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Le dollar d’un Québec indépendant : québécois ou canadien?

29 mars 2014

dollarQMême si elle prétend que cette élection n’a pour seul but que d’élire un gouvernement, Mme Marois n’en a pas moins précisé en début de campagne qu’elle «souhaite qu’un Québec indépendant conserve le dollar canadien». Il faut se rappeler que cette position du PQ date de longtemps, en fait des attaques faites par le clan fédéraliste, notamment par Jean Chrétien, contre ce qu’il appelait la piastre à Lévesque. Le PQ avait adopté cette position pour écarter tout ce qui pourrait nuire à l’option indépendantiste. On ne peut pas dire que ce fut un grand succès…

Toujours est-il que le PQ a toujours refusé de revenir sur le sujet. Option nationale semble aussi favoriser l’utilisation du dollar canadien (quoiqu’il n’y ait rien à ce sujet dans sa plateforme et qu’un de ses candidats défende la position inverse) tandis que Québec solidaire n’a pas encore pris de position sur cette question. Pourtant, avec les enseignements des dernières années – notamment en Europe où l’adoption d’une monnaie commune, qui fut positive en période de croissance en faisant baisser les taux d’emprunt des pays participants, s’est révélée un carcan épouvantable par la suite limitant les possibilités de sortie de crise dans les pays du sud – il devient encore plus important d’analyser cette position, et non pas se contenter de simplement dire «nous acceptons que ce soit la politique monétaire canadienne qui s’applique à ce moment-là » comme Mme Marois l’a fait sans expliquer ce qui l’a menée à cette conclusion. Il va sans dire que, comme dans presque tout sujet touchant à l’économie, l’adoption d’une monnaie québécoise aurait des avantages et des désavantages.

Les avantages…

Depuis au moins dix ans, un des plus gros problèmes de l’économie québécoise est le niveau élevé du dollar canadien. Alors que la valeur du dollar canadien par rapport au dollar des États-Unis est passée de moins de 0,63 $ en 2002 à la parité en 2012, une hausse de 57 %, le solde commercial international du Québec est, lui, passé d’un surplus de plus de 6 milliards $ à un déficit de près de 29 milliards $, selon le fichier cansim 384-0038 de Statistique Canada. En pourcentage du PIB, cette détérioration du solde commercial international correspond au passage d’un surplus de 2,4 % à un déficit de 8,1 %! Pour montrer que l’importance de la valeur du dollar canadien dans cette détérioration est majeure, on peut noter que cet effet s’est aussi fait sentir en Ontario où le solde commercial international est passé d’un surplus correspondant à 4,5 % de son PIB à un déficit de 4,2 % au cours de la même période.

Même si le niveau du dollar canadien n’est pas le seul responsable de ce virage – pensons entre autres à la montée de la concurrence provenant des pays à bas salaires comme la Chine qui a joint l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 et à la fin de l’Accord multifibres en 2005 – il en fut certainement un des facteurs prépondérants. En adoptant un dollar québécois, le Québec pourrait atténuer grandement ce déficit, car il serait sûrement dévalué d’au moins 20 % par rapport au dollar canadien. Ainsi, la production québécoise deviendrait moins coûteuse pour les autres pays, et la production de ces pays serait plus coûteuse pour les Québécois, entraînant une amélioration de notre solde commercial international. En plus, l’actuel équilibre du solde commercial interprovincial (en fait positif d’environ 1,5 milliard $ depuis quatre ans) se transformerait sans aucun doute en un important surplus. Notons que ce commerce est loin d’être négligeable, car, par exemple, la valeur de nos exportations aux autres provinces canadiennes s’élevait en 2012 à près de 69 milliards $, ce qui représente les trois quarts de la valeur de nos exportations internationales (92 milliards $).

À l’inverse, en conservant le dollar canadien comme monnaie, un Québec indépendant se condamnerait à perpétuer son important déficit commercial international, sans bénéficier de l’apport actuel de la péréquation et des autres transferts du Canada. Pourtant, cet apport est la seule condition permettant d’atténuer les effets divergents d’une monnaie commune dans un ensemble de territoires formés d’économies différentes, comme l’ont montré un grand nombre d’économistes, dont Paul Krugman et moi-même

En plus, le Québec se priverait d’un outil souvent essentiel pour sortir d’une récession. C’est d’ailleurs remarquable de constater que l’Islande, qui a sa propre monnaie, même si ce pays compte à peine un peu plus de 300 000 habitants, 25 fois moins que la population du Québec, ait pu se sortir de la récession européenne alors que des pays possédant des économies bien plus solides subissent encore des mesures d’austérité et des taux de chômage supérieurs à 25 % dans le Sud de l’Europe parce qu’elles ont adopté l’euro… Et cela s’est aussi passé en Argentine et dans d’autres pays qui ont abandonné leur monnaie.

De même, les interventions de la Banque fédérale des États-Unis et de la Banque d’Angleterre ont permis à ces deux pays de mieux se sortir de la crise (quoiqu’ils n’en sont pas vraiment encore sorti en raison de leurs politiques d’austérité, surtout en Grande-Bretagne) et ont grandement aidé à éviter ses pires effets. Il en serait de même au Québec.

D’ailleurs, les arguments que je viens d’évoquer ont aussi été avancés à la suite de la déclaration de Mme Marois par d’autres économistes. Dans cet article, David Madani, un économiste ontarien (!), soulève sensiblement les mêmes arguments. Marc Dupont, de son côté, en plus de ces arguments, mentionne l’incongruité de laisser à un autre pays le soin de décider de ses politiques monétaires, en fonction uniquement des besoins de cet autre pays. Avec cet argument, il souligne à double trait l’incohérence d’un parti qui prétend vouloir l’indépendance de sa nation tout en laissant entre les mains d’un pays étranger un des principaux outils de sa politique économique. Pourtant, un des principaux objectifs de l’indépendance n’est-il pas justement de disposer de tous les outils nécessaires à son développement? Encore une fois, le PQ décide davantage en fonction d’une stratégie (ne pas faire peur) qu’en fonction de la cohérence de l’option qu’il prétend défendre…

Les désavantages…

Le désavantage le plus souvent cité d’adopter une nouvelle monnaie est la menace de la spéculation contre cette monnaie. Cet argument ne doit pas être rejeté du revers de la main, car il est bien réel. Cela dit, quand on voit qu’un pays de 300 000 habitants comme l’Islande y résiste bien, cela relativise ce danger. À l’inverse, quand on sait qu’une monnaie aussi solide que la livre britannique a déjà vacillé à la suite de l’attaque d’une seule personne (Georges Soros), on peut se demander s’il y a une seule monnaie qui peut se prémunir complètement de ces vautours. Cela dit, la réglementation de l’accès au marché des changes et d’autres moyens (exemple) peuvent être être adoptés pour amoindrir ce risque… quoique ce ne soit pas simple.

Ensuite, il est possible que la dévaluation presque certaine (et souhaitable…) ait un certain impact sur la dette du Québec, quoiqu’il est difficile de l’estimer, ne sachant pas la proportion de cette dette qui est détenue hors-Québec (la moitié environ, selon diverses sources, elles-mêmes pas très certaines…). Certains épargnants risqueraient en outre de placer leur argent hors du Québec. Finalement, nos importations, notamment de pétrole, coûteraient bien plus cher, ce qui, par contre, représenterait un fort incitatif pour s’en passer le plus rapidement possible! Cela pourrait aussi entraîner une certaine hausse de l’inflation, mais de façon temporaire.

Et alors…

Pour moi, comme pour les autres économistes que j’ai cités, il est clair que les avantages pour un Québec indépendant d’adopter sa propre monnaie l’emportent nettement sur ses désavantages, surtout à long terme, puisque les principaux désavantages sont surtout importants à court terme.

Cela dit, je ne fais pas de l’adoption d’une monnaie québécoise une condition à mon appui à l’indépendance. À partir du moment où on sait que l’indépendance est viable économiquement, ce genre d’argument monétaire ne représente pas pour moi une raison valable d’appuyer ou de rejeter l’option indépendantiste. Bien d’autres arguments, comme le principe de l’autodétermination et la protection de la langue, me convainquent bien davantage. Cela ne m’empêche toutefois pas d’espérer que les partis indépendantistes se penchent davantage sur cette question qui, je le répète, semble classée parce que le PQ a établi il y a plus de 30 ans qu’on ne doit plus en parler…

11 commentaires leave one →
  1. Richard Langelier permalink
    30 mars 2014 0 h 07 min

    Même si j’étais jeune et suis maintenant vieux (ainsi va la vie), je me souviens que Jacques Parizeau répondait à cet argument de « la piasse à Lévesque » : « Ce serait tellement avantageux pour les exportateurs québécois, que les autres pays réagiraient pour rétablir un équilibre à leurs yeux ». Il y a quelques années, j’ai entendu Parizeau affirmer que c’était la puissance des spéculateurs [1] qui l’avait fait changer d’idée. Sans preuves, je ne prête pas de mauvaises intentions à quelqu’un qui change d’idée.

    Au début de l’article de Wiki que tu mets en lien à propos de Soros, Darwin, il est écrit : « Cet article ne cite pas suffisamment ses sources »  et « À l’inverse, il se trompa dans d’autres circonstances et reperdit des montants importants dans la spéculation contre d’autres monnaies. ».

    Si j’avais espoir que la médecine m’étire jusqu’à 150 ans et que je puisse voir (avec des yeux de robots?) les résultats d’un 18e référendum, cette fois favorable à la souveraineté, j’argumenterais moi aussi en faveur de la monnaie québécoise.

    Comme je n’ai espoir qu’à l’étirement jusqu’à 125 ans, je souhaite un nouvel accord de Bretton Woods où la proposition de Keynes l’emporterait sur celle de White. Il est minuit moins cinq, c’est ma journée pessimiste, voire cynique. Le temps de lancer la correction, nous serons dans ma journée optimiste où j’écrirai???

    [1] Je me répète, mais ces spéculateurs ne sont pas uniquement des fumeurs de gros cigares. Ce sont aussi des caisses de retraite, des programmes sociaux financés par capitalisation, des fondations de charité qui spéculent sur des monnaies nationales, 24 heures par jour, puisque la Bourse de Tokyo ouvre lorsque les bourses américaines ferment et que les bourses européennes ouvrent lorsque Tokyo ferme.

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  2. 30 mars 2014 0 h 43 min

    «Au début de l’article de Wiki que tu mets en lien à propos de Soros, Darwin, il est écrit : « Cet article ne cite pas suffisamment ses sources »

    Franchement, il y a des milliers de sources sur cette histoire…

    «l se trompa dans d’autres circonstances et reperdit des montants importants dans la spéculation contre d’autres monnaies.»

    Ben oui, la spéculation n’est pas une garantie de succès!

    «j’argumenterais moi aussi en faveur de la monnaie québécoise.»

    C’ets pas mal l’idée de ce billet. Je me doute bien que je ne verrai pas l’indépendance de mon vivant, mais cela n’empêche pas de viser une position cohérente sur le sujet!

    «Le temps de lancer la correction, nous serons dans ma journée optimiste où j’écrirai???»

    De fait, ton comm a été enregistré le lendemain!

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  3. youlle permalink
    30 mars 2014 16 h 40 min

    « Je me doute bien que je ne verrai pas l’indépendance de mon vivant,… »

    Suffit d’en faire la promotion continue pendant quatre ans et c’est fait.

    Malheureusement il n’y a pas de volonté des partis politiques d’en faire la promotion excepté aux élections et à la St-Jean.

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  4. Richard Langelier permalink
    30 mars 2014 19 h 03 min

    On voit bien que vous êtes plus jeune que moi, Youlle 🙂
    Je pense bien être encore vivant dans 4 ans. Le hic, c’est ce pour paraphraser le roi du drum, Guy Nadon http://cinemaquebecois.telequebec.tv/#/Films/62/Clips/234/Default.aspx , je ne suis pas soulon [1], mais quand j’écris des textes songés sur Jeanne Émard, la biére a rentre. Il faudrait que je slacke, j’espère être candidat à l’implant cochléaire [2] intervention qui nécessite une anesthésie générale.

    Je ne me lancerai pas dans la distinction Gemeinschaft et Gesellschaft, communauté et société de Ferdinand Tönnies. J’affirmerai simplement que la communauté canadienne-française dont les principales institutions étaient organisées par le clergé se concevait d’un Atlantique à l’autre [3]. Lorsque les principales institutions (système de santé et éducation) ont été organisées par l’État-providence, c’en fut fini de la communauté canadienne-française . Dans les pores de cette société, les institutions religieuses elles-mêmes ont revendiqué ce remplacement par l’État-providence. Les soeurs économes d’un hôpital réalisaient que pour avoir une subvention pour l’appareil de Rayons X, il valait mieux être dans une circonscription d’un ministre de l’Union nationale, idem pour les écoles, laboratoires et bibliothèques. La Commission Parent était dirigée par … Mgr Parent [4].

    Le Canada français a été remplacé par la société québécoise, donc tous les habitants du Québec. Je suis heureux de comprendre la joke de Guy Nadon : « La prochaine toune, une toune de Miles Davis, pas dé boats, dé visses ». Par contre un ami vient de me faire parvenir une affiche pour la campagne de Sylvie Legault, avec la photo de Gilles Vigneault : « Les libéraux nous disent qu’ils vont s’occuper des « vraies affaires ». Cela m’amène à me demander pourquoi l’éthique, la langue, la culture ne semblent pas de « vraies affaires pour eux …». Je suis évidemment sorti de mes gonds : « un parti qui a refusé de réformer le mode de scrutin en 4 mandats majoritaires, qui s’est servi de mon vote pour s’en prendre aux travailleurs au salaire minimum, aux personnes assistées sociales, appliquer un régime forestier désastreux n’aura plus jamais mon vote. »

    Serons-nous Bayous de l’an 2050 ? C’est possible. Quel est ce nous ? Lise Payette, Janette Bertrand qui ne veulent pas voir une infirmière portant le foulard, prenant notre pression et changeant notre sac de sérum ?

    Le beau problème théorique posé par Darwin sur le dollar québécois m’amène à penser au beau problème théorique sur la possibilité d’un nouveau Bretton Woods. Oui je suis down, mais je considère que si la Planète survit, ce sera parce qu’un 18e accord de Kyoto sera respecté, j’en vois les rudiments du côté de…, euh, 2 journées pessimistes de suite. Je vieillis mal.
    [1] Antidote est dans é patates. Au Québec soulon serait synonyme d’alcoolique.
    [2] Une audiologiste qui sort de l’université est pognée pour travailler avec les aînés. Elle tombe parfois sur un vieux schnock comme moi qui admire son professionnalisme, mais a le fou rire à cause de son visage de collégienne. Elle prétend que mon pourcentage de surdité est de 80% et se dirige vers + l’infini et que l’implant me permettrait de baisser à 25%.
    [3] À l’époque du vrai Café campus, Jean nous disait qu’au début de la radio, un député avait lancé, le soir des élections: « En ce grand jour d’apothose, alors que ma voix retentit d’un Atlantique à l’autre… » 30 ans plus tard, au tennis à RDS, Yvan Ponton avait dit que c’était un ancien entraîneur des Habitants qui l’avait lancé. Wiki ne connaît que http://www.increvables.com/perronismes.htm .
    [4] Je ne prétends pas qu’il n’y a eu consensus à l’intérieur des communautés religieuses.

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  5. Richard Langelier permalink
    6 avril 2014 2 h 38 min

    Je n’utiliserai pas Jeanne Émard comme courrier du coeur. Jeanne ne veut pas sawoir!
    Je me permets de raconter une anecdote pour aboutir à un problème d’économie politique.
    Un ami est venu à Montréal jeudi. Il m’a donné rendez-vous au vernissage d’une exposition à la Chapelle du Bon-Pasteur à l’Institut Raymond-Dewar (où je suis des cours de lecture labiale). Il a parlé à un responsable de l’Association des personnes malentendantes, devenu sourdes ou whatever). J’ai demandé à Denis de me le présenter puisque je voyais qu’il avait un implant.
    – Je te présente, Richard. Il a fait une demande pour recevoir un implant. Il aimerait savoir comment tu as vécu ça.
    – Ç’a changé ma vie! Premièrement, j’ai arrêté de boire. (Oh! là! là!, ça m’intéressait moins. Je ne pourrai plus écrire des commentaires songés sur Jeanne Émard. Heureusement, il a précisé: «Pour d’autres raisons»). La majorité des gens arrêtent de travailler à 65 ans, moi j’ai commencé à travailler à cet âge-là. (Non marci! La société n’avait pas besoin de mes services avant 65 ans, même à l’époque où ma surdité était légère. J’ai mes chèques de Sécurité à la vieillesse, c’est l’abondance. Je préfère conserver mon gène de la paresse!).
    – Au retour de l’opération, nous passons un mois à la maison. Quand nous retournons à Québec, comment ça se passe?
    – Ils l’ouvrent. Une heure par jour, ils vérifient des choses. Moi, j’allais ensuite sur la rue St-Jean. Je m’assoyais sur une terrasse, je me mêlais aux conservations. Au retour à Montréal, ici j’avais des rendez-vous une fois par mois. On me parlait avec des feuilles pour devant la bouche. Je ne veux pas savoir quel pourcentage de surdité il me reste. Je suis conscient de ce que j’ai gagné.

    La chapelle était celle de l’Institut des sourdes-muettes à l’époque. Nous avons regardé les confessionnaux. Au-dessus de la porte du centre, il était écrit: «Monsieur l’Abbé Jean Tremblay». Mon ami a dit:
    – Ça marche pas!
    – Oui, on dit: «Monsieur le chanoine Jacques Grand-Maison», mais on ne peut dire: «Monsieur Monseigneur Albertus Martin». Par contre, pour les confessâtes, c’est écrit: «Sourde-muette». Elles n’étaient pas muettes, elles n’avaient pas appris à parler, parce qu’elles n’avaient jamais entendu.

    Nous avons ensuite tenté de nous approcher du record du Great Antonio qui avait mangé 3 Club sandwich chez Anselme avant de tirer 2 autobus. Nous sommes restés «stallés» [1] à un Club sandwich et demi chacun à L’Anecdote. En digérant, l’ami m’a parlé d’une étude qui pourrait être faite sur les coûts sociaux de la surdité.
    – Ça me donne des boutons, ça! Quantifier les coûts de la pauvreté, du SIDA, de la maniaco-dépression et whatever.

    Je tente d’y repenser calmement. J’ai entendu des partisans du revenu de citoyenneté : «Une étude vient de paraître sur les coûts de la pauvreté. Comparons les coûts du revenu de citoyenneté aux coûts de la pauvreté». Dans un cours de philo «Langage et idéologie», un chargé de cours en rédaction de son mémoire de doctorat nous avait dit : «L’énoncé 2 + 2 font 4 n’est pas idéologique. Par contre, si Reggie Chartrand affirme : l’avortement est un meurtre, c’est vrai comme 2 + 2 font 4, l’énoncé devient idéologique». Je ne rejette pas a priori une étude quantitative sur les conséquences de la pauvreté. Par contre, il y a différentes façons de combattre la pauvreté. Comparer les coûts uniquement d’une solution sans en voir les effets pervers, sans discuter des autres pistes de solution est idéologique. [2]

    Bien sûr, à la CSST, on compile les coûts d’indemnisation pour surdité professionnelle. [3] Quels sont les coûts de la prévention? Si des bouchons dans les oreilles peuvent réduire le nombre de décibels que perçoit le travailleur, excellent! Entendra-t-il le cri de ses compagnons de travail qui l’avertissent d’un danger?

    Le rapport avec le dollar d’un Québec indépendant? Fort peu, de prime abord. Je ne suis pas partisan de l’argument «un gouvernement de trop». Ne pas être victime de la maladie hollandaise aiderait à financer des politiques sociales pour les malentendants, les malvoyants, les dyslexiques, etc., mais n’assurerait pas l’Utopia http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_More#Utopia .

    En attendant, j’embrasse le contenu de ce billet de Josée Blanchette sur la façon de faire le lien entre la question nationale et les autres sujets qui nous pendent au bout du nez http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/404549/les-pelleteux-de-nuages-et-les-pelleteux-de-sables .

    [1] Je suppose que ça provient de «en stalle». Mon bazou est stallé, je l’ai placé dans la stalle.
    [2] J’utilise le terme péjorativement. L’article http://fr.wikipedia.org/wiki/Id%C3%A9ologie présente les variantes du terme.
    [3] Je me permets un exemple bébête. J’avais acheté un paquet de piles, 6$ à l’époque. En sortant, un patient m’a dit : «tes piles ce sont des Z… Moi, la CSST m’en paie trop. Si je ne les prends pas, ils vont me les couper». Il m’a donné 2 paquets.

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  6. 6 avril 2014 9 h 39 min

    Excellent, de fait, l’article de Josée Blanchette!

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  7. Richard Langelier permalink
    6 avril 2014 13 h 32 min

    Pour soigner ma paranoïa, je vais paraphraser la pub de la Lite de Miller où Gaston Lepage explique à Henri Richard que la vitesse ne vaut pas la finesse au tennis. À la fin, Jean-Guy Talbot écrase une canette :
    – Henri, qu’est-ce que tu penses de mon smash ?
    Gaston Lepage réplique :
    – Pas mal meilleur que ton service !

    Je confesse que le billet de Josée Blanchette est pas mal meilleur que mon commentaire. Dans la vie, on fait ce que l’on peut, pas ce que l’on veut. J’ose croire que Plamondon ne me réclamera pas des droits d’auteur ! Par contre, certains commentaires du billet de Josée Blanchette sont pas mal moins bons que mon commentaire. Il y a des partisans du : «Hors du PQ, point de salut», il y a des partisans du : «Ceux qui utilisent du pétrole et ses dérivés en ce moment n’ont pas le droit de critiquer». Par contre, la majorité des commentateurs étaient d’accord avec le billet. J’ai de l’espoir… à long terme. Ce jour-là, serons-nous tous morts ? J’espère que les héritiers de Keynes…

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  8. 7 avril 2014 5 h 17 min

    «Par contre, certains commentaires du billet de Josée Blanchette sont pas mal moins bons que mon commentaire.»

    Les «angry péquistes» du Devoir ne ratent jamais une chance de critiquer ceux et celles qui ne pensent pas comme eux et elles!

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