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Les inégalités et la polarisation des partis politiques

24 avril 2012

Tiré d’un livre à plusieurs auteurs, The Occupy Handbook, le site Salon (?) a publié récemment la contribution de Paul Krugman et Robin Wells à ce livre, Economy killers: Inequality and GOP ignorance (Les inégalités et l’ignorance des républicains étouffent l’économie). Comme j’ai trouvé ce texte intéressant, je me suis dit que ce serait une bonne idée d’en parler ici.

L’article – introduction

À la sortie de la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis vivaient dans une société beaucoup plus égalitaire que jamais auparavant. Cela a duré 30 ans. Puis, entre 1979 et 2007, le 1 % le plus riche a vu ses revenus réels (après inflation) quadrupler, pendant que les revenus des autres 99 % stagnaient, ce qui a ramené les inégalités à leurs niveaux des années 1920, juste avant la Grande Dépression.

Par un curieux hasard, ce nouveau sommet dans les inégalités fut suivi par la pire crise économique depuis la Grande Dépression. Mais, est-ce une coïncidence?

Bien des économistes croyaient que ce type de crises ne pouvait plus revenir en raison des avancées de la science économique. En 2003, par exemple, Robert Lucas prétendait que le problème de la prévention aux récessions était maintenant solutionné. (note de Darwin : ai-je besoin de préciser que M. Lucas, comme on l’a vu si on a cliqué sur le lien précédent, fut un des chefs de file de l’École de Chicago, haut lieu des théories monétaristes, libertariennes et néolibérales?)

Peut-on s’étonner dans ce contexte que les politiciens se trouvèrent fort dépourvus lorsque la crise fut venue? On a bien sûr trouvé des solutions (même mauvaises) pour sauver le système bancaire, mais pas pour relancer la création d’emplois, craignant plutôt les déficits trop élevés. Krugman et Wells, croient que l’inaction des politiciens s’explique par la polarisation politique actuelle, elle-même due à la hausse des inégalités.

Les liens entre les inégalités et la polarisation politique

Une étude récente montre qu’on peut de nos jours prévoir de façon étonnamment précise comment votera un politicien à une loi ou une mesure donnée en établissant clairement où il se situe dans l’échelle gauche-droite (tiens, tiens…). Cette étude montre également que les politiciens des deux partis (démocrates et républicains) sont de plus en plus éloignés les uns des autres dans cette échelle, bref que la politique est toujours plus polarisée.

Contrairement aux années 1970, où les démocrates conservateurs et les républicains modérés se rejoignaient, même eux se retrouvent de nos jours politiquement très éloignés, comme avant la Grande Dépression. La corrélation entre les inégalités (ou entre la part des revenus détenue par le 1 % le plus riche) et la polarisation politique est, on le voit, très forte.

La meilleure explication du lien entre les inégalités et la polarisation est, qu’en accaparant une part plus grande des revenus et des richesses, les plus riches financent davantage les idées les plus à droite (car elles leur profitent en premier lieu). Pour ce, ils contribuent encore plus aux campagnes électorales des politiciens plus à droite et peuvent même leur promettre des emplois très payants à la fin de leur carrière politique.

C’est dans ce contexte que les républicains ont ouvertement déclaré, en devenant majoritaires à la Chambre des représentants en 2010, vouloir neutraliser toute politique émanant du président Obama, de façon à ce qu’il ne soit pas réélu. S’ajoutant à cette polarisation politique, la présence influente d’économistes néolibéraux prônant la baisse des déficits et annonçant le retour d’une inflation forte si le gouvernement intervenait trop a aussi contribué à l’inaction des politiciens. Krugman et Wells croient que l’appui d’un grand nombre d’économistes à des idées qui n’ont jamais fonctionné comme celle-là s’explique aussi par la hausse des inégalités.

Les liens entre les inégalités et les croyances économiques erronées

Le rôle de la déréglementation du secteur financier dans la dernière crise est bien établi. Même si de nombreuses crises de moindre ampleur ont éclaté au cours des 30 dernières années en raison de la déréglementation, un grand nombre d’économistes la vantent toujours et nient son rôle dans les crises. La hausse des inégalités apparaît directement liée à cette négation.

En effet, une bonne partie de la hausse de revenus des plus riches provient du secteur financier, qui, lorsque tout va bien, profite de la déréglementation. Ces riches la favorisent donc et, grâce à leurs revenus croissants, financent toujours plus les mesures, politiques et théories qui  visant la déréglementation. Et quand cette déréglementation cause une crise, ce sont les citoyens qui absorbent les pertes (privatisation des profits et socialisation des pertes)…

Les inégalités ont aussi joué un rôle dans le rejet des mesures d’interventions de l’État par la droite. On a bien sûr accepté les interventions pour sauver le système financier, mais pas les mesures keynésiennes de relance de l’emploi. Selon Krugman et Wells, les inégalités ont joué un rôle sur ce rejet de deux façons.

Tout d’abord, les dirigeants industriels aiment bien contrôler le monde économique. Il sont par le fait même réticents aux interventions de l’État en matière économique, car ce serait pour eux abdiquer une partie de leur pouvoir sur l’économie. Krugman et Wells avouent avoir hésité à accepter cet argument, mais les tensions croissantes entre le monde des affaires et Obama ont selon eux montré la violence du rejet de toute intervention gouvernementale dans l’économie par les milieux affairistes. Avec la croissance des inégalités, le pouvoir politique de ces milieux a bien sûr gagné en importance.

Ensuite, l’augmentation de la part des revenus et des richesses des plus riches leur a donné une plus grande influence dans les milieux de l’éducation. En sciences économiques, cela s’est traduit par un financement plus élevé et par l’octroi de plus de contrats lucratifs aux institutions universitaires qui rejetaient l’enseignement du keynésianisme. Ne connaissant pas Keynes et lconsidérant même ses travaux comme une hérésie, de nombreux économistes renommés ont répété les mêmes erreurs de conception qui avaient été faites au lendemain de la Grande Dépression, même si des économistes comme Keynes et d’autres ont prouvé depuis trois générations que ces conceptions étaient erronées. Pire, ces conceptions fausses sont encore enseignées après la crise dans bien des universités. Ainsi, Krugman et Wells attribuent en grande partie aux inégalités le fait que les enseignements de Keynes ne fassent plus partie du cursus universitaire en sciences économiques et que la majorité des économistes se retrouvent désarmés devant des crises qui exigent des interventions keynésiennes, comme la crise encore bien trop actuelle.

L’article – conclusion

Les auteurs concluent que le rôle de l’augmentation des inégalités dans la crise peut bien sûr être débattu, même si cette augmentation a probablement joué un rôle majeur, ne serait-ce que par l’encouragement à la déréglementation financière. Ce qui est moins matière à débats, car évident pour eux, est que la hausse des inégalités a eu une influence indéniable sur le manque d’interventions de nature keynésienne après la crise. Ils terminent cet article en affirmant qu’il sera impossible de pouvoir revenir à des politiques macroéconomiques efficaces sans réduire les inégalités.

Et alors…

Ce billet résumant l’article de Krugman et Wells, j’invite bien sûr les intéressés à lire l’original. On y trouve entre autres des exemples concrets des arguments que j’ai retenus dans ce billet.

J’ai trouvé intéressant le lien fait par les auteurs entre les inégalités, la polarisation politique et le recul de la science économique. Notons que les auteurs croient à une causalité bidirectionnelle entre le niveau d’inégalités et les deux autres éléments. Et je partage cette analyse. En effet, comme l’ont montré les auteurs, les inégalités influencent la polarisation politique et le recul de la science économique. De même, il est clair que la polarisation politique et le recul de la science économique accentuent les inégalités, réduisant les interventions possibles de l’État pour les combattre. Un vrai cercle vicieux…

Par ailleurs, je ne peux que déplorer que les travaux d’un homme génial comme Keynes ne soient plus du tout enseignés dans de nombreuses universités. La première fois que j’ai lu une telle chose, j’avais de la difficulté à le croire. Mais c’est là où mène l’idéologie et aussi la marchandisation de l’éducation, un des enjeux du conflit actuel entre le mouvement étudiant et le gouvernement. On en vient à aligner le contenu de l’enseignement sur l’idéologie des bailleurs de fonds.

Le grand mérite de cet article est de montrer un autre type de conséquence déplorable des inégalités. Non seulement elles sont liées négativement à de nombreuses facettes du bien-être, mais influencent directement la politique, favorisant ainsi leur accroissement et leur perpétuation. Il faut s’y attaquer, ça presse!

31 commentaires leave one →
  1. 24 avril 2012 19 h 35 min

    « peuvent même leur promettre des emplois très payants à la fin de leur carrière politique.»

    Pour ceux qui ne seraient pas convaincus :

    CORRUPTION ET COLLUSION

    «Nathalie Normandeau, ex-ministre des Ressources naturelles travaille maintenant comme vice-présidente au développement stratégique pour la firme Raymond Chabot Grant Thornton. Elle occupera dorénavant un poste de haute direction dans une firme très active auprès des sociétés minières et qui a publiquement fait connaître son intérêt dans le Plan Nord.

    Raymond Savoie, ministre libéral des Ressources naturelles, a permis qu’Hydro-Québec se retire de l’exploration et commercialisation du pétrole et gaz naturel et cède ses droits à Gastem, dont il deviendra par la suite président puis actionnaire.

    Pierre Corbeil, ex-ministre libéral des Ressources naturelles, moins de trois mois après avoir quitté son poste a été embauché par la compagnie minière Canadian Royalties, qui exploite un des plus importants gisements du Québec ; revenu au sein du cabinet Charest, il fut nommé ministre responsable du Nord-du-Québec.

    David Whissel était ministre du Travail alors que sa Cie ABC Rive-Nord obtenait de généreux contrats gouvernementaux.»

    Et cet article en nomme bien d’autres!

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  2. 24 avril 2012 19 h 37 min

    C’est rendu que je parle tout seul… Je commence à penser que c’est un message!

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  3. Richard Langelier permalink
    24 avril 2012 19 h 59 min

    @ Darwin

    Il n’y a rien de mal à parler tout seul quand Tean Narrache et quand Tean Amarre. De toute façon, il y a un beau congrès qui nous attend, en fin de semaine. Nous serons dopés par le sondage Crop qui fait remonter Québec solidaire à 8% des intentions de vote et, si le miracle se produit, nous aurons peut-être des chiffres pour faire les débats.

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  4. 24 avril 2012 20 h 07 min

    «Il n’y a rien de mal à parler tout seul quand Tean Narrache et quand Tean Amarre.»

    Ce commentaire montre en fait qu’il y a au moins un récepteur à mon émission! 😉

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  5. Richard Langelier permalink
    24 avril 2012 20 h 41 min

    Oubli : Paul Samuelson et John Hicks qui ont fait une synthèse néo-classique de Keynes seraient sans doute scandalisés d’apprendre que Keynes n’est plus enseigné dans plusieurs universités américaines. François-Albert Angers applaudirait.

    De ce pas, je retourne à la lecture de L’impasse de la globalisation, une histoire sociologique et philosophique du capitalisme. Le livre est une retranscription commentée d’entretiens que Michel Freitag a accordés à la Radio suisse romande. Le hic, c’est que lui fait la différence entre le propriétaire de capitaux du 19e siècle fumant le gros cigare et l’entreprise financière manipulant des milliards et des milliards à la bourse, 24 heures par jour.

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  6. 24 avril 2012 20 h 59 min

    «Le hic, c’est que lui fait la différence entre le propriétaire de capitaux du 19e siècle fumant le gros cigare et l’entreprise financière manipulant des milliards et des milliards à la bourse, 24 heures par jour.»

    Qui ne la fait pas?

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  7. Richard Langelier permalink
    24 avril 2012 22 h 14 min

    « Qui ne la fait pas? »

    J’ai entendu à plusieurs reprises Chossudovski clôturer des congrès du Rassemblement pour l’alternative politique. Il m’a toujours semblé qu’il disait ce que tout le monde savait sur le manque de transparence des organismes comme l’OMC et qu’il recyclait à peine du Lénine, comme si nos programmes sociaux financés par capitalisation n’existaient pas. À l’opposé, j’ai baigné dans le structuro-marxisme uqamien des années 70, où il n’y avait que des structures structurantes. J’ai applaudi lors des assemblées étudiantes lorsque quelqu’un scandait : « cé l’système qu’il faut changer! ».

    Je cherche, je cherche. Si j’avais été en France, aurais-je voté pour Hollande, Melanchon ou Philippe Poutou pour vraiment être à la gauche de la gauche? Est-ce que Québec solidaire devrait intégrer la semaine de 32 heures dans sa proposition sur la hausse du salaire minimum lors de la prochaine campagne électorale ? Qu’est-ce qui peut être changé dans l’îlot québécois (provincial ou souverain) ?

    Je sais que lorsque je touche à l’action, je prends ça trop au sérieux. Alors j’écoute http://www.gerryboulet.qc.ca/textes/chantdeladouleur.html , paroles de Denise Boucher, musique de Gerry Boulet.

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  8. 24 avril 2012 23 h 30 min

    «comme si nos programmes sociaux financés par capitalisation n’existaient pas»

    Si tu parles de la RRQ et de la CSST, je ne crois pas que l’équivalent en France soit capitalisé… C’est toutefois à vérifier.

    «Si j’avais été en France, aurais-je voté pour Hollande, Melanchon ou Philippe Poutou pour vraiment être à la gauche de la gauche?»

    Moi, j’aurais voté Melanchon, ne serait-ce parce que Jacques Généreux est le secrétaire national à l’économie du Parti de gauche. En plus, le parti socialiste est un peu comme le PQ, de centre-gauche en parole et au centre-droit au pouvoir. Le programme du Parti de gauche ressemble beaucoup à celui de QS…

    «Est-ce que Québec solidaire devrait intégrer la semaine de 32 heures dans sa proposition sur la hausse du salaire minimum lors de la prochaine campagne électorale ? »

    Si tu penses pouvoir entendre, tu pourrais assister à la prochaine formation de QS, elle porte justement sur ce sujet. J’y serai probablement.

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  9. Richard Langelier permalink
    25 avril 2012 0 h 38 min

    La fameuse SÉCU en France, j’ai essayé de la comprendre, mais je n’ai pas réussi. J’ai saisi que pour l’équivalent de l’assurance-emploi, chaque branche d’industrie a ses règles de cotisation et de taux de remplacement du revenu. Pour la retraite???
    Je sais que Marc Bonhomme a repris du Nouveau parti anti-capitaliste l’idée que la retraite soit payée par l’impôt. Éric Pineault, lors d’une causerie à l’Université populaire, au Bar populaire a affirmé aussi que la retraite devrait être payée par la génération qui travaille. Je ne compare pas Éric Pineault à Marc Bonhomme, tant s’en faut. Comment faire la transition, sur combien d’années? Chose certaine, ce ne peut être modifié par le gouvernement de la province de Québec.

    Je suis évidemment d’accord avec la réduction du temps de travail. La question est délicate dans le cas des petites entreprises. Si on passe de 40 à 35 heures, en principe, une entreprise de 7 employés embauchera 1 autre employé. Entre 7 et 14 ??? J’irai sans doute à cette « formation » lundi. Je parlais tout simplement de mon ambivalence à aborder ce sujet dans la prochaine plate-forme électorale de Québec solidaire.

    Si j’avais été électeur en Alberta, j’aurais peut-être voté pour le parti conservateur, par crainte du Wildrose. Ah! Notre merveilleux mode de scrutin!

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  10. 25 avril 2012 0 h 46 min

    «Je ne compare pas Éric Pineault à Marc Bonhomme,»

    Fiou!

    «Je parlais tout simplement de mon ambivalence à aborder ce sujet dans la prochaine plate-forme électorale de Québec solidaire.»

    On verra! 😉

    «Si j’avais été électeur en Alberta, j’aurais peut-être voté pour le parti conservateur, par crainte du Wildrose.»

    Je suis en effet bien content de ne pas avoir eu à faire ce genre de choix!

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  11. Dany permalink
    26 avril 2012 16 h 59 min

    Je suis étudiant en actuariat et je confirme que les programmes français ne sont pas capitalisés. Peut-être qu’il y en a, mais il me semble que l’écrasante proportion ne l’est pas.

    Concernant Mélenchon, il me semble que ses positions sur la Syrie et la Libye l’ont complètement discrédité. J’invite tous ceux qui ne connaissent pas Jean Bricmont (libertaire belge) à écouter les conférences et interviews de ce dernier sur youtube et dailymotion à ce sujet. Je me fais, personnellement, une bonne idée du candidat à la lumière de ses positions internationales. Le Front National était, paradoxalement, le plus crédible sur ces questions.

    J’attends vos roches … héhé

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  12. Richard Langelier permalink
    26 avril 2012 17 h 06 min

    @ Dany

    Voulez-vous dire qu’en France, aucun régime de retraite n’est capitalisé ?

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  13. Dany permalink
    26 avril 2012 17 h 22 min

    Je ne suis pas spécialiste des régimes de retraite français, cependant, j’ai déjà lu qu’ils ne sont pas capitalisés au même niveau que la RRQ au Québec. Je ne connais pas leurs mécanismes de financement exactement, mais je suis à peu près certain qu’on est loin d’une capitalisation à 100% à la caisse de dépôt … à moins qu’un changement ait été opéré dernièrement.

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  14. 26 avril 2012 17 h 53 min

    @ Dany

    «je confirme que les programmes français ne sont pas capitalisés»

    Merci! J’ai lu souvent des choses à ce sujet, ici par exemple, lien dont je m’étais servi dans ce billet : Diminuer les prestations de retraite : inévitable?. On peut y lire :

    «Dans la majorité des pays, le système public de pensions utilise les cotisations des employés et des employeurs pour financer les paiements courants aux retraités», précise M. Pinsonneault.»

    J’y montrais un graphique où on peut voir que les régimes de pension français leur coûte environ 13 % du PIB, tandis qu’ils ne coûtent que 5 % du PIB au Canada. Ils ont beau être meilleurs et les Français être plus vieux, il fallait qu’il y ait une autre explication! Et la non capitalisation expliquerait la différence.

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  15. 26 avril 2012 18 h 04 min

    @ Dany

    «Concernant Mélenchon, il me semble que ses positions sur la Syrie et la Libye l’ont complètement discrédité.»

    Je dois avouer que je ne les connais pas… mais je me doute par le contexte qu’il doit attaquer les méchants impérialistes… Quand je parlais de politiques semblables à cells de QS, je parlais de politiques socio-économiques surtout.

    « J’invite tous ceux qui ne connaissent pas Jean Bricmont »

    J’ai lu un livre de lui, Impostures intellectuelles, bien sûr!

    «Le Front National était, paradoxalement, le plus crédible sur ces questions.»

    Hum… Et quelle était sa position?

    «J’attends vos roches …»

    Nous ne sommes pas des casseurs! 😉

    « je suis à peu près certain qu’on est loin d’une capitalisation à 100% à la caisse de dépôt»

    Pas pour l’instant, mais avec les hausses prévues des cotisations (de 9,9 % à 10,8 %), on est supposé y revenir.

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  16. Dany permalink
    26 avril 2012 18 h 36 min

    @ Darwin

    Je suis contre toute intervention militaire pour des raisons dites humanitaires. Même si certaines pouvaient être justifiées dans quelques cas très rares, je pense que la quasi-totalité des interventions sont faites dans un cadre impérialiste. À ce sujet, Mélenchon proposait de sauver le printemps arabe en intervenant. C’est pour moi une idiotie. Marine Le Pen voulait plutôt respecter le droit international, bizarrement. En outre, que ce soit pour évangéliser, apporter la démocratie, soutenir la révolution, défendre les femmes, je pense que l’idée même est vicieuse et qu’un candidat défendant une intervention pour quelque raison que ce soit, n’est pas de gauche sur ce plan. De plus, Mélenchon a également défendu l’occupation chinoise au Tibet parce que, le gouvernement tibétain était une théocratie féodale. C’est vrai. Cependant, les Chinois ont opéré un génocide culturel au Tibet. Nous, Québécois, sommes peut-être plus sensibles à l’assimilation. Mélenchon n’avait pas l’air de s’en soucier. C’est pourquoi il m’a extrêmement déçu même si sur d’autres sujets, je le trouvais très intéressant.

    Concernant la RRQ, on s’est mal compris. En effet, la RRQ est sous-capitalisée (et le taux d’équilibre n’est pas encore atteint même avec la dernière hausse) mais je parlais de la capitalisation française qui ne s’opère pas sur le même mode que la RRQ qui, elle, contrairement au modèle français, verse l’ensemble de ses revenus à la Caisse de dépôt. La France n’a pas, il me semble, de mécanisme de capitalisation semblable.

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  17. 26 avril 2012 19 h 20 min

    @ Dany

    «Je suis contre toute intervention militaire pour des raisons dites humanitaires. »

    Moi, je suis divisé, pour ne pas dire déchiré, sur cette question… Il peut être tout aussi humanitaire d’intervenir. Malheureusement, les interventions sont rarement basées sur ce principe, comme vous le dites.

    «un candidat défendant une intervention pour quelque raison que ce soit, n’est pas de gauche sur ce plan»

    Je ne suis pas d’accord. Je trouve ce jugement trop manichéen. Pourtant, plus haut dans vous commentaire, vous dites «Même si certaines pouvaient être justifiées dans quelques cas très rares,». En écrivant ça, vous acceptiez qui puisse être possible que des raisons justifient une intervention et là, vous les rejetez «pour quelque raison que ce soit». Je partage votre première partie de commentaire, pas la deuxième. Mais, bon, ce n’est pas grave!

    «De plus, Mélenchon a également défendu l’occupation chinoise au Tibet parce que, le gouvernement tibétain était une théocratie féodale. »

    Dommage que ma collègue de blogue, Koval, ne soit pas en mesure de lire ça, cela ferait un échange intéressant! Voir
    Pourquoi je n’ai pas en odeur de sainteté ce Tenzin Gyatso

    Pourquoi je n’ai pas en odeur de sainteté ce Tenzin Gyatso

    «Concernant la RRQ, on s’est mal compris.»

    Je dois avouer que je n’étais pas sûr du sens de votre commentaire… Je ne savais plus si vous parliez de la France ou du Québec. Probablement qu’il manquait un «comme» dans « on est loin d’une capitalisation à 100% à la caisse de dépôt» entre «on est loin d’une capitalisation à 100%» et «à la caisse de dépôt». Mais comme je savais que la Caisse n’est pas non plus à 100 %, je ne comprenais plus…

    «le taux d’équilibre n’est pas encore atteint même avec la dernière hausse»

    Là encore, je regrette l’absence de Koval! Ce sujet aussi est un de ses dadas, surtout à l’encontre des droitistes qui prévoient l’épuisement de la Caisse de dépôt. Un échange entre un actuaire avec une mathématicienne, ça serait intéressant!

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  18. Dany permalink
    26 avril 2012 19 h 32 min

    Concernant les relations internationales, j’avoue me radicaliser avec le temps. J’étais partisan de certaines interventions jadis mais je me rends compte qu’il est difficile d’en trouver certaines qui ont eu un impact favorable. Et pour être clair, ce que je voulais dire, c’est que même si une intervention devait être nécessaire, je préfère qu’il n’y en ait aucune puisque globalement, c’est une catastrophe. Devons-nous vraiment laisser le soin aux dirigeants occidentaux d’identifier les causes justes? Je ne leur fais pas confiance. L’intervention humanitaire est à sens unique, des états forts vers les états faibles. Je vous réfère à Bricmont!
    Et concernant la Chine, je ne veux pas me répéter, mais suis conscient que l’état tibétain était une des pires dictatures imaginables. Cependant, la Chine assimile la culture tibétaine et en tant que Québécois, je comprends parfaitement leur frustration.

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  19. 26 avril 2012 19 h 50 min

    @ Dany

    «Je ne leur fais pas confiance.»

    Et moi non plus! On apprend souvent avec les années que leurs motifs supposément humanitaires n’étaient qu’une façon de contrôler et de s’approprier.

    «Cependant, la Chine assimile la culture tibétaine et en tant que Québécois, je comprends parfaitement leur frustration.»

    Même sans notre sensibilité québécoise, toute assimilation devrait nous révulser…

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  20. 2 novembre 2012 0 h 24 min

    @Darwin

    Croyez-vous que les inégalités sont inévitablement liés à la pauvreté?

    Il m’arrive souvent d’entendre les Thatcher, Blair, Antagoniste et autres dirent que l’important n’est pas l’écart séparant les pauvres des riches mais bien l’accroissement de la richesse des pauvres. Autrement dit, ce qui compte, ce n’est pas la manière dont le gâteau est redistribué mais bien la taille du gâteau.

    Il est vrai que certains pays ont su faire accroître les revenus des classes sociales les plus désavantagées tout en faisant accroître du même coup leur coefficient de Gini. Cependant, il me semble, et corrigez-moi si je me trompe, que sur une planète possédant des ressources limitées, il est mathématiquement impossible de faire croître simultanément le pouvoir d’achat de toutes les classes sociales tout en laissant l’une d’entre elle s’en accaparer le plus grand.

    Si j’ai 20 pommes sur ma planète et que j’ai 10 personnes à nourrir, je ne peux soustraire de l’équation le fait que ma planète ne peut me fournir que 20 pommes, peu importe le savoir technologique que viendrait à développer ses habitants. Je peux bien les baratiner avec la fameuse création de richesse, je n’aurais toujours que les ressources actuellement disponibles à leur remettre. Techniquement, la taille du gâteau à l’échelle planétaire ne peut pas croître plus que la planète ne le permet.

    Il est sûr que la croissance tel qu’alimentée par l’innovation et le savoir technologique peut me permettre de mieux allouer mes ressources mais même l’innovation ne peut éventuellement combler l’absence de ressource.

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  21. 2 novembre 2012 0 h 41 min

    @pseudovirtuose

    N’empêche que plus les pommes sont rares, plus leurs valeurs augmentent!

    La riches, c’est relatif….

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  22. 2 novembre 2012 1 h 23 min

    @Benton

    « N’empêche que plus les pommes sont rares, plus leurs valeurs augmentent! »

    Certes, si je consomme 10 de mes 20 pommes, la rareté accrue des pommes restantes aux yeux de l’humain leur procurera une plus grande valeur marchande. Cependant, en consommant ces 10 pommes, je ne les ai pas « détruites » mais bien seulement « transformées ».

    C’est là où je souhaitais en venir : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

    Or, la quantité de ressources reste ainsi toujours la même, peu importe la forme qu’elle prend. Comment peut-on alors prétendre que si la classe la plus riche augmente son pouvoir d’achat de 20%, cela n’aura aucune répercussion sur le pouvoir d’achat des classes plus faibles? Inévitablement, la quantité de nourriture étant toujours limitée par les ressources de la planète, il me semble mathématiquement impossible d’accroître simultanément le pouvoir d’achat de toutes les classes sociales infiniment. Tôt ou tard, il doit y avoir redistribution…

    « La riches, c’est relatif…. »

    La richesse, en termes de revenus, est relative mais le pouvoir d’achat ne peut se soustraire à un lien très étroit avec la quantité de ressources disponibles sur cette planète. Et cette quantité n’est pas relative; sa limite est définie bien qu’il soit extrêmement difficile de la quantifier adéquatement.

    J’ai l’impression de reprendre le discours de Malthus… Le type a peut-être sous-estimé l’importance de l’innovation dans ses calculs mais l’avenir nous dira s’il avait tout de même partiellement raison.

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  23. 2 novembre 2012 12 h 06 min

    @pseudovirtuose

    Mauvais prémices…

    La richesse n’est qu’un moyen, au final, c’est le pouvoir.

    Lorsqu’il y a déséquilibre grandissant dans la richesse, c’est qu’il y a iniquité et iniquité signifie qu’il y a déséquilibre dans le pouvoir.

    Pour le pouvoir, il n’importe peu qu’il est 20, 1000 ou un million de pommes, (cela implique aussi que l’environnement importe peu) l’important, c’est qui contrôle les pommes!

    Tout est question de pouvoir et la création de richesse n’est que poudre aux yeux…

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  24. 2 novembre 2012 13 h 59 min

    @ pseudovirtuose

    «Croyez-vous que les inégalités sont inévitablement liés à la pauvreté?»

    Désolé, j’ai manqué ce comm ce matin…

    Tout dépend comment on définit la pauvreté.

    « ce qui compte, ce n’est pas la manière dont le gâteau est redistribué mais bien la taille du gâteau.»

    Moins le gâteau est bien distribué, plus le sentiment d’exclusion des plus pauvres est élevé, peu importe sa grosseur. Et mis à part le revenu de survie qui est essentiel, c’est l’exclusion qui est le plus important.

    «Or, la quantité de ressources reste ainsi toujours la même, peu importe la forme qu’elle prend. »

    Tout dépend comment on définit les ressources et la richesse. Les trois quarts du PIB sont formés de services, peu liés aux ressources. Avec une même quantité de ressources, on peut donc créer des niveaux bien différents de services, donc de richesse. Et, si les ressources sont limitées sur Terre, et je ne nierai surtout pas cela, leur niveau d’exploitation peu varier. On peut tout utiliser en 100 ans et ne rien laisser après. Dans le premier cas, les gens seront plus «riches», mais il ne restera rien par après.

    «il est mathématiquement impossible de faire croître simultanément le pouvoir d’achat de toutes les classes sociales tout en laissant l’une d’entre elle s’en accaparer le plus grand.»

    Ce n’est ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux. C’est pourquoi nous sommes nombreux à favoriser l’altercroissance, c’est-à-dire une croissance moins consommatrice de ressources : plus de services aux personnes et moins d’industries de guerre, par exemple.

    «Cependant, en consommant ces 10 pommes, je ne les ai pas « détruites » mais bien seulement « transformées ».»

    consommer : «1.Détruire et dénaturer par l’usage certains objets, comme vin, viande, bois, et toutes sortes de provisions. »

    Bref, consommer veut dire détruire.

    « la quantité de ressources reste ainsi toujours la même»

    Pas l’énergie…

    @ Benton

    «Tout est question de pouvoir et la création de richesse n’est que poudre aux yeux…»

    Je n’irais pas jusque-là. La richesse est bien sûr une source de pouvoir, mais est aussi une espérance de vie plus élevée, les services d’éducation et de santé, etc.

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  25. 2 novembre 2012 15 h 07 min

    @Darwin

    J’aurais dû spécifier « l’iniquité dans la richesse » est source de plus de pouvoir.

    Comme le dirait le maire de Saguenay, l’autre Tremblay:
    « C’est bien beau la richesse, mais l’on ne mangera jamais plus que trois filets mignons par jour! »

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  26. 2 novembre 2012 16 h 22 min

    «l’on ne mangera jamais plus que trois filets mignons par jour! »

    Bien d’accord, la recherche de l’argent par les riches est de plus en plus une recherche de statut social, ou de pouvoir, comme tu dis, et de moins en moins un moyen de s’acheter des biens et services.

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  27. david weber permalink
    2 novembre 2012 18 h 09 min

    @ Darwin

    Je confirme : pas de système de retraite par capitalisation en France et encore moins avec ce nouveau gouvernement… Par contre, Mélenchon n’a jamais été discrédité pour des positions sur la Syrie et la Libye. Je ne sais même pas s’il en a eu…

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  28. 2 novembre 2012 18 h 18 min

    Merci de ces précisions. Je dois avouer que j’ai dû me rappeler les échanges de ce billet pour savoir de quoi vous parliez!

    Mais, vous confirmez pas mal ce que je pensais.

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  29. 2 novembre 2012 22 h 42 min

    « Et mis à part le revenu de survie qui est essentiel, c’est l’exclusion qui est le plus important. »

    Si le pouvoir d’achat d’une classe pauvre est plus élevée dans une société inégalitaire, n’est-ce pas préférable à un pouvoir d’achat moindre pour la même classe dans une société plus égalitaire? Je ne dis pas que les deux sont nécessairement liés mais je cherche une bonne manière de réfuter ce fameux argument libertarien voulant que les pauvres qui s’enrichissent dans une société inégalitaire restent une situation préférable à une société plus égalitaire mais avec des pauvres supposément globalement plus pauvres.

    « c’est-à-dire une croissance moins consommatrice de ressources : plus de services aux personnes »

    Mais n’est-il pas préférable que certaines ressources restent consommées sous forme de produits plutôt qu’affectées aux services? Par exemple, le maïs est peut-être plus efficace lorsqu’il est principalement consommé sous forme de nourriture plutôt que sous forme de carburant afin d’offrir des services (soit le transport) car une utilisation abusive de cette ressource sous forme d’éthanol risque de faire exploser les prix de ce produit comblant pourtant un besoin de base essentiel.

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/08/02/aux-etats-unis-l-utilisation-de-mais-pour-l-ethanol-fait-polemique_1741635_3234.html

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  30. 2 novembre 2012 23 h 32 min

    @pseudovirtuose

    « Si le pouvoir d’achat d’une classe pauvre est plus élevée dans une société inégalitaire, n’est-ce pas préférable à un pouvoir d’achat moindre pour la même classe dans une société plus égalitaire? »

    La logique est que les pauvres ont un meilleur pouvoir d’achat dans une société où ils mangent moins a leur faim, ont peu accès a des soins de santé et donc leurs espérance de vie est moindre!

    Comme disait Alain:
    « La logique mène a tout…. a condition d’en sortir! »

    Le « Si » est bien important puisque si les chiens avaient des scies, il n’y aurait plus de poteau…

    En réalité la logique néolibérale est qu’il y a plus de possibilité d’exploiter son prochain, donc de faire de l’argent, lorsque son prochain a faim!

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  31. 3 novembre 2012 6 h 37 min

    @ pseudovirtuose

    «Si le pouvoir d’achat d’une classe pauvre est plus élevée dans une société inégalitaire, n’est-ce pas préférable à un pouvoir d’achat moindre pour la même classe dans une société plus égalitaire?»

    Ça me prendrai des exemples précis, de pays comparables. J’ai écrit sur un autre billet :

    «Les auteurs de The Spirit Level montrent éloquemment et clairement que, passé un certain niveau de «richesse», telle que mesurée par le PIB (à partir d’environ 25 000 $ ou 30 000 $ par habitant), le niveau du PIB ne joue plus aucun rôle significatif dans le bien-être ou le bonheur d’une société. À partir de ce niveau, c’est le niveau d’égalité d’une société qui devient le principal facteur contribuant au bien-être.»

    La droite et les bonnes nouvelles

    De toute façons, les pays plus égalitaires égalitaires offrent toujours plus de services publics, ce qui a un effet d’enrichissement plus élevé pour les pauvres que pour les riches. Voir :

    https://jeanneemard.wordpress.com/2011/12/12/leffet-des-services-publics-sur-les-inegalites-et-la-pauvrete/ et

    Les services publics et les inégalités

    «le maïs est peut-être plus efficace lorsqu’il est principalement consommé sous forme de nourriture plutôt que sous forme de carburant»

    C’est un autre sujet. Même en essence, c’est un produit, pas un service! Bien sûr que c’est mieux de cultiver le maïs comme aliment que comme source d’énergie, d’autant plus que sa transformation en essence ne génère en fait que très peu d’énergie.

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