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L’âge économique

18 juillet 2016

âge économique

Dans L’âge économique, Claude Vaillancourt se désole que «l’économie occupe une place démesurée dans les sociétés d’aujourd’hui» et que «tout ce qui existe est jaugé à l’aune des chiffres, de la rentabilité, de la rationalité économique». Comme ce livre regroupe 30 textes (la plupart déjà parus, surtout dans la revue À babord!, mais aussi dans le Journal des Alternatives, l’Aut’journal, la revue Relations et un autre livre), je ne pourrai pas tous les résumer. Je me contenterai donc de mentionner les sujets abordés dans ces textes.

Après une préface où Ianik Marcil (il est partout!) regrette que le «there is no such thing as a society» (la société n’existe pas) individualiste de Margaret Thatcher ait triomphé de la vision plus coopérative de Keynes (qui trouvait les arts et la science plus essentiels que l’économie) et souhaite que l’économisme hégémonique disparaisse, Claude Vaillancourt entre en scène :

  • il dénonce le tout à l’économie, dont l’influence envahit même «jusqu’à ce qui relève de l’intime, comme l’amour et l’amitié»;
  • il décrit le conflit entre la démocratie et le pouvoir des grandes entreprises, notamment financières, mais aussi les autres;
  • après s’être attaqué à la corpocratie, il met la ploutocratie dans sa mire;
  • là, il énonce une évidence, soit que la gauche a toujours raison!
  • il voudrait qu’on domestique le secteur financier à l’aide d’une taxe sur les transactions financières (TTF);
  • quelques années avant que Alain Deneault le fasse (ce texte date de 2010), il se hérisse de l’utilisation grandissante du terme «gouvernance» et montre que le concept derrière ce terme s’oppose à celui de gouvernement démocratique;
  • il compare Facebook à une entreprise publicitaire;
  • il montre les différences de l’utilisation des médias entre la gauche et la droite;
  • il se demande quel monde vert nous désirons, en opposant le capitalisme vert (qui ne remet pas vraiment en question l’idéologie actuelle basée sur la surconsommation et de la croissance) et un véritable changement de mode de vie;
  • il se souligne l’incohérence de l’élection de PKP à la tête du PQ;
  • il se questionne sur le type de gouvernement que dirigera Justin Trudeau, entre l’innocence de ce nouveau venu en politique et le «professionnalisme» de ce parti politique;
  • il montre les ravages que le tourisme peut engendrer, notamment dans des villes comme Venise et Québec;
  • il analyse l’impact de la multiplication des lois complexes, localement et dans les ententes internationales, et s’inquiète de la judiciarisation croissante générée par ces lois;
  • contrairement à nos élu.e.s et à bien des analystes, il ne s’inquiète pas trop du vieillissement de la population et y voit même des avantages (notons que ce texte date de 2006);
  • il montre le côté obscur de la philanthropie;
  • il présente les utopies anciennes et souligne que leurs auteurs n’ont jamais rêvé «à l’individualisme forcené qui caractérise notre époque ni à une société où chaque individu est en concurrence avec tous les autres»;
  • à l’inverse, les utopies plus récentes sont la plupart du temps négatives (et sont donc des dystopies);
  • il déplore que l’expert.e hyper spécialisé.e ait remplacé dans la société actuelle l’intellectuel.le plus généraliste et capable de faire des liens;
  • il souligne l’importance primordiale de la culture dans toute société et déplore le faible financement que l’État lui accorde;
  • il présente le dilemme de la diffusion des arts sur Internet : doit-on favoriser l’accessibilité par la gratuité ou réglementer pour assurer une juste rétribution des artistes?
  • il aborde la menace de la commercialisation à outrance des arts, qui entraîne l’uniformisation des œuvres, ce qui laisse peu de place pour celles qui sont plus originales;
  • il revient sur le même sujet, mais en se concentrant sur les conséquences de ce phénomène dans le domaine de la littérature;
  • il commente la relation des chefs d’État avec la littérature et son impact sur leur façon de gouverner;
  • il analyse la mise en contexte de la liberté, de la religion, de la soumission et de quelques autres thèmes dans l’œuvre de Dostoïevski;
  • il présente les avantages et les désavantages de l’accession de cinéastes québécois au cinéma hollywoodien;
  • il déplore le remplacement de la Chaîne culturelle de Radio-Canada (il n’y avait pas de «ici» quand il a écrit ce texte…) par («l’insipide», dit-il) Espace musique;
  • il vante la trilogie d’Alejandro González Iñárritu formée des films Amores perros, 21 grams et Babel;
  • il se pose cette question sur l’évolution du jazz : «accorde-t-on plus de valeur à l’art populaire qu’il était, pour son authenticité, qu’à ce qu’il est devenu, un art qui touche surtout, selon certaiNes, un public ciblé et élitiste?».

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Si on n’a pas déjà lu ces textes, ils valent certainement la peine de l’être. Personnellement j’ai davantage apprécié la première moitié de ce livre, car ses textes sont liés à des thèmes socio-économiques, alors que la deuxième moitié touche des thèmes portant essentiellement sur la culture. Cette préférence ne signifie nullement que ces textes sont moins pertinents (quoique je les aie trouvé moins lié au thème du livre), mais est plutôt une question de goût et de couleur (comme le dirait Bernard Landry, «de gustibus et coloribus non est disputandum»…)!

2 commentaires leave one →
  1. 18 juillet 2016 7 h 20 min

    «Personnellement j’ai davantage apprécié la première moitié de ce livre, car ses textes sont liés à des thèmes socio-économiques, alors que la deuxième moitié touche des thèmes portant essentiellement sur la culture.»

    L’économique est très reliée à la culture. Dépendamment à qui on s’adresse et de la façon qu’on l’aborde, il y a des portes qui se ferment relativement facilement, avant même qu’on commence. Hier, j’ai vu 2 jeunes, un frère et une sœur probablement, environ 6 ou 7 ans, assis à une petite table de circonstance,qui vendait quelque chose, sans trop savoir quoi. Quand je suis passé devant eux, Ils m’ont accueilli avec un beau bonjour. J’ai fait de même mais sur le ton de quelqu’un qui s’adresse à de très jeunes enfants. Dès que j’ai passé le kiosque m’est venu à l’esprit l’histoire de ces deux jeunes qui s’étaient fait enlever le droit de vendre leurs produits, la semaine dernière. Je me suis dit : ils ont dû s’inspirer de cela, motivé d’une façon quelconque par leurs parents. C’est là que la culture de l’économique entre en jeux. Ceux de qui ils s’étaient inspirés ont finalement eu le droit de vendre leurs produits aux passants, probablement parce qu’ils étaient jeunes et que l’image du média frappait fort les mentalités. Pas sûr que les choses se seraient passés de la même façon s’ils avaient été adultes et qu’ils auraient dérangés un protectionnisme quelconque? Par conséquent, il faut comprendre ceci: Nous vivons dans un système où on nous oblige, au nom de notre adaptation, à s’asseoir à une table de poker avec des gens qui ont tout ce qu’il faut dans leurs jeux, pour changer les lois à leurs avantages, au besoin. Dites-moi pourquoi je devrais être obligés de tout faire pour faire de l’argent et du grenouillage de façon à me montrer plus intelligent que Pierre, Jean ou Paul? Bref, des multimillionnaires nous volent notre temps et nos vies, parce qu’ils cherchent à nous entraîner dans leurs sillons, en forgeant nos mentalités dans ce sens. Je vais m’arrêter ici, mais une grande part de notre intelligence humaine se perd à vouloir tout braquer sur l’économique. Par exemple, on utilise l’utilitarisme pour se faire des amis, vivre l’amour humain, etc., juste parce que ça fait parties, entre autres, des moyens pour s’enrichir, faire de l’argent.

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  2. 18 juillet 2016 8 h 30 min

    «L’économique est très reliée à la culture.»

    Bien sûr, mais si certains textes de la deuxième partie du livre abordent ce lien (commercialisation) d’autres ne le font nullement (comme l’évolution du jazz ou l’appréciation de la trilogie d’Alejandro González Iñárritu). Je voulais quand même mentionner cette brisure dans l’esprit du thème du livre.

    «une grande part de notre intelligence humaine se perd à vouloir tout braquer sur l’économique»

    Tout à fait et cela est directement lié au thème central du livre, thème moins ou pas présent dans certains des derniers textes.

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