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« Combien le train du monde me semble lassant, insipide, banal et stérile ! »*

24 janvier 2012

L’observation de la politique partisane est un passe-temps fascinant, s’apparentant à la fréquentation des salles de théâtre. Sur scène, les personnages intriguent, complotent, mentent. On y joue le drame, la tragédie, souvent la comédie bouffonne. Le spectateur n’est pas dupe. Il comprend très bien qu’il assiste à une pièce dont l’écriture du scénario lui échappe. Parfois, quand le jeu est mauvais, il se lève et proteste. Mais la plupart du temps, il préfère quitter la salle devant un spectacle désolant et pathétique.

Deux pièces actuellement à l’affiche comportent plusieurs ressorts qui relèvent à la fois du drame et de la comédie.

Les primaires républicaines, comédie loufoque interminable mais pleine de rebondissements, ne compte que des vilains comme personnages. Un mormon et quelques morons se disputent le droit de représenter un parti s’appuyant sur des valeurs du 19siècle. Tous les ingrédients du théâtre d’été sont abondamment utilisés : des histoires de couchette, de l’hypocrisie religieuse, un vieux fatigant qui dit des niaiseries, des intrigues de second ordre et des revirements arrachant des rires forcés à un public blasé. Bref, un mauvais vaudeville extrêmement dispendieux, encore malheureusement à l’affiche pour plusieurs mois.

Poisons et poignards au Parti Québécois est une pièce qui relève, quant à elle, du drame shakespearien. Un groupuscule de mécontents ourdit une conjuration contre une reine mal aimée, à la tête d’un royaume délabré. Au cours d’une confrontation épique, la reine défait le complot, discrédite ses ennemis et raffermit son trône. Mais s’aperçoit-elle que celui-ci ne repose désormais sur rien, que son autorité ne s’exerce qu’au sein d’un cercle étroit de fidèles, qui se déchirent vainement entre eux ? Même la plus éclatante des victoires ne peut masquer le plus complet des échecs.

Peu de gens choisissent désormais de se procurer des billets pour le théâtre politique (même s’ils le subventionnent en totalité). Le spectacle y est généralement ennuyant ou prévisible, voire pire. Les acteurs de ces mauvaises pièces préfèrent blâmer le public pour sa désaffection envers leur art. Mais au fond, ils en sont la seule cause.

*Hamlet (1601), acte I, scène 2

14 commentaires leave one →
  1. 24 janvier 2012 13 h 43 min

    Excellentes références et comparaisons!

    Mais, pour moi, le problème est surtout que la politique est justement de plus en plus un spectacle. Qu’il soit mauvais en plus n’améliore bien sûr pas les choses!

    «Les primaires républicaines»

    On pourrait aussi dire les républicains primaires, pour ne pas dire primates (et avec un gêne de violence! 😉 )!

    «Mais au fond, ils en sont la seule cause.»

    De fait. Comme le disait Serge Truffaut ce matin dans un éditorial du Devoir (texte à lire!) :

    «Il y a peu, dans un article paru dans le New York Times, l’auteur soulignait que de récentes études consacrées aux campagnes politiques confirmaient que salir l’adversaire était plus efficace que, mettons, lancer un débat d’idées.»

    Et ça, c’est, comme tu le dis, les électeurs qui en sont la cause…

    http://www.ledevoir.com/international/etats-unis/340913/les-primaires-republicaines-le-salissage

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  2. Nicolas permalink
    24 janvier 2012 15 h 10 min

    C’est amusant. Je n’avais pas lu ce texte. Il faut croire que je ne suis pas le seul à penser ainsi.

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  3. 24 janvier 2012 19 h 28 min

    Quelqu’un m’a envoyé un fichier avec les discussions du club des ex. Lisa Frulla et Marie Grégoire se lâchent lousse contre Duceppe, surtout LF qui semble vouloir profiter de ce quasi non événement pour se venger du Bloc face à ses accusations justifiées lors du scandale des commendites!

    Pitoyable… Un autre mauvais spectacle!

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  4. 24 janvier 2012 19 h 57 min

    « Il y a peu à choisir entre des pommes pourries. »
    de William Shakespeare

    La Mégère apprivoisée

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  5. 25 janvier 2012 6 h 31 min

    Certains sujets de ce royaume en ont sans doute contre leur reine mais ils demeurent aveuglément fidèles à la mission que le premier monarque leur a donné quarante ans plus tôt. Incapables de s’ajuster à l’humeur du moment, ils sont prêts à sacrifier tous ceux qui osent s’asseoir sur le trône et qui paraissent incapables de leur offrir enfin le Saint-Graal.

    Le spectacle auquel nous convient les faux princes est tout simplement pathétique. Car, non seulement contribuent-ils à ternir l’image du royaume mais ils éloignent le peuple de cette conquête et qui a, faudrait l’avouer, d’autres chats à fouetter par les temps qui courent.

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  6. 25 janvier 2012 6 h 41 min

    Affaire Thomas: les Américains du CH mal à l’aise

    «Tim Thomas défend les couleurs de Boston. Mais le temps d’une journée, il a préféré celles du Tea Party à celles des Bruins.

    Sa décision de bouder la visite des Bruins à la Maison-Blanche pour des motifs politiques, lundi, a fait jaser aux quatre coins de la Ligue nationale… y compris dans le vestiaire du Canadien.»

    Ouf, si j’avais besoin de trouver une raison pour ne pas aimer Tim Thomas, je n’ai plus besoin de chercher!

    «Certains sujets de ce royaume en ont sans doute contre leur reine»

    Ici, c’est contre son président!

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  7. 25 janvier 2012 13 h 21 min

    Et si Carey Price refusait de visiter Art-Peur?

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  8. Blink permalink
    25 janvier 2012 13 h 55 min

    Ce serait tout aussi ridicule.

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  9. Nicolas permalink
    25 janvier 2012 15 h 15 min

    Je comprends qu’on puisse refuser par principe une médaille ou un honneur. Mais refuser, pour des motifs politiques, de participer à une réception organisée pour célébrer sa propre victoire constitue à mon avis un sincère manque de jugement et de courtoisie.

    Je refuserais la légion d’honneur, mais pas de serrer à la main à Sarkozy, même si je n’apprécie pas l’individu.

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  10. 25 janvier 2012 17 h 18 min

    Je préfère le manque de courtoisie (ce qui est tout de même le cas ici) à l’hypocrisie…

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  11. Nicolas permalink
    25 janvier 2012 17 h 26 min

    L’hypocrisie, c’est dire une chose et faire son contraire. Tim Thomas a représenté son pays aux Olympiques et a gagné une médaille. Soudainement, il refuse de se rendre à la maison-blanche. Ça, c’est de l’hypocrisie.

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  12. 25 janvier 2012 18 h 16 min

    @ Blink

    «Ce serait tout aussi ridicule.»

    Tu me vole les mots du clavier!

    «Je refuserais la légion d’honneur, mais pas de serrer à la main à Sarkozy, même si je n’apprécie pas l’individu.»

    Je me suis posé une question semblable aujourd’hui, serrer la main de Harper dans un contexte semblable, oui, mais accepter l’Ordre du Canada, j’aurais plus de difficulté, comme tu le dis avec la légion d’honneur! Cela dit, dans le cas de Tim Thomas, ça s’apparente bien plus au serrage de main! Obama ne lui aurait pas offert une carte du parti démocrate. Et rien ne l,empêchait de prendre ses distances avec Obama en entrevue, tout en acceptant que le président de son pays l’honore!

    «L’hypocrisie, c’est dire une chose et faire son contraire.»

    Ce n’aurait pas été de l’hypocrisie, en effet, seulement du savoir-vivre!

    J’ai même déjà serré la main de plusieurs boss et leur ai même souhaité Joyeux Noël! 😉

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  13. 25 janvier 2012 21 h 50 min

    «Je me suis posé une question semblable aujourd’hui, serrer la main de Harper dans un contexte semblable, oui, «

    Pas moi, jamais. Je lui dirais merci pour sa délicate attention, point.

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  14. 26 janvier 2012 18 h 42 min

    D’une certaine façon, oui! On peut le blâmer pour ça, alors.

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