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Les superbes

5 décembre 2016

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Les superbes, Une enquête sur le succès et les femmes de Léa Clermont-Dion et Marie-Hélène Poitras est, comme le titre l’indique bien, une enquête visant à savoir ce qui se passe quand les femmes réussissent. Comme ce livre compte plus de 30 textes, je vais les présenter en fonction des thèmes sur lesquels ils ont été regroupés et devrai malheureusement résumer outrancièrement leur contenu.

Introduction, la rencontre : Cette introduction relate les circonstances qui ont entouré la première rencontre entre les auteures. Les échanges qu’elles ont eus au cours de cette rencontre les ont convaincues de la nécessité d’écrire ce livre.

1. Les origines de la quête : On trouve dans ce chapitre :

  • un échange de lettres entre les auteures, soulignant entre autres les menaces qu’elles ont reçues (allant jusqu’au viol et au meurtre) après avoir été invitées à Tout le monde en parle pour un roman et un documentaire;
  • la présentation d’Élise Gravel, une auteure et illustratrice de littérature jeunesse et de Stéphanie Harvey, une conceptrice et joueuse professionnelle de jeux vidéo (cinq fois championne du monde) qui a reçu elle aussi sa part de menaces et d’invectives dégradantes, violentes et obscènes;
  • une entrevue avec Pauline Gagnon, une physicienne des particules qui a contribué à la découverte du boson de Higgs; elle aussi a reçu son lot de propos sexistes et a même quitté un emploi pour cette raison;
  • des textes sur Anna Goodson, une entrepreneure en illustration sur le Web, puis sur Hélène Charron, professeure de sociologie, spécialisée en sociologie des genres, qui explique notamment les différences de traitement entre les gars et les filles dans le système d’éducation, et même entre les professeures et les professeurs.

2. Les femmes qui parlent dérangent : Ce chapitre débute lui aussi avec un échange de lettres entre les auteures, lettres qui portent entre autres sur le mauvais traitement que les femmes subissent trop souvent lorsqu’elles prennent la parole dans un groupe (manque de respect, ignorance, nombreuses coupures de parole, etc.). On y trouve ensuite :

  • une entrevue avec Béatrice Martin (ou Cœur de pirate) qui soulève entre autres les remarques négatives qu’elle a subies au début de sa carrière de la part des musiciens qui ne la prenaient pas au sérieux;
  • une lettre de Marie-Hélène Poitras qui mentionne d’autres cas où des artistes se sont fait ridiculiser ou déprécier du seul fait qu’elles étaient des femmes;
  • une entrevue avec Perrine Leblanc, une auteure qui a reçu de nombreux prix et qui, elle aussi, a reçu sa part de commentaires négatifs et d’accusations affirmant par exemple que son succès était dû à son apparence (en des termes plus crus…);
  • une lettre qui développe sur ce sujet;
  • une entrevue avec Martine Delvaux, professeure d’études littéraires à l’UQAM, qui, en plus de porter sur la difficulté pour une femme de prendre la parole sans se faire interrompe, aborde la place que les hommes peuvent prendre dans le mouvement féministe.

3. Les rênes du pouvoir : Les premières pages de ce chapitre sont aussi consacrées à un échange de lettres entre les auteures, échange qui porte sur la question du manque de femmes dans les postes de pouvoir, surtout en politique. On y trouve ensuite :

  • un entretien avec Pauline Marois, première première ministre du Québec, qui aborde non seulement les raisons qui peuvent expliquer la faible présence des femmes en politique et la difficulté pour une femme de percer dans ce cercle patriarcal, mais aussi la question de savoir si les femmes exercent le pouvoir différemment;
  • une entrevue avec Fabienne Larouche, auteure, scénariste et productrice pour la télévision, qui, elle, n’a jamais senti de sexisme dans les critiques qu’elle reçoit, mais plutôt de la jalousie envers les personnes, hommes ou femmes, qui ont du succès;
  • deux courtes entrevues, la première avec Joanne Liu, présidente de l’organisme Médecins sans frontières (MSF), qui raconte son expérience d’avoir fait un court discours de cinq minutes à l’ONU, et la deuxième, avec Amir Khadir, sur l’importance du féminisme à Québec solidaire et dans toute la société.

4. Légitime défense : Cette fois, ce chapitre s’ouvre avec une seule lettre, mais très intense, portant sur les injustices subies par les femmes qui ont des ambitions (j’ai évité l’adjectif «ambitieuse», tellement mal perçu…). Puis, on y lit :

  • le compte-rendu d’un lunch avec Sonia Lebel, procureure qui a participé à la Commisson Charbonneau, qui montre que les femmes doivent combattre les perceptions des hommes dans ce milieu très masculin et qu’elles peuvent les surmonter si elles se concentrent sur leurs objectifs (je résume fortement cette longue entrevue très intéressante);
  • une entrevue avec Noémie Mercier, journaliste qui a entre autres ébranlé l’armée canadienne en écrivant un reportage sur les cas d’agressions sexuelles dans ses rangs. Elle développe sur ce sujet en soulignant notamment la force de caractère de la victime qui a la première dénoncé ces agressions, soit Stéphanie Raymond;
  • une lettre d’une des auteures qui parle de sa participation à l’université féministe d’été à Québec et des femmes superbes qu’elle y a rencontrées;
  • un entretien avec Widia Larivière, une des fondatrices de la division québécoise du mouvement Idle no more (finie, l’apathie), qui dénonce la discrimination dont sont doublement victimes les femmes autochtones, en soulignant entre autres le délai avant de lancer une consultation publique sur la disparition et l’assassinat de plus de 1200 femmes autochtones;
  • une entrevue avec Louise Arbour, qui fut juge à la Cour suprême du Canada et membre de nombreux autres organismes prestigieux. Elle aborde aussi bien la condition des femmes en Afrique que celle des femmes dans des postes prestigieux (un autre texte passionnant!);
  • un rappel du texte odieux de Gab Roy sur l’artiste et réalisatrice Marilou Wolfe qui a eu le courage de le poursuivre en justice.

5. La résistance : Encore une fois, ce chapitre s’amorce avec une lettre d’une des auteures qui s’interroge sur la façon d’élever sa fille pour éviter qu’elle ne vive les mêmes frustrations que sa mère et qui se demande de quelle façon on pourrait inclure les hommes dans la lutte féministe. Ce chapitre se poursuit avec :

  • une lettre de Rafaël Ouellet, un réalisateur, qui se considère féministe et qui présente son appui au féminisme et sa solidarité avec les femmes sans fanfares, de façon sobre, mais déterminée;
  • un texte de Francine Pelletier, journaliste notamment cofondatrice de la revue La vie en rose et chroniqueuse au Devoir, dans lequel elle se montre sceptique face concept du succès des femmes, ne se considérant par exemple pas du tout comme une femme à succès, mais comme une battante.

6. Rendre visible l’invisible : La lettre du début de ce chapitre porte surtout sur les femmes les moins choyées et sur les «invisibles», monoparentales, aidantes naturelles, autochtones, handicapées, etc. Pour creuser ce sujet, une des auteures rencontre à nouveau Hélène Charron (la sociologue). Cette entrevue est suivie par une autre, avec Ericka Alneus, une travailleuse communautaire, fille d’immigrants haïtiens, qui parle notamment des difficultés d’intégration des immigrants et surtout des immigrantes, entre autres en raison du manque de modèles sur lesquels ils et elles peuvent s’inspirer. L’écrivaine et cheffe d’une famille monoparentale, Marie-Christine Lemieux-Couture, se désole de la violence envers les femmes sur le Web, et des préjugés envers les mères monoparentales et envers les femmes qui réussissent. Finalement, Chris Bergeron, publicitaire, nous parle de la situation vécue par une personne qui décide de changer de sexe.

7. Une éclaircie : La lettre d’introduction à ce chapitre aborde les difficultés vécues par les femmes qui tentent de percer dans l’univers musical très masculin. Dans cette optique, le chapitre se poursuit avec une entrevue avec Marie-Mai et une lettre de Mitsou Gélinas.

8. La fin d’une correspondance : Ce dernier chapitre contient les deux dernières lettres échangées par les auteures. Elles commentent tout ce qu’elles ont appris et retenu de l’expérience vécue en travaillant à la recherche et à la rédaction de ce livre (et abordent d’autres sujets). Les deux se sont senties grandir et ont été émerveillées par la richesse des échanges avec les superbes rencontrées, mais demeurent bien conscientes du chemin à parcourir avant de parvenir à l’égalité.

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Lire! J’avais un peu d’appréhension avant d’aborder ce livre, craignant qu’il soit uniquement négatif. C’est loin d’être le cas! Il nous fait passer par toutes les gammes des émotions, de l’indignation et de la colère face aux injustices et aux violences subies par trop de femmes, à l’admiration devant celles qui savent se tenir debout face à l’adversité. Les textes sont clairs, la mise en page est originale et agréable, et les sujets abordés sont intéressants et touchent à de nombreux domaines différents. Seul bémol, le livre n’est pas facile à lire debout dans l’autobus en raison de son format spécial (plus large que la moyenne). Disons que ce défaut est bien pâle face à la splendeur des qualités de ce livre!

One Comment leave one →
  1. Gilbert Boileau permalink
    5 décembre 2016 8 h 15 min

    Merci. Quel beau cadeau de Noël à offrir ….

    Aimé par 1 personne

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