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Le 1 % le plus riche

3 juillet 2017

Le 1% le plus riche – L’exception québécoise, de Nicolas Zorn, vise à présenter la hausse des inégalités de revenus dans les pays développés depuis environ 40 ans ainsi que les facteurs qui expliquent cette hausse. Sorti en même temps que J’ai profité du système, ce livre présente en quatrième de couverture des dédicaces très positives de deux des grands du domaine de la recherche sur l’évolution des inégalités, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman.

Préface : Dans cette préface, Pierre Fortin explique tout d’abord qu’on peut associer directement la forte baisse de la croissance économique depuis 1980 à la diminution de l’impact des révolutions industrielles en œuvre au cours de ces 40 années. Si ce facteur permet de comprendre la baisse de la croissance, il est plus difficile de comprendre pourquoi cette croissance s’est concentrée autant chez les plus riches et pourquoi ce niveau de concentration des revenus chez les plus riches diffère autant d’un pays à l’autre. C’est à ces questions que le livre de Nicolas Zorn tente de répondre, ainsi qu’à celle de savoir si certaines interventions gouvernementales pourraient aider à contrôler l’évolution et la taille de la tranche la plus riche d’une société. M. Fortin esquisse ensuite le portrait de ces réponses, ce que j’éviterai de faire ici.

Introduction : L’auteur montre que, même si les données indiquent clairement une hausse importante des inégalités de revenus et de richesse depuis quelques décennies, cette caractéristique n’intéresse vraiment la population que depuis quelques années. Il présente ensuite de nombreuses données sur les caractéristiques des plus riches et sur l’évolution de leurs revenus, au Québec, au Canada et dans bien d’autres pays.

Première partie – Pourquoi le 1 % le plus riche des pays développés a-t-il emprunté deux chemins différents?

1. Le rôle décisif des institutions : L’auteur présente et évalue dans ce chapitre diverses hypothèses et théories qui pourraient expliquer la hausse des inégalités de revenus un peu partout depuis 40 ans et le fait que cette hausse fut plus importante dans certains pays que dans d’autres. Cette présentation est complète, rigoureuse et intéressante, même si farcie de données de nombreuses sources.

2. Les modèles institutionnels et le chaînon manquant : S’il était déjà difficile dans le chapitre précédent d’isoler l’effet spécifique de chacun des facteurs présentés, il l’est encore plus dans celui-ci où on tente le même exercice avec des institutions qui sont toutes en œuvre en même temps et interagissent entre elles, de façon différente selon leur configuration dans les différents pays. L’auteur s’en sort quand même très bien.

Deuxième partie – L’évolution du premier centile

3. L’évolution modeste du 1 % le plus riche au Québec : L’auteur présente tout d’abord les données qu’il utilise, leurs forces, leurs faiblesses et les améliorations qui leur ont été apportées avec le temps, améliorations qui permettent de bien meilleures estimations de nos jours du niveau et de l’évolution de la part des richesses et des revenus accaparés par le 1 % le plus riche. Il explique ensuite cette évolution au Québec entre 1973 et 2008, présentant notamment la contribution de différents types de revenus (d’emploi, d’entreprises, d’actifs, de capital, etc.) pour mieux analyser les facteurs et événements à l’origine de ces mouvements.

4. Le Québec, un régime européen en Amérique? : L’auteur compare dans ce chapitre l’évolution de la part des revenus accaparés par le 1 % le plus riche au Québec avec celle observée dans des pays anglophones au régime libéral (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, etc.) et dans des pays pour la plupart européens au régime non libéral (France, Danemark, Suède, Japon, etc.). En plus, l’analyse comparative des arrangements institutionnels québécois et canadiens montre des différences importantes, ceux du Québec ressemblant davantage aux arrangements européens qu’à ceux des pays anglophones.

Troisième partie – Pourquoi le 1 % québécois a-t-il augmenté malgré tout?

5. : Une explication de la hausse des inégalités : L’auteur revient sur les facteurs économiques et institutionnels qui pourraient expliquer la hausse de la part des revenus accaparés par le 1 % le plus riche au Québec. Il montre ensuite les précautions qu’il faut respecter quand on les interprète.

6. Le rôle déterminant de l’impôt : Parmi les facteurs qui expliquent la hausse de la part des revenus gagnés par le 1 % le plus riche au Québec, l’impôt est celui qui semble agir le plus directement, tant intuitivement que par les indicateurs de corrélation. L’auteur consacre donc ce chapitre aux différentes formes que l’imposition peut prendre pour influencer la part des revenus gagnés par le 1 % le plus riche.

Conclusion : L’auteur teste ici certaines hypothèses pour analyser les effets de mesures qui pourraient être prises pour amoindrir les inégalités. Il examine notamment certaines mesures adoptées récemment par le gouvernement fédéral, comme l’ajout d’un palier d’imposition.

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Toute personne intéressée par la question des inégalités et à sa véritable signification devrait lire ce livre, surtout si elle aime les chiffres (même si j’en ai cités peu, il y en a beaucoup!). Même si ce livre est tiré d’un mémoire de maîtrise, il se lit très bien. On doit à cet égard souligner le travail d’édition. En plus de nous fournir des données fiables pour le Québec, ce livre explore aussi les facteurs qui expliquent la hausse des inégalités et est dans ce sens précieux pour développer des politiques qui permettraient de lutter contre la hausse des inégalités. Encore faudrait-il que les politiciens s’intéressent vraiment à ce sujet, mais cela, c’est notre boulot à tous et toutes, pas uniquement celui de l’auteur!

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2 commentaires leave one →
  1. 14 juillet 2017 7 h 04 min

    Ça me rappelle certains articles de Simon Langlois justement, qui attribuait lui aussi les impôts québécois comme un des facteurs très important pour expliquer la moindre inégalité au Québec… Mais quand nous promettre la baisse des impôts à toutes les élections, ça veut dire qu’ils nous promettent la hausse des inégalités… Et les gens bavent là-dessus comme si on leur offrait des bonbons. 😦

    Aimé par 1 personne

  2. 14 juillet 2017 21 h 09 min

    Les impôts sont de fait un facteur important (ou très important) pour expliquer les variations des inégalités, mais il y en a bien d’autres à ne pas négliger. Je ne dis pas qu’il les négligeait, mais je tenais à préciser.

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