L’énigme de la monnaie
Je me suis procuré L’énigme de la monnaie de Massimo Amato à reculons. Je m’imaginais un autre délire sur le concept de la monnaie. Quand j’ai lu que l’auteur est un professeur d’histoire économique et d’histoire de la pensée économique (à l’université Bocconi de Milan), mon moral a remonté d’un cran! En effet, l’histoire de la pensée économique est le domaine que je préfère en économie. J’ai par contre rapidement réalisé que ce livre aborde la monnaie de façon philosophique, ce qui rend la lecture plus difficile pour moi. J’avais quand même l’intention de passer au travers.
L’énigme dont l’auteur parle est le fait que la monnaie est une institution à la fois considérée comme peu de choses en économie, sinon comme rien (elle est souvent absente des modèles économiques) et comme une «source de possibilité à notre disposition». C’est à la base sa liquidité, le désir de la posséder pour mieux s’en débarrasser, qui fait son intérêt (en tout cas, c’est ce que j’ai compris du contenu nébuleux de l’introduction).
Les deux premiers chapitres
Le discours ne se clarifie que très légèrement dans le premier chapitre. On y parle d’une foule de sujets liés à la monnaie, sans que j’aie pu comprendre vraiment où l’auteur s’en allait. Il aborde de façon décousue les sujets suivants :
- le caractère institutionnel de la monnaie;
- le fait qu’une monnaie locale ne peut être internationale (en parlant du dollar des États-Unis);
- les liens entre la convertibilité de la monnaie, le rôle de l’or, et les symboles qu’on peut lire sur les pièces et les billet (In God We Trust, par exemple, sur les billets du dollar des États-Unis);
- les différences entre l’étalon-or national (pour garantir la monnaie) et international (pour équilibrer les échanges);
- l’établissement des taux de change flottants en 1971;
- les concepts de la dette et du don, en élaborant sur le caractère impayable de la dette (notamment dans le Plan Marshall);
- la monnaie comme rapport au manque (?).
Ces sujets peuvent sembler pertinents, mais sont abordés avec un jargon et une argumentation pour le moins énigmatiques. Bref, même si ces sujets m’intéressaient, je n’ai rien compris aux conclusions, ni même au développement de l’auteur.
Le caractère hermétique du livre s’amplifie (je ne pensais pas cela possible!) dans le deuxième chapitre. On y élabore entre autres une comparaison entre le temps et la monnaie, aussi difficiles à définir l’un que l’autre. Mais, comment peut-on comparer un phénomène naturel avec une institution humaine? Comment l’auteur a-t-il pu ratiociner dans les près de 50 pages du premier chapitre sur un concept qu’il ne peut définir? C’est là, après avoir lu les 100 premières pages, que j’ai lancé la serviette… J’ai décidé de passer directement à la conclusion du livre, mais il n’y en a pas! J’ai plutôt lu en diagonale le dernier chapitre (qui aborde, je crois, la dimension juridique des institutions et de la monnaie), pas trop long (16 pages). J’ai ainsi pu constater que ce livre ne se termine pas par des réponses, mais par des questions, ce qui n’est pas nécessairement un défaut, en autant qu’on puisse comprendre ces questions! Par exemple, l’auteur se demande à la dernière page «que pourrait être le droit en tant que s’y connaître à propos de la dignitas, et non en tant qu’ars boni et aequi, à savoir, désormais, en tant que technique d’un bien qui réside entièrement dans une potentialisation toujours égale de tout?» (les italiques sont de l’auteur). En effet, que pourrait-il bien être?…
Et alors…
Alors, lire ou ne pas lire? Le moins qu’on puisse dire est que je n’ai pas gardé le suspense sur la réponse à cette question! En tout cas, comme je ne l’ai pas lu en entier, je serais bien mal placé pour en recommander la lecture à d’autres (quoique quelqu’un qui le comprendrait pourrait me l’expliquer!). Ce livre contient tous les défauts qu’on peut imaginer dans un livre : structure mystérieuse, propos abscons, jargon spécialisé, expressions latines et grecques inexpliquées, mise en italique de termes et parfois même de parties de mots, traduction déficiente (enfin, j’espère!), notes à la fin du livre (en plus!) et j’en passe.
Comme je l’ai mentionné au début de ce billet, j’étais réticent à me procurer ce livre, mais pas du tout pour la bonne raison! Finalement, ce n’est pas seulement la monnaie qui demeure une énigme pour moi après avoir lu le tiers de ce livre, mais aussi et surtout ce livre!
Sur le catalogue de la BanQ, je viens de remarquer qu’ils ont aussi «Heidegger, à plus forte raison», rédigé par Amato [et al]. Heidegger opposait l’ontique à l’ontologique http://www.cnrtl.fr/definition/ontique . Je lirai donc «Heidegger, à plus forte raison» avant «L’énigme de la monnaie».
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Je vais passer mon tour! 😉
(J’ai enlevé tes commentaires mis sur le mauvais billet)
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Le billet n’était pas mauvais. Le prof Jacques Mascotto nous disait: «Heidegger prétendait entendre l’Être, c’est la raison pour laquelle il n’entendait pas les bottes des nazis. Il a donc signé sa carte du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) sans savoir ce que c’était». http://www.cnrtl.fr/definition/national-socialiste . J’ai fait l’essai. J’ai écouté l’Être et j’ai perdu le sens de la concrétude. Le 19 octobre, je n’écouterai pas l’Être. Le stone induit pourrait me faire pencher du côté de ceux qui me traitent de traître, si je ne vote pas pour le Bloc.
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