Introduction à la philosophie – Tome I
Le premier tome de l’Introduction à la philosophie de Normand Baillargeon est une version revue et corrigée d’un livre paru initialement en 2010 sous le titre de Stéroïdes pour comprendre la philosophie. Ce livre «retrace la naissance, l’évolution et la transmission des plus importants concepts philosophiques». Comme il est très dense, je ne pourrai que mentionner les sujets abordés dans chacun des chapitres.
Introduction : Dans cette courte introduction, l’auteur souligne la riche histoire de la philosophie occidentale (la seule que ce livre aborde) et la grande variété du champ d’études des philosophes.
1. L’épistémologie et le rationalisme : L’auteur aborde dans ce chapitre la pensée de Platon et le rationalisme de René Descartes et d’autres penseurs. Ce chapitre, comme tous les autres, se termine avec un résumé de son contenu en dix points.
2. L’épistémologie – l’empirisme : On en apprend ici sur les idées de John Locke, qui contredisent celles de René Descartes, sur l’immatérialisme de George Berkeley (qui contredit les idées de Locke) et sur le scepticisme de David Hume (qui, même si l’auteur ne le précise pas, contredit les idées des deux premiers).
3. L’épistémologie – la synthèse kantienne et au-delà : Beaucoup plus difficile à comprendre, ce chapitre aborde l’œuvre d’Emmanuel Kant et vise à faire saisir la nature de l’idéalisme transcendantal dont Kant est le créateur. L’auteur poursuit en présentant des penseurs plus récents qui proposent des épistémologies différentes, comme le pragmatisme et très succinctement, le relativisme et le postmodernisme.
4. La philosophie morale – éthique et métaéthique : L’auteur examine d’abord deux positions en métaéthique, soit le relativisme éthique et le commandement divin, puis trois théories éthiques, l’utilitarisme, l’éthique déontologique kantienne et l’éthique de la vertu d’Aristote.
5. La philosophie de l’esprit – du dualisme au béhaviorisme : Dans le domaine de la philosophie de l’esprit, l’auteur nous entretient du dualisme, abordant ses fondements avec René Descartes, la loi de Leibniz et le principe de l’identité des indiscernables, du monisme (brièvement) et du béhaviorisme, aussi bien scientifique et méthodique que philosophique et conceptuel.
6. La philosophie de l’esprit – des théories de l’identité aux mystériens : L’auteur poursuit sa présentation de la philosophie de l’esprit en abordant les théories de l’identité (cerveau-esprit et fonctionnalisme) et les positions mystériennes (dont les promoteurs considèrent que certains problèmes ne peuvent pas être résolus, que ce soit en raison des limitations de nos capacités cognitives ou pour d’autres raisons).
7. La philosophie de la religion : La philosophie de la religion porte sur la signification de la place importante qu’occupe la religion dans la vie de bien des gens et au sein de nombreuses sociétés. L’auteur y décrit les caractéristiques du Dieu des religions monothéistes et y présente les «preuves» de son existence avancées par de nombreux philosophes (et réfutées par d’autres), ainsi que les raisons ou justifications de croire en Dieu ou pas.
8. La philosophie politique – les grandes idéologies politiques et la tradition du contrat social : La philosophie politique s’intéresse «aux questions conceptuelles et normatives» de ce domaine (comme l’égalité et la liberté), et «à la nature et à la valeur de nos institutions économiques, sociales et politiques, de l’État et du gouvernement». Dans ce chapitre, l’auteur dresse «le portrait des principales grandes idéologies» et «pose le problème de la justification de l’autorité politique» (notamment à l’aide du concept de contrat social).
9. La philosophie politique – la nature du politique et quelques théories politiques contemporaines influentes : L’auteur poursuit son analyse de la philosophie politique en présentant le matérialisme historique de Karl Marx (et ses autres positions politiques), le machiavélisme de Nicolas Machiavel, la critique des mécanismes de pouvoir et de contrôle de Michel Foucault, la tentative de réconciliation des idéaux de justice et d’égalité de John Rawls, le libertarianisme de Robert Nozick, le communautarisme de Charles Taylor (et autres) et le féminisme (plus difficile à associer à une ou quelques auteures). Il mentionne aussi les questions touchant l’écologie (ou l’environnement) et la mondialisation (ou globalisation), mais sans les développer, précisant qu’elles devraient fournir bien des réflexions philosophiques au cours des prochaines années.
10. L’esthétique et la philosophie de l’art : L’esthétique regroupe à la fois l’étude de la sensibilité artistique et la définition de ce qui est beau. Elle ratisse donc plus large que la philosophie de l’art et la comprend. Après avoir établi la distinction entre ces deux concepts, l’auteur aborde les questions entourant la définition de l’art, la nature de la beauté et de l’expérience esthétique, et la valeur de l’art et de l’expérience esthétique.
Questionnaire : S’ajoutant aux courts résumés composés de «10 points à retenir» à la fin de chaque chapitre, ce questionnaire de 12 pages contient 10 questions par section correspondant aux 10 chapitres du livre (décidément, le chiffre 10 domine ce livre!) et laisse penser que ce livre avait ou a encore des ambitions pédagogiques.
Et alors…
Lire ou ne pas lire? Lire! Je dois avouer que j’ai commencé ce livre un peu à reculons en raison de mes réserves sur les livres de philosophie et surtout sur ceux portant sur les «vieux» philosophes qui tentent tous (pas de femmes parmi eux) de nous convaincre de l’existence de Dieu avec des raisonnements plus tarabiscotés les uns que les autres. Je dis ça, mais je me suis quand même déjà tapé les 912 pages de l’Histoire de la philosophie occidentale de Bertrand Russell… ce qui explique peut-être mes réserves.
De par sa structure, le livre de Normand Baillargeon se distingue déjà de celui de Russell. Plutôt que de recenser les grands penseurs de façon chronologique, il présente l’évolution de la pensée philosophique par sujet, insistant parfois sur les classiques grecs, mais en arrivant souvent aux penseurs plus récents (j’aurais aimé qu’il parle de quelques penseures…) et souvent plus intéressants selon moi. En plus, je n’ai dû relire des paragraphes qu’une dizaine de fois, ce qui est très peu pour moi quand je lis des textes qui portent sur la philosophie et est un excellent indicateur de la clarté des propos. Il est certain que certains chapitres m’ont davantage plu (comme celui sur la politique) et d’autres moins (comme celui sur l’esthétique et les arts), mais cela relève plus de mes goûts et de mes intérêts que de la qualité des présentations. Bref, si jamais le tome II paraît (ce que l’auteur a récemment promis…), je vais me le procurer sans réserve! Ah oui, j’oubliais, les notes sont à la fin. Elles ne s’étendent que sur quatre pages et seulement deux de ces notes ne sont pas des références. Si cela amoindrit le désagrément, il est plus difficile de comprendre en quoi le fait de les mettre en bas de page aurait posé le moindre problème…