sa queue. Parce qu’on peut produire plus, il faut scander : « pour boire il faut vendre! ».

    Je ne me vois pas proposer aux électeurs comme Youlle : « les efforts que vous avez faits pour avoir la meilleure machinerie possible, pour organiser le travail pour que les employés ne se marchent pas sur les pieds font en sorte que nous vous demandons de cesser de produire le jour X ».

    La gauche française et allemande a adhéré au doux commerce pour éviter une quatrième guerre franco-allemande. Elle a adhéré aussi au productivisme. Je ne prétends surtout pas avoir mieux percé que vous le mystère de la crise de l’Euro.

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  22. 7 janvier 2012 7 h 39 min

    @ Richard Langelier

    «Je ne me vois pas proposer aux électeurs comme Youlle : « les efforts que vous avez faits pour avoir la meilleure machinerie possible, pour organiser le travail pour que les employés ne se marchent pas sur les pieds font en sorte que nous vous demandons de cesser de produire le jour X »

    Pourtant, on ne fait pas que leur dire, on applique déjà depuis des années quelque chose d’encore pire sans problème. S’ils travaillent fort, on embauchera deux fois moins de monde et on les remplacera par des sous-traitants qui coûtent moins cher. Ou on délocalisera. Et, le peuple est convaincu de la maxime de Thatcher : on n’a pas le choix.

    «La gauche française et allemande a adhéré au doux commerce pour éviter une quatrième guerre franco-allemande.»

    Faudrait voir si le commerce a vraiment cet effet… Qui achetait le pétrole de l’Irak? De la Libye? De l’Iran?

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  23. jack permalink
    7 janvier 2012 10 h 17 min

    @ Darwin:

    Je me rends compte que mon commentaire https://jeanneemard.wordpress.com/2012/01/05/les-qualites-de-leuro-2/#comment-11914 manquait quelque peu de précision. Je comprends qu’un des objectif de l’euro était justement une inflation faible dès le départ. Il fallait donc que les pays habitués aux dévaluations imposent des gels dès le départ.

    Je concentrais mon attention sur ce que pouvaient faire les pays pour éviter les conséquences négatives de l’euro, pas sur la politique d’ensemble de l’euro. Mais mon commentaire traduit mal l’idée que je voulais émettre.

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  24. youlle permalink
    7 janvier 2012 10 h 38 min

    @ Richard

    « Une forme de gouvernance mondiale s’impose. »

    Pas seulement une forme, mais UN.

    L’économie s’est fortement mondialisé dernièrement, mais les lois et règles n’ont pas suivis ce qui fait le grand bonheur des tricheurs ou des sans conscience.

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  25. youlle permalink
    7 janvier 2012 10 h 41 min

    @ Richard

    «Je ne me vois pas proposer aux électeurs comme Youlle : « les efforts que vous avez faits pour avoir la meilleure machinerie possible, pour organiser le travail pour que les employés ne se marchent pas sur les pieds font en sorte que nous vous demandons de cesser de produire le jour X »

    Pourriez-vous me donner plus de précisons?

    Je ne sais pas pourquoi je me sens un peu concerné. 🙂

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  26. Richard Langelier permalink
    7 janvier 2012 17 h 41 min

    @ Youlle

    Je vais partir du conflit du bois d’oeuvre. J’étais sensible aux arguments de ceux qui prétendaient que nous avons mis tous nos œufs dans le panier des exportations avec l’ALÉNA. D’autre part, dans bien des secteurs, produire uniquement pour le marché canadien (dans un Québec souverain sans association, uniquement pour le marché québécois) signifierait qu’il faut arrêter la production le 1er mars. Je vais négocier comme le capitaine Bonhomme et faire un compromis pour le 1er mai.

    Je ne sais pas si votre entreprise a été touchée par le conflit du bois d’oeuvre. Je me souviens que vous nous aviez expliqué, avec votre langage poétique, que le manque de productivité ne signifie pas que les employés se pognent le moine [1], mais que l’équipement est vétuste et que l’organisation du travail est mal faite.

    Je suis sensible aussi aux arguments de ceux qui disent que nous produisons trop et que la planète ne pourra pas survivre au mode vie énergivore que nous pratiquons en Occident depuis la révolution industrielle. Cependant, la consommation d’électricité d’une PME et celle d’une aluminerie sont sans commune mesure.

    J’ai cru qu’une zone économique comme La Communauté économique européenne pourrait aboutir à une Europe sociale, puisque les pays fondateurs étaient des partenaires de taille semblable, avec des coûts salariaux semblables et une fiscalité semblable. Ce « laboratoire » était plus prometteur que le projet de la Zone de libre-échange des Amériques. La crise de l’euro me rend pessimiste.

    Je reste persuadé qu’une forme de gouvernance mondiale s’impose. J’aimerais que la communauté internationale ait les pouvoirs de nous punir d’avoir élu le gouvernement Harper (avec 39% des votes). Pour les échanges commerciaux, les zones de libre-échange avec normes sociales et environnementales choisies par des représentants lors d’élections pour le Parlement de ces zones me semblent une piste intéressante.

    Quoi qu’il en soit, si l’humanité survit, ce sera parce que nous aurons trouvé de nouvelles formes de gouvernance qui ne feront pas abstraction des spécificités nationales. Je ne suis pas sûr d’avoir démontré le lien entre vos efforts pour accroitre la productivité de votre entreprise et les billets de Darwin sur les « qualités » de l’euro, mais enfin…

    [1] Ce langage poétique semble présent dans le Centre du Québec entre la 20 et le fleuve. Une amie de la susdite région m’écrivait qu’à shop, lors des réunions du bureau, elle montrait aux mecs qu’elle avait des couilles. Avec un échantillon de 2 personnes, mes connaissances de la théorie des probabilités ne me font rien conclure scientifiquement. Disons qu’à Arthabaska dans la maison Langelier, je n’osais pas utiliser le langage cru, d’autant plus que mon éducation sexuelle provenait des livres de Janette Bertrand sur la pollution nocturne. 😳

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  27. youlle permalink
    7 janvier 2012 22 h 39 min

    @ Richard

    La pollution nocturne! J’ai entendu ce terme pour la première fois l’an dernier. C’est ma compagne originaire de Warwic qui me l’a appris en faisant un lit pour le neveu.

    « la maison Langelier » Je crois savoir maintenant. Lisez le courriel que je vous ai envoyé.

    Pour la culture, je crois en effet que c’est très spécial ici. Ici c’est aussi Trois Rivières, c’est aussi Montréal. J’avais 5 ans quand la TV est entrée avec la « tête du sauvage » jusqu’à quatre heures. J’ai été élevé avec un bon langage, le langage cru et le joual. C’est la même chose pour bien des gens ici.

    Finalement je trouve intéressant que vous parliez de tout cela. Sa fait partie de notre histoire, la mienne.
    =========

    Ma vision.

    Pour ce qui est de la production et de l’économie cela va bien plus loin que des produits, des biens utiles, des cossins et des cochnneries.

    Vous savez, quand j’entends les Québec basheux les dretteux et quelques zélites traîtres nous dire que nous ne sommes pas productifs laissant entendre que nous sommes paresseux sa me met le feu et mon language cru sort.

    Pour ce qui est du marché je ne crois pas que la souveraineté change quelque chose. Les entreprises voudront continuer à échanger. Aussi il me semble qu’en % nous vendons moins aux USA et plus sur la planète. Si Darwin à les chiffres…

    Pour le reste on peut discuter et s’enfarger dans les fleurs du tapis, mais moi ce que je vois en vieillissant ce sont les grandes entreprises qui deviennent de plus en plus grandes, des géants pour ne pas dire des monstres. Ce sont elles et leurs financiers qui ont le plus grand pouvoir et ce pouvoir augmente d’année en année il me semble et j’ai passé 60 ans. Ces quelques décideurs sont plus puissant que les grands états.

    Voilà pourquoi je disais que sa prend UN gouvernement mondial pour RÉGLEMENTER. Il n’y a pas d’autres moyens. Le Québec ne peut rien faire et même les USA. Vous me direz que ce n’est pas pour demain, vrai.

    C’est à la population de se réveiller. Il faudra revenir aux revendications que les Québécois ont fait dans les années 60 et 70, mais à la grandeur de la planète. Présentement il se passe le contraire. On perds des acquis pas très petits morceaux tous les jours. Faudra-il attendre le fond du baril? Nos dretteux souvent propriétaires d’entreprises approuvent la déréglementation, la grande entreprise même hardpeur. Ces naïfs se foutent des coups de pied au cul et ne le savent même pas. On ne fait pas d’argent avec les pauvres et on ferme la shop. Après on crie après le gouv. On pourrait être surpris du nombre d’entrepreneurs stupides au lac qui approuvent Alcan.

    Un exemple de la puissance des grands, Tino Rino au lac. À mon avis, c’est ma perception, cette entreprise applique le principe WM (les vidanges). Elle possède plusieurs usines de par le monde. Pour régler le cas ils peuvent augmenter légèrement la production dans le monde et fermer celle du lac pendant un ans s’il le faut, deux même. Quand tout le monde sera bien séché, ce seront eux qui feront les conditions. Par la suite ce sera une autre, et une autre. À trois ou quatre usine c’est impossible.

    Quand wallmarde peut de permettre de fermer un magasin neuf pour donner une leçon aux autres c’est du pouvoir ça Monsieur.

    Excusez-moi si le texte est un peu décousu.

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  28. 7 janvier 2012 23 h 32 min

    @ Youlle

    « Aussi il me semble qu’en % nous vendons moins aux USA et plus sur la planète. Si Darwin à les chiffres…»

    Il ne les a pas, mais sait où les trouver!

    C’est inexact. En 2010, 70 % de la valeur de nos (Québec) exportations internationales provient de nos livraisons aux États-Unis. C’est le même % pour les 10 premiers mois de 2011. C’est toutefois beaucoup moins qu’en 2000, alors que 86 % de la valeur de nos exportations (Québec) provenait de nos livraisons aux États-Unis. Bref, le pourcentage qui va maitenant ailleurs est passé de 14 % à 30 %, soit plus du double. C’est une bonne diversification, mais il demeure que le premier marché d’exportation du Québec demeure, et de loin, les États-Unis. En 2011, la Chine est deuxième avec guère plus de 3 % de la valeur des exportations.

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  29. youlle permalink
    7 janvier 2012 23 h 35 min

    Je reviens à la productivité et à l’équipement.

    L’équipement plus productif rend le produit plus accessible à la population, moins cher. À ce moment la population à deux choix:

    1 Acheter le produit moins cher et en acheter d’autres avec le même argent.

    2 Acheter le produit moins cher et travailler moins.

    C’est la première option qui est choisie.

    Vous me direz que la publicité pousse les gens au bout de leur paye. Oui c’est vrai. Mais s’il y avait une contre publicité ou une éducation poussée, les choses seraient autrement.

    Sa ne donne absolument rien d’acheter 17 système de son dans sa vie plutôt qu’un ou deux bon, sinon du trouble, beaucoup de trouble.

    Grosse anecdote:

    À Noël les deux petits enfants ont reçus 1 ou 2 cadeau du grand-père, de la grand-mère, de l’autre grand-père, de la mère, de l’autre mère, du père et peut être d’autres, une montagne.

    La petite, 3 ans, elle s’est tannée d’ouvrir des cadeaux a montré sérieusement son insatisfaction parce qu’elle voulait jouer avec le premier. Un petit ensemble d’aquarelle que j’ai suggéré à ma compagne.

    Le petit, 1 1/2 ans sachant ce que je faisait, je lui ai acheté un bâton de hockey, un vrai que j’ai recoupé et ajusté à sa taille, une rondelle et une roulette de « tape ». À la vue du bâton, il a commencé à faire le tour de la maison avec la rondelle.

    Les deux ont délaissé la montagne de cadeaux emballés pour jouer avec les deux moins cher. Il devait y en avoir pour 600$.

    Juste pour dire que les enfants acceptent cette simplicité et même la veulent. Alors, sa ne sert à rien 17 système de son. La montagne sa me brûle et se me met en maudit.

    Tout cela n’augmente pas le niveau de vie. Au contraire les parent auront de la misère à tout gérer.

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  30. youlle permalink
    7 janvier 2012 23 h 51 min

    @ Darwin

    Il ne les a pas, mais sait où les trouver! »

    Merci!

    Je me relis et j’ai mal écrit. En fait c’est ce que vous avez écrit que je pensait.

    « C’est toutefois beaucoup moins qu’en 2000, alors que 86 % de la valeur de nos exportations (Québec) provenait de nos livraisons aux États-Unis. »

    Au moins sa va dans la bonne direction. Je ne dis pas de se rendre à 20% pour les US, mais avec un client de 70% ce n’est pas le proprio qui mène à fait. Beaucoup de clients à 3 ou 4% serait mieux il me semble.

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  31. 8 janvier 2012 0 h 02 min

    En passant, la source est http://www.ic.gc.ca/eic/site/tdo-dcd.nsf/fra/accueil et on clique sur «Recherche par industrie». Ensuite, on s’amuse… Ça marche aussi avec «Recherche par produit», il y a même des données pour les États-Unis, mais les codes SH sont complexes.

    «avec un client de 70% ce n’est pas le proprio qui mène à fait»

    Je suis plus ou moins d’accord avec ça. D’une part, il s’agit de 70 % de la valeur des exportations internationales, pas de la production. D’autre part, la Nouvelle-Angleterre est plus proche du Québec que de la Californie, mais, ce qu’on envoie là est de l’exportation et ce qui part de Los Angeles pour la Nouvelle-Angleterre n’est pas une exportation.

    Finalement, je dirais que nous sommes tous interdépendants. L’autonomie complète est un leurre.

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  32. Richard Langelier permalink
    8 janvier 2012 0 h 48 min

    @ Youlle

    Le langage cru, ça m’amuse. Même si je ne suis pas un trippeux du « que chu don fier d’être Québécois! » entonné par les péquistes au cours des années 70, j’apprécie la façon dont la sexualité réprimée dans la société canadienne-française « sortait » dans les chansons grivoises et les jokes cochonnes. Je blaguais évidemment en prétendant énoncer une théorie scientifique sur le langage utilisé d’un bord et d’autre de la 20.

    La famille Langelier a été la dernière du village à avoir la télé, pas parce qu’elle était trop pauvre, mais parce qu’elle était trop riche. Mon père louait une télé pendant les vacances de Noël. Nous nous installions devant la tête de l’Indien (de mémoire à 9h sans musique, à 9h30 avec musique, à 10h avec l’Ô Canada, le bulletin de nouvelles lu par Jacques Fauteux, le western où les Blancs triomphaient des Appaches, Ti-Blanc Richard, Marcel Martel. Le canal 13 apparut plus tard, selon mes souvenirs). La copine qui affirme avoir des couilles est enfant de médecin, elle aussi, et a étudié chez les Ursulines de Trois-Rivières.

    Pour revenir aux thèmes des billets de Darwin sur la crise de l’euro, je crois que nous nous rejoignons. Le dada « pour boire, il faut vendre », il faut « être de plus en plus compétitifs » nous conduit à l’impasse. C’est vrai en agriculture, avec le gigantisme dans le secteur manufacturier (l’électricité à bas prix pour les alumineries), avec le gigantisme dans le secteur des services (Walmart et ceux qui font de l’argent avec de l’argent, par la spéculation).

    Que faire?

    J’aimerais bien avoir un livre de recettes : Pas plus de x vaches par ferme, pas plus de x millions de chiffre d’affaires par entreprise, etc. Lorsque le pétrole sera rare, les coûts de transport de nos ordinateurs, moniteurs et imprimantes fabriqués en Chine monteront. Les économistes néo-classiques scanderont : « nous vous l’avions dit, à long terme tout s’équilibre ». Keynes a dit : « à long terme, nous serons tous morts ».

    Pour ma part, je n’ai pas tranché : « small is beautiful, économies d’échelle, pouvoir local, apartheid, péréquation ». Y en n’aura pas d’faciles, mais nous devons chercher.

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  33. youlle permalink
    8 janvier 2012 8 h 53 min

    @ Darwin

    « Finalement, je dirais que nous sommes tous interdépendants. L’autonomie complète est un leurre. »

    Je suis parfaitement de cet avis. C’est une réalité implacable.

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  34. youlle permalink
    8 janvier 2012 10 h 38 min

    @ Richard

    « …il faut ____« être de plus en plus compétitifs »____ nous conduit à l’impasse. C’est vrai en agriculture, avec le gigantisme dans le secteur manufacturier… »

    Il faut faire attention. Les économies d’échelle à cause de la grosseur de l’entreprise tel qu’on l’entend souvent est un leurre. Selon les secteurs sa varie beaucoup et ces économies d’échelle atteignent un plafond plus ou moins rapidement.

    Pour fabriquer des matelas une petite entreprise peut être plus performante qu’un géant aux mêmes salaires. Il en est tout autre pour les constructeur d’avion long courrier. Entre les deux il y a une grande échelle.

    En agriculture, il faut grossir pour pouvoir aller se chercher un salaire et comme ailleurs c’est de plus en plus serré.

    Par contre pour les alumineries qui gonflent en fusionnant ou en s’achetant c’est une autre chose. Pensez-vous qu’Alcan au lac produit moins cher depuis qu’elle à vendu à Tino? Non! Les coût de financement ont augmentés pour emplir les poches des actionnaires qui ont vendus. Et pour l’administration, ont-ils acheté un avion d’affaires de plus? Ou celui présent voyage t-il plus?

    En fait les achat et les fusions sont là pour augmenter le pouvoir de l’entreprise.

    Donc pour le pouvoir j’en reviens au fabriquant de matelas. Le petit fabriquant du village plus performant que le gros n’aura pas d’argent ou de pouvoir pour sa mise en marché au près des détaillants géants qui sont de plus en plus seuls. Le gros fabriquant lui, oui et ce même s’il est plus cher.

    C’est ma vision à partir de ma petite entreprise, ce n’est que moi.

    =========

    « J’aimerais bien avoir un livre de recettes : Pas plus de x vaches par ferme, pas plus de x millions de chiffre d’affaires par entreprise, etc. »

    Agir directement sur les entreprises et les gens n’est certainement pas la solution. Sa ressemble à l’ex URSS.

    À mon humble avis ce sont les prises de pouvoir des grands financiers qui nous menacent et provoquent le désordre provoquant la surconsommation, l’appauvrissement l’anarchie en politique, ect. C’est là qu’il faut agir, sur ce pouvoir qui se retourne contre la population. Pour ma part je crois qu’il n’y a pas de recettes possibles sans un ordre international égal pour tous les pays.

    Les pays vivaient presque en vase clôt réglementé. Aujourd’hui les couvercles ont presque tous sautés et aucune mesure ne vient en contre poids pour cette sutuation.

    Que voulez-vous, nous vivions dans un monde immense voir sans limites, aujourd’hui ce monde est devenu un village pour les géants.

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  35. jack permalink
    8 janvier 2012 10 h 55 min

    Je viens de jeter un coup d’oeil à nos exportations en utilisant ce lien. Intéressant!

    La part des États-Unis est en décroissance, c’est un fait, mais je m’attendais à ce que ce soit dû à la récession. Les statistiques montrent le contraire: la tendance baissière est très nette depuis 2001 et on ne voit pas vraiment de changement de tendance suite à la récession.

    Depuis la récession la part de la Chine a monté rapidement (pas de surprise). Elle devrait atteindre la part du Royaume-Uni bientôt (quoique la croissance de celle-ci n’est pas négligeable non plus).

    La France n’arrive qu’en cinquième place, après l’Allemagne.

    Mais c’est le Brésil qui m’étonne le plus: sa part est passée de 0,29% en 2001 à 0,86% en 2009 puis à 1,5% en 2010. Ça c’est de la croissance!

    (la Russie aussi est en forte croissance mais sa part est tellement faible…)

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  36. 8 janvier 2012 11 h 46 min

    @ Jack

    «Je viens de jeter un coup d’oeil à nos exportations en utilisant ce lien. Intéressant!»

    Comme pour toute donnée, il faut toutefois faire attention à l’interprétation. Par exemple, ces données ne correspondent absolument pas à celles des comptes nationaux (par exemple aux exportations vers d’autres pays à la ligne 19. J’ai déjà lu des textes qui expliquent pourquoi et cela ne m’a mené qu’à me gratter la tête.

    Ensuite, les données sur les exportations ne fontionnent pas sur la notion de la valeur ajoutée. Par exemple, l’avion qu’on exporte aux États-Unis est comptabilisée au prix payé, même si plusieurs de ses composantes ont été fabriquées à l’étranger. La valeur monétaire de ces composantes est incluse dans les importations.

    Il y a d’autres précautions à prendre, mais ce sont les principales.

    Cela dit, je me sers souvent de ce site.

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  37. youlle permalink
    8 janvier 2012 12 h 24 min

    @ Richard

    « …j’apprécie la façon dont la sexualité réprimée dans la société canadienne-française « sortait » dans les chansons grivoises… »

    Chez les Québécois les curés sont arrivés très tard dans la colonie. Ici la première chapelle sans curé à été construite vers 1713 il me semble. Donc nous vivions sans religion ou presque.

    Pendant 200 ans les Québécois sont allés à messe par obligation. Les gens se moquaient du curé après la messe sur le perron de l’église. La religion était de l’hypocrisie ici.

    Lors de la révolutionne des années 60 la cathédrale était pleine avec en plus 300 personnes debout à l’arrière. En 66-67 elle était presque vide. L’obligation avait tombé.

    Le Québec est venu au monde sans religion et dans les années 60 le naturel est revenu au galop.
    =====
    « Je blaguais évidemment en prétendant énoncer une théorie scientifique sur le langage utilisé d’un bord et d’autre de la 20. »

    Malgré que vous avez fait une blague vous n’avez pas tort.
    ====

    Pour la télé vous étiez sur le canal 7 ouvert en 56 et je m’en souvient. C’était trop vulgaire pour ma mère. Ti-Blanc Richard c’était pas sa tasse de thé. Le canal 13 à Mont Carmel en en 1958 l’image était bien plus belle qu’au canal 2. En 61 c’était le canal 10, la révolution.

    Pour la famille Langelier allez donc lire mon courriel j’aimerais une réponse.

    Bye!

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  38. 8 janvier 2012 13 h 03 min

    Eh bien! Une région québécoise aurait été soustraite aux obligations religieuses, ses femmes aussi j’espère?

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  39. youlle permalink
    8 janvier 2012 15 h 48 min

    « Eh bien! Une région québécoise aurait été soustraite… »

    Je ne pense pas que l’on change la mentalité d’un peuple en 2 ou 5 ans. Combien de peuples ont abandonné la religion en quelques années

    Donc je pense que quand le québécois ont abandonné la religion en l’espace de quelques années, il y avait un pré requis. Ce n’est même pas mon avis, c’est la déduction de plusieurs qui s’y connaissent bien plus que moi.

    Pour les femmes je m’abstiens plutôt que de lâcher une bombe.

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  40. Richard Langelier permalink
    8 janvier 2012 17 h 17 min

    Quand le curé disait à la femme qu’elle devait faire son devoir conjugal, même si elle avait eu grossesses sur grossesses depuis l’âge de 16 ans, elle obéissait. Plusieurs femmes mouraient dans la trentaine. Le bonhomme ne fermait pas son robinet pour autant. Il se remariait, ce qui donnait « des enfants du 2e litte ».

    L’Église s’est tiré dans le pied en interdisant la pilule contraceptive. Dans le documentaire « Ma vie comme rivière », Simonne Chartrand présente un mémoire à la Commission Bélanger-Campeau. Elle raconte : « les curés nous disaient que ça rendrait nos maris homosexuels ». Le commissaire Bélanger s’étouffe. Elle lui lance : « Riez, M. Bélanger, ça fait du bien! »

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  41. youlle permalink
    8 janvier 2012 20 h 09 min

    @ Richard Langelier

    « …même si elle avait eu grossesses sur grossesses depuis l’âge de 16 ans, elle obéissait.  »

    Le doc avait dit à ma mère d’arrêter au troisième. Elle en a eu 3 autres. Elle était très dévote la pauvre.

    Mais, il y a 75 ans, ce n’était plus drôle pour el bonhomme qui devait travailler pour nourrir la potée.

    Si un jour sa adonne allez voir à la papetrie de Chicoutimi comment les hommes mourraient à 45 ans d’avoir travaillé avec des bottes et des vêtements percés dans l’eau glacée pour nourrir la famille et ce 50 heures par semaine. Quand il arrivait à la maison il avait de la misère à se traîner. Ce n’était pas plus drôle dans les alumineries ou dans les mines. On disait que les rumatimes les faisaient mourir. Quand ils n’étaient plus capables d’avancer ils devenaient des paresseux lamenteux.

    Mais les innocents de libertariens et de dretteux veulent que l’on retourne à cette époque et on y va lentement.
    ==

    « L’Église s’est tiré dans le pied en interdisant la pilule contraceptive. »

    Jamais l’église n’aurait capable d’interdire les contraceptifs. De toute façons, c’était déjà foutu pour l’église à cette époque, début des années 60. La TV avait gagné.

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  42. 8 janvier 2012 20 h 24 min

    « comment les hommes mourraient à 45 ans »

    Pas besoin de reculer de 75 ans. Mon beau-père est mort à 59 ans (d’accord, ce n’est pas 45…) d’un cancer des intestins, avec des dépôts radioactifs dans le corps, il y a environ 25 ans. Il travaillait à l’Alcan, vous savez, la place où les travailleurs sont trop payés, semble-t-il…

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  43. Richard Langelier permalink
    8 janvier 2012 21 h 28 min

    @ Darwin

    Je ne sais pas si, dans votre travail syndical, vous avez été appelé à aider des travailleurs qui ne réussissaient pas à se faire indemniser par la CSST (le nom officiel est Commission d’indemnisation des lésions professionnelles et ???). En général, le travailleur syndiqué profite de l’expertise d’une équipe qui connaît la jurisprudence. Son syndicat ou sa centrale peut lui faire un prêt en attendant le règlement. Pour le travailleur non syndiqué, il y a la Fata http://www.fata.qc.ca/ (en cherchant l’adresse, j’ai appris que l’organisme ne s’occupe pas seulement des accidents du travail), mais cet organisme fonctionne avec des dons.

    Je me suis souvent fait dire que l’amélioration des conditions minimales de travail [1], le revenu de citoyenneté ou le revenu minimum garanti rendraient le syndicalisme caduc. J’en doute.

    @ Youlle

    L’Église catholique (uniquement québécoise?) a voulu interdire la pilule contraceptive à ses fidèles. Est-ce que la télé a battu l’Église, là où la radio avait échoué? Est-ce que la nationalisation de l’électricité a battu l’électrification rurale de Duplessis? Je laisse les historiens répondre à cette question.

    [1] Dans Le Devoir, l’éditorialiste Jean-Robert Sanfaçon affirmait que si le salaire minimum était augmenté, les employeurs ne couperaient pas en saucisson leur entreprise, donc que le recours à la sous-traitance permis par le gouvernement Charest se justifierait.

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  44. 8 janvier 2012 22 h 18 min

    @ Richard Langelier

    «Je ne sais pas si, dans votre travail syndical, vous avez été appelé à aider des travailleurs qui ne réussissaient pas à se faire indemniser par la CSST»

    Pas dans mon travail syndical, mais oui dans mon travail pour une centrale syndicale… Je l’ai même déjà fait pour ma conjointe!

    « Pour le travailleur non syndiqué, il y a la Fata»

    Michel Chartrand a bien tenté de convaincre tout le monde qu’il avait fondé le premier organisme défendant les «travailleurs qui ne réussissaient pas à se faire indemniser par la CSST». Mais, c’était faux. L’union des travailleurs et travaileuses accidentés de Montréal (UTTAM) le faisait bien avant, de même que le Centre d’aide des travailleurs et travailleuses accidentés(es) de Montréal CATTAM. Et peut-être d’autres…

    «le nom officiel est Commission d’indemnisation des lésions professionnelles et ???»

    Vous mélangez deux choses qui existent… La CILP est, si je ne m’abuse, un tribunal administratif pour statuer sur les contestations des décisions des fonctionnaires de la CSST.

    «Je me suis souvent fait dire que l’amélioration des conditions minimales de travail, le revenu de citoyenneté ou le revenu minimum garanti rendraient le syndicalisme caduc. J’en doute.»

    Nan, le syndicalisme aura toujours sa place, même dans des entreprises autogérées! Il est un peu tard pour moi, alors je résumerai en disant que ma conjointe a déjà travaillé pour une entreprise autogérée. Plusieurs des histoires qu’elle m’a contées m’ont convaincu qu’un syndicat demeure essentiel pour éviter la dictature de la majorité et protéger les droits individuels…

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  45. 8 janvier 2012 22 h 49 min

    Youlle

    Mon intervention sur votre 12:24 ne visait qu’à réagir à vos propos qui me semblaient diminuer l’influence de l’Église sur la vie de certains Québécois.

    La religion régissait totalement la vie des Québécois, ne serait-ce que par le nombre d’enfants qu’elle imposait aux femmes…

    Je n’avais surtout pas envie de jouer à qui a souffert le plus entre les hommes et les femmes, j’en ai marre de ces guéguerres, dans la vie cela ne m’arrive jamais de jouer à ça.

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  46. 8 janvier 2012 22 h 54 min

    Rappelons-nous tout de même que la religion donnait plus de valeurs aux enfants qu’aux femmes, entre une femme et un bébé, on se débarrassait de la mère! Rappelons aussi que grâce à la misogynie de la religion, nous avons été contraintes plus longtemps et avons joui de moins de liberté. Moi je vais me souvenir!

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  47. 11 janvier 2012 20 h 04 min

    @ Jack (et au autres)

    J’ai lu un billet aujourd’hui qui donne une piste intéressante sur la performance de l’Allemagne par rapport aux autres pays de la zone euro.

    Débat : La France doit se réindustrialiser
    http://www.oikosblogue.coop/?p=10123

    (note : ce que l’auteur appelle «l’industrie» est le secteur manufacturier)

    «l’emploi industriel ne représente plus que 7 à 8 % de l’emploi total aux États-Unis et en Grèce ; 11 à 12 % de l’emploi total au Royaume-Uni, en France, en Espagne, contre plus de 20 % en Allemagne ou en Finlande.»

    «l’amaigrissement de l’industrie fait apparaître un déficit extérieur chronique, puisque les exportations ne peuvent plus équilibrer les importations. Ceci est clair aujourd’hui en Grèce, au Portugal, en Espagne, aux États-Unis, au Royaume-Uni, et bien-sûr en France. Or, un pays ne peut pas avoir un déficit extérieur continuel : il faudrait qu’il puisse avoir une dette extérieure continuellement en hausse, ce qui est impossible comme le révèle aujourd’hui la crise de la zone euro. Comment équilibrer ses échanges extérieurs sans industrie ? Les services, le tourisme ne suffisent jamais, et les pays désindustrialisés sont finalement condamnés à l’appauvrissement et au recul de la demande intérieure pour réduire leur déficit extérieur.»

    (…)

    «il y a en France trois fois moins d’entreprises exportatrices qu’en Allemagne ; la part de marché de la France dans le commerce mondial est passée de plus de 6 % en 1998 à moins de 4 % aujourd’hui ; la France exporte six fois moins que l’Allemagne vers la Chine, ou vers l’Europe Centrale, ou encore vers les pays producteurs de pétrole, etc.

    Le niveau de gamme de l’industrie française est trop faible, de ce fait la sensibilité de la demande pour les produits industriels français à leurs prix est grande, puisqu’ils sont concurrents par exemple des produits des pays émergents : lorsque l’euro s’apprécie de 10 %, les exportations en volume de l’Allemagne reculent de 2 %, celles de la France de 8 %.»

    Je ne dispose pas de l’information pour commenter ce texte. La présence relative du secteur manufacturier n’explique pas tout, mais sûrement le type d’entreprises. Sinon, comment expliquer que la hausse de l’euro touche moins les exportations de l’Alemagne que celles de la France?

    Mais, bon, ce texte ajoute un élément de réflexion, ce qui est déjà beaucoup…

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  48. 14 février 2012 19 h 20 min

    J’ai écrit dans ce billet :

    «Peu importe en effet, car si ces pays avaient conservé leur monnaie, celle de l’Allemagne aurait augmenté fortement et celles des pays du Sud aurait diminué. Résultat? L’Allemagne bénéficie d’un euro plus faible que ne le serait sa monnaie et les pays du sud souffrent d’un euro plus fort que ne le serait leurs monnaies. L’Allemagne est donc sans contredit la grande gagnante de la création de l’euro et les pays du sud les grands perdants. Elle serait aussi la grande perdante si l’euro faisait marche arrière…»

    J’ai lu aujourd’hui une entrevue avec Emmanuel Todd qui affirme :

    «Si la France sort de l’euro, tout le monde sort de l’euro, l’Allemagne se retrouve avec le mark, [qui] à cause des excédents commerciaux allemands, monterait à toute vitesse, pire que le yen japonais. Donc ils sont étranglés.

    Le jour où un gouvernement français ose dire aux allemands : écoutez, vous allez faire telle ou telle chose … On peut différer sur ce qu’on veut faire. Je suis partisan de négocier le protectionnisme européen avec les allemands en employant cette technique.

    Le jour où on leur dit : si vous ne devenez pas raisonnable, on sort de l’euro – en l’occurrence on détruit l’euro ou on fait l’euro sans l’Allemagne – ils [auront] compris. Tout se passera bien.»

    Voilà ce qui risque de se passer quand Sarkozy sera battu…

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  49. 21 juillet 2012 7 h 33 min

    Un bon article ce matin dans le Devoir sur les gagnants et perdants en cas d’éclatement de l’euro :

    «En résumé, reprend Le Figaro, l’Italie et l’Irlande auraient le plus à gagner d’une sortie ordonnée, alors que l’Allemagne, l’Autriche et la Finlande seraient les grandes perdantes d’un tel scénario.»

    C’est plus précis, mais ça correspond pas mal à ce que j’ai écrit dans ce billet…

    Éclatement de l’euro: le froid et le chaud

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  50. 29 décembre 2012 14 h 57 min

    Excellente lettre de «Klaus-Gerd Giesen – Professeur de science politique à l’Université d’Auvergne. En décembre, il était chercheur invité au Centre canadien d’études allemandes et européennes de l’UdeM.» dans Le Devoir d’aujourd’hui, Comme je le disais dans ce billet il arrive à la conclusion que «La zone euro profite donc avant tout à l’Allemagne».

    «La zone euro profite donc avant tout à l’Allemagne, où le chômage a forcément diminué, mais où, sans salaire minimum garanti, près de quatre millions de personnes travaillent désormais pour un salaire horaire brut de moins de sept euros et où la proportion de travailleurs pauvres – surtout de la main-d’oeuvre immigrée – est passée à 20,6 % dans les entreprises de plus de dix salariés.»

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  51. 12 janvier 2013 23 h 53 min

    «Contaminée par les ennuis de ses voisins européens, l’Allemagne traverse actuellement un trou d’air économique qui ne devrait toutefois pas durer, de l’avis des analystes.»

    Quelle surprise! Un pays qui bâtit sa croissance sur les exportations souffre quand les pays vers où il exporte vont mal…

    http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/368213/difficultes-temporaires-en-allemagne

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  52. 12 février 2013 14 h 08 min

    http://affaires.lapresse.ca/economie/canada/201302/12/01-4620656-guerre-de-devises-le-canada-vulnerable-dit-mark-carney.php

    « Dans sa déclaration, le G7 a exhorté les nations à mettre en place des politiques monétaires qui respectent les objectifs économiques domestiques et à ne pas se lancer dans une guerre de dévaluation de devises afin de doper leurs propres exportations au détriment de celles des autres. Au mieux, selon M. Carney, ces stratégies ont des impacts à court terme, car éventuellement, l’économie doit s’ajuster aux conséquences des salaires moins élevés chez les travailleurs au pays, ce à quoi certains pays européens sont actuellement confrontés. »

    Dit que les dévaluations de devises sont nuisibles sur le long terme…
    Utilise comme exemple des pays européens qui vont mal car ils n’ont justement plus le contrôle de leur devise…

    Aujourd’hui, j’ai cette forte impression qu’on cherche à nous prendre pour une bande de crétins!

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  53. 12 février 2013 16 h 10 min

    «qui vont mal car ils n’ont justement plus le contrôle de leur devise…»

    C’est en effet une des raisons majeurs des difficutés de redressement, mais pas la seule!

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  54. 12 février 2013 16 h 40 min

    « C’est en effet une des raisons majeurs des difficutés de redressement, mais pas la seule! »

    Ce que je dénonce principalement des propos de Carney, c’est la logique suivante :

    -Sur le long terme, la solution A ne fonctionne pas
    -Des pays (qui ne peuvent pas appliquer la solution A) vont mal
    -Leur exemple illustre précisément pourquoi la solution A ne fonctionne pas

    Toutefois, étant donné qu’il ne s’agit pas d’une citation textuelle, il est possible de s’imaginer que la partie du paragraphe portant sur les pays européens est un ajout du journaliste.

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  55. 12 février 2013 17 h 34 min

    «c’est la logique suivante»

    Le paragraphe en question ne me semble pas aussi clair (surtout «l’économie doit s’ajuster aux conséquences des salaires moins élevés chez les travailleurs au pays, ce à quoi certains pays européens sont actuellement confrontés.»). Il n’est pas évident non plus qu’il s’adresse aux pays européens (sauf pour les salaires), car ils ne peuvent justement pas faire ça (dévaluer). Il semble plus parler du Japon et d’autres pays (Chine?). N’étant pas certain, je peux difficilement l’accuser de se contredire.

    J’espère que ce sera plus clair dans les articles de demain.

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  56. 13 février 2013 9 h 48 min

    «J’espère que ce sera plus clair dans les articles de demain.»

    Ça l’est à http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/370749/carney-s-inquiete-de-la-guerre-des-monnaies

    «Il semble plus parler du Japon et d’autres pays (Chine?). »

    Il semble que j’aie bien deviné…

    «La déclaration semble viser le Japon, troisième économie en importance au monde, qui a mis branle une série de politiques ayant contribué à une dévaluation de 15 % du yen vis-à-vis du dollar américain au cours des trois derniers mois»

    «M. Carney a jugé « extrêmement important » que le G7 respecte les règles en place et que les nations émergentes, comme la Chine, fassent également preuve de flexibilité en matière de devises.»

    «Le paragraphe en question ne me semble pas aussi clair »

    «Une libre fluctuation des monnaies permet d’absorber les chocs économiques, a-t-il expliqué. Si la devise ne bouge pas, l’économie doit s’ajuster autrement, en particulier au moyen de salaires réels inférieurs.»

    Là, c’est compréhensible (même si on peut ne pas être d’accord)! C’est ce que font les pays du sud de l’Europe parce qu’ils ne peuvent dévaluer leur monnaie.

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  57. 13 février 2013 12 h 21 min

    «Une libre fluctuation des monnaies permet d’absorber les chocs économiques, a-t-il expliqué. Si la devise ne bouge pas, l’économie doit s’ajuster autrement, en particulier au moyen de salaires réels inférieurs.»

    Sauf pour le 1% des plus nantis j’imagine!!!

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  58. 13 février 2013 16 h 22 min

    Ça va de soi!

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  59. 14 février 2013 2 h 12 min

    «Une libre fluctuation des monnaies permet d’absorber les chocs économiques, a-t-il expliqué. Si la devise ne bouge pas, l’économie doit s’ajuster autrement, en particulier au moyen de salaires réels inférieurs.»

    « C’est ce que font les pays du sud de l’Europe parce qu’ils ne peuvent dévaluer leur monnaie. »

    Je ne suis pas sûr de comprendre. Pour autant que je sache, l’Euro est actuellement en « libre fluctuation » alors comment cet énoncé de Carney : « Si la devise ne bouge pas, l’économie doit s’ajuster autrement, en particulier au moyen de salaires réels inférieurs. » pourrait s’appliquer aux pays de l’Euro? Qu’est-ce que « si la devise ne bouge pas » veut vraiment dire? Que les États la laissent librement fluctuer ou qu’elle reste naturellement stable car c’est ainsi qu’elle est censée être sur les marchés des changes (comme dans le cas de l’Euro) ?

    D’ailleurs, quels chocs économiques la libre fluctuation est-elle vraiment censée absorber si de toutes manières les salariés connaissent une diminution de leur rémunération réelle? Il me semble que c’est au contraire en intervenant qu’on absorbe les chocs car autrement la main invisible se transforme plutôt en coup de poing bien visible pour les travailleurs.

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  60. 14 février 2013 7 h 02 min

    «Qu’est-ce que « si la devise ne bouge pas » veut vraiment dire? »

    Près de 75 % du commerce international des pays de la zone euro se fait entre eux. Donc, la valeur de leur monnaie ne change pas les uns par rapport aux autres. Ce sont donc les salaires relatifs qui peuvent faire varier le coût de fonctionnement des entreprises. Plutôt que de faire baisser le drachme (disons), les Grecs doivent donc faire baisser leurs salaires. C’est le principe décrit par Carney.

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