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La crise financière des États-Unis et les prêts hypothécaires aux pauvres

4 février 2015

prêts aux pauvresLa version favorite «défendue par des économistes libéraux ou libertariens» pour expliquer la dernière crise financière est, selon Wikipedia (et bien d’autres sources!), que les banques auraient été obligées de prêter à des ménages pauvres en vertu du Community Reinvestment Act (CRA). Que l’adoption de cette loi ne visait qu’à interdire la discrimination des banques qui refusaient de prêter dans certains quartiers, peu importe le crédit des ménages spécifiques, n’a jamais ébranlé leurs certitudes. Cette loi oblige en effet les banques à appliquer aux ménages des quartiers pauvres les «mêmes conditions que celles qu’elles offriraient à un ménage ou une entreprise présentant les mêmes caractéristiques mais se trouvant en dehors de ces zones». Bref, cette loi n’oblige aucunement les banques à prêter à des pauvres ou à des personnes qui ne satisfont pas leurs exigences de crédit, mais simplement à ne pas discriminer les personnes qui habitent certains quartiers.

Cela dit, des études (notamment celle-ci) montraient que la proportion de prêts octroyés dans des quartiers pauvres avait augmenté au cours des années précédant tout juste la crise. Mais, ces prêts étaient-ils accordés en plus grande proportion à des ménages pauvres? Ces études ne pouvaient pas répondre à cette question, car elles étaient basées sur des données globales par codes postaux («zip codes»). Par contre, une étude plus récente intitulée Changes in Buyer Composition and the Expansion of Credit During the Boom (Les changements dans la composition des acheteurs et la croissance du crédit pendant le gonflement de la bulle immobilière) a pu obtenir des données spécifiques aux acheteurs qui ont obtenu des prêts hypothécaires entre 2002 et 2006, soit juste avant la crise.

L’étude

Cette étude examine la question sous toutes ces coutures, mais je me contenterai ici d’en présenter les éléments les plus éloquents.

Quartiers et acheteurs

Le premier aspect examiné par cette étude consiste à comparer les revenus et la valeur des hypothèques des ménages en les divisant en quartiles de revenus. On isole le quartile le moins riche, le plus riche et les deux du centre. J’ai reproduit ci-après quelques lignes du tableau 1 des 22ème et 23ème pages de l’étude (elle n’est pas paginée…).

prêts aux pauvres1

On peut voir que les revenus des acheteurs (deuxième ligne) étaient en 2002 bien plus élevés que ceux des habitants des quartiers. Il l’étaient en moyenne de 81 % pour l’ensemble des quartiers, de 69 % chez les acheteurs du quartile supérieur, de 84 % chez ceux des quartiles moyens et de plus de 100 % chez les acheteurs du quartile inférieur. Par ailleurs, le montant des hypothèques liées à un achat en 2002 était bien plus élevé chez les acheteurs du quartile supérieur (près de 250 000 $) que chez ceux des quartiles moyens (140 000 $) et que chez les acheteurs du quartile inférieur (moins de 100 000 $). Mieux, la valeur de l’hypothèque sur le revenu des acheteurs représentait un ratio plus élevé chez les plus riches et les acheteurs à revenus moyens (1,71 et 1,70) que chez les plus pauvres (1,55). On voit bien ainsi que les acheteurs des quartiers plus pauvres n’ont bénéficié d’aucun avantage notable.

Les autres lignes et colonnes du tableau 1 (non reproduites ici) montrent entres autres que la valeur des hypothèques acquises a légèrement moins augmenté chez les acheteurs plus pauvres (une moyenne annuelle de 6,9 %) que chez les acheteurs les plus riches (7,5 %) entre 2002 et 2006, alors que leurs revenus ont augmenté au même rythme (une moyenne annuelle de 6,8 % dans les deux cas). L’étude par code postal avait au contraire montré que le montant des hypothèques avait bien plus augmenté dans les quartiers plus pauvres. Je répète que cela ne veut pas dire que ceux qui les ont achetés étaient pauvres! Les acheteurs peuvent même être venus d’autres quartiers dans l’espoir de faire une bonne affaire… Bref, contrairement aux conclusions tirés hâtivement en analysant les données par quartier plutôt que par acheteur, rien ici n’indique que les acheteurs les plus pauvres étaient dorénavant plus vulnérables qu’avant par rapport aux acheteurs les plus riches, bien au contraire.

Proportion des achats par déciles de revenus

Je saute à la troisième partie du tableau 7 de la 29ème page qui montre la proportion des hypothèques obtenues de 2002 à 2006 (sauf en 2003 en raison d’un problème de disponibilité des données) par décile de revenus, partie que j’ai reproduite en pourcentage ci-après.

prêts aux pauvres2

Ce tableau montre clairement qu’il n’y a eu aucune augmentation significative de la proportion des hypothèques par les acheteurs les plus pauvres. Au contraire, si augmentation il y a eue, elle s’observe davantage parmi les membres des deux déciles les plus riches (hausse totale de 2,6 points de pourcentage). Cela détruit totalement l’argument que la crise serait due à l’augmentation des hypothèques aux plus pauvres et, encore plus, que cette augmentation inexistante serait due à une loi obligeant les banques à leur accorder plus facilement des prêts hypothécaires!

Les défauts de paiements

Si on suit la logique de ceux qui affirment que la crise est due aux prêts aux pauvres, on devrait s’attendre à ce que ceux-ci aient plus fréquemment fait défaut à leurs obligations hypothécaires que les plus riches. En fait, même sans cette hypothèse, on pourrait aussi s’y attendre.

Le graphique qui suit (tiré de la 37ème page de l’étude) illustre justement la proportion de cas de non-respect des paiements hypothécaires (retards d’au moins 90 jours) en fonction des quintiles de revenus et de la proportion des hypothèques obtenues par quintile de revenu. On y illustre à gauche les données sur trois types d’hypothèques obtenues en 2006 (en $), soit les hypothèques à l’achat, les deuxièmes hypothèques et les hypothèques versés en argent en raison de la hausse de la valeur des maisons (ce phénomène était en croissance lors de la bulle immobilière, comme Wikipédia le mentionne en parlant des hypothèques rechargeables qui ont «permis de soutenir la consommation dans le contexte de ralentissement économique à partir de 2001»), et à droite la proportion de retards de plus de 90 jours (en $ aussi) au cours des trois années suivantes pour chacun de ces trois types d’hypothèques.

prêts aux pauvres3

On peut voir dans la partie gauche du graphique que les plus riches ont obtenu une bien plus grande proportion de la valeur des hypothèques émises en 2006 que les plus pauvres (ce qui n’a rien d’étonnant). La partie droite de ce graphique, elle, montre de façon plus étonnante que les plus riches ont concentré une valeur encore plus importante des sommes en retard de plus de 90 jours que les plus pauvres! On résumer les constats de ces graphiques ainsi :

  • les ménages des deux premiers déciles ont obtenu 55 % (34 % + 21 %) des hypothèques pour acheter des maisons, mais ont été responsables de 58 % (32 % + 26 %) des retards de paiement de plus de 90 jours au cours des trois années suivantes, tandis que les ménages des deux derniers quintiles en ont obtenus que 27 % (15 % + 12 %), mais ont été les auteurs que de 24 % (13 % + 11 %) des retards de paiements;
  • les ménages des deux premiers déciles ont obtenu 54 % (29 % + 25 %) des deuxièmes hypothèques, mais ont été responsables de 63 % (32 % + 31 %) des retards de paiement de plus de 90 jours au cours des trois années suivantes, tandis que les ménages des deux derniers quintiles en ont obtenus que 25 % (15 % + 10 %), mais ont été les auteurs que de 17 % (11 % + 6 %) des retards de paiements;
  • les ménages des deux premiers déciles ont obtenu 54 % (29 % + 25 %) des hypothèques de refinancement, mais ont été responsables de 67 % (38 % + 29 %) des retards de paiement de plus de 90 jours au cours des trois années suivantes, tandis que les ménages des deux derniers quintiles en ont obtenus que 25 % (15 % + 10 %), mais ont été les auteurs que de 17 % (11 % + 6 %) des retards de paiements.

Difficile ici de considérer que les plus pauvres sont les responsables de la crise!

Autres constats

Il serait fastidieux de présenter tous les autres aspects de la question analysés par cette étude, d’autant plus que les conclusions sont toujours les mêmes : non, il n’y a pas eu de «découplage» entre les prêts hypothécaires accordés aux plus riches et aux plus pauvres par les banques dans les années précédant l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis. Je ne mentionnerai qu’un autre tableau, le cinquième de la 27ème page, qui montre que les hypothèques octroyés avant 2002, soit de 1996 à 2002, présentaient à peu près la même structure de répartition des prêts hypothécaires entre les plus pauvres et les plus riches que de 2002 à 2006.

Et alors…

Tous les angles d’examen de cette étude (et il y en a une quinzaine au moins) arrivent à la même conclusion, soit que la crise n’a rien eu à voir avec une quelconque augmentation des prêts hypothécaires aux plus pauvres. Elle a par contre eu tout à voir avec l’avidité des institutions financières (facilitée par les vagues de déréglementation antérieures), avec la croyance de la croissance infinie de la valeur des maisons et avec la conséquence de ce comportement irrationnel, soit l’éclatement de la bulle immobilière.

Cette étude est importante, car elle contredit de façon catégorique l’interprétation des causes de la crise par les néolibéraux qui pensent encore qu’un marché libre ne peut pas faillir et que l’échec du marché financier ne pouvait être dû qu’à l’intervention de l’État et de sa réglementation, et qui sont prêts à inventer n’importe quelle raison pour ne pas avoir à remettre en question leurs dogmes…

31 commentaires leave one →
  1. Yves permalink
    4 février 2015 6 h 00 min

    Enfin une étude sérieuse qui les déculotte!

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  2. Mathieu Lemée permalink
    4 février 2015 7 h 44 min

    J’étais fatigué de lire l’argument des libertariens sur l’obligation des banques à prêter des hypothèques aux pauvres. Voilà enfin une étude sérieuse qui démystifie à nouveau leur mythe. 🙂

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  3. 4 février 2015 8 h 14 min

    J’espère que tu corrigeras la page Wikipédia, après tout, c’est ce qu’on est supposé faire quand on a des sources récentes. 🙂

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  4. 4 février 2015 8 h 33 min

    «J’espère que tu corrigeras la page Wikipédia»

    Je ne crois pas… Je ne connais pas assez les détails mentionnés sur la page actuelle pour les modifier. Mais, si ça te tente, ne te gêne pas!

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  5. 4 février 2015 9 h 28 min

    Un autre véritable responsable de la crise vient de se faire épingler… mais personne n’ira en prison et la firme ne reconnaît pas avoir violé la loi!

    « Dans le cadre de l’accord nous avons abandonné cet argument », a indiqué à l’AFP une porte-parole de S&P. Selon la presse américaine, le Département de la Justice l’exigeait dans le cadre de l’accord. « Plus d’une fois, la direction de l’entreprise a ignoré les avertissements des analystes chevronnés sur le fait que d’excellentes notes avaient été attribuées à des produits financiers dont la performance n’a pas été conforme à ce qui était promis », fustige le ministre de la Justice Eric Holder, selon des extraits d’un discours prononcé mardi devant la presse. Selon M. Holder, S&P « a admis, dans le cadre de l’accord, que des dirigeants de l’entreprise se sont plaints que l’agence ait refusé de dégrader des actifs sous-performants parce qu’elle craignait qu’en le faisant elle porterait tort à son activité ».

    « Si cette stratégie a peut-être évité de décevoir ses clients, elle a porté un coup à l’économie, contribuant à la plus grave crise financière depuis la Grande Dépression », conclut le ministre. S&P souligne que l’accord, qui met fin aux poursuites engagées contre elle, ne signifie pas qu’elle a violé la loi.»

    http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/430830/subprimes-standard-et-poor-s-evite-un-proces-en-versant-1-5-milliard-us

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  6. 4 février 2015 12 h 34 min

    Je ne crois pas non plus que le CRA ait eu un impact significatif. Des études ont démontré que les hypothèques CRA ont mieux performé que les autres sub-prime (chose à laquelle votre billet fait allusion). Cette loi a été un facteur marginal.

    Quant aux sub-prime en général, elles ont amplifié la crise, mais ne sont pas un facteur sous-jacent non plus. L’une des fautes du gouvernement ici a été de forcer Fannie et Freddie à acheter des MBS sub-prime à hauteur de 56% de leurs achats totaux (en 2004). Ces achats massifs ont fait baissé les écarts de crédit sub-prime, les rendant plus attrayant pour les banques. Pour atteindre leurs quotas, Fannie et Freddie ont même demandé aux banques de réduire leurs critères d’octroi de prêts en leur promettant d’acheter quand même ces MBS. C’est pour cette raison que les sub-primes sont passées de 6% des nouvelles hypothèques au début de la décennie à plus de 20% en 2006 et que la qualité de ces hypothèques a diminué. Et les taux de perte ont étés 4 fois plus élevés que pour les primes. L’intervention gouvernementale a donc engendré une distorsion favorisant l’essor démesuré du segment sub-prime. D’ailleurs, les GSEs n’étaient pas les seuls acheteurs, loin de là.

    Mais encore là, je ne crois pas que ce soit une cause primaire de la bulle/crise. Il ne s’agit là que de facteur aggravants.

    Le coeur du problème c’est la politique monétaire. Entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2007, la masse monétaire (M2) a cru de 51.4% soit de 6.1% par année alors qu’au cours de cette période, la croissance moyenne du PIB réel n’a été que de 2.4%. La Federal Reserve a orchestré une baisse massive des taux d’intérêt, qui a stimulé l’endettement et engendré d’énormes distorsions dans l’économie…et pas juste dans les prix des maisons sub-prime, mais bien dans presque tous les actifs, incluant l’immobilier commercial, la bourse, l’énergie, les métaux, etc.

    C’est ce boum de crédit qui a engendré cette bulle, tout comme pratiquement toutes les bulles de l’histoire de l’humanité. C’est ça la cause sous-jacente. Et cette bulle n’était pas seulement immobilière, elle était généralisée, comme celle qui a implosé en 1929.

    Quant à la dérèglementation des banques, je n’ai encore pas pu trouver quelqu’un qui a pu m’expliquer clairement par quel mécanisme cela a fonctionné.

    Est-ce qu’on réfère au “Alternative Mortgage Transactions Parity Act” de 1982? Cette loi permettait aux banques d’offrir des hypothèques à taux ajustables (ARM), lesquelles ont représenté 90% des sub-primes en 2006 et ont engendré des taux de perte de 40% (comparativement à 5% pour les hypothèques prime à taux fixe). Je ne crois pas que cette « dérèglementation » ait été un catalyseur en elle-même. Les banques se sont mises à octroyer des ARM sub-primes parce que Fannie et Freddie allaient les acheter quand même au même prix! C’était une manière de qualifier plus d’emprunteurs. Les banques n’auraient pas octroyé ces prêts si elles n’avaient pas eu d’acheteur pour ceux-ci. En ce sens, les ARM ont été un accessoire permettant de satisfaire le gouvernement dans son désir d’augmenter l’accès à la propriété.

    Il y a ensuite l’abolition de Glass-Steagall, qui n’a rien eu à y voir. Les banques problématiques n’y aurait même pas été sujettes de toute manière!

    Puis il y a le “Commodity Futures Modernization Act of 2000” qui a permis à AIG d’émettre des CDS sans capital sous-jacent. Encore une fois, ce comportement irresponsable a été un facteur aggravant, mais pas une cause sous-jacente, loin de là.

    En somme, je pense que tout le monde tourne en rond à s’obstiner sur telle ou telle cause de la crise, que ce soit le CRA, les GSEs ou la dérèglementation, alors que le vraie cause est fort simple. C’est toujours la même histoire! Création de monnaie, expansion de l’endettement, implosion de la bulle et récession. Que cette dette soit utilisée pour spéculer sur les titres de compagnies ferroviaires, les actions de Yahoo ou des MBS sub-prime importe peu. La prochaine fois ce sera autre chose…et on voit déjà les signes avant-coureurs.

    La solution est fort simple : laisser le marché déterminer le taux d’intérêt approprié. De cette manière, quand l’endettement augmente sans épargne sous-jacente et que la spéculation s’enflamme, la monnaie se ferait tout à coup plus rare et les taux d’intérêt augmenteraient, tuant la bulle dans l’oeuf. Malheureusement, Wall Street n’aimerait pas un tel système….comment feront-ils pour s’enrichir alors? C’est pourquoi à entendre parler les banquiers centraux de tout acabit, le libre-marché, c’est bon pour tout le monde, sauf pour les grandes banques.

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  7. 4 février 2015 14 h 50 min

    «Des études ont démontré que les hypothèques CRA ont mieux performé que les autres sub-prime (chose à laquelle votre billet fait allusion)»

    L’étude en parle davantage que je ne l’ai fait!

    «je ne crois pas que ce soit une cause primaire de la bulle/crise. Il ne s’agit là que de facteur aggravants.»

    D’accord, Mais moins pour le reste! Cela dit, je préfère vos explications plus nuancées, sauf pour le rôle de la création monétaire (que je considère comme un autre facteur aggravant, car non accompagné d’une réglementation pour limiter la création de bulle, comme Flaherty l’a fait ici, quoique trop tard et pas assez selon moi) et les vertus du libre-marché qui n’existera jamais ailleurs que dans des modèles théoriques…

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  8. 4 février 2015 21 h 38 min

    Et quelle dérèglementation au juste a causé problème selon vous et par quel mécanisme?
    Je ne vois pas de quoi il peut s’agir.

    Qu’a fait Flaherty ici et qu’est-ce qui vous permet de croire qu’il n’y a pas de bulle ici?

    En fait, l’immobilier canadien est tout aussi en bulle que ne l’était l’immobilier américain en 2006, et la cause est la même!

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  9. benton65 permalink
    4 février 2015 21 h 39 min

    L’abolition de Glass-Steagall a beaucoup a y voir justement.

    Même si certaines banques n’y étaient pas « sujettes », ce sont des vases communicants. L’introduction de produits financiers complexes qui a suivi la déréglementation a fait en sorte de « diluer » de crédit en le répartissant presque partout. D’ailleurs les banques canadiennes y ont été moins assujettis en grande partie à cause de la réglementation canadienne…. sauf leurs « succursales » extérieures!

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  10. benton65 permalink
    4 février 2015 21 h 47 min

    C’est un grand sophisme de mettre la faute sur l’ensemble des emprunteurs alors que les grands financiers/banquiers, qui en principe s’y connaissent en finance sur l’ensemble des emprunteurs ont toujours eu le dernier mots sur l’accord d’un emprunt..,

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  11. 4 février 2015 22 h 22 min

    @ Minarchiste

    «Et quelle dérèglementation au juste a causé problème selon vous et par quel mécanisme?»

    Benton a bien répondu. En outre, il est étrange de constater que les crises bancaires étaient rares au cours de la période où cette réglementation était en force entièrement et qu’elles se sont multipliées à chaque fois qu’elle a été affaiblie.

    «Qu’a fait Flaherty ici et qu’est-ce qui vous permet de croire qu’il n’y a pas de bulle ici?»

    Je n’ai jamais dit qu’il n’y en avait pas. J’ai d’ailleurs précisé qu’il avait agi «trop tard et pas assez». Je parle, et vous le savez, du resserrement des conditions pour obtenir une hypothèque et pour qu’elle soit garantie par la SCHL.

    Les taux d’intérêt doivent demeurer bas dans une période de stagnation (ou de faible croissance) comme actuellement, mais il faut se prémunir contre ses effets négatifs. Mais Oliver est encore plus épais que Flaherty l’était… Au moins, Flaherty reconnaissait que le fractionnement des revenus n’était pas une bonne idée, mais c’est un autre sujet!

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  12. 5 février 2015 9 h 55 min

    Non, Glass-Steagal n’aurait pas empêché la crise, loin de là.

    D’ailleurs, vous semblez oublier que la crise des S&L a eu lieu dans les années 1980s malgré l’existence de cette loi et bien avant qu’elle ne soit abolie en 1999, cause directe des réserves fractionnaires et d’une politique monétaire erratique et de règlementations stupides qui ont favorisé les S&L au détriment des banques conventionnelles.

    Puis, vous oubliez Northern Rock, l’une des plus grosse faillites de la crise financière, pour laquelle Glass-Steagal n’aurait rien changé.

    Puis vous oubliez que les « poster childs » de la crise, Lehman Bros et Bear Stern, n’aurait pas été sujet à GS non plus. D’ailleurs, un accès à des dépôts au détail aurait permis à ces firmes de survivre, comme ce fut le cas pour JP Morgan et Wells Fargo, dont les structures n’auraient pas été permises par Glass-Steagal, ce qui les aurait empêché d’acheter Bear stern et Wachovia, et donc aurait empiré la crise.

    On pourrait presque conclure que Glass-Steagal aurait en fait empiré les choses!

    Finalement, vous oubliez que sous un régime Glass-Steagal au Canada, nos banques canadiennes ne pourraient pas avoir leur structure actuelle….et pourtant elles sont sorties de la crise presque indemnes!

    Donc expliquez-moi donc par quel mécanisme Glass-Steagal aurait changé quoi que ce soit à la crise? Et encore moins être une cause fondamentale sous-jacente?

    « Je parle, et vous le savez, du resserrement des conditions pour obtenir une hypothèque et pour qu’elle soit garantie par la SCHL. »

    Justement! Donc on tente de limiter l’ampleur de la bulle en diminuant une distorsion introduite par une politique du gouvernement (la SCHL). Autrement dit, on s’en va vers le libre-marché pour atténuer la bulle! Car il ne faut pas se leurrer, une diminution de la taille du portefeuille d’assurance hypothécaire de la SCHL ou de sa part de marché des nouvelles hypothèques équivaut à une forme de dérèglementation. Le meilleur scénario serait sa privatisation complète sans aucun support gouvernemental, un peu comme en Australie. Il existe d’ailleurs déjà deux assureurs hypothécaires privés au Canada, Genworth et Canada Guarantee.

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  13. 5 février 2015 10 h 03 min

    Il n’en demeure pas moins que le rythme des crises s’est accéléré et que leur ampleur a augmenté.

    «Donc on tente de limiter l’ampleur de la bulle en diminuant une distorsion introduite par une politique du gouvernement (la SCHL)»

    Cette «distorsion» a tout de même permis à de nombreuses familles de s’acheter des maisons! Il faut simplement doser son niveau d’intervention avec ses effets potentiellement nocifs. Il est bien sûr que ce dosage doit tenir compte des taux d’intérêt et de la variation du prix des maisons.

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  14. 5 février 2015 10 h 25 min

    Je dois concéder que Glass-Steagal n’est pas la panacée qu’on lui prête. Les dangers actuels ne correspondent pas à ceux dans le contexte où cette loi a été adoptée. Mais, je ne vois pas comment elle ne peut pas au moins aider.

    Le taux de réserve bancaire ne devrait-il pas être relevé? Et les produits spéculatifs, hedge funds et autres PCAA, ne faudrait-il pas les réglementer davantage? Pour qu’un marché fonctionne, il faut que l’information circule parfaitement, or, force est de constater que certains ont profité de l’asymétrie d’information dans ce domaine pour s’enrichir aux dépends des autres…

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  15. benton65 permalink
    5 février 2015 10 h 25 min

    Une des justification de l’abrogation du Glass-Steagal Act en 1997 est qu’elle était par mal « fissurée » et plus ou moins respectée depuis les années 1970…

    Deux choses l’un lorsqu’on tolère qu’une loi ne soit pas respectée: Ou bien on la fait respecter, ou bien on l’abroge. Les lobbyistes ont décidés pour nous!

    Pour les banques canadiens, c’est sûre que nous avons pas un « Glass-Steagal », mais un réglementation différente.

    En passant, il ne peut y avoir de privatisation complète sans support du gouvernement, le privé est trop puissant et même dans le cas contraire, cela fin par du chantage: « Aidez-nous ou tout le système financier s’écroule! »
    De plus, dans le meilleur des mondes, on dit que les banques gèrent le risque. Mais en réalité, l’humain étant l’humain, il ne font pas que gérer le risque, il le pousse dans la court de l’autre quand ils le peuvent!

    Un ancien PDG disait que la gestion de la profitabilité d’une entreprise, c’est l’art de refiler la facture à un autre!

    Pour terminer, faut pas noyer le poisson dans l’eau!!!

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  16. 5 février 2015 11 h 12 min

    @Darwin

    « Cette «distorsion» a tout de même permis à de nombreuses familles de s’acheter des maisons! »

    C’est un tout autre débat, c’est-à-dire l’impact de la SCHL sur le gonflement de la bulle immobilière canadienne versus les bienfaits du programme d’accès à la propriété de la SCHL.

    Mon opinion est que l’accès à la propriété est une chimère; complètement inutile. Mais gardons ce débat pour le jour où vous publierai un article sur les bienfaits de la SCHL…

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  17. 5 février 2015 11 h 16 min

    @Darwin

    « Il n’en demeure pas moins que le rythme des crises s’est accéléré et que leur ampleur a augmenté. »

    Ça il faudrait le démontrer. Et il faudrait séparer l’effet Glass-Stegal de l’effet politique monétaire à la Greenspan (i.e. le fameux « Greenspan Put »). Je ne constate pas d’accélération des crises durant les années 2000 versus les années 1980s ou 1990s. En fait, la récession de 2001 a été atténuée par la relance monétaire, mais ça n’a été qu’un pelletage en avant, ce qui a fait que l’ajustement de la récession de 2009 a été plus sévère.

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  18. 5 février 2015 11 h 31 min

    «Je ne constate pas d’accélération des crises durant les années 2000 versus les années 1980s ou 1990s»

    Je parlais surtout d’avant 1980.

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  19. benton65 permalink
    5 février 2015 12 h 14 min

    Les politiques monétaires sont une conséquence et non une cause. L’exemple plus exacte de pelletage est qu’on a beau pelleter l’entrée, si les grosses charrues continues d’envoyer la neige dans notre cour parce qu’il n’y pas de réglement là-dessus…. on a pas finit de pelleter la cour!
    (Et ce n’est pas une question de pelletage par en avant!)

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  20. 5 février 2015 13 h 03 min

    @Darwin

    « Je parlais surtout d’avant 1980. »

    Et quelle dérèglementation a causé cela alors?

    « Le taux de réserve bancaire ne devrait-il pas être relevé?  »

    Là on est d’accord! C’est d’ailleurs ce que souhaitent les libertariens.
    Le débat « interne » oppose ceux qui partagent l’opinion de Murray Rothbard, qui exigerait un taux de réserve de 100% à ceux qui préfèreraient un modèle « free banking » tel que préconisé par George Selgin.

    J’ai longtemps été dans le camps Rothbard, car je considère qu’une banque ayant un taux de réserve inférieur à 100% viole les droits de propriété de ses déposants. Un tel système (à réserves fractionnaires) est donc anti-capitaliste.

    Cependant, je dois dire que le système Selgin mérite tout de même d’être considéré car il a fait ses preuve dans l’histoire, notamment en Écosse. Une chose qui ne fait aucun doute est que ce serait une amélioration par rapport à la situation actuelle puisque le taux de réserve serait de facto plus élevé, mais possiblement en-deçà de 100%.

    Fait intéressant: il n’y a pas de taux de réserve minimum au Canada. Cependant, nos banques maintiennent un taux de réserve nettement supérieur aux banques de la plupart des pays développés. Il y a là une explication fort convainquante au meilleur sort qu’ont connu les banques canadiennes durant la crise.

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  21. 5 février 2015 13 h 39 min

    «Et quelle dérèglementation a causé cela alors?»

    Certains parlent de la Loi loi Garn-St-Germain… Et c’est justement dans le secteur touché par cette déréglementation (vous avez parlé plus tôt de la «crise des S&L ») que les problèmes ont commencé.

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  22. 5 février 2015 16 h 30 min

    Garn-St-Germain date de 1982, et vous parliez d’avant 1980 dans votre commentaire précédent…

    Il ne faut pas se méprendre. Cette loi a été un catalyseur, pas une cause.

    La cause fondamentale de cette crise est le système à réserves fractionnaires, c’est un cas typique de prêts à long terme (des hypothèques) financés par des passifs à court terme (dépôts à vue).

    Les S&L étaient un peu comme des petites Caisse Populaires Desjardins: pas d’actionnaires majeurs à qui être imputables, et peu de sophistication.

    En leur permettant du jour au lendemain de jouer aux banquiers, les problèmes étaient inévitables. Mais encore une fois, sans réserves fractionnaires, rien ne serait arrivé.

    Il est important de comprendre que cette loi ne constituait pas une dérèglementation généralisée des banques. Elle n’affectait que les S&L et les amenait sur un pied d’égalité avec les banques commerciales…mais avec moins de discipline capitaliste.

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  23. 5 février 2015 18 h 21 min

    D’accord, j’aurais dû dire avant 1982. Mais comme votre premier exemple portait justement sur les S&L, je trouvais la mention de cette déréglementation pertinente, ce que vous confirmez en partie (catalyseur).

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  24. 5 février 2015 19 h 28 min

    Et bien on est loin de parler de la « dérèglementation » comme d’une cause fondamentale des cycles économiques.

    En revanche, l’expansion du crédit par le système bancaire est présente à chaque fois, même si on recule de plusieurs siècles. C’est l’ingrédient essentiel, peu importe la règlementation ou le contexte.

    J’ai beau chercher, je n’ai jamais trouvé un cas particulier qui invalide cette hypothèse.

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  25. 5 février 2015 20 h 24 min

    Et, j’ai appuyé en bonne partie cette analyse («Le taux de réserve bancaire ne devrait-il pas être relevé?»), même si je trouve la question de la réglementation plus importante que vous ne le faites.

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  26. benton65 permalink
    5 février 2015 22 h 03 min

    Donc dans le domaine financier et bancaire, c’est la queue qui mène le chien!

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  27. 5 février 2015 22 h 30 min

    Un peu comme chez l’homme ? 😉

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  28. 6 février 2015 12 h 37 min

    @Darwin

    En passant, un classique à ajouter à votre liste de lecture:

    Le Mystère du Capital: le capitalisme et l’informalité.

    Je pense bien qu’il y a une version traduite en français.

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  29. 6 février 2015 13 h 45 min

    Oui, depuis 2005! Avec une réédition en 2010.

    Je vais peut-être me laisser convaincre, mais j’en ai beaucoup à lire avant (déjà réservés ou même reçus). Merci pour la suggestion, ça a l’air intéressant.

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  30. 13 février 2015 13 h 35 min

    Excellent texte du libertarien français Vincent Bénard sur ce sujet:

    http://archives.polemia.com/print.php?id=3707

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  31. benton65 permalink
    13 février 2015 15 h 46 min

    @Minarchiste

    Le fameux mythe que l’État est responsable de tout!

    L’argent, c’est le pouvoir…

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