France-Angleterre
Dans une chronique récente qu’il a intitulée Le mal français (ah, le mal, l’ennemi du bien…), Alain Dubuc s’est trouvé un autre exemple pour discréditer les pays qui résistent un tant soit peu au vent d’austérité mondial. Il a profité de la décision de l’agence de notation Moody’s d’abaisser la note de la France, de «Aaa» à «Aa1», pour se lancer dans une attaque frontale contre la réglementation française et pour vanter l’austérité.
«Ni l’Allemagne, ni le Royaume-Uni, ni les pays scandinaves n’ont été décotés. Parce que ces pays se sont lancés dans de profondes réformes, comme le Canada, pour assainir leurs finances publiques et redynamiser leur économie. La France en est toujours incapable, prisonnière du culte des acquis. Et elle se retrouve aujourd’hui quelque part entre le déni et le sentiment d’impuissance.»
Ouf, il y aurait tant à dire de cette seule phrase! Comme j’ai déjà commenté les raisons du «succès» allemand dans un autre billet, succès que le journal même de M. Dubuc a bien relativisé en montrant La face cachée du «miracle» allemand (avec entre autres des exemples d’exploitation, comme des personnes qui travaillent cinq euros de l’heure et même à quatre : «l’Allemagne est l’un des seuls pays européens qui ont vu le salaire moyen stagner, voire régresser, au cours de la dernière décennie.») et que les pays scandinaves ne sont pas vraiment des exemples patents d’austérité, je m’attarderai ici à montrer à quel point M. Dubuc dit n’importe quoi en vantant l’austérité britannique.
France-Royaume-Uni
Ah l’austérité! Ça va tellement mieux dans le monde de l’austérité britannique qu’en France! Pour le constater, je vais d’abord montrer un graphique illustrant l’évolution du PIB par habitant en France et au Royaume-Uni depuis 2007, juste avant la récession, selon la base de données statistiques de l’OCDE.
Hein? Que se passe-t-il? Le champion de l’austérité souffre plus que la laxiste France? Ça ne se peut pas! Ça contredit le dogme néolibéral, et ça, c’est interdit!
Bon, dans ce cas, l’Angleterre austère a sûrement moins de dette que la cigale française! De fait, en pourcentage du PIB, la France avait en 2006 une dette plus élevée que le Royaume-Uni, comme on peut le voir dans le tableau qui suit. Mais, l’avance du champion de l’austérité a depuis fondu…
On voit en effet que si la proportion de la dette sur le PIB de la France a augmenté d’un peu plus de 25 points de pourcentage entre 2006 et 2012, celle du Royaume-Uni a augmenté, elle, de plus de 40 points!
Bon, bon, bon… Mais M. Dubuc parle aussi du taux de chômage élevé en France… Il dit :
«Mais surtout, les gouvernements français semblent incapables de venir à bout de ce qu’on appelle les rigidités du marché du travail. Des charges sociales élevées pour les employeurs, des règles complexes et des mécanismes de sécurité d’emploi font en sorte que les entreprises s’arrangent pour créer le moins d’emplois possible.»
On pourrait penser qu’il n’a pas tort, puisqu’il est vrai que, selon les données les plus récentes (septembre 2012), le taux de chômage était de 10,8 % en France et de 7,8 % au Royaume-Uni. Sauf que, comme on peut le voir dans le graphique qui suit, l’écart était encore plus grand avant la récession! Il était entre trois et quatre points entre 2002 et 2008, a diminué à moins de deux points en 2010 et 2011, et vient tout juste cette année de remonter à trois points.
En plus, avec tous les défauts que M. Dubuc trouve à la réglementation française, on pourrait croire que les Français sont paresseux, qu’ils ne se forcent pas. Poutant, la productivité des Français surpasse nettement celle des Britanniques!
«Ainsi, sur une base 100 attribuée au travailleur britannique en 2009, la performance est restée la même un an plus tard. En revanche, le travailleur américain est passé de 131 à 134 sur cette même échelle, et le français de 109 à 110»
Alors la réglementation française ne serait pas si nuisible? Voici ce que je lisais cette semaine, de la Banque mondiale, pas vraiment un groupe de gauche :
«ces vingt dernières années, de nouvelles données et des méthodologies plus rigoureuses ont encouragé une série d’études empiriques sur les effets de la réglementation du travail. […] La plupart d’entre elles estiment que son incidence sur les niveaux d’emploi est insignifiante ou modeste. » (Rapport sur le développement dans le monde 2013 – en anglais, page 261)»
Entre l’analyse de M. Dubuc et celle de la Banque mondiale, mon cœur ne balance pas trop!
Et alors…
Si la France se débrouille si bien (enfin, pas si bien que ça, mais moins mal que le Royaume-Uni), alors pourquoi Moody’s a-t-elle baissé sa cote et pas celle du Royaume-Uni?
Tout d’abord, les décisions des agences de notation ne sont pas toujours rationnelles, comme l’explique bien l’Institut de recherche et d’informations socio-économique (IRIS) dans cette brochure. Elles raffolent de l’austérité… Ce qui fait dire à l’IRIS que :
«la notation n’est pas une activité neutre, mais qu’au contraire, il s’agit d’une des courroies de transmission de l’orthodoxie économique»
Ensuite, qui dit que le Royaume-Uni ne verra pas sa cote diminuer à brève échéance?
«Moody’s, qui a retiré lundi la meilleure note (« AAA ») à la dette française, pourrait faire de même avec la Grande-Bretagne dès le début 2013… Ainsi, l’agence américaine, qui a déjà attribué début 2012 à la dette britannique une perspective négative, a indiqué récemment qu’elle procéderait à une nouvelle revue de sa notation dans les premiers mois de 2013.»
Et, est-ce si grave de se faire diminuer sa cote? Le même article ajoute :
«En attendant, les marchés restent patients vis à vis de Londres : les taux d’intérêt sur la dette britannique sont proches de leurs plus bas niveaux historiques, à 1,87% sur 10 ans. Une confiance qui est d’ailleurs encore accordée aussi à la France (2,18% sur l’OAT à 10 ans) malgré l’abaissement d’un cran de sa note par Moody’s »
Même les prêteurs ne se fient pas aux agences! Mais, M. Dubuc oui!
Finalement, et c’est le plus important, M. Dubuc ne mentionne pas que le Royaume-Uni détient un avantage de taille sur la France : il a sa propre monnaie! Il peut donc bénéficier de la baisse de sa monnaie au besoin. D’ailleurs, alors que la livre s’échangeait entre 1,4 et 1,5 euros entre 2005 et 2008, elle avait baissé à 1,1 en 2009 avant de remonter un peu au dessus de 1,2 en 2012. Cela représente tout de même tout un avantage pour ce pays par rapport aux pays de la zone euro. En plus, un pays qui détient sa propre monnaie ne peut pas faire défaut : il peut toujours imprimer de la monnaie si ça va mal. Le Royaume-Uni le peut, les États-Unis aussi, pas la France.
Bref, la situation de la France est moins mauvaise que celle du Royaume-Uni même si elle n’a pas sa propre monnaie. Et, si sa situation se dégrade depuis quelque temps, n’est-ce pas parce qu’elle accepte de se plier aux dogmes du néolibéralisme en adoptant elle aussi des mesures d’austérité? Mais, notre chroniqueur a préféré ne regarder que la seule donnée qui appuie son discours, ignorant celles qui le contredisent…
Tout simplement excellent ce texte Darwin!
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Merci…
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Ce texte arrive à point nommé, alors que les tenants du dogme de l’austérité interviennent plus que jamais sur certains blogues et articles politiques ou économiques. J’ai même débattu ce matin avec un type qui a peur des agences de notation, c’est tout dire. Quoi de mieux que des sources fiables, des statistiques claires et un texte pas piqué des hannetons pour déboulonner un mythe tenace, et aussi les arguments d’un éditorialiste autrefois marxiste-léniniste, qui est rentré dans le rang et qui suit trop souvent les diktats de son patron Desmarais.
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«un éditorialiste autrefois marxiste-léniniste»
Non, il était trotskiste! Je l’ai connu un peu à l’époque. 😉
«qui suit trop souvent les diktats de son patron Desmarais»
Je crois qu’il écrit ce qu’il pense. Mais, s’il ne pensait pas comme son patron, il ne resterait pas longtemps en poste!
«Ce texte arrive à point nommé, alors que les tenants du dogme de l’austérité interviennent plus que jamais sur certains blogues et articles politiques ou économiques»
À qui penses-tu ? (pas de liens, svp…)
En fait, dans cette chronique, Alain Dubuc n’est pas vraiment clair sur l’austérité. Il dit «Parce que ces pays se sont lancés dans de profondes réformes, comme le Canada, pour assainir leurs finances publiques et redynamiser leur économie».
Je ne sais pas trop de quelles réformes il parle, d’autant plus qu’il mentionne le Canada. Pour le Royaume-Uni, je ne vois pas de quoi d’autre il pourrait bien parler. Et il prétend que la France a dit non à l’austérité, ce qui n’est pas vrai. De même, il est inexact de dire que la France «compte surtout réduire le déficit avec des hausses d’impôt», car le dernier budget comprend des compressions importantes, comme c’est mentionné dans l’article que j’ai mis en lien :
Il insiste en fait davantage sur la «rigidité» du marché du travail, un de ses dadas.
Cela dit, le fait qui m’a le plus fait enrager dans son texte est que nulle part il ne mentionne l’importance du fait que le Royaume-Uni a sa propre monnaie. C’est pourtant fondamental.
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Excellente analyse, Darwin.
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Ça va dont bien au Royaume-Uni!
Royaume-Uni : le gouvernement admet que le retour à l’équilibre prendra plus de temps que prévu
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» Corruption en France : « Il y a urgence à agir » »
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20121204.OBS1364/corruption-en-france-il-y-a-urgence-a-agir.html
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« Corruption en France : « Il y a urgence à agir » »
Bizarrement, ça semble encore pire chez vous… s’il faut en croire cet indice!
http://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/general/corruption-le-canada-dans-le-top-10-des-pays-les-plus-vertueux/552007
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Ça va toujours mieux au Royaume-Uni grâce à ses politiques d’asutérité.
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/365555/grande-bretagne-la-rigueur-est-necessaire-dit-le-ministre-des-finances
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Cocorico !
« Dette : le taux français sous les 2%, un record historique »
http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20121205.OBS1420/dette-le-taux-francais-sous-les-2-un-record-historique.html
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@ Darwin
« La facture de l’EPR devrait encore augmenter d’ici à 2016 »
http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/12/04/la-facture-de-l-epr-devrait-encore-augmenter-d-ici-a-2016_1799837_3244.html
Vous parliez, il n’y a pas si longtemps, de l’augmentation du cout de l’électricité au Québec. Avez vous également, au Canada, ce type de scandale concernant vos centrales électriques ?
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«Cocorico !»
Comme je l’écrivais dans le billet : «Même les prêteurs ne se fient pas aux agences!» en voilà une preuve supplémentaire.
«Avez vous également, au Canada, ce type de scandale concernant vos centrales électriques ?»
Nous n’avons qu’une seule centrale nucléaire et elle fermera, entre autres en raison de l’explosion des coûts pour la réfection. On s’y attendait, car les coûts de réfection d’une centrale semblable au Nouveau-Brunswick ont presque doublé par rapport aux prévisions.
«Les travaux ont coûté 1 milliard de dollars de plus que le budget initial, qui était de 1,4 milliard de dollars.»
http://www.radio-canada.ca/regions/atlantique/2012/11/23/001-retour-point-lepreau.shtml.
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Gabriel-nadeau-dubois condamné à 120 heures de traveaux communautaires… Mais ce n’est pas une punition ça pour lui, c’est plutôt une récompense!!! 😯
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Non, il va continuer pour le principe. Cela dit, tu as un peu raison, c’est quand même fort d’imposer des travaux communautaire à quelqu’un qui est condamné pour des actes posés pendant qu’il était justement bénévole.
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C’est quand même cocasse de voir une figure de proue de la gauche être condamné à des travaux communautaires. Je me réjouis qu’il n’y a pas de prison dans la peine, de l’emprisonnement aurait été carrément abusif quand on pense que certains abuseurs d’enfants s’en tirent avec des peines « à purger dans la collectivité ».
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Pour faire le lien avec ce billet, il pourrait faire des travaux communautaires en Angleterre pour appuyer le mouvement de contestation britannique! 😉
Mais, bon, j’espère qu’il va gagner en appel.
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Le hic est qu’il n’y a pas plus d’austérité au Royaume-Uni qu’en France, chose que vous ne semblez pas avoir vérifié. Les dépenses continuent d’augmenter. Les seules mesures d’austérité sont des hausses de taxes, soit la pire chose à faire.
http://minarchiste.wordpress.com/2012/03/15/krugman-et-lausterite-britannique/

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«Le hic est qu’il n’y a pas plus d’austérité au Royaume-Uni qu’en France, chose que vous ne semblez pas avoir vérifié»
C’est simplement que nous ne semblons pas avoir la même définition de l’austérité. Et je ne vois pas en quoi votre graphique vient contredire mon billet. Un déficit peu diminuer aussi bien en raison de mesures d’austérité qu’en raison d’un bon niiveau de croissance. Or, comme croissance il n’y a pas (ou si peu), surtout au Royaume-Uni, disons que ce graphique va dans le sens de l’austérité.
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On parle bien d’austérité!
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/365667/il-n-y-a-pas-de-remede-miracle
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@Darwin
« On parle bien d’austérité! »
Certainement qu’on en parle! Mais est-ce qu’on le fait?
Ce qui se produit est surtout des hausses de taxes.
Dans les faits, les dépenses continuent d’augmenter.
Les seules et maigres coupures de dépenses qui sont examinées concernent des programmes sociaux, ce qui est la dernière chose à laquelle ils devraient s’attaquer. On ne s’attaque surtout pas à la bureaucratie syndicalisée.
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«ce qui est la dernière chose à laquelle ils devraient s’attaquer»
Pas de désaccord ici. Mais, ça demeure une mesure d’austérité.
«On ne s’attaque surtout pas à la bureaucratie syndicalisée»
…
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@Darwin
« Mais, ça demeure une mesure d’austérité. »
Pas vraiment puisque dans l’ensemble les dépenses continuent d’augmenter.
La seule austérité provient des hausses de taxes.
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Nous n’avons vraiment pas la même définition, comme je le disais.
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@ minarchiste
J’aimerais ajouter que tout ce que j’ai vu jusqu’à maintenant, dont des données de l’OCDE, montre une baisse des dépenses entre 2009 et 2011, même si le service de la dette a dû augmenter et que la population croît de 0,6 % à 0,7 % par année. Les dépenses de programme par habitant semblent donc bien en baisse. Quelle est votre source pour affirmer que «les dépenses continuent d’augmenter» ?
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Pour l’exercice 2011-12, les dépenses ont diminué de -1.5%, mais elles sont tout de même en hausse de 22 milliards de livres depuis avant la crise de 2008.
En pourcentage du PIB, le niveau de dépense actuel n’a pas été observé depuis les années 1970 pré-Thatcher.
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mais ça c’était selon le budget. Les vraies dépenses ont été plus élevées que prévu et ont fini par augmenter de 300 millions (pour l’exercice se terminant en mars 2012).
Le budget actuel prévoit une baisse de -1.1%….qui ne se produira pas encore une fois.
Voici les données:
http://www.guardian.co.uk/news/datablog/2010/apr/25/uk-public-spending-1963
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«elles sont tout de même en hausse de 22 milliards de livres depuis avant la crise de 2008.»
Bien sûr, avec un taux d’emploi en baisse, un taux de chômage en hausse, les dépenses augmentent! Mais, cela n’a duré que jusqu’en 2009, soit une seule année (une partie de 2008 aussi). En plus, avec la taille du secteur financier de la City (je ne vous apprendrai pas ça!), ça coûte cher sauver des banques!
«En pourcentage du PIB, le niveau de dépense actuel n’a pas été observé depuis les années 1970 pré-Thatcher»
Faux, il était plus élevé en 2009! Je blague…
Mais, en plus des facteurs mentionnés, c’est sûr que quand le dénominateur (PIB) diminue, le pourcentage augmente encore plus rapidement que les dépenses! Mais, si j’ai bien vu, les dépenses ont tellement diminué entre 2009 et 2011, que les dépenses en % du PIB ont aussi diminué (de près de trois points, de mémoire).
Il est évident que je ne parlais pas de 2009 en parlant d’austérité (même les pays européens ont adopté un petit plan de relance en plus des fortunes qu’ils ont consacré au sauvetage des banques), mais bien de ce qui se passe depuis 2009.
Et, j’attends toujours votre source…
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OK, merci.
Mais, si je ne m’abuse, cela est en livres courantes? D’ailleurs, cela a baissé en % du PIB entre 2009-2010 et 2010-2011. Cela correspond à ce que j’ai vu ailleurs.
«Les vraies dépenses ont été plus élevées que prévu et ont fini par augmenter de 300 millions»
300 millions sur des dépenses de 690 milliards? En livres courantes? Cela serait donc une baisse importante en livres constantes, une baisse encore plus importante en % du PIB et en dépenses par habitant et une baisse encore plus importante en dépenses de programme par habitant. Bref, un cas d’espèce d’austérité.
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@minarchiste
« les dépenses ont diminué de -1.5%, mais elles sont tout de même en hausse de 22 milliards de livres depuis avant la crise de 2008. »
Certes mais l’Angleterre n’est pas unique à se retrouver dans une telle situation. Quasiment tous les pays de l’OCDE ont vu leurs dépenses publiques augmenter après 2007-2008.
Ce document de l’OCDE en explique d’ailleurs assez bien la raison : « Ces données montrent que les dépenses sociales publiques ont cru de 3 points de pourcentage à partir de 2007 pour atteindre 22.5% en 2009 en moyenne dans les pays de l’OCDE. […] »
http://www.oecd-ilibrary.org/docserver/download/5kg2d2d4pbf0.pdf?expires=1354849341&id=id&accname=guest&checksum=D53EB56E3B37B3CFDFF3A44729DA689D
Bref, il est assez difficile de trouver ne serait-ce qu’un seul pays dont les dépenses sociales publiques n’ont pas augmenté soudainement en 2008-09. Je ne crois pas qu’il soit correct d’utiliser les données pré-crise afin d’établir une comparaison adéquate des dépenses publiques surtout en considérant à quel point le taux de chômage continue de frôler les 8% pour la période allant de 2009 à mai 2011, le tout jumelé à un vieillissement accru de la population.
Si les dépenses publiques ont fortement augmenté depuis 2007, ce n’est point parce que les gouvernements sont devenus plus généreux ou « moins austères » mais uniquement car les conditions macroéconomiques les contraignaient à agir ainsi. Dans une telle situation, je crois qu’on peut effectivement considérer comme austère un gouvernement qui tente de réduire ses dépenses, ne serait-ce qu’en proportion de 2 ou 3 points du PIB alors que la situation sociale est toujours aussi précaire.
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@Darwin
Oui, en termes réels et par habitant c’est une baisse séquentielle.
Mais si les dépenses ont été élevées durant la récession en raison des stabilisateurs automatiques, ne serait-ce pas normal qu’elles se normalisent un peu depuis la sortie de la récession? Avec le ratio dépenses/PIB autour de 45%, l’utilisation du mot « austérité » me fait bien rire.
Le problème des PIIGS, du Royaume-Uni, de la France, du Québec et même des États-Unis sous Bush est que les gouvernements ont utilisé l’augmentation des revenus fiscaux durant le boum économique pour augmenter leurs dépenses plutôt que de faire des réserves pour les temps moins cléments.
Puis, les dépenses ont augmenté automatiquement et par les plans de relance durant la récession, les amenant à des niveaux encore plus élevés.
L’autre problème est que l’inflation demeure élevée au Royaume-Uni (autour de 2.7%), ce qui est en lien avec la monétisation du déficit par la BoE (injection de monnaie par QE) et qui met de la pression sur le niveau de vie des ménages.
Dans l’ensemble, le gouvernement du Royaume-Uni (incluant la BoE) ne crée définitvement pas un environnement propice à une reprise solide. La France non plus d’ailleurs.
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«ne serait-ce pas normal qu’elles se normalisent un peu depuis la sortie de la récession»
S’il y avait une reprise, sûrement! Regardez les graphiques de mon billet sur le taux de chômage et l’évolution du PIB par habitant (encore 5 points sous 2008 en 2011, et pas de croissance en 2012). Et s’ajoute la hausse du service de la dette. Si techniquement, la récession est finie, on ne peut pas vraiment parler de reprise… entre autres en raison des mesures d’austérité, pas juste à l’interne, mais aussi dans les pays avec lesquels ils échangent le plus à l’externe (Europe).
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Dans ce billet, j’ai entre autres écrit : «qui dit que le Royaume-Uni ne verra pas sa cote diminuer à brève échéance?» Et que lis-je aujourd’hui?
Menace de décote
Bon, ce n’est pas fait, mais ça s’approche…
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@Darwin
Pour 2013, le FMI prévoit maintenant une croissance de +0.68% pour le RU comparativement à -0.07% pour la France.
En 2012, le RU a cru de +0.17% versus +0.03% pour la France (c’est un rythme de croissance 453% plus élevé!).
http://www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2013/01/weodata/weorept.aspx?sy=2011&ey=2018&scsm=1&ssd=1&sort=country&ds=.&br=1&c=156%2C158%2C132%2C112%2C134%2C111%2C136&s=NGDP_RPCH&grp=0&a=&pr.x=80&pr.y=10
Les dépenses gouvernementales au RU avec une moyenne-mobile 12 mois :
http://minarchiste.files.wordpress.com/2012/03/uk_expenses.jpg?w=750&h=369
En fait, en 2012, les dépenses gouvernementales ont augmenté sensiblement au même rythme dans les deux pays (+2.6% en France, +2.9% au RU).
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«c’est un rythme de croissance 453% plus élevé!»
Hahaha! C’est vous qui me parliez de l’abus des comparaisons en pourcentage (j’imagine que votre commentaire est une blague à ce propos…) ? Avec ce type de calcul, dirait-on qu’on prévoit le rythme de croissance du RU (0.688) en 2013 sera de -1042 % celui de la France (-0.066) ?
«En fait, en 2012, les dépenses gouvernementales ont augmenté sensiblement au même rythme dans les deux pays (+2.6% en France, +2.9% au RU).»
L’augmentation fut donc 11,5 % plus élevée au RU!
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😆
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