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Pour un système de santé efficace et humain

8 décembre 2012

privéEn général, je ne suis pas très friand des livres sur notre système de santé. Je sens à chaque fois que l’auteur ou les auteurs veulent me vendre leur idéologie, quitte à dénaturer les faits. Mais, ayant lu des articles fort élogieux sur ce livre, dont une chronique de Louis Cornellier et cet autre article du Devoir, je me suis laissé attirer par l’essai d’Alain Vadeboncoeur, Privé de soins – Contre la régression tranquille en santé. Et je ne l’ai pas regretté!

Contrairement à mon habitude, je ne compte pas ici citer une ou des sections de ce livre, car aucune ne ressort vraiment. En fait, elles ressortent toutes! Tout est bon et agréable à lire. Je peux toutefois mentionner les sujets abordés.

Sujets

Dans la première partie du livre, l’auteur raconte ce qui l’a amené en médecine à travers quelques anecdotes. Cela semble à prime abord un peu étrange dans un essai sur notre système de santé, mais c’est au contraire très pertinent. Les questions qu’il se pose sur le choix de sa profession viendront éclairer les sections suivantes en montrant l’importance pour un médecin de ne jamais perdre de vue son rôle, pour ne pas dire sa vocation. Et en plus, cela se lit super bien, c’est agréable à lire et très intéressant. Il écrit bien le vlimeux…

La deuxième section aborde, de façon parfois décousue (de nombreux chapitres sont des adaptations de textes qu’il a écrits auparavant pour des journaux ou des revues, et adaptés pour ce livre) mais toujours intéressante et pertinente, divers aspects de notre système de santé : l’éthique, la place du secteur privé, les conflits d’intérêts, les cadeaux des sociétés pharmaceutiques, les partenariats public-privé (PPP), la médecine mixte (à la fois au privé et au public), le désengagement des médecins, l’organisation des soins, le coût des médicaments (il vante Pharma-Québec), le partage des tâches entre les professions de la santé, etc. Cela peut sembler aride, mais cela ne l’est pas. Chaque texte est bien construit, rempli de passion et explique clairement et avec des exemples pertinents des sujets que j’ai souvent trouvés rébarbatifs. C’est le cœur du livre.

La dernière section aborde les solutions, ce qu’il faudrait changer dans notre système pour le rendre plus efficace et plus humain. Elle est composée à partir d’un seul paragraphe qu’il décortique ensuite pour expliquer le sens de chaque mot. Comme j’apprécie tout particulièrement les auteurs qui savent structurer un texte de façon claire et logique, j’ai été séduit par cette astuce. Et elle n’enlève rien à la pertinence et à la clarté de ses recommandations, bien au contraire!

Et alors!

Je recommande sans hésitation la lecture de ce livre. Étant tout de même assez bien informé sur le sujet, j’ai été surpris de voir à quel point certains liens m’avaient échappé (non, je ne les dirai pas!). Sans proposer de recette précise, il parvient tout de même à nous faire comprendre ce qui va bien dans notre système, ce qui ne va pas et ce qui pourrait faire en sorte qu’il fonctionne mieux. Et qualité suprême, ce livre est agréable à lire (je sais, je me répète…)!

Je terminerai ce billet avec une citation de l’auteur. Parlant de la tendance de trop de politiciens et gestionnaires de vouloir réduire l’organisation des services de santé à des indicateurs de performance et à des cibles de coût/efficacité et autres indicateurs de gestion, il dit :

«Comment garder vivant le souci du patient dans ce contexte? Cette dérive de la gestion publique ne se limite pas à l’univers de la santé : c’est un large mouvement qui tend à réduire l’art de gouverner à des techniques de gouvernance.»

8 commentaires leave one →
  1. Pierre Jobin permalink
    8 décembre 2012 8 h 41 min

    Merci pour ce billet. Il donne le goût de lire ce livre.

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  2. 8 décembre 2012 9 h 19 min

    «Il donne le goût de lire ce livre.»

    Heureux que cela fonctionne!

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  3. 8 décembre 2012 11 h 28 min

    On m’a demandé ce que je voulais recevoir pour Noël… je viens de trouver !

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  4. 8 décembre 2012 11 h 38 min

    «je viens de trouver !»

    🙂

    Et il n’est pas trop cher!

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  5. 10 décembre 2012 12 h 04 min

    J’aime bien son émission à Radio-Canada. A delà de la connaissance de ses sujets, j’ai noté qu’il était un communicateur hors pair.

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  6. 10 décembre 2012 12 h 23 min

    J’en ai entendu parler, mais je ne l’ai jamais vu, autrement que dans les pub de l’émission.

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  7. 12 décembre 2012 16 h 22 min

    Ce n’est pas qu’au Québec que les cliniques privées coûtent cher :

    «Un patient sur cinq en Ontario reçoit des tests inutiles et inappropriés dans des cliniques autonomes gérées par le secteur privé, selon le rapport annuel du vérificateur général de la province.

    Lorsqu’un patient a besoin d’une radiographie, d’une échographie ou de tests sanguins, relate le rapport dévoilé mercredi midi, son médecin le réfère souvent à une des 800 cliniques privées spécialisées dans ce genre d’examen.

    Or, Jim McCarter a découvert de nombreuses failles dans cette façon de faire, comme des diagnostics non concluants, qui coûtent 408 millions de dollars aux contribuables.

    Le vérificateur souligne que plus de 97 % de ces cliniques sont privées et que la moitié appartiennent à des médecins. Dans nombre de cas, un médecin réfère un patient à une clinique dont il est propriétaire.

    Malgré cette possibilité de conflits d’intérêts, la ministre de la Santé, Deb Matthews, n’a pas cherché à savoir si les médecins avaient tendance à acheminer des patients vers leurs propres établissements. Par ailleurs, la province ne vérifie pas la qualité des tests diagnostiques.

    En fait, 60 % de ces établissements ne sont pas inspectés, question de s’assurer, par exemple, que des mesures sont en place pour prévenir une exposition inappropriée du personnel et des patients à des rayons X.»

    Perte de milliards de $ en impôts, selon le vérificateur provincial

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