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Indice canadien du mieux-être

5 novembre 2012

J’ai abordé à quelques reprises l’importance de disposer d’outils de mesure de bien-être plus complets que le seul PIB, notamment en présentant sommairement les autres indicateurs principaux du bien-être et, plus récemment, en discutant de la position de tête du Québec dans l’indice Vivre mieux.

Les médias ont brièvement mentionné à la fin octobre une étude plus récente de l’Indice canadien du mieux-être (ICME). Ils ont retenu de cette étude que, alors que le PIB par habitant du Canada a augmenté de 28,9 % entre 1994 et 2010, cet indice n’a augmenté que de 5,7 %. Résultat pour moi plus intéressant, alors que le PIB par habitant n’était en 2010 que légèrement inférieur à son niveau d’avant la récession, l’ICME, lui, a perdu en deux ans près du quart des gains qu’il avait accumulés entre 1994 et 2008.

Résultat intéressant, mais qui le serait encore plus si on pouvait connaître les facteurs qui l’expliquent.

Fonctionnement de l’ICME

L’ICME fonctionne de la même façon que l’indice Vivre mieux. Mais, au lieu d’être construit à partir de 24 indicateurs regroupés en 11 thèmes, il l’est à partir de 64 indicateurs répartis également dans huit domaines, chacun de ces indicateurs et domaines étant pondéré également. Le graphique qui suit montre l’évolution de chaque domaine entre 1994 et 2010 en comparant ces évolutions à celle du PIB.

On voit qu’aucun des domaines n’a progressé autant que le PIB réel par habitant. Pour mieux comprendre l’évolution de chacun des domaines, je vais ici vous les présenter et résumer les tendances décrites dans le document complet de l’étude (en anglais seulement).

Tendances dans les domaines

– Dynamisme communautaire

L’évaluation de ce domaine a connu une hausse constante au cours des 16 années couvertes par l’étude, s’améliorant en tout de plus de 10 %. Cette hausse s’explique en premier lieu par la forte baisse de la criminalité et par la plus grande participation de la population à des activités de bénévolat. Par contre, même s’il est en hausse depuis 2003, le pourcentage de la population ayant au moins six amis a diminué de 20 % entre 1994 et 2010. Les auteurs du rapport concluent qu’il faut se demander si la volonté politique de construire plus de prisons correspond bien à un besoin ou si elle n’est finalement fondée que «sur des visées politiques».

– Participation démocratique

Si les résultats pour ce domaine ont augmenté globalement de 7 %, ses indicateurs montrent des progressions opposées. Ainsi, si l’indicateur mesurant l’intérêt de la population à la politique a augmenté de plus de 30 %, la participation aux élections fédérales a diminué de plus de 10 %. Cela peut sembler contradictoire, mais on peut tout à fait suivre de près la politique, mais se désintéresser du choix qu’offrent les partis politiques. On doit aussi souligner l’augmentation du nombre de femmes au Parlement et déplorer la baisse de l’aide internationale.

À ce sujet, je tiens à ajouter qu’on n’observe pas seulement une baisse des sommes consacrées à l’aide internationale, mais aussi une détérioration importante de la nature de cette aide. Dans cet article du Devoir, le président de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) dénonce certains des changements imposés par le gouvernement fédéral :

  • priorité aux organisations religieuses;
  • aucun financement pour des projets liés à des interruptions de grossesse, même en cas de viol;
  • soutien financier accordé à des sociétés minières,
  • refus des projets visant la reconnaissance des droits des travailleurs.

Mais, l’indicateur de l’aide internationale ne rend pas compte de cette détérioration.

– Éducation

Ce domaine est celui qui a connu l’amélioration la plus forte, son évaluation ayant augmenté de plus de 20 % entre 1994 et 2010. Les plus grandes améliorations se sont observées dans l’augmentation du nombre de places en garderie par rapport au nombre d’enfants de 0 à 5 ans (hausse de près de 70 %, qui doit être encore plus forte au Québec) et de la proportion de la population âgée de 25 à 64 ans ayant un diplôme universitaire (hausse de près de 60 %). La baisse (tout de même de moins de 5 %) des notes moyennes pour les compétences sociales et affectives chez les 12-13 ans n’assombrit que légèrement ce portrait. Cette baisse s’est principalement manifestée du côté de l’intimidation, de l’amitié et de l’empathie, ce qui est tout de même un phénomène inquiétant.

– Environnement

Malgré une légère amélioration de ses indicateurs depuis 2005, l’environnement est le domaine dont les résultats ont le plus diminué depuis 1994, avec une baisse de plus de 10 %. Six des huit indicateurs se sont détériorés, par exemple du côté des réserves viables de métaux et des émissions de gaz à effet de serre. Rien de surprenant ici!

– Santé

La hausse de 5 % observée dans l’évaluation de ce domaine est le résultat de changements importants de certains indicateurs. D’un côté, la proportion de fumeurs âgés de 12 à 19 ans est passé de 21 % en 1994 à 11 % en 2010, et de l’autre, le pourcentage d’adultes ayant le diabète est passé de 3,0 % à 6,0 %. Les autres indicateurs ont peu changé, si ce n’est celui lié au pourcentage de personnes qui reçoivent des vaccins contre la grippe (+ 11 %).

– Loisir et culture

Le résultat de ce domaine montre une baisse de 8 %, la deuxième plus importante. La hausse de l’indicateur de l’activité physique (une étonnante hausse de près de 25 %) n’a pas suffi à compenser la baisse des indicateurs de visites de parcs nationaux et de lieux historiques (baisse de près de 30 %), du bénévolat dans des organismes de culture et de loisirs (baisse de plus de 20 %), et du temps consacré à des activités de loisir social (baisse de près de 20 %). Les auteurs attribuent cette baisse de qualité de vie aux contraintes de temps et concluent de façon pertinente : «est-ce vraiment cela le progrès?»

– Niveaux de vie

Malgré une baisse récente (entre 2008 et 2010) de 10 points de pourcentage, l’évaluation de ce domaine montre une hausse de 14 % depuis 1994. Cette importante détérioration récente est due essentiellement à un seul facteur, la hausse importante du chômage de longue durée à la suite de la récession de 2008-2009 (de 6,7 % à 11,5 %). Si la hausse des inégalités de revenus a nui à l’évaluation de ce domaine, la baisse de la proportion de la population à faible revenu l’a avantagée. Au sujet de ce dernier résultat, je soupçonne que cette amélioration est due à l’indicateur utilisé, comme je l’explique dans ce billet. L’étude montre aussi une baisse importante (14 %) de l’indice de sécurité financière. Globalement, la situation se serait améliorée depuis 1994, mais cela est dû en grande partie aux particularités des indicateurs utilisés. J’y reviendrai en conclusion.

– Aménagement du temps

L’évaluation de ce domaine a peu varié. L’effet positif de la baisse de la proportion de personnes qui travaillent 50 heures et plus par semaine (hausse de 30 % de l’indicateur) et de l’augmentation de la proportion des travailleurs qui bénéficient d’horaires flexibles (hausse de près de 20 % de l’indicateur) a été presque complètement annulé par la détérioration de quatre des huit indicateurs, notamment en raison de la hausse du temps moyen consacré aux déplacement entre la maison et le travail (baisse de 20 % de l’indicateur).

Et alors…

Comme tous les outils de mesure de bien-être, celui-ci a des qualités et des défauts. Du côté des défauts, il y a bien sûr le choix des indicateurs et le poids égal qu’on leur accorde. Comment peut-on par exemple accorder la même importance à l’évolution des inégalités et à celle du pourcentage des personnes âgées de 65 ans et plus qui pratiquent un loisir actif? Non seulement ce facteur a-t-il intrinsèquement moins d’importance, mais il peut très bien se dégrader en raison de la hausse de l’espérance de vie, facteur pourtant positif pour l’évaluation du bien-être.

Ensuite, les indicateurs retenus n’ont pas le même potentiel de variation. Par exemple, l’indicateur du chômage de longue durée a atteint 260 en 2008, expliquant à lui seul 20 des 24 points de hausse du domaine des niveaux de vie entre 1994 et 2008. À l’inverse, le taux des jeunes âgés de 20 à 24 ans qui ont obtenu un diplôme d’études secondaires était déjà à 86 % en 1994. Comme cet indicateur ne peut pas dépasser 100 %, il lui est impossible d’augmenter de plus de 16 % (14/86)! Il n’a d’ailleurs augmenté que de 6,5 % entre 1994 et 2010, même si ce taux est passé de 86,0 % à 91,5 %, une hausse vraiment importante. Si on avait choisi comme indicateur le taux de jeunes qui n’a pas obtenu un tel diplôme, la baisse de 14,0 % à 8,5 % aurait permis une hausse de l’indicateur d’environ 40 %! Le même phénomène peut donc donner des résultats très différents selon la donnée retenue.

Du côté des qualités, un tel outil fournit des données sur un ensemble de caractéristiques vraiment impressionnant. Personnellement, cela m’intéresse davantage que de savoir si le PIB par habitant a augmenté plus ou moins rapidement que l’ICME (surtout quand on tient compte des défauts dont j’ai parlé). Ensuite, cet outil permet de compléter l’indicateur réducteur qu’est le PIB. Comme le disent les auteurs de l’étude dans un article (cadenassé…) du Devoir :

«Quand nous demandons à nos amis : «Comment ça va ?», nous ne nous attendons certes pas à ce qu’ils répondent : «Ma productivité économique augmente».

Ne serait-ce que pour ça, pour les données qu’il rend disponibles, leur pertinence en développement de politiques, et pour les articles et débats qu’il suscite, cet outil représente un apport appréciable à la question de la mesure du bien-être.

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16 commentaires leave one →
  1. Le masculiniste moustachu permalink
    5 novembre 2012 10 h 28 min

    Cet indice me rend un peu perplexe… 😯

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  2. 5 novembre 2012 10 h 39 min

    «Cet indice me rend un peu perplexe…»

    Ça veut dire que tu as compris! Comme je l’ai écrit, c’est davantage l’évolution des 64 indicateurs que je trouve intéressant que l’évolution de l’ICME comme tel.

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  3. 5 novembre 2012 13 h 49 min

    « Comme je l’ai écrit, c’est davantage l’évolution des 64 indicateurs que je trouve intéressant que l’évolution de l’ICME comme tel. »

    Je serais curieux de voir une comparaison des provinces en se fiant à de tels indicateurs.

    « Cette hausse s’explique en premier lieu par la forte baisse de la criminalité »

    Le grand héro de la droite de chez antagonisthan associe justement une plus forte baisse de la criminalité au Canada avec l’élection de Harper en 2006. Or, premièrement, il confond l’élection d’un gouvernement (surtout minoritaire!) avec la mise en place de projets de loi, deuxièmement, il n’admettra jamais que de tels chiffres soient valides :

    http://www.statcan.gc.ca/pub/85-002-x/2011001/article/11523/c-g/desc/desc07-fra.htm

    Parce que cela voudrait peut-être dire que, oh crotte, le foutu modèle québécois syndicalo-immobilo-gauchiste marche peut-être mieux que les mesures punitives du gouvernement conservateur lorsqu’il s’agit de réduire la criminalité.

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  4. Richard Langelier permalink
    5 novembre 2012 16 h 56 min

    « le pourcentage de la population ayant au moins six amis a diminué de 20 % entre 1994 et 2010 ».

    Avant de découvrir Jeanne Émard, j’étais dans la catégorie « ayant moins de 6 amis ». Moins sérieusement, est-ce qu’ils posent la question ainsi : « sachant qu’un ami, c’est comme les taxis, t’es trouves pas durant un orage, considérez-vous que vous avez au moins 6 amis? »

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  5. 5 novembre 2012 17 h 37 min

    @ pseudovirtuose

    «Je serais curieux de voir une comparaison des provinces en se fiant à de tels indicateurs.»

    Moi aussi! C’est l’exercice qu’ont fait Luc Godbout, Marcelin Joanis et Nathalie de Marcellis-Warin pour le Québec avec les 24 indicateurs de l’indice Vivre mieux. Ils ont toutefois dû pédaler pas mal. Alors, pour 64 indicateurs, les données sont-elles disponibles? J’en doute…

    «Le grand héro de la droite de chez antagonisthan associe justement une plus forte baisse de la criminalité au Canada avec l’élection de Harper en 2006. »

    Un émule de notre sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, un négationniste des données de Statcan,

    Comment explique-t-il alors que la criminalité baisse au Canada depuis 1991?

    Jumelé à votre tableau, ça les contredit drôlement! Mais, bon, quand des données ne font pas l’affaire, on n’a qu’à les nier! «quelqu’un manipule les chiffres», disait-il…

    @ Richard Langelier

    «est-ce qu’ils posent la question ainsi : « sachant qu’un ami, c’est comme les taxis, t’es trouves pas durant un orage, considérez-vous que vous avez au moins 6 amis? »

    SCF_QINT Now I want to ask you some questions about your friends, that is people you feel at ease with and can talk to about whatever’s on your mind. Exclude people who live in your household.
    SCF_Q100 How many close friends do you have, that is, people who are not your relatives, but who you feel at ease with, can talk to about what is on your mind, or call on for help? (GSS 2008, 2003, 1996, 1990)

    Le GSS est le General Social Survey, soit l’Enquête sociale générale de Statistique Canada

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  6. youlle permalink
    5 novembre 2012 18 h 00 min

    @ Richard Langelier

    « …considérez-vous que vous avez au moins 6 amis? » »

    Haa Ha! Facebook! 🙂

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  7. 5 novembre 2012 18 h 27 min

    « Comment explique-t-il alors que la criminalité baisse au Canada depuis 1991? »

    La baisse de la criminalité a été plus rapide après l’élection d’un gouvernement conservateur, voilà sa principale thèse.

    http://www.antagoniste.net/2012/07/27/la-loi-et-lordre/

    Et cette phrase : « Et aux gauchistes qui sont déjà en train de me répondre qu’il ne faut pas confondre corrélation et cause à effet, je leur signale que moi au moins j’ai une corrélation qui soutient ma démonstration, ce qui n’est pas leur cas avec leur démonstration… » m’a tout l’air d’un sophisme

    -J’ai une corrélation pour soutenir ma démonstration
    -Les gauchistes n’ont pas de corrélation pour soutenir leur démonstration
    -Donc les gauchistes ne peuvent pas me reprocher de confondre causalité et corrélation

    P.S. Darwin, je crois que mon précédent message, quasiment identique à celui-ci, s’est fait avaler par les lymbes de WordPress

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  8. youlle permalink
    5 novembre 2012 18 h 48 min

    @ pseudovirtuose

    Ne sous estimez pas le grand héro de la droite de chez antagougoune.

    Il va vous en donner des chiffres:

    En 1991 le taux d’infractions au code criminel était de 3122 par 100 000 habitants.

    En 2010 sous les conservateurs du gouvernement Harper le ce taux est passé à 2423.

    Voilà qui remet en perspective l’efficacité de la droite.

    Houra! Houra! Applaudissements et glorifications….
    ===========
    Je ne me souviens plus comment était l’ultra-droite dans les années 60 et 70, mais aujourd’hui, ce sont des menteurs professionnels sans aucuns scrupules.

    Une psychologue ou psychiatre disait il y a peu d’années qu’anciennement les psychopathes avaient de la misère à vivre dans la société. Aujourd’hui ils ont un bon salaire à cause de leur défaut à ne pas être capable de se sentir coupable de mentir ou de commettre un crime.

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  9. 5 novembre 2012 19 h 24 min

    @ pseudovirtuose

    « je leur signale que moi au moins j’ai une corrélation qui soutient ma démonstration, ce qui n’est pas leur cas avec leur démonstration… » m’a tout l’air d’un sophisme»

    À tout le moins une erreur de raisonnement!
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Pastafarisme#Pirates_et_r.C3.A9chauffement_climatique

    «P.S. Darwin, je crois que mon précédent message, quasiment identique à celui-ci, s’est fait avaler par les lymbes de WordPress»

    Oui, il était dans les indésirables, je ne sais pas pourquoi. Comme il est «quasiment identique à» votre commentaire, je ne l’ai pas fait afficher.

    @ youlle

    «En 1991 le taux d’infractions au code criminel était de 3122 par 100 000 habitants.
    En 2010 sous les conservateurs du gouvernement Harper le ce taux est passé à 2423.»

    D’après le tableau que j’ai cité, 30 des 42 % de la baisse de la criminalité depuis 1991 a eu lieu avant 2006. La corrélation semble donc plus forte avec les dates, qu’avec l’arrivée de Harper! D’ailleurs, le coefficient de corrélation entre le «Taux de l’ensemble des crimes» et les années (1991 à 2010) est de -0,97! De 1991 à 2006 ? -0,94! Quel changement! Une corrélation presque parfaite, avant et après l’arrivée de Harper! Doit-on conclure que la criminalité baisse parce que les années passent?

    Il y a plein de facteurs qui peuvent expliquer cette baisse et la limiter à un seul facteur est d’une bêtise abyssale!

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  10. Richard Langelier permalink
    6 novembre 2012 0 h 01 min

    @ Darwin

    Ça existe, ça du monde qui a au moins six amis selon cette définition? À l’adolescence, peut-être, mais après la vie nous bouffe comme elle bouffe tout le monde, comme le chantait Claude Léveillée dans Frédéric. Les inclus sociaux parce qu’ils participent au marché du travail discutent des manchettes pendant les pauses. Après le travail, ils sont dans le cocon familial. Les exclus sont seuls avec leur solitude, comme le chante Moustaki.

    Ces enquêtes illustrent le dada du positivisme en sciences sociales. L’oeuvre d’un Michel Freitag commentant le concept d’anomie dans « Le suicide de Durkheim », d’aliénation chez Hegel et Marx, de la rationalisation du monde chez Weber sur, ça fait science molle. Il faut des « datas ». Un bon questionnaire sur l’évolution du pourcentage de la population ayant au moins six amis, ça c’est de la science!

    Je ne prétends pas qu’il faut jeter à la poubelle ces études quantitatives. J’ose croire cependant que les autres éléments de l’indice sont plus sérieux.

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  11. Le masculiniste moustachu permalink
    6 novembre 2012 0 h 11 min

    « Comme je l’ai écrit, c’est davantage l’évolution des 64 indicateurs que je trouve intéressant que l’évolution de l’ICME comme tel. »
    Vu comme ça, on est sur la même longueur d’onde, naturellement dans les 64 indicateurs y en sûrement une dizaine que je laisserais tomber, je vous laisse deviner lesquels… 😈

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  12. 6 novembre 2012 0 h 37 min

    « Il y a plein de facteurs qui peuvent expliquer cette baisse et la limiter à un seul facteur est d’une bêtise abyssale! »

    En fait, le principal facteur n’a rien à voir avec l’élection d’un gouvernement conservateur; il est plutôt relié au… vieillissement de la population!

    http://www.csc-scc.gc.ca/text/pblct/forum/e123/e123h-eng.shtml

    Le vieillissement s’accèlere et ce, particulièrement depuis la moitié de la dernière décennie!

    D’ailleurs, à ce propos, étant donné l’effet accru du vieillissement de la population au Québec, comparativement à celui observé dans le reste du Canada, je me suis demandé si la véritable raison du faible taux de criminalité québécois ne se trouvait pas plutôt là!

    Comme l’indique l’auteur du précédent document : « The boomer generation therefore passed through their high crime-risk years over a period spanning from 1960 to 1996. »

    Logiquement, le Québec, avec une gang de boomers occupant une part plus élevée de sa population qu’ailleurs au pays, devrait alors peut-être avoir connu des taux de criminalité plus élevé qu’au sein du reste du Canada durant cette période.

    J’ai donc pris la peine de consulter un document de Statistique Canada indiquant différents taux de criminalité dont celui du crime contre la propriété et du crime violent pour l’année 1995.*

    Or, les résultats ne sont guère très différents de ceux d’aujourd’hui. Généralement, le constat qui en découle est que le Québec est une société plus sereine et paisible que le reste du Canada : http://publications.gc.ca/Collection-R/Statcan/85-002-XIE/0109685-002-XIE.pdf

    En ce qui concerne les crimes envers la propriété, le Québec a un taux moins élevé que ceux issus de la majorité des provinces et de l’ensemble du Canada. De plus, lorsqu’il s’agit de crimes violents, le Québec est la province qui se retrouve en queue de peloton avec le taux le plus faible au Canada. Sans compter une situation similaire pour nos deux principales métropoles, Montréal et Québec, relativement aux autres municipalités canadiennes.

    Décidemment, il doit y avoir autre chose qui explique la situation exceptionnelle du Québec en termes de criminalité… Mais ce n’est sûrement pas le modèle québécois, non, ô grand jamais! Le monarque d’Antagonisthan l’a dit: le modèle étatiste québécois ne fonctionne pas, c’est qu’ça doit être vrai!

    Cela me fait penser à l’étude d’un chercheur de l’UdeM récemment publiée dans l’Actualité; on y établit une corrélation assez forte entre les inégalités sociales et les taux d’homicides observés à travers le monde : http://www.lactualite.com/societe/homicides-la-faute-aux-inegalites-sociales

    Dire que le sauveur de la droite a souvent accusé le coefficient de Gini d’être une statistique inutile!

    *J’aurais aimé trouvé un rapport plus ancien mais je ne crois pas que Statscan en garde autant dans ses archives.

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  13. 6 novembre 2012 5 h 16 min

    @ Richard Langelier

    «Ça existe, ça du monde qui a au moins six amis selon cette définition?»

    39,7 % en 1994, 33,8 % en 2003, 43,7 % en 2008.

    «J’ose croire cependant que les autres éléments de l’indice sont plus sérieux.»

    À toi de juger! Ce n’est pas pour rien que j’ai parlé dans les faiblesses de l’étude la pondération égale des 64 indicateurs.

    J’ai mis des liens qui mènent aux titres des 64 indicateurs et sur ces pages on en trouve qui mènent aux descriptions plus complètes. Malheureusement, les documents les plus complets ne sont qu’en anglais…

    @ Le masculiniste moustachu

    «je vous laisse deviner lesquels…»

    Désolé, mais connaissez vous le nombre de possibilités qu’il y a dans un choix de 10 éléments sur 64? La probabilité de tomber sur les 10 bons est des millions de fois plus faible que de gagner à la loterie… 64!/(64-10)!, si je ne m’abuse…

    @ pseudovirtuose

    «il est plutôt relié au… vieillissement de la population!»

    Je ne sais pas pourquoi vous avez suggéré un lien en anglais… Sur les site fédéraux, il n’y a qu’à cliquer sur le bouton français pour avoir accès à la version française.
    http://www.csc-scc.gc.ca/text/pblct/forum/e123/e123h-fra.shtml

    C’est bien sûr un des pricipaux facteurs, mais pas le seul. Et, personnellement, je n’aime pas la citation de David K. Foot (« La démographie fournit une explication à environ deux tiers de toutes les questions »). Je dirais plutôt « La démographie joue un rôle dans environ deux tiers de toutes les questions ».

    «je me suis demandé si la véritable raison du faible taux de criminalité québécois ne se trouvait pas plutôt là!»

    La différence ne concorde pas (http://www.statcan.gc.ca/pub/85-002-x/2011001/article/11523/c-g/desc/desc07-fra.htm). Mais, cela joue sûrement un rôle. Lisez plutôt Freakonomics (http://fr.wikipedia.org/wiki/Steven_Levitt#Freakonomics), l’auteur examine 8 facteurs… C’est bon pour les États-Unis, pas nécessairement pour le Canada, mais ça demeure intéressant. Le principal facteur qu’il a trouvé est le droit à l’avortement. Troublant.

    «Dire que le sauveur de la droite a souvent accusé le coefficient de Gini d’être une statistique inutile!»

    À ce sujet :
    https://jeanneemard.wordpress.com/2012/01/31/the-spirit-level-lemprisonnement/

    J’aime

  14. Le masculiniste moustachu permalink
    6 novembre 2012 10 h 18 min

    Je préfère me sentir protégé par la combinatoire que trahi par mon MACHISME!!! 😆

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