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Le mouvement Occupy selon Noam Chomsky

22 avril 2013

occupy_ChomskyPour faire changement, ce billet du lundi va porter sur un livre. Cette fois-ci, je vais parler de Occupy, de Noam Chomsky. Il s’agit d’un petit livre de 114 pages qui commence en fait après une préface (intéressante) de Jean Bricmont à la page 25. Il est composé de textes et d’entretiens, certains tirés de conférences, la plupart en lien avec le mouvement Occupy, mais pas uniquement. À 24,95 $, c’est un cas d’emprunt à la bibliothèque!

Pour laisser le plaisir de lecture aux personnes qui le liront, je vais me contenter de mentionner seulement deux des sujets abordés.

Occupy, la contestation et la démocratie directe

Après avoir présenté l’historique des événements qui ont mené aux contestations du mouvement Occupy et du lien avec le mouvement des indignés en Europe, Chomsky répond à de nombreuses questions sur divers sujets. Lorsqu’on lui demande des conseils sur les actions que devrait prendre le mouvement Occupy (grève générale ou autres stratégies), Chomsky, avec raison, refuse de répondre.

D’une part, il juge très pertinent que le mouvement n’ait pas de leaders officiels et que les revendications varient d’un endroit à l’autre. D’autre part, il considère que chaque mouvement doit établir démocratiquement ses priorités et ses moyens d’action en les adaptant à sa réalité et à son environnement social spécifiques.

Cette question revient à quelques reprises dans le livre sous différentes formes. Chomsky n’en démord pas, les décisions doivent être prises démocratiquement. Aux personnes qui s’impatientent de l’absence de grands résultats du mouvement, Chomsky répond qu’on ne peut s’attendre à des changements rapides dans tout domaine de contestation. Il rappelle que les mouvements féministes et des droits civiques (voir mon billet sur le livre Left) ont commencé par de petits groupes qui se réunissaient dans des cuisines ou de petits locaux. Lui-même a déjà participé a ce genre de rencontre, entre autres sur la contestation de la guerre du Vietnam qui, malgré l’ampleur qu’elle a pris avec les années, a commencé par des rencontres du genre, souvent en cachette, avant de convaincre de plus en plus de monde.

Tranquillement, ces mouvements peuvent prendre de l’ampleur, comme ce fut le cas pour la contestation de la guerre au Vietnam et pour les luttes des féministes et des droits civiques (contre la ségrégation raciale). Il juge finalement que le mouvement Occupy a déjà atteint des objectifs qu’on aurait tort de minimiser. Il considère que le mouvement a entre autres, avec son slogan sur les 99 %, mis sur la place publique la question des inégalités et l’accaparement de la croissance par le 1 % qui influence de façon disproportionnée l’économie et les décisions politiques. Cette réalité est pourtant claire depuis longtemps, mais n’avait pas, avant les actions d’Occupy, l’importance qu’elle a maintenant sur la place publique.

Bref, de même que les avancées du mouvement féministe avaient l’air bien lentes dans les années 1960, la vie en société s’en trouve aujourd’hui profondément modifiée (même si l’égalité complète n’est pas atteinte). Il est donc important de continuer le travail auprès de toutes les couches de la société pour que l’appui qui se dégage déjà sur la lutte contre les inégalités prenne encore plus d’ampleur.

La personnification des entreprises

Chomsky aborde aussi à quelques reprises la question de la personnification des entreprises, soit le fait d’accorder le statut de personne morale à une entreprise. Il n’élabore malheureusement pas beaucoup, mentionnant tout même que l’interprétation de la constitution sur ce qu’est une personne – et donc sur qui a droit aux garanties qu’on y trouve, comme la protection de sa vie, de sa liberté et de ses biens – a beaucoup évolué dans le temps, excluant par exemple pendant longtemps les Indiens, les esclaves (en général des Noirs) et les femmes. Il souligne aussi que les droits des entreprises qui ont le statut de «personne», prévalent désormais sur ceux de certaines personnes physiques, dont les immigrés d’Amérique centrale et du Mexique.

Plus loin, il mentionne aussi que cette personnification des entreprises est à la base de l’arrêt Citizens United de la Cour Suprême, arrêt «qui permet la participation financière des entreprises aux campagnes politiques» sous le motif que la Constitution garantit aux personnes la liberté d’expression, donc d’appuyer un parti politique (seules les contributions indirectes, excluant donc les dons directs aux partis politiques, sont toutefois permises). C’est en raison de cette décision que les Comités d’action politique (PAC et super PAC), «dont le but est d’aider ou au contraire de gêner des élus, ainsi que d’encourager ou de dissuader l’adoption de certaines lois» peuvent influencer autant les élections aux États-Unis, même si la majorité de la population s’y oppose. Dire que la personnification des entreprises ne visait au départ que le droit de contracter et de faire respecter les contrats, ainsi que de limiter la responsabilité des actionnaires et des dirigeants aux sommes investies… Un autre dossier, selon Chomsky, où il faut se mobiliser!

Cette question de la personnification des entreprises mériterait un billet à elle seule…

Et alors…

Ce livre vaut la peine d’être lu. Il remet plein de choses à la bonne place. Je regrette seulement qu’il n’élabore pas suffisamment à mon goût sur certains points. Son apport le plus important est sûrement de rappeler la patience qu’il faut démontrer quand on veut changer la société et sur l’importance de ne pas lâcher! Comme le dit bien Chantal Guy dans sa critique du livre, «l’engagement et la lutte, malgré l’incompréhension, la répression et les défaites, seront toujours les seuls moyens du peuple pour prendre son destin en main.»

Supplément

Merci à Michelle Monette qui a diffusé cette vidéo sur Facebook, qui montre Noam Chomsky en conférence sur la possibilité que la civilisation survive au capitalisme :

26 commentaires leave one →
  1. 22 avril 2013 4 h 56 min

    Autre texte intéressant sur Chomsky, de Normand Baillargeon :

    Chomsky sur les récentes élections aux États-Unis
    http://voir.ca/normand-baillargeon/2013/04/08/chomsky-sur-les-recentes-elections-aux-etats-unis/

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  2. Yves permalink
    22 avril 2013 5 h 57 min

    « Il rappelle que les mouvements féministes et des droits civiques ont commencé par de petits groupes qui se réunissaient dans des cuisines ou de petits locaux.«

    Quand je pense que le PQ est issu de ces petites réunions de cuisine… Qui aurait dit à cette époque qu’il deviendrait ce qu’il est devenu.

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  3. 22 avril 2013 6 h 02 min

    Les assemblées de cuisine sont une façon de faire… qui ne garantit pas les résultats!

    Bien que ce n’était pas si mal à l’époque!

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  4. 22 avril 2013 6 h 48 min

    Chomsky devrait aussi apprendre aux indignés comment mener un mouvement au succès. Entre autre en essayant de faire autre chose que du camping dans une tente de fortune au beau milieu d’un parc. Changer le monde passe par des actions concrètes et non pas en adoptant la tactique de l’itinérant. Se renouveler et profiter de l’esprit du moment à toujours été une faiblesse de la gauche et des progressistes en général. Une structure organisée, même si elle a tort, vaincra toujours une structure désorganisée.

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  5. 22 avril 2013 7 h 00 min

    @ Mehö

    «Chomsky devrait aussi apprendre aux indignés comment mener un mouvement au succès.»

    Chomsky pense exactement le contraire de vous. Il l’explique clairement dans ce livre.

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  6. 22 avril 2013 7 h 03 min

    Et qu’est-ce que je pense au juste?

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  7. 22 avril 2013 7 h 12 min

    Que «Chomsky devrait aussi apprendre aux indignés comment mener un mouvement au succès». Lui considère qu’il doit établir lui-même ses stratégies et que ce serait néfaste qu’il se cherche un leader à l’extérieur du mouvement.

    «D’une part, il juge très pertinent que le mouvement n’ait pas de leaders officiels et que les revendications varient d’un endroit à l’autre. D’autre part, il considère que chaque mouvement doit établir démocratiquement ses priorités et ses moyens d’action en les adaptant à sa réalité et à son environnement social spécifiques.»

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  8. 22 avril 2013 7 h 25 min

    Mais c’est exactement ce que je dis… Je n’ai jamais parlé de « leader ». Je trouve simplement que le mouvement s’épuise par lui-même en agissant comme des fainéants qui ne font que quémander un changement. Le changement doit se faire d’abord par chacun d’eux en ajustant leur façon de consommer et en posant des gestes concrets qui auraient comme conséquences de lier ensemble tout ceux qui sont indignés et qui serait la base d’une nouvelle société.

    Mais à la base ce que je voulais dire par «Chomsky devrait aussi apprendre aux indignés comment mener un mouvement au succès» c’est plutôt qu’il devrait leurs apprendre à se lâcher le péteux et à faire quelque choses de leur vie parce que ces gens donnent d’incroyables munitions aux médias et à tout ceux qui voient d’un mauvais œil toutes contestations du système marchand actuel. Des « crottés » qui pourrissent dans un parc n’amènent rien de positif à la cause, ni à la société. Ça ressemble un peu à la contribution de nos chers Black bloc… On peut pas dire qu’il ne veulent pas mais… allo le message!?

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  9. 22 avril 2013 8 h 07 min

    @ Mehö

    «Mais c’est exactement ce que je dis…»

    Désolé, mais même en relisant et relisant, je comprends le contraire. Chomsky refuse de leur donner le moindre conseil et vous dites qu’il devrait en donner.

    «Je trouve simplement que le mouvement s’épuise par lui-même en agissant comme des fainéants qui ne font que quémander un changement.»

    Là où vous voyez des fainéants, Chomsky voit au contraire un mouvement qui a su mettre sur la place publique des enjeux dont personne ne parlait.

    «Il juge finalement que le mouvement Occupy a déjà atteint des objectifs qu’on aurait tort de minimiser. Il considère que le mouvement a entre autres, avec son slogan sur les 99 %, mis sur la place publique la question des inégalités et l’accaparement de la croissance par le 1 % qui influence de façon disproportionnée l’économie et les décisions politiques. Cette réalité est pourtant claire depuis longtemps, mais n’avait pas, avant les actions d’Occupy, l’importance qu’elle a maintenant sur la place publique.»

    Finalement, j’apprécierais que vous utilisiez un langage moins injurieux pour transmettre vos opinions. Le prochain commentaire du genre ne passera pas.

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  10. 22 avril 2013 8 h 15 min

    Évidemment… Utilisons des Euphémismes alors… Atténuons la réalité.

    Lis bien là :

    Chomsky « DEVRAIT » leur apprendre comment ne pas sombrer… Je me fou de ce que Chomsky dit dans son livre de 100 pages… Je dis : Chomsky « DEVRAIT » leur apprendre comment ne pas sombrer.

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  11. 22 avril 2013 8 h 50 min

    «Évidemment… Utilisons des Euphémismes alors… Atténuons la réalité. »

    Désolé si vous manquez de vocabulaire au point de ne pouvoir rendre vos idées sans parler de péteux.

    «Je me fou de ce que Chomsky dit dans son livre de 100 pages»

    Alors, je ne comprends pas pourquoi vous vous acharnez à commenter ce billet dont l’objet est justement ce livre.

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  12. 22 avril 2013 10 h 47 min

    Toujours aussi pertinent M. Chomsky. Et avec de bonnes questions plutôt que des réponses toutes faites qui nous engagent à réfléchir et à penser par nous-mêmes. Chapeau!

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  13. 22 avril 2013 10 h 50 min

    «Et avec de bonnes questions plutôt que des réponses toutes faites qui nous engagent à réfléchir et à penser par nous-mêmes»

    C’est aussi ainsi que je l’ai compris. Pas de solutions toutes faites, mais des solutions adaptées et décidées démocratiquement!

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  14. 23 avril 2013 9 h 27 min

    Mathieu Lemée a mis un lien sur un autre article intéressant portant sur ce livre.

    Noam Chomsky appelle à la mobilisation générale

    Extraits qui exprime bien la position de Chomsky sur les actions à privilégier en matière de contestation :

    «Son œuvre complète atteste de son refus, constant et répété, de prêcher des formules rigides et absolues, de prôner un modèle de société idéale que l’on pourrait monter comme un meuble en kit. (…)

    La grève générale, celle qui conduit à l’autogestion, reste toutefois l’une de ses stratégies privilégiées. Mais celle-ci ne se décrète pas : il faut pour cela que chaque individu devienne un citoyen, à même de comprendre les enjeux politiques de la société, puis du monde, qui l’entoure. Les seuls cercles militants, fussent-ils larges, ne permettent pas de structurer une alternative politique tangible : c’est « le grand public » qu’il faut atteindre, sensibiliser et convaincre. Pour cela, Chomsky n’entrevoit qu’une solution : aller à la rencontre des gens pour qui la politique ne constitue pas une priorité (ou, du moins, qui ne réalisent pas forcément que leur vie quotidienne dépend de cette politique qu’ils ignorent ou, non sans raisons, méprisent). Sans sermon ni mépris, sans condescendance ni sectarisme.»

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  15. 23 avril 2013 9 h 29 min

    Alors le voilà son modèle!? Sa proposition…

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  16. 23 avril 2013 9 h 37 min

    En effet. Pour lui, un mouvement comme une grève doit reposer sur l’appui d’une part importante de la population. Et cet appui s’obtient par la sensibilisation, la discussion «sans condescendance ni sectarisme». Ça se défend, je trouve…

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  17. 23 avril 2013 9 h 42 min

    Alors si vous relisez mon premier message et que vous focussez sur autre chose que le niveau de mon vocabulaire (péteux…), vous devriez commencer à y voir clair.

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  18. 23 avril 2013 10 h 31 min

    Votre commentaire semble toujours devoir dire qu’il devrait leur montrer quoi faire, entre autres que le «camping dans une tente de fortune au beau milieu d’un parc» est inutile, tandis que Chomsky a salué ce genre d’initiative. Et votre utilisation irrévérencieuse du terme «péteux» était dans votre troisième commentaire, pas dans celui-là.

    « Changer le monde passe par des actions concrètes »

    Dans le contexte, j’ai interprété les «actions concrètes» comme des actions d’éclat, dont des grèves, sans plus attendre. Si ce n’est pas le cas, vous auriez pu être plus précis. Cela ne semblait pas inclure «aller à la rencontre des gens pour qui la politique ne constitue pas une priorité ».

    «vous devriez commencer à y voir clair»

    Car, bien sûr, sans vos services si appréciables, je suis dans le noir…

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  19. 23 avril 2013 22 h 40 min

    Je lis présentement « Entretiens avec Chomsky » de Normand Baillargeon et David barsamian.

    Au Chapitre III, « Le démantèlement: le retour du capitalisme sauvage », Chomsky qu’au début du XXe siècle, après presque trente ans de bras fer entre les entreprises et les tribunaux, ces derniers on fléchit et les avocats un conçu un nouveau système socio-économique sans passer par la voie législative, à coup de jurisprudence, suite à l’influence grandissante sur les États et les gouvernements. Le New Jersey est le premier état a accorder tous les droits que demandèrent les entreprises, comme tous les capitaux convergèrent vers le New Jersey, les autres états n’eu d’autres choix que leurs accorder les mêmes droits.
    Chomsky appelle cela une espèce de mondialisation a petite échelle.

    De mémoire, la documentaire « Corporation » parle du statut de personne morale qu’ont acquis les entreprises vers la fin du XIXe siècle en utilisant les lois sur l’abolition de l’esclavage et touchant la personne morale. Au début du XXe siècle, sur plus de 400 cas traités en cour suprême des États-Unis sur les droits d’une personne morale, 18 étaient des portés par des afro-américains… et la balance par des entreprises!

    Comme quoi les entreprises ont réussi a détourner une loi contre l’esclavage à leur profit!

    Pour Mehö, c’est la preuve vivante que certaines personnes ont besoin d’un leader pour avancer. L’on peut être fainéant de la pensée…
    Chomsky dit en gros sur l’éducation que son but n’ai pas de donner des réponses mais de poser des questions.

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  20. 23 avril 2013 23 h 29 min

    «De mémoire, la documentaire « Corporation » parle du statut de personne morale qu’ont acquis les entreprises vers la fin du XIXe siècle en utilisant les lois sur l’abolition de l’esclavage et touchant la personne morale.»

    Je ne me souviens plus des détails, mais, oui, que ce documentaire en parlait.

    Et merci pour les mentions de cet autre livre que je n’ai pas lu…

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  21. Richard Langelier permalink
    24 avril 2013 17 h 08 min

    J’en ai toujours arraché avec Chomsky le politique [1]. Après dix minutes de visionnement du film « La fabrication du consentement », j’ai switché à « Sexes et confidences ». En 68, les leaders cégépiens affirmaient moins de truismes. Alors, nous en philo!!!

    Tu as parfaitement raison, Darwin, de refuser le ton méprisant de Mehö. Cependant, j’ai entendu : « au lieu de faire du camping, trouvez-vous une job! ». Je sais bien que c’était aussi la réaction des Blue collars (Joe, c’est aussi l’Amérique) lorsqu’ils voyaient passer les caravanes de la paix de jeunes opposés à la guerre du Vietnam. [2] D’ailleurs des milliers de travailleurs de la construction ont défilé dans les rues de New York pour appuyer cette guerre (qui n’a jamais été officiellement déclarée). Ils ont changé d’idée lorsqu’ils ont vu leur fils mourir en direct à « Good morning, America ». Alors que faire? Fonctionnons selon notre libido : d’aucuns écriront des billets songés, d’autres des commentaires, participeront à des assemblées de cuisine, etc.

    Je vais marcher sur des œufs puisque Normand Baillargeon a déjà écrit ici qu’il appréciait le blogue. Lorsqu’il avait un billet dans Le Devoir, il se référait toujours à Chomsky et Prévert. Même si j’étais d’accord sur le fond, j’avais l’impression de lire Jean-Paul Desbiens dans la camera obscura. Notre frère Untel avait réalisé que nous n’avions pas le meilleur système d’éducation au monde, puisque ses étudiants avaient écrit : « Ton histoire est une des pas pires ». Par la suite, il a conclu que l’application du rapport Parent avait été un échec, parce que la CEQ en avait profité pour demander des augmentations de salaire. [3] Dans ses billets, il écrivait qu’il suffirait d’enseigner ce qui s’est écrit de Platon à Alain.

    À ma grande surprise, lorsque j’ai mentionné le texte Jacques Mascotto sur le temps perdu à la recherche, Koval m’a répondu que Normand Baillargeon avait écrit un texte semblable.

    De ce pas, je m’en vais poster mon chèque de renouvellement d’adhésion à Québec solidaire, puisqu’une amie m’a enfilé un bas et attaché un soulier. Je reviendrai avec mon rapport avec l’anarchisme.

    [1] En écoutant des amis étudiants en linguistique de deux générations, j’ai observé la montée et le déclin du chomskysme. J’ai compris qu’il considère que la faculté de langage serait innée. La preuve selon lui, c’est que l’enfant découvre qu’il y a ambiguïté dans la phrase : « Pierre a dit à Paul qu’il aimait Marie ».
    [2] Foglia est allé faire une série de billets, en vélo aux États-Unis. Dans les snack-bars, on lui disait : « vous ne travaillez pas? ». On a même ri du petit dollar canadien. « Mon collègue Alain Dubuc m’avait démontré que c’était leur dollar qui était trop fort et qu’ils seraient bientôt dans le trouble parce qu’ils auraient de la misère à exporter ».
    [3] Tout n’était pas faux. Il suffit de lire une convention collective pour voir la machinerie syndicale et patronale qui doit se mettre en branle pour négocier les griefs. Je ne prône pas le retour au gros bon sens ni le « Libérons-nous des syndicats » d’Éric Duhaime. J’y vois plutôt « La longue marche des technocrates » de Jean-Jacques Simard et surtout les apories de l’ode à l’État rationnel chez le regretté Gérard Bergeron. J’écrivais hier que mon agente d’Aide sociale refusera de rembourser la franchise pour les taxis que je dois prendre pour me rendre à mes traitements de physiothérapie, puisque ce sera la physiothérapeute qui m’écrira une lettre précisant combien de rendez-vous j’aurai eus et non pas mon orthopédiste qui a écrit sur le formulaire que j’avais besoin de transport pour me rendre à ces traitements. Devant ce refus, quelqu’un du CLSC expliquera le règlement à mon agente. Si tout va bien, je serai remboursé lorsque, je serai riche comme Crésus, puisque je toucherai mes chèques de sécurité à la vieillesse, s’il n’y a pas de délais administratifs pour vérifier le formulaire que j’ai rempli pour calculer le montant de Supplément de revenu garanti.

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  22. 24 avril 2013 19 h 19 min

    «J’en ai toujours arraché avec Chomsky le politique»

    Je ne l’ai pas lu beaucoup. Je ne me souviens que d’un autre livre qui ne m’avait plu qu’à moitié (celle du deuxième texte de ce livre, écrit par Robert W. McChesney). Propagande, médias et démocratie est le titre de ce livre. Mais, bon, je ne conclurai pas à partir de cette expérience limitée…

    «la machinerie syndicale et patronale»

    Ton ajout de «patronale» m’a fait plaisir. En effet, on associe trop souvent uniquement à la partie syndicale la lourdeur et l’épaisseur des conventions collectives. Pourtant, elles sont le résultats de négociations et de demandes aussi bien partronales que syndicales.

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  23. 24 avril 2013 20 h 30 min

    « Lorsqu’il (Normand Baillargeon) avait un billet dans Le Devoir, il se référait toujours à Chomsky et Prévert. Même si j’étais d’accord sur le fond, j’avais l’impression de lire Jean-Paul Desbiens dans la camera obscura. »

    Je n’ai pas vraiment compris…. Est-ce que lire Baillargeon. c,est un impression de lire un frère Untel où bien ce dernier se réfère continuellement à Chomsky ? (ou Prévert!)
    M’enfin, on dit que tout les chemins mènent a Rome…

    Darwin fait bien de noter qu’une contrat de travail se négocie à deux. Comme une convention collective « encadre » le droit de gérance de l’employeur, ce dernier a tôt fait d’encadrer la tâche des employés… et en se laissant des portes de sorties. L’employé n’a d’autre choix de se rabattre sur le solide, c’est-à-dire leurs tâches encadrées! Après, l’on trouvent cela très « technocrate » que des employés tiennent mordicus à leur pause de 15 minutes à une heure précise.

    Je me souviens que mon patron m’expliqua un jour qu’une convention collective de 5 pouces par 8 pouces, avec ¾ de pouce d’épaisseur était une grande contrainte pour l’employeur, contrainte qu’il n’avait pas avec un sous-traitant.
    Je lui fit part d’avoir vue un mois auparavant comme preuve devant un commissaire du travail le contrat avec un sous-traitant: 8½ par 11, 3 pieds d’épaisseur, recto-verso… en anglais!

    Si ce n’est pas de la contrainte ça, qu’est-ce que c’est????

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  24. 24 avril 2013 20 h 38 min

    «Si ce n’est pas de la contrainte ça, qu’est-ce que c’est????»

    Et la réponse? Je m’en doute, mais bon, je veux le savoir!

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  25. 24 avril 2013 21 h 03 min

    Disons qu’il dans un premier temps pédalé pour ensuite affirmer que contrairement a une CCT qui leurs auraient été comme « imposée », pour le contrat avec la firme, l’entreprise était demandeur… Je lui fit noter que d’une certaine façon, les employés étaient eux aussi des demandeurs!

    Épilogue:
    Un an et un patron plus tard, mon nouveau patron m’avait invité a dîner avec lui. Tomba alors sur la table sa rencontre avec un patron de la firme en question au sujet d’une problème sur la facturation des services. En gros, avec le contrat, il y avait 3 taux de service, c’est-à-dire de base, intermédiaire et spécialisé. L’entreprise devait sauver sur les coûts puisqu’il devait en majorité être de base. Sauf qu’en pratique, la majorité des services étaient facturées « spécialisé », d’où la rencontre de mon patron avec le patron de la firme pour éclaircir la situation.
    Au finale, lorsqu’il s’est présenté, il y avait le patron de la firme… plus 5 avocats!

    Évidemment, rien ne s’est éclairci…

    Comme quoi lorsqu’on est demandeur, on est en position de se faire « fourrer » quelque part….

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  26. 24 avril 2013 21 h 34 min

    Excellent!

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