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Un nouveau Obama?

21 janvier 2013

ObamaJ’ai souvent été très dur avec Obama durant son premier mandat. Par exemple, j’ai déjà appuyé une comparaison entre lui et Nixon. Il y a un peu plus d’un an, j’ai aussi un peu ridiculisé un de ses discours, où il proposait d’augmenter les impôts des riches tout en sachant très bien que cette proposition n’avait aucune chance d’être adoptée en raison de l’obstruction des républicains. Je lui reprochais surtout de justement avoir attendu d’être bien certain de ne pas être capable de faire adopter cette hausse avant de la proposer et surtout de ne pas avoir tenté de le faire quand son parti contrôlait les deux chambres (Chambre des représentants et Sénat) dans la première moitié de son premier mandat.

Mais, depuis son élection de l’automne dernier, il semble vouloir se tenir debout. Dans le débat sur le supposé précipice fiscal, il a certes plié quelque peu sur l’annulation de la baisse de l’impôt des riches de Bush, la reportant pour ceux qui gagnent entre 250 000 $ et 400 000 $ par année, mais il a quand même réussi à la faire adopter pour ceux qui gagnent plus de 400 000 $ par année et a surtout résisté aux républicains, refusant de couper davantage les dépenses. Il a aussi obtenu une légère hausse de l’impôt sur les gains en capital (de 15 % à 20 % pour les contribuables gagnant plus de 250 000 $ par an) et de l’impôt sur les successions tout en prolongeant les prestations d’assurance-chômage et certains autres crédits. C’est nettement mieux que ce qu’il avait obtenu lors des crises précédentes.

Verrait-on apparaître un nouveau Obama qui se tient debout devant les républicains et qui aurait enfin compris que son rêve de compromis entre les démocrates et les républicains idéologues est voué à l’échec? Ces gestes semblent aller dans ce sens. C’est en tout cas ce que pense Richard Hétu, de La Presse.

«Le nouveau Barack Obama ne tient plus pour acquis la bonne foi ou le bon sens des républicains du Congrès. Pour renforcer sa position auprès du public, il est même prêt à assimiler ses adversaires à des rançonneurs.»

Sa nouvelle combativité n’a pas échappé non plus à Radio France Internationale :

«Le président, qui disposait entre 2008 et 2010 de la majorité dans les deux Chambres du Congrès américain, n’a ainsi pas profité de cet avantage stratégique, et beaucoup d’analystes lui ont reproché son manque de leadership, son manque d’autorité. Au cours de son second mandat, le président pourrait renoncer à l’art du compromis et tenter de s’imposer, de se montrer plus ferme face à une opposition qui ne lui a pas fait de cadeau.»

Son deuxième discours d’assermentation semble aussi aller dans ce sens. Moins rêveur que le premier, ce discours se donne des objectifs plus concrets. Il a même séduit en partie Paul Krugman, qui fut lui aussi très critique de son premier mandat.

«[traduction] Son deuxième discours d’assermentation était bien meilleur. Il y a peut-être mis un peu moins de poésie – mais il y reconnaissait clairement qu’il fait face à une implacable opposition irrationnelle, tout en défendant énergiquement des valeurs progressistes. En fait, Obama n’a jamais été aussi clair sur ses positions.»

Est-ce à dire qu’on doit penser que ce mandat revirera les tendances de son premier (rien en environnement, aggravation des inégalités, endettement toujours croissant des étudiants, poursuite de deux guerres, etc.)?

«[traduction] Chacun peut bien tenter de deviner comment ce discours se transformera en termes politique. Personnellement, je pense que cela ne changera pas grand chose. La majorité républicaine va continuer à bloquer tout ce qu’elle peut bloquer. Seule une victoire des démocrates l’an prochain à la Chambre des représentants, victoire qui serait un retournement majeur, pourrait empêcher les républicains d’agir ainsi. Mais, au moins, son second mandat part sur une bonne note.»

Et alors…

Cela donne un peu d’espoir pour les prochaines années, surtout si, comme le dit Krugman, les démocrates regagnent la Chambre des représentants et améliorent leur contrôle du Sénat. Cela dit, je ne rêve pas en couleur et ne partage même pas le peu d’optimisme de Krugman. Obama ne sera jamais un progressiste. Le mieux qu’on peut espérer, c’est qu’il fasse reculer le vent de droite qui sévit dans la politique américaine. Ce serait déjà beaucoup, mais en même temps bien peu face aux défis actuels.

On parle ici des défis internationaux, de l’immigration, des armes à feu et du rôle de l’État, mais je pense aussi à l’environnement, aux inégalités et au réchauffement climatique. Et, sur ces points, je ne vois pas d’amélioration notable à l’horizon, même avec un nouveau Obama et les démocrates qui contrôleraient les deux Chambres.

Mais, bon, ce serait quand même mieux que son premier mandat!

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4 commentaires leave one →
  1. Raymond Hill permalink
    22 janvier 2013 8 h 07 min

    « Il a même séduit en partie Paul Krugman, qui fut lui aussi très critique de son premier mandat. »

    Si vous voulez « très critique », lisez Glenn Greenwald. Et je suis complètement d’accord avec lui. Si on compare l’historique des accomplissements d’Obama avec l’historique du contenu de ses discours, ça dissone complètement. Obama c’est un beau parleur, tout simplement. Il a même réussi à fourvoyer le comité du prix Nobel de la Paix!

    Il y a les actes, et il y a la parole.

    À un moment donné, il n’y a plus de place pour le bénéfice du doute et les excuses à répétition. Ce n’est pas juste un autre simple beau discours qui va soudainement tout effacer son historique.

    Ce sont les activistes dévoués qui font la différence, pas un individu beau parleur (étiqueté « droite » ou « gauche », peu importe) financé par les puissants lobbies corporatifs.

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  2. 22 janvier 2013 8 h 31 min

    @ Raymond Hill

    «Obama c’est un beau parleur, tout simplement»

    J’ai failli utiliser cette formule dans mon billet! Nous nous rejoignons pas mal

    La seule chose qui m’a empêché d,aller aussi loin, c’est ce qu’il a réussi à faire dans le contexte du précipice fiscal. C’est peu, mais tellement plus que ce qu’il a obtenu dans les négociations sur le plafond de la dette dans son premier mandat. Bref, je crois qu’il a changé de stratégie, même si cel ne risque pas de changer beaucoup de choses. Un peu quand même… ce qui est loin d’être satisfaisant!

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  3. 1 mars 2013 18 h 00 min

    Je dois avouer qu’il continue à mieux se comporter que lors du premier mandat… Plutôt que de céder au chantage, il dénonce enfin les républicains et n’hésite pas à qualifier leur attitude comme il se doit :

    «Le président Barack Obama a blâmé les élus républicains, vendredi, pour avoir échoué à empêcher les coupes budgétaires automatiques qui doivent entrer en vigueur plus tard dans la journée, qualifiant ces mesures de «stupides» et «arbitraires».»

    http://www.ledevoir.com/international/etats-unis/372270/obama-blame-les-republicains-pour-les-coupes-budgetaires-stupides

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  1. L’illusion Obama |

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