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Les soldes migratoires à Montréal

2 mai 2013

migratoire_montréalFrançois Cardinal a consacré récemment deux éditoriaux et un billet dans La Presse à la question de «l’exode des familles montréalaises». Il y pose de bonnes questions, mais le portrait de la situation qu’il y présente est très incomplet.

Ses éditoriaux et son billet sont basés sur un document de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), La migration interrégionale au Québec en 2011-2012. De fait, ce document mentionne à la page 6 que Montréal est gagnant dans la migration interrégionale uniquement chez les 15-24, notamment des jeunes qui viennent étudier à Montréal, et perdant dans toutes les autres tranches d’âge, mais surtout chez les 25-44 ans et les 0-14 ans. Ce constat vient de fait appuyer son argumentaire comme quoi ce serait principalement les familles avec enfants qui quittent Montréal, quoiqu’il omette d’ajouter, comme l’ISQ le mentionne pourtant, que cela s’explique aussi probablement par le fait qu’un certain nombre d’étudiants retournent dans leur région à la fin de leurs études.

Cette observation amène M. Cardinal à affirmer : «ce déclin tranquille participe à la diminution de l’assiette fiscale (et donc de la majorité des revenus) de Montréal, en plus de contribuer au dépérissement des artères commerciales, à la réduction de l’offre de services». Là, ce n’est même pas une question d’opinion ou d’appréciation des faits, il va carrément trop loin…

Quand on lit une étude, il est très important de consulter non seulement le texte principal, mais aussi les sections qui expliquent les sources et les limites d’interprétation des données utilisées. Ainsi, on peut lire à l’encadré de la page 5 :

«La migration interne est une composante importante du bilan démographique des régions administratives et des MRC. D’autres composantes agissent toutefois pour faire varier la taille de leur population. Ces autres composantes sont l’accroissement naturel, soit la différence entre les naissances et les décès, de même que les migrations interprovinciales et internationales.

Il est important de bien distinguer le solde migratoire interne, présenté ici, de l’accroissement total de la population. Par exemple, une région peut montrer un solde migratoire interne négatif, mais voir sa population augmenter si d’autres facteurs d’accroissement lui sont favorables. C’est notamment le cas de Montréal, où le déficit migratoire interne est compensé par un accroissement naturel positif et l’arrivée de nombreux immigrants internationaux. [le caractère gras est de moi]»

Plus que compensé, en fait…

Portrait complet

La ville de Montréal a justement publié en mars dernier un document qui fait le tour de la question. L’image qui suit illustre clairement les différents facteurs mentionnés par l’ISQ influençant l’évolution de la population dans l’Île de Montréal.

migratoire_montréal1

L’étude de l’ISQ et les textes de M. Cardinal ne tiennent compte que des flèches vertes qu’on voit du côté droit et inférieur de l’image. Vrai, le solde migratoire intraprovincial fut négatif, 20 500 personnes de plus ayant quitté l’Île en 2011-2012 que celles qui s’y sont établis. Le solde migratoire interprovincial (en jaune, du côté gauche supérieur de l’image) fut aussi négatif, mais beaucoup moins (2 850).

Par contre, les flèches rouges au centre gauche de l’image nous montrent que le solde migratoire international fut fortement positif (33 320), tellement qu’il a fait plus que «compenser» les deux soldes négatifs précédents, les soldes migratoires totaux résultant en un ajout de très près de 10 000 personnes (voir le cadre orange avec des lettres rouges au bas de l’image). Finalement, l’accroissement naturel, soit la différence entre les naissances et les décès, a presque atteint 8 500 personnes (lignes bleues et cadre bleu au centre droit supérieur de l’image).

Comme mentionné au bas de ce graphique en tout petit, les périodes de ces différents soldes ne sont pas identiques. En conséquence, la population de l’Île a en fait augmenté de quelque 12 000 (voir la page numérotée 1), et non pas de 18 457 personnes, comme l’addition de ces soldes nous le laisserait penser (ce qui nous amène à prévoir que les données de l’an prochain seront probablement encore plus positives). Il s’agit tout de même d’une hausse de 0,6 % de la population de l’Île. Alors, comment notre éditorialiste peut-il affirmer que «ce déclin tranquille participe à la diminution de l’assiette fiscale (et donc de la majorité des revenus) de Montréal, en plus de contribuer au dépérissement des artères commerciales, à la réduction de l’offre de services»? Il n’a manifestement pas considéré tous ces mouvements avant de conclure ainsi!

Un autre aspect de ces données jette une ombre sur ses affirmations. En effet, si la composition du solde migratoire interprovincial laissait penser que l’hypothèse de «l’exode des familles montréalaises» a quelque fondement, les données sur les naissances et l’accroissement naturel la relativisent. En effet, on peut voir sur le site de l’ISQ (et au dessus de la flèche bleue entrante de l’image) qu’en 2011, il y a eu 23 161 naissances à Montréal, soit 26,2 % des naissances au Québec (88 500), alors que sa population cette même année (1 969 707) représentait 24,7 % de la population du Québec (7 977 989). De même, les données sur la population selon l’âge et le sexe des régions administratives nous montrent qu’en 2012, 23,8% des jeunes âgés de 0 à 14 ans du Québec vivaient dans l’Île de Montréal, soit à peine moins que le poids de sa population (24,6 %). En fait, cette différence est moins grande qu’à Québec (le ratio du pourcentage de jeunes âgés de 0 à 14 ans sur le pourcentage de la population totale était de 0,968 à Montréal et de 0,886 à Québec)! Alors oui, les familles ont tendance à quitter l’Île quand ils ont des enfants, mais il est nettement exagéré de parler d’exode et totalement inexact de parler de déclin, tranquille ou pas.

Et alors…

Quand l’ISQ diffuse ces données, soit à chaque année, nombreux sont ceux qui ne retiennent que le solde migratoire intraprovincial (ou interrégional, ou interne…) constamment négatif de l’Île de Montréal pour pouvoir la dénigrer. J’ai lu ça dans les blogues de droite les plus antimontréalais qui ne cherchent que les données qui appuient leur idéologie sans s’intéresser au portrait complet. Mais, là, que ça vienne d’un éditorialiste qui semble vraiment s’intéresser à la question démographique, ça me désole.

Cela dit, oui, les types de transferts démographiques entraînent des situations qui peuvent générer des problèmes. L’insertion difficile des immigrants au marché du travail est parmi les plus importants. De même, l’arrivée de nombreux immigrants à chaque année fait ressortir l’importance de pouvoir les intégrer à la communauté francophone. S’il parle un tout petit peu du recul du français (sans élaborer) et propose des solutions intéressantes pour contrer l’étalement urbain bien réel, François Cardinal s’étend longuement sur des problèmes drôlement moins importants, comme le supposé exode des familles.

Malheureusement, ce discours est très populaire et, même s’il n’est basé que sur une petite partie de la dynamique migratoire de Montréal, il devient vérité à force d’être répété. On ne dira jamais assez à quel point il est important d’avoir un portrait complet d’une situation afin de l’analyser correctement et de décider des moyens pour la corriger.

12 commentaires leave one →
  1. Gilbert Boileau permalink
    2 mai 2013 10 h 52 min

    Comme toujours, ton exposé est clair et bien documenté. Je m’empresse de le faire circuler à tous ceux et celles qui ont tendance à juger négativement la situation démographique de Montréal, Bon travail. L’as-tu envoyé à M. Cardinal? Moi je le ferai avec plaisir.

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  2. Déréglé temporel permalink
    2 mai 2013 11 h 22 min

    Si on réfléchit en termes de coûts d’opportunité et de proportions entre population et fiscalité, est-ce si fou que ça?
    Je veux dire, d’une part, bien qu’un solde migratoire international positif vienne compenser le déplacement des familles vers la banlieue, on ne peut pas dire que ce solde international ne serait pas là s’il n’y avait pas ces migrations vers la banlieue. Il me semble donc qu’on peut défendre l’idée que la part de Montréal est moindre que ce qu’elle aurait pu avoir.
    Ça renvoie à une autre question qui n’a pas été abordée, qu’on pourrait appeler la « capacité d’accueil ». Le taux d’inoccupation est l’indice le plus souvent utilisé pour ça, mais on peut en imaginer d’autre, notamment le taux de logements adaptés aux nécessités des familles.
    Les données que toi et Cardinal exposez sont des données démographiques. Pour vraiment évaluer les impacts fiscaux des migrations, il me semble qu’il faudrait davantage de données économiques, afin d’évaluer justement ce que représentent ces familles et ces nouveaux arrivants en matière d’économie. L’autre question serait de savoir à quel point les services urbains profitent au banlieusards et à quel point ils participent à leur financement.
    Finalement, je trouve quand même que les propositions faites par Cardinal dans son deuxième édito sont très intéressantes.

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  3. 2 mai 2013 11 h 51 min

    @ Gilbert Boileau

    «L’as-tu envoyé à M. Cardinal?»

    Ce n’est pas mon genre…

    «Moi je le ferai avec plaisir.»

    Si ça te tente, ne te gêne pas!

    @ Déréglé temporel

    «Il me semble donc qu’on peut défendre l’idée que la part de Montréal est moindre que ce qu’elle aurait pu avoir.»

    Mais, ce n’est pas ce qu’il fait! Il ne se base que sur le solde migratoire négatif intraprovincial!

    Et je te rappelle que la principale source de financement de Montréal est formée des taxes foncières. Or, le prix des maisons (son assiette fiscale) n’est pas en baisse, mais en forte hausse! C’est d’ailleurs un des facteurs qui incitent les familles à s’installer en banlieue.

    «on ne peut pas dire que ce solde international ne serait pas là s’il n’y avait pas ces migrations vers la banlieue»

    Encore là, encore aurait-il fallu en parler! Il faudrait aussi qu’on construise drôlement plus. Le graphique que j’ai mis en lien (ainsi que les données de l’ISQ) montrent qu’il s’est créé un genre d’équilibre dans les migrations. Si on rompt un des éléments, cela influencera-t-il les autres? C’est discutable, mais, je le répète, il ne discute rien et ne se base que sur un seul facteur comme si les autres n’existaient pas!

    «Les données que toi et Cardinal exposez sont des données démographiques. Pour vraiment évaluer les impacts fiscaux des migrations, il me semble qu’il faudrait davantage de données économiques, afin d’évaluer justement ce que représentent ces familles et ces nouveaux arrivants en matière d’économie. L’autre question serait de savoir à quel point les services urbains profitent au banlieusards et à quel point ils participent à leur financement.»

    Tout à fait. Je ne prétendais pas répondre à ces questions, ayant choisi de clarifier les mouvements démographiques qui sont quand même à la base des textes de Cardinal. Je conclus d’ailleurs mon billet par «On ne dira jamais assez à quel point il est important d’avoir un portrait complet d’une situation afin de l’analyser correctement et de décider des moyens pour la corriger.». J’ai fait le début et ne prétends nullement que cela est suffisant pour conclure, ne faisant qu’esquisser les études qu’il faudrait faire par la suite (insertion au marché du travail, francisation, etc.), sans rejeter les migrations des familles du portrait!

    «Finalement, je trouve quand même que les propositions faites par Cardinal dans son deuxième édito sont très intéressantes.»

    Je ne le nie pas. J’ai d’ailleurs écrit en introduction «Il y pose de bonnes questions», mais je répète, je juge que «le portrait de la situation qu’il y présente est très incomplet.» Il en est de même de ses propositions. Oui, elles sont intéressantes mais en regard seulement du problème qu’il fait ressortir, problème qui n’est pas aussi grave qu’il le prétend et qui est loin d’être le plus important quand on regarde l’ensemble de la situation. Cela dit, il parle aussi de l’étalement urbain, et là, même les données complètes vont dans ce sens. Alors, ses propositions deviennent de fait pertinentes!

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  4. 5 mai 2013 23 h 00 min

    Reste que si Montréal exporte des « de souche » pour importer des « étranges » en plus grand nombre que les « de souche » qui « fuient » vers le 450, le résultat n’en est pas moins préoccupant à certains égards. Ceux qui quittent l’île de Mtl sont francophones; quant à ceux qui arrivent d’ailleurs, moins leur environnement et leur voisinage sera francophone, et plus ils risquent de se tourner vers l’anglais…

    Or Montréal demeure la porte d’entrée du Québec et la première image qu’en ont les visiteurs.

    L’étalement urbain… je note avec satisfaction que les terrains de stationnement font place, de plus en plus, à des projets résidentiels susceptibles d’augmenter la densification du territoire montréalais. Mais à quel prix?

    À quel prix, au sens propre ET au sens figuré… C’est cher, ces nouvelles tours. Et parce que c’est cher à ce point, c’est pas à la portée des jeunes familles avec enfants. Ni de la classe moyenne. Alors Montréal ce sera quoi? Des très pauvres, des très riches (qui sont parfois très ABSENTS) et des nouveaux-arrivants venus d’ailleurs?

    Ça crée des « grappes », dont l’un des effets secondaires sera de retenir encore davantage les nouveaux arrivants à Montréal. Déjà que les régions ont bien du mal à les attirer.

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  5. 6 mai 2013 2 h 16 min

    «Ceux qui quittent l’île de Mtl sont francophones»

    Avez-vous des sources validant cette hypothèse? Il peut aussi s’agir d’immigrants. Aussi d’anglophones. Et la proportion entre les trois est difficile à estimer sans source fiable. Mais, vous devez sûrement en avoir pour avancer cette hypothèse. Alors j’apprécierais que vous la partagiez avec nous.

    «moins leur environnement et leur voisinage sera francophone, et plus ils risquent de se tourner vers l’anglais…»

    Ça, c’est en supposant qu’ils n’aient aucunes racines. En fait, des études ont démontré que les immigrants qui viennent de régions francophones et hispanophones et, croyez-le ou non, de régions qui ont un historique colonial francophone tendent (de mémoire à plus de 90 %, quoique ma mémoire me dise encore plus, je me modère) à intégrer la communauté francophone. Par contre, ceux qui viennent de pays anglophones et anglophiles joignent la communauté anglophone. Bref, le résultat de ces intégrations viendrait essentiellement des pays d’origine.

    Et là, il est trop tard pour que je cherche mes sources…

    Je préciserai finalement que le but de ce billet n’était pas de cet ordre. J’ai d’ailleurs bien écrit «Cela dit, oui, les types de transferts démographiques entraînent des situations qui peuvent générer des problèmes.» et «De même, l’arrivée de nombreux immigrants à chaque année fait ressortir l’importance de pouvoir les intégrer à la communauté francophone.»

    Le jour où j’aborderai ces sujets, si je le fais un jour, j’élaborerai dans ce sens.

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  6. 6 mai 2013 12 h 21 min

    @ darwin

    J’avais très bien compris que « le but de ce billet n’était pas de cet ordre », mais puisque le billet traitait de démographie et puisque le sujet m’intéresse…

    Mes sources? J’ai déjà lu là dessus mais comme c’est loin de mon champ d’expertise, je n’ai rien fait pour conserver la(les) référence(s) et en plus, vous aurez compris que les références en démographie n’appartiennent pas à ces sources dont j’ai tellement l’habitude de me servir qu’elles deviennent un réflexe…

    Cela dit, oui, je sais qu’une communauté asiatique s’est établie à Brossard, et je sais aussi qu’il existe à Boisbriand une communauté hassidique relativement importante; dans les deux cas, je suis tombé drette dessus: ce sont là des environnements avec lesquels je suis familier.

    Situations d’exception et l’exception confirme ici la règle: l’implantation massive de ces deux communautés là où elles ont essaimé tient à la masse critique de leur population respective. Or ce qui est vrai pour eux, c’est également vrai pour d’autres. Les communautés ethniques ne vont pas émigrer facilement du quartier NDG vers Ste-Julie ou Mirabel, faute d’y trouver les services auxquels ils s’étaient habitués (temple religieux, épicerie où ils peuvent s’approvisionner en produits du « pays », etc).

    Par opposition, les produits du terroir québécois sont disponibles du Témiscamingue à la Côte-Nord et de Chibougamau à St-Georges de Beauce…

    J’ai vécu un peu, et voyagé un peu itou. En Allemagne, les Turcs se rassemblent, la France a ses villes et ses quartiers « beur », à Vancouver les Chinois et les Indiens ont commencé par occuper Richmond avant de migrer vers des banlieues plus « blanches », et à Toronto, on trouve dans l’axe de la rue Bathurst un quartier où les Juifs originaires d’Europe de l’Est occupent des buildings de 20 étages et plus à 90-95%; ça s’entend dans les ascenseurs, et ça se constate le jour du Shabbat, quand l’ascenseur s’arrête à tous les étages même quand il est vide. Dans l’ascenseur, j’étais toujours le seul à ne rien comprendre aux conversations autour de moi, mais ma conjointe, elle, appartenait au groupe, d’où la localisation de son appart.

    Il y a des raisons à cela. Et ce sont ces mêmes raisons qui incitent les membres des communautés à se regrouper. Et qui constituent un frein à leur dispersion.

    D’où mon postulat.

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  7. 6 mai 2013 12 h 55 min

    «Entre 1996 et 2006, tant dans l’Île de Montréal que dans la couronne métropolitaine, le poids démographique des personnes de langue maternelle française a diminué (- 3,5 % et – 2,5 %), celui des personnes de langues maternelles tierces a augmenté (4,9 % et 3,1 %)…»

    Cliquer pour accéder à 20110909_faits_saillants.pdf

    Je préfère me fier à ce genre de source qu’aux échantillons non probabilistes qui se présentent à mes yeux… Malheureusement, ce genre de donnée laissent quand même penser qu’il est probablement exagéré de prétendre sans nuance que «Ceux qui quittent l’île de Mtl sont francophones».

    Statistique Canada a par ailleurs produit des données sur la langue des migrants interprovinciaux. Ceux qui quittent sont moins francophones et ceux qui arrivent, plus francophones. Une partie de ces mouvements touchent sûrement Montréal, amélioranr son solde migratoire francophone, mais, je ne peux savoir à quel point. Cela tend aussi à nuance l’affirmation «Ceux qui quittent l’île de Mtl sont francophones».

    http://www.statcan.gc.ca/pub/89-641-x/2010001/tab/tab4.2a-fra.htm

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  8. 9 mai 2013 1 h 29 min

    @ Darwin

    Les stats, c’est très utile, mais ça ne dit malheureusement pas tout; certaine données ne sont ni compilÉes ni évidemment disponibles.

    Pour le secteur Sheppard/Bathurst, à Toronto, des stats vous n’en trouverez nulle part. Sauf, peut-être, à l’hôtel de ville, et encore, c’est loin d’être acquis.

    C’est l’observation sur le terrain qui permet de compléter le portrait au delà des stats. Je vous fournis un exemple très « parlant », bien que malheureusement trop empirique pour vous satisfaire. Tant pis…

    La synagogue est toute proche; c’est un facteur qui « retient » dans le voisinage ceux qui la fréquentent depuis 40 ans. Un Supermarché Dominion trône tout près de l’intersection mais les locataires de l’immeuble dont je parle le boudent; c’est plutôt à la mini-épicerie voisine qu’ils trouvent leurs conserves dont le contenu est décrit en yiddish ou en caractères cyrilliques. Dites moi pourquoi ces habitués du quartier le quitteraient pour un environnement à 90% anglo-saxon qui n’offre aucun service à la communauté ethnique et linguistique à laquelle ils appartiennent?

    Ma blonde habitait le même immeuble depuis les années 80 et certains des autres locataires y habitaient déjà AVANT qu’elle n’y emménage 20 ans plus tôt. Pourtant, la qualité de l’immeuble s’était fortement dégradée avec les années et quelques changements de proprio.

    À vos yeux, ça ne veut rien dire, bien sûr. Trop empirique. Pas assez bien supporté par Statistiques-Canada.

    Ce que je vous dis, Darwin, c’est qu’à trop vouloir rechercher des réponses statistiques vous vous privez délibérément de quelque chose d’intangible – quelque chose qui est pourtant bien réel.

    De la sauce à poutine et du poulet St-Hubert, on en trouve partout au Québec. Enfin, presque. Mais pas la viande kosher fraîche ni des conserves importées d’Israël ou de Russie. Et il y a des gens – dont vous n’êtes pas – pour qui c’est là un facteur qui guidera la décision de ne PAS quitter tel ou tel quartier, ou région.

    « Vos » stats contre « mon » exemple de microcosme? Les deux ne sont pourtant pas en opposition absolue, dans la mesure où les données de Stat-Can que vous déboulez ici ont plutôt tendance à confirmer ce que j’avance.

    Vous croyez que c’est un hasard si la migration interprovinciale du Qc vers les autres provinces est proportionnellement moins francophone? S’il en est ainsi, c’est un peu pour le même motif qui veut que les Juifs du secteur Bathurst-Sheppard ne vont pas s’exiler à Vaughan, quelques km plus au nord. Vaughan, c’est là où se trouve Canada’s Wonderland.

    Je persiste donc et je signe: toutes proportions gardées, un francophone du quartier Rosemont est plus motivé à déménager à Bécancour que ne le serait un Juif pratiquant, à moitié Polonais par son père.

    Non, je n’ai pas de stats précises à vous offrir. Et vous, vous en avez pour me contredire? Ou même pour simplement affaiblir mon statement?

    Quand les données qui pourraient constituer LA meilleure preuve d’un fait, il faut en chercher une preuve dite secondaire. Cela dit, peut-être des stats plus anciennes pourraient-elles me contredire mais, à la vérité, j’en doute. Et si j’en doute, c’est parce qu’un être humain, ça n’est pas qu’une série de chiffres. Ça mange, ça respire, ça rit et ça pleure, et pourtant les stats n’en parlent pas.

    Sans rancune…

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  9. 9 mai 2013 2 h 23 min

    «C’est l’observation sur le terrain qui permet de compléter le portrait»

    Pour compléter, je suis d’accord. Mais pas pour remplacer. Désolé, les données l’emportent sur les impressions. Malheureusement, avec l’abandon du formulaire long du recensement, votre position risque de gagner en importance.

    «À vos yeux, ça ne veut rien dire, bien sûr.»
    « vous vous privez délibérément de quelque chose d’intangible»
    «dont vous n’êtes pas»

    Je ne répondrai pas à ces insultes indignes même de vous. Vous êtes bien sûr autorisé à dire n’importe quelle horreur sur moi sur votre blogue, et ne vous en êtes pas privé, mais pas ici. Ceci est un dernier avertissement.

    «Je persiste donc et je signe: toutes proportions gardées, un francophone du quartier Rosemont est plus motivé à déménager à Bécancour que ne le serait un Juif pratiquant, à moitié Polonais par son père.»

    J’ai dit clairement que je contestais votre phrase «Ceux qui quittent l’île de Mtl sont francophones» en disant qu’elle était exagérée. Et là, vous persistez et signez en disant ce que je disais et en prétendant me contredire!

    J’aimerais d’ailleurs que vous défendiez avec autant de ferveur votre envolée contre les «stats» sur votre blogue!

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  10. 9 mai 2013 16 h 05 min

    @ Darwin

    Je vous cite, me citant:

    «À vos yeux, ça ne veut rien dire, bien sûr.»
    « vous vous privez délibérément de quelque chose d’intangible»
    «dont vous n’êtes pas» [papitibi]
    Je ne répondrai pas à ces insultes indignes même de vous. Vous êtes bien sûr autorisé à dire n’importe quelle horreur sur moi sur votre blogue, et ne vous en êtes pas privé, mais pas ici. Ceci est un dernier avertissement. [darwin]


    = = =

    Peut-être auriez-vous pu citer mon « dont vous n’êtes pas » dans son contexte?

    Si j’avais écrit « les gens dotés d’une certaine capacité intellectuelle, dont vous n’êtes pas », là, vous auriez raison de vous en offusquer.

    Mais j’ai écrit: « De la sauce à poutine et du poulet St-Hubert, on en trouve partout au Québec. Enfin, presque. Mais pas la viande kosher fraîche ni des conserves importées d’Israël ou de Russie. Et il y a des gens – dont vous n’êtes pas – pour qui c’est là un facteur qui guidera la décision de ne PAS quitter tel ou tel quartier, ou région..

    Il m’avait semblé à moi que ce « dont vous n’êtes pas » référait tout simplement au fait que VOUS, Darwin, n’appartenez pas à un groupe ethnique qui recherche pour des motifs liés à sa culture ou à sa foi des conserves importées d’Israël, de Russie ou whatever, ou de la viande fraîche portant le sceau rabbinique.

    C’est ça que vous qualifiez d’insulte à votre égard? Vous me faites un procès d’intention – celui d’avoir cherché à vous insulter. Et ÇA, c’est insultant… pour moi.

    = = =

    Pour le reste, je ne perdrai pas mon temps à vous expliquer en quoi mes propos n’étaient que le miroir des réticences que vous aviez vous-même exprimées. Vous voulez y voir des propos injurieux? De kossé ke’j peux bin y faire?

    Là ou vous écrivez par ailleurs que « mes » injures sont indignes de moi, j’ai tendance à y percevoir une forme d’hommage aussi subtil que bien enrobé. Je vous retourne donc le compliment: j’étais loin de m’attendre, moi, à ce qu’un homme de vos qualité, éducation, culture et maturité puisse interpréter mes propos de manière aussi fantaisiste.

    Et je ne me serais jamais privé du plaisir de publier sur mon blogue des horreurs à votre sujet? Est-ce à dire que désormais, vous ne tolérerez pas que j’y fasse la promotion de vos talents d’économiste et que j’y réfère mes lecteurs à vos billets portant notamment sur la maladie hollandaise?

    Puisque vous le demandez si gentiment, qu’il en soit fait selon l’expression de votre volonté.

    Veuillez agréer, Monsieur Darwin, l’expression de mes plus respectueux hommages.

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  11. 9 mai 2013 17 h 29 min

    Comme je vous l’ai dit, faites ce que vous voulez sur votre blogue! Vous n’avez pas l’habitude d’attendre la permission de qui que ce soit pour ce faire…

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  12. 30 septembre 2013 8 h 29 min

    «Ceux qui quittent l’île de Mtl sont francophones»

    Un article cadenassé du Devoir parle aujourd’hui de la question. Le rapport d’étape du Comité de pilotage Montréal = Familles (que je n’ai pas encore trouvé) contiendrait des données sur la question :

    «Le rapport du comité Montréal = Familles met en lumière que 45 % des nouveaux parents francophones ont quitté Montréal entre 2001 et 2006, un taux plus élevé que chez les allophones (26 %) et les anglophones (30 %)»

    http://www.ledevoir.com/politique/montreal/388776/elections-municipales-front-commun-contre-l-exode-des-familles

    Donc, oui, les familles francophones quittent plus l’Île de Montréal pour la banlieue, mais les départs des allophones et anglophones sont loin d’être négligeables.

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