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Après le capitalisme

20 mars 2017

apres-le-capitalismeC’est après avoir lu un article du Devoir que j’ai décidé de réserver Après le capitalisme. Essai d’écologie politique de Pierre Madelin. L’auteur se demande dans ce livre «Comment s’émanciper de cette servitude volontaire où consommation et capitalisme riment avec destruction des conditions de vie sur Terre ?».

1. Que se passe-t-il? : L’auteur considère que la crise environnementale actuelle, avec le réchauffement climatique, la sixième extinction massive des espèces et la pollution sans cesse plus envahissante, représente «le plus grand défi auquel ait jamais été confronté l’homo sapiens dans toute son histoire». Ce n’est pas la planète qu’il faut sauver, elle a en masse le temps de se régénérer et même d’éliminer nos déchets radioactifs, mais les espèces qui y vivent dont l’être humain. Pour ce, il doit cesser de voir la nature comme une ressource qu’il doit dominer, mais accepter le fait qu’il en fait partie. Cela semble simple, mais cette transformation ne peut se réaliser qu’au moyen d’une révolution sociale et politique. Et l’objet de cette révolution doit être de se débarrasser du capitalisme, responsable de la crise environnementale. Cela dit, il ne faudrait pas le remplacer par un système qui présente les mêmes défauts…

2. «Le capitalisme ne mourra pas de mort naturelle» : L’auteur présente trois limites à la reproduction du capitalisme que je vais simplifier outrageusement :

  • la limite interne, celle de la croissance des profits essentiels à son existence;
  • la limite écologique qui repose sur le principe que la croissance infinie est impossible dans un monde fini;
  • la limite anthropologique qui détruit les liens sociaux essentiels à la nature humaine.

L’auteur précise ensuite que ces limites risquent de se manifester trop tard. Comme le titre de chapitre le mentionne, il faudra aider le capitalisme à disparaître avant que ces limites se manifestent…

3. Quels antagonismes? : L’auteur tente d’expliquer dans ce chapitre que le capitalisme se caractérise par la dépossession. La propriété a longtemps été basée sur l’usage. La personne qui utilisait une terre, par exemple, la possédait tant qu’elle la cultivait. Dans le capitalisme, la propriété est séparée de l’usage. Ainsi, le travailleur ne possède plus ses moyens de production. L’auteur présente ensuite d’autres types de dépossessions. Chacun de ces types de dépossessions crée un antagonisme entre les citoyens. Antagonisme de classe, bien sûr, mais bien d’autres, notamment entre ceux qui subissent le plus les effets du réchauffement climatique et de la pollution, et ceux qui les subissent moins, et antagonisme culturel et politique entre ceux qui veulent protéger la nature et ceux qui veulent continuer à l’exploiter.

4. La situation climatique et énergétique : L’auteur décrit les conséquences désastreuses du réchauffement climatique et montre que les solutions envisagées jusqu’à maintenant mènent à d’autres désastres. Même l’utilisation accrue des ressources renouvelables poserait potentiellement de gros problèmes si les infrastructures éoliennes et solaires étaient implantées sur une grande échelle (entre autres parce qu’elles ne sont pas éternelles et qu’elles utilisent des métaux dont la présence sur notre planète est limitée, comme des terres rares). En plus, certains sites choisis pour installer des parcs d’éoliennes et de panneaux solaires exigent le déplacement de populations pauvres. L’auteur conclut que «sans décroissance énergétique, aucune transition énergétique ne serait durable, et encore moins juste».

5. La situation démographique: néomalthusianisme ou écosocialisme? : Concédant que la taille de la population peut aggraver la crise environnementale, l’auteur considère toutefois que le problème est davantage le niveau des inégalités, car les activités de certains citoyens des pays riches entraînent au moins cent fois plus d’émissions de gaz à effets de serre (GES) que celles d’autres citoyens vivant dans des pays pauvres. Il craint aussi que des mesures de contrôle des naissances puissent viser les pays pauvres et soient teintées d’eugénisme ou de darwinisme social.

6. Vivre avec les animaux : Constatant que l’élevage est une des sources majeures d’émissions de GES, de déforestation et de pollution, l’auteur remet en question notre relation avec les animaux. S’il accepte la consommation de viande dans certaines circonstances, il la rejette telle qu’elle se fait aujourd’hui, tant pour des motifs écologiques qu’éthiques. Il aborde aussi la question de la domestication des animaux et s’oppose à l’approche abolitionniste (qui vise à l’extinction des animaux domestiques…).

7. Sortir de la crise écologique: I) L’État-nation et la «démocratie» actuelle : L’auteur décrit les actions qu’il faudrait entreprendre pour réussir la transition écologique. La liste est longue! Il convient que ces actions correspondent assez bien au concept de la décroissance, mais sans son aspect moralisateur. Il ajoute que tout ne doit pas décroître, par exemple que les services de santé et d’éducation doivent au contraire augmenter, surtout dans les pays pauvres. Il voit aussi sa proposition comme politique et non seulement sociale. Cet aspect politique ne représente toutefois pas un appui aux États comme on les connaît aujourd’hui qui sont au mieux devenus des oligarchies qui décident à la place du peuple plutôt que de réaliser ses volontés. «Il n’y aura pas de sortie du capitalisme sans sortie du régime représentatif, car c’est fondamentalement au nom des exigences du premier que le second s’est imposé».

8. Sortir de la crise écologique: II) L’auto-organisation libertaire des sociétés : L’auteur examine diverses possibilités pour remplacer le régime représentatif, examinant surtout les modèles anarchistes. Après un détour (pertinent) sur les manifestations du décalage prométhéenl’impossibilité pour la conscience humaine de concevoir, de comprendre toutes les conséquences possibles d’une technologie»), il favorise les structures politiques locales, proches des intérêts des citoyens. Cela ne veut pas dire de renverser les gouvernements actuels, mais de former des communautés qui les ignorent (c’est là que j’ai décroché…). Il faut dire que l’auteur habite au Chiapas.

9. L’écologie politique libertaire: I) La question des échelles : Mais, dans ce contexte, que faire de la majorité de la population qui habite les villes, lieux défavorisant la communauté idéalisée dans le chapitre précédent? Je n’ai rien compris à ses explications. Disons qu’ayant décroché, ma concentration n’était pas à son apogée…

10. L’écologie politique libertaire: II) La question de la souveraineté populaire : Idem.

11. Conclusion: révolution ou effondrement? : Idem.

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Lire, mais surtout pour ses premiers chapitres qui analysent bien et de façon originale les problèmes actuels. C’est lorsque l’auteur propose des solutions que le bât blesse, comme trop souvent dans ce genre de livre. Nous sommes tous et toutes à la recherche de solutions, mais à part de décrire un monde qui permettrait de renverser la situation actuelle en modifiant en profondeur notre mode de vie et notre système politique, l’auteur semble bien incapable de présenter les moyens pour y parvenir. Cela dit, je n’ai pas plus de solution crédible à ce problème et n’ai jamais vu dans mes lectures des propositions qui m’ont satisfait.

Bon point, les notes, parfois substantielles, sont en bas de pages…

33 commentaires leave one →
  1. daniel permalink
    20 mars 2017 7 h 24 min

    Au sujet des communautés locales. Il est aussi possible d’en former dans les villes. Qu’on pense juste aux assemblées de quartier à Montréal pendant la grève étudiante de 2012. Cependant, de mon coté, il est impensable, d’ignorer le pouvoir.

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  2. 20 mars 2017 7 h 35 min

    «Qu’on pense juste aux assemblées de quartier à Montréal pendant la grève étudiante de 2012»

    Oui, j’ai d’ailleurs participé à quelques-unes de ces assemblées à l’époque. Mais, même avec le climat propice à l’époque, la participation était relativement faible.

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  3. Robert Lachance permalink
    22 mars 2017 13 h 51 min

    C’est à notre bibliothèque municipale; j’ai essayé d’emprunter en ligne à pretnumerique.ca pour lire le chapitre 8 où ça commence à m’intéresser davantage. Le prochain exemplaire sera disponible le 11 août 2017, à 7:00. WOW ! Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait une queue au prêt en ligne.

    Sur place, le livre est en traitement ici et là. Je vais réserver et attendre.

    Chapitre 8, « Cela ne veut pas dire de renverser les gouvernements actuels, mais de former des communautés qui les ignorent (c’est là que j’ai décroché…). Il faut dire que l’auteur habite au Chiapas. »

    C’était la solution adoptée par Frasier, l’hôte, le promoteur et l’un des 6 planificateurs de la communauté expérimentale dans le roman utopique de B.F. Skinner Walden Two dont on peut apprécier en premier commentaire un résumé longitudinal là

    L’influence du prix de l’essence sur ses ventes

    puis si désiré par chapitre là

    https://waldensuite.wordpress.com

    Une communauté de services à des personnes handicapé.e.s inspirée de ce modèle skinnérien a été tentée au nord-ouest du Mexique, dans les 70, je dirais, avec succès mais fortes modifications.

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  4. 22 mars 2017 14 h 32 min

    Il me semble que l’auteur cite Skinner, mais c’est peut-être dans un autre livre que j’ai lu ça…

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  5. triangle vert permalink
    24 mars 2017 0 h 20 min

    À priori, il me semble que la solution est toute simple: consommer moins, donc travailler moins, donc partager le travail utile. Voilà! La raison pour laquelle c’est si difficile, c’est que notre égo dépend en essence de notre revenu (ou de notre beauté physique…) Quand on lit certains livres sur le downsizing (je pense à Affluenza: when too much is never enough) certaines personnes interviewées disent avoir perdu leurs amis après avoir pris la décision de simplifier leur vie… ce n’est pas rien! L’autre grande raison, c’est celle qui a obsédé Schopenhauer: l’ennui. Selon lui, seuls les « génies » pourraient survivre à un monde plus simple car ils ont une créativité illimitée… les autres doivent jouer aux cartes! (Aphorismes sur la sagesse dans la vie)

    Ici je crois qu’Albert Jacquard, qui espérait l’arrivée d’un « prophète » (de prophètes) avait au moins eu le mérite de reconnaître que l’humain aura besoin de leaders hors du commun pour faire le changement radical (n’ayons pas peur du mot, car la société moderne est radicale à sa façon…) requis pour corriger la situation… La démocratie ne peut que perpétuer le modèle actuel: après des décennies à se frapper la tête contre le mur, on doit se rendre à cette évidence… La solution au problème actuel implique la mise en tutelle des États. Par qui? Par quoi? Comment? Voilà la question. Mais oui ça va prendre une révolution, ou alors on court à la catastrophe. Facile de « décrocher » devant un tel constat, mais il faut oser… Ce n’est pas comme si on avait le choix.

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  6. 24 mars 2017 6 h 03 min

    Si je comprends bien votre commentaire, la solution est simple, mais compliquée!

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  7. Robert Lachance permalink
    24 mars 2017 12 h 02 min

    6. Vivre avec les animaux

    Martha Nussbaum va aimer ce chapitre.

    L’approche des capabilités

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  8. 24 mars 2017 15 h 19 min

    Bien vu. Mais, ce souci devient de plus en plus répandu. Donc, ce chapitre peut plaire à beaucoup de monde, pas seulement à Mme Nussbaum.

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  9. triangle vert permalink
    24 mars 2017 16 h 48 min

    En quelque sorte, oui… Simple à faire en pratique, mais difficile à réaliser à cause de la psychologie humaine. Je m’étonne toujours de la haine à l’encontre des downsizers, ces héros des temps modernes. Je suis absolument convaincu que la démocratie (les élections précisément, et non pas les « valeurs » démocratiques) est une garantie d’échec car elle ne fait que perpétuer la mollesse humaine; il va falloir frapper un grand coup pour sauver le monde (si c’est ça qu’on veut…) Comment la plus grande crise de l’histoire ne pourrait-elle pas être résolue par une révolution? Tous les sages comme Hubert Reeves, Albert Jacquard, Pierre Rabbhi ou David Suzuki par exemple ont de par leur « douceur » échoué, en ce sens que rien n’a abouti…. Et c’est là qu’on se trouve aujourd’hui: dans un monde où les gens écrivent et lisent de « beaux » livres… Il n’y a pas d’action. Albert Jacquard avait réalisé cela… était-ce sa façon de nous passer un message subtile? https://m.youtube.com/watch?v=9v9updAv018. @0.25 son « prophète », et l’imagination dont il parle plus loind dans la vidéo, c’est là que se trouve la solution…

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  10. Robert Lachance permalink
    24 mars 2017 18 h 49 min

    J’ai acheté papier finalement, économie locale, et rafraîchit ma carte de fidélité à la librairie de proximité. Ça ne change pas le monde, mais …

    Je me demandais qu’est-ce que le capitalisme. La réponse ne se trouve pas dans le premier chapitre. Je me serais attendu à, je m’y serais attendu pour mieux dire français académique.

    À son niveau de conversation mentale partagée, pour Pierre Madelin cette question ne se pose plus.

    Je suis allé à votre fenêtre de recherche écrire « capitalisme ».

    De mémoire, j’ai retenu ce lien, le plus récent :

    Politiques de l’extrême centre

    Je n’y ai pas trouvé ce que je cherchais, suivant :

    Rééquilibrer la société

    Pas plus là !

    – Ben voyons donc Robert, que je me suis dis en moi-même, le capitalisme, tout le monde sait ce que c’est, même Wikipédia :

    « Système économique basé sur la propriété privée des moyens de production et structuré en vue de maximiser les profits. Le capitalisme s’oppose au socialisme et plus encore au communisme, régime où la propriété privée n’existe pas. »

    – Bon, c’est clair.

    Confidence pour confidence, je suis presbyte. Pour mieux voir, je m’éloigne du volant et de la vitre, les choses étant ce qu’elles sont.

    Je me demande si Jean-François est presbyte, myope ou aucune de ces réponses. Gabriel Nadeau-Dubois ? Alexandre Cormier-Denis, Me Guy Bertrand ? Comme l’avenir, Gouin s’en vient !

    J’envie votre puissance d’écriture, de compréhension et d’humanisme qui n’aurait rien à envier à votre capacité de lecture que je trouve insoutenable, comme la légèreté de l’être.

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  11. 24 mars 2017 20 h 21 min

    @ triangle vert

    «Je m’étonne toujours de la haine à l’encontre des downsizers, ces héros des temps modernes.»

    J’imagine que vous parler des militants pour la décroissance (conviviale). C’est la première fois que j’entends parler des «downsizers». Et, je le pensais, mais je suis maintenant convaincu que vous écrivez de la France!

    @ Robert Lachance

    Merci pour les bons mots!

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  12. Ancien triangle vert métamorphosé en machin violet permalink
    25 mars 2017 2 h 39 min

    Ah eh bien… downsizer est un mot que l’on rencontre très souvent dans la littérature anglaise, dont je suis friand.

    N’empêche, je crois qu’il faudra imposer une forme de contrôle à la consommation, c’est ça la prochaine révolution qui doit venir. Actuellement, quand on a le fric, on peut se payer ce que l’on veut: un tableau de Picasso ou un bateau de croisière… le premier cas ne me pose aucun problème, le second, eh bien oui. Il faut mettre fin à cette « liberté de choix » qui détruit le futur de notre planète. À l’ère où toutes nos transactions sont répertoriées, c’est devenu possible de mettre en place un tel système de contrôle… et oui les gens vont râler, mais ça c’est nécessaire pour sauver le monde du désastre. Le « droit à détruire », me semble-t-il, de rait être égal pour tout le monde.

    Je note au passage qu’une bonne partie de notre soi-disante richesse est « stockée » en valeur spéculative (valeur arbitraire d’un terrain, d’une maison, d’une oeuvre d’art, d’antiquités, de bijoux, etc.) Il me semble que l’on travaille beaucoup pour…rien! On pourrait décroître l’économie facilement sans trop de répercussions, me semble-t-il… ou à tout le moins, l’économie « matérielle » peut décroître alors que l’économie intangible peut croître pour compenser… je vois différentes possibilités.

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  13. 25 mars 2017 8 h 25 min

    «Il me semble que l’on travaille beaucoup pour…rien!»

    Et ce sont ceux qui pensent produire le plus, parce qu’ils ont de hauts revenus, qui le font en fait le moins.

    «On pourrait décroître l’économie facilement sans trop de répercussions, me semble-t-il»

    Le problème est dans la transition et dans les moyens pour y parvenir (comme je l’ai écrit en conclusion de ce billet). Une décroissance risquerait de faire diminuer les choses essentielles au même rythme que celles que vous jugez superflues, voire plus rapidement. Ces gens ne se laisseront pas tasser sans réagir…

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  14. Robert Lachance permalink
    25 mars 2017 13 h 48 min

    Vous écrivez machin violet après triangle vert:

    « L’autre grande raison, c’est celle qui a obsédé Schopenhauer: l’ennui. Selon lui, seuls les « génies » pourraient survivre à un monde plus simple car ils ont une créativité illimitée… les autres doivent jouer aux cartes! (Aphorismes sur la sagesse dans la vie) »

    Je comprends que la première serait l’égo, l’estime de soi, la fierté que l’on ressent, qui nous vient spontanément, pour être plus capable de quelque chose qu’un.e autre personne. L’exemple que vous donnez m’en indique une autre, retenir des amis.

    La deuxième raison que vous soulevez, l’ennui, me semble pertinent. Quoi substituer à ce qui est indésirable dans ce que font les gens quand il.les n’ont pas à travailler : fumer, boire, jouer aux cartes la partie de leur revenu disponible pour autre chose que le divertissement, j’en passe et des meilleures.

    À Walden two, c’est une utopie, l’ennui ne semblait pas exister après les 4 heures par jour de travail. Il y avait les enfants, les camarades, les conjoints, les amis, les repas, les loisirs dont la radio sans commanditaire, la bibliothèque, la grange de vieux livres, l’étang aménagé pour la baignade, l’orchestre, la forêt à proximité où faire de la marche, la collaboration à une communauté en construction à quelques dizaines de kilomètres, la salle de danse, le studio d’art, la chambre à un ou deux.

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  15. Ancien triangle vert métamorphosé en machin violet permalink
    25 mars 2017 17 h 08 min

    @Robert Lachance

    Très juste. L’égo est un facteur absolument majeur; les « amis » qui nous quittent sont ceux qui, dans cette course à l’égo, doivent « bien » s’entourer pour monter plus haut. Quand un downsizer ne cadre plus, il faut s’en « débarasser » et l’exclure de son cercle d’amis…

    Concernant l’ennui, c’est un thème que l’on sous-estime grandement. À mon avis, il y a deux façons de voir les choses:

    1) Aspect pratique. On ne vit pas très longtemps, et il y a assez d’activités, de littérature, etc. pour tenir un humain intelligent occupé. Une diminution de la semaine de travail d’un ou deux jours pourrait être OK même pour les gens qui ne sont pas des génies. Je rappelle au massage, malheureusement, que 80%-90% du temps libre des gens est passé devant un écran… alors côté « activités », en pratique, ça fait pitié.

    2) Aspect philosophique. C’est ici que Schopenhauer et Heidegger deviennent intéressants (Heidegger a écrit un long essai sur l’ennui, dont il distingue 3 types, le plus « cruel » étant l’ennui « profond ») Ici, l’humain prend conscience de la vanité complète de ses actions. Le problème n’est pas qu’il n’y ait rien à faire, mais qu’il n’y ait rien de « valable » à faire. C’est à mon avis le sentiment le plus intense que l’on puisse éprouver, le plus cruel. Pour saisir le problème, imaginez que vous deviez vivre 100000000000000 d’années (une toute petite fraction de l’éternité…) Je crois que nous deviendrions tous fous… et ultimement, le problème auquel nous faisons face, c ‘est de réussir à « aimer » la vie pour ce qu’elle est… l’ « amor fati » de Nietzsche.

    Je vois le travail comme une façon d’échapper au problème majeur de l’ennui, et la crise environnemental comme un symptôme de ce problème… Il faut sérieusement se demander ce que feraient de leur temps libre autant de personnes peu dégourdies « forcées » à downsizer… d’autant plus qu’ils ne pourraient bien sûr pas « consommer » mais devraient… penser? réfléchir? créer? méditer? ou quoi encore peut-on faire dans un petit appartement en ville?

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  16. Ancien triangle vert métamorphosé en machin violet permalink
    25 mars 2017 17 h 21 min

    @Darwin

    Effectivement, le problème est dans la transition. Regardons ce qui se passe actuellement: les grandes villes vont fermer leurs lumières pendant une heure ce week-end… Ça fait dix ans qu’on se pratique à la transition!

    Ne faut-il pas du coup réaliser que le changement à venir ne peut être que brutal, extrême, radical? C’est bien volontairement que je choisis ces adjectifs. Ne faut-il pas accepter aussi qu’un tel changement ne peut être que chaotique? Que nous devrons faire preuve de courage? Je crois que le monde moderne est trop douillet, Nietzsche avait bien dit du dernier des hommes qu’il serait résigné, aimerait le confort et serait incapable de prendre des risques…

    J’ai beaucoup de respect pour votre capacité à dévorer autant de livres et à les analyser; je ne doute pas un instant que vous puissiez survivre à la transition sans vous ennuyer! Par contre, si je peux me permettre de faire l’avocat du diable, je commence à être un peu saturé par le fait que personne n’ose dire les choses avec force et honnêteté, sans « décrocher » devant l’énormité de la tâche à accomplir. Ça prend un plan, et une révolution; et ça prend le courage d’aller de l’avant, de marcher sur les pieds de certains…

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  17. 26 mars 2017 1 h 49 min

    « les grandes villes vont fermer leurs lumières pendant une heure ce week-end»

    Je n’ai jamais participé à ce mouvement, considérant qu’il ne fait que donner une bonne conscience aux personnes qui ne font rien de positif pour l’environnement le reste de l’année.

    «Ça prend un plan, et une révolution; et ça prend le courage d’aller de l’avant, de marcher sur les pieds de certains…»

    Et si j’avais des mots plus durs, ça se passerait? Si vous avez le courage de tout lire ce que j’ai écrit depuis les six ou sept années sur ces sujets, vous verriez que j’ai eu parfois des termes plus extrêmes. Sans aucun résultat, ce qui n’est pas étonnant.

    Tiens, mon favori, qui m’habite toujours, même si j’en changerais quelques parties, puisqu’il date de presque sept ans…

    Rationner rationnellement

    (il y avait beaucoup de commentaires à l’époque, mais moins de lecteurs!)

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  18. Triangle Vert permalink
    26 mars 2017 2 h 52 min

    @darwin

    hé hé… ok je n’ai pas été clair: ce que je voulais dire, c’est qu’il faut passer à l’action, et accepter que cette « action » sera nécessairement « extrēme » (toujours pacifique cependant) du point de vue de la majorité « molle ».

    Ma remarque n’était pas mesquine ou méchante, je vous rassure; c’est simplement que, si je me souviens bien, vous disiez avoir « décroché » rendu aux solutions (je n’ai pas lu le livre) et précisé, si je ne me trompe, que vous n’aviez pas les solutions non plus. Ma frustration n’est pas dirigée contre vous, mais contre NOUS TOUS qui sommes incapables de trouver des solutions et encore moins de les faire imposer (je déteste le mot, mais c’est ça quand même…)

    Je crois, comme Jacquard, que ça prend un « prophète », une personne originale avec du charisme. Sans doute beaucoup d’humour aussi.

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  19. Robert Lachance permalink
    26 mars 2017 9 h 29 min

    Pour Bryan Breguet, la moyenne de deux sondages vaut ordinairement mieux que l’un ou l’autre.

    J’ai lu le premier chapitre de Pierre et je le résumerais ainsi : le mal visé, sa source et sa suppression par remplacement du système économique actuel par quelque chose comme un système économique plus axé sur l’autonomie que la domination.

    Avant-gardiste formé en philosophie à la Sorbonne, Pierre Madelin vit au Chiapas, frugalement, écologiquement, j’imagine. Pour ou faute de travail, il se désennuie à explorer les possibilités révolutionnaires du présent à constituer l’écologie politique libertaire.

    Le mal traité : « Ce qui est menacé, c’est la capacité des écosystèmes à se régénérer à un rythme suffisamment rapide pour que la terre puisse continuer à être habitable pour les êtres humains.» Pierre Madelin, p. 12.

    Sa source : la crise écologique que nous vivons résulterait avant tout d’un imaginaire de domination rationnelle du monde découlant de la science et de la philosophie moderne, mise en évidence par Francis Bacon et René Descartes les premiers. La démographie est en cause mais la dynamique du capitalisme davantage. Le capitalisme est l’ennemi à abattre.

    La solution de remplacement. Il faut le remplacer par un autre système économique porteur d’un autre imaginaire, orienté vers notre autonomie plutôt que notre domination de la nature, autonomie face à nos besoins fondamentaux : l’eau, l’électricité, l’habitat, la nourriture, le chauffage…

    À Darwin. Ce mois-ci, j’ai observé que nous avons eu un plus grand nombre de lecteurs de Côte d’Ivoire et du Maroc.

    À Triangle Vert. Jacques Attali dans Vivement après-demain ! en quatrième de couverture suggère de faire triompher l’altruisme en instaurant un état de droit international d’ici 2030.

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  20. Robert Lachance permalink
    27 mars 2017 18 h 49 min

    J’ai lu le deuxième chapitre et plutôt que tenter de le résumer, cette fois, j’en citerais deux passages, que Charles Sirois dirait sans doute obligés, qui me donne l’envie de lire les autres avant le 11.

    « Il ne nous appartient pas de renverser le capitalisme (puisque celui-ci s’en charge lui-même), mais il nous appartient de « préparer le terrain » pour faire en sorte que nos sociétés post-capitalistes soient émancipées de l’État, du patriarcat et de tout autre structure de domination. »

    Est-ce que l’ennemi à abattre est le capitalisme ou la domination ?

    « Nous essaierons néanmoins de réfléchir à la nature des antagonismes socioécologiques que le capitalisme suscite et devrait susciter toujours davantage. Nous tenterons également d’esquisser différents scénarios politiques de sortie du capitalisme et de transition écologique, en pesant leurs mérites et leurs insuffisances respectives.

    À propos de Pierre Madelin. « Un beau matin, un étudiant en philosophie se fait aide-berger. »

    http://www.decitre.fr/livres/carnet-d-estives-9782918490579.html

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  21. 27 mars 2017 19 h 34 min

    «Est-ce que l’ennemi à abattre est le capitalisme ou la domination ?»

    Disons que ces deux concepts sont fortement associés et totalement selon l’auteur.

    Et merci pour le lien. Même si je ne lirai pas ce livre, le petit résumé clarifie son parcours.

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  22. 28 mars 2017 12 h 41 min

    @Triangle vert

    NOUS TOUS trouvons des solutions…. c’est l’individualité de certains qui gâche tout.

    Je fais encore confiance à la démocratie… il faut seulement et justement la purger de ses dictateurs!

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  23. Triangle Vert permalink
    29 mars 2017 7 h 19 min

    @Benton

    Je crois que nous savons tous pas mal quelles sont les solutions: ce que je souhaite souligner, c’est qu’en pratique, la situation se dégrade depuis longtemps, et que nous poursuivons dans la même direction à grande vitesse! Le drame, c’est que seule une prise en charge de la situation par un leader ayant l’appui fort des « sages » de nos sociétés permettrait peut-être de limiter les dégats. En ce sens, la démocratie est un échec, disons que j’ai un point de vue nietzschéen 😦

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  24. 29 mars 2017 12 h 52 min

    @Triangle Vert

    Justement, un vrai leader devrait « leader » les gens, c’est-à-dire s’imposer par l’esprit et non pas la force, d’où ce qu’est une démocratie.

    Vous semblez privilièger la force, je préfère la pensée.

    Historiquement, s’imposer pas la force n’amène jamais qeulque chose de bon, le pouvoir corrompt!

    Je n’ai sans doute pas un point de vue nietzschéen, (sauf pour Dieu) mon point vue est plutôt churchillien, c’est-à-dire que la démocratie est le pire des systèmes… sauf tous les autres!

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  25. Raymond Lutz permalink
    2 avril 2017 8 h 54 min

    Ah! L’importance d’un leader dans les mouvements sociologiques! J’ai de récurrentes discussions avec un confrère qui loue Elon Musk et je ne cesse de lui rappeler que ce n’est qu’UN individu et qu’il ne changera pas le monde. Lui me réplique tout le temps: ça prend un leader sinon il n’y a rien qui se passe. Et il m’incite souvent à me lancer en politique 😎

    Devant ces petits bouillonnements qui ne lèvent toujours pas le couvercle de la marmite (Occupy Wall Street, Printemps étudiant de 2012, NoDAPL, etc..) force est de constater que ça pousse par en-dessous mais que ça bloque quelque part…

    J’ai (un peu) creusé cette question (de la nécessité d’un leader pour l’aboutissement de tout mouvement social, révolutionnaire ou non) et suis tombé sur la sociocratie et sur cet article de 1971 « The Tyranny of Structurelessness »

    http://www.sociocracy.info/the-tyranny-of-structurelessness/

    Hmmm… Sommes-nous incapable d’agir collectivement sans mettre de l’avant un individu qui personnifie le mouvement, amplifie l’adhésion et met en branle le processus de transformation? Syndicalisme sans Chartrand? Nationalisme sans René Lévesque?

    Oui, j’écris du Québec… 😎

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  26. 2 avril 2017 10 h 48 min

    Je me méfie aussi de l’importance qu’on accorde aux leaders. Mais, force est de constater qu’elle est grande. On les psychanalyse, on leur attribue les victoires et les défaites, et chaque changement de leader fait basculer les partis dans les sondages,

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  27. Robert Lachance permalink
    5 avril 2017 13 h 50 min

    Vous avez décroché au huitième, je me suis embourbé au troisième; je n’ai pas été jusqu’à m’en Lisée mais peut-être, qui sait ?

    J’ai frappé le mur comme Pierre Houde dit en F1 à antagonismes.

    J’ai quand même du cours classique en philo, bachelier es art qu’ils diplômaient ! mais même pas une mineure en sociologie. Alors là, il m’a fallut aller au dictionnaire pour me familiariser au terme antagoniste après avoir lu le chapitre une ou deux fois. Avant, j’en étais à des notes comme :

    5 – sociétés actuelles VS sociétés à venir;
    7 – sociétés occidentales VS sociétés autochtones;
    1 – sociétés capitalistes VS sociétés pré-capitalistes;
    2 – sociétés fondées sur l’usage VS sociétés fondées sur une règle de droits;
    3 – sociétés d’auto-suffisance VS sociétés d’exportation/importation ou dans l’ordre inverse;
    4 – sociétés de privatisation des profits VS externalités au commun;
    6 – sociétés de domination de classes VS sociétés de dominations de personnes morales.

    Alors là, quand vous écrivez à lire, si vous ajoutiez à lire, relire et relire, ce serait comme écrire passionnant, passionnant, passionnant.

    Je me suis embourbé mais pour m’en sortir, je suis aller voir plus loin, ne serait-ce que pour savoir si l’auteur mentionnait l’existence du roman utopique de B.F. Skinner, Walden two. Je n’ai eu ma réponse qu’à la page 111, non ! Il a écrit Walden mais il s’agit alors d’un livre de Thoreau, un émigré français. Je cite partie du paragraphe :

    « Pour les brigands comme pour les esclaves marrons, pour les hermites comme pour les guérilléros, pour Han Shan se retirant dans les montagnes chinoises ou Thoreau à Walden, la nature fut à différents égards le le recours et le refuge ultime de la liberté, un ailleurs radical où il était possible de se soustraire partiellement ou totalement à la domination sociale, à la corruption du pouvoir ou aux désagréments du monde moderne. » Chapitre 8 !

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  28. 5 avril 2017 16 h 13 min

    «Alors là, quand vous écrivez à lire, si vous ajoutiez à lire, relire et relire»

    Je suis quand même assez précis. Et là, j’ai quand même émis des réserves.

    «passionnant, passionnant, passionnant»

    Ça, ça marche, mais pas trop souvent!

    « Il a écrit Walden mais il s’agit alors d’un livre de Thoreau»

    Oups! Au moins, j’ai écrit que je n’étais pas certain…

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  29. Robert Lachance permalink
    7 avril 2017 17 h 42 min

    Le fait que vous aillez retenu le mot Walden m’épate.

    Walden Two est un choix entrepreneurial, capitaliste, délégué j’imagine, de l’éditeur pour titre.

    Burrhus, pour le tutoyer, 1904-1990, avait proposé pour titre : The sun is but a morning star à la suite d’une longue marche, seul. Il avait retenu de la lecture d’un poème de Henry Thoreau, l’auteur de Walden.

    Je n’ai pas réussi à traduire à ma satisfaction « The sun is but a morning star », j’ai besoin d’aide dirait un proche pas âgé. Le but.

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  30. 7 avril 2017 17 h 47 min

    Le fait que vous aillez retenu le mot Walden m’épate.

    Vous en avez parlé tellement souvent que j’aurais une mémoire vraiment déficiente si je ne m’en étais pas rappelé! 😉

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  31. Robert Lachance permalink
    11 avril 2017 10 h 10 min

    Ce que je retiens du chapitre 3 finalement, c’est cet appel de l’auteur en fin de chapitre :

    « … il est donc avant tout urgent d’élargir le « nous » de tous ceux qui sont disposés à partager ce « non » au capitalisme.

    Sans « … insister sur des antagonismes de classe et des incompatibilités culturelles, et sans non plus céder à l’illusion du consensus. »

    Je ne suis pas un érudit des antagonismes de classe; j’ai plus de préalables en psychologie qu’en sociologie et j’envisage relire Beyond Freedom and Dignity de B.F. Skinner, 1971, un essai philosophique cette fois plutôt qu’un roman utopique composé en 1945 mais édité en 1948.

    Pour ce dernier, Skinner avait proposé un vers de Henry David Thoreau comme titre : The sun is but a morning star. Son éditeur a préféré l’intituler Walden II. Walden est le titre d’un essai sur La Désobéissance civile de Thoreau.

    Dans ce roman, un homme et 5 comparses au lendemain de la crise économique de 1929 achètent des terres abandonnés et y montent aidés de gérants une communauté expérimentale autonome, sans argent, sans propriétaires, pour 1000 personnes. Succès total… Ce nombre approchant, ils en entreprennent une seconde à des dizaines de kilomètres.

    En 2013, alors qu’il présidait l’association Humanité et Biodiversité, Hubert Reeves signait un livre dont le titre est un vers du poète Allemand Friedrich Hôlderlin, Là où croît le péril… croît aussi ce qui sauve.

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  32. 11 avril 2017 13 h 08 min

    J’ai lu…

    Hubert Reeves et l’avenir de l’humanité

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  33. Robert Lachance permalink
    31 décembre 2017 19 h 27 min

    Pierre Madelin me sort littérairement de mon ordinaire. Quelque chose comme Renaud, sans musique, aurait peut-être dit René Lévesque, s’il avait vécu plus longtemps.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Renaud

    J’ai été lire Pierre Madelin ailleurs pour en apprendre sur les moutons; il m’en a révélé beaucoup plus sur nous les humains avec Carnets d’estives : Des Alpes au Chiapas, 2016. Il a observé des uns et des autres dans divers lieux, pour les paysages, les manières de vivre, la bouffe et le plaisir.

    Bref, c’est plus neuf chapitres où je n’ai pas trouvé ce que je cherchais qu’un livre.

    – À lire ?

    – Un chapitre à la fois.

    Bonne année ! Santé, prospérité, plaisir, et le paradis avant la fin de vos jours, on sait jamais…

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