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Le revenu de base (2) – la vidéo

1 juillet 2013

revenu_base2On a vu dans le premier billet de cette série les différentes formes que peut prendre un revenu de base (ou une allocation universelle, un revenu de citoyenneté…). Mais, ce n’est pas un livre aussi détaillé que celui que j’ai présenté dans ce billet qui a redonné beaucoup de popularité à l’idée d’un revenu de base, mais bien une vidéo. Cette vidéo, intitulée Le revenu de base, a en effet séduit plein de gens depuis sa sortie en 2008.

Pourquoi ne pas en avoir parlé avant? Parce que, comme je l’ai expliqué dans ce billet, «Réfuter un mythe n’est pas chose aisée. À moins de procéder avec la plus grande prudence, toute tentative de réfutation peut involontairement renforcer les informations erronées que l’on cherche à corriger». Mais, comme j’ai décidé d’écrire une série sur ce sujet, c’est le moment!

Je pourrais parler de cette vidéo de façon globale, mais je crois préférable de la décortiquer. Alors je vais suivre le déroulement de ce film et tenter de débusquer son sens, ses sophismes et ses erreurs.

Le début…

Dès le premier graphique présenté (dans la deuxième minute), les auteurs confondent la répartition des revenus et la répartition des personnes qui touchent un revenu. On nous dit en effet que seulement 41 % des Allemands touchent un revenu de travail, mais le graphique laisse entendre que les revenus de travail ne représentent que 41 % de tous les revenus. Ce qui est bien sûr ridicule (au Québec, ces revenus représentaient les deux tiers du total, selon les Statistiques fiscales des particuliers de 2010). On ne nous parle pas des revenus tirés des dividendes, des gains en capital, des régimes de retraites et j’en passe, mais on laisse entendre que les revenus de transfert (assurance-emploi, aide sociale, pension de retraite, etc.) représentent 59 % des revenus, alors qu’ils représentaient à peine un peu plus de 10 % des revenus des contribuables au Québec en 2010. Bref, je veux bien croire qu’on veut vulgariser, mais là, on trompe carrément les auditeurs. Cela n’est pas anodin, car cette fausseté (et l’omission des autres sources de revenus) sert aux auteurs pour «démontrer» que le revenu de base ne devrait pas nous sembler étrange. Bref, ça commence mal…

La vidéo continue (3 minutes 20) en disant que la croissance économique ne crée pas d’emploi, que c’est plutôt le contraire. Je suis aussi critique de la croissance économique que les auteurs, mais de là à avancer n’importe quoi comme cela sans le démontrer, il y a des limites. Ils diront ça aux Grecs et aux Espagnols…

Suivent des entrevues et témoignages qui donnent divers points de vue sur le revenu de base. Je ne commenterai pas tout ce qui y est dit, mais j’y ai vu une glorification du choix individuel au détriment des choix collectifs, bref un discours à tangente libertarienne. Un exemple parmi plusieurs (vers 6 minutes 30) : «Le revenu de base lie la sécurité à une liberté maximale pour que l’individu puisse devenir maître de ses choix.» Cela dit, je ne nie nullement certains aspects positifs du revenu de base qui sont présentés dans cette section du film, notamment son rôle dans la lutte à la pauvreté et le gain en dignité qu’il entraîne, quoiqu’on reconnaisse que certains programmes conditionnels vont devoir être conservés, sans pourtant préciser que ces exceptions minent les avantages qu’on vient tout juste de présenter (vers 8 minutes).

Le développement

La revue des conséquences sur la motivation, le travail et le chômage que la vidéo présente à partir de la 12ème minute jusqu’à la 34ème a déjà été abordée, et de façon bien plus complète et objective, dans le billet précédent. Je répèterai seulement mon commentaire du premier billet : «Bien présomptueuse serait la personne qui prétendrait prévoir quel serait précisément le comportement des gens si l’occupation d’un emploi n’était plus aussi nécessaire que dans le système actuel.». Et, plus fatigant pour moi, cette section du film est composée essentiellement à partir d’anecdotes individuelles, de perceptions spontanées. On y retrouve la même contradiction que j’ai soulevée dans le billet précédent : on travaillerait moins, on partagerait plus de travail, mais cela n’aurait aucune conséquence sur le financement du revenu de base.

Le film se poursuit avec un beau sophisme de l’épouvantail (vers la 36ème minute) : les opposants au revenu de base prédisent le chaos advenant la mise en œuvre du revenu de base ou croient que nos systèmes ne peuvent pas évoluer. On compare même cette position à la résistance de ceux qui refusaient d’accepter que la Terre est ronde… Il est pourtant tout à fait possible de croire que notre société puisse évoluer, mais que le revenu de base n’est pas nécessairement la bonne façon de le faire!

Le film aborde ensuite des questions philosophiques que je partage parfois, entre autres sur le fait que ce qui était utopique hier est la réalité aujourd’hui. Cela me va… Mais, quand on y affirme vers la 42ème minute que le travail rémunéré a atteint un sommet qui diminuera rapidement et inexorablement, en comparant ce sommet au pic pétrolier et en citant le livre de Rifkin, La fin du travail, alors que nous n’avons jamais autant travaillé, je décroche… Les auteurs parlent de la baisse bien réelle de l’emploi dans les secteurs primaires et secondaires en minimisant la croissance du secteur tertiaire et en généralisant à tous les secteurs les baisses d’emploi dues à la technologie, à l’informatisation et aux services par Internet («et bientôt il en sera ainsi presque partout», peut-on entendre à la 45ème minute). Un peu plus et on nous rappelleraient la fameuse société des loisirs que tant de personnes prévoyaient, sous les mêmes bases que les auteurs de ce film, dans les années 1970 (même Keynes en parlait en 1930!). Disons à tout le moins qu’on peut être sceptique face à cette prévision… et déplorer le picorage de données («cherry picking») des auteurs!

Vers la 50ème minute, on explique que les hausses de salaires depuis 50 ans n’ont pas augmenté le pouvoir d’achat des salariés en raison de la hausse des impôts. On ne dit mot des services publics qui étaient autrefois payés à même le revenu disponible, quand les citoyens pouvaient se les payer! Comme si les services d’éducation, de santé et autres n’avaient aucun impact sur la qualité de vie. Cette section montre encore une fois le biais libertarien de cette vidéo. Après une dizaine de minutes de considérations diverses, certaines intéressantes, d’autres moins, ce biais est confirmé encore une fois par l’apparition à 1 heure une minute du «grand pape de l’ultralibéralisme», nul autre que Milton Friedman

Le fonctionnement

Un peu avant cette apparition troublante, les auteurs commencent à expliquer le fonctionnement du revenu de base tel qu’ils le proposent en présentant la distribution du PIB entre l’État et les citoyens (entre 58 minutes et 1 heure). Jusque là ça va. D’ailleurs, ils précisent que les dépenses de l’État profitent à tous.

Là où je décroche, c’est quand les auteurs prétendent que le revenu de base ne représente qu’un changement dans la comptabilité, «qu’une autre façon de verser l’argent». Ils ajoutent :

«Cela signifie-t-il alors plus d’État? Non. Cela signifie moins d’État, moins d’inquisition moins de mise sous tutelle, moins d’administration.»

Et c’est là qu’apparaît Milton Friedman, garant que le revenu de base n’entraînera pas plus d’État. Friedman recommandait en effet le revenu de base (sous sa forme d’impôt négatif, ou de crédit d’impôt remboursable, dirions-nous maintenant) pour avoir «un État plus svelte», bref pour qu’il se retire des champs de l’éducation, de la santé et autres que pourraient maintenant payer directement les ménages avec leur impôt négatif. Bref, il recommandait la privatisation des biens communs. Et c’est cela qu’appuient tant de gens de la gauche? Non, bien sûr, c’est le concept qu’ils appuient, pas cette version…

Mais, la solution des auteurs est tout de même un peu différente, j’en conviens, même si ce n’est pas beaucoup mieux! Les auteurs reviennent avec leur hypothèse de la baisse du travail rémunéré (62ème minute). Et là, attention, ils recommandent l’abolition de l’impôt sur le revenu, le mode le plus progressif de financement de l’État, pour le remplacer par une hausse des taxes de ventes, mode de financement le plus régressif. Et, je le répète, c’est cela qu’appuient tant de gens de la gauche? Dans la présentation du coût d’un café à la 65ème minute, on voit de tout, mais pas de profit… Mais, ce n’est pas grave, les auteurs le disent, «à la caisse, tous les citoyens sont égaux». Ouch! Et ajoutent plus loin «l’impôt sur la consommation est le seul impôt équitable à l’heure de la globalisation» et «C’est l’impôt de l’avenir, c’est l’impôt de l’économie de marché». Je veux bien croire que ce n’est pas ça que tant de gens de gauche appuient, mais pourquoi alors cet engouement pour cette vidéo?

Les auteurs estiment qu’il n’y aurait plus de travail au noir grâce aux taxes. Ils n’ont jamais entendu parler des méthodes utilisées par les restaurants et les entreprises de construction, ni des achats en dessous de la caisse? Si ces méthodes existent avec une taxe de vente de 15 %, elles disparaîtraient avec une taxe à 50 %, comme le recommandent plus loin les auteurs? Ils prétendent que les inspecteurs deviendraient soudain plus efficaces. Moins d’administration, disent-ils? Combien d’inspecteurs cela prendrait-il pour s’assurer qu’aucune transaction ne se fasse sans le paiement de la taxe de vente?

Je ne peux pas commenter (critiquer) toutes les phrases de cette partie, même si elles le mériteraient. Je vais aller aux deux pires démonstrations. On explique vers la 75ème minute que la taxe est progressive, car les riches en payent plus. On présente d’ailleurs un tableau totalement démagogique, car il ne compare pas leur proposition avec la situation actuelle. Or, quand on parle de progressivité, on parle du pourcentage des revenus qui sont payés. Or, avec la taxe de vente, ce pourcentage diminue. En effet, contrairement à ce que prétendent les auteurs, tous ne consomment pas 100 % de leurs revenus. Oui, les pauvres dépensent tous leurs revenus (et même plus…), mais les plus riches en épargnent généralement une partie qu’ils ne consomment donc pas. Mais, il y a pire.

Au Québec, puisque c’est ici que certains voudraient que ce système soit implanté, les plus pauvres ne paient pas d’impôt et paient très peu de taxes, car une grande partie des biens et services qu’ils consomment (comme le loyer et les aliments) ne sont pas taxés. Ils reçoivent en plus un crédit de quelques centaines de dollars par année pour compenser une partie des taxes qu’ils paient. Avec le système proposé par les auteurs, ils paieraient 50 % de taxes sur tous leurs achats. Même si ce revenu de base s’établissait au niveau proposé par les auteurs de la vidéo (1000 euros par mois, soit environ 1370 $ par mois, ou environ 16 500 $ par année), la moitié de cette somme (au moins…) partirait en taxes. Les prestataires de l’aide sociale seuls se retrouveraient avec 8,250 $ par année, seulement 1000 $ plus que l’aide sociale la moins élevée (mais 500 $ de moins que l’aide sociale avec des contraintes temporaires et quelques milliers de dollars de moins que les prestations de pension de vieillesse et du supplément de revenu garanti combinées). Mais comme ce programme serait aboli, ils devraient payer une partie de leurs médicaments, les visites chez le dentiste et j’en passe. Seraient-ils avantagés par rapport à maintenant? Pas sûr. Attention, je ne dis pas ici qu’ils sont bien actuellement, c’est loin d’être le cas, mais plutôt qu’ils ne seraient pas nécessairement mieux avec ce revenu de base. Par contre, les couples pauvres et les «sans chèque» (personnes qui n’ont pas droit à des prestations de transfert parce qu’ils ne satisfont pas aux critères) y gagneraient, j’en conviens. Et, les plus grands gagnants seraient les riches qui n’auraient plus d’impôt sur le revenu à payer et qui ne consomment pas tous leurs revenus. Mieux, ils auraient droit en plus à un revenu supplémentaire de 16 500 $ par année.

Même si ce revenu améliorait très légèrement la situation financière des plus pauvres qui vivent seuls, ce qui est loin d’être évident, il ne serait surtout pas suffisant pour remplir les promesses mentionnées dans ce film! Et, même s’il est insuffisant, un revenu de base de ce niveau coûterait au Québec près de 110 milliards $ (environ 125 si les enfants en recevaient la moitié) et générerait une économie de moins de 20 milliards $ en raison de l’abolition d’un bon nombre des programmes de transfert. Le coût net de l’implantation de ce revenu de base avoisinerait donc les 100 milliards $, ce qui représente beaucoup plus que l’ensemble des dépenses de programmes actuelles du Québec (64 milliards $)!

Et, le financement dans tout cela? Les auteurs montrent que, actuellement, près de 50 % de la production de l’Allemagne va à l’État (48 %). Le revenu de base permettrait certaines économies, mais entraînerait encore plus de dépenses, comme ces graphiques tirés de la vidéo le montrent bien.

revenu_base2-1

Notons que les auteurs ne donnent aucun chiffre, même associé à leur revenu de base de 1000 euros par mois. Ils illustrent seulement ici que l’État épargnerait certaines dépenses (la partie en vert de la tarte de gauche), mais que le revenu de base coûterait plus cher (la partie verte du graphique de droite, qui ferait en sorte que la part de l’État passerait à environ 65 % du PIB). Même en supposant que ces proportions soient justes, ce dont je doute, car un tel revenu de base coûterait beaucoup plus que le double des sommes épargnées par les programmes abolis, on voit bien qu’une taxe qui ne permettrait d’amasser que la moitié des dépenses de consommation ne pourrait pas financer les dépenses de l’État, à moins de faire comme le recommandait Milton Friedman, soit de privatiser la plupart des services publics comme l’éducation et la santé. Alors, là, il est clair que toute la société y perdrait et encore plus les pauvres.

Et alors…

Il faut prendre ce film pour ce qu’il est, un film de propagande. Rien ne tient dans ce film. Il est rempli de sophismes et de contradictions, et ne démontre nullement la possibilité financière du revenu de base. Mais pire, sous un couvert d’égalitarisme et de lutte à la pauvreté, il fait au contraire la promotion d’un système individualiste où les services publics auraient de moins en moins de place. Et, au cas où je ne l’aie pas assez répété, je me demande encore comment cette vidéo a pu obtenir autant de succès auprès de la gauche québécoise… Je sais, l’idée est attirante, mais ses conséquences et la version présentée par cette vidéo le sont drôlement moins!

Cela dit, je ne prétends pas que le système présenté par cette vidéo est la seule forme que peut prendre le revenu de base. Sauf que je n’ai jamais vu de projet qui présente un mode de financement qui se tienne sans abolir les programmes sociaux. Dans le prochain billet, je tenterai de présenter le projet suisse sur lequel un référendum se tiendra d’ici deux ans. On verra s’il est plus avantageux…

28 commentaires leave one →
  1. Lain permalink
    1 juillet 2013 10 h 41 min

    Merci beaucoup pour votre article. Il est effectivement étonnant qu’une partie de la gauche, pas seulement québécoise, se soit fait le chantre de ce principe pourtant on ne peut plus anti-social. Un article intéressant à ce sujet en complément du votre:

    http://www.econospheres.be/spip.php?article384

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  2. 1 juillet 2013 10 h 53 min

    Merci pour ce lien, je ne l’avais jamais lu. La position de l’auteur ressemble drôlement à celle que j’ai développée dans ce billet datant de près de trois ans : https://jeanneemard.wordpress.com/2010/07/29/revenu-de-citoyennete-et-biens-communs/.

    Par contre, je n’ai pas abordé le revenu maximal. Un jour, peut-être!

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  3. youlle permalink
    1 juillet 2013 13 h 03 min

    «Cela signifie-t-il alors plus d’État? Non. Cela signifie moins d’État, moins d’inquisition moins de mise sous tutelle, moins d’administration.»

    Il est bien clair que ce sont des dretteux au libertariens, ça sent et ça pue.

    « …sous sa forme d’impôt négatif… » (Darwin)

    Il me semblait que c’était une taxe fixe positive ou négative. Peu importe. Ce que je retiens de celle-là, est que les inspecteurs seraient capables de faire respecter cette taxe n’ayant que ça à faire.

    Hé bien ce qui est intéressant, est que si les inspecteurs sont capables de surveiller les taxes, ils sont capables de surveiller les impôt. Évidemment surveiller les taxes serait surveiller les pauvres (30 000$ et moins, trop démunis se sauver du fisc). Surveiller les impôts serait faire payer aux riches leur juste part.

    Et pour le revenu minimum, selon ma conception de ce revenu universel, il faut surveiller les impôts, ce qui n’est pas pour demain la veille. Je dirais même que pour cette raison les acquis sociaux sont en dangers.

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  4. 1 juillet 2013 13 h 24 min

    «ça sent et ça pue»

    De fait, j’ai vu le fondement libertarien de cette vidéo dès les premières minutes de la première écoute que j’en ai faite, il y a deux ans.

    «si les inspecteurs sont capables de surveiller les taxes, ils sont capables de surveiller les impôt»

    C’est aussi ce que je me dis. Tout est une question de lois, de règlements et de volonté politique.

    «Je dirais même que pour cette raison les acquis sociaux sont en dangers.»

    Les multiples baisses d’impôts depuis les années 1980, tant pour les particuliers que pour les entreprises, sont à la source de la fragilité des acquis sociaux et ce, tant en Europe qu’ici. On a affamé l’État et maintenant on dit que ses programmes coûtent trop cher, alors que le problème est à la base du côté des revenus.

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  5. barefootluc permalink
    1 juillet 2013 14 h 22 min

    On a affamé l’État et maintenant on dit que ses programmes coûtent trop cher, alors que le problème est à la base du côté des revenus. [Darwin]

    Méthode qui a aussi fait ses preuves pour par exemple un fonds de pension. Régis l’a très bien compris en retenant des sommes d’argent et prétendre qu’elles n’existent pas afin de surévaluer le déficit.

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  6. 1 juillet 2013 16 h 03 min

    «Régis l’a très bien compris en retenant des sommes d’argent»

    Il y a en effet eu de nombreux «congés de cotisation» dans les régimes de retraite, et pas seulement à Québec, mais aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé.

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  7. Alexandre de Boisbriand permalink
    3 juillet 2013 12 h 16 min

    D’abord, deux remarques sur l’auteur.

    Premièrement, Häni est directeur d’un centre culturel et social. Il est probablement plus près de l’écosocialisme que du néolibéralisme. Schmidt est artiste et je suppose que ses positions idéologiques rejoignent celles d’Häni. La démarche de Daniel Häni est post-productiviste (décroissance soutenable) et non productiviste. C’est probablement plutôt à cette prémisse que tu n’adhère pas. Deuxièmement, la plupart des positions de ce film, à priori destiné aux allemands, concernent l’État-providence allemande. Le régime est corporatiste-conservateur, contrairement au nôtre qui est libéral. (Cf. Esping-Andersen, 1999.) Il me paraît alors très fallacieux de vouloir appliquer toutes les mesures concrètes du film au cas du Québec.

    Ensuite, j’aurais beaucoup de choses à dire sur les critiques, mais pour rester bref, je ne m’attarderai qu’aux cas les plus importants à mes yeux.

    Premièrement, les critiques du 41% repose sur une incompréhension. Je ne me prononcerai pas sur l’exactitude du chiffre, bien qu’il me semble tout à fait approprié par rapport aux chiffres répandus dans la littérature peer-reviewed. Il faut bien comprendre que, selon Häni & Schmidt, 41% du revenu provient de l’effort du travailleur. Le reste pourrait être (dépendamment de la façon dont ils ont construit leur indicateur) : les machines, la technologie, la nature, le retour sur les investissements,… en un mot les capitaux (et non l’assurance emploi). C’est plus proche du marxisme que du néolibéralisme comme façon d’aborder les choses (la théorie de la valeur-travail).

    Deuxièmement, la théorie du Jobless Growth est largement répandue (voire même acceptée?) dans le milieu académique. La croissance aujourd’hui n’équivaut pas nécessairement à une baisse du chômage. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène, mais pour ne nommer que celles-là, on peut souligner l’automatisation et la technologie.

    Troisièmement, le vox pop est probablement un choix pragmatique des réalisateurs et la sélection est certes éditoriale, mais la présomption n’est pas sans fondements. Il faut s’informer sur les études empiriques de l’effet du revenu sur le marché du travail (eg. les études sur les gagnants à la loterie comme Win For Life ou Gagnant à vie qui ressemblent drôlement à ce que serait une allocation universelle, sur les personnes vivant sous un régime fiscal comme impôt négatif ou, mieux encore, sur les expériences concrètes des formes d’allocation universelle qui existe en Alaska et en Inde ou qui ont existé ailleurs). Étrangement, on constate que les gens répartissent mieux leur temps de travail (et, momentanément, permet un meilleur partage du temps de travail sans une politique comme la semaine de 35hr) pour accommoder les obligations familiales, leur temps de loisir, le bénévolat, y compris un plus grande implication dans la communauté locale (ce qui peut potentiellement réduire énormément les dépenses de l’État – des projets pilotes à Montréal ont montré comment des milliers peuvent être épargner de cette façon), etc. Bref, la présomption n’est pas sans fondements, bien que la manière d’implémenter demeure déterminante.

    Finalement, un point sur lequel je partage tes craintes, c’est sur l’abolition de l’impôt sur le revenu. Je suis aussi sceptique – et, au mieux que je sache, plusieurs personnes qui défendent une allocation universelle aussi, – mais je n’ai pas de parti pris dogmatique pour l’impôt progressif. Il y a un gros débat sur cette question, mais je donne le bénéfice du doute à l’idée que l’aspect progressif de l’impôt puisse être réalisé par la combinaison d’un revenu de base et d’une TVA. Le problème est qu’on a aucune donnée empirique pour appuyer cette hypothèse. Pour ma part, je préfère maintenir l’impôt progressif et envisager d’autres sources de financement (taxe Tobin, redevances sur l’exploitation des ressources naturelles, taxe sur le capital, la technologie, etc.). En somme, c’est vrai que cette partie du film est très critiquable, mais on les aurait aussi critiqué de ne rien présenter.

    J’aurais d’autres commentaires, mais celui-ci est déjà trop long. En bref, je pense que plusieurs de tes critiques ou bien dépassent ce qui est présenté par le film ou bien reposent sur une mauvaise compréhension. J’ai essayé de rectifier les erreurs que je pense être les plus importantes dans ce commentaire. Autrement, il y a certainement la visée activiste et les prémisses des auteurs qui pourraient être discutées. Je souhaite que la troisième partie soit plus robuste.

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  8. Alexandre de Boisbriand permalink
    3 juillet 2013 12 h 40 min

    Correction : j’ai réécouté le passage sur le 41%. On peut ignorer ce que je dis à cet égard. Mais du coup, je ne vois plus le problème. C’est clair dans le film qu’il s’agit de la proportion de personne qui travaillent pour gagner leur revenu. Est-ce possible de clarifier le problème? Merci.

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  9. 3 juillet 2013 14 h 09 min

    @ Alexandre de Boisbriand

    Sur les auteurs…

    Oui, j’ai déjà lu sur eux. J’ai décidé de me concentrer sur leur vidéo et non sur leurs positions.

    «C’est probablement plutôt à cette prémisse que tu n’adhère pas.»

    Je ne vois pas ce qui vous permet cette supposition. J’ai écrit quelques billets sur la décroissance conviviale. Si je ne partage pas les moyens que ses partisans mettent de l’avant, je les rejoins tout à fait du côté des objectifs. Voir entre autres https://jeanneemard.wordpress.com/2010/04/28/croissance-ou-decroissance/.

    «Il me paraît alors très fallacieux de vouloir appliquer toutes les mesures concrètes du film au cas du Québec.»

    C’est votre opinion. J’ai écrit ce billet parce que bien des Québécois progressistes recommandent ce film et voudraient que ce revenu soit implanté au Québec de cette façon. Il était donc normal que je discute la pertinence de le faire au Québec.

    «C’est clair dans le film qu’il s’agit de la proportion de personne qui travaillent pour gagner leur revenu. Est-ce possible de clarifier le problème?»

    Malheureusement non, ce n’est pas aussi clair. Je n’ai aucun problème avec l’estimation du pourcentage de la population qui obtient des revenus d’emplois (au Québec, c’est entre 43 et 44 %, donc d’un ordre de grandeur similaire). Sauf que le narrateur prétend que le revenu obtenu par ces 41 % de personnes (qui reçoivent un revenu d’emploi) représente aussi 41 % du revenu total (c’est la première erreur, au Québec, comme mentionné dans le billet avec la source que j’ai utilisée, ces revenus représentent autour des deux tiers des revenu). Il continue en disant que les revenus de transfert représentent 59 % des revenus, alors que cette proportion tourne autour de 10 %. Ça peut peut-être se rendre à 15 % en Allemagne, mais plus que ça m’étonnerait. En tout cas, ce n’est certainement pas 59 % des revenus ! Et, les 59 % des personnes qui n’ont pas de revenus de travail (notamment les enfants), ne vivent pas de transferts, mais des revenus de leurs parents ! Finalement, comme mentionné dans le billet, il ne dit mot des autres sources de revenus.

    «Deuxièmement, la théorie du Jobless Growth est largement répandue»

    La croissance sans emploi s’est principalement observée dans la première moitié des années 1990. Il est certain que la croissance du PIB est généralement plus forte que le taux d’augmentation de l’emploi en raison des gains en productivité (entre autres générés par l’automatisation et la technologie, comme vous le dites), mais il demeure que pour avoir une croissance de l’emploi, cela prend une croissance du PIB (dans le système actuel, bien sûr, que les auteurs ne contestent pas, comme je le montre dans le billet par certaines citations, par exemple «C’est l’impôt de l’avenir, c’est l’impôt de l’économie de marché».). Pire, si le PIB demeure stable, l’emploi diminue en raison des gains en productivité. Cela dit, que ce soit en Europe ou au Québec, l’emploi a augmenté dans les années 2000 avant la crise. Par exemple, on peut voir à http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php?title=File:Employment_rate,_age_group_15-64,_2000-2010_(%25)-fr.png&filetimestamp=20120730121754 que le taux d’emploi des 16-64 est passé de 62,2 % à 65,9 % entre 2000 et 2008. On ne peut donc pas parler d’une croissance sans emploi pour cette période.

    «sur les expériences concrètes des formes d’allocation universelle qui existe en Alaska»

    J’en ai d’ailleurs parlé dans le précédent billet… «Ce revenu peut être relativement minime (comme en Alaska, soit entre quelques centaines de dollars et 2 000 $, selon les années),(…)». On est loin de la proposition de cette vidéo !

    «mais je n’ai pas de parti pris dogmatique pour l’impôt progressif»

    Dogmatique ? Idéologique, correspondant à mes valeurs, certainement, mais dogmatique ?

    «Pour ma part, je préfère maintenir l’impôt progressif et envisager d’autres sources de financement (taxe Tobin, redevances sur l’exploitation des ressources naturelles, taxe sur le capital, la technologie, etc.).»

    Ça ressemble au même dogme… euh, aux mêmes valeurs ! 😉

    «mais on les aurait aussi critiqué de ne rien présenter.»

    En effet ! Ça serait bien le bout de présenter une vidéo sur le sujet et de ne rien proposer pour le financement !

    «J’ai essayé de rectifier les erreurs que je pense être les plus importantes dans ce commentaire.»

    C’est votre opinion !

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  10. Alexandre de Boisbriand permalink
    3 juillet 2013 14 h 43 min

    Réponse rapide et mea culpa! Je devrais réécouter attentivement tout le film. Mais de mémoire, tes critiques – du moins le ton qui est donné – me paraissent surinterpréter la narration à partir du présupposer que le film est une imposture néolibérale. Le temps me manque pour me permettre de bien répondre à tout, mais pour le dogme, je m’excuse d’avoir projeter l’intention, mais tu donnes l’impression qu’il n’y a aucune alternative à l’impôt progressif. La combinaison TVA + revenu de base pourrait avoir l’effet progressif de l’impôt. L’idée n’est pas de remplacer l’impôt progressif par la TVA. L’idée mérite d’être approfondie, testée, simulée,… si ç’a vraiment l’effet progressif. Par ailleurs, si vos opposants sont ceux qui veulent appliquer le revenu de base tel que présenté dans ce film, mais au Québec, il aurait été bien de le spécifier au début. À cet égard, je ne pense pas qu’un tel régime pourrait être implémenté tel quel au Québec. Il est important de tenir compte de l’état actuelle qui n’est pas celle de l’Allemagne. Finalement, François Blais (ULaval) a fait une simulation d’un « revenu citoyen ». Je n’ai pas encore jeté un oeil sur les résultats de l’études, mais ça pourrait vous intéresser.

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  11. 3 juillet 2013 15 h 24 min

    « me paraissent surinterpréter la narration à partir du présupposer que le film est une imposture néolibérale»

    Il est certain que je n’ai pas parlé des points avec lesquels je suis d’accord au moins partiellement. Je répète encore que je trouve qu’il y a des points positifs au revenu de base. C’est sur son financement, et surtout sur ce qu’il faudrait probablement laisser tomber pour le financer (les services publics) que je m’objecte.

    La première fois que j’ai écouté ce film, je n’avais aucun préjugé, mais bien sûr mon sens critique. Ensuite, je ne crois pas que c’est une imposture néolibérale, mais de la propagande avec un biais libertarien (les libertariens ne sont pas des néolibéraux).

    « mais tu donnes l’impression qu’il n’y a aucune alternative à l’impôt progressif»

    La vidéo propose l’abandon de l’impôt progressif pour le remplacer par une taxe régressive. C’est à cela que je répondais. Je n’ai dit nulle part que c’est le seul moyen de financement acceptable. Je suis aussi pour la taxe Tobin et les taxes sur le carbone. Même un certain niveau de taxe de vente (dont j’aimerais que le taux soit différencié selon le produit selon un ensemble de critères) me paraît acceptable avec un crédit pour les plus pauvre. Et il y a d’autres modes de financement qu’il serait trop long et hors d’ordre d’aborder. Il n’y a pas de dogme ici!

    « Finalement, François Blais (ULaval) a fait une simulation d’un « revenu citoyen ». »

    J’ai déjà lu des textes de lui. Il me semble qu’il propose un revenu relativement faible qui ne pourrait pas remplacer les programmes conditionnels (avec critères) actuels, non?

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  12. Richard Langelier permalink
    4 juillet 2013 0 h 17 min

    J’ai tellement entendu de vertes et de pas mûres sur ce sujet au cours des dernières années, que j’ai de la difficulté à aborder ce thème avec calme.
    Au Front commun des personnes assistées sociales, les autres délégués ont refusé d’entendre mes arguments contre le revenu social garanti universel de 18 000$ (de 18 ans à la mort), alors que j’étais une des rares personnes assistées sociales déléguées (nous étions en 2005).
    Lors d’une assemblée du Rassemblement pour l’alternative politique de Montréal, un membre de l’exécutif m’a dit de ne pas rire de Réal Caouette, parce que j’avais dit que dans un Québec souverain, on ne pourrait pas imprimer de l’argent impunément.
    Sur un comité d’Option citoyenne, j’ai entendu : « Léo-Paul Lauzon a démontré que les profits d’Hydro-Québec appartenaient à tout le monde ». Wow! Quelle démonstration! On prend ces profits, on les divise par tête de pipe et chacun paie pour les services de santé, l’éducation, les péages des routes, les lampadaires, etc.
    And so and so…

    Au Québec, les partisans de l’universalité se conduisent comme le plombier qui me dit : « Richard, ton robinet coule, il faut refaire toute la plomberie. Tu as le fardeau de la preuve de me démontrer qu’il ne faut pas refaire toute la plomberie ». Je demande évidemment à un autre plombier de me faire la démonstration.

    Il suffit d’avoir été convoqué une fois dans sa vie par un agent de l’Assurance-emploi ou de l’Aide sociale pour voir des avantages à l’universalité. Le hic, c’est que plus le dénominateur est grand, plus le chèque de sécurité sociale est petit, même en incluant les frais d’administration (il y en aura quand même, ne serait-ce que pour vérifier qu’une personne n’a pas 3 cartes d’assurance-sociale).

    L’expropriation des petits paysans s’est faite parfois de façon brutale (les « enclosures » en Angleterre, la Conquête de l’ouest aux USA contre les Amérindiens, les grandes entreprises d’alimentation illustrées par Steinbeck dans Les raisins de la colère), parfois en douce, par le perfectionnement des techniques agricoles. L’argument d’une compensation pour chaque citoyen, puisqu’il ne peut plus vivre en autarcie (ou presque) dans les pays d’en haut a sa pertinence. Le hic, selon moi, c’est que ça ne se doit pas se faire par l’universalité d’un chèque, mais par le principe : « lorsqu’une personne est dans le besoin, la société lui vient en aide, peu importe la cause du besoin. ». Je préfère une amélioration des programmes sociaux existants, des politiques d’emploi, de logement, de sécurité de la vieillesse, etc.

    Quand j’ai lu le collectif : « Un salariat au-delà du salariat », http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100978710&fa=sommaire , la proposition du salaire à vie de Bernard Friot m’est apparue plus claire que la proposition individuelle faite pour l’enjeu 3 du programme de Québec solidaire. Il y montre que déjà pour les intermittents du spectacle, en France, le revenu est déjà assuré en grande partie par les prestations sociales. Ce texte http://www.slate.fr/story/68185/salaire-vie-travail est plus récent, mais cette fantasmagorie de sortie du capitalisme, comme si le concept de mode de production capitaliste n’était pas une médiation entre le réel et le sujet cherchant à le connaître, me tombe sur les nerfs. (Par un moteur de recherche, vous pouvez trouver d’autres textes et entrevues).

    Dans son livre, « Un revenu garanti pour tous : Introduction aux principes de l’allocation universelle. », publié en 2001 chez Boréal, François Blais a additionné tous les paiements de transfert provinciaux et fédéraux et il a évalué qu’une allocation universelle de 18 ans à la mort équivaudrait à 3 100$. Il concluait qu’au début, il faudrait compléter pour ceux qui n’auraient que ce chèque pour vivre, mais qu’avec la prospérité économique, ce chèque équivaudrait à celui que reçoivent les personnes assistées sociales considérées « sans difficultés majeures à l’emploi » (6 000$ à l’époque, le RMI pour une personne seule). Il considérait que pour l’immense majorité de la population, cela ne changerait rien, mais que la stigmatisation cesserait pour ceux qui n’ont pas d’emploi. Raser les forêts du pays pour atteindre « le p’tit BS », comme on dit au Québec et s’imaginer que les préjugés envers les sans-emploi disparaîtraient me semble une drôle d’idée.

    Si un jour, il y a une taxe sur les transactions financières internationales, j’espère qu’elle servira à aider les victimes de famine plutôt qu’à envoyer un chèque à ceux qui n’en ont pas besoin dans les pays développés. Vendre des droits de polluer pour envoyer un chèque à ceux qui n’en ont pas besoin, c’est remplacer les eunuques par les hermaphrodites, pour reprendre la blague de Louis Blanc en réponse à Proud’hon dans un tout autre contexte.

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  13. Richard Langelier permalink
    4 juillet 2013 0 h 30 min

    Je n’ai pas vu la vidéo pour une raison bébête : la Régie de l’assurance-maladie du Québec me prête (il faut les rapporter à sa mort) des appareils qui pourraient relier la prise téléphone de mes appareils auditifs à mon téléviseur, à mon ordinateur, etc. J’ai fait l’essai sur la prise téléphone de mon appareil qui n’est pas payé par la Régie. Son pur, sans doute suffisant si la prise téléphone de l’autre appareil fonctionnait aussi. Mon audioprothésiste, fournisseur privé, vient de me dire que par transport express, si je le lui apporte un lundi matin, je n’en serais privé que jusqu’au jeudi ou au vendredi. Par contre, les appareils payés maintenant par la Régie ont une fonction interne qui se raccorde à un appareil qui peut être relié directement à un appareil qui, lui, le relie aux téléphone portable, téléviseur, ordinateur et whatever. J’aurai droit à un nouvel appareil auditif en 2015. Comme je touche maintenant ma sécurité à la vieillesse, en épargnant 100$ par mois, lorsque j’aurai fini de rembourser mes dettes contractées lorsque j’étais sur l’Aide sociale, je devrais pouvoir me payer un appareil auditif semblable pour l’autre oreille. Je suis passé par ces idiosyncrasies, non pas pour transformer Jeanne Émard en courrier du cœur, mais pour présenter mes conclusions provisoires :

    1) Les besoins ne sont pas les mêmes pour tous.

    2) J’ai peu participé au marché du travail lorsque j’étais en âge de travailler. La surdité est un facteur tardif. J’aurai à nouveau l’impression de vivre dans l’abondance [1] par rapport à ce que je vivais lorsque j’étais sur l’Aide sociale, lorsque j’aurai terminé ce commentaire qui me libérera de mon attente jusqu’à 2015. (Je n’aurai peut-être pas suffisamment le sens de l’humour pour me dire : « dain cou que ma surdité aura empiré, je devrai me faire poser un implant cochléaire, intervention qui ne fait qu’à l’Hôtel-Dieu de Québec, ville des Nordiques, qui me ferait entendre une chanson de Jacques Brel ou de Sylvain Lelièvre comme le lien sur le vieux métal que tu as mis, Darwin, en réponse à ma blague méchante contre les « jeunesse » qui n’ont pas connu Gerry Boulet. Pire encore, je ne ferais pas la différence entre la 7e symphonie de Beethoven interprétée par l’Orchestre philharmonique de Berlin et celui de Vienne, du moins au début »).

    3) Dans le secteur marchand de l’économie, je ne saurais dire si les gains de productivité dans le secteur manufacturier ont supprimé des emplois qui ont été remplacés par des emplois dans le secteur des services. Bernard Perret ne croit pas que le modèle du mathématicien (?) affirmant que la mécanisation de l’agriculture a « libéré » une main-d’oeuvre qui a été absorbée par le secteur manufacturier, se répétera avec le secteur des services. Je lis avec intérêt vos commentaires, Alexandre et Darwin. Je crois qu’il est possible de financer des emplois d’utilité publique, avec conditions de travail intéressantes, dont le filet de sécurité sociale et les régimes de retraite et ce, par une fiscalité plus juste. L’invention des guichets automatiques, des logiciels de reconnaissance de la voix qui nous font tant sacrer (appuyez sur le 1, le 3, etc.) ont supprimé des emplois. Je n’adhère plus au discours de la gauche radicale, mais il me semble inacceptable que les entreprises qui ont fait des économies grâce à ces suppressions d’emplois empochent ces économies et que la société doive assumer les coûts du chômage. Une fiscalité plus juste permettrait de financer ces emplois.

    4) L’électeur admettrait plus facilement une proposition de financement de ces politiques d’emploi qu’une proposition : « nous admettons qu’il n’y a pas assez d’emplois pour tout le monde. Nous envoyons un chèque à ceux qui n’ont pas d’emploi et si ça leur tente ils iront faire du bénévolat, gratter la guitare, écrire des textes songés sur Jeanne Émard, tondre des pelouses, etc. »

    5) Je sais bien que le désir d’ascension sociale, fort légitime en soi pour quiconque n’a pas été élevé dans la ouate, peut rendre conservateur. Il ne sera pas facile de convaincre le travailleur autonome vivant au bas du mont Sutton, travaillant 50 heures par semaine, achetant des actions de banques lorsqu’il a des économies pour s’acheter une maison au sommet du mont et la BMW. Par contre, je crois qu’avec un long effort et de meilleurs orateurs que moi, proposer ce type d’emplois serait plus efficace.

    6) Parce que le filet de sécurité sociale est administré par des gouvernements de droite envoyant le message que les prestataires de la sécurité sociale doivent être supposés fraudeurs, le discours de gauche doit être de proposer une nouvelle forme de filet de sécurité sociale que les gouvernements de droite ultérieurs seront obligés d’appliquer, me semble une pauvre idée. Je sais bien que des réformes comme celles du système de santé et du système d’éducation pour un régime universel ont une certaine force d’inertie, mais ce que nous avons vécu au cours des dernières années me laisse dubitatif.

    7) En lisant Adam Smith, Hegel avait conclu qu’une société où le cordonnier échange les fruits de son travail contre ceux du chapelier, qui les échange contre ceux du forgeron était meilleure que la société médiévale européenne, où l’autorité venait de Dieu, qui l’accordait au Pape, qui l’accordait au roi, qui l’accordait à l’archiduc, jusqu’au cerf qui l’accordait à son épouse lorsqu’il n’était pas là [2]. L’État venait administrer cette société civile et cette société était harmonieuse. Le jeune Marx considérait que ça ne se passait pas tout à fait ainsi.

    8) Weber constatait la rationalisation de l’État. Le thème est fort bien commenté chez Gérard Bergeron dans http://classiques.uqac.ca/contemporains/bergeron_gerard/pratique_ Etat_au_quebec/pratique_Etat_au_qc.html et http://classiques.uqac.ca/contemporains/bergeron_gerard/petit_traite_de_Etat/petit_traite_de_Etat.html
    . Ce que j’ai vécu aujourd’hui pourrait me conduire au retour au discours de la table rase, à la recherche du vrai socialisme. Pourtant, j’hésite et je regarde, de ce pas, l’enregistrement du 5e set du match entre Murray et Verdasco puisque j’avais rendez-vous et que j’écris lentement.

    [1] Comme Basile Fourchu, dans les Belles Histoires des pays d’en Haut, croquant dans une pomme d’un panier de Noël que la riche héritière avait fait fait parvenir à la famille.
    [2] Je dirais bien que dans les sociétés agraire et urbaine canadiennes-française, c’était la femme qui portait les culottes, alors que le mec ne faisait que se vider le robinet avant de ronfler après avoir travaillé aux champs ou à shop toute la journée, qu’elle mourait souvent à 32 ans et qu’en moyenne, la division sexuelle du travail fonctionnait bien, mais je mangerais une volée de bois vert. Alors, je me tais.

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  14. 4 juillet 2013 1 h 42 min

    @ Richard Langelier

    « la proposition du salaire à vie de Bernard Friot m’est apparue plus claire que la proposition individuelle faite pour l’enjeu 3 du programme de Québec solidaire»

    Encore faudrait-il l’énoncer. Et tu en avais tout le loisir, mais tu ne l’as pas fait. En passant, ton lien mène à une table des matières.

    «s’imaginer que les préjugés envers les sans-emploi disparaîtraient me semble une drôle d’idée.»

    Je n’ai pas abordé cette question dans mes billets (ni même dans le prochain, déjà programmé), sinon par la bande, en disant qu’il restera toujours des programmes conditionnels. Cela dit, je suis content (façon de parler) que tu soulignes cette réalité…

    « j’espère qu’elle servira à aider les victimes de famine plutôt qu’à envoyer un chèque à ceux qui n’en ont pas besoin dans les pays développés.»

    C’est très noble de ta part, soit dit sans aucune ironie, mais je ne suis pas certain que tous n’en ont pas besoin dans les pays développés. Mais, je comprends l’idée et suis d’accord avec elle.

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  15. 4 juillet 2013 3 h 29 min

    @ Richard Langelier

    «comme le lien sur le vieux métal que tu as mis, Darwin, en réponse à ma blague méchante contre les « jeunesse » qui n’ont pas connu Gerry Boulet»

    C’est vrai, je n’ai pas tenu compte de ce que je savais pourtant et m’en excuse. Seule circonstance atténuante, il est difficile de ne pas rétorquer par une vidéo quand quelqu’un en met une!

    Et j’écris ça avec une toune écoeurante de Kalmah qui n’est pas sur Youtube…

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  16. Richard Langelier permalink
    4 juillet 2013 3 h 32 min

    @ Darwin

    Je ne me définis pas comme « économiste », ni de « centre-droit » comme l’était Tobin. Sa proposition de taxe sur les transactions financières internationales visait à réduire la spéculation sur ces transactions. J’imagine mal la première ministre d’un gouvernement solidaire d’un Québec souverain téléphoner au responsable du fonds de la taxe Tobin : « Envoyez-nous un chèque… ». Elle risquerait une fin de non-recevoir. Comme tu l’as compris sûrement, je répondais à l’argumentaire d’Alexandre de Boisbriand.

    J’ai rapporté le livre « Le salariat au-delà du salariat » à la bibliothèque au mois de mars. À toi qui as une ouïe parfaite, qui te fais un plaisir de « toutte lire, toutte voir, toutte boire », pour appliquer le ver de Plume repris par Nathalie Petrowski à propos du personnage incarné par Tom Cruise au début de « Few good men », j’ai laissé le loisir d’écouter des entrevues de Bernard Friot. Je ne joue pas la carte de la pitié, bien évidemment! 😳
    De mémoire, le texte sur ce lien http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/FRIOT/47384 représentait bien sa contribution d’une vingtaine de pages au livre collectif susdit mentionné. Il a publié « L’enjeu du salaire » en 2012. L’exemplaire de la Bibliothèque nationale est prêté. J’allais le réserver hic et nunc, mais il y a des travaux de maintenance sur le site. Pour énoncer la proposition du salaire à vie, je dirai tout simplement que je n’avais aucune idée de ce que ça mangeait en hiver, alors que j’en ai une petite idée maintenant. En France, il y a eu toutes sortes de régimes de sécurité du revenu pour les intermittents, qui tantôt avantageaient ceux qui avaient travaillé x heures dans l’année et tantôt ceux qui avaient fait y heures. Sous toutes réserves, je dirai qu’il proposait que le preneur de son qui a telle formation reçoive tel salaire annuel.

    J’ai déduit qu’Alexandre de Boisbriand était Français. Si je n’ai pas erré, il se fera un plaisir de nous décrire la SÉCU et les différentes réformes de celles des intermittents du spectacle, en France.

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  17. Richard Langelier permalink
    4 juillet 2013 5 h 31 min

    @ Darwin

    Au moment où j’ai envoyé mon commentaire, je n’avais pas pris connaissance de ton commentaire. Un retard de ma supposée haute vitesse, je suppose.

    Je l’avais trouvée drôle ta joke sur le vieux métal pour les « vieillesses ».

    J’ai écrit au primaire sur les feuilles multicolores et le blanc manteau de neige. J’ai disserté sur Ronsard, Racine et Lamartine à partir de mes manuels. En philo en 68-69, j’étais dans le noyau dur de la contestation. Au cours des années 70, j’ai adhéré à un certain discours uqamien croyant qu’un parti des travailleurs émergerait des conflits de travail. J’ai fait du montage vidéo. Pour les cours théoriques, nous avions l’éternité pour remettre le travail. J’ai lâché ma gang avec qui je faisais « la révolution » à Victo lorsqu’ils ont décidé d’adhérer à un groupe maoïste. Je suis retourné à l’Université en Économie pour les cours d’Histoire de la pensée économique. Le hic, c’est que je passais tellement d’heures à pitonner pour calculer M1, M2, M3 et à faire du calcul différentiel simple pour trouver un point de tangence, qu’il m’en restait peu pour lire et écrire sur ce que nous enseignait Dostaler. Je te fais grâce du peu de lectures que j’ai faites lors des années suivantes. Un jour, le responsable du bulletin de mon club de coureurs m’a demandé d’écrire un texte sur une compétition sur piste intérieure que j’avais faite avec 2 autres membres. J’ai eu le syndrome de la page blanche. J’ai fouillé dans mes tiroirs et j’ai trouvé les tables de Young qui a créé un indice pour comparer les différentes distances à partir des records du monde. Bon, j’ai fait la partie straight et la partie facétie de ce bulletin, puis de celle de mon club de ski de fond. Des membres disaient : « nous avons notre petit Foglia », ce qui m’insultait puisque je me remettais cent fois sur le métier pour pondre ces facéties. Je devrais apprendre à écrire des choses que je crois sérieuses (la preuve, j’ai commencé à écrire ces commentaires sur le revenu de base à la suite de ton premier billet, j’ai bloqué parce que je ne savais comment conclure).

    Quand je parlais d’orateurs, je pensais à Françoise David, Amir Khadir, Manon Massé, François Saillant et allii.

    « Les textes songés » : je voulais souligner que tenter de convaincre l’électeur qu’il faut envoyer un chèque à Richard Langelier pour qu’il gratte la guitare, fasse du bénévolat, s’achète une caisse de bière pour écrire un commentaire qu’il pensera « songé » en commentaire à l’un des billets de Darwin qu’il (Richard Langelier) sait fouillé, décortiqué dans la littérature [1] sur le sujet, plutôt que de proposer un Plan vert où ledit Langelier participera selon ses capacités est une mauvaise idée.

    [1] On m’a déjà dit que c’était un calque de l’anglais.

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  18. 4 juillet 2013 12 h 10 min

    Merci de la dernière explication, j’avais mal interprété les commentaires précédents. Désolé.

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  19. youlle permalink
    4 juillet 2013 14 h 17 min

    @ Richard Langelier et à Darwin

    Bon me sentant concerné, je me permet de donner une tape chaleureuse dans le dos de Darwin afin de le supporter pour qu’il continue son oeuvre.

    Malgré certains de mes commentaires qui peuvent paraître paraître à l’opposé de ce blogue, malgré qu’à l’occasion je puisse paraître en contradiction avec moi même, ce blogue m’est très utile pour renseigner les gens autour de moi et pour planter les dretteux bien entendu.

    Merci Darwin pour cette patience souvent éprouvée.

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  20. Richard Langelier permalink
    4 juillet 2013 14 h 35 min

    @ Youlle

    Moi, je ne mérite aucune claque dans le dos? Quoique si vous avez tapé du marteau, aussi souvent que ti-Douard, je ne suis pas sûr que j’apprécierais.

    N’ayez crainte, Darwin et moi avons réglé le malentendu!

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  21. 4 juillet 2013 15 h 14 min

    Merci Youlle et Richard…

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  22. 31 juillet 2013 20 h 21 min

    Juste pour voir jusqu’où vous irez dans votre censure de mes commentaires, car je n’avais pas jugé utile de vous mettre ça sous le nez, avant aujourd’hui.

    On nous dit en effet que seulement 41 % des Allemands touchent un revenu de travail, mais le graphique laisse entendre que les revenus de travail ne représentent que 41 % de tous les revenus. Ce qui est bien sûr ridicule

    Vous avez été trompé par la traduction française …et par votre forte propension à croire que ceux qui affirment des choses contraire à ce que vous pensez sont prêts à utiliser des sophismes ridicules pour promouvoir leurs idées que vous croyez tout aussi ridicules.

    Contrairement à ce que vous dites, le graphique, par la façon dont il a été construit, laisse entendre que 41% des Allemands touchent un revenu de travail. C’est le narrateur qui dit que seulement 41% des revenus sont le fruit d’un travail rémunéré. Cette phrase du narrateur est tellement peu appuyée par les informations qui la précédait que vous auriez dû vous demander si le narrateur ne s’était pas mal exprimé, au lieu de conclure hâtivement à un sophisme.

    Allez voir le film original en langue allemande, http://www.youtube.com/watch?v=ExRs75isitw et voyez les sous-titres en anglais et en d’autres langues que vous comprenez (j’ai regardé aussi les sous-titres en espagnol). Vous constaterez qu’on y dit que 41 % des Allemands gagnent leur revenu par du travail et non pas que 41% des revenus sont des revenus de travail.

    Alors, on garde cette correction entre nous?…

    Si vous publiez ce commentaire, ce sera quand même mon dernier sur votre blogue, car les risque de censure sont trop élevés. Je continuerai quand même de vous lire à l’occasion pour les informations souvent intéressantes et apparemment justes que vous nous donnez, même si vous y exposez quand même régulièrement ce qui m’apparaît être des paralogismes (je vous donne le bénéfice du doute qu’il ne s’agit pas de sophismes).

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  23. 31 juillet 2013 20 h 49 min

    «et voyez les sous-titres en anglais et en d’autres langues que vous comprenez»

    La version que vous avez proposée ne contient pas de sous-titre, mais je vous crois sur parole. Vrai, ce commentaire est vraiment trop trop illogique.

    «et par votre forte propension à croire que ceux qui affirment des choses contraire à ce que vous pensez sont prêts à utiliser des sophismes ridicules pour promouvoir leurs idées que vous croyez tout aussi ridicules.»

    C’est probablement vrai que j’ai fait un biais de confirmation. Il n’empêche que c’est cette vidéo, avec ce commentaire trompeur que plein de gauchistes recommandent de voir. Il était donc correct de soulever cette erreur, sur la vidéo que les gens recommandent.

    «Si vous publiez ce commentaire, ce sera quand même mon dernier sur votre blogue»

    Vous avez déjà été plus persévérent que je ne l’aurais cru et espéré.

    «car les risque de censure sont trop élevés»

    Je les trouve personnellement pas assez élevés. J’en ai laissé passer de nombreux qui n’avaient ni queue ni tête. Vous ne cessez d’interpréter tout croche mes propos. de leur faire dire autre chose qu’ils disent. J’investis énormément de temps dans la lecture, les recherches et la rédaction sur ce blogue. Je dois donc choisir comment utiliser le temps dont je dispose. Et les réfutations de vos élucubrations ne font pas partie, et de loin, de mes priorités.

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  24. Richard Langelier permalink
    31 juillet 2013 21 h 32 min

    Darwin, je t’ai trouvé très tolérant d’avoir laissé passer des commentaires sans queue ni tête de Pierre alias Le crible (il m’arrive de regretter les miens, il y a parfois trop d’biéres entre lé notes à la 5e note en bas de document).

    Le sujet est : puisque le mouvement réformiste a fait des gains pour corriger les inégalités de départ dans la distribution des revenus, d’aucuns disent qu’il serait préférable de mettre tous les paiements de transfert dans le même chapeau et diviser par tête de pipe (pour certains, c’est de la naissance à la mort, pour d’autres c’est de 18 ans à la mort). Je peux te dire que j’ai souvent entendu, dans la gauche sociale et politique québécoise l’argument : « comparons les coûts de la pauvreté aux coûts du revenu de citoyenneté », comme si c’était la seule façon de combattre la pauvreté.

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  25. 31 juillet 2013 21 h 49 min

    «il y a parfois trop d’biéres»

    Surtout depuis que tu es moins pauvre, j’imagine… 😉

    «j’ai souvent entendu, dans la gauche sociale et politique québécoise l’argument : « comparons les coûts de la pauvreté aux coûts du revenu de citoyenneté », comme si c’était la seule façon de combattre la pauvreté.»

    J’ai entendu aussi plusieurs fois, dont une où nous étions présents tous les deux (dans Rosemont…).

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  26. Richard Langelier permalink
    31 juillet 2013 23 h 13 min

    Il y a des pauvres de même qui ne savent pas quoi faire lorsqu’ils cessent d’être ostracisés, comme mauvais pauvres lorsqu’ils ont 65 ans, sourds comme des pots, arthrosés, radoteux. Ils décident de punir la société : « vous n’aviez pas besoin de mes services, lorsque j’étais en âge de travailler, je n’ai pas à me cacher pour ramener une caisse de biéres chez nous ». Heureusement pour les finances du gouvernement canadien, Harper a décidé que ce serait à partir de 67 ans pour ceux qui sont nés après 19??.

    Tout ça semble loin du thème du revenu de citoyenneté et du pouvoir régional que ton billet « Les contradictions… »et les commentaires qu’il a provoqués m’inspirent. Heureusement Bill Gates (et d’autres?) ont inventé Windows. Je tape à 2 doigts, mais je peux prendre la moitié de l’écran, pour écrire ce commentaire et l’autre moitié pour poursuivre l’écriture de mon commentaire à l’autre billet. Le hic, c’est qu’il y aura un comique admirant le daï-lama qui arrivera avec le yin et le yang. Il est plausible qu’il y ait un afflux sanguin dans un hémisphère de mon cerveau lorsque j’écoute Gerry Boulet chantant les paroles de Pierre Harel « chu un rocker » sur la musique de Chuck Berry et un afflux sanguin dans l’autre lorsque je relis la Théorie générale de Keynes et l’exemple des actionnaires qui achètent des actions des entreprises qui produisent de la crème glacée les jours de canicule. La biologie aurait démontré que nous ne sommes pas de purs esprits? Quelle découverte!

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  27. 31 juillet 2013 23 h 53 min

    «Tout ça semble loin du thème du revenu de citoyenneté »

    Si tu savais à quel point ça ne me tentais pas d’écrire sur ce sujet. Et dire que je me suis promis d’écrire sur L’argent-dette…

    «l est plausible qu’il y ait un afflux sanguin dans un hémisphère de mon cerveau lorsque j’écoute Gerry Boulet chantant les paroles de Pierre Harel»

    Moi, ça m’arrive tout le temps en écoutant ce que j’écoute tout le temps. Là c’est ça :

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