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Pour une gauche efficace

18 avril 2016

gauche efficaceC’est avec huit ans de retard que je me suis décidé à lire le livre Pour une gauche efficace de Jean-François Lisée. Ce livre a tellement suscité de controverses qu’il fallait bien que je le lise un jour!

Introduction : L’auteur y dénonce le discours ambiant qui prétend qu’il y a trop d’État, que seul le privé peut créer la richesse. Pendant ce temps, les inégalités continuent de croître. Pourtant, dit-il, la question de la richesse est trop importante pour la laisser aux riches.

I – Gauche efficace : une définition : M. Lisée dit reprendre cette expression de François Legault, un homme qu’il qualifie de riche de gauche (!). La définition de l’auteur de la gauche efficace s’étendant sur plusieurs pages, je me contenterai d’en faire ressortir certains principes :

  • pour la gauche efficace, la création de richesse n’est pas une fin en soi, mais cette fin est plutôt la qualité de vie, dont la prospérité durable;
  • elle doit proposer des solutions qui créent les conditions de la réussite de chacun;
  • la création de richesse et sa redistribution vont de pair;
  • cette gauche doit encourager la créativité et l’innovation, ainsi que l’entrepreneuriat;
  • elle doit rejeter le tout au marché et la marchandisation des biens communs (santé, éducation, culture, etc.), mais ne pas rejeter le secteur privé tout en encourageant l’économie sociale;
  • elle doit combattre l’exclusion.

On verra que, si ces principes conviennent à la grande majorité des gens de gauche, cela sera moins évident lorsque l’auteur abordera leur mise en application…

II – Les défis du Québec : L’auteur démontre que la situation économique est bien moins mauvaise qu’on le dit et qu’elle se compare en fait avantageusement à celle de nos voisins du Canada et des États-Unis. Le Québec fait toutefois face à trois défis majeurs : le vieillissement de sa population, la hausse des prix de l’énergie (disons qu’on vit une pause de ce côté) et les changements climatiques.

III – Le mirage américain : L’auteur montre son américanophilie dans ce chapitre, tout en dénonçant avec ironie l’inadéquation de son système social de façon à éviter que le Québec soit tenté de l’imiter.

IV – Un pacte entre l’économique et le social : Je ne peux pas ici commenter tout ce pacte. Il faudrait que j’écrive un livre en réponse au sien! Je me contenterai de rétorquer à sa proposition de diminuer le taux d’imposition des entreprises (en échange de certaines améliorations aux conditions de travail des salarié.e.s). Malgré les avantages qu’accorde l’auteur aux baisses d’impôt des entreprises, on sait que celles qui ont été accordées au cours des dernières années n’ont eu aucun impact sur les investissements des entreprises, qui en ont plutôt profité pour augmenter leurs liquidités. En plus, même l’OCDE a recommandé aux pays de cesser de se concurrencer sur la base des taux d’imposition des entreprises (ce que je dis aussi depuis longtemps). Finalement, j’ai trouvé incohérent que l’auteur prétende que, de toute façon, l’impôt des entreprises est reporté aux consommateurs et aux salarié.e.s, sans réaliser qu’il venait de dire quelques pages auparavant que 50 % de ce qu’on fabrique est exporté. Donc, même s’il avait raison sur le transfert des coûts aux consommateurs (ce qui est selon moi moins automatique qu’il le prétend, car ces coûts peuvent aussi être transférés aux actionnaires), la moitié de ces consommateurs seraient étrangers.

V – Mieux harnacher notre énergie : Là, l’auteur parle de hausser les tarifs d’électricité de 60 % et de vendre 25 % d’Hydro-Québec… Il rembourserait les dépenses supplémentaires dues à la hausse des tarifs à tous les consommateurs québécois (y compris aux entreprises) par des crédits et des baisses d’impôt équivalentes et tablerait sur la baisse de notre consommation (hypothèse qui suppose que cette consommation soit élastique, ce que beaucoup de personnes contestent, dont moi) pour augmenter nos exportations. Avec l’augmentation de 60 % des tarifs, ce serait le pactole! Malheureusement pour lui, les prix à l’exportation ont diminué depuis qu’il a écrit ce livre en raison de la production de gaz de schiste aux États-Unis! Quant à la vente de 25 % d’Hydro-Québec, les gains à court terme seraient annulés par la baisse des profits remis à l’État à long terme. Notons en plus que les profits de cette vente seraient utilisés pour rembourser des emprunts sur lesquels les taux d’intérêt sont faibles (l’auteur le dit lui-même plus loin pour justifier des dépôts au Fonds des générations). L’économie en frais d’intérêts serait donc sûrement bien moins importante que la perte des rendements d’Hydro-Québec que cette vente sacrifierait éternellement. Bref, beaucoup de changements hasardeux pour pas grand-chose, sinon pour perdre. Il faut dire que je n’ai pas entendu souvent M. Lisée faire la promotion de cette «solution» récemment.

L’auteur propose ensuite de créer une taxe sur les énergies fossiles basée sur son prix historique le plus élevé. Je serais de mauvaise foi de ne pas approuver, car j’ai déjà proposé une taxe semblable, quoiqu’à un niveau plus élevé (plutôt basé sur un prix qui permet le rationnement de ces énergies) et appliquée internationalement. Finalement, il recommande la création d’Éole Québec qui nationaliserait la production d’énergie éolienne. Là aussi, j’applaudis.

VI – Faire payer les riches : mode d’emploi : Après avoir présenté un portrait des inégalités de revenu au Québec (avec quelques erreurs, mais qui ne changent rien au portrait global), M. Lisée propose d’aligner les amendes et certains tarifs aux revenus des familles. Je ne suis pas convaincu qu’il applaudirait aujourd’hui le PLQ qui a appliqué sa recommandation aux tarifs des services de garde!

Il adopte ensuite le mythe que l’impôt est plus dommageable pour l’économie que les taxes et les tarifs (en citant notamment Claude Montmarquette et Joseph Facal…). Il ne sait probablement pas qu’il ne fait ainsi que perpétuer un dogme néoclassique nullement appuyé par des études empiriques. Je l’invite à lire ce billet que j’ai écrit sur ce sujet. Il poursuit en proposant des niveaux de taxes différents selon les produits et en réduisant les avantages des dépôts dans les RÉER et les CÉLI (ce que j’appuie).

VII – Finie, la guerre contre le secteur public : Dans ce chapitre, M. Lisée se porte à la défense de notre fonction publique. Je n’ai rien à redire, sinon que cette défense serait encore plus pertinente aujourd’hui! Il poursuit en proposant diverses formules de concurrence ou d’autogestion dans le secteur public. Ces propositions sont difficiles à commenter, car il donne trop peu de précisions sur les mécanismes qui seraient adoptées. Cela semble si simple quand il le raconte, mais rien ne l’est quand on tente d’appliquer ce genre de principe.

VIII – Le vrai gisement de richesse : les Québécois : L’auteur se félicite dans ce chapitre du succès du modèle québécois dans la lutte à la pauvreté par rapport aux autres territoires nord-américains, tout en reconnaissant qu’il pourrait faire mieux. Il préconise par la suite un investissement encore plus grand dans les services de garde et dans le secteur de l’éducation, en mettant l’accent auprès des milieux défavorisés. Encore là, je ne peux qu’approuver. Mais les propositions suivantes me sourient moins, car elles sont essentiellement basées sur des incitatifs monétaires (cette section comprenant de très nombreuses propositions, il m’est impossible de toutes les commenter). Et où l’auteur a-t-il pris l’information que l’assurance-emploi peut être réduite de moitié ou même abolie pour les prestataires fréquents? Le plus que ce régime a fait (et cela n’existe plus depuis 2000) à cet égard fut de réduire graduellement le taux de remplacement du revenu de 55 % à 50 %. Ce genre d’erreurs m’irrite, surtout quand on se sert de ces exemples erronés pour appuyer ses propositions de changements.

IX – Appliquer le principe de précaution à nos finances : Ce chapitre a encore moins bien vieilli que les précédents. En effet, une forte proportion de ses propositions ont déjà été réalisées : établissement du Fonds des générations, hausse de la TVQ de deux points de pourcentage, équilibre budgétaire, etc. Il propose toutefois en plus de rétablir la taxe sur le capital pour les entreprises financières, ce que j’appuie. Il effectuerait aussi des compressions de 400 millions $ aux dépenses gouvernementales (grâce aux gains de productivité dus à ses propositions précédentes). Disons que ses propositions ressemblent beaucoup à celles appliquées par le gouvernement actuel (hausse de la TVQ, augmentation des dépôts au Fonds des générations et compressions des dépenses de l’État). Il prétend pouvoir faire passer ainsi le ratio de la dette brute (il parle même de la dette totale) sur le PIB à 13 % en 20 ans, alors qu’elle se situe actuellement à 55 % (elle était à environ 50 % quand il a écrit son livre, soit avant la récession de 2009) et que le dernier budget des libéraux vise à ce qu’elle atteigne 49,5 % en 2021 (voir la page E.10). Et cet objectif serait atteint dans un contexte où les besoins, notamment en santé, continueront d’augmenter, hausse des besoins dont l’auteur est bien conscient, car elle fait partie des trois plus importants défis qu’il a mentionnés au deuxième chapitre (sous le thème du vieillissement de la population) pour justement justifier les changements qu’il propose. Je ne vois vraiment pas comment ce scénario, même adapté à la situation actuelle, pourrait se réaliser. Et, l’auteur ne nous fournit aucune donnée précise pour pouvoir apprécier ou critiquer ses calculs.

X – Céline et Ginette : À partir d’une comparaison entre les carrières de Céline Dion (internationale) et de Ginette Reno (essentiellement locale), l’auteur en vient à prôner que l’important est de choisir ce qui nous convient le mieux. Il n’est pas nécessaire de toujours travailler plus, comme un ancien premier ministre le prétendait! L’État doit au contraire accompagner les citoyens dans leurs choix. Je ne peux qu’appuyer cette analyse. Par la suite, M. Lisée propose d’éliminer conditionnellement à l’investissement des entreprises en innovation et en formation deux des taxes sur la masse salariale qu’elles payent actuellement, soit celles pour le Fonds de santé et pour l’assurance parentale, en augmentant encore une fois la TVQ, cette fois de 8,5 points de pourcentage (ce qui porterait le total de ces taxes, TPS et TVQ, à 23,5 %). Ouf! Et il ne dit pas un mot sur l’impact de cette hausse sur l’inflation et semble minimiser ceux qu’il mentionne : déplacement des achats vers les territoires extérieurs au Québec où la taxe est moins élevée, achats au noir (il prétend que les taxes sont inévitables) et perte de pouvoir d’achat de la classe moyenne (il hausserait les crédits de solidarité pour les plus pauvres, mais les baisses d’impôts seraient sûrement insuffisantes pour compenser à la fois la hausse des tarifs d’électricité et celle des taxes à la consommation pour la classe moyenne).

XI – Égalité pour les vices : L’auteur recommande de décriminaliser et d’encadrer la vente de marijuana (bien d’accord) et la prostitution (là, c’est bien plus délicat). Mais, pour ce, le Québec devrait devenir un pays (à moins que le gouvernement fédéral agisse à ce sujet).

XII – Tous pour un ! Vers un nouveau fil social : Dans ce chapitre, les propositions de l’auteur m’ont paru moins claires. Il semble vouloir adopter le principe de «flexisécurité» implanté au Danemark, mais avec quelques aménagements. Il s’agit de faciliter les licenciements, mais en contrepartie d’améliorer et de prolonger les indemnités aux personnes licenciées qui devraient participer à des activités liées à l’emploi (formation ou autres). Il augmenterait aussi l’âge donnant le droit aux prestations de retraite de cinq ans, période que les gens pourraient prendre en congé (volontaire ou en raison de chômage) au cours de leur carrière (pour les personnes qui n’en profiteraient pas, l’âge donnant le droit aux prestations de retraite serait maintenu).

XIII – La théorie du Big Bang : L’auteur explique dans ce chapitre comment il mettrait en application ses recommandations. Certaines seraient implantées rapidement, mais d’autres feraient l’objet de consultations (encore une chance). Finalement, d’autres devraient attendre que le Québec soit un pays.

XIV – Gauche efficace: prochains épisodes : Dans ce chapitre, l’auteur présente 12 défis que le Québec et le monde entier devront relever dans les prochaines décennies (selon le livre Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie de Jared Diamond) : épuisement des ressources, de l’eau potable et de l’énergie fossile, et autres catastrophes du genre. L’auteur prétend que de nombreuses de ses propositions peuvent atténuer les impacts de ces catastrophes. Par exemple, la hausse des prix de l’énergie et sa taxe sur le carbone incitent à relocaliser la production qui a été sous-traitée dans des pays à bas salaire. Il ne mentionne toutefois pas que cette taxe rend nos entreprises moins concurrentielles (même si j’appuie cette taxe, je prétends encore qu’elle serait plus efficace si elle était implantée mondialement, mais, je sais, ce n’est pas évident). Il poursuit avec d’autres propositions pour favoriser l’efficacité énergétique, la hausse de l’utilisation du transport en commun et la limitation de l’étalement urbain. Là, j’appuie (quoique les moyens proposés me semblent bien timides)! Il termine ce chapitre en s’interrogeant sur la surconsommation et la recherche sans fin de la croissance du PIB. Par contre, je ne vois pas en quoi ses propositions atténueraient ces tendances, d’autant plus qu’elles visent entre autres à ce que le PIB par habitant du Québec se rapproche de celui de ses voisins (surtout par la hausse de la productivité, mais l’effet sur le PIB demeure le même qu’une hausse du taux d’emploi et des heures travaillées).

Conclusion : Jean-François Lisée conclut en affirmant très bien savoir que ses propositions seront critiquées par la gauche aussi bien qu’avec la droite. Il n’a pas tort! Il souhaite toutefois des critiques constructives et non seulement idéologiques. Personnellement, j’ignore comment il recevrait les miennes!

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Comme mentionné au début de ce billet, j’avais tellement entendu parler de ce livre qu’il fallait bien que je le lise un jour! Donc, cette question ne se pose pas pour moi. Par contre, il est bien certain que les huit ans entre sa parution et ma lecture créent une distorsion importante. Je sais que les prix du pétrole ont diminué et non pas augmenté comme il le croyait (et moi aussi à l’époque), et que nos voisins des États-Unis ont trouvé le moyen de produire leur électricité à prix bien moindre qu’à l’époque en raison de leur exploitation (irréfléchie) des gaz de schiste.

Et il a raison, comme tout bon gauchiste, certaines de ses propositions ne me sourient pas, surtout la vente du quart d’Hydro-Québec et la hausse spectaculaire de la TVQ. Dans ce dernier cas, c’est sa croyance dans le dogme néolibéral que les taxes nuisent moins à l’économie que les impôts qui me déçoit le plus. Il donne le Danemark en exemple, mais sait-il que ce pays a conservé le taux le plus élevé de l’impôt sur le revenu de tous les pays occidentaux (et même non occidentaux)? S’il le sait, il ne l’a pas mentionné! Sait-il que la Suède, en augmentant ses taxes et en diminuant ses impôts a connu la plus forte hausse des inégalités entre 1985 et 2011 de tous les pays de l’OCDE, sans connaître de croissance du PIB hors de l’ordinaire? Bon, il ne pouvait pas le savoir en 2008…

Cela dit, malgré l’aspect parfois brouillon de ses propositions, il en fait tellement qu’il nous force à réfléchir, à envisager d’autres moyens d’atteindre des objectifs de gauche et surtout à peaufiner nos arguments pour le contredire! Ne serait-ce que pour cela, la lecture de ce livre vaut encore la peine…

7 commentaires leave one →
  1. Robert Lachance permalink
    18 avril 2016 8 h 15 min

    Ce livre a été écrit en 2008 alors que l’auteur était chef de la direction au CÉRIUM et journaliste à L’actualité, avant sa graduation du bunker au front.

    Lire ou ne pas lire ? Pour moi, la question est maintenant relire ou ne pas relire. J’ai revu l’introduction pour me rappeler à quel escient et dans quel contexte ce livre a été écrit. Il l’ancre entre Parizeau et Marois. J’ai bien remarqué qu’il a emprunté l’expression « gauche efficace » à François Legault.

    Je mets la relecture du reste de Pour une gauche efficace au feuilleton. Lire le dernier Roméo Bouchard, Survivre à l’offensive des riches 2016, m’apparaît plus fondamental et éclairant pour l’écriture d’une constitution québécoise avec moins d’état, un plutôt que deux, ce qui ne devrait pas déplaire à Éric Duhaime et Mieux d’état, le seul livre que j’ai lu de Martine Ouellette.

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  2. 18 avril 2016 8 h 52 min

    «Lire le dernier Roméo Bouchard, Survivre à l’offensive des riches 2016, m’apparaît plus fondamental»

    Ça va venir, mais je ne peux même pas le réserver pour l’instant, mes biblis ne l’ayant pas encore reçu.

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  3. 20 avril 2016 13 h 18 min

    Merci à l’auteur de ce blogue pour la recension la plus sérieuse produite de mon bouquin, depuis huit ans. Pour le plaisir de la conversation, je vais commenter quelques-uns de ses commentaires.

    I. Gauche efficace, une définition

    Un élément non repris ici mais que je juge essentiel est l’innocuité des réformes sur les salariés et les citoyens. C’est à dire qu’on peut bien bouleverser les choses pour atteindre un meilleur équilibre, mais cela doit se faire en respectant les droits acquis des salariés et s’assurer d’un impact fiscal global nul ou positif pour les démunis et la classe moyenne.

    II. Les défis

    Effectivement, tous les scénarios de hausse rapide du prix des hydrocarbures, qui faisaient consensus à l’époque, se sont écroulés.

    III. Un pacte entre l’économique et le social

    Les arguments avancés par Jeanne/Darwin sont justes. L’expérience récente a montré que les entreprises encaissent, sans les investir, les baisses d’impôts. La dynamique peut être différente pour les entreprises exportatrices, qui forment une grande part du tissu québécois. Et s’il est vrai que la baisse des coûts de production sont, pour elles, répercutées à l’étranger, cela permet une hausse de compétitivité, donc de production, donc de la création d’emploi au Québec.

    Par ailleurs j’ai pu constater comme ministre du Commerce extérieur que les programmes de soutien aux entreprises exportatrices étaient, de loin, les plus efficaces pour l’augmentation de la productivité. Les trois quarts des entreprises aidées par nos programmes d’exportation comptaient moins de 50 employés. La moitié de celles que nous avons aidées ont investi dans leurs équipements et les deux-tiers ont amélioré leurs produits ou en ont développé de nouveaux.

    V. Mieux harnacher notre énergie

    Ici en effet les coûts ont tout changé depuis la publication — et rend plus ardue l’introduction rapide d’énergies de remplacement aux hydrocarbures et l’envoi d’un signal de prix efficace pour induire un changement de comportement.

    Comme je l’ai indiqué dans le bouquin, les propositions sont soumises à la discussion. Sur les 25% d’Hydro, j’ai été convaincu peu après la publication de la faiblesse de l’idée par des arguments semblables à ceux évoqués ici . (Seul scénario gagnant: si les taux d’intérêt sont très élevés et si la valorisation boursière potentielle d’Hydro était surévaluée. Sinon, aucun intérêt.)

    VI – Faire payer les riches, mode d’emploi

    En effet, plusieurs des proposition du chapitre sont devenues réalité. (Sauf la modulation des amendes en fonction du revenu.)

    Sur la question de l’effet comparé des impôts, taxes et tarifs sur la croissance, j’ai lu avec intérêt le contre argument publié ici l’an dernier. Les bases théoriques sont faiblissimes. Je l’ai même envoyé à Luc Godbout et Nicolas Marceau.

    Ils plaident que l’impact — meilleure sur la croissance lorsque la taxe ou le tarif remplace l’impôt — est le résultat donné par l’énorme logiciel utilisé par les Finances lorsqu’on simule diverses mesures sur l’économie.

    Le hic, c’est que ce logiciel n’est pas disponible pour discussion par d’autres experts, ce qui fut demandé l’an dernier sans succès.

    IX – Appliquer le principe de précaution à nos finances

    Effectivement la situation a beaucoup évoluée depuis 8 ans sur ce plan. Même Pierre Fortin s’est ravisé sur la gravité présumée de la situation. Un scénario de 2016 devrait être complètement différent. J’ai été très sensibles aux arguments avancés par Louis Gill dans l’Action nationale de janvier dernier à ce sujet.

    X – Céline et Ginette

    La transformation proposée ici s’étalerait sur plusieurs années, ce qui permettrait de bien évaluer les impacts sur l’inflation et le pouvoir d’achat des non-salariés. Les questions posées sont bonnes, mais n’invalident pas le scénario.

    XIV – Prochains épisodes

    J’ai en effet tenté d’approfondir ces thèmes plus larges (problèmes de surconsommation, inégalités, défi écologique) dans un long essai, Le capitalisme : en sortir, le dompter ou le dépasser ?, publié en 2009 dans le livre collectif Imaginer l’après crise. Là encore, quelques propositions auront vieillies (notamment sur les paradis fiscaux) mais je serais très curieux de lire les commentaires de Jeanne Emard/Darwin, que je remercie pour la qualité de son travail.

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  4. 20 avril 2016 18 h 05 min

    Merci pour les bons mots!

    « Et s’il est vrai que la baisse des coûts de production sont, pour elles, répercutées à l’étranger, cela permet une hausse de compétitivité, donc de production, donc de la création d’emploi au Québec.»

    Ce raisonnement me pose problème, comme je le dis dans le billet. La concurrence fiscale est actuellement un des plus gros problèmes pour le financement des États, et la principale raison de la croissance des paradis fiscaux (ou législations de complaisance, dirait Alain Deneault). C’est un exemple éloquent du dilemme du prisonnier : les États ont intérêt à collaborer, mais sans collaboration, il y aura toujours des passagers clandestins. Cela porte les autres États à diminuer aussi leurs impôts et, au bout du compte, tous y perdent.

    Le pire, c’est que ce ne sont pas que les entreprises qui se concurrencent sur la scène internationale qui bénéficient de ces baisses, mais toutes les entreprises, même locales (ce qui, par exemple, avantage l’incorporation des professionnels…), soit la majorité des entreprises.

    «Ils plaident que l’impact — meilleure sur la croissance lorsque la taxe ou le tarif remplace l’impôt — est le résultat donné par l’énorme logiciel utilisé par les Finances lorsqu’on simule diverses mesures sur l’économie.»

    Bien sûr! Mais le résultat dépend du fonctionnement du logiciel, qui est aussi basé sur un modèle d’équilibre général stochastique dynamique. C’est l’exemple parfait de la critique de la «mathiness» faite récemment par de nombreux économistes, dont Paul Romer. On se cache derrière des logiciels complexes sans plus se poser la question des hypothèses à la base de son fonctionnement (agents représentatifs, pas de dettes, etc.). Je n’ai pas vu de texte précis sur le fonctionnement de ce logiciel précis, mais des gens du milieu m’ont confirmé qu’il fonctionnement comme celui utilisé par le fédéral : les conclusions sont dans les hypothèses et dans les équations conçues à partir de ces hypothèses.

    «mais je serais très curieux de lire les commentaires de Jeanne Emard/Darwin, que je remercie pour la qualité de son travail»

    Je ne dis pas non, mais ça risque de prendre un bout de temps. J’ai pu prendre le temps de lire «Pour une gauche efficace» parce que mes réservations à la bibliothèque tardaient à me parvenir. Mais là, j’en ai reçu tellement d’un coup (et j’en attend quelques autres bientôt) que je vais devoir me concentrer sur ceux-là en premier lieu. Mais, quand j’aurai un autre «trou» dans l’arrivée de mes réservations, je vais aller le chercher (il y en a trois copies à la Grande bibliothèque).

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  5. Raymond Lutz permalink
    28 avril 2016 20 h 01 min

    « Ils plaident que l’impact — meilleure sur la croissance lorsque la taxe ou le tarif remplace l’impôt — est le résultat donné par l’énorme logiciel utilisé par les Finances lorsqu’on simule diverses mesures sur l’économie. » Nooon… Dites-moi pas que les politiques économiques de nos gouvernements sont basées sur un LOGICIEL DE SIMULATION???

    Pourquoi pas une macro Excel empruntée à messieurs Reinhart et Rogoff, tant qu’à y être?

    Non, sérieusement, je savais que l’économie était autant une science que ne l’est l’astrologie, mais j’ignorais l’ampleur de la fraude.

    Et j’aime bien la description: « l’énorme logiciel »… Il y a probablement plus de lignes de code dans l’iOS qui roule sur leur iPhone que dans leur ‘énorme logiciel’. Ils confondent avec le prix de la license probablement…

    bon, désolé pour mon débordement et mes majuscules et du peu de substance de mon commentaire. Mais il a le mérite d’être bref… 😎

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  6. 28 avril 2016 20 h 32 min

    «Dites-moi pas que les politiques économiques de nos gouvernements sont basées sur un LOGICIEL DE SIMULATION???»

    Voir ce billet, où je décris une des études citées par Godbout assez en détail :

    Les taxes et les impôts

    Et, oui, les modèles du genre sont disponible dans des logiciels spécialisés…

    « l’énorme logiciel »

    Il est en effet pratique, car avec plein d’équations, il donne l’illusion de la précision physique. En fait, cela fait en sorte que presque personne ne comprend finalement comment ce logiciel arrive à ses résultats.

    «désolé pour mon débordement»

    Moi, ça me va. Ça montre que je ne suis pas le seul à m’indigner du fait qu’on base des décisions aussi importantes sur des hypothèses follichonnes…

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  7. Raymond Lutz permalink
    29 avril 2016 7 h 51 min

    Une gauche efficace suspendrait-elle le droit d’assemblée, M. Lisée? Pour ceux qui ne saisissent pas mon allusion, je fais référence au règlement P-6 et son désaveu alors qu’il bloguait à L’Actualité (smmeb). PS: ne jouez pas la carte du devoir de réserve, SVP. Obama ne s’est pas enfargé dans les fleurs du tapis concernant le cas Manning et il est avocat.

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