Tommy Douglas
Il est très rare que je lise des biographies. Après avoir lu ce compte-rendu dans Le Devoir, j’ai toutefois été tenté par celle de Tommy Douglas, le trop peu connu fondateur de l’assurance maladie au Canada (en 1962, en Saskatchewan). Né en 1904 en Écosse, il a immigré avec sa famille au Canada en deux étapes séparées par un court retour en Écosse où son père n’a pu se réhabituer aux divisions de classes de ce pays.
De sa jeunesse, je ne mentionnerai que deux choses. Tout d’abord, il a été atteint d’une infection à la jambe qui a failli être amputée. L’amputation fut évitée par le hasard de la rencontre d’un médecin spécialiste qui l’a traité gratuitement sous condition de présenter son cas à ses étudiants. Cette tranche de vie, jumelée à la mort de son père d’une appendicite non traitée, explique sûrement en partie son combat pour l’implantation d’un système de santé étatique, considérant que les soins à apporter à un malade ne doivent pas dépendre de l’épaisseur de son portefeuille.
Il fut par la suite témoin d’au moins deux grèves gravement réprimées par les «forces de l’ordre», avec de nombreuses morts de grévistes. Cela aussi l’a marqué profondément et l’a poussé à s’engager tout d’abord socialement, puis, voyant que la charité ne fait que s’attaquer aux symptômes des problèmes sociaux, politiquement.
Début de son engagement politique
Pasteur baptiste, il a participé en 1932 activement à la création de la Co-operative Commonwealth Federation (CCF), ancêtre du NPD. Considéré révolutionnaire à l’époque, le Manifeste de Régina, son document fondateur de 1933, contenait pourtant de nombreuses revendications qui ont depuis vu le jour :
- droits des minorités ethniques et religieuses;
- création d’une banque centrale (réalisée en 1935);
- constitution canadienne et charte des droits;
- normes du travail;
- soins de santé financés par le public;
- assurance-chômage;
- pensions de vieillesse adéquates (elles existent depuis 1927, mais ne furent améliorées qu’en 1952 et en 1965).
Ce manifeste contenait aussi bien d’autres éléments, toujours pas en force de nos jours :
- réseau de sociétés de la Couronne;
- économie régulée formée d’entreprises privées et publiques avec participation active des travailleurs dans la gestion des entreprises;
- politique étrangère basée sur le désarmement et la promotion de la paix.
L’idéal derrière ce manifeste était de chercher «à remplacer le système capitaliste actuel, avec toutes ses injustices et son inhumanité, par un ordre social où la domination et l’exploitation d’une classe par une autre seront abolies». Cet objectif serait atteint par «une économie planifiée possédée et contrôlée par le peuple». On comprend maintenant mieux que de nombreux membres du NPD refusent de voir la mention du socialisme être retirée de sa constitution, comme on l’a constaté lors de son congrès de 2011!
Député fédéral
Reconnu pour son éloquence et la préparation rigoureuse des dossiers qu’il abordait, il fut élu en 1935 député du CCF. Il a appuyé, avec la majorité de la députation de la CCF, la participation du Canada à la Deuxième guerre mondiale, allant ainsi à l’encontre de la position officielle du parti, position appuyée par son chef, J. S. Woodsworth. Déchiré par cette question, il ne pouvait oublier les scènes qu’il avait vue en Europe en 1936 : troupes nazies saluant Hitler, arrestations de Juifs, prêtres munis de mitraillettes combattant Franco, etc. Il était aussi scandalisé par l’invasion meurtrière de la Chine par le Japon et de l’Éthiopie par les Italiens. Il a justifié sa position ainsi :
«J’ai réalisé qu’entre la perte de la liberté d’expression, de pensée et de toutes les choses qui font que la vie mérite d’être vécue et l’usage de la force, il faut choisir la force.»
Il a tout de même réussi à faire adopter un amendement à la Loi sur la production de la défense limitant les profits des fabricants d’armes à 5 %, mais cet amendement fut par la suite retiré par décret. Il semble qu’il était plus facile de demander le sacrifice de la vie aux Canadiens qui ont été conscrits par l’armée que de demander aux fabricants d’armes de faire leur juste part…
Premier ministre
Malgré une campagne où il a dû affronter les peurs colportées par les journaux, le parti libéral et les grandes entreprises (par exemple en le qualifiant de communiste ou de nazi dans la même phrase…), le CCF avec Douglas à sa tête a remporté 47 des 52 sièges de la Saskatchewan en 1944. Il allait être réélu pendant 20 ans.
Dès les 18 premiers mois de son arrivée au pouvoir, le CCF adopta 196 lois, de l’assurance-récolte à l’agrandissement des écoles en passant par l’électrification des régions et l’augmentation des allocations familiales. Par contre, l’état précaire des finances publiques ne lui permettait pas d’adopter l’assurance maladie, son objectif ultime, d’autant plus que le gouvernement fédéral refusait de participer à son financement malgré de nombreuses promesses à cet effet. Il dut donc procéder graduellement, commençant par financer le traitement de certaines maladies (cancer, maladies vénériennes et maladies psychiatriques). Il assura par la suite les soins de santé aux personnes âgées et aux nécessiteux, et démarra des projets-pilotes d’assurance complète. Il fit construire et rénover des hôpitaux, et mit en branle un programme d’assurance-hospitalisation en 1947 qui finit par être remboursé à environ 50 % par le gouvernement fédéral et à s’étendre à d’autres provinces dans les années 1950 et au début des années 1960.
Ce n’est toutefois qu’en 1961 qu’il put enfin adopter la loi instituant l’assurance maladie qui ne sera mise en œuvre qu’en 1962, malgré les objections du Collège des médecins et chirurgiens de la Saskatchewan qui voulait entre autres qu’on maintienne des assurances privées, comme le fait le programme d’Obama (l’histoire a parfois le hoquet!), et qui a même organisé une grève pour s’y opposer (tout comme la Fédération des médecins spécialistes l’a fait en 1970, lors de la mise sur pied de l’assurance maladie au Québec; un autre hoquet?). On sait maintenant que ce programme a aussi fini par être financé en partie par le gouvernement fédéral et à être offert par les autres provinces.
De nouveau député fédéral
En fait, Douglas n’était plus premier ministre de la Saskatchewan quand l’assurance maladie a été enfin mise en œuvre, ayant accepté en 1961, après de nombreuses hésitations, de diriger le NPD fédéral. Ce qui l’a convaincu fut le constat que de grands pans du programme du NPD (monnaie, échanges commerciaux, politique étrangère, etc.) ne pouvaient être réalisés qu’au fédéral.
S’il a perdu son élection en 1961 à Régina, il fut élu lors d’une élection partielle en Colombie-Britannique en 1962. Déçu du faible succès du NPD à cette élection (seulement 19 députés), Douglas a quand même fortement influencé les politiques canadiennes, la présence du NPD «forçant» entre autres les libéraux à se camper au centre-gauche. Ceux-ci ont même incorporé à leur programme un bon nombre de positions du NPD, dont celle sur la participation du fédéral au financement de l’assurance maladie qui fut réalisée en 1968.
Son deuxième passage au gouvernement fédéral a duré 17 ans. Au cours de ces années,
- il s’est opposé à la guerre du Vietnam et aux ventes d’armes par les entreprises canadiennes (n’hésitant pas à participer à des manifestations);
- a appuyé les mouvements pour l’indépendance des anciennes colonies et des droits civils aux États-Unis;
- a contesté le pouvoir grandissant des sociétés transnationales et a réclamé plus de participation et de contrôle de l’État en matière d’énergie (le NPD a littéralement forcé Trudeau à créer Pétro-Canada alors qu’il détenait la balance du pouvoir et menaçait de défaire le gouvernement sur cette question);
- a défendu l’indépendance du Canada face aux États-Unis aussi bien en matière d’économie que de politique étrangère;
- a milité pour la protection de l’environnement (bien avant que ce ne soit d’actualité) et pour l’accroissement de l’aide internationale;
- a fait la promotion de l’adoption d’une Charte des droits et s’est élevé violemment contre l’imposition de la Loi sur les mesures de guerre en 1970 (qui suspendait justement les droits et les libertés). Cette dernière position a nui à son parti qui a chuté dans les sondages, mais Douglas n’en avait cure : rien ne justifiait pour lui la suspension des libertés civiles.
Même s’il a cédé la chefferie du NPD en 1971 à David Lewis, il a siégé jusqu’en 1977. Il est décédé en 1986, cinq ans après qu’on lui ait diagnostiqué un cancer.
Et alors…
Je n’ai pu dans ce billet qu’esquisser les grands moments de la vie de cet homme qui fut choisi en 2004 le «Greatest Canadian» lors d’un concours organisé par la CBC (devant Wayne Gretzky et Pierre Elliott-Trudeau). Très agréable à lire, ce livre se concentre sur la vie publique de Tommy Douglas, tout en soulignant quelques anecdotes significatives.
Par exemple, on y apprend qu’il était le beau-père de Donald Sutherland (et donc le grand-père de Keifer). Rien de bien intéressant en soi, mais cela a permis à l’auteur (Vincent Lam) de mentionner que sa fille, actrice elle aussi et vivant à Beverly Hills, s’est vue interdire de travailler aux États-Unis sans motif déclaré. Sa maison a même été fouillée et elle-même arrêtée sans accusation. Bien plus tard, Douglas a appris par un ex-policier de la GRC que tout cela avait été organisé pour tenter de lui nuire. Cela s’ajoutait aux nombreuses menaces de mort qu’il a reçues (un homme s’est même présenté à son bureau avec une arme, mais sa secrétaire lui a fait croire que Douglas était à ce moment à un autre endroit, alors qu’il était bien à son bureau…), anecdotes mentionnées par l’auteur pour montrer qu’il n’était pas de tout repos d’être socialiste en ces années. Et, on apprend à la fin du livre que la GRC l’a suivi toute sa vie et a produit un rapport de plus de 1100 pages sur lui, rapport qu’elle refuse toujours de rendre public.
Bref, je n’ai nullement regretté cette lecture qui m’a permis de mieux connaître l’histoire trop peu évoquée de cette époque dans cette région du Canada et cet humaniste attachant et défenseur acharné de la justice sociale.
Il fallait du courage en chien pour affronter le lobby des assurances privées et du Collège des médecins comme premier ministre d’une province de moins d’un million d’habitants! Au sein du Parti démocrate américain, il n’y a même pas consensus pour une assurance-maladie universelle! [1] Paul Martin père a vécu avec les séquelles de la polio (paralysie faciale) http://www.marchofdimes.ca/EN/programs/PolioCanada/Documents/polio_fall_2010__newsletter_fr.pdf . Comme ministre du gouvernement libéral du Canada, il s’est battu pour que le fédéral participe au financement du système d’assurance-maladie. Paul Martin fils aura la réputation de plus grand ministre des Finances du Canada en y mettant la hache sérieusement. Le gouvernement fédéral a déjà financé 50% de l’assurance-maladie. Paul Martin inscrira dans une seule enveloppe budgétaire le transfert aux provinces pour le financement de la Santé, de l’Éducation post-secondaire et de l’Aide sociale. Cette enveloppe sera réduite et les « normes nationales » convenues pour l’assurance-maladie resteront en vigueur. Comme la santé est plus « glamour » que l’éducation qui l’est plus que l’Aide sociale, il se produira un cercle vicieux sur l’égalité des chances des citoyens et la fracture sociale. Qui plus est, sous Paul Martin ministre des Finances, le travail de sape de l’assurance-emploi commencé sous le gouvernement Mulroney sera accentué.
Quand j’admire les Tommy Douglas et Paul Martin père, je pense aux membres des mouvements sociaux qui ont participé à ces combats [2].
[1] L’explication par une mentalité différente dans les pays nordiques me laisse sur ma faim.
[2] À Arthabaska, nous demeurions devant le Bureau des Postes. À cette époque, les classes sociales existaient. Elles se concrétisaient matériellement (pléonasme?) par des casiers. L’overclass (dont la famille du Dr Langelier) avait un gros casier. J’allais y chercher le courrier et je lisais l’éditorial de la revue du Collège des médecins. La soviétisation de la médecine était à l’horizon. Chose certaine ce n’est pas ledit Collège qui a fait le combat. Par contre, la lecture du rapport Tremblay n’a cesse de me laisser perplexe http://www.bulletinhistoirepolitique.org/le-bulletin/numeros-precedents/volume-16-numero-1/l%E2%80%99heritage-de-la-commission-tremblay-penser-l%E2%80%99autonomie-dans-un-cadre-federal-rigide/ . D’une certaine façon, je comprends la gauche anglo-canadienne d’avoir été centralisatrice. Le niveau de gouvernement qui négocie les traités commerciaux devrait fixer le niveau du salaire minimum et la fiscalité des entreprises. Le hic, c’est qu’au Québec, il y a 8 millions de citoyens parlant français qui se reconnaissent comme communauté avec des institutions qui ont choisi de rapatrier l’État-Providence à partir de Paul Sauvé (il y a encore quelques trudeauistes, mais je crois que la majorité ne l’est pas). Le CCF et le NPD n’ont pas saisi la spécificité du Québec jusqu’à Jack Layton.
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Ta description de la décrépitude des Martin est tout à fait pertinente et déprimante. Mais il y a plus…
Je me demandais s’il y aurait finalement un seul commentaire à ce billet… Je trouvais ça triste qu’il n’y en ait pas, parce que, sérieusement, même s’il ne parlait pas français, ce politicien était du genre qu’on aimerait voir de nos jours… Corrige-moi Richard, mais à part les nôtres, il n’y en a pas beaucoup qui lui ressemblent! Les candidats potentiels préfèrent tous se joindre aux partis qui ont des chances de prendre le pouvoir plutôt que de se battre pour leurs idées…
Oh, c’est vrai, je ne l’ai pas souligné dans ce billet, mais Douglas a refusé de joindre le parti libéral où on lui avait promis un poste de ministre… Il était probablement ce qu’on qualifirait maintenant d’un utopiste. Mais il fut premier ministre pendant 20 ans! Chriss, pis ça n’intéresse personne (sauf toi et moi…)!!!
«Le CCF et le NPD n’ont pas saisi la spécificité du Québec jusqu’à Jack Layton.»
Je ne pense pas que Jack Layton l’ait compris lui-même… Mais, bon, la lassitude du Bloc (je ne parle pas pour moi!) et les circonstances très peu politiques finalement ont joué du côté du NPD.
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«Chriss, pis ça n’intéresse personne (sauf toi et moi…)!!!«
Vous vous trompez mon cher Darwin. Ce n’est pas parce que personne commente ce billet que cela n’intéresse personne.
Après lecture de ce billet que je trouve très intéressant, je me suis informé plus profondément sur cet être extraordinaire qu’était Tommy Douglas et je suis certain de ne pas être le seul.
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Un beau rappel à notre mémoire et à l’Histoire que de parler de cette personne. 🙂
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@ Yves
«Ce n’est pas parce que personne commente ce billet que cela n’intéresse personne.»
Je sais, mais je connais aussi les statistiques de fréquentation! Et, c’est nettement plus faible que d’habitude. Bon, j’exagérais en disant que ça n’intéresse personne, mais disons que ça intéresse moins le monde que d’autres sujets. C’est correct, les gens ont droit à leurs préférences et, je le répète, j’écris surtout pour moi.
@ Mathieu Lemée
Personnellement, je connaissais peu de choses de cet homme avant de lire ce livre, sinon qu’il était le père de l’assurance-maladie.
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« Le CCF et le NPD n’ont pas saisi la spécificité du Québec jusqu’à Jack Layton. »
Ça doit inclure Layton, j’imagine…
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« D’une certaine façon, je comprends la gauche anglo-canadienne d’avoir été centralisatrice. Le niveau de gouvernement qui négocie les traités commerciaux devrait fixer le niveau du salaire minimum et la fiscalité des entreprises. »
Bien sûr, le Canada de droite peut très bien être de gauche pour les travailleurs et les entreprises, bien sûr! 😉
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Darwin, pour l’immense majorité de tes billets, il y a beaucoup de commentaires. Je tenterai de faire quelques hypothèses d’explication, tout en sachant que je ne peux faire d’enquêtes pour les vérifier, avec une marge d’erreur de 3%, 19 fois sur 20.
À tout seigneur, tout honneur, je vais commencer par moi. En ce moment, je prends des antidouleurs qui me rendent zombie. J’ai l’habitude de commencer ma journée par la lecture de mon petit journal fondé par Henri Bourassa, du premier au dernier article. Là, je me rends directement à la page Idées, je jette un coup d’oeil sur Jeanne Émard et je me recouche. Au second réveil, j’écoute le Club des ex. Il y a évidemment nette recrudescence dans la cadence de mes jurons. Jean-Pierre Charbonneau ne sait même pas qu’il faut avoir épuisé ses économies pour avoir droit à l’Aide sociale. Ce grand défenseur du scrutin proportionnel reprochait aux électeurs qui avaient l’intention de voter pour Québec solidaire de risquer de faire entrer un candidat libéral dans leur circonscription. Dans la Revue de l’année, Liza Frulla affirmait que Léo Blouin-Bureau était le seul porte-parole étudiant qui avait eu le courage de se présenter aux élections. Bout d’crisse! Nous avons été 8 millions de non courageux! Je me recouchais. Hier, j’ai pris moins d’antidouleurs. J’ai pondu un commentaire en m’épivardant.
L’explication d’Yves est plausible. Le hic, c’est qu’elle n’explique pas pourquoi il n’y avait pas de commentaires comme c’est généralement le cas [1].
Il est possible que les humanistes de gauche qui ont l’habitude de commenter ici, s’imaginent qu’un beau matin, Claude Castonguay a décidé d’instaurer l’assurance-maladie au Québec. Ils savent bien qu’il n’a pas de dossier de la GRC. Nos programmes sociaux seraient une évidence. L’important, c’est de les défendre. Pourquoi s’intéresser à Tommy Douglas?
Il y a aussi les deux solitudes. Le soir du référendum de 95, Lucien Bouchard a lancé : « Un vent de droite souffle du côté du Canada anglais, un vent de droite glacial! ». Au cours des années 70, je lisais des textes de la gauche radicale [2]. La classe ouvrière québécoise était présentée comme plus combattive que la classe ouvrière canadienne. Au référendum de 80, le mot d’ordre était l’abstention pour ne pas diviser la classe ouvrière canadienne, par les formations En lutte et La Ligue communiste ouvrière. Je ne suis pas historien, mais je considère que les deux communautés n’ont pas été monolithiques et ne le sont toujours pas. La société duplessiste était traversée par des contradictions et la Révolution tranquille n’a pas été un big bang. L’électorat des provinces de l’ouest nous apparaît harperien. Notre système électoral nous donne cette impression. Dans la série « Duplessis », Denys Arcand fait dire à l’organisateur Jos-D Bégin, joué par Marcel Sabourin : « Le nationalisme, c’est 10% des votes en partant. En se concentrant sur les comtés ruraux, on est assuré du pouvoir jusqu’à la fin de nos jours ». Dans la vraie vie, il y a eu les grèves de Louiseville, d’Asbestos, de Murdochville et beaucoup d’autres qui n’ont pas fait la manchette. Il y a eu aussi des gens comme mon père que j’ai toujours considéré « honnête homme de droite » qui a été commissaire d’école, puis président de la Commission scolaire qui trouvait essentielle l’extension de la gratuité scolaire au-delà de la 9e année.
Je ne doute pas un instant que ce doit être frustrant de rédiger un billet en choisissant l’essentiel d’une biographie et d’attendre les commentaires. Comme je suis un p’tit peu plus vieux que toi, je te lance un : « lâche pas, mon p’tit gars, la vie est ingrate ». Si je croyais encore aux bondieuseries qu’on nous a enseignées dans notre enfance, je te lancerais un : « Saint Pierre te fera entrer directement au Paradis ». J’espère que tu dirais à Saint Pierre : « ne faites pas jouer du vieux Métal à Richard pendant 5 siècles, il n’était pas foncièrement méchant, quoique légèrement pogné par en d’dans! »
Sur ce, mon stone d’antidouleurs est passé. J’enlève l’élastique de mon Devoir et vais vérifier si le groupe qui revient de la Suède a quelque chose de plus substantiel à dire qu’hier.
[1] Mes premières amours sont philosophiques. Alors le pourquoi du pourquoi m’intéresse toujours. Il faut dire que l’enfant de 4 ans (il faudrait que je relise Piaget) a ce réflexe. Suis-je accroché à ce stade? Avec mon gros chèque de Sécurité à la vieillesse, je pourrais peut-être me payer une psychanalyse lacanienne.
[2] J’adhérais au discours, mais mon tempérament ou le hasard ont fait que je n’ai adhéré à aucune formation. Je ne reprocherai donc pas aux Karl-Pierre Péladeau, Alain Dubuc, Gilles Duceppe, Françoise David et à des amis proches d’y avoir adhéré.
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@ Richard Langelier
«Il y a aussi les deux solitudes.»
Ça, j’en suis bien content. C’est justement une des raisons qui m’ont motivé à lire ce livre. Comme tu le dis à propos de Claude Castonguay, il est important pour moi de bien comprendre que ce qu’il a fait au Québec (en fait, j’ai déjà lu qu’il l’a fait à contre coeur) ne vient pas de nulle part!
«Au cours des années 70, je lisais des textes de la gauche radicale»
Pas moi! Le dogmatisme des gens que je connaissais dans ces mouvements me servait de repoussoir! Je préférais en rire (ce qui n’est pas bien brillant, mais bon, c’était le cas). Moi qui travaillais dans une shop 60 heures par semaine l’été pour pouvoir aller à l’université, je ne pouvais piffer ces gosses de riches (dont un conduisait son Jeep) qui me disaient que je ne connaissais rien au mouvement ouvrier contrairement à eux (dont un avait passé l’été à Cuba pour mieux connaître ce mouvement, que mon expérience dans les shops ne me permettait pas de faire)… Bon, je n’insisterai pas sur les gosses de riches (tu en nommes suffisamment et nous avons déjà eu des échanges sur le sujet) envers qui j’étais intransigeant, je l’ai constaté par la suite, mais leur pseudo omniscience de mantras répétés comme des perroquets tirée de lectures m’indisposait grandement. J’ajouterai que l’absence de droit à la dissidence que j’y percevais a fini de m’éloigner (ce que tu veux probablement dire entre autres par «mon tempérament ou le hasard ont fait que je n’ai adhéré à aucune formation»).
«Je ne doute pas un instant que ce doit être frustrant de rédiger un billet en choisissant l’essentiel d’une biographie et d’attendre les commentaires.»
Oui et non. Je m’y attendais. Mes billets sur des livres (ou sur la situation de l’emploi) n’attirent jamais beaucoup de commentaires. Mais je persévère. C’est cela ou arrêter, ou encore écrire des billets d’humeur comme je lis souvent. J’en fais de temps en temps, mais ce n’est pas ce que je préfère.
«vais vérifier si le groupe qui revient de la Suède a quelque chose de plus substantiel à dire qu’hier.»
C’est intéressant, mais un peu frustrant, je trouve, Je viens d’écrire ça sur Facebook :
«J’aurais aimé en savoir plus sur la place du privé dans l’hydroélectricité et en quoi cela peut rendre le système plus efficace. C’est le contraire ici! Et aussi savoir ce qui a changé avec la privatisation du transport public à Stockholm. C’est un peu, pas mal bref de seulement dire d’une façon que je trouve idéologique que «l’intervention de l’État dans l’économie performe mieux lorsqu’elle est en concurrence avec le privé que lorsqu’elle prend la forme d’un monopole étatique». Il faudrait au moins le début d’une démonstration pour que cette phrase n’apparaisse pas comme un acte de foi.»
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Que le billet soit intéressant ou pas, si j’avais la facilité, l’aisance et le verbe de Richard, je commenterais un minimum de 10 fois par jour ici. 🙂
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Merci Yves! 🙂
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Pas certain qu’il faut me remercier! 😆
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