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Les stéréotypes et les pseudo-événements

14 Mai 2012

Un stéréotype classique, le Français vu par des États-uniens

Je suis en train de lire L’empire de l’illusion : la mort de la culture et le triomphe du spectacle, de Chris Hedges. Ce billet ne portera pas comme tel sur ce livre, mais bien sur des réflexions découlant de la lecture du premier chapitre.

L’auteur y aborde entre autres deux types d’illusions particulièrement présentes dans le débat sur les droits de scolarité, les stéréotypes et les pseudo-événements.

Les stéréotypes

Citant le livre Public Opinion de Walter Lippman, Hedges nous donne sa vision des stéréotypes (page 71) :

«Pour lui [Lippmann], un «stéréotype» est un modèle, simplifié à l’excès, qui aide à donner un sens au monde. Il donne quelques exemples de stéréotypes réducteurs entretenus à propos de groupes entiers, comme «les Allemands», «les Européens du midi», «les Nègres», «les diplômés de Harvard», «les agitateurs» etc. Les stéréotypes, note-t-il, rassurent par le semblant de cohésion qu’ils donnent au chaos de l’existence et rendent la réalité facile à comprendre. Ils approchent de la propagande, (…), dans la mesure où ils simplifient le réel plutôt que de l’appréhender dans toute sa complexité.»

En lisant cela, me sont apparus de nombreux exemples liés au débat actuel sur les droits de scolarité. Cela m’a bien sûr fait penser au stéréotype de l’étudiantE qui mène la belle vie «buvant de la sangria et parlant au cellulaire», mais surtout, probablement en raison de l’exemple des «agitateurs», à l’utilisation constante et réductrice des expressions «casseurs» et «anarchistes».

Qu’est-ce qu’un «casseur» ou plutôt, qui sont-ils? Des gens qui cherchent uniquement à détruire sans autres objectifs, comme l’utilisation à outrance de cette expression nous le laisse croire? Ne sont-ils pas en fait des jeunes qui privilégient des moyens d’action de perturbation, comme l’ont bien expliqué deux jeunes à Yves Boisvert? Qu’on soit d’accord ou pas avec leurs méthodes (et je ne le suis pas), le moins qu’on peut faire est quand même de reconnaître que leurs actions ne visent pas qu’à s’amuser en faisant éclater des vitrines comme trop de gens le prétendent, dont le ministre Yves Bolduc qui parle de «violence gratuite» à la fin de cet article.

Le même genre de stéréotype est attaché aux anarchistes. Ils veulent le chaos pour le chaos, selon bien des commentateurs. Sans être un expert dans ce domaine, je sais quand même qu’un grand nombre de courants différents sont associés au mouvement anarchiste. Comment peut-on confondre les visions de l’anarchie d’un libertaire comme Normand Baillargeon (voir par exemple ce billet) avec celles d’une promotrice de l’anarchie comme mode de vie comme Anne Archet (dont je ne recommanderai jamais assez aux intéressés ses Notes sur l’anarchie) ou avec celle de l’Union communiste libertaire et des représentantEs de tous les autres courants (Mouton marron, entre autres, pourrait développer en masse sur ce thème…)? Un article récent de Francis Dupuis-Déri, Black Bloc et carré rouge, apporte également un éclairage intéressant sur les liens entre les anarchistes et les mouvements sociaux, dont le mouvement étudiant.

Ces stéréotypes ne correspondent pas seulement aux caractéristiques mentionnées par Hedges et Lippmann (simplifier le réel «plutôt que de l’appréhender dans toute sa complexité»), mais sont aussi utilisés pour discréditer à la fois ces courants et le mouvement étudiant, quand ce n’est pas pour faire la promotion de la délation.

Aussi détestable et nuisible puisse être l’utilisation des stéréotypes, elle serait bien moins importante si elle n’était pas accompagnée de la fabrication de pseudo-événements.

Les pseudo-événements

Toujours à la page 71, Hedges définit ainsi les pseudo-événements; ils sont des :

«(…) mises en scène orchestrées par les agents de relations publiques, les machines politiques, la télévision, Hollywood ou les publicitaires (…). Ils ont la capacité de susciter une puissante réaction émotive qui submerge la réalité en la remplaçant par un récit fictif finissant souvent par être considéré comme vrai.»

Cette lecture m’a fait aussi penser à plusieurs exemples liés au débat sur les droits de scolarité, même s’ils ne correspondent pas parfaitement à cette définition.

Le débat terminologique a été utilisé à plein pour transformer les événements des derniers mois et leur donner une réalité bien différente de celle qu’ils ont vraiment. Le plus important est bien sûr l’assimilation de la grève étudiante à un vulgaire boycott (je dis «vulgaire», même si certains boycotts sont parfaitement honorables…), quand ce n’est pas à une simple activité d’école buissonnière.

On a vu le même manège se répéter en assimilant un simple accord sur la présentation des offres gouvernementales aux étudiantEs à une entente de principe, en insistant sur la grande différence entre une dénonciation et une condamnation, en réussissant presque à assimiler l’association qui représente le plus de grévistes à une organisation extrémiste et radicale avec laquelle il est impossible de discuter, encore moins de négocier, et j’en passe. Pourquoi jouer ainsi sur les mots? Hedges avance une explication à la page 72 de son bouquin :

«Un public qui ne sait plus distinguer l’authenticité de la fiction est condamné à interpréter le réel à travers le filtre de l’illusion. (…) En politique, (…) ceux qui réussissent le mieux sont ceux qui conçoivent les fictions les plus convaincantes.»

Le gouvernement a aussi construit un pseudo-événement en tentant de transformer la plus grande grève étudiante de l’histoire du Québec en un événement somme toute mineur, un boycott qui ne touche «que» le tiers des étudiantEs des établissements postsecondaires du Québec. Environ 170 000 étudiantEs perdront vraisemblablement leur session et la ministre de l’Éducation tente de convaincre la population que ce n’est pas si grave que cela! C’est la même ministre qui niait les résultats d’une étude de son propre ministère qui estimait que la hausse des droits de scolarité entraînerait une baisse de 7000 inscriptions à l’université, car une baisse de 7000 étudiantEs c’était beaucoup trop. Mais 170 000, ce serait pour elle mineur!

Et, elle n’est pas la seule à se servir de la tactique de fabrication de pseudo-événements. La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CRÉPUQ) est aussi passée maîtresse en la matière! La CRÉPUQ, qui demande en effet depuis des années que les droits de scolarité payés au Québec augmentent fortement, a presque réussi à faire gober à la population qu’elle est sous-financée. Non seulement cette affirmation n’a jamais été démontrée, elle se contente de dire qu’il faut que son financement rejoigne la moyenne canadienne, mais elle considère maintenant que ce pseudo-événement est devenu une vérité inattaquable, même si l’Institut de recherche en information socio-économique (IRIS), entre autres, a démontré que cette affirmation n’est pas du tout démontrée! Guy Breton, recteur de l’Université de Montréal et deux de ses collègues affirmaient d’ailleurs récemment sans sourciller :

«Le sous-financement des universités québécoises est documenté et reconnu de tous. Il se chiffre à plus de 600 millions de dollars par année.»

Je suis recteur, je n’ai pas besoin de prouver ce que j’avance et seuls des outrecuidants oseraient me contredire ou même mettre en doute les chiffres que j’avance!

En fait, le pire est que si on ne s’interroge pas sur le rôle des universités et qu’on accepte la vision des universités de la CRÉPUQ sur cette question (former des travailleurs pour les entreprises), il est probablement vrai qu’il serait très difficile de faire réduire suffisamment le budget des universités pour compenser la hausse de 1778$ des droits de scolarité sur 7 ans. C’est justement en contestant la vision de l’université centre commercial qu’on pourrait récupérer des sommes suffisantes. Et ce n’est pas à l’intérieur d’un conseil, provisoire ou permanent, comme celui proposé par le gouvernement, qu’on pourra débattre du rôle des universités, mais bien lors d’états généraux. Mais, bon, je m’éloigne du sujet du billet… J’ai abordé ce sujet (rôle des universités) dans mon billet sur le livre de Normand Baillargeon, Je ne suis pas une PME et y reviendrai sûrement.

Et alors…

L’utilisation de stéréotypes et de pseudo-événements vise donc à créer une illusion permettant au gouvernement et à ses alliés d’atteindre leurs objectifs. Ce type d’illusion détourne la population des véritables enjeux. L’éditorialiste du Devoir, Marie-Andrée Chouinard, n’a-t-elle pas, comme bien d’autres, comparé le gouvernement «sans scrupule» du Québec de Machiavel sans morale en raison de ses tactiques «où l’on tronque une portion de la réalité au gré des humeurs officielles»? N’est-ce pas une autre façon de parler de la création constante d’illusions de la part de ce gouvernement?

La citation qui suit a été écrite par Hedges (pages 56 et 57) en parlant de l’illusion créée par ce que l’auteur appelle le «culte du divertissement», mais la diversion des véritables enjeux qu’il entraîne s’applique aussi bien à la diversion créée par l’illusion politique :

«(…)[Le culte du divertissement] nous convainc de prendre part à la grande messe de la consommation et détourne notre attention des questions morales posées par l’aggravation de l’injustice et des inégalités sociales, les ruineuses guerres impérialistes, l’effondrement de l’économie et la corruption de la classe politique.»

L’utilisation de stéréotypes et de pseudo-événements est un des outils utilisés pour nous détourner des enjeux les plus cruciaux. Sachons les débusquer et les dénoncer!

40 commentaires leave one →
  1. Katia Lazdane permalink
    14 Mai 2012 14 h 38 min

    « André Breton, recteur de l’université de Montréal… » – beau lapsus, vu le surréalisme de la situation 🙂

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  2. 14 Mai 2012 14 h 50 min

    Merci! C’est corrigé… 😳

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  3. 14 Mai 2012 15 h 32 min

    Je suis certaine que vous pensiez à cet André Breton là: http://www.youtube.com/watch?v=n0pM7RQDX38

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  4. 14 Mai 2012 16 h 38 min

    Ça, faudrait demander à mon subconscient! 😉

    Avant de voir votre vidéo, je ne me souvenais plus du tout de ce fleuron de notre répertoire «musical»…

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  5. 14 Mai 2012 20 h 31 min

    En écoutant les commentaires de Line Beauchamp, Jean Charest et André (à moins que ce ne soit Guy ou Raymond…) Bachand, j’ai trouvé matière à donner plein d’autres exemples de pseudo-événements…

    Et demain, ces pseudos-réalités empliront des pages et des pages dans les journaux.

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  6. Sortie 252 permalink
    14 Mai 2012 21 h 54 min

    Ciel, non seulement c’est intéressant, mais vous me donnez plein de lectures pour plus tard! 🙂 Cynthia

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  7. 15 Mai 2012 4 h 22 min

    @ Sortie 252

    Merci pour les bons mots.

    «vous me donnez plein de lectures pour plus tard!»

    Si vous parlez des liens, ça va. J’ai toutefois certaines réserves à propos du livre de Chriss Hedges.

    Je ne l’ai pas encore terminé. Le concept derrière ce livre est excellent, certains extraits sont percutants (comme ceux que j’ai cités), je partage la majeure partie de sa vision politique, mais…

    Mais je trouve sa façon d’écrire malhabile (à moins que ce soit à cause de la traduction, mais je ne crois pas), que ses chapitres sont mal structurés (si j’ai cité un extrait de la fin du premier chapitre avant un extrait du milieu, ce n’est pas un hasard…) et qu’il accorde parfois autant d’importance à des anecdotes sans grand intérêt qu’à des éléments essentiels. Cela dit, je vais terminer son livre pour ses qualités en tentant d’accélérer ma lecture…

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  8. 15 Mai 2012 6 h 14 min

    « Qu’on soit d’accord ou pas avec leurs méthodes (et je ne le suis pas), le moins qu’on peut faire est quand même …. »

    J’aime bien ce billet mais je ne partage pas tout à fait ton point de vue…

    Casser une vitre, le cliché habituel, ne m’émeut pas vraiment, cependant, tous le gestes de désobéissance civile qu’on déployés de façon très originale les jeunes font mon affaire.

    Exemple.

    Le non-respect des injonctions, les parades de nuits où les trajets n’étaient pas planifiés…

    Entre vous et moi, si on ne casse pas ces injonctions de merde, eh bien demain, se sera le respect des grèves des travailleurs qui volera en éclat!

    Évidemment, quand on parle de casseur, on parle de tireux de roches, je ne les approuve pas mais j’étais perplexe quand j’ai vu des « extrémistes pacifiques » s’en prendre aux casseurs dans une des nombreuses manif qu’on a vu.

    Et manifestement, les plus grands provocateurs de casse se trouvent du coté des flics. Quand tu bouscules une foule,certains, plus téméraires que les autres, pognent les nerfs!

    La question de la violence, puisqu’il en est question quotidiennement, devrait être adressée à tous ceux que ça concerne…les flics itou et surtout, et le gouvernement aussi qui s’en chrisse est responsable…

    À cet effet, une fois, j’ai vu un journaliste demander à Charest:

    « M Charest, la police surveille les manifestants, c’est très bien, mais qui surveille la police? »

    Charest a pris ses grands airs d’indignation et a répondu

    « Que voulez-vous insinuer là Monsieur? »
    Les observateurs externes comme Amnistie Internationale réclament une enquête sur la brutalité policière.

    http://amnistie.ca/site/index.php?option=com_content&view=article&id=17647%3Aconflit-etudiant–amnistie-internationale-demande-une-enquete-independante-sur-les-interventions-policieres&catid=27%3Acommuniqulocaux&Itemid=73

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  9. 15 Mai 2012 6 h 27 min

    Les étudiants sont en train de me faire le démonstration noire sur blanc que nous sommes devant un gouvernement beaucoup plus répressif que ce que je croyais.

    Les étudiants m’ont aussi démontré que la presse du Québec, on n’a pas de quoi être trop fiers de ça!

    Je méprise totalement ce gouvernement d’enfants d’chienne qui, hier encore dégoulinait sa haine contre la jeunesse, en plein dans ma face, dans les médias.

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  10. 15 Mai 2012 6 h 57 min

    @ Koval

    «Évidemment, quand on parle de casseur, on parle de tireux de roches, je ne les approuve pas»

    C’est d’eux que je parlais, pas du concept de désobéissance civile. C’était pourtant dans le paragraphe où je parlais des casseurs. Désolé si ce ne fut pas suffisamment clair.

    «Et manifestement, les plus grands provocateurs de casse se trouvent du coté des flics.»

    Bien d’accord!

    «Les observateurs externes comme Amnistie Internationale réclament une enquête sur la brutalité policière.»

    Merci pour le lien!

    «Je méprise totalement ce gouvernement d’enfants d’chienne qui, hier encore dégoulinait sa haine contre la jeunesse, en plein dans ma face, dans les médias.»

    Oui, je sais, ils parlent de faire entrer les étudiants sous escorte policière… C’est non seulement d’une violence inouie, mais cela montre une incompréhension totale de l’acte d’apprendre. Pauvres étudiants, pauvres profs, pauvre société…

    «Ébranlé par la démission de Line Beauchamp, le gouvernement Charest a annoncé hier qu’il ne ferait plus de compromis dans la crise étudiante. L’annulation de sessions et des retours en classe sous escorte policière sont examinés.»

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  11. 15 Mai 2012 7 h 13 min

    Ouais, on va aller faire des « peace and love » en se faisant attendrir la viande par les coups de matraques, ben oui!

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  12. benton65 permalink
    15 Mai 2012 22 h 54 min

    Personnellement, chez RTA Usine Alma, les 125 travailleurs en postes dans la nuit du 31 décembre ont été jetés hors de l’usine pas 225 cadres et environ 200 « Garda » donc une bonne partie ne parlaient qu’anglais, venant de l’Ontario, à 1 heure de la nuit, 23 heures avant la fin légale du contrat de travail, avec leurs vêtements contaminés sur le dos, leur propre vêtements donnés dans un sac poubelle… devant une haie « d’honneur » de cadres à la sortie, à -25 degrés!

    Évidemment en colère, les employés ont bloqués les deux accès à l’usine pendant deux jours, un juge signant un injonction temporaire le 1 janvier pour nous éloigner de l’usine!

    Suite a l’injonction, notre comportement fut exemplaire… ce qui a eu pour résultat qu’un juge la déclara permanente en début avril! (Le plus drôle, a entendre l’avocat de l’entreprise, nous étions des terroristes… et les étudiants passeraient pour… des enfants d’écoles comparé à nous!!!!)

    Nous voilà maintenant sur une ligne de piquetage à presque 2.5km de l’usine….

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  13. 16 Mai 2012 2 h 46 min

    Dégoûtant. Je sympathise.

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  14. 16 Mai 2012 2 h 58 min

    s’ils nous forcent, c’est qu’ils ont perdu.

    Par ailleurs, je ne trouve vraiment rien à dire sur les courants anarchistes. Je ne pense pas être d’un courant en particulier. Mais ce qui est magique avec l’anarchisme, c’est que tous les «courants» peuvent cohabiter et même permettre parfois à des gens aux visions différentes de faire des projets communs (comme le recueil Subversions).

    De plus, les anarcho-écologistes ne m’imposeraient jamais le végétalisme ni Anne Archet son cirque ambulant.

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  15. 16 Mai 2012 6 h 18 min

    Benton

    C’est épouvantable ce qui se passe chez RTA. En plus, il est difficile pour vous de vous faire remarquer afin d’influencer l’opinion publique étant donné le conflit étudiant qui prend toute la place…

    Mais l’opinion publique étant ce qu’elle est actuellement…..

    grrrrrrrrrrr!

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  16. 16 Mai 2012 7 h 44 min

    «je ne trouve vraiment rien à dire sur les courants anarchistes»

    Merci quand même. Je craignais un peu de dire des conneries…

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  17. 16 Mai 2012 13 h 46 min

    Même crainte de mon côté. Plus on en sait, moins on comprend.

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  18. Sortie 252 permalink
    16 Mai 2012 23 h 36 min

    @ Benton65, je suis curieuse de connaître sur quels principes juridiques s’est penché le juge pour émettre une injonction et la rendre permanente chez RTA. Êtes-vous capable de me répondre?

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  19. Sortie 252 permalink
    16 Mai 2012 23 h 53 min

    C’est noté pour le livre. Tant mieux, la liste est déjà longue pour les lectures qui attendent.

    L’article de M. Baillargeon auquel vous faites référence parle d’un procès bidon. Ça me rappelle celui de Mary Surratt qui a été accusée de conspiration dans le meurtre de Abraham Lincoln et dont il est question dans le film « The Conspirator ». (http://www.imdb.com/title/tt0968264/) Le 7e art permet parfois de se pencher sur des sujets de réflexion plus faciles à digérer que de longs essais… (Sans dire qu’il ne faut pas lire, oh non, jamais! 😉 Le monde de la justice a quand même évolué si on se compare à l’époque de Lincoln. Quoique j’éprouve un malaise devant les injonctions qui pleuvent (et Benton65 fait état de la situation à RTA, un autre exemple peu réjouissant) et l’appel à une solution politique du juge en chef François Rolland. Appel assez inusité, quand on sait que le milieu juridique ne souhaite pas l’ingérence du politique.

    J’ai apprécié également retourner en arrière dans les articles de journaux portant sur la grève. Avec une telle abondance d’information à digérer à chaque jour, j’ai l’impression que les questions du départ ont été reléguées en arrière plan.

    Et avec la loi spéciale, va-t’on encore faire dévier le débat? Jusqu’où on va-t’on s’enfoncer?

    Il se fait tard. Je lirai vos références sur l’anarchie une autre fois… 😉

    Cynthia

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  20. benton65 permalink
    17 Mai 2012 2 h 42 min

    Je n’ai pas l’injonction comme tel, l’un des deux gains sur l’injonction, en plus de faire passer le nombre de 20 a 30 personnes autorisés (pour 780 employés en lock-out) à piqueter à 500 pieds du terrain de l’usine (donc l’usine se situe à 2.2 km à l’intérieur du terrain!!!), c’est que le syndicat n’est plus obligé d’afficher en permanence l’injonction sur son site internet…

    http://www.lapresse.ca/le-quotidien/conflit-rta-alma/201204/16/01-4515768-la-cour-maintient-linjonction.php

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  21. 17 Mai 2012 8 h 12 min

    «Et avec la loi spéciale, va-t’on encore faire dévier le débat? »

    Si j’ai le courage, j’écrirai quelque chose ce soir sur le sujet…

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  22. 17 Mai 2012 9 h 58 min

    J’ai écrit dans ce billet :

    «En fait, le pire est que si on ne s’interroge pas sur le rôle des universités et qu’on accepte la vision des universités de la CRÉPUQ sur cette question (former des travailleurs pour les entreprises), il est probablement vrai qu’il serait très difficile de faire réduire suffisamment le budget des universités pour compenser la hausse de 1778$ des droits de scolarité sur 7 ans. C’est justement en contestant la vision de l’université centre commercial qu’on pourrait récupérer des sommes suffisantes.»

    Déréglé temporel m’a fourni un lien vers un texte qui explique clairement pourquoi on ne pourra pas générer d’économies suffisantes sans remettre en cause l’objectif du gouvernement de créer des universités dites de «classe mondiale». À lire!

    L’actualité en débat : Des universités de classe mondiale? Pour qui et pourquoi

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  23. Richard Langelier permalink
    17 Mai 2012 11 h 32 min

    Ce texte de Martin Lavallée est limpide, c’est le moins que l’on puisse dire.
    Dans « Le chaînon manquant » de la revue Société (nos 20/21), Jean-Philippe Warren et E.-Martin Meunier ont écrit cet article : « Le personnalisme et la Révolution tranquille ».

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  24. 17 Mai 2012 11 h 49 min

    «Jean-Philippe Warren et E.-Martin Meunier ont écrit cet article : “Le personnalisme et la Révolution tranquille”.»

    Et, ça dit quoi?

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  25. 17 Mai 2012 16 h 07 min

    Des profs sont d’accord avec moi…

    «Au-delà de la question de la hausse des droits de scolarité, le conflit étudiant a permis de mettre en lumière une crise sur les différentes conceptions de ce que l’université doit devenir, estime la FQPPU, qui regroupe 15 syndicats et associations rassemblant plus de 5000 professeurs. Elle reproche au gouvernement d’avoir une vision trop entrepreneuriale, trop économique de l’université.»

    http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2012/05/17/003–professeurs-.shtml

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  26. Richard Langelier permalink
    17 Mai 2012 17 h 31 min

    @ Darwin

    Des profs sont d’accord avec toi. As-tu fait breveter ton idée ?

    J’essaie de relire l’article de Meunier et Warren d’un œil, de surveiller l’affaire Zampino d’un autre et d’avoir des scoops sur le contenu de la loi spéciale de l’autre. Je lirais bien sur la rue, mais je respecte trop les arbres (peux-tu mettre le lien de ton commentaire où tu te vantais d’avoir abattu un chêne centenaire en relisant la Théorie générale de Keynes?).

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  27. 17 Mai 2012 17 h 51 min

    «peux-tu mettre le lien de ton commentaire où tu te vantais d’avoir abattu un chêne centenaire en relisant la Théorie générale de Keynes?»

    Ce serait difficile, car je ne crois pas avoir écrit ça. Ta mémoire a enjolivé cette anecdote…

    J’en parle ici.

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  28. Sortie 252 permalink
    17 Mai 2012 20 h 57 min

    Je viens enfin d’apprendre qui était la dame aux côtés de M. Charest et Mme Courchesne à l’annonce de la loi spéciale. Si la présidente de la CREPUQ y était, ça montre qui le Premier Ministre écoute. Si je ne m’abuse, toute cette crise est due au départ aux demandes d’un plus grand financement des universités par les recteurs, même s’ils ne l’ont pas encore démontré.

    Pour ce qui est de la vision de l’université entrepreneuriale ou économique, l’idée avancée ici et là de faire varier les frais de scolarité en fonction des coûts réels des études auraient à mon avis un effet d’instrumentalisation, en plus d’avoir un impact sur l’accessibilité. Donner une valeur monétaire à chaque domaine d’étude, ce serait ouvrir la porte à déterminer s’il vaut encore la peine d’être enseigné.

    L’idée d’instaurer un système de remboursement des prêts en fonction des revenus servirait la même fonction selon le Décodeur. Quoique dans ce dernier cas, j’ai de la difficulté à voir le lien de cause à effet qu’il fait. Il indique qu’un tel système va de pair avec une augmentation des frais de scolarité. http://infodudecodeur.wordpress.com/2012/05/07/comprendre-la-hausse-des-frais-de-scolarite-au-quebec/

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  29. 17 Mai 2012 22 h 26 min

    «Quoique dans ce dernier cas, j’ai de la difficulté à voir le lien de cause à effet qu’il fait. Il indique qu’un tel système va de pair avec une augmentation des frais de scolarité.»

    Demandez-lui, je n’ai pas écouté sa vidéo. Je crois avoir lu quelque chose sur ce lien. Dans tous les pays où ce système a été instauré, dont l’Angleterre, les droits de scolarité ont pu augmenter car les gens n’avaient pas besoin de les payer immédiatement. Mais, la dette après devient gigantesque!

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  30. Eric Granger permalink
    18 Mai 2012 1 h 39 min

    Il ne s’agit pas de mon analyse au sujet du RPR. Je ne fais que répéter ce que l’économiste Nicholas Barr défend dans ses publications. Vous pouvez lire cet article en français de Barr publié dans Finance et développement (publication du FMI) : http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/2005/06/pdf/barr.pdf

    Christian Montmarquette dit la même chose que Barr. Montmarquette est l’économiste derrière l’idée de hausser les frais de scolarité au Québec : http://www.cirano.qc.ca/pdf/publication/2006RP-08.pdf — D’ailleurs, si on consulte la bibliographie, on retrouve Nicholas Barr.

    – Le DECODEUR –

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  31. 18 Mai 2012 8 h 40 min

    «Christian Montmarquette dit la même chose que Barr. »

    Christian Montmarquette est un commentateur volubile de gauche. J’imagine que vous parlez de Claude Montmarquette… Ne vous en faites pas, j’ai moi-même confondu André Breton et Guy Breton dans un récent billet.

    Et merci pour les liens!

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  32. Sortie 252 permalink
    18 Mai 2012 10 h 02 min

    Merci! J’irai lire.

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  33. Eric Granger permalink
    18 Mai 2012 12 h 04 min

    Oui, mon erreur, il s’agit bien de Claude Montmarquette. J’ai toujours Christian dans la tête, sais pas pourquoi.

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