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Budgets gouvernementaux – Affamer ET récupérer la bête

30 mars 2012

Dans un billet datant de quelques mois, j’émettais l’hypothèse que les gouvernements néolibéraux ne veulent pas seulement affamer la bête, c’est-à-dire réduire la taille de l’État, mais aussi réorienter ce qui reste d’État vers les objectifs des entreprises et des plus riches.

Le budget fédéral de 2012-2013 déposé hier, ainsi que celui du Québec déposé la semaine dernière, illustrent tellement bien ce mécanisme que je peux arrêter de parler d’hypothèse.

Affamer la bête

Depuis l’arrivée du Parti conservateur au pouvoir en 2006, il a diminué les impôts des particulier, a baissé la taxe sur les produits et services (TPS) de deux points de pourcentage à 5 % (baisse de 29 %) et a porté le taux d’imposition des sociétés de 21 % à 15 % (voir page 7, la baisse de 2012 étant maintenant réalisée), soit une baisse également de 29 % (quelle constance!).

On peut voir l’effet de ces baisses successives sur le graphique qui suit, graphique qui provient de la page 274 du Plan d’action économique de 2012, plus couramment appelé «budget»… En fait, j’ai vu pour la première fois ce graphique dans l’excellent billet de l’IRIS sur ce budget.

Ce graphique montre bien le résultat de l’opération «Affamer» : les recettes du gouvernement ont baissé de deux points de pourcentage entre 2006-2007 (arrivée des conservateurs au pouvoir) et cette année, passant de 16,5 % du PIB à 14,5 %, une baisse de 12 % ou de 25 à 30 milliards $ par année, comme le mentionne l’IRIS.

L’État étant maintenant affamé avec un déficit et une dette appréciables (en fait relativement bas à l’échelle mondiale), notre gouvernement  majoritaire plus néolibéral que conservateur peut accomplir son objectif, diminuer la taille de l’État.

Il a ainsi décidé de baisser ses dépenses de 5,2 milliards $, soit 30 % de plus que les 4 milliards $ dont il parlait lors de la campagne électorale, éliminant du même coup 19 200 emplois directement et on ne sait combien indirectement. Il ne faut pas oublier que cette baisse s’ajoutera à celles des années antérieures (revues stratégiques et gel des budgets des ministères) estimées à 3,8 milliards $ annuellement, même si la population et les besoins augmentent.

Récupérer la bête

La réorientation de ce qui reste d’État vers les objectifs des entreprises et des plus riches se fait en deux étapes. La première est la diminution des dépenses qui s’adressent à l’ensemble de la population, comme on l’a vu avec les compressions de 3,8 et 5,2 milliards $ consécutives. L’intention de ce gouvernement de rehausser de deux ans l’âge donnant droit aux prestations de la sécurité de la vieillesse et du supplément de revenu garanti va dans le même sens. On s’attaque aux plus faibles de la société pour épargner les plus riches.

La deuxième étape est d’augmenter les dépenses visant les plus riches et les entreprises. Dans ce budget, les multiples annonces de subventions pour l’embauche, la recherche, l’innovation et les investissements (ce gouvernement  disait pourtant que la baisse des impôts des entreprises suffirait à elle seule à faire augmenter les investissements…) concrétisent cette intention. Mais c’est surtout en déviant les fonctions de dépenses existantes que ce budget atteint le plus cet objectif. Pensons au réalignement du mandat du Conseil national de recherches du Canada pour recentrer ses activités «sur les travaux de recherche qui aident les entreprises canadiennes à mettre au point des produits et des services innovateurs.». On abandonne donc la recherche fondamentale pour l’appui aux entreprises, un peu comme cela se fait de plus en plus dans nos universités…

La diminution et l’accélération des évaluations environnementales répond aussi à une demande des entreprises et va à l’encontre du bien-être de la population. Même les changements apportés à l’assurance-emploi et au Programme des travailleurs étrangers temporaires visent à mieux correspondre aux besoins des entreprises. Cela dit, il faudra attendre des précisions sur ces changements pour pouvoir analyser ces changements plus à fond.

Et alors…

Alors, ça va mal… Cette diminution de la taille de l’État fédéral et sa réorientation vers les besoins des plus riches et des entreprises et déjà désolante en soi, mais c’est encore pire quand on considère qu’elles sont accompagnées de politiques du même genre dans le budget provincial. La volonté de hausser les droits de scolarité et les subventions aux entreprises (notamment par le Plan Nord) en est une illustration éloquente.

Espérons que le printemps érable va se poursuive…

27 commentaires leave one →
  1. Sophie permalink
    30 mars 2012 22 h 55 min

    Et dire qu’il y en a qui disaient, en 2008, « essayons-les, les conservateurs majoritaires, et si on n’aime pas ça, on les mettra dehors aux élections d’après. » Comme si un gouvernement était un vêtement qu’on remet dans l’étalage s’il ne nous plaît pas, comme si des politiciens qui carburent à l’idéologie n’avaient pas d’agenda, comme si les conséquences de lois et de réglements, de nominations à la Cour Suprême et au Sénat n’avaient pas de répercussions à long terme. En outre, il est pratiquement certain que même si un parti d’opposition prend le pouvoir en 2015 (et pour le moment, les chances sont minces), il y a fort à parier que certaines choses, comme la retraite à 67 ans, seront maintenues. Même lorsqu’ils se font un fort de critiquer le gouvernement en place pendant la campagne électorale, les partis d’oppositions, lorsqu’ils sont élus, se gardent bien de modifier certaines mesures. Jean Chrétien avait bien promis d’abolir la TPS, et il ne l’a jamais fait.
    Le pire, c’est que, malheureusement, je suis sûre que nous n’avons rien vu encore.

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  2. 30 mars 2012 23 h 20 min

    @ Sophie

    Bienvenue chez Jeanne!

    Et dire qu’il y en a qui disaient, en 2008, “essayons-les, les conservateurs majoritaires, et si on n’aime pas ça, on les mettra dehors aux élections d’après.»

    Sérieusement, je n’ai jamais entendu ça! Je l’ai entendu en 2007 à propos de l’ADQ et de Dumont, mais rappelons-nous que le nombre de députés conservateurs a diminué de moitié au Québec à la dernière élection! Dur de rejeter davantage un parti!

    «il y a fort à parier que certaines choses, comme la retraite à 67 ans, seront maintenues»

    Pas moi… Il n’y a pas besoin de rejeter cette mesure, il y a juste à ne pas l’adopter! Ce n’est pas comme s’il fallait abolir quelque chose qui est déjà en force!

    «Jean Chrétien avait bien promis d’abolir la TPS, et il ne l’a jamais fait.»

    Ça, c’est autre chose. Elle était déjà établie, et, comme je l’ai dit plus haut, ce n’est pas la même chose d’abolir une politique en force et de refuser d’adopter une politique qui est prévue dans 11 ans… Cela dit, je n’absous pas Chrétien à ce sujet!

    «Le pire, c’est que, malheureusement, je suis sûre que nous n’avons rien vu encore.»

    Je dis souvent à propos des conservateurs que le fond du baril est extensible!

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  3. 31 mars 2012 9 h 58 min

    @ Darwin

    Toute autre approche que la mienne, en effet.

    Sophie écrivait:

    «Le pire, c’est que, malheureusement, je suis sûre que nous n’avons rien vu encore.»

    Indeed. Le prochain budget risque d’être plus dévastateur encore, mais l’autre après, lui, sera plus « humain ». Faut pas oublier l’échéance électorale; il y aura donc des cadeaux pour tout le monde; c’est la méthode la plus connue pour ramasser des votes.

    D’abord le coup de machette rouillée qui ouvre une plaie béante, et ensuite – à l’approche d’un prochain scrutin – la-vache-qui-rit vient donner un bon coup de langue su’l’bobo et voilà, c’est fini.

    Ils vont analyser tout ça, cibler les comtés « prenables » et saupoudrer les dollars fédéraux dans les environs.

    Pour le Québec, ça va pas saupoudrer bien fort. M’est avis, en effet, que Sa Royale Moumoute s’attend déjà à ce que son troupeau québécois soit décimé en 2015,

    Du moins, si j’en juge par la diarrhée dont souffrent le Radis patronneux de Mégantic et Le bel dindon du Lac, qui ne se bouge pas l’arrière-train quand il a le devoir d’agir (Aveos, l’aérodrome de Dauville…).

    = = =

    Cela dit, notre Rabbin des Bois – qui redistribue aux bien nantis ce qu’il vient chercher au fond de la gorge des démunis – sait flairer le vent et faire flèche de tout bois (!!!).

    Les Canadiens ont vu ce qui se passe avec la Grèce, et avec la décote qui affecte le crédit de nombreux autres pays d’Europe dont l’endettement per capita est parfois le triple de ce qu’il est ici. Alors Sa Royale Moumoute brandit le sabre et coupe, même si les coupures sont excessives et même si les économistes ont bien tenté de lui faire entendre raison.

    Il ne gouverne ni en fonction des besoins réels ni en fonction des conseils qui lui sont prodigués: il gouverne en fonction du dogme. Il gouverne comme s’il souhaitait que le Canada obtienne la cote Quintuple A, qu’il faudra inventer pour lui.

    Gouverner, dit-on, c’est choisir. Mais faire systématiquement le pire des choix offerts, je n’appelle pas ça GOUVERNER. J’appelle ça DÉMOLIR.

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  4. 31 mars 2012 10 h 01 min

    Darwin

    Les agences de cotations menaçaient Harper en février. On parlait alors de 8 milliards de coupes.

    J’ai compris qu’on atteint avec ce budget 5 milliards de coupes mais par an.

    Le 8 milliards, crois-tu que c’était par an ?

    http://blogues.radio-canada.ca/geraldfillion/2012/02/14/ottawa-va-t-il-ralentir-leconomie/

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  5. 31 mars 2012 10 h 46 min

    @ Papitibi

    «il y aura donc des cadeaux pour tout le monde»

    Il a déjà annoncé ce qu’il ferait lors de la dernière campagne électorale lorsque le déficit serait éliminé, diminuer les impôts, entre autres en permettant aux familles de fractionner leurs revenus (par exemple si une personne fait 150 000 $ par an et son conjoint 0, cette famille pourrait diviser son revenu total en deux tranches de 75 000 $ et éviter les paliers supérieurs d’imposition. Cela avantagerait bien sûr les plus riches! Il a aussi parlé de faire doubler de 5 000 $ à 10 000 $ l’argent qu’un contribuable peut déposer dans un CELI, autre mesure taillée sur mesure pour les plus riches!

    @ Kaoval

    «J’ai compris qu’on atteint avec ce budget 5 milliards de coupes mais par an.»

    Le total des compressions atteindra de fait 5,2 milliards $ par an dans trois ans.

    «Le 8 milliards, crois-tu que c’était par an ?»

    Ce 8 milliards était le maximum si les compressions atteignaient 10 %, dans la fourchette de 5 % à 10 % mentionnée par Fillion. Elle fut plutôt de 6,9 %, moins que le 8,75 % de la rumeur (fuite calculée de toute évidence pour faire avaler plus facilement la coupe réelle), mais plus que le taux mentionné en campagne électorale (5 %).

    Mais, le calcul de 8 milliards reposait sur un total de 80 milliards de dépenses. Ce total est en fait de 75 milliards $. Voir le tableau à http://www.radio-canada.ca/nouvelles/budget/federal2012/les_faits_saillants/compressions.shtml. 6,9 % de 75 milliards donne de fait 5,2 milliards.

    «On coupe pour 5.2 milliards ou pour 7 milliard, c’est confus, le montant total des coupures diffère selon les articles!!!»

    Le 7 était la rumeur (fuite calculée) dont je parlais plus haut (7/80 = 8,75 %). L’article date d’avant le dépôt du budget. Le 5,2 milliards est la compression contenue dans le budget. Cet article a été écrit après le dépôt du budget.

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  6. 31 mars 2012 11 h 05 min

    Merci, j’avais mal vérifié les dates!

    Au sujet du chômage, on disait à la radio qu’on allait les surveiller plus étroitement pour voir si ils sont vraiment en recherche de travail….un peu de répression je crois ici.

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  7. 31 mars 2012 11 h 20 min

    @ Koval

    «on disait à la radio qu’on allait les surveiller plus étroitement pour voir si ils sont vraiment en recherche de travail»

    C’est à ça que je pensais (et à une autre mesure) quand j’ai écrit «Même les changements apportés à l’assurance-emploi et au Programme des travailleurs étrangers temporaires visent à mieux correspondre aux besoins des entreprises.». Sauf, que le budget ne précise pas le changement qui sera apporté à la loi ou aux règlements. Ce sera sur la notion de disponibilité ou sur celle d’emploi convenable. À suivre!

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  8. 31 mars 2012 11 h 29 min

    Petite précision…

    «diminuer les impôts, entre autres en permettant aux familles de fractionner leurs revenus»

    Je viens de lire que ce fractionnement serait réservé aux familles avec enfants de moins de 18 ans. Cela dit, il demeure que cette mesure avantagera plus les familles riches. Elle pourrait même inciter des femmes à demeurer à la maison…

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  9. 31 mars 2012 12 h 53 min

    Bon article dans le Devoir sur le recentrage des activités de recherche du Conseil national de recherches sur les travaux «qui aident les entreprises canadiennes à mettre au point des produits et des services innovateurs.»

    «C’est quand même des chercheurs gouvernementaux, rappelle le professeur à l’UQAM. Ou bien on ferme les centres de recherche et les industries se paieront des scientifiques pour leur recherche et développement…»

    Il y a des risques à négliger la recherche fondamentale
    «Si on va trop loin, on prendra du retard» par rapport à l’Europe et aux États-Unis estiment les scientifiques

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  10. 31 mars 2012 17 h 49 min

    @Darwin
    « Ce sera sur la notion de disponibilité ou sur celle d’emploi convenable. »

    Sur la question de la disponibilité, il me semble que ça serait difficile à « améliorer ». Mais la notion d »emploi » convenable laisse plus de latitude au gouvernement.

    Ce qui peut arriver, par contre, c’est des directives plus strictes aux agents qui rendent des décisions.

    La disponibilité, c’est d’abord une question de fait. J’ai déjà plaidé (et le Conseil arbitral m’a donné raison) qu’une femme qui part pour deux semaines dans le temps des Fêtes demeure disponible au sens de la Loi, selon les circonstances.

    La madame avait postulé un emploi qu’elle n’obtiendrait qu’après être passée par un Comité de sélection. Elle avait vérifié: aucune convocation ne sera faite par téléphone entre le 22 décembre et le 6 janvier, disons. A;ors entre ces deux dates, il lui était pas utile de demeurer à la maison pour attendre une convocation à une entrevue. Elle avait gagné une autre semaine de « congé » devant le Conseil arbitral en affirmant que une fois les téléphonistes de retour, elle pouvait être rejointe 24h/jour sur son cellulaire et pouvait se présenter à l’entrevue à moins de 24 heures d’avis.

    = = =

    Au sujet du caractère convenable de l’emploi disponible, là, ça pourrait faire mal. Actuellement, un PhD n’est pas tenu d’accepter un job de veilleur de nuit, pas plus qu’on ne saurait reprocher à un autre de refuser un job de manutentionnaire de colis de 30 kg s’il a le dos barré (certificat médical à l’appui). Emplois non convenables, eu égard à la formation et à l’expérience de travail.

    Mais qui sait? Cette restriction pourrait tomber…
    Comme pourrait être aboli le droit d’un chômeur de refuser un emploi en Alberta quand ses enfants vont à l’école au Nouveau Brunswick et quand sa conjointe y a un emploi de policière.

    = = =

    Une coupure qui me fait vomir, c’est l’abolition du programme Katimavik, mis sur pied par feu l’écrivain et sénateur libéral Jacques Hébert. Une grosse économie de 15M par année. J’ai une nièce qui a participé; sa famille et elle-même avaient vraiment bénéficié du programme. Des Québécois de Québec; sont tous devenus bilingues et ma nièce vit aujourd’hui en Oregon, après avoir étudié… en Angleterre. Une fille de L’Ange-Gardien, qui n’avait jamais entendu un mot d’anglais!

    Mais Jacques Hébert, c’est l’ère Trudeau, c’était un ami deTrudeau, et c’est donc un programme de socialisse qui a été aboli.

    J’imagine que les responsables de cette décision n’ont jamais parlé à un seul participant.

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  11. 31 mars 2012 18 h 16 min

    @ Papitibi

    «La disponibilité, c’est d’abord une question de fait.»

    Bien d’accord. Je disais d’ailleurs à quelqu’un que les vacances ne sont pas interdites comme telles, par exemple lors de la fermeture des chantiers, tant que, comme vous le dites, la personne peut être rejointe (ou prend des moyens pour l’être) et peut revenir dans un délai raisonnable. Par contre un règlement pourrait encadrer plus fortement les cas de ce genre. Mais, je suis d’accord, ces mesures ne pourraient pas avoir un grand impact. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai mentionné la notion d’emploi convenable, plus porteuse pour atteindre l’objectif mentionné dans le budget.

    «Actuellement, un PhD n’est pas tenu d’accepter un job de veilleur de nuit»

    Pas sûr de ça, tout dépend des caractéristiques de l’emploi qui lui a permis d’établir sa période de prestations et le temps écoulé depuis qu’il touche des prestations. Pour les emplois où le prestataire a des ennuis documentés de santé, je crois que ce serait difficile d’intervenir, même par réglementation.

    Je pensais entre autres à la jurisprudence qui permet de refuser un emploi dont le salaire est moindre que celui de l’emploi qui a permis d’établir la période de prestations. Actuellement, le prestataire doit diminuer ses exigences (de 5 % par semaine après un mois, si ma mémoire est bonne). Un réglement pourrait accélérer cette diminution.

    Chose certaine, ce sont les gens les moins bien payés qui risquent de subir les frais de telles mesures, et ce sont les employeurs qui en profiteraient!

    «c’est des directives plus strictes aux agents qui rendent des décisions.»

    Des directives de ce type ont déjà été renversées par la Cour Suprême. Mais, je me souviens d’une de ces directives renversées (fin de conflit de travail = 85 % des employés de retour au travail) qui a été réintroduite par réglementation! J’ai déjà gagné une cause avec le retour d’un seul employé (c’était le cas limite auquel j’avais pensé après la décision de la Cour Suprême et j’ai eu un cas du genre!)! Mais, aujourd’hui, ça ne serait plus possible…

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  12. 31 mars 2012 18 h 32 min

    @ Papitibi

    En plus, une des mesures décrites dans le budget semble vouloir dire qu’un employeur devrait rencontrer des prestataires avant de pouvoir faire venir un travailleur étranger temporaire. Il ne serait pas étonnant qu’on complète cette obligation faite à l’employeur par une obligation aux prestataires de rencontrer cet employeur. Mais, pour cela, il faudrait que cet emploi soit convenable pour ces prestataires. On revient donc à une modification du concept d’«emploi convenable»…

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  13. Richard Langelier permalink
    1 avril 2012 0 h 19 min

    J’ai d’abord été soulagé par le fait que le budget ne m’empêcherait pas de toucher ma sécurité de la vieillesse l’an prochain, plutôt que « le gros BS ». Que ceux qui sont sans péché d’égoïsme me lancent la première pierre ! Après quelques secondes, j’ai repensé à « la passe » : « il y aura dynamisme du marché du travail, pour reprendre l’expression de Sam Hamad, avec la retraite des boomers , les pauvres employeurs devront accorder de meilleures conditions de travail, il y aura moins de travailleurs pour financer la retraite». Il y a un petit oubli : chaque travailleur est plus productif qu’il y a 40 ans [1].

    De prime abord, j’ai considéré que le budget Flaherty ne péchait que par omission : aucune amélioration des programmes sociaux, pour les logements sociaux, pour les transferts aux provinces pour la santé, l’éducation postsecondaire et l’aide sociale. Les informations de Papitibi et Darwin au sujet de l’assurance-emploi sont inquiétantes. Les réformes des gouvernements Mulroney, puis Chrétien donnaient déjà le beau jeu aux employeurs. Là???

    René Passet a raison : la raison économique qui nous gouverne existe depuis une fraction infime dans l’histoire de l’humanité. La révolution culturelle des ministres Bachand et Flaherty pousse cette fraction à son acmé. Je ne suis pas Jojo Savard, alors je ne fais pas de prédictions. Les 200 000 manifestants, la manif pour les lock-outés de Rio Tanto donnent de l’espoir, mais la ministre Beauchamp qui entend la majorité silencieuse me porte à croire qu’il faut ajouter quelques décimales à cette fraction infime.

    [1] Bien sûr, si on est sensible aux problèmes écologiques, il faut s’interroger sur ce concept de productivité, mais je considère qu’il y aura suffisamment de richesses, pour assurer une retraite relativement confortable aux personnes de 65 ans ou plus. Si l’idéal de société est le fameux Liberté 55, réussir sa vie étant posséder une résidence au sommet du mont Sutton avec BMW, il est sûr que la société ne sera jamais assez productive. Je ne veux pas imposer un PC aux disciples de la Pomme, ma conception du luxe étant un vélo avec bon roulement. Je suis désolé, Darwin, de vous dire des platitudes sur ce sujet.

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  14. 1 avril 2012 1 h 06 min

    @ Richard

    «J’ai d’abord été soulagé par le fait que le budget ne m’empêcherait pas de toucher ma sécurité de la vieillesse l’an prochain,»

    J’ai d’ailleurs pensé à vous tout au long de ce débat. N’ayez surtout pas honte d’avoir pensé à vous.

    «Je suis désolé, Darwin, de vous dire des platitudes sur ce sujet.»

    Oh, vous savez bien que je n’ai pas de résidence secondaire, encore moins sur le Mont Sutton, ni de BMW, en fait même pas d’auto, alors…

    Et vous seriez surpris (?) du peu d’importance que j’accorde aux possessions matérielles. Vous pourriez ajouter que c’est peut-être parce que je n’ai pas à m’en passer, et là, vous n’auriez pas complètement tort, ni complètement raison…

    «Les réformes des gouvernements Mulroney, puis Chrétien donnaient déjà le beau jeu aux employeurs. Là???»

    Même avant ces réformes, les employeurs ont toujours eu une arme très forte dans la conception de ce programme : ils émettent le relevé d’emploi et déterminent le motif du départ (sans parler du montant des sommes reçues en emploi et au départ). On peut bien contester ce motif (et ces sommes), mais l’employeur a tout de même toujours eu un pouvoir exorbitant dans l’administration de ce programme.

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  15. Richard Langelier permalink
    1 avril 2012 2 h 23 min

    Darwin, vous allez m’obliger à me coucher tard. Comme je ne suis pas bilingue, je ne saurais dire si le titre Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations est une traduction juste de An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations (pour Amartya Sen, « le plus grand livre jamais écrit sur la vie économique ») http://fr.wikipedia.org/wiki/Recherches_sur_la_nature_et_les_causes_de_la_richesse_des_nations .

    Je voulais seulement indiquer que ces pubs de liberté 55 et de club Med qui passaient à la télé, toute le soirée, signifiaient, soit des rendements supérieurs à la moyenne obtenus par spéculation, soit une croissance économique exponentielle que la planète ne pourrait pas supporter. L’auteur hégélo-freudo-marxien, Herbert Marcuse, admettait qu’il n’existe pas de tribunal pouvant trancher entre les vrais et les faux besoins. Je pourrais avoir ma résidence secondaire dans tous les Hilton de la Terre, mais être malheureux, parce que j’aurais voulu être un artiste pour pouvoir être un anarchiste et vivre comme un millionnaire. Mais qu’est-ce que tu veux, mon gars, dans la vie, on fait ce que l’on peut, pas ce que l’on veut!

    Je suis d’accord avec le principe du taux de 70% de remplacement du revenu à la retraite. Jusqu’à 100 000$, 125 000$ ? Je ne vous apprends rien, en vous disant que le budget Flaherty pose le problème en commençant par les plus pauvres de la société. Pas fort, pas fort!

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  16. 1 avril 2012 10 h 01 min

    @ Richard

    Désolé pour votre sommeil.

    Croyez-vous que si Luc Plamondon ou un de ses sbires lit votre commentaire, il s’empressera de demander des dédommagements pour plagiat? Lui, c’est drôle, mais je ne crois pas qu’il aura d’ennuis monétaires à sa retraite (que je souhaite la plus rapprochée possible!).

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  17. 1 avril 2012 16 h 12 min

    Voici mes réflexions sur le budget…

    Flaherty 2012: le budget du mensonge

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  18. 1 avril 2012 16 h 57 min

    C’est lu et commenté!

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  19. 1 avril 2012 23 h 21 min

    TLMEP devient très décourageant depuis en bout, maintenant ils invitent Tasha Kheiriddin pour faire la promotion des politiques budgetaires des conservateurs et que Guy A. Lepage interview avec ses cartons… sans déroger de ses cartons!

    Si au moins il y avait un invité pour faire contre poids…
    A oui, ça reposait sur Richard Martineau!!!

    L’on est rendu bien bas.

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  20. 1 avril 2012 23 h 56 min

    J’ai lâché quand elle a commencé à parler de la peine de mort…

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  21. benton65 permalink
    2 avril 2012 0 h 01 min

    Éventuellement, dans le monde de Mme Kheiriddin, les exécutions seront privatisées et bénéficierons… du tarif « L »!

    Comme le disait un reportage, l’avenir est dans les firmes de sécurité et la construction de murs et de clôtures….

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  22. 2 avril 2012 0 h 05 min

    @ Benton

    Bien dit!

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  23. 2 avril 2012 6 h 30 min

    Moi aussi je deviens fâchée de voir ça! Guy-A n’a pas les connaissances ou les couilles qu’il faut. T’invites le clown de la semaine pour lui laisser faire sa propagande…..pas étonnant qu’on laisse Leboeuf faire ses pubs de purs noisetiers!

    Guy-A est, comme tu dis, tellement collé sur ses cartons qu’il ne sourcille même pas quand l’idiote nous dit qu’on est les BS du Canada et que les coupure à R-C sont des coupes brillantes!

    On s’enfonce!

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  24. 2 avril 2012 8 h 33 min

    @ Koval

    «il ne sourcille même pas quand l’idiote nous dit qu’on est les BS du Canada »

    Elle ne connaît rien de rien du fonctionnement de la péréquation. Le pire est quand elle a dit que l’Ontario est rendu bénéficiaire de la péréquation. L’Ontario reçoit cette année un peu plus de 3 milliards de la péréquation, mais, par le système fiscal, en finance environ 5,6 milliards $ ! Elle est donc encore contributrice nette!

    Le problème, c’est que Guy A ne lit pas mes billets! 😉

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  25. benton65 permalink
    2 avril 2012 18 h 47 min

    Je commence a croire que Radio-Canada a tellement peur d’Harper qu’ils lui font les yeux doux!

    Face à un dogmatisme, c’est de la pure perte de lui faire des yeux doux…. R-C sera bientôt un organisme public vantant la droite!

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  26. 2 avril 2012 22 h 05 min

    Je vais attendre un peu de voir comment cette situation évolue avant de conclure…

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