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Les perceptions et les affirmations gratuites

9 février 2013

affirmations_gratuitesJ’en ai marre!

À chaque jour, quand je lis le journal, je ne peux pas me retenir de lâcher quelques gros mots quand je découvre des propos de commentateurs qui disent des conneries avec une assurance sans faille. Je comprends que tous ne sont pas des boulimiques de la lecture et de l’information comme moi, mais ils pourraient au moins vérifier minimalement les «faits» qu’ils avancent avant d’oser les publier dans un média. En ce samedi, je me contenterai de deux exemples lus cette semaine.

L’ASSÉ et la gratuité scolaire

Commençons par ce commentaire de haut vol, intitulé Irréaliste, publié dans La Presse de mercredi et, sans plus de vérification, diffusé également dans le site Internet de ce journal.

«L’ASSÉ n’a présenté aucune étude ou recherche pour supporter la gratuité (…)»

Pourtant, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) a publié un argumentaire de 60 pages (avec 58 sources mentionnées…) dès l’automne 2011, avant même le début comme tel du conflit entre le mouvement étudiant et le gouvernement. L’ASSÉ a même mis à jour ce document en décembre 2012, dans une version «courte» de 30 pages.

J’ajouterai que la CLASSE et L’ASSÉ ont aussi diffusé plein d’information sur des sites Internet dédiés, des vidéos, des affiches, etc. On peut appuyer ou pas les arguments bien étayés de l’ASSÉ, mais il est indécent d’affirmer avec l’assurance assumée de l’ignorance qu’elle «n’a présenté aucune étude ou recherche» sur la question. Et que dire du journal qui publie cette fausseté à la fois dans son édition papier et sur son site Internet! Bon, on connaît ce journal et ses intérêts…

L’assurance-emploi et le NPD

Je ne sais pas si cela vient de frustrés du Bloc québécois (et le prétendre serait une affirmation gratuite…), mais je lis fréquemment des gens soutenir avec autant d’assurance que l’ignorant précédent que le NPD ne défend pas les chômeurs face à la réforme de l’assurance-emploi. En voici un échantillon (voir le premier commentaire à cet article) :

«Et le NPD dans tout ça ? Invisible comme d’habitude.»

Pourtant, ce n’est pas bien difficile de vérifier si c’est le cas. On n’a, par exemple, qu’à taper «assurance-emploi npd» dans la section «actualités» de Google (qui ne donne que les résultats récents des médias). Quand je l’ai fait, j’ai eu plus de 240 entrées!

Des exemples?

Cet autre article parle des appels des députés Philip Toone (Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine), François Lapointe (Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup), Jonathan Tremblay (Montmorency-Charlevoix-Haute-Côte-Nord) et Guy Caron (Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques) à maintenir la pression. Et, dans celui-ci, on parle des actions de Yvon Godin, député d’Acadie-Bathurst au Nouveau-Brunswick. Bon j’arrête…

Et alors…

Je suis toujours fasciné de lire ce genre d’affirmations gratuites provenant de gens tellement convaincus de leurs perceptions (l’ASSÉ est formée de jeunes paresseux enfants-rois qui ne sont même pas capables de produire un document étoffé ou le NPD est formé de poteaux qui sont incapables de défendre les intérêts de leurs électeurs et encore moins ceux des Québécois…) qu’ils ne cherchent même pas à les vérifier. Peut-être ont-ils peur de perdre leurs illusions…

21 commentaires leave one →
  1. 9 février 2013 8 h 39 min

    On vient qu’à en perde le gout de s’informer quand on ne fait qu’entendre de la bullshit par des petites tentatives de journalistes.

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  2. 9 février 2013 9 h 05 min

    Il faut quand même préciser que les deux exemples que j’ai donnés dans ce billet viennent de lecteurs ou commentateurs, pas de journalistes!

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  3. Mathieu Lemée permalink
    9 février 2013 11 h 06 min

    Ce qui me chagrine dans tout ça, c’est que ce recours fréquent au dénigrement et au ni-ni de certains journalistes attire encore trop son lot de croyants naïfs qui ne prennent pas la peine de s’informer, ou de pousser plus loin pour vérifier la véracité de ces informations biaisées. Mais pourquoi le faire si ce qu’ils lisent renforcent leurs croyances idéologiques?

    D’autre part, ce recours à cette tactique de discrédit témoigne à mon avis de la faiblesse argumentaire de ces mêmes journalistes. Alors plutôt que d’affronter leurs « opposants » sur le terrain du débat sain et argumenté, ils se contentent de les nier, de les taxer d’utopistes ou de manque de réalisme, bref, que du vent.

    Il me semble pourtant que l’on enseigne à l’école l’effort de chercher les informations afin de les valider, de fouiller pour trouver des arguments solides. Mais pour certaines personnes, on dirait que c’est un art qui se perd.

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  4. 9 février 2013 11 h 12 min

    «Mais pour certaines personnes, on dirait que c’est un art qui se perd.»

    Tu expliques très bien ce processus en écrivant «pourquoi le faire si ce qu’ils lisent renforcent leurs croyances idéologiques?». N’ayant jamais entendu ou lu des faits qui vont à l’encontre de leurs perceptions (ou les considérant comme des faussetés), ils sont bien certains que leurs perceptions sont le refelet précis de la réalité. Triste…

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  5. 9 février 2013 13 h 08 min

    Faut croire qu’ils y a trop d’éditorialistes que de journalistes… et certains journalistes aspirent a être éditorialiste!

    Il y a confusion des genres et des rôles.

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  6. 9 février 2013 13 h 28 min

    Je rappelle encore que les extraits cités dans ce billet viennent d’une lettre de lecteurs et d’un commentaire sur un site Internet, pas de journalistes, ni d’éditorialistes. Cela dit, ils disent aussi leur part de faussetés!

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  7. 9 février 2013 15 h 02 min

    Là, le fondateur de la firme de consultation en management KPMG-Secor, Marcel Côté, vient de battre des records d’affirmations gratuites :

    «En ondes à l’émission Midi Info de Radio-Canada, Marcel Côté a dit que «la mafia est plus démocratique que les organisations étudiantes».

    «Non, non, c’est vrai», dit-il quand l’animateur Michel C. Auger tente de lui donner la chance de se rétracter.

    «Ce sont des assemblées bidons, et on leur donne la légitimité quand ils ont juste 10 % de participation au vote», a ajouté Marcel Côté»

    http://lesnews.ca/politique/37297-la-mafia-est-plus-democratique-que-les-associations-etudiantes-marcel-cote/

    Et ensuite, ces dirigeants d’entreprises voudraient qu’on leur accorde plus de crédibilité.

    (Merci à Koval pour le filon!)

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  8. Richard Langelier permalink
    9 février 2013 17 h 05 min

    En lisant ton billet, Darwin, la misanthropie que j’ai échappée hier soir et l’appétit pour la théorie plutôt que la pratique m’ont semblé encore plus évidents. Cependant, je me suis dilaté la rate en relisant les commentaires suscités par le billet de Koval : « Les cosmovores » et j’ai conclu, à l’instar de Woody Allen dans Manhattan que je persistais à croire que la vie vaut la peine d’être vécue.

    Ma boulimie m’a poussé à écouter la tribune téléphonique d’Yvon Dupuis pendant la Crise d’octobre et la grève du premier Front commun des employés des secteurs public et parapublic du Québec. Après le référendum de 80, je lisais des lettres aux journaux : « J’ai 16 ans, vous les adultes, m’avez empêché d’avoir un pays ». Lors de la Crise d’Oka, j’ai essayé d’écouter l’émission de Jean Cournoyer. J’ai fermé la radio après 5 minutes. Au mois de septembre, j’ai entendu Bernard Landry à l’émission « Le midi quinze » affirmer : « L’erreur de la SQ, c’est d’avoir utilisé l’artillerie légère pour entrer dans la pinède, alors qu’il fallait utiliser l’artillerie lourde ». Je suis passé au FM écouter Edgar Fruitier expliquant dans quelles circonstances Beethoven avait composé sa 3e Symphonie et les subtilités entre l’interprétation par la Philharmonique de Berlin et celle de Philadelphie (ne riez pas, Philadelphie a le moyen de se payer de bons joueurs de Hockey qu’ils transforment en goons, Lindros, et de se payer les meilleurs musiciens au monde. Même une mondialisation qui ne serait pas néolibérale ne changerait rien à l’affaire). Pendant le conflit étudiant, je suis allé sur le site du Journal de Montréal. Déprimant, déprimant. Je n’accepte pas non plus que des étudiants soient allés devant la maison de Richard Martineau et Sophie Durocher avec des pancartes « Sophie Durocher, pute).

    Avant de retourner à mes lectures de la 18e version du néokantisme de Jurgen Habermas et la communication sans entraves à l’infini, je dois réécrire mon amendement sur les exemptions des gains en capital, puisque j’ai appris en me dilatant la rate qu’il y avait des gains en capital de 5 M $ lors de la vente d’une ferme. De ce pas, je m’empresse d’écrire à ma personne ressource, fille de médecin comme tout le monde qui après mille misères, mille métiers est allée faire son bac en comptabilité et sa maîtrise en fiscalité à l’Université de Sherbrooke à Longueuil.

    Je ne peux m’empêcher de placer cette anecdote : Après un cours, elle est passée chez moi. Je lui ai dit que Réal Giguère m’avait appelé pour me dire que mon système de son était arrivé. Dans sa boutique, il y a toujours plein de télévisions en équilibre instable. J’ai dû expliquer que c’était ma chauffarde.
    – Elle a le pied pesant, en campagne je n’ai pas peur, mais en ville!
    – D’où tu viens?
    – St-X
    – Yousse?
    Il a nommé presque toutes les régions du Québec. Il voulait savoir si elle avait le droit de tuer un 2e chevreuil. Il est parti sur sa passion : « En Estrie, le chevreuil goûte la pomme, dans les Laurentides le sapin, notre calleur d’orignal a le cancer… »
    En sortant, j’ai demandé à ma chauffarde si c’était vrai. « Chez nous, il bouffe du blé d’Inde Monsanto »

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  9. 9 février 2013 17 h 42 min

    « puisque j’ai appris en me dilatant la rate qu’il y avait des gains en capital de 5 M $ lors de la vente d’une ferme»

    Même sans exemption de gains en capital et en payant l’impôt à 100 %, il lui resterait tout de même 2,5 millions $…

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  10. Richard Langelier permalink
    9 février 2013 18 h 23 min

    Si c’est vrai qu’il y a des gains en capital de 5M$, lors de la vente d’une ferme, 100% sans exemption s’ajouterait à son revenu imposable et il aurait les autres déductions. Si t’étais dans le même parti que moi et sur la même commission thématique, tu souffrirais avec moi (cum patiere) de me voir plancher 100 fois sur le métier justifier l’exemption actuelle de 750 000$, alors que j’ai une réunion mardi prochain et que je dois écouter le téléthéâtre Alcan demain (oups, je me prends pour Lysianne Gagnon).

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  11. Richard Langelier permalink
    9 février 2013 18 h 51 min

    Oubli.

    Quand le hasard fait que la IP de Pierre alias le Crible se modifie et que la modération est contournée, je lis sa réponse à David Gendron. Après deux paragraphes, je conclus que mon quotient intellectuel est trop bas. En descendant je vois une réponse à mon égard et le lien avec la Camaro. Je ne saisis pas le rapport avec mon commentaire. Mon quotient intellectuel baisse encore plus. Je l’ai déjà écrit : « Le frère Boussole me disait qu’il ne pouvait me dire mon QI, mais c’était pour me dire que le Bon Dieu m’avait donné beaucoup et qu’il existait beaucoup en retour, donc la vocation religieuse ». Que faire? David Gendron, lui, a lancé un bon juron. Même si Jeanne Émard n’est pas un courrier du cœur, y aurait-il une âme charitable pour m’expliquer sans me blesser que,. sans être une nouille, je ne suis pas fort fort et que ma formation dans les sciences molles devrait m’interdire le droit de parole au sujet de la gestion de la Cité. Lesdites sciences molles incluent évidemment les versions hétérodoxes de « la science économique », selon les commentateurs des sites de plusieurs médias.

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  12. 9 février 2013 20 h 02 min

    «Je ne saisis pas le rapport avec mon commentaire»

    Quand ça m’arrive en le lisant, soit à chacun de ses commentaires ou presque (il a dû bien en avoir au moins un où je n’ai pas ressenti ça, mais je ne m’en rappelle plus) je conclus que le problème est avec l’émetteur (lui) et pas avec le récepteur (moi).

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  13. Richard Langelier permalink
    9 février 2013 20 h 10 min

    Marci!

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  14. 9 février 2013 21 h 52 min

    La connerie est une forme d’art et j’aime lire ceux et celles qui la commentent. Merci Darwin.

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  15. 9 février 2013 22 h 07 min

    «La connerie est une forme d’art et j’aime lire ceux et celles qui la commentent. »

    Moi aussi, comme quand j’ai lu ton dernier billet! 😉

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  16. 9 février 2013 22 h 35 min

    Oups…. le mot « commentateur » m’a échappé!

    Au risque de me répéter, les oeillères de la démagogie fait en sorte que certains ne veulent pas le savoir… seulement y croire….

    Les faits, ce n’est qu’un détail. L’important, c’est l’objectif!!!

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  17. 9 février 2013 22 h 38 min

    «L’important, c’est l’objectif!!!»

    La fin justifie les moyens, mais sans la conscience de cette dernière expression!

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  18. Richard Langelier permalink
    9 février 2013 23 h 10 min

    Pendant ce temps-là, Richard Martineau a le droit de boire de la sangria, mais pas ceux qui s’opposent à la hausse des frais de scolarité proposée par le gouvernement Charest. Il a patiné par la suite affirmant qu’il était pour la hausse uniquement pour ceux qui ont les moyens de se payer de la sangria. Je ne suis pas d’accord avec la solution de Jean-François Lisée d’ajouter au revenu imposable l’utilisation de différents programmes sociaux au cours de l’année, mais au moins, c’est suffisamment clair pour faire le débat.

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  19. 9 février 2013 23 h 40 min

    «Je ne suis pas d’accord avec la solution de Jean-François Lisée d’ajouter au revenu imposable l’utilisation de différents programmes sociaux au cours de l’année, mais au moins, c’est suffisamment clair pour faire le débat.»

    Je ne suis pas au courant. De quelle façon ça fonctionnerait?

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  20. Richard Langelier permalink
    10 février 2013 0 h 27 min

    J’ai la mauvaise manie de rapporter les livres à la bibliothèque, sans prendre de notes. Dans « Pour une gauche efficace », Jean-François Lisée précise qu’en France, les parents qui ont des enfants à la crèche ne sont pas surpris de se voir ajouter un montant à leur revenu imposable. Il ne propose pas, comme Marc-Yvan Côté le faisait, que le contribuable qui doit aller à l’hôpital une année se fasse ajouter les frais de ce séjour à son revenu imposable. Lorsqu’une chroniqueuse de La Presse avait commenté les propos qu’avait tenus Richard Martineau à Tout le monde en parle, il avait écrit dans Le Journal de Montréal qu’il ne reprochait à personne de boire de la Sangria, mais qu’il reprochait aux personnes portant le carré rouge de s’opposer à la hausse des frais de scolarité de le faire pour elles. Il n’a pas précisé sa solution. C’est moi qui ai conclu qu’il proposait d’ajouter au revenu imposable des parents les frais de scolarité. J’ai peut-être été de mauvaise foi, mais lui n’a pas précisé sa pensée, alors j’ai interprété.

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  21. 10 février 2013 0 h 31 min

    OK’ je comprends mieux que je n’aie jamais entendu parler de ça!

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