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La déconnomie

24 avril 2017

«La théorie économique dominante n’est pas simplement discutable, elle est absurde». Elle déconne carrément! Voilà ce qu’affirme Jacques Généreux dans la quatrième de couverture de son livre La Déconnomie. Jacques Généreux étant l’auteur d’un des livres qui m’a le plus marqué, soit La dissociété (voir ce billet), j’avais bien sûr des attentes très élevées en le commençant.

1. De quoi la « déconnomie » est-elle le nom ? – Introduction générale : L’auteur décrit le résultat catastrophique des décisions politiques et économiques prises pour faire face à la crise financière, économique, sociale, politique et environnementale dont l’Europe ne parvient pas à sortir. Selon lui, il ne s’agit pas seulement de la conséquence de mauvaises décisions, mais carrément de décisions insensées, imbéciles, catastrophiques et incroyables. Bref, ce sont des conneries issues de la déconnomie. Il présente aussi l’objet de son livre, soit de «diagnostiquer cet effondrement massif de l’entendement, (de) comprendre sa genèse et (de) lui trouver quelque antidote». Il présente ensuite chacun des chapitres qui forment son livre. Un début alléchant!

2. La déconnomie de marché – La vraie nature de notre système économique : Ce qu’on appelle l’économie de marché, telle qu’enseignée dans la plupart des départements d’économie, est une véritable religion, basée sur des pouvoirs surnaturels de retours constants à l’équilibre. Généreux préfère donc parler du marchéisme ou, plus simplement de la déconnomie. Il s’interroge ensuite sur la résignation de la majeure part de la population, résignation qui l’amène à qualifier de communiste toute personne qui propose de modifier ce système qu’elle sait pourtant dysfonctionnel. Il poursuit en disant vouloir bien nommer les choses. Je vais donner deux exemples.

  • néolibéraux : l’auteur déteste cette expression et lui préfère «nouveaux conservateurs réactionnaires», car la notion de «libéral» est associée au souci de la liberté, au respect de la démocratie et des droits humains, alors que les «néolibéraux» sont en fait des «antilibéraux» radicaux;
  • mondialisation (ou globalisation) : en fait, seule une faible partie des activités économiques sont mondialisées et une partie minime des travailleurs le sont; il s’agit pour lui d’une mise en récit accompagnant la fable que nous n’aurions pas le choix alors que nous l’avons toujours eu (comme il l’a brillamment montré notamment dans son livre Nous, on peut!)!

Il aborde par la suite le contexte socio-économique des Trente glorieuses et du revirement des années 1970, ce qu’il appelle la contre-révolution conservatrice, et développe encore sur le concept d’économie de marché (un autre concept mal nommé). Il montre que ce terme n’est qu’un euphémisme, que les prix ne sont généralement pas déterminés par un marché, mais par un profit ajouté aux coûts de production, quand ils ne sont pas imposés par des producteurs et des distributeurs quasi monopolistiques. Ce sont les détenteurs du capital qui influencent les gouvernements, détournent leurs profits dans des paradis fiscaux et imposent leur volonté. Le terme «capitalisme» traduit mieux la réalité : «En fait, le problème avec le «capitalisme» (la domination du capital), c’est qu’on ne peut pas décemment être pour! Tandis que l’économie de marché (une vague image inoffensive), on peut difficilement être contre!». Encore là, l’auteur préfère parler du «pouvoir du capital» que du capitalisme, car cette expression représente mieux la «spécificité essentielle de notre système économique».

Il apporte ensuite une nuance importante. La présence d’un système économique capitaliste dans une société ne signifie pas qu’une telle société doive être qualifiée de capitaliste et que tous ses aspects positifs doivent être attribués à son système économique (comme le font trop de gens qui ignorent la différence entre une corrélation et une causalité). Chaque société est dotée d’autres institutions et de caractéristiques culturelles et autres qui n’ont rien à voir avec son système économique. Par exemple, l’amélioration de l’espérance de vie dans nos sociétés ne peut pas être associée automatiquement à ce système, mais plutôt aux mesures d’hygiène et aux interventions en santé publique que bien des tenants du capitalisme tentent de réduire (ce qu’ils ont fait dans les pays en développement). Un entrepreneur peut aussi être anticapitaliste s’il s’oppose et n’applique pas les caractéristiques mentionnées plus tôt. Bref, être contre le capitalisme ne signifie pas être contre la libre entreprise (cette section est très riche et mon résumé ne lui rend pas justice…).

Ce chapitre passionnant se poursuit en nous parlant du mythe du consommateur souverain (où le client est supposé être roi, mais devient trop souvent un pigeon), de la vertu de la concurrence qui débouche sur des monopoles, du pouvoir de l’argent et de «la régulation capitaliste du politique et de l’ensemble de la société» (concurrence imposée dans le secteur public, accords dits de libre-échange, etc.). L’auteur se demande alors pourquoi on ne remet pas en question un tel système économique. Il émet quatre hypothèses qu’il examinera dans les prochains chapitres.

3. La déconnomie actionnariale – Le vrai bilan de notre système économique : La première hypothèse que l’auteur examine est que le bilan du capitalisme serait positif. Il a peut-être semblé l’être au cours des Trente glorieuses, mais c’est justement parce que le pouvoir des capitalistes était fortement encadré par les institutions politiques. La période qui a suivi a complètement modifié la situation en remettant le pouvoir aux mains des marchéistes. «La priorité donnée à l’inflation la plus faible possible, l’intensification de la concurrence internationale, la compression des coûts salariaux, la baisse des taux d’imposition des hauts revenus et du capital, la grande déréglementation de la finance» ont mis la table pour la hausse des inégalités et l’instauration du capitalisme financier. Par la suite, l’auteur montre que le capitalisme financier (dont il exclut les PME et les entreprises privées, c’est-à-dire non inscrites à la Bourse) ne peut que :

  • faire diminuer les investissements : il montre brillamment que ce ne sont pas les profits qui génèrent les investissements, mais que c’est plutôt la présence d’une demande qui les stimule;
  • «démolir la contribution des salariés et de l’État tant à l’offre qu’à la demande des biens produits par l’entreprise» : l’auteur mentionne notamment les modes de gestion «modernes» qui mettent de la pression sur les employés, les stressent et mènent à de nombreuses dépressions et même parfois à des suicides. Cela nuit bien sûr aux travailleurs, mais aussi aux entreprises en raison de l’augmentation des absences, mais surtout de la perte de motivation des travailleurs, de l’augmentation de la rivalité entre eux et de la baisse de la collaboration (alors qu’on chante les vertus du travail d’équipe…). Et la hausse des inégalités de salaires entre les travailleurs et leurs dirigeants n’a pu qu’exacerber ces réactions (et il ne parle pas de Bombardier!);
  • favoriser l’instabilité financière et l’apparition de crises financières (autre démonstration magistrale que je vais toutefois sauter…).

4. De l’empire de l’argent à l’empire de la bêtise – Sommes-nous gouvernés par les marchés, par les riches ou par la bêtise ? : La deuxième hypothèse que l’auteur examine est que nous n’avons pas le choix, ou que, comme le disait Margaret Thatcher, «there is no alternative» (TINA). D’entrée de jeu, il montre que c’est parce que les États ont signé des ententes qui les ont enfermés dans un climat de concurrence qu’ils disent maintenant ne pas avoir de choix. Bref, ils ont choisi de ne pas avoir de choix… L’auteur propose ensuite quelques mesures qui corrigeraient la situation, ce qui permet de rejeter cette hypothèse.

L’auteur s’attaque ensuite à sa troisième hypothèse, soit que nous vivons dans une ploutocratie, c’est-à-dire un gouvernement par et pour les riches. Même si bien des éléments appuient cette hypothèse (baisse des impôts des riches, ajout de déductions fiscales, portes tournantes, lobbying, contrôle des médias, etc.), l’auteur la rejette aussi, car il faut bien que les gouvernements se fassent élire par plus que les riches pour prendre le pouvoir. En outre, les gouvernements ont toujours su donner quelques avantages au reste de la population pour conserver son appui. En plus, la culture de la société de la consommation et la montée de l’individualisme ont porté la population à moins revendiquer de mesures redistributrices. L’idée que nous sommes en concurrence les uns avec les autres et que les gagnants méritent leur sort a aussi contribué à faire accepter la situation (je simplifie). Finalement, l’auteur observe que le discours sur l’absence de choix est tellement répandu qu’il est devenu une vérité, même dans le champ gauche de la politique, d’autant plus qu’il faut consacrer des efforts importants de recherche et de réflexion pour pouvoir le contredire.

Ayant écarté ses trois premières hypothèses, il ne reste à l’auteur que sa dernière : «l’intelligence s’est effondrée. Du sommet à la base des États, le pouvoir des riches s’installe et perdure par défaut, en raison de la défaillance morale et intellectuelle des élus, comme des électeurs».

5. Genèse de la déconnomie politique – Retour aux sources des erreurs politiques et de leur antidote : Il pouvait être compréhensible que, au début du XXe siècle, les économistes et les élus croient vraiment les fables de l’économie classique, soit qu’un gouvernement doit gérer son argent comme un chef de famille, donc se serrer la ceinture en période de récession, accentuant ainsi la profondeur des récessions (comme lors de la Grande Dépression). Mais, depuis Keynes (et bien d’autres) et le New Deal, notamment, les faits nous montrent que les États doivent intervenir de façon contracyclique, c’est-à-dire de dépenser davantage (ou diminuer les impôts) en récession et moins en période de croissance. On sait aussi que depuis les années 1930 que l’austérité peut encourager la montée de l’extrême droite. On voit donc qu’avec ces expériences, agir ainsi de nos jours n’a aucun sens. L’auteur revient ensuite sur les débats portant sur cette question, surtout entre Keynes et Hayek.

6. Apothéose de la déconnomie politique – L’absurdité des politiques contemporaines face aux crises : Non seulement les économistes et décideurs possédaient avant la dernière crise l’expérience acquise lors de la Grande Dépression et lors des années qui l’ont suivie, mais la macroéconomie a continué à évoluer par après. Pourtant, les économistes que les décideurs ont consultés lors de la dernière crise croyaient (car il s’agit vraiment d’une croyance) que les crises étaient impossibles… Pire, comme ils les croyaient impossibles, ils ne savaient comment réagir quand l’«impossible» est survenu. Ils ont quand même sauvé le système financier et les banques, ce qu’il fallait faire, mais simplement en socialisant leurs dettes plutôt qu’en les nationalisant. Puis, plutôt que de travailler à la relance économique, ils ont (surtout en Europe) répété l’erreur des années 1930 en adoptant des politiques procycliques, c’est-à-dire en adoptant des mesures d’austérité. Résultat? Comme on pouvait s’y attendre, «la politique de rigueur budgétaire en temps de crise est un pur désastre».

L’auteur présente ensuite les mesures qui auraient dû être prises et s’inquiète de la santé mentale des économistes et des dirigeants. Ils ont été «assez fous pour sacrifier leurs entreprises et leurs travailleurs sur l’autel de la rigueur, mais pas assez pour détruire leur système financier». Il ajoute que la folie est demeurée, puisque les gouvernements n’ont pris aucune mesure pour s’assurer que cette crise ne se reproduirait pas, négligeant notamment de réglementer à nouveau le secteur financier et de cesser de signer des ententes dites de libre-échange (comme celle avec le Canada) qui donnent encore plus de pouvoir aux responsables de la dernière crise.

7. La déconnomie européenne – La mort programmée de l’Union européenne : Selon l’auteur, les lois et les institutions de la zone euro sont plus de nature religieuse qu’économique. On interdit notamment les déficits plus élevés que 3 % du PIB même en période de stagnation (officiellement, mais pas toujours en pratique, soulignons-le), y compris pour des investissements en infrastructures qui seraient pourtant contracycliques. On refuse de donner le mandat à la banque centrale d’intervenir pour favoriser la croissance, lui imposant plutôt le seul mandat de maintenir l’inflation à un bas niveau (aux alentours de 2 %). Bref, on se prive volontairement des outils d’intervention dont tous les autres pays disposent.

L’auteur explique ensuite à quel point les lois et les institutions de la zone euro hypothèquent la latitude qu’ont les pays membres d’adopter des politiques économiques adaptées à leur situation. Il pourfend notamment la politique monétaire de la banque centrale qui repose sur l’idiotie de la théorie quantitative de la monnaie. Face à cette situation, la seule marge de manœuvre restante est la concurrence fiscale et sociale (diminution des salaires, des avantages sociaux, des droits du travail, des programmes sociaux, etc.), bref de faire la guerre aux pays avec lesquels on est censé collaborer. L’auteur montre que des solutions seraient envisageables, mais pour cela l’Allemagne devrait cesser de se prosterner devant sa religion ordolibérale. C’est cette même fixation sur l’ordolibéralisme (voir ce billet) qui a amené l’Allemagne à se battre contre ses partenaires (guerre qu’elle a gagnée aux dépens de tous les autres pays, en forçant le nivelage par le bas de leur économie) et à imposer son dogme à tous les pays et surtout à la Grèce en transformant ses problèmes (réels) en une véritable tragédie grecque. L’Allemagne avait intérêt à agir ainsi (enfin, selon son idéologie), alors que ce n’est pas le cas de la France qui ne gagnait rien à accepter les conditions de l’Allemagne pour qu’elle se joigne à la zone euro et surtout pas à endosser les dogmes ordolibéraux. Pire, cette politique a été poursuivie quand le gouvernement de François Hollande, supposément de gauche et qui avait basé sa campagne électorale sur des politiques de centre gauche, a pris le pouvoir. En endossant les mesures d’austérité pour les pays du sud de l’Europe, la France affaiblissait son principal marché d’exportation. On le voit bien maintenant, c’était en plus une politique suicidaire pour les socialistes qui sont presque disparus du paysage politique au cours de la campagne électorale actuelle. De la folie pure…

8. La théorie déconnomique – L’étrange domination d’une science factice : L’auteur présente les hypothèses sur lesquelles se base la nouvelle théorie classique, actuellement enseignée et appliquée partout en Occident, mais encore plus en Europe, et les démolit une après l’autre. Sa démonstration est en grande partie semblable à celle de Steve Keen dans son livre L’imposture économique que Généreux conseille d’ailleurs si on veut approfondir la question (voir aussi les deux billets que j’ai consacrés à ce livre). Généreux parle de déconnomie, mais Obélix dirait plutôt «ils sont fous ces économistes orthodoxes»!

9. Comprendre la bêtise des intelligents – Biais cognitifs, obscurantisme et sectarisme : Dans ce chapitre, l’auteur se demande comment des économistes pourtant intelligents peuvent avaler les absurdités de la théorie économique orthodoxe. Pour ce, il se base en partie sur les constats de Daniel Kahneman, illustrés dans son livre Système 1, système 2 – Les deux vitesses de la pensée (auquel j’ai consacré deux billets). Il explique que notre cerveau n’a pas été conçu pour le raisonnement rationnel, mais pour la survie de l’espèce. Le cerveau de sapiens a donc un système réflexe qui prend des décisions rapides et qui entre en fonction automatiquement, et un deuxième système qui demande un effort pour entrer en action. «L’intelligence rationnelle n’est qu’un potentiel de l’esprit humain, ce n’est pas un réflexe». Les deux systèmes sont en plus influencés par de nombreux biais cognitifs.

Ces caractéristiques font notamment en sorte qu’il est presque impossible pour quelqu’un qui est convaincu depuis longtemps d’une chose d’accepter qu’elle a eu tort pendant des années. Si cette personne acceptait s’être trompée aussi longtemps, elle entrerait en dissonance cognitive. Pour éviter cette situation et protéger cette personne, son cerveau trouvera toutes sortes de moyens pour rejeter les faits qui mettraient son équilibre en danger. On imagine l’ampleur de la dissonance cognitive que subiraient des économistes qui prétendent et enseignent depuis des dizaines d’années que leur théorie est la seule valable s’il fallait qu’ils réalisent qu’elle n’est en fait qu’une déconnomie…

Dans un débat contradictoire, ce système ne fonctionnera pas pour trouver la «vérité», mais pour gagner le débat, façon de faire qui a tout au long de l’histoire de sapiens permis sa survie et sa reproduction. Pour se reproduire, il est en effet plus important de gagner que d’avoir raison! Ce processus s’applique aussi pour conserver sa position sociale. Dans une situation de débat contradictoire, «le raisonnement ne sert plus uniquement à déterminer ce qui est vrai, mais aussi et surtout à avoir raison, même en l’absence de faits probants, à gagner le débat». À l’opposé, quand on discute sans conflit, par exemple en assemblée citoyenne, les débats mettent en œuvre ce qu’on appelle l’intelligence collective et, dans cette situation, la mise en commun argumentaire permettra de résoudre des problèmes bien mieux que ne le feraient une seule personne ou même toutes ces personnes réfléchissant chacune de son côté.

L’auteur revient ensuite à la théorie orthodoxe et souligne encore l’arrogance de ses adorateurs, qui ne se contentent pas d’élaborer des modèles à partir d’hypothèses fausses, mais prétendent que c’est ce qu’il faut faire en science! Mais, encore pire, les économistes orthodoxes visent à modifier la réalité pour qu’elle corresponde à leur modèle (ce qui en fait une discipline normative). On attendrait cela de philosophes (encore que les philosophes contemporains sont plus réalistes), voire de curés, mais pas de personnes qui se prétendent scientifiques! L’auteur exprime ainsi cette situation :

«Les soucis commencent quand des experts spécialistes du paradis deviennent des conseillers ou les ministres du Prince et s’affairent à fabriquer leur paradis sur terre. Il ne s’agit plus alors de nourrir la pensée par une recherche fondamentale sans objet pratique, mais de conformer la vie réelle des gens à un modèle impossible. Alors, les marchéistes ne sont plus de doux rêveurs, mais de dangereux ingénieurs sociaux, d’autant plus dangereux qu’ils sont souvent animés par de bonnes intentions.»

Comment une telle «secte» peut-elle survivre et être l’école dominante en économie? En contrôlant l’embauche des professeurs d’économie (comme les livres que j’ai présentés dans ce billet et dans celui-ci l’expliquent bien)! Elle contrôle en effet à la fois les départements d’économie et les revues sur lesquelles se basent ces départements pour évaluer les candidats (et les trop peu nombreuses candidates) à la profession.

L’auteur conclut son livre en se demandant «qui va voter pour les rares partis qui proposeront une assemblée constituante pour refondre la politique, quand on sait que ceux qui en auraient le plus intérêt sont souvent aussi des abstentionnistes qui n’attendent plus rien de la politique?». Il ajoute que «pour s’en sortir, ils nous faudrait être en mesure de créer simultanément toutes les conditions du réveil et de la mobilisation de l’intelligence individuelle et collective des citoyens». Cela est bien sûr impossible pour l’instant, mais pourrait être possible si «une majorité de citoyens finissait par comprendre l’urgence d’une bifurcation radicale, et qu’ainsi soit rendue possible une transition relativement paisible vers un autre avenir commun».

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Lire! Même si j’avais des attentes très élevées et même si je considère toujours que La dissociété est le livre de Jacques Généreux qui m’a le plus influencé, celui-ci est certainement aussi à lire. On y trouve en effet une des démonstrations les plus complètes et les plus éloquentes que j’ai lues de l’ineptie de la théorie économique orthodoxe, qui règne toujours dans les départements d’économie des universités, dans les médias, dans les ministères et dans les organismes et entreprises à vocation économique. Le ton sarcastique et les termes qu’il utilise sont parfois déstabilisants, surtout au début, mais on s’y fait à la longue, surtout en raison de la qualité de ses démonstrations. Généreux est en effet un conteur hors pair qui sait accrocher le lecteur. Son style est limpide rendant ses démonstrations faciles à comprendre. En plus, les notes sont en bas de page!

10 commentaires leave one →
  1. 24 avril 2017 7 h 27 min

    En se basant aussi sur Kahneman, Gérarld Bronner a critiqué cette « sagesse des foules » dans un essai qui vaut amplement la lecture: La Démocratie des crédules. Il y a de bonnes raison de croire (y compris des études empiriques) que l’intelligence collective n’est pas si brillante, justement car elle laisse place à différents biais cognitifs.

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  2. 24 avril 2017 8 h 36 min

    J’ai lu moi aussi La Démocratie des crédules que j’avais bien aimé (voir https://jeanneemard.wordpress.com/2014/04/21/la-democratie-des-credules/). Mais, je ne me souviens plus du bout sur la sagesse des foules. Je dois avouer que j’ai un peu tiqué sur l’affirmation de Généreux à ce sujet. Comme je n’ai plus son livre (je les emprunte toujours à la bibliothèque), je ne peux pas vérifier les sources qu’il a fournies à ce sujet…

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  3. Robert Lachance permalink
    24 avril 2017 14 h 00 min

    Sans être révolutionnaire, livre renversant comme Démocratie : Histoire politique d’un mot aux États-Unis et en France de Francis Dupuis-Déri.

    Quand la démocratie en perd son grec!

    Il me semble à vous lire, sans avoir lu ce livre.

    J’ai lu votre résumé de La démocratie des foules et ses commentaires. À lire sans faute, comme vous écrivez, par qui de chances d’heureuse coïncidence d’abord.

    J’ai hâte de lire ce que va écrire Minarchiste sur votre compte-rendu de lecture de La déconnomie.

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  4. 24 avril 2017 15 h 46 min

    «La démocratie des foules»

    J’imagine que vous voulez parler de La Démocratie des crédules…

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  5. Robert Lachance permalink
    25 avril 2017 13 h 40 min

    Évidemment … !

    J’avais amorcé une réflexion sur l’intelligence des foules. J’ai retenu de ma formation universitaire que l’intelligence, c’est ce qu’un test d’intelligence mesure.

    Après avoir lu Francis Dupuis-Déri, j’imagine qu’il y a autant de démocraties que de constitutions « nationale » ou « plurinationale », dont la plus récente ou l’une de ces dernières serait celle de la Russie, 1989 environ; plus de 50 nations, on rie pas, aurait dit mon père ! pas si loin que ça du nombre de nations à l’Organisation des Nations unies (ONU), 195 je pense pour avoir lu du Martine Ouellet.

    La démocratie « seriant », dirait La Sagouine, un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple plutôt que le gouvernement du peuple, par des volontaires toujours bien intentionné.e.s à les entendre, élu.e.s, intermédiaires, sous médias puissants, autres intermédiaires autrement facturés, dont maintenant les sociaux sans propriétaires patriotes.

    La charge des crédules échappe aux crédules. Je répète, la charge des crédules échappe aux crédules et j’ajoute, encerclés habituellement par les médias; à la faiblesse, encerclées par la police. Donc, aux plus forts des volontaires (majoritaires, moins pauvres que les pôvres et au dessus de la moyenne d’âge) et celles (minoritaires et au dessus de la moyenne d’âge) et non à la population sous la médiane sous le principe une personne un vote; excluant les personnes morales.

    Sur ce, je songe pour l’été à une semaine d’éco-tourisme dans Charlevoix, à observer des moutons.

    Par contre, j’ai gardé un souvenir inoubliable d’une visite à des chèvres en Gaspésie. La marche et les éoliennes, c’est de l’été passé.

    Vite de même !

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  6. Richard Langelier permalink
    28 avril 2017 0 h 40 min

    «L’auteur conclut son livre en se demandant «qui va voter pour les rares partis qui proposeront une assemblée constituante pour refondre la politique, quand on sait que ceux qui en auraient le plus intérêt sont souvent aussi des abstentionnistes qui n’attendent plus rien de la politique?»
    Ce billet de Michel David http://www.ledevoir.com/politique/quebec/497164/le-prix-de-la-credibilite illustre bien, à mon avis, le problème posé par Jacques Généreux.
    P.-S. Je précise que je ne suis pas nécessairement d’accord avec chaque article du programme de Québec solidaire.

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  7. 28 avril 2017 6 h 04 min

    Moi non plus, bien sûr.

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