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Le marché du travail des femmes (6) – les professions (2)

13 mai 2015

mt_femmesPour ce sixième billet de ma série sur le marché du travail des femmes et ce deuxième sur les professions, je vais mettre à jour un billet datant de près de quatre ans, billet qui comparait les 20 professions parmi les 500 de la Classification nationale des professions (CNP) de 2011 qui présentent les taux les plus élevés de femmes et d’hommes au Québec.

Pour ce, j’utiliserai le fichier 99-012-X2011060 tiré de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011, soit le 35ème de cette page. Comme la dernière fois, j’ai donc produit deux tableaux sur la question. À toute seigneure toute honorabilité, je commence avec celui des dames (après tout, cette série est consacrée à leur marché du travail).

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Et maintenant, celui des hommes.

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Ces tableaux nous permettent de faire certains constats. Tout d’abord, on notera que les 20 professions où les femmes sont les plus présentes comptent pour 22 % du total de l’emploi féminin, alors que les 20 professions où les hommes sont les plus présents ne regroupent que 8 % de l’emploi masculin. Cela peut nous amener à conclure que l’emploi féminin est bien plus concentré que l’emploi masculin. Le fait que 50 % des femmes travaillaient dans seulement 22 professions alors que pour atteindre cette même moitié cela prend 48 professions pour les hommes appuie cette hypothèse.

Par contre, après réflexion (je n’avais pas pensé à cela dans le billet précédent), cela montre surtout que la classification des professions est beaucoup plus détaillée et précise pour les emplois masculins que pour les emplois féminins. Par exemple, on accorde des professions différentes pour chaque spécialité de la construction, même dans celles où on trouve à peine 1000 ou 2000 travailleurs, mais on n’utilise qu’une seule profession pour regrouper les 110 000 adjointes administratives (nouvelle appellation pour celles qu’on appelait secrétaires) qui ont pourtant des responsabilités différentes, pour lesquelles les exigences des employeurs sont bien différentes et qui travaillent dans presque toutes les industries. Cette classification attribue des professions distinctes pour les travailleurs des mines souterraines et pour ceux des mines à ciel ouvert, a créé neuf professions différentes pour les 58 000 manœuvres du secteur manufacturier, mais n’en a prévu que deux pour les 80 000 infirmières (autorisées et auxiliaires), sans les distinguer selon leurs spécialités (au bloc opératoire, psychiatriques, urgence, etc.). Et que dire des 158 000 vendeurs et vendeuses du commerce de détail qu’on regroupe en ne réalisant pas que vendre des fleurs, des vêtements, du poisson, des téléphones interactifs ou des automobiles, cela ne demande pas les mêmes compétences et n’apporte pas la même paye…

En fait, cette façon de faire est davantage industrielle que sexuée. Comme le mentionne ce billet (en anglais…), les classifications, aussi bien industrielles que professionnelles, ont toujours détaillé davantage le secteur des biens (agriculture, forêts, mines, construction et fabrication) que celui des services, probablement parce que ces secteurs étaient bien plus importants quand les classifications ont été créées que de nos jours (quoiqu’on aurait pu changer cela lors de leurs mises à jours périodiques…). Or, comme je l’ai montré dans le billet de cette série que j’ai consacré aux industries, seulement 9 % des femmes en emploi travaillent dans le secteur des biens (91 % dans le secteur des services), tandis que c’est le cas de 31 % des hommes («seulement» 69 % d’entre eux travaillent dans le secteur des services), proportion plus de trois fois plus élevée.

D’ailleurs, un autre constat des deux tableaux présentés dans ce billet va un peu à l’encontre de l’hypothèse de la plus grande concentration de l’emploi féminin. En effet, la proportion d’hommes dans les 20 professions où celle-ci est la plus élevée varie de 97,6 % à 99,5 %, tandis que la proportion de femmes dans les 20 professions où celle-ci est la plus élevée varie de 87,4 % à 98,7 %. Les moins fortes concentrations dans les professions davantage féminines pourraient au contraire nous amener à la conclusion inverse, soit que la concentration est plus grande dans les emplois masculins! Dans le fond, ce constat est lui aussi dû à la moins grande précision dans la définition des professions des services.

Finalement, et cela vient appuyer ce que j’ai dit auparavant sur le fait que les femmes travaillent davantage dans le secteur des services, une seule des 20 professions du tableau des femmes ne s’exerce pas surtout dans le secteur des services (les opératrices de machines à coudre industrielles), tandis que seulement quatre professions du tableau des hommes s’exercent surtout dans le secteur des services (les mécaniciens et réparateurs de véhicules automobiles, de camions et d’autobus; les autres préposés à la pose et à l’entretien des pièces mécaniques d’automobiles; les mécaniciens d’équipement lourd; et les pompiers).

Et alors…

Dans le fond, le débat sur la plus grande concentration des emplois masculins et féminins est pour moi peu important. Ce qui l’est, c’est que ces concentrations, pour ne pas dire ces «ghettos», existent encore, aussi bien dans des emplois féminins que masculins. Ce qui l’est encore plus, c’est que les salaires de ces deux types de ghettos ne sont pas du tout les mêmes! Mais cela, ce sera pour un (ou deux) autre(s) billet(s)!

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