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Ne renonçons à rien

1 mai 2017

Les neuf signataires de Ne renonçons à rien – Le livre de la tournée «Faut qu’on se parle», ont tenu à pérenniser les messages transmis par les milliers de Québécois et Québécoises qui ont participé aux 166 assemblées de cuisine et 18 consultations publiques réalisées au cours des derniers mois. Comme ce livre contient près de 20 chapitres, je vais me contenter de mentionner les thèmes abordés dans chacun d’entre eux.

Ne renonçons à rien

Fallait qu’on se parle : Les auteur.e.s expliquent à quel point la réponse de la population a surpassé leurs attentes, tant en variété d’opinions qu’en nombre et en qualité.

Des modèles qui prennent l’eau : «Une des victoires les plus sournoises de l’économie dominante est d’avoir réussi à convaincre la majorité d’entre nous que son fonctionnement global échappe à la compréhension (…)». Heureusement, on peut s’opposer à ce qui semble une fatalité. Ce chapitre présente donc certains problèmes économiques abordés lors de la tournée et propose des pistes de solution.

Un pavé dans la mare : Ce chapitre porte sur les institutions démocratiques, bien sûr sur le mode de scrutin, mais aussi sur l’influence démesurée des lobbys, la fréquence scandaleuse des portes tournantes (rotation des postes de fonctionnaires et des députés avec le personnel des entreprises), le choix des questions dans les sondages, la concentration de la presse (concentration aussi géographique), les poursuites des entreprises contre les décisions démocratiques de petites municipalités et des gouvernements provinciaux et fédéral, et l’éducation («L’éducation est à la démocratie ce que le sang est au corps humain»). Tout cela contribue à l’apathie de la population sur les questions politiques (dont la faible participation aux élections) et à son cynisme envers la politique partisane et envers les politicien.ne.s.

Déprimés, déçus, désolidarisés : Cette fois, on nous parle de la dégradation de notre système de santé et de services sociaux, de l’endettement des ménages (plus lié au système de santé qu’on pourrait le penser), des services de garde, de l’intégration des personnes immigrées (surtout au marché du travail, mais pas seulement) et du financement des arts et de la culture.

Tout ce que nous pouvons : Grâce à son dynamisme, le Québec a réalisé de grandes choses au cours des dernières décennies, mais semble maintenant inerte avec ses politiques de compressions et d’austérité. Pourtant, face au défi environnemental, ce dynamisme est plus essentiel que jamais. Il faut en effet lutter contre la pollution, l’épuisement des ressources et le réchauffement climatique. Pour ce, il faut cesser d’encourager la construction de pipelines («l’oléoduc Énergie-Est n’est exemplaire qu’à un titre : il incarne tout ce qu’il ne faut pas faire») et cimenteries émettrices de gaz à effet de serre, repenser le développement de nos industries minières et forestières, tenir compte des droits des communautés autochtones, accompagner nos petits producteurs agricoles et cesser de subventionner la production polluante, surtout lorsqu’elle ne vise que l’exportation, rapprocher les usines de transformation alimentaire des lieux de production agricole et viser à sortir du pétrole.

Il me reste un pays à te dire : Ce chapitre contient sept courts textes racontant ce que seraient nos matins dans un monde où on aurait solutionné les problèmes soulevés dans les chapitres précédant, par exemple, dans un monde qui favorise le transport actif ou collectif, où les services de santé sont efficaces et humains, et où on vise la production de proximité dans des entreprises collectives. On se demande ensuite si ce portrait est trop idéalisé ou si un tel monde est vraiment possible à construire. Les signataires de ce livre auraient peut-être trouvé ces histoires utopiques il n’y a pas si longtemps, mais devant l’enthousiasme, la solidarité et l’énergie des participant.e.s à leur tournée, ils et elles n’en sont plus certain.e.s…

Des projets concrets

Huit priorités : Je vais vous laisser le plaisir de les découvrir, ce qui n’est pas bien difficile si on a lu les chapitres précédents (même mon compte-rendu suffit). Je vais ne mentionner que la première : l’éducation. Étonnant, non? Tellement étonnant que c’est le thème qu’a choisi Gabriel Nadeau-Dubois lors de son discours d’investiture comme candidat de Québec solidaire dans Gouin. Un hasard?

Ce chapitre représente pour moi le cœur de ce livre. C’est pourquoi je ne veux pas résumer cette partie, car je ne pourrais que la dénaturer. Les signataires y développent en effet des propositions relativement exhaustives sur chacune de ces priorités. Je reviendrai brièvement sur le contenu de ces propositions en conclusion…

Carnet de tournée

Notre immense potentiel : Même s’il n’a pas pu animer autant de rencontres qu’il l’aurait aimé, Jean-Martin Aussant a été impressionné par l’ambition des participant.e.s. Cette tournée lui a aussi montré que la politique peut encore être de nos jours «une chose noble et belle».

Les gens de mon pays ! : Claire Bolduc a surtout apprécié la profondeur des échanges dans un contexte où on mise trop souvent «sur l’expéditif et les phrases-chocs».

J’ai fait le plein de visages et de mots : Véronique Côté a été rassurée «par la profondeur, le respect, l’intelligence des propos». Elle a été «éblouie par la somme des actions menées par les gens, partout, discrètement, héroïquement».

Niwi-djewagan, celui qui marche à mes côtés : Maïtée Labrecque-Saganash considère que «c’est en voyageant et en s’empreignant de la beauté et de l’immensité de ce territoire qu’on s’attache à celui-ci, et qu’on se reconnaît chez ceux et celles qui l’habitent».

Nous sommes nombreux à n’être pas nombreux : Aurélie Lanctôt a «vu l’écart qui existe entre les discours qui accaparent l’espace médiatique et les préoccupations réelles des citoyens» et cela a eu sur elle «l’effet d’un antidote contre le cynisme». Elle s’inquiète aussi de l’effet des compressions gouvernementales sur les femmes et sur l’éducation de nos enfants.

Comme le début de quelque chose : Karel Mayrand fut impressionné par la variété et la pertinence des inquiétudes soulevées dans les rencontres auxquelles il a participé et est «sorti grandi et confiant de cette aventure».

Si on se parlait : Ce qui a le plus frappé Gabriel Nadeau-Dubois, c’est à quel point les gens pensent vivre des situations différentes, mais surtout à quel point ces situations, malgré certaines particularités, sont semblables.

Il faut qu’on se lève : Will Prosper a été «véritablement enchanté d’entendre autant de personnes partager la volonté de bâtir des ponts afin d’en apprendre davantage les uns sur les autres, sans égard à leur provenance, leur région, leur âge, leur religion, leur genre, leur statut social ou financier».

Baptême d’assemblée de cuisine : Alain Vadeboncoeur a remarqué que, même si les gens «se sont dits désengagés, déçus de la politique partisane», ils ont encore le goût de parler de politique, «de se remettre en mouvement, (…) de changer le monde».

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Lire! J’ai été agréablement surpris par ce livre. Je ne m’attendais pas à autant de profondeur dans les constats faits lors de ces rencontres. Par ailleurs, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que les recommandations des signataires sont quasiment une copie conforme du programme de Québec solidaire. Bon, il y a bien quelques différences, mais pas beaucoup sur l’alignement. Cela montre selon moi que le programme de QS est bien plus près des attentes d’une bonne partie de la population que ce que laissent penser bien des commentateurs de la politique. Il n’est donc pas étonnant que Gabriel Nadeau-Dubois ait déclaré se sentir chez lui à QS lors de son discours d’investiture comme candidat de Québec solidaire dans Gouin! Et, combien des huit autres animateurs et animatrices de cette tournée l’imiteront dans les prochains mois? Notons que Will Prosper s’est présenté pour QS dans Bourassa-Sauvé en 2012. Je ne rêve pas en couleur, mais si elles et ils sont cohérents avec ce livre qu’ils et elles ont signé, je les attends!

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14 commentaires leave one →
  1. 1 mai 2017 10 h 20 min

    Je l’ai acheté, mais il attend d’être lu. Tu me donnes le goût!

    Aimé par 1 personne

  2. Robert Lachance permalink
    1 mai 2017 13 h 19 min

    J’étais de passage à Montréal, au stationnement de La Bibliothèque, avec rien à faire de particulier après souper. J’ai acheté sans égard du prix, raisonnable somme toute, Ne renonçons à rien chez le Archambault le plus proche, l’autre librairie plus proche, en super vente, n’avait pas, pas parce qu’elle n’avait plus.

    J’ai tout lu et relu quelques chapitres avec contentement dans les jours qui ont suivi sans souligner. Mine de rien, un crayon HB 2002 m’aide maintenant à retenir à nouveau comme à 20 ans.

    Depuis, tabletté. Certaines investissements à contenu régénératif donc à plus haute incertitude écrirait Bryan Breguet, demande un temps d’attente.

    Le titre ma choqué, dans le sens d’étonné. Intrigué serait plus juste; dans le sens de correct, d’ortho, comme dans orthodémocratie.

    Ce titre est ambitieux, irréaliste, démagogique, la vie est faite de renoncements. N’importe qui en sait quelques choses, les syndiqués, les électeurs et les politiciens, donc.

    Vous avez droit à ne pas être n’importe qui dirais-je, si j’étais missionnaire avant d’être politicien.

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  3. 1 mai 2017 16 h 40 min

    J’ai vu ça comme un clin d’oeil à la toune On lâche rien, mais j’invente peut-être…

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  4. Robert Lachance permalink
    2 mai 2017 8 h 41 min

    22 mars 2012. Je vois, clin d’oeil très plausible.

    Français; au Québec ç’aurait été On lâche pas.

    J’ignorais cette chanson de HK et les Saltimbanks. Après avoir écouté deux fois plutôt qu’une, je sens la pertinence de retoucher l’avant-dernier paragraphe de mon précédent commentaire.

    J’enlève irréaliste et je remplace démagogique par rassembleur, mobilisateur, quelque chose comme en ouverture de négociation. J’ai vécu d’assez près trois front commun dans les 70. Qu’est-ce qu’on chantait ? N’attendez pas que je me rappelle…

    Dans le paragraphe précédent j’enlève démo de orthodémocratie. Je voulais écrire orthocratie. La politique est l’affaire d’un 5 % de citoyen qui se divertissent et se valorisent à se préoccuper du bien et du mal commun. C’était ça à Athènes, pas le 60-70 % d’une personne un vote, sollicité.e.s et obtenu.e.s.

    Connaissant moins le programme de QS que ceux d’ON et du PQ, je suis heureux d’apprendre, à lire votre conclusion, que je le connais maintenant mieux pour avoir lu, relu et tabletté Ne renonçons à rien. Je me félicite d’avoir acheté.

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  5. 2 mai 2017 16 h 02 min

    J’ai fait quelques changements au commentaire précédent en espérant que cela convient…

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  6. Robert Lachance permalink
    7 mai 2017 4 h 43 min

    Fort bien !

    C’était un non-événement tellement rare que je n’ai pas su laisser passer. J’ai commenté d’une manière que je tiens de Francis Dupuis-Déri.

    https://jeanneemard.wordpress.com/2014/08/04/quand-la-democratie-en-perd-son-grec/

    Parlant de clin d’oeil, ça me rappelle l’adage qui veut qu’il soit plus facile de voir la paille dans l’oeil du voisin que les poutres dans les siens.

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  7. Robert Lachance permalink
    7 mai 2017 19 h 05 min

    Imaginez-vous que je me rendais ce matin au Congrès régional du PQ de la Capitale-Nationale avec notre petit fils, de passage. Au Gym Rock où j’allais le déposer, il apprécie l’escalade, on m’apprend qu’il faut qu’il ait plus que 14 ans pour que je n’ai pas à le « garder ». Je comprend ça au nombre de femmes et d’enfants qui se prévalaient du service ce dimanche matin pluvieux.

    L’amener à la réunion, c’était gênant, au PQ, c’est pas comme à QS, il y a un âge minimum pour être membre, 16 ans. Être observateur, je ne sais pas. Contrevenir à la règle du Gym Rock, 14 ans, encore plus gênant, alors j’ai opté pour rester. Comme la dernière fois, je n’avais rien laisser au hasard, au cas que, j’avais apporté mes lunettes, mon crayon au plomb et Ne renonçons à rien.

    Je me suis enfoncé dans un fatigué divan de cuir brun, sous le souffle chaud d’un puissant ventilateur lointain et entrepris la lecture de sa deuxième partie, Des projets concrets, huit priorités, sous présence affirmée d’une odeur de chlore soutenable. Au départ, à côté de moi, une fillette disputait à son père j’imagine, quelque chose de rectangulaire.

    Vrai ou faux : en page 150, les enfants sont la plus grande richesse d’une société.

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  8. 7 mai 2017 22 h 15 min

    «c’est pas comme à QS, il y a un âge minimum pour être membre

    Je pensais qu’il y en avait un aussi à QS, soit 16 ans aussi. Avez-vous une source?

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  9. Robert Lachance permalink
    8 mai 2017 13 h 57 min

    En février ou mars 2014, avant le 7 avril de mémoire, j’avais écris à QS pour savoir après ne pas avoir trouvé une réponse dans ses statuts. Il m’a répondu qu’il n’y avait pas d’âge minimum pour y être membre.

    J’avais aussi écrit à la DGEQ pour savoir si la loi avait des exigence à ce sujet et la réponse avait été non.

    Il n’y a pas d’âge minimum chez ON, certain. À une assemblée régionale Capitale-Nationale, les membres présents étaient favorables à l’exercice du vote chez les moins de 18 ans tant que ce n’était pas une mesure de renatalité, d’émancipation des femmes.

    Cette correspondance doit être quelque par sur un disque dur suppléant qui a retenu ce qui a pu être récupéré d’un disque dur original vraisemblablement défailli. Je vais fouiller; restez en mode Commentaires récents.

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  10. Robert Lachance permalink
    8 mai 2017 14 h 37 min

    « Vrai ou faux : en page 150, les enfants sont la plus grande richesse d’une société. »

    Faux et vrai; les parents sont la plus grande richesse d’une société. Les enfants ne sont pas sans eux.

    « … les membres présents étaient favorables à l’exercice du vote chez les moins de 18 ans tant que ce n’était pas une mesure de renatalité, d’émancipation des femmes. »

    Correction : d’une relance des berceaux contraire à l’émancipation des femmes.

    Il n’y avait pas été question de la suppression de l’exercice du vote chez les plus de 64 ans comme solution de rechange pour annuler le déséquilibre politique intergénérationnel créé par l’accroissement de l’âge moyen de la population et l’absence d’alignement à l’espérance de vie.

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  11. 8 mai 2017 17 h 21 min

    Vous jouez un peu sur les mots…

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  12. Robert Lachance permalink
    10 mai 2017 12 h 47 min

    Question de mots, pour en jouer un peu je l’avoue, et en jouir, pour faire sommet d’une représentation hiérarchique de la question, il y a la politique et le politique.

    La politique est un jeu, le politique avare et pauvre de science exacte. La politique est de plus en plus images que mots, le politique ouvert à de plus en plus de chiffres.

    En essayant de retrouver ici des vestiges de ce que je n’ai pas encore trouver sur mon disque dur, aussi dur à y récupérer, j’ai constaté que ce n’est pas d’hier que je me dédie à la promotion de l’exercice de leur droit de vote constitutionnel par défaut des moins de 18 ans. Revoyez si vous voulez pour voir, sans nostalgie, c’était de la tendre et brave conversation.

    https://jeanneemard.wordpress.com/2011/05/09/changer-le-mode-de-scrutin/

    je retiens de mes lectures dont je vous suis reconnaissant pour quelques unes que la politique est maintenant et sans doute depuis la nuit des temps affaire de représentation et de débat. Le mode se scrutin règle les intérêts des partis mais pas forcément celui des électeurs ou mieux, celui du cosmos, ce qui nous exclut peut-être les humains, foi d’Hubert Reeves.

    https://jeanneemard.wordpress.com/2013/12/16/hubert-reeves-et-lavenir-de-lhumanite/

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  13. Robert Lachance permalink
    2 janvier 2018 8 h 25 min

    Dans cet ouvrage collectif printanier où j’étais curieux en particulier de Gabriel Nadeau-Dubois, je cherchais aussi du Jean-Martin Aussant. J’ai lu ailleurs que la révolution de 1917 avait été un succès parce que des hom-mes étaient au bon endroit au bon moment.

    Faute de ne pas avoir pu participer autant que souhaité aux assemblées de la tournée Faut qu’on se parle, Jean-Martin n’avait pas satisfait l’ambition de ses moyens qui ne sont pas peu dire, limités que par la confiance qu’il a en lui-même.

    Je le cite : « Si le siècle dernier a vu le Québec chercher à se doter des moyens de ses ambitions, je nous souhaite collectivement de ne jamais perdre les ambitions de nos moyens. Ces moyens ne seront toujours limités que par la confiance que nous aurons en nous-mêmes. »

    Une proche m’a fait la surprise à Noël de son court essai La fin des exils : Résister à l’imposture des peurs, d’une collection « portant sur les enjeux sociaux, culturels et individuels de notre époque, et écrits à chaud, dans l’urgence de dire les choses. L’équipe du magazine Nouveau Projet»

    Jean-Martin s’y trouve plus facilement que dans Ne renonçons à rien.

    Il le dédie À toute personne qui n’auront jamais leur nom en dédicace.

    Merci Jean-Martin !

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