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Le loup dans la bergerie

2 novembre 2012

Le président de BMO (on ne parle plus de la Banque de Montréal…) Groupe financier, Québec, Jacques Ménard, est revenu à au moins deux reprises récemment avec son idée de réintroduire un cours d’économie au secondaire, cours abandonné avec la réforme de l’éducation. Oh, ce n’est pas la première fois qu’il en parle, son projet avait été couvert en 2011, où on annonçait qu’un projet-pilote pourrait voir le jour cette année, et en 2010, où cette proposition émanait d’une consultation du Groupe sur la littératie financière mis sur pied par le gouvernement fédéral, groupe qui n’avait cure de la compétence provinciale de l’éducation!

Était-ce une bonne idée de laisser tomber ce cours? Pas vraiment. Est-ce pertinent de discuter de son retour? Tout à fait. Par contre, plusieurs aspects de cette nouvelle m’indisposent.

Contenu

C’est bien beau de dire que cela prendrait un nouveau cours d’économie au secondaire, mais encore faut-il s’entendre sur son contenu. Rappelons-nous les cris de joie lors de la décision de doubler le nombre de cours d’histoire dans le cadre de la réforme de l’éducation (décision en partie responsable de la disparition du cours d’économie). Ces cris ont depuis changé de tonalité et un bon nombre d’historien.nes ont rapidement déploré le contenu de ces cours. Que certains de ces cris proviennent de nationalistes qui voudraient bien que ces cours servent leur cause ne change rien au fait que le contenu d’un tel cours peut difficilement faire l’unanimité.

Les sciences humaines et sociales ne sont pas neutres, pas plus l’économie que l’histoire. Il n’existe pas qu’une seule vérité et une seule façon de considérer cette discipline. En plus, l’objet de l’économie étant très vaste, il faut également s’entendre sur les éléments qui seraient les plus pertinents à aborder au secondaire.

Selon les articles que j’ai mis en lien, le groupe de Jacques Ménard favorise l’enseignement des produits financiers, les contrats de location et d’achats (de téléphones cellulaires, par exemple), la consommation en général et le crédit. Ces sujets seraient aussi choisis en fonction de l’Indice Autorité de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Cet indice découle des réponses à un questionnaire qui contient des questions sur une foule de sujets (voir les pages 14 à 19 pour les questions et la page 21 pour les résultats regroupés par sujets), passant des finances personnelles aux investissements (!), sans oublier les assurances et la planification de la retraite. Il s’agit davantage de sujets de nature financière que de nature économique. Notons que la page 22 nous montre que les jeunes ont eu de bien moins bons résultats (52,6 %) que les plus vieux (64,5 %) dans cet indice, ce qui porte d’ailleurs l’AMF à vouloir inclure ces sujets au cours d’économie.

Le groupe de M. Ménard compte aussi s’associer avec CIRANO, un organisme de recherche économique plutôt néolibéral, la grappe Finance Montréal (qui ne semble pas à première vue formée d’arnarchistes ou de gauchistes, ni différer beaucoup d’origine avec le groupe BMO…) et le «ministère de l’Éducation». Fiou, un peu plus et j’aurais cru qu’il aurait omis ce partenaire qui est tout de même l’institution responsable de l’approbation d’un tel cours…

Je ne suis pas contre le fait que certains de ces sujets soient abordés. Mais ce choix doit faire l’objet d’une consultation de toutes les personnes et organisations intéressées par le sujet, pas seulement de représentants du milieu financier et des idéologues néolibéraux.

Origine du contenu

Même si la consultation retenait les sujets avancés par le groupe de M. Ménard et ses partenaires, il faut se demander qui aurait le mandat de les élaborer, de définir ce qui serait enseigné? Les banques? Déjà qu’on questionne avec pertinence la place de l’entreprise privée dans nos universités, on la laisserait élaborer le contenu de la formation au secondaire?

Nos banques qui se battent pour convaincre des mineurs de se procurer des cartes de crédit seraient responsables de leur expliquer les dangers du crédit et les limites d’utilisation des cartes de crédit? Expliquerait-on aux jeunes que le PIB ne tient pas compte des externalités négatives comme la pollution et les émissions de GES? Dans la formation sur les investissements, leur dirait-on que les dividendes et gains en capitaux qui résultent de l’achat d’actions dans des minières peuvent provenir de l’exploitation de pays pauvres, de la destruction de leur environnement, voire de la mort de citoyens des ces pays? Bref, inviterait-on le loup dans la bergerie?

Quand mes jeunes suivaient ce cours au secondaire, les écoles établissaient aussi des partenariats, mais avec des organismes de défense des consommateurs, comme les Associations coopératives d’économie familiale (ACEF) ou Option consommateur, pas avec des banques!

Et alors…

L’idée d’offrir des cours d’économie au secondaire n’est pas mauvaise. Comme il ne serait pas mauvais d’y offrir des cours de philosophie ou même de politique. Sauf que ce n’est pas à chaque groupe d’intérêt d’en décider et de définir le contenu et la matière!

Je me méfie comme de la peste de la proposition du groupe de M. Ménard. Le néolibéralisme est déjà assez répandu, contrôle déjà une part trop importante de l’information et menace suffisamment la cohésion sociale et même la survie de notre espèce sur Terre sans lui donner davantage d’outils pour répandre son idéologie et dire aux jeunes comment penser!

32 commentaires leave one →
  1. 2 novembre 2012 22 h 30 min

    J’ai commencé à lire un texte sur les Fonds commun de placement après avoir écrit ce texte (en fin de semaine passée…). Personne n’y connaît rien, à peine le quart des déposants savent que ces fonds ne sont pas assujettis à l’assurance dépôt (peut-être ont-ils seulement deviné…) et les institutions financières vantent ces fonds en disant qu’ils permettent aux petits épargnants d’obtenir les mêmes rendements que les riches investisseurs. Et ce sont ces crosseurs qui veulent éduquer nos enfants!

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  2. Sortie 252 permalink
    2 novembre 2012 23 h 05 min

    Je me rappelle vaguement mes cours d’économie du secondaire. Une chose m’avait marquée. L’enseignant avait parlé du tort causé par le FMI en imposant des mesures d’austérité aux pays en difficulté. Je réalise aujourd’hui que cet enseignant était subversif par rapport aux économistes qui ont, me semble-t-il, embrassé la foi néolibérale en grand nombre.

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  3. 3 novembre 2012 6 h 45 min

    @ Benton

    «Ce sont des p’tits futée à la BMO!»

    Ai rien compris! Et c’est vulgarisé! Je ne sais pas si le cours de Ménard va prévoir avertir les jeunes des crosses de sa banque!

    @ Sortie 252

    « L’enseignant avait parlé du tort causé par le FMI en imposant des mesures d’austérité aux pays en difficulté. Je réalise aujourd’hui que cet enseignant était subversif par rapport aux économistes qui ont, me semble-t-il, embrassé la foi néolibérale en grand nombre.»

    Un enseignant est un enseignant, même s’il enseigne l’économie! Un économiste n’est pas un banquier. Et tous les économistes ne sont pas néolibéraux! Le sont-il en général? C’est fort possible, mais on n’en sait finalement rien. Les plus médiatisés, oui, mais cela ne prouve rien.

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  4. Cynthia Dubé permalink
    3 novembre 2012 7 h 43 min

    @ Darwin Ah, bien, ça m’encourage de savoir que vous n’avez rien compris à l’article de vulgarisation sur les futés… Et, fichtre, prise en flagrant délit de généralisation, ça m’apprendra à écrire tard quand l’autocensure se fait trop légère…

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  5. 3 novembre 2012 8 h 05 min

    «ça m’apprendra à écrire tard quand l’autocensure se fait trop légère…»

    Nous succombons tous à ces comportements! 😉

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  6. 3 novembre 2012 8 h 35 min

    Dans le passé, peut-être aurions-nous pu demander au Mouvement Desjardins de collaborer (avec l’ACEF, etc…) à la préparation d’un cours pour les étudiants de cinquième secondaire. Mais certainement pas aujourd’hui, alors que l’héritage coopératif de cette institution n’existe pratiquement plus !

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  7. 3 novembre 2012 8 h 46 min

    «Mais certainement pas aujourd’hui, alors que l’héritage coopératif de cette institution n’existe pratiquement plus !»

    Effectivement, Desjardins a déjà collaboré à l’école où mes gars sont allés, mais, c’était plus en raison de la personnalité du gérant de l’époque (un chic type) de la succusale locale qu’en raison des valeurs de la coopérative. Et, en fait, il ne collaborait pas au cours comme tel, mais offrait des emplois d’été à deux finissants. C’était bien.

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  8. Le masculiniste moustachu permalink
    3 novembre 2012 14 h 43 min

    J’ai regardé rapidement le questionnaire et ça ressemble plus à de l’administration qu’à de l’économie. Mais introduire ce genre de contenu cours au secondaire n’est pas forcément mauvais d’après moi ça peut servir de cours d’autodéfense.

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  9. 3 novembre 2012 17 h 41 min

    «J’ai regardé rapidement le questionnaire»

    Celui de l’Autorité?

    «Mais introduire ce genre de contenu cours au secondaire n’est pas forcément mauvais»

    Préparé par des ACEFs qui mettraient en garde contre les tactiques des banques pour promouvoir leurs cartes de crédits et leurs produits d’investissement et des sociétés de télécom qui tentent de vendre leurs forfaits téléphoniques, tout à fait. Pas par des acteurs du monde financier.

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  10. Bidon permalink
    3 novembre 2012 21 h 51 min

    S’il y en a qui veulent avoir une idée de la pensée des économistes québécois, il y a un sondage annuel de l’Association des économistes québécois : http://economistesquebecois.com/files/documents/cc/04/communiqu-sondagelm-12juillet2012-final-copie.pdf

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  11. 3 novembre 2012 22 h 35 min

    @ Bidon

    «S’il y en a qui veulent avoir une idée de la pensée des économistes québécois»

    Il ne s’agit pas de la pensée des économistes québécois, mais celle de «192 des 592 membres de l’Association» des économistes québécois (ASDEQ), formée majoritairement d’économistes orthodoxes, pour ne pas dire néolibéraux. Cela paraît quand on compare leurs réponses à celle du public.

    «il y a un sondage annuel de l’Association des économistes québécois :»

    En fait, les membres de l’ASDEQ reçoivent 3 sondages par année, comme on peut le voir à la page 4 du document que vous avez mis en lien. Cela dit, ce sondage était spécial, car il posait aux membres de l’ASDEQ des questions qui avaient été posées avant à un échantillon de la population.

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  12. Le masculiniste moustachu permalink
    3 novembre 2012 22 h 56 min

    « Pas par des acteurs du monde financier. »
    Ouais ça là dessus je suis d’accord, je pense aussi que nommer la matière par son nom n’est pas mauvais: finance si c’est de la finance, intro au crédit, gestion de budjets et de biens personnels etc…
    Naturellement, quand on emploi le terme économie pour désigner ces choses on extrapole pas mal.
    Je parlais du questionnaire page 11 à 14…

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  13. 3 novembre 2012 23 h 46 min

    «finance si c’est de la finance, intro au crédit, gestion de budjets et de biens personnels etc…
    Naturellement, quand on emploi le terme économie pour désigner ces choses on extrapole pas mal.»

    Tout à fait juste!

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  14. 4 novembre 2012 1 h 04 min

    @Darwin

    « Déjà qu’on questionne avec pertinence la place de l’entreprise privée dans nos universités, on la laisserait élaborer le contenu de la formation au secondaire? »

    Je souhaite partager avec vous une anecdote justement liée à cette question :

    Je suis présentement étudiant au baccalauréat à l’UdeM en économie et politique (je l’avoue humblement, je ne suis pas très âgé…). Vendredi dernier en après-midi, lors de son cours d’Économies Nord-Américaines, l’un de mes enseignants a commencé à aborder le sujet des hausses d’impôt en nous rebattant les oreilles avec la majorité des arguments « clichés » néoclassiques : les riches seront moins intéressés à travailler davantage, ils seront plus portés à aller s’installer ailleurs, etc. Par la suite, il a abordé le sujet du keynésianisme à l’aide d’un graphique en démontrant que les dépenses publiques qui cherchent à faire augmenter la demande agrégée font du même coup gonfler les prix et exploser l’inflation.

    L’enseignant accusait ensuite les syndicats d’être la cause de « la rigidité des salaires », ces maudits syndicalistes agissant supposément comme de vrais démagogues alors qu’ils refusent de comprendre qu’en abaissant les salaires, on réduit aussi les prix et on risque alors d’augmenter le pouvoir d’achat. Ici, je crois qu’il en arrive à souhaiter davantage la déflation que l’inflation… Disons que j’ai ressenti un énorme malaise et que l’envie de le réfuter me brulait les lèvres bien que je ne souhaitais point être impoli…

    Sa formulation était, grosso modo, similaire à celle-ci : « Si les salaires baissent mais que du même coup, le prix de l’essence et de la plupart des biens consommés par les ménages diminuent simultanément, n’est-ce pas là un objectif souhaitable alors que le pouvoir d’achat de ceux-ci sera augmenté? »

    Évidemment, un tel énoncé semblait suffisant pour convaincre, j’imagine, la plupart des étudiants assis dans l’amphithéâtre mais immédiatement, je me suis mis à penser : « Cet enseignant néglige complètement le fait que la plupart des ménages ont contracté des dettes (telle qu’une hypothèque…) et que les soldes respectifs de celles-ci ne diminueront pas uniquement en raison de la déflation » Or, le type sait cela mais se dit aussi qu’il y a assez peu de chances qu’un tel raisonnement traverse l’esprit de quelques étudiants de première année fraîchement sortis du CÉGEP ( À titre de spécification, je ne suis pas un universitaire qui en est à sa première année… )

    Et je vous passe la partie où il a parlé des droits de scolarité…

    Mais le pire dans tout cela, c’est que le chargé de cours a un certain charisme, une rhétorique bien efficace, (même si elle ne présentait absolument aucun fait concret, uniquement de la théorie) et cela était bien assez pour convaincre un de mes camarades, qui se disait précédemment « gauchiste », de virer à droite… J’ai beau eu essayer de le convaincre par après que l’argumentaire du prof ne reposait sur rien de plus que de la théorie mainte fois remise en question, je crois qu’il s’est laissé avoir par « l’autorité intellectuelle » qu’incarne l’enseignant à ses yeux.

    Bref, imaginez le même genre de discours enseigné à des élèves du secondaire, encore plus « fragiles » et influençables; j’en ai des frissons!

    Oh et petite mention: ledit enseignant est également en poste aux HEC.

    Halloween est déjà passé mais laissez-moi vous foutre davantage la frousse en vous offrant un extrait de la liste des « manuels, documents complémentaires et sites internet pertinents » du plan de cours :

    -Alain Dubuc, Éloge de la richesse, Les Éditions Voix Parallèles, 2006, 335 pages, p. 31-39.
    -Norma Kozhaya, La pauvreté relative des Québécois, IEDM, mai 2006, 4 pages.

    Cliquer pour accéder à mai06_fr.pdf

    -Pierre Emmanuel Paradis, La dette : un changement de cap s’impose – Une analyse du passé, du présent et du futur de nos finances publiques, ASDEQ, février 2006 Document CPP 2006-01, 7 pages.

    Cliquer pour accéder à dette-2006-asdeq.pdf

    -Marcelin, Joanis et Claude Montmarquette, La problématique de la dette publique au Québec, CIRANO, septembre 2005, 48 pages http://www.cirano.qc.ca/fin/quest_Dette.php?lang=fr

    Heureusement que les étudiants ne prêtent jamais attention à ce genre de liste 😉

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  15. 4 novembre 2012 11 h 00 min

    @ pseudovirtuose

    J’ai aussi fait mon bacc à l’UdeM. De 1972 à 1975. Si je comprends bien, cela ne s’est pas amélioré!

    J’espère que vous ne me demandez pas de réfuter toutes les conneries que vos profs disent! Quelques-uns quand même, juste pour rire :

    «il a abordé le sujet du keynésianisme à l’aide d’un graphique en démontrant que les dépenses publiques qui cherchent à faire augmenter la demande agrégée font du même coup gonfler les prix et exploser l’inflation.»

    Quelles données a-t-il utilisées? Quand j’ai fait ce cours (c’est Robert Lacroix, le héraut de la hausse des droits de scolarité, qui m’a enseigné en macro de deuxième année), on ne nous montrait que des courbes théoriques. Avec des données réelles, ça ne marche pas assez bien.

    «L’enseignant accusait ensuite les syndicats d’être la cause de « la rigidité des salaires »

    Il n’aime vraiment pas Keynes! Keynes présentait la rigidité des salaires comme un phénomène psychologique où les gens peuvent accepter un gel salarial, mais résisterront toujours davantage à un recul nominal des salaires. J’ai entendu bien des niaiseries sur les syndicats, mais celle-ci est vraiment originale!

    «Cet enseignant néglige complètement le fait que la plupart des ménages ont contracté des dettes (telle qu’une hypothèque…) et que les soldes respectifs de celles-ci ne diminueront pas uniquement en raison de la déflation »

    En effet. Ces soldes augmenteront même par rapport à leur revenu disponible, qui, lui, baisserait avec les salaires.

    Mais le pire dans son énoncé est «le prix de l’essence et de la plupart des biens consommés par les ménages diminuent simultanément». Évidemment, si tous les travailleurs de tous les pays acceptent une baisse de salaires et que tous les employeurs de tous les pays n’en profitent pas pour augmenter leurs profits, bref, si quelque chose d’impossible arrive, les prix vont baisser. Mais en quoi le pouvoir d’achat augmenterait-il avec des salaires plus bas?

    «Bref, imaginez le même genre de discours enseigné à des élèves du secondaire, encore plus « fragiles » et influençables; j’en ai des frissons!»

    Tout à fait.

    Je dois avouer que ce que vous racontez me donne des frissons, même si ces cours sont donnés à des adultes.

    «un extrait de la liste des « manuels, documents complémentaires et sites internet pertinents » du plan de cours :»

    Le lien vers les documents du CIRANO n’est pas inintéressant… Mais, je me demande si c’est le bon, car je n’y vois pas un document de Marcelin Joanis et Claude Montmarquette, mais une série de graphiques. En passant, j’ai déjà rencontré quelques fois Marcelin Joanis, et je le trouve intéressant… On l’associe souvent aux gens avec qui il collabore (comme Montmarquette et Godbout), j’ai moi-même fait cette erreur, mais il est pas mal plus intéressant qu’eux!

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  16. 4 novembre 2012 13 h 30 min

    @ pseudovirtuose

    En appliquant la logique de l’enseignant, en baissant son salaire (et ses conditions de travail), l’on baisse les frais de scolarité, ce qui augmente l’accessibilité à l’université… ce qui augmentera le pouvoir d’achat, les gens étant plus scolarisés!

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  17. Yves permalink
    4 novembre 2012 14 h 54 min

    Haha, bonne remarque Benton! 🙂

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  18. 4 novembre 2012 15 h 13 min

    « J’espère que vous ne me demandez pas de réfuter toutes les conneries que vos profs disent! »

    Je crois qu’il y a suffisamment de billet abordant ces sujets sur votre blogue pour réfuter de tels arguments.

    « Quelles données a-t-il utilisées? Quand j’ai fait ce cours (c’est Robert Lacroix, le héraut de la hausse des droits de scolarité, qui m’a enseigné en macro de deuxième année), on ne nous montrait que des courbes théoriques. Avec des données réelles, ça ne marche pas assez bien. »

    Vous avez raison, rien n’a changé! Cette rhétorique d’autrefois (courbes théoriques sans aucune donnée réelle) est encore utilisée aujourd’hui!

    « Keynes présentait la rigidité des salaires comme un phénomène psychologique où les gens peuvent accepter un gel salarial »

    L’enseignant adhère probablement à l’idéologie néo-classique des sciences économiques, il lui est donc sûrement difficile d’incorporer les phénomènes psychologiques à sa théorie.

    « En effet. Ces soldes augmenteront même par rapport à leur revenu disponible, qui, lui, baisserait avec les salaires. »

    Et quel serait l’impact sur les taux d’intérêts? Peut-on se fier à une telle formule ?

    Taux d’intérêt réel = Taux d’intérêt nominal – taux d’inflation

    « Le lien vers les documents du CIRANO n’est pas inintéressant… »

    Certes mais le lien vers un document de l’IÉDM ou encore une recommandation du livre d’Alain Dubuc démontre à quel point le savoir universitaire souffre de la mainmise du privée.

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  19. Beauportoise permalink
    4 novembre 2012 16 h 18 min

    J’ai d’excellents souvenirs de mon cours d’éducation économique en secondaire 5. Il ne s’agissait pas de nous convaincre de la justesse respective des vues de telle ou telle philosophie économique mais simplement de nous expliquer des concepts dont nous entendions les adultes parler constamment mais sans bien les situer, ou mentionner à la télé, genre, inflation, taux de change, prix du dollar canadien vs. le dollar américain, crise, dépression, taux d’intérêt, taux directeur, etc. On y acquérait aussi des notions de ce qu’était la bourse; nous devions suivre l’évolution des titres de quatre compagnies de notre choix en achetant des actions fictives. C’était très intéressant.
    On nous expliquait aussi le fonctionnement d’une carte de crédit, comment on pouvait se ramasser trop endetté, ce qu’était une faillite, comment faire un budget, la différence entre les secteurs primaires, secondaires, tertiaires, bref, un paquet de notions se trouvaient clarifiées. Je pense qu’une telle éducation est très nécessaire.
    Anecdote: On nous enseignait aussi quelques affaires pratiques, dont « comment remplir un chèque. » L’exemple était « à l’ordre de Ildéfonce Laporte, » de « Yvon Passé, » pour « paiement d’une hache. » C’était niaiseux mais ça m’avait tellement fait rire, à l’époque.

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  20. 4 novembre 2012 16 h 21 min

    «Et quel serait l’impact sur les taux d’intérêts?»

    En déflation, le taux d’intérêt devrait être négatif!

    « Peut-on se fier à une telle formule ?»

    Pas tout à fait… Taux d’intérêt réel = (Taux d’intérêt nominal – taux d’inflation) / (1+ taux d’inflation) Ou quelque chose du genre… Il faut tenir compte de la baisse de la valeur de la monnaie.

    «mais le lien vers un document de l’IÉDM ou encore une recommandation du livre d’Alain Dubuc démontre à quel point le savoir universitaire souffre de la mainmise du privée.»

    Bien sûr!

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  21. 4 novembre 2012 16 h 24 min

    @ Beauportoise

    «C’était niaiseux mais ça m’avait tellement fait rire, à l’époque.»

    Si ça suscitait davantage d’intérêy, c’est une excellente blague!

    «J’ai d’excellents souvenirs de mon cours d’éducation économique en secondaire 5.»

    Mes deux gars aussi!

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  22. 4 novembre 2012 23 h 47 min

    « En déflation, le taux d’intérêt devrait être négatif! »

    Les emprunteurs sont donc avantagés par la déflation? Pourquoi ai-je alors déjà entendu dire qu’un ménage contractant une hypothèque sur plusieurs années pouvait être avantagé par un taux d’inflation plus élevé que prévu? Est-ce en lien avec le fait que les taux d’intérêt sont fixes ou variables?

    Je sais que vous pensez à écrire une série de billets sur l’inflation mais le sujet semble si vaste et complexe…

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  23. 5 novembre 2012 5 h 01 min

    «Les emprunteurs sont donc avantagés par la déflation?»

    Non, car le taux d’intérêt ne peux pas être négatif! Par exemple, avec une déflation de 5 %, le taux d’intérêt de la banque centrale devrait être de – 3 % ou – 4 %. Or il ne peut être plus bas que 0, donc les taux hypothécaires les plus bas tourneront autour de 2 ou 3 %. Le taux réel payé pourrait donc atteindre 8 % au lieu de 1 ou 2 % actuellement.

    « Pourquoi ai-je alors déjà entendu dire qu’un ménage contractant une hypothèque sur plusieurs années pouvait être avantagé par un taux d’inflation plus élevé que prévu?»

    Je manque de détails, mais je vais essayer. Disons qu’il signe maintenant pour 5 ans à 5 % (au lieu de 3 % pour un an). Si l’inflation passe soudain à 5 %, le taux de la banque centrale augmentera au moins à 6 % et les taux hypothécaires les plus avantageux sur un an à 7 ou 8 %. Ton ménage continuera à payer 5 % au lieu de 7 ou 8 %. Mais, si la situation demeure comme maintenant, elle aura payé plus cher que les tauux à 1 an tout au long de cette période. Avec un taux à 2 points plus élevé sur 5 ans, il est clair que les banques prévoient une hausse des taux de la banque centrale, qu’il y ait de l’inflation ou pas.

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  24. 5 novembre 2012 8 h 03 min

    Très bon commentaire que je tiens à partager sur fb

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  25. Yves permalink
    5 novembre 2012 8 h 38 min

    «Ton ménage continuera à payer 5 % au lieu de 7 ou 8 %. Mais, si la situation demeure comme maintenant, elle aura payé plus cher que les taux à 1 an tout au long de cette période«

    Alors, me semble, que j’ai seulement à renouveler mon hypothèque à chaque année et le taux de déflation qu’il y a depuis quelques années me sera grandement favorable.

    Y a-t-il quelque chose qui m’échappe?

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  26. 5 novembre 2012 9 h 30 min

    «le taux de déflation qu’il y a depuis quelques années me sera grandement favorable»

    Il n’y a pas de déflation au Canada, mais un taux d’inflation d’environ 2 %. Le problème est qu’on ne sait pas quand et si les taux d’intérêt monteront. Comme je l’ai dit dans le précédent commentaire, les banques s’attendent à une hausse des taux d’ici 5 ans en demandant 2 points de plus par année. Ont-elles raison? Dur à dire.

    Les taux devrait rester bas au moins 1 an ou deux, peut-être plus. L’augmentation de la dette des ménages inquiète beaucoup. D’un côté, une hausse des taux inciterait les ménages à consommer moins et à acheter moins de maisons, de l’autre, le fardeau des intérêts sur la dette risquerait de causer des faillites et des défauts de paiement. Que faire? Le gouvernement a madifié les règles pour les hypothèques des maisons, ce qui semble ralentir la hausse du prix des maisons et faire réduire les achats. Est-ce que ce sera suffisant? Dur à dire…

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  27. Yves permalink
    5 novembre 2012 9 h 52 min

    « à chaque année et le taux de déflation qu’il y a depuis quelques années «

    Housp! Je crois que mon café ne faisait pas encore effet.
    Je voulais dire, le taux d’intérêt qu’il y a depuis quelques années…

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  28. 7 janvier 2013 9 h 24 min

    Lu à la page 232 de Le prix de l’inégalité de Joseph Stiglitz :

    «La droite a compris l’importance de l’éducation pour modeler les perceptions; c’est pourquoi elle s’est employée activement à influencer l’élaboration des programmes scolaires, et a lancé une campagne d’«éducation» pour améliorer l’«alphabétisation économique» des juges, autrement dit pour les amener à voir le monde à travers le filtre étroit de la théorie économique conservatrice.»

    Ici, ce ne sont pas les juges que notre droite économique vise, mais bien nos enfants!

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