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Analphabètes, vous dites?

23 décembre 2015

peicaJ’ai consacré deux billets au cours des dernières années sur les données du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) de 2012, un sur les résultats par tranches d’âge et l’autre sur les résultats par niveau de scolarité. Malheureusement, les données du genre publiées à l’époque n’étaient disponibles que pour l’ensemble du Canada, pas pour le Québec.

L’Institut de la statistique du Québec a publié la semaine dernière un document volumineux (250 pages) sur les résultats du PEICA au Québec selon une foule de variables. Je ne pourrai pas ici les présenter toutes, mais je vais le faire pour celles relatives à la littératie qui touchent les sujets que j’ai abordés dans les deux précédents billets pour le Canada, soit les données selon l’âge, le sexe et le niveau de scolarité.

Le PEICA

Le PEICA est l’enquête sur laquelle bien des gens se basent pour affirmer que plus de la moitié des Québécoi.se.s sont analphabètes (fonctionnel.le.s, ajoutent-ils parfois). S’il est vrai (comme on peut le voir dans le graphique qui suit tiré de la page 70 de l’étude) qu’environ 53 % des Québécoi.se.s âgé.e.s de 16 à 64 ans ont obtenu un résultat inférieur à 3 en littératie, est-ce que cela veut nécessairement dire que 53 % des Québécoi.se.s sont analphabètes?

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Pas du tout. D’une part, on peut aussi voir que 34,3 % des Québécoi.se.s, soit près des deux tiers des personnes ayant obtenu un résultat inférieur à 3, sont évalués au niveau 2. D’autre part, et c’est cela le plus important, l’attribution des résultats n’est absolument pas liée à un niveau d’alphabétisation (ou de littératie) essentiel pour fonctionner dans notre société. En effet, on peut lire aux pages 25 et 26 de l’étude la précision suivante :

«Contrairement à l’EIACA, il n’y a pas dans le PEICA de seuil dit fonctionnel ou minimal utilisé pour considérer une personne comme compétente ou non compétente pour faire face aux exigences de la société actuelle et participer pleinement à la vie en société. Il n’est donc plus question d’un niveau «souhaité» de compétence pour fonctionner aisément dans la société. Lorsque les niveaux de compétence en littératie et en numératie sont regroupés en deux catégories (niveau 2 ou moins et niveau 3 ou plus), ce regroupement est fondé sur un critère statistique et non pas sur un critère théorique. Plus précisément, ce point de coupure est celui qui permet de séparer la population en deux parties presque égales.»

Cela signifie que le PEICA est conçu pour qu’il y ait environ la moitié de la population qui se voit attribuer un résultat inférieur à 3! Et, au Québec, on se flagelle parce qu’environ la moitié de la population a justement eu un résultat inférieur à 3, alors que ce résultat découle de la conception du PEICA! Cela dit, il est vrai que les résultats furent un peu inférieurs au Québec à ceux de l’OCDE et de l’ensemble du Canada en littératie (268,6 par rapport à 272,8 pour l’OCDE et 273,5 pour le Canada, voir la page 70), mais cela ne veut en rien dire que plus de la moitié des Québécoi.se.s sont analphabètes. J’espère que c’est clair!

Selon l’âge

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Ce tableau, tiré de la page 77 de l’étude, montre que les jeunes se débrouillent relativement bien. S’il n’est pas étonnant de constater que ce sont les personnes âgées de 25 à 44 ans qui présentent les meilleurs résultats (58 % ont d’ailleurs des évaluations d’au moins 3), il est plus surprenant et encourageant d’observer que celles âgées de 20 à 24 ans ont obtenu des résultats presque aussi bons (57,5 % ont d’ailleurs des évaluations de 3 et plus) et que celles âgées de 16 à 19 ans ont de meilleurs résultats que celles âgées de 45 à 64 ans, 44 % des premières ayant des évaluations d’au moins 3 par rapport à 36 % des deuxièmes. On voit donc que les principales lacunes de la population québécoise se manifestent chez ses citoyen.ne.s les plus âgé.e.s. Si ces résultats sont encourageants pour l’avenir, ils montrent aussi que la population perd graduellement ses compétences dans le domaine en vieillissant. Des données des autres sections de l’étude laissent penser que cela est dû au fait que trop de Québécois.e.s cessent d’utiliser leurs compétences en littératie et en numératie. D’ailleurs, cette étude montre aussi que les différences de résultats selon l’âge sont très semblables en numératie (voir le tableau C.2.2 à la page 77 de l’étude).

Selon le sexe

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Je dois avouer que ce graphique m’a étonné. On y voit en effet que les Québécoises ont eu de moins bons résultats que les Québécois en littératie, même si les différences sont minimes (en fait non significatives) et surtout concentrées du côté de la proportion qui a été évaluée aux niveaux 4 et 5 (12,8 % par rapport à 9,8 %). Ce léger avantage du côté des hommes s’observe aussi dans les données canadiennes, qui nous montrent que ce léger avantage se manifeste principalement chez les personnes âgées de 45 à 64 ans, mais surtout chez celles âgées de 55 à 64 ans. La figure 2.3 de la page 74 de l’étude nous permet de constater que les différences à l’avantage des hommes sont beaucoup plus élevés en numératie (48,6 % ont eu des résultats d’au moins 3 par rapport à 39,1 % chez les femmes). Encore là, les données canadiennes vont dans le même sens. Si l’avantage des hommes en numératie «pourrait tenir en partie aux domaines d’études et aux activités privilégiés par les hommes et les femmes» (citation tirée de la page 238 de l’étude) qui leur permettent de maintenir leurs compétences dans le domaine, leur avantage (ou égalité) en littératie me sidère, d’autant plus que l’étude ne fournit aucune explication pour nous faire comprendre ce résultat (probablement parce que les auteur.e.s n’en ont pas trouvée).

Selon le niveau de scolarité

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La différence des résultats est vraiment énorme selon le niveau de scolarité. En effet, «la proportion de la population de 16 à 65 ans qui atteint ou dépasse le niveau 3 passe de 14 % environ, en l’absence d’un diplôme d’études secondaires (DES), à 37 % chez les personnes possédant un DES, à 59 % chez celles ayant un diplôme d’études postsecondaires de niveau inférieur au baccalauréat, pour atteindre près de 73 % [en fait un peu plus, soit 73,3 %] chez celles possédant un diplôme universitaire de niveau baccalauréat ou supérieur» (citation tirée des pages 80 et 81 de l’étude). Malgré cela, il demeure étonnant que près de 27 % des personnes possédant un diplôme universitaire de niveau baccalauréat ou supérieur aient eu des résultats inférieurs au niveau 3. L’étude consacre d’ailleurs plusieurs pages à ce constat (un de mes précédents billets en faisait autant avec les résultats canadiens).

L’étude tente en effet de déterminer les facteurs les plus associés à ce résultat qualifié d’atypique. Pour cet exercice, l’étude se concentre uniquement sur les caractéristiques des personnes âgées de 25 à 64 ans qui ont un diplôme universitaire et qui ont obtenu un résultat inférieur à 3, les données des personnes dans cette situation âgées de 16 à 24 ans étant trop peu nombreuses :

  • l’âge : alors que moins de 21 % des personnes qui ont un diplôme universitaire et qui sont âgées de 25 à 44 ans ont ce résultat, c’est le cas de 34 % de celles qui ont de 45 à 64 ans; encore ici, on constate que ces compétences peuvent se perdre avec le temps;
  • la scolarité des parents : alors que moins de 21 % des personnes qui ont un diplôme universitaire dont au moins un des deux parents a un diplôme postsecondaire ont ce résultat, c’est le cas de 44 % de celles qui ont deux parents ayant moins qu’un DES;
  • l’activité : si 23 % des personnes qui ont un diplôme universitaire et qui sont en emploi ont ce résultat, c’est le cas de 36 % de celles qui étaient en chômage et de 40 % des celles qui étaient inactives non étudiantes (à la maison, à la retraite, invalides, etc.);
  • l’immigration : si 20 % des personnes qui ont un diplôme universitaire et qui sont nées au Canada ont ce résultat, c’est le cas de 36 % de celles qui sont des immigrantes de longue date et de 53 % de celles qui sont des immigrantes récentes;
  • langue maternelle : si 21 % des personnes qui ont un diplôme universitaire dont la langue maternelle est le français et 23,5 % de celles dont la langue maternelle est l’anglais ont ce résultat, c’est le cas de 49 % de celles qui ont une autre langue maternelle.

On voit donc que de nombreux facteurs, certains étant corrélés, peuvent expliquer ce résultat à première vue étonnant. D’ailleurs, la proportion de personnes qui ont un diplôme universitaire et qui ont obtenu un résultat inférieur à 3 est sensiblement la même dans le reste du Canada (27,3 % et au Québec (26,7 %). Cela montre aussi que si la scolarité est intimement liée aux résultats en littératie (et en numératie), elle est loin d’être le seul facteur en jeu.

Et alors…

Je retiens principalement trois leçons de cette étude (et de cette enquête). Tout d’abord, il faudrait cesser d’associer les résultats inférieurs à 3 en littératie à de l’analphabétisme : la conception des résultats est claire, on vise justement à ce que la moitié de la population ait des résultats inférieurs à 3. Ensuite, cette étude nous montre bien que les facteurs qui peuvent influencer les résultats dans ce genre d’enquête sont très nombreux. Et, je ne les ai pas tous présentés (nombre de livres à la maison, heures consacrées à la lecture, formation continue, etc.)!

Finalement, je me suis demandé pourquoi les Québécois.e.s avaient de moins bons résultats à cette enquête que les autres Canadien.ne.s et que les personnes des autres pays de l’OCDE (même si la différence est faible). Dans un précédent billet sur le PEICA, j’ai souligné qu’aucun résultat d’autres pays ou territoires francophones n’avait été diffusé. Mais depuis, ceux de la France ont été publiés. J’ai écrit plus tôt que «les résultats furent un peu inférieurs au Québec à ceux de l’OCDE et de l’ensemble du Canada en littératie (268,6 par rapport à 272,8 pour l’OCDE et 273,5 pour le Canada». Et pour la France? On peut voir à la page 19 de ce document que les Français.e.s ont obtenu un résultat de 262,0, soit un écart négatif plus grand avec le Québec (6,5) que l’écart entre le Québec et l’OCDE (4,2) et le Canada (4,9). En numératie? Le Québec a obtenu une moyenne de 264,9, un poil sous le Canada (265,5) et 4,5 points sous l’OCDE (269,4), mais 10,9 points au-dessus de la France (254,0, voir les pages 24 et 25). Serait-ce possible que ces tests soient plus difficiles en français? C’est, comme je l’ai présenté dans ce billet, une hypothèse qui a déjà été appuyée avec de bons arguments par un doctorant français en économie en 2008.

Quoiqu’il en soit, tout cela montre qu’il faudrait avoir une petite gêne avant de qualifier nos compatriotes d’analphabètes lorsque des résultats de telles études sont publiés et ne signifient absolument pas cela!

14 commentaires leave one →
  1. Gilbert Boileau permalink
    23 décembre 2015 8 h 11 min

    Encore une fois tu réussis à tirer d’un vaste document les points essentiels et, surtout, d’en préciser les véritables significations. Souhaitons que ton message passe. Bonne année de lectures!

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  2. Ginette Richard permalink
    23 décembre 2015 10 h 05 min

    Intéressant de mettre à jour ces données. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que les données concernant les gens ayant de grandes difficultés avec l’écrit n’ont pas été analysées. Elles ont fait un test sur les composantes de lectures dont les résultats ne sont pas inclus dans les données publiées. Une large part des participants en alphabétisation auraient été incapable de faire les tests du PEICA. Il faudrait une étude spécifique sur les compétences en lecture et en écriture et on ne voit pas au Québec ou au Canada, la moindre intention de faire ce type d’enquête. En attendant, on doit utiliser le niveau 1 et inférieur à 1 comme repère. Ceci dit, c’est inquiétant qu’il y ait autant de jeunes de 16 à 24 ans à ce niveau. Et la situation s’est détériorée depuis l’enquête précédente. Ajoutons que les plus de 65 ans sont exclus alors qu’on leurs demande d’être de plus en plus autonomes longtemps. L’Allemagne est le seul pays à avoir intégrer ce groupe d’âge dans l’enquête, justement parce que ces personnes sont une composante de plus en plus importante de la population….

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  3. 23 décembre 2015 10 h 55 min

    Ce billet visait à montrer que cette étude ne peut pas servir à déterminer la proportion d’analphabètes au Québec ou ailleurs, pas à minimiser cette réalité. Vous dites la même chose, dans le fond, en soulignant que même les données sur le niveau 1 ou inférieur ne peut pas servir à cette fin.

    « Et la situation s’est détériorée depuis l’enquête précédente.»

    L’étude prend bien soin de préciser qu’on ne peut pas comparer cette étude avec la précédente, l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) de 2003 (j’imagine que c’est de cette étude dont vous parlez). Et, même cette étude ne pouvait pas servir à quantifier l’analphabétisme, comme je l’avais montré dans un autre billet :

    Analphabétisme fonctionnel

    «Ajoutons que les plus de 65 ans sont exclus alors qu’on leurs demande d’être de plus en plus autonomes longtemps.»

    Exact et très pertinent de le souligner.

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  4. Ginette Richard permalink
    23 décembre 2015 11 h 56 min

    Il y a eu des tableaux comparatifs des deux enquêtes qui faisaient les ajustements nécessaires pour comparer les résultats, produits par le CMEC, qui ne laissaient aucun doute sur le fait que la situation s’est détériorée.

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  5. 23 décembre 2015 12 h 32 min

    De fait, j’ai vu avec les données canadiennes. On peut d’ailleurs lire dans l’étude de l’ISQ :

    «Aucune comparaison entre les résultats du PEICA 2012 et ceux de l’EIACA 2003 n’a été effectuée. Comme les concepts et les instruments utilisés dans ces deux enquêtes diffèrent, les possibilités de comparaison des données sont limitées. Les résultats de l’EIACA devraient faire l’objet d’une réestimation et d’un rééchelonnage pour pouvoir être comparés à ceux du PEICA.»

    Dans celle du CMEC (avec Statistique Canada entre autres, si c’est bien la même), on peut lire avant les graphiques comparatifs :

    «De tels changements empêchent toute comparaison directe et immédiate des résultats du PEICA avec ceux présentés antérieurement dans le cadre de l’ELCA. Pour la numératie, les résultats de 2003 ont fait l’objet d’une réestimation pour raffiner la mesure et assurer une meilleure comparabilité avec les résultats du PEICA. Pour la littératie, dans le PEICA, une nouvelle échelle a été construite à partir de la fusion et de l’incorporation des deux mesures utilisées pour l’ELCA, en vue de produire une seule mesure de la littératie afin d’assurer une meilleure comparabilité avec le PEICA. Il est donc déconseillé aux lecteurs d’extraire les résultats présentés dans l’ELCA pour les comparer à ceux du PEICA : les échelles utilisées en 2003 et en 2012 ne sont pas les mêmes, et les comparaisons sont, par conséquent, invalides.
    Les comparaisons au fil du temps sont seulement possibles une fois que les résultats de l’ELCA associés à la compréhension de textes suivis, à la capacité de lecture de textes schématiques et à la numératie ont fait l’objet d’une réestimation et d’un rééchelonnage. Les résultats qui apparaissent ci-après donnent un aperçu préliminaire de la littératie et de la numératie au Canada en 2003 et en 2012. L’information fournie est limitée et une analyse supplémentaire est nécessaire avant de mieux comprendre les différences au chapitre des compétences au fil du temps.»

    page numérotée 58, avec plus d’information à la page précédente

    À moins que vous ne parliez d’une autre étude, on y dit donc bien que «L’information fournie est limitée et une analyse supplémentaire est nécessaire avant de mieux comprendre les différences au chapitre des compétences au fil du temps» et, à la page numérotée 60, que «Une étude plus approfondie est nécessaire pour acquérir une meilleure compréhension de ce que la répartition des compétences décrite ci-dessus nous révèle au sujet des compétences et des changements dans les compétences au fil du temps

    http://www.cmec.ca/Publications/Lists/Publications/Attachments/315/Canadian-PIAAC-Report.FR.pdf

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  6. David Joly permalink
    23 décembre 2015 13 h 28 min

    Vous nous montrez que de dire que « la moitié des québécois sont analphabètes fonctionnels » est sur simplification exagérée (et j’ajouterais sensationnaliste) d’une réalité plus complexe et plus nuancée. Je suis bien d’accord avec vous sur ce point principal.

    Il est bien vrai que les niveaux de compétences de l’étude ne correspondent pas avec une limite d’analphabétisme fonctionnel. Cependant, vous répètez que l’étude est conçue pour (et vise) qu’il y ait la moitié de la population qui ait un score inférieur à 3 et vous me semblez en faire un point important en répétant également cela dans votre conclusion, alors que cette interprétation me semble erronée. C’est plutôt le fait de discuter des résultats en deux groupes principaux (niveau compétence inférieur à 3 / niveau 3 ou plus) qui est un choix arbitraire permettant de séparer la population en 2 groupes d’environ 50%. C’est dans l’interprétation des résultats que certains séparent les gens en 2 groupes (ce qui est certainement discutable), et non dans la conception même de l’étude ou dans sa méthodologie. (à moins que j’aie manqué quelque chose dans le survol de la méthodologie de l’étude ?)

    Les tableaux des pages 45 à 47 expliquent la signification des niveaux de compétences et donne des exemples de tâches accomplies avec succès pour chacun de ces niveaux. Par exemple, avoir le niveau 3 de compétence signifie qu’on répond bien à 67% des questions en lien avec ce niveau de compétence, qu’on a plus de succès avec les tâches de niveau 2 et moins, et moins de succès avec les tâches de niveau 4 et plus (p. 43).

    Une tâche en littératie de niveau 2 pourrait être « Trouver sur une page Internet le numéro de téléphone de l’organisateur d’un évènement », ce que la plupart des gens sont capable de réaliser fréquemment avec succès.

    Une tâche de niveau 3 pourrait être « Séparer des informations qui sont hors sujet de celles qui sont correctes pour fournir la bonne réponse », type de tâche qu’environ la moitié de la population peut réussir dans la majorité des cas.

    Ce qui est quand même inquiétant est que selon cette étude, seulement 11,3% des Québécois ont régulièrement du succès dans des tâches des niveaux 4 et 5, correspondant respectivement à « Interpréter et évaluer des affirmations au sein d’un discours » et « Sélectionner des informations clés et évaluer la fiabilité des sources d’information ». (Cela ne signifie pas que 88,7% des gens sont incapable de faire ces tâches; cela signifie qu’ils ne réussissent pas fréquemment à avoir du succès dans ces types de tâches.) Ce type de tâches me semble pourtant très important pour une conversation démocratique saine, particulièrement dans un contexte où nous sommes inondés d’informations.

    Cependant, il faut noter qu’on parle ici strictement de compréhension écrite et non de compréhension orale. Il serait intéressant d’étudier également les compétences orales et d’en comparer les résultats avec cette étude.

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  7. 23 décembre 2015 13 h 50 min

    «cette interprétation me semble totalement erronée»

    C’est pourtant celle des concepteurs de l’étude. Et cette interprétation n’est pas contradictoire avec vos explications. Par exemple, sur quelles bases a-t-on décidé que «le niveau 3 de compétence signifie qu’on répond bien à 67% des questions en lien avec ce niveau de compétence» et non pas à 60 % ou à 70 %? Il y a toujours une part d’arbitraire dans ces choix.

    L’explication la plus simple est que ce taux (67 %) a été choisi (ce serait intéressant de savoir s’il a été établi à priori ou à posteriori) de façon à ce que la moitié de la population atteigne ce taux. Cela ne garantit pas pas l’exactitude de cette explication, mais elle permet de concilier les deux éléments indiqués dans l’étude.

    Cela dit, il faut noter que les résultats des Québécois.es est moins bon que ceux attendus, soit 53 % qui n’atteignent pas le niveau 3 au lieu de 50 % et qui est très la moyenne des résultats des pays participants (le résultat pour atteindre le niveau 3 est de 275, alors que la moyenne des pays de l’OCDE est de 273,3 et que celle des Québécois.es est de 268,6 (voir les pages 14 à 19 de treaqfp.qc.ca/colloque/2014/ateliers/Atelier_D_3.pdf).

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  8. 23 décembre 2015 20 h 42 min

    c’est donc l’équivalent de se plaindre que la moitié de la population a un QI de moins de 100 ?

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  9. 23 décembre 2015 21 h 19 min

    Genre!

    Quoiqu’il faudrait éviter de faire une corrélation entre le QI et le niveau de littératie! 😉

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  10. 25 août 2017 15 h 42 min

    Pour référence, Pierre Fortin est arrivé à la même conclusion que moi, même si avec deux ans de délai… 😉

    http://lactualite.com/lactualite-affaires/2017/07/11/53-danalphabetes-fonctionnels-voyons-voir/

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  11. 21 septembre 2020 10 h 46 min

    Je suis allée te relire parce que j’ai encore entendu l’argument de l’analphabétisme des Québécois à la radio dernièrement. Merci bien!

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  12. 22 septembre 2020 10 h 54 min

    Ça n’arrête pas. C’est l’exemple parfait de la fausseté qui, quand répétée, devient une vérité sur la place publique. C’est aussi un bon exemple de biais de confirmation. Et je ne parle pas des liens que bien des gens font avec cette fausseté, qui expliquerait aussi bien l’élection de la CAQ, que le mouvement anti-masques ou la négation du réchauffement climatique. Décourageant…

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