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Le spécisme

15 novembre 2012

Dans L’Arche de Socrate, petit bestiaire philosophique de Normand Baillargeon dont j’ai parlé dans un précédent billet, six chapitres portent sur le droit des animaux. Si cinq d’entre eux défendent cette cause, qu’on peut qualifier d’animaliste, le sixième s’y oppose. Les chapitres «animalistes» portent aussi bien sur les conditions d’élevage des poulets, le droit à l’intégrité physique des chats (en dénonçant entre autres le dégriffage) et le dilemme des expériences sur des animaux qui peuvent sauver des vies, que sur la Déclaration des droits des cétacés (y compris le droit à la vie et à la liberté) et la Déclaration sur les grands singes anthropoïdes qui va encore plus loin en accordant une série de droits similaires aux êtres humains, aux chimpanzés, aux gorilles, aux bonobos et aux orangs-outans. Je n’exposerai pas les arguments des philosophes animalistes, laissant ce plaisir aux personnes qui liront le livre.

À l’inverse, le philosophe du chapitre qui s’oppose à l’animalisme, Roger Scruton, défend une thèse dite «contractualiste des droits et de la moralité». Les animaux ne pouvant adhérer à un contrat social, car seuls des êtres rationnels peuvent s’engager dans une relation contractuelle, il est incohérent de leur accorder des droits similaires à ceux des humains qui acceptent en toute conscience le contrat social dont ces droits font partie. Cela n’exclut toutefois pas que nous ayons des devoirs envers eux.

Il a même développé des catégories d’animaux pour lesquels nous avons des devoirs différents : animaux de compagnie, animaux «utiles» (eux même divisés en cinq sous-catégories) et animaux sauvages.

Cette approche peut être qualifiée de «spéciste». Selon Wiki,

«Le spécisme (ou espécisme) est défini comme une forme de discrimination concernant l’espèce, mise en parallèle avec toutes les formes de domination d’un groupe sur un autre comme le racisme (discrimination concernant la race) ou le sexisme (discrimination concernant le genre).»

Et alors…

J’ai eu un peu de difficulté avec cette série de chapitres, même si la réflexion qu’ils suscitent est fructueuse. Je ne comprends par exemple pas comment on peut assimiler au sexisme ou au racisme le fait qu’on accorde des droits différents aux membres de son espèce que ceux qu’on accorde aux animaux non humains. Ces «formes de domination d’un groupe sur un autre» sont d’ailleurs combattues entre autres en montrant avec raison que cette domination repose en grande partie sur des préjugés. Or, ce n’est pas un préjugé que de dire qu’un grand singe n’a nullement les mêmes caractéristiques et le même le potentiel qu’un humain.

Les animalistes tentent de contourner cet argument en se demandant pourquoi on accorde les mêmes droits à des handicapés qui n’ont pas le même potentiel que les autres humains et ne l’auront jamais. Nous le faisons parce que toute tentative de mettre une ligne pour séparer les humains mène irrévocablement à une forme de darwinisme social. Si on commence à mettre une ligne à partir de laquelle les humains n’ont pas les mêmes droits, on devra ensuite accepter le fait que, si on met une ligne, on peut bien la mettre ailleurs. Et, il faut bien le dire, nous refusons de tracer une telle ligne justement parce qu’ils sont de la même espèce que nous.

Certains animalistes refusent qu’on mette une ligne entre les humains et les grands singes ou les cétacés, mais, en réservant un statut spécial à ces animaux non humains et pas aux autres, ils en mettent une eux-mêmes! Pourquoi pas ne pas considérer d’autres animaux? Et si on ne met pas de ligne, où va-t-on s’arrêter? Aux capucins? Aux chiens? Aux amibes (ne seraient-elles pas nos ancêtres?)? Aux bananes (avec qui nous partageons 70% de nos gènes, paraît-il, quoique ce ne soit peut-être que 40 % ou 50 % ou moins…)? Chacune des limites qu’on impose peut résulter en une injustice pour l’espèce qui est juste sous la ligne (et peut-être au dessus, si on avait retenu d’autres critères!).

Cela dit, je n’ai rien contre le fait qu’on accorde tout de même plus de droits aux animaux non humains, mais pas les mêmes que nous avons obtenus de hautes luttes. De même, j’ai beaucoup de sympathie pour les animalistes qui défendent les mauvais traitements contre les animaux, et pas seulement pour ceux qui défendent les conditions de détention des animaux d’élevage comme les poulets, les bœufs et les porcs, mais aussi pour ceux qui veulent faire interdire le dégriffage des chats. Mais, avant de donner des droits historiquement réservés aux humains à des animaux non humains, j’aimerais bien qu’on s’assure que les droits que nous sommes supposés avoir donné à tous les humains soient respectés!

30 commentaires leave one →
  1. Yves permalink
    15 novembre 2012 6 h 15 min

    Pourquoi nous ne leur accorderions pas les mêmes droits?

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  2. 15 novembre 2012 6 h 36 min

    Pourquoi leur accorderions-nous les mêmes droits? Tous ceux là?

    http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/C_12/C12.HTM

    À tous les animaux?

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  3. 15 novembre 2012 7 h 13 min

    J’oubliais…

    Le hasard fait bien les choses… La veille de la parution de ce billet, Le Devoir a publié dans sa version annuelle où il invite des écrivains à présenter et commenter l’actualité, un texte du philosophe Miche Onfray portant justement sur la façon dont nous considérons les animaux. Ce texte fait entre autres un lien entre nos relations avec les animaux et la religion. Intéressant!

    L’animal, cette partie mémorielle de nous-mêmes

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  4. Yves permalink
    15 novembre 2012 9 h 30 min

    «À tous les animaux?«

    Oui! sans exception. Et même je serais tenté de l’établir aux insectes aussi.

    Ce que je veux dire Darwin, c’est qu’ils ont droit au respect autant que nous. Pour moi, il faut les respecter dans leur nature.

    Par exemple, selon moi, il n’y aurait plus de chasse sportive. Interdis. Si on a droit et ce même si ce n’est pas toujours respecter, qu’on ne soit pas dominé par un plus fort que nous pour son simple plaisir, j’accorderais le même droit aux animaux.

    Tu veux chasser pour te nourrir, pas de problème, cela fait partie de la nature.

    Il n’y aurait plus de zoo, un lion ou un poisson cela ne va pas dans une cage ou un bocal. Tu veux en voir, alors tu regardes la TV où tu te rends sur place à tes risques et péril.

    Tu veux t’établir dans un territoire donner pour y établir une ferme ou un aéroport, tu t’acclimates aux animaux qu’il y a sur place. Tu ne les domine pas où les élimine pas. Sinon tu vas ailleurs!
    Tu fais avec la nature, tu ne la domine pas. Si tu es capable de respecter la nature, alors tu vas respecter tes semblables. C’est mon principe.

    Tu veux un animal de compagnie, pas de problème. Il grimpe dans les rideaux, t’aime pas, tu t’en passe. Il jappe, t’aime pas, tu t’en passe.

    Tu maltraites ou fait à un animal ce qui est puni par la loi pour un être humain, alors tu as les mêmes procès et les mêmes peines de prison.

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  5. 15 novembre 2012 9 h 56 min

    «Ce que je veux dire Darwin, c’est qu’ils ont droit au respect autant que nous.»

    Là-dessus on se rejoint.

    Et je suis d’accord avec la majorité des exemples que tu donnes. Mais, si les animaux avaient les mêmes droits que nous, nous ne pourrions plus chasser pour se nourrir, ce que tu permets, ni faire de l’élevage.

    «Tu veux t’établir dans un territoire donner pour y établir une ferme ou un aéroport, tu t’acclimates aux animaux qu’il y a sur place. Tu ne les domine pas où les élimine pas. Sinon tu vas ailleurs!»

    Disons que je trouve la ferme plus importante que l’aéroport. S’acclimater aux animaux sur place a aussi des limites. Le faire le plus possible, oui, mais, inévitablement, si tu installes même une ferme, tu vas déranger des animaux. Et même avec des produits naturels (comme l’utilisation de plantes qui chassent certains insectes), tu vas atteindre la liberté de certains animaux (insectes, en tout cas). Et, la liberté est un élément importants des droits accordés aux humains, même s’ils ne sont pas respectés! De là ma finale : «j’aimerais bien qu’on s’assure que les droits que nous sommes supposés avoir donné à tous les humains soient respectés!»

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  6. Yves permalink
    15 novembre 2012 10 h 26 min

    «Mais, si les animaux avaient les mêmes droits que nous, nous ne pourrions plus chasser pour se nourrir, ce que tu permets, ni faire de l’élevage.«

    Ils les ont. Dans le sens, que nous avons le droit de chasser pour se nourrir tout comme eux le font.

    Pour l’élevage, ça j’y ai pensé et cela m’a tracassé.
    Comment ne pas me contredire et de ne pas faire deux classes d’animaux. Une sauvage et dans son milieu naturel et l’autre créer par nous et à nos fins. Heumm, je ne sais pas encore! 😯

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  7. Yves permalink
    15 novembre 2012 10 h 29 min

    «j’aimerais bien qu’on s’assure que les droits que nous sommes supposés avoir donné à tous les humains soient respectés!»

    Moi aussi! Mais cela doit-il nous empêcher de leur accorder du respect et les droits qui font avec?

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  8. 15 novembre 2012 10 h 50 min

    Je pense que la pire chose qu’on peut faire aux animaux, c’est de les traiter comme on traite actuellement les humains.

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  9. 15 novembre 2012 11 h 06 min

    @ Yves

    «Ils les ont. Dans le sens, que nous avons le droit de chasser pour se nourrir tout comme eux le font.»

    On ne parle pas de ce que font les animaux, mais bien d’accorder les mêmes droits qu’ont les humains aux animaux. Si les animaux avaient les mêmes droits que nous, le premier de ces droits serait le droit à la vie. La chasse irait donc à l’encontre de ces droits. C’est d’ailleurs un des prmiers articles de la Déclaration des droits des cétacés (avec laquelle je suis passablement d’accord). La guerre va aussi à l’encontre de ce droit, d’où nos remarques sur le fait que nos droits ne sont pas respectés.

    «Mais cela doit-il nous empêcher de leur accorder du respect et les droits qui font avec?»

    Mais non! Comme je l’ai écrit dans mon billet, je n’ai rien contre le fait qu’on accorde plus de droits aux animaux non humains, mais ce ne sont pas en toute chose les mêmes.

    @ Mouton Marron

    «Je pense que la pire chose qu’on peut faire aux animaux, c’est de les traiter comme on traite actuellement les humains.»

    D’accord sur certains aspects, mais pas sur tout! D’où l’importance de faire respecter les droits actuels avant de les étendre aux animaux non humains!

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  10. 15 novembre 2012 12 h 17 min

    À une époque, je me suis retrouvé avec 4 chats et un Boston terrier. J’ai toujours été contre le dégriffage donc les 4 chats n’étaient pas dégriffés. C’était dure pour le divan et les moustiquaires ainsi que pour… le chien! Disons que le chien aimait bien jouer avec les chats qui eux n’étaient pas du même avis… ce qui m’a coûté 2-3 opérations pour le chien dû a des infections suite aux griffures. Parfois, c’était aussi dure pour les mains, les avants bras et les cuisses. Enfin, question de principe.

    Dans certains pays comme la France et l’Angleterre je crois, c’est interdit. Peu de gens aimeraient se faire amputer les bouts de doigts!

    Pour finir, disons que les principes prennent un peu le bord quand ma future conjointe souffre d’allergie!!!

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  11. 15 novembre 2012 13 h 44 min

    «Pour finir, disons que les principes prennent un peu le bord quand ma future conjointe souffre d’allergie!!!»

    Quels principes? Si elle est allergique, j’imagine que cela veut dire : finis les chats!

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  12. JFM permalink
    15 novembre 2012 15 h 16 min

    Généralement, ceux qui défendent le droit des animaux non-humains ne disent pas qu’ils auront les même droits que le humains, car ça serait stupide d’accorder le droit de vote aux amibes. Ils soutiennent plutôt de s’interroger sur ce qui constitut la valeur morale que l’on accorde aux humains. Pour certains, il s’agit de la sensibilité (et non la suimilarité génétique) : dès qu’un être vivant peut souffrir, il a droit à notre considération morale peu importe ses autres caractéristiques. Par exemple, un bébé, un handicapé ou certaines personnes dans un état comateux peuvent ressentir des états de souffrance ou de plaisir et par conséquent nous devons leur accorder la même considération morale de départ. Ce qu’ils veulent généralement proposer est que les animaux conscient ont des états mentaux de plaisir/souffrance (par leur système nerveux) et donc doivent être traités équitablement (et non identiquement) aux humains. Cela impliquerait donc la fin des zoo et l’abolition de la consommation de viande animale (sauf peut-être les insectes). Je ne dis pas que je suis d’accord, mais l’argument n’est pas con.

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  13. Yves permalink
    15 novembre 2012 16 h 55 min

    « mais bien d’accorder les mêmes droits qu’ont les humains aux animaux. Si les animaux avaient les mêmes droits que nous, le premier de ces droits serait le droit à la vie. La chasse irait donc à l’encontre de ces droits. «

    Si on regarde cela comme ça, bien je trouve cela pousser un peu fort. Pourquoi ne pas leur accorder le droit au divorce un coup parti.

    Dans la nature les animaux chassent pour se nourrir et c’est tout à fait normal qu’on chasse nous aussi pour combler notre faim. Cela fait partie de la nature. Le plus gros, le plus fort, mange le plus faible.

    Et si on a établi des lois pour empêcher les hommes d’enlever la vie à ses semblables c’est tout simplement pour nous protéger de nous. Vu que nous sommes les  » animaux  » les plus intelligents, cruel et sadique cela devenait nécessaire. Jamais tu vas voir des animaux en détruire un autre pour le simple plaisir de le dominer. Eux, ils n’ont pas le pouvoir de se protéger dans un cadre normal de nous, alors c’est à nous de s’assurer de les protéger de notre bassesse en leur donnent le maximum de droit. Le tout en restant logique quand même.

    Alors, pour répondre à la question du billet, difficile, pcq je la trouve un peu fofolle. Tu me sors la charte des droits et libertés de la personne, qui dit que tout être humain a droit à la vie. Et comme tu le dis, en nous regardent aller c’est à croire qu’on n’a pas ce droit. Disons que je crois qu’on peut appliquer une très grande partie de cette charte pour défendre les animaux.

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  14. youlle permalink
    15 novembre 2012 18 h 27 min

    Est-ce qu’un ver de terre sait qu’il est un ver de terre?
    Un poulet sait-il qu’il est un poulet?
    Est ce qu’un lion né en captivité envie les autres en liberté?
    Est ce qu’un chat habitant une maison souffre de ne pas avoir ses griffes avant?

    À toutes ces question la réponse est non.

    Ce sont les humains qui décident des droits des animaux.

    Est-ce qu’un humain il y a 120 ans souffrait de ne pas avoir de TV, de téléphone, d’électricité ou de transport mécanisés? Certainement pas. Je n’ai jamais souffert du manque d’internet.

    C’est une erreur de percevoir ou de comparer les droit des animaux comme s’ils étaient des humains.

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  15. youlle permalink
    15 novembre 2012 18 h 31 min

    @ Yves

    « Jamais tu vas voir des animaux en détruire un autre pour le simple plaisir de le dominer. »

    C’est pourtant le cas de plusieurs félins, des loups ou chiens, et même de plusieurs cervidés.

    Vous n’avez jamais vu un chat en détruire un autre? Ce n’est pas tellement joli à voir.

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  16. 15 novembre 2012 18 h 53 min

    @ JFM

    Bienvenue ici!

    «Généralement, ceux qui défendent le droit des animaux non-humains ne disent pas qu’ils auront les même droits que le humains, car ça serait stupide d’accorder le droit de vote aux amibes.»

    Généralement, oui, mais certains vont plus loin. Mais Thomas White revendique le statut de «personne» aux dauphins et à d’autres cétacés.

    «dès qu’un être vivant peut souffrir, il a droit à notre considération morale peu importe ses autres caractéristiques»

    D’ailleurs, les critères qu’il énonce contiennent la notion de la conscience de la souffrance, mais aussi du monde et du plaisir, ainsi que la capacité de choisir. Peter Singer aussi parle de la souffrance comme critère. C’est lui qui compare le spécisme au racisme et au sexisme.

    «Cela impliquerait donc la fin des zoo et l’abolition de la consommation de viande animale (sauf peut-être les insectes). Je ne dis pas que je suis d’accord, mais l’argument n’est pas con.»

    Je n’ai pas dit que c’était con. Dans une autre vie, je ne mangerais pas de viande (pas juste par respect envers les animaux, mais aussi parce que c’est moins énergievore).

    @ Yves

    «Pourquoi ne pas leur accorder le droit au divorce un coup parti.»

    Hahaha, ou le droit d’association!

    «Dans la nature les animaux chassent pour se nourrir et c’est tout à fait normal qu’on chasse nous aussi pour combler notre faim. Cela fait partie de la nature. »

    Dans la nature, les individus défendent leur espèce… Alors, pourquoi serait-ce mal pour les humains? Je ne dis pas que c’est la même chose, car nous avons la faculté de penser aux autres espèces. Mais, si nous sommes différents, il est aussi normal de se donner des droits différents!

    «Jamais tu vas voir des animaux en détruire un autre pour le simple plaisir de le dominer.»

    J’ai vu des documentaires de meutes de loups qui s’attaquaient pour défendre leur territoire. Et il y avait des morts.

    «Disons que je crois qu’on peut appliquer une très grande partie de cette charte pour défendre les animaux.»

    Oui, j’ai peut-être exagéré avec la charte. Mais deux de ces animalistes se rendent presque là. Sur le fond, nos positions ne sont pas si loin une de l’autre.

    @ youlle

    «Ce sont les humains qui décident des droits des animaux.»

    Oui, mais ce grand pouvoir entraîne une responsabilité tout aussi grande.

    «C’est une erreur de percevoir ou de comparer les droit des animaux comme s’ils étaient des humains.»

    D’accord, mais ce serait une erreur de les considérer comme des roches. L’argument de JFM (et de certains auteurs que j’ai lu dans le livre que je cite) sur la conscience de la souffrance me touche…

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  17. youlle permalink
    15 novembre 2012 20 h 02 min

    @ Darwin

    « Oui, mais ce grand pouvoir entraîne une responsabilité tout aussi grande. »

    Effectivement. Il me semble que la plupart des humains normaux n’aiment pas voir se tordre de douleur un animal. Les commentaires ici en témoignent.

    « D’accord, mais ce serait une erreur de les considérer comme des roches.  »

    À mon humble avis cela relèverait plutôt de l’ignorance et dans certains cas du psychopathe.

    ======

    J’avais un chat complètement noir né d’une mère siamoise et d’un matou inconnu. À l’âge d’environ six mois il a commencé à affûter ses griffes sur les boiseries faisant ainsi plusieurs centaines de dollars de dégâts en une dizaine de jours. De plus c’était dangereux pour les jeunes enfants même s’il n’était pas agressif avec eux. Donc je lui ai fait enlever les griffes et du même coup il a été castré.

    À l’âge adulte ce chat pesait 14 lbs maigre comme un « bécique ». il était assez grand pour ouvrir les portes et aller se coucher au pied de mon lit suivit de la chienne labrador qui elle se couchait sur mon oreiller.

    Essayez d’imaginer ce géant pour un chat avec des griffes de 10 mm comme des rasoirs. On m’a dit qu’une fois les griffes enlevées il ne fallait pas le laisser sortir à cause de sa vulnérabilité. Mais toujours il se plaçait dans la porte si quelqu’un entrait. Je me suis rapidement lassé de le surveiller chaque fois que les enfants entrait ou sortait et je me suis dit il arrivera ce qu’il arrivera.

    Évidemment il est arrivé quelque chose: Il a massacré tous les chats du voisinage ne tolérant aucun rival et ce même sans griffes. Il s’est adapté pour faire sa job.

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  18. Yves permalink
    15 novembre 2012 20 h 43 min

    @ Youle

    «Vous n’avez jamais vu un chat en détruire un autre? Ce n’est pas tellement joli à voir.«

    OK Youle, j’avoue que ce n’était pas fort comme argument. J’en ai même vu en violer d’autre. De vrais animaux je vous dis! 😉

    @ Darwin

    «dans la nature, les individus défendent leur espèce… Alors, pourquoi serait-ce mal pour les humains?«

    Les individus!?!? C’est bien! 😉

    Sans farce, Je n’ai jamais dit que ce serait mal pour nous de se défendre contre eux. Seulement de les traiter avec autant de respect qu’on traite nos semblables.
    Correction. Seulement de les traiter avec plus de respect qu’on le fait pour nous-mêmes. 😉

    «Mais, si nous sommes différents, il est aussi normal de se donner des droits différents!«

    On le fait Darwin, on le fait! On se donne le droit de vie ou de mort sur eux.

    Pour ce qui est de l’argument de la notion de la conscience et de la souffrance, Je la trouve un peu louche. Pcq’ils sont conscients de souffrance on fait attention, cela laisse entendre que les animaux qui ne sont pas conscient on peut se permettre les pires folie, voir éteindre la race. Cela peut aussi laisser entendre qu’un être dans un état végétatif n’est plus un être humain, mais bien un légume ou une roche, c’est selon.

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  19. 15 novembre 2012 21 h 09 min

    « Pcq’ils sont conscients de souffrance on fait attention, cela laisse entendre que les animaux qui ne sont pas conscient on peut se permettre les pires folie, voir éteindre la race. »

    Ce n’est pas parce qu’on doit faire plus attention quand un animal a conscience de la souffrance qu’on doit ne pas faire attention aux autres. Et, la plupart des animaux (tous?) avec lesquels on a des relations ont cette conscience, à moins que je me trompe. Et, je dois avouer que je tue parfois des bébites à fruits… On a même des collants à mites!

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  20. 15 novembre 2012 21 h 13 min

    @Yves

    « Pourquoi ne pas leur accorder le droit au divorce un coup parti. »

    Sophisme de la pente glissante http://fr.wikipedia.org/wiki/Pente_savonneuse

    « Cela fait partie de la nature. »

    Le naturel n’est pas la même chose que le moral. http://penseravantdouvrirlabouche.com/tag/sophisme-naturaliste/

    « Oui, mais ce grand pouvoir entraîne une responsabilité tout aussi grande. »

    😆 http://technocrasse.files.wordpress.com/2012/11/darwin_spiderman.png

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  21. Yves permalink
    15 novembre 2012 21 h 13 min

    @ Youle.

    J’avais un lapin nain qui rongeait tous mes fils de téléphone, il adorait. 🙂 Il rongeait aussi tous mes cadres de porte et traînes. J’ai tout essayé, j’ai mis du poivre, du tabasco, du vinaigre, rien ne fonctionnait. J’ai laissé faire et quand le jour du déménagement est arrivé j’ai tout remplacé. Je dois dire qu’ elle n’a jamais eu de cage, elle était libre dans la maison. Ell couchait souvent avec nous jusqu’à cette fameuse nuit, la fois que je me suis endormi saoul. Elle aimait aussi manger nos cheveux et ce matin-là je me suis réveillé à moitié chauve. 😆

    Au déménagement nous avons expressément loué 5 ½ moi et ma douce pour que Sniffy ait sa chambre à elle. À l’époque je travaillais pour les salons d’expositions, alors du fils de téléphone et des retailles de tapis j’en avais comme je voulais, ce n’était pas un problème.
    Ah oui, j’avais oublié de vous mentionner qu’elle adorait les tapis aussi.

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  22. Yves permalink
    15 novembre 2012 21 h 17 min

    Et, je dois avouer que je tue parfois des bébites à fruits… On a même des collants à mites!

    Franchement, là Darwin, tu me déçois grandement. Maudite brute! 😆

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  23. 16 novembre 2012 5 h 20 min

    @ pseudovirtuose

    « Sophisme de la pente glissante»

    Bof, le sujet s’y porte bien! Ma comparaison avec la banane dans le billet est du même genre! Sauf, que si vous lisez bien le lien sur wiki, vous remarquerez que les comparaisons extrêmes ne sont pas toujours des sophismes! Et, en parlant de la Charte des droits, j’ouvrais la porte à ce genre de comparaison!

    « Oui, mais ce grand pouvoir entraîne une responsabilité tout aussi grande. »

    Je me demandais où j’avais déjà entendu ça! 😉

    «Maudite brute!»

    Ce n’est rien ça, je n’ai pas osé parler des papillons, des fourmis et des souris, comme tu le sais! 😉

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  24. 16 novembre 2012 17 h 55 min

    Plutôt spécieuse cette question du spécisme!
    Farce à part, comment vraiment parler de droits pour des êtres que l’on exploite? Pas évident. Entre nous déjà, les humains, c’est une notion tellement difficile à définir, le droit… Surtout dans les extrémités des spectres. Où commence vraiment la vie humaine?, à quel âge de la conception, par exemple?, où finit la conscience?
    Or la distribution des espèces n’est qu’un vaste continuum. Mieux, c’est un arbre sans tronc, avec uniquement des ramifications, un peu comme le mycélium d’un champignon. Les spécialistes ne s’entendent même pas sur les limites entre les espèces. Où commencent et où finissent-elles? Ça paraissait évident (quand on mettait tous les contrexemples de côté) avec les espèces plus grandes dites « supérieures » mais dès qu’on s’est mis à regarder de plus près chez les plus petites on a commencé à perdre le nord.
    Alors comment rationnellement mettre une frontière entre la conscience et la non-conscience? Qui peut décemment dire qu’une amibe ne souffre pas? Un plant de blé? Ce n’est certainement pas en débattant de ces questions qu’on avancera dans la recherche d’une position claire.
    À mon avis, la position ne sera jamais claire. À cause de ce que je disais au début: ces espèces, comme tout ce qui est sur terre ou presque, nous les exploitons. Ce n’est pas de droit dont il faut parler, mais de raison. Et, de façon raisonnée, nous n’avons que nous-mêmes (et encore!) comme barème. Alors posons-nous plutôt des questions du genre: que ressentons-nous devant la mise à mort de tel animal? Quelle implication ça a pour nous sur le plan affectif, sur le plan pratique, sur nos propres relations et sur l’avenir du monde? Au fond, quel monde voulons-nous?
    Personnellement j’aime beaucoup les animaux, je souffre pour la moindre fourmi écrasée. Mais je n’en mange pas moins de la viande (plus exactement j’en mange moins, oui, mais j’en mange).
    Bien entendu, le monde dans lequel j’aimerais vivre en serait un où je ne mangerais pas du tout, à la limite. Manger, respirer, c’est tuer. Comme bâtir. Mais, pour rester dans le réel, disons que j’aspire à un monde où l’on cultiverait notre sensibilité face à la moindre espèce, la moindre chose. Une sensibilité toujours présente mais raisonnée, qui accepte la nécessaire mise à mort.
    Nous sommes devenus les patrons de cette terre, il faut l’assumer. Et chercher des moyens d’exercer notre pouvoir de façon la plus éclairée possible, et la moins destructrice.
    À part la cruauté gratuite, qui sera toujours là (surtout si on ne cultive pas la sensibilité), la vraie cruauté envers les animaux, c’est le marché qui l’exerce. J’ai déjà visité beaucoup d’abattoirs. Je ne m’habitue pas à ces chambres de la mort, qui ne servent au fond, comme tout ce que nous faisons, qu’à donner des dividendes à des actionnaires. Et je constate que dans certaines espèces on tue de jeunes enfants ou des adolescents, juste pour une question de goût (alors qu’autrefois c’était par nécessité pratique: on ne pouvait pas garder tous les veaux). C’est rationnel, économiquement, tuer des agneaux, tant qu’il y a de la demande. Une demande, en passant, qui n’oserait pas elle-même tenir le couteau…
    Dans un monde libéré des besoins d’efficacité économique et où la sensibilité serait mise au goût du jour, on ne ferait pas ces exagérations je crois.
    J’en rêve.

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  25. 16 novembre 2012 18 h 18 min

    @ victormorin

    «Plutôt spécieuse cette question du spécisme!»

    En effet! J’ai pensé à ce jeux de mots, mais l’occasion ne s’est pas présentée…

    «Farce à part, comment vraiment parler de droits pour des êtres que l’on exploite? »

    Les humains aussi sont souvent exploités et «on» leur accorde des droits… pas toujours respectés, c’est le moins qu’on puisse dire!

    «Les spécialistes ne s’entendent même pas sur les limites entre les espèces»

    Il y a de fait parfois des limites arbitraires, mais, comme on peut le lire dans wiki «En biologie, une espèce est un groupe homogène d’individus interféconds». La base de l’espèce est la possibilité de se reproduire. C’est en philosophie que la limite est plus difficile à déterminer.

    «À mon avis, la position ne sera jamais claire.»

    D’où son intérêt, entre autres!

    «Nous sommes devenus les patrons de cette terre, il faut l’assumer.»

    C’est juste. Ça revient à la notion de grande responsabilité dont je parlais dans un commentaire précédent.

    «Dans un monde libéré des besoins d’efficacité économique et où la sensibilité serait mise au goût du jour, on ne ferait pas ces exagérations je crois.»

    C’est un point de vue intéressant que je partage en grande partie. Mais, même dans un monde sans marché, la recherche de l’efficacité demeurerait. Il y a beaucoup de monde à nourrir et tant d’autres choses à faire. Cela dit, les impératifs de productivité ne seraient pas aussi contraignants, je suis d’accord.

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  26. 17 novembre 2012 14 h 35 min

    « La base de l’espèce est la possibilité de se reproduire »
    C’est exactement de cette notion dont je parlais. C’est loin d’être aussi évident que ça en a l’air. La notion ne s’applique qu’aux espèces dites supérieures, comme je le disais. Dès qu’on fouille, le nombre d’exceptions finit par ôter son sens à la règle. Ça reste arbitraire. La reproduction n’est pas toujours sexuée, loin de là. Parlez-en aux mycologues, aux spécialistes des mycorhizes, des lichens, à tous les botanistes! C’est, entre autres subtilités, ce qui rendrait une « législation » si complexe.
    « Les humains aussi sont souvent exploités et «on» leur accorde des droits… »
    Vous avez raison, mais on se base sur des besoins humains, justement, pour définir les droits, ce qui est infiniment plus simple… Si on ne réussit pas à s’entendre et à faire respecter ces droits-là, comment le faire avec des être dont on n’a aucune idée de ce qu’ils ressentent? Parlez-en cette fois aux éthologues, et à ceux qui tentent de rationaliser les normes d’élevage, par exemple.
    Je n’ai pas plus de réponse que vous et la question m’interpelle aussi, comme vous le constatez. Elle mérite d’être posée et vous avez raison de vous y intéresser. J’ai simplement peur des cadres stricts apposés à un univers qui nous est étranger. On a tellement fait d’erreurs par le passé en pensant bien faire. Il y a même un diction qui nous met en garde contre ça.
    Je serai toujours, en tout cas, pour un élargissement de notre vision et de notre empathie. Nous faisons partie d’un tout dont le plus infini morceau mérite notre respect.

    Ah oui, j’oubliais. « Il y a beaucoup de monde à nourrir « .
    Pour m’être penché sur le domaine agroalimentaire depuis des décennies j’en suis venu à l’intime conviction que nous sommes déjà excessivement (au sens propre) efficace pour nourrir la population mondiale. Le problème n’est pas là. Même s’il faut bien entendu un minimum d’efficacité, nous en avons des réserves (d’efficacité) pour beaucoup de générations à venir. Vous saviez que rien qu’au Québec on ne cultive actuellement que la moitié des superficies déjà défrichées et labourées par nos arrières-grand-parents et grands-parents? Et puis en troquant une partie des tracteurs contre des bras humains on réussirait à faire un bond de productivité (par hectare) prodigieux! Malheureusement on place la productivité économique, donc le rendement sur le capital, au-dessus des autres critères, ce qui fausse complètement notre vision des choses.

    J’aime beaucoup votre blogue, la réflexion qu’il suscite, et me demande toujours comment vous faites pour trouver le temps d’écrire vos billets et de répondre à tous vos commentaires aussi vite!

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  27. 17 novembre 2012 18 h 02 min

    @ victormorin

    «La reproduction n’est pas toujours sexuée, loin de là. Parlez-en aux mycologues, aux spécialistes des mycorhizes, des lichens, à tous les botanistes!»

    On parlait des espèces animales! Bon, il y des hermaphrodites, mais il ne se reproduisent qu’avec les membres de leur espèce, non? Je ne nie pas qu’il puisse y avoir des exceptions, je ne suis pas un expert en le domaine.

    «Si on ne réussit pas à s’entendre et à faire respecter ces droits-là, comment le faire avec des être dont on n’a aucune idée de ce qu’ils ressentent?»

    C’est un peu ainsi que j’ai conclu le billet, sauf que je crois que cela ne doit pas nous empêcher d’accorder des droits aux animaux non humains. On sait quand même qu’ils souffrent de privations et de maltraitement.

    « Il y a même un diction qui nous met en garde contre ça.»

    Il y a des dictons pour tout et son contraire. Mes favoris (je les ai déjà dit ici) sont :

    Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras.
    Qui ne risque rien n’a rien.

    «Nous faisons partie d’un tout dont le plus infini morceau mérite notre respect.»

    Il est clair qu’on se rejoint!

    «au Québec on ne cultive actuellement que la moitié des superficies déjà défrichées et labourées par nos arrières-grand-parents et grands-parents»

    Ce n’est pas le cas au niveau mondial, ce que j’avais en tête. Et bien des sols s’appauvrissent.

    «me demande toujours comment vous faites pour trouver le temps d’écrire vos billets et de répondre à tous vos commentaires aussi vite»

    Disons que j’y investis pas mal de temps!

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  28. 18 novembre 2012 4 h 16 min

    -Même la frontière animal-végétal est floue. On s’arrête où? Au nom de quel critère arbitraire?
    -Évidemment, je parlais de productivité agricole mondiale, le Québec n’étant qu’un exemple parmi tant d’autres.

    Vous cherchez la faille argumentaire même dans les détails qui ne changent rien à l’argument de base. Le fait est que nous avons de l’efficacité à revendre et que ce n’est pas en tentant naïvement d’accorder des droits aux « animaux » qu’on améliorera durablement leur sort. Au mieux, on temporisera. Les vaches et les poulets actuels sont déjà des monstres créés par le marché pour viser l’efficacité économique. Accorder le simple droit de vieillir à ces êtres c’est les condamner à souffrir… et revenir à des races viables serait être moins efficace et moins compétitif.
    Oui, se pencher sur les législations est louable, mais c’est travailler en aval, comme la charité, et ne pas s’attaquer à la source du problème.

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  29. 18 novembre 2012 9 h 06 min

    «Vous cherchez la faille argumentaire même dans les détails qui ne changent rien à l’argument de base»

    Disons que les compliments se sont transformés rapidement en reproches. Ce commentaire met bien sûr fin à nos échanges.

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