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Une histoire philosophique de la pédagogie

9 février 2015

pédagogieQuand les premières écoles sont-elles apparues?

Comment ont-elles évolué?

Qu’enseignaient-elles et à qui?

Quel était l’objectif de leur enseignement?

Qui furent les principaux penseurs de l’éducation?

Comment sont-ils arrivés à leurs conclusions?

Voilà quelques-unes des questions auxquelles Une histoire philosophique de la pédagogie tome 1 de Normand Baillargeon tente de répondre. Reprenant un peu le procédé de l’excellent L’ordre moins le pouvoir, dont j’ai parlé dans ce billet, l’auteur passe en revue les principaux penseurs de l’éducation ainsi que leurs approches.

Quelques noms

La revue de l’auteur est tellement complète qu’il m’est impossible de mentionner tous les penseurs dont il résume la position, en la mettant toujours en contexte avec leur époque. En voici quand même quelques-uns :

Platon : même si certaines formes d’éducation ont existé avant lui (notamment pour former du personnel spécialisé), Platon est pour l’auteur le premier a avoir élaboré une véritable pédagogie. Celle-ci sera d’ailleurs à la base de l’éducation transmise dans l’empire romain et même par la civilisation médiévale. Platon considère que l’éducation est «la mise en contact de l’esprit avec des savoirs qui ne sont pas que de simples opinions, mais des opinions vraies et justifiées».

Rabelais et Montaigne : je saute ici les autres penseurs de l’Antiquité et ceux du Moyen-Âge (époque au cours de laquelle l’éducation était «lamentable»…). Rejetant l’ancienne éducation, Rabelais favorise l’implantation d’un programme humaniste basé tant sur le corps (hygiène, sports, etc.) que sur l’esprit (tout en étant conscient des limites du savoir). Dans la même optique, Montaigne favorisait l’éducation centrée sur «l’activité de l’élève» plutôt que celle rigoriste de l’époque. Il laissait la place à l’observation, à la fréquentation des hommes, aux voyages et autres activités qui permettent le développement du jugement. Ces deux penseurs ne faisaient toutefois pas grand cas de l’éducation des femmes, souvent limitée aux tâches traditionnelles qu’on leur réservait (entretien d’un ménage, éducation des enfants, etc.).

Comenius: pour l’auteur, Comenius est le «Galilée de l’éducation», un des premiers à envisager l’universalité de l’éducation, pour tous les peuples, pour les enfants de toutes les classes sociales (en insistant sur les besoins encore plus grands des plus pauvres) et pour les personnes des deux sexes! Il demeure, dans l’histoire de la pédagogie, «le grand innovateur en matière de support visuel à l’enseignement, de l’utilisation scolaire des illustrations, des cartes, des dessins, des graphiques (…)». Il a aussi distingué quatre types d’école selon une division encore en force aujourd’hui : préscolaires, élémentaires, secondaires et supérieures. Tout un bond en avant!

La pensée et les approches se complexifient par la suite, rendant plus difficile de les résumer comme je l’ai fait pour ces quelques initiateurs. Je ne mentionnerai donc que le nom de quelques autres penseurs (et une penseuse…) dont parle ce livre : Condorcet, Diderot, Kant, Rousseau, Spencer, Pestalozzi, Froebel, Montessori, Humboldt et Dewey. Il parle de bien d’autres penseurs et approches, mais cette courte liste montre l’ampleur et la variété du champ analysé par l’auteur.

Un des aspects de ce livre qui m’a le plus frappé est que l’auteur donne rarement son avis sur les approches et sur les auteurs qu’il présente, si ce n’est pour souligner la misogynie de trop d’entre eux. Et cela est aussi bien ainsi, quoique je ne détesterais pas qu’il consacre un chapitre à cette question dans le deuxième tome…

Et alors…

Alors, lire ou ne pas lire? Lire bien sûr! J’ai un attrait particulier pour les livres qui nous permettent de mieux voir l’évolution de phénomènes et d’institutions que nous avons l’impression d’être acquis. Celui-là ne m’a pas déçu! Seul bémol, on sent le travail inachevé en terminant ce livre, car un deuxième tome suivra. Et quand ce deuxième tome sortira, j’ai peur de devoir relire ce premier tome pour pouvoir aborder le deuxième en contexte! Aurais-je dû attendre la sortie du deuxième avant de lire le premier? Peut-être, mais il m’aurait été trop difficile d’attendre!

8 commentaires leave one →
  1. Mathieu Lemée permalink
    9 février 2015 7 h 39 min

    Lire tout ce qu’écrit Normand Baillargeon et pour moi un ravissement. C’est toujours étoffé, riche, clair, élaboré, fascinant, et surtout constructif.

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  2. 9 février 2015 20 h 16 min

    Vraiment hors sujet, mais comme je ne sais pas comment vous envoyer un message privé je laisse ça ici.Je suis tombé la-dessus aujourdh’ui, http://www.socred.org/blogs/view/the-case-to-reinstate-the-bank-of-canada , à défaut de meilleur source(parceque c’est impossible de trouver un « grand » média qui en parle).Outre l’aspect constitionnel amené par cette avocat(quoique dans plusieurs vidéo youtube ils semblent bien comprendre la portée économique de ce procès ), votre point de vue d’économiste m’intèresserait beaucoup.

    Merci

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  3. 9 février 2015 20 h 45 min

    «je ne sais pas comment vous envoyer un message privé»

    En haut à droite de la page d’accueil du blogue, il est écrit «courriel de Jeanne». C’est le meilleur moyen de m’envoyer un message. J’essaierai de lire ce texte demain. Ce soir, je suis en rédaction…

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  4. 10 février 2015 9 h 27 min

    @ remote75

    J’ai déjà entendu parler de cette cause. Ce genre de revendication est courante, notamment en Europe. Je ne possède toutefois pas suffisamment d’info pour me prononcer. Et, je ne baserai surtout pas sur un article émanant du Crédit social (je ne savais pas que ça existait encore) pour vérifier les faits.

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  5. 12 février 2015 14 h 05 min

    « je ne baserai surtout pas sur un article émanant du Crédit social (je ne savais pas que ça existait encore) pour vérifier les faits.

    « C’est bien le problème, impossible de trouver de l’info! En tout les cas le gouvernement à tenté d’invalider le procès mais à perdu en date du 26 janvier dernier.

    Mon interrogation était, Quel est le lien entre, le fait d’emprunter aux banques(depuis 1974) et la dette cumulée depuis ce temps?Autrement dit, pourquoi un état souverain aurait-il à s’endetter pour émettre « sa » propre monnaie alors que sa constitution lui permet de faire autrement?Je ne peux m’empècher d’avoir à l’esprit ce que Lincoln à fait avec le greenback et ce que Kennedy avait commencé à faire en émmétant une »silver-backed United States Notes »en 1963.

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  6. 12 février 2015 17 h 50 min

    «Quel est le lien entre, le fait d’emprunter aux banques(depuis 1974) et la dette cumulée depuis ce temps?»

    Je ne sais même pas si cette information est exacte. J’ai entendu la même chose pour la France et, après vérification, j’ai vu que ces prêts étaient assujettis à de nombreuses conditions et à des limites précises. Était-ce la même chose ici? Et, c’est très long de trouver l’information exacte. Alors je n’élaborerai pas sur une question dont les prémisses ne sont pas démontrées.

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  7. 8 Mai 2015 15 h 14 min

    Voici enfin une entrevue à CBC avec M.Galati qui parle justement de cette cause.Peut être cela vous intéresserat-il?

    http://www.cbc.ca/player/News/Business/The+Exchange+with+Amanda+Lang/ID/2666703865/

    Sinon voici le site du commité pour lequel il est l’avocat.

    http://www.comer.org/

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  8. 9 Mai 2015 14 h 34 min

    Je préfère lire des textes que de regarder des vidéos. J’ai donc lu ça :

    http://www.cbc.ca/news/business/rocco-galati-challenges-role-of-bank-of-canada-in-latest-case-1.3065650

    Au moins, ça précise que la Banque du Canada ne prêtait sans intérêt que pour les dépenses d’infrastructure. La clé me semble là :

    «But in 1974, the central bank stopped providing interest-free loans to government so it could join the Bank for International Settlements, a kind of central bank of central banks.»

    Quelles auraient été les coséquences de ne pas ce joindre à cette institution internationale? Cela dépasse mes compétences… Ce serait intéressant de lire un échange entre des partisans des deux côtés.

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