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11 brefs essais contre le racisme

8 avril 2019

Le livre 11 brefs essais contre le racisme – Pour une lutte systémique, dirigé par Amel Zaazaa et Christian Nadeau, dénonce le racisme systémique, soit «les oppressions diverses, mais toujours connexes vécues par les personnes racisées dans des domaines comme le travail, la justice pénale, la santé, l’éducation, le logement, etc.», et montre qu’il faut «passer de l’aveuglement à la prise de conscience collective pour agir et établir des normes politiques et sociales valables pour toutes et tous».

Préface : «Dans la réalité quotidienne, il existe plusieurs barrières sociales qui empêchent les citoyen.nes de jouir pleinement» des droits pourtant garantis par les chartes internationales et nationales. Frantz Voltaire présente certaines de ces barrières et des pistes de solution pour lutter activement contre le racisme, surtout systémique, puis nous invite à lire ce livre qui approfondit ces questions.

Introduction : Amel Zaazaa et Christian Nadeau définissent ce qu’est le racisme systémique et ce qu’il n’est pas, puis présentent les objectifs de ce livre et les textes qui suivent.

Québec, 29 janvier 2017 : je me souviens… : Cheikh Tidiane Ndiaye et Webster, père et fils, échangent «sur leurs parcours, leurs craintes et leurs espoirs» tout en se penchant sur les spécificités de l’identité québécoise et de son immigration pour mieux comprendre la montée de l’intolérance dans cette société. Le premier nous offre un rapide survol de la situation de 1976 à aujourd’hui, alors que le deuxième s’intéresse aussi bien à des événements plus récents qu’à «la réhabilitation de la présence noire au Québec afin de mieux cimenter l’identité québécoise dans toute sa pluralité».

Le système de justice et la lutte contre le racisme : Fabrice Vil analyse notre système de justice pour savoir s’il appuie la lutte contre le racisme ou s’il y contribue. Il conclut que seule la participation citoyenne peut améliorer ce système en favorisant l’adoption de lois justes, en contestant les lois discriminatoires et en faisant progresser les mentalités.

Islamophobie et racisme : Idil Issa montre que le concept d’accommodements raisonnables a toujours été présent dans l’histoire du Canada et du Québec, mais qu’il a commencé à devenir suspicieux au lendemain des événements du 11 septembre 2001. Puis il y a eu le code de conduite d’Hérouxville, l’ADQ élue opposition officielle, la charte des valeurs du PQ et bien d’autres événements qui ont polarisé la population. Elle a continué à militer, mais souligne qu’il est plus difficile de le faire pour les musulmanes voilées racisées.

Luttes sociales et syndicalisme : Dans le contexte actuel de corporatisme et de judiciarisation des relations de travail, Marc-Édouard Joubert se demande s’il est «encore pertinent pour des syndicats de s’impliquer dans les luttes sociales». Rappelant que, depuis que les organisations syndicales existent, les luttes ouvrières et sociales furent toujours entremêlées, il retrace une partie de l’histoire de ces luttes au Québec, notamment en matière de racisme, et conclut en soulignant l’urgence pour les syndicats de s’impliquer davantage dans les luttes contre le racisme, et en proposant quelques façons de le faire, notamment en créant des alliances avec des groupes communautaires engagés dans ce type d’actions.

Hoodstock ou la réappropriation d’une citoyenneté confisquée : Amel Zaazaa présente la réalité socio-économique de Montréal-Nord, puis raconte les événements, dont la mort de Fredy Villanueva et d’autres habitants du quartier abattus par des policiers, qui ont amené la population à créer le collectif Hoodstock, «un mouvement politique non partisan qui permet à la population de Montréal-Nord d’avoir voix au chapitre».

Une longue histoire à suivre - la commission d’enquête sur le racisme systémique : Will Prosper part aussi de la mort de Fredy Villanueva et du profilage racial, mais aussi du racisme sur le marché du travail, dans le logement, le transport, le milieu culturel, les services sociaux et ailleurs, pour expliquer sa proposition de mettre sur pied une commission d’enquête sur le racisme systémique. Il présente ensuite les démarches qu’il a entreprises avec d’autres pour concrétiser cette proposition et les réactions qu’elles ont suscitées, négatives du côté du PQ et de la CAQ, en moyenne négatives dans les médias, plus positives que prévu du côté du PLQ et décevantes du côté de QS, où il avait plus d’espoir. Devant cette impasse politique, l’auteur et son groupe entendent organiser quand même une commission itinérante sur le racisme systémique avec les moyens qu’ils auront su réunir.

Lutte antiraciste et mouvement communautaire : Alexandra Pierre déplore le manque de diversité dans le personnel des organismes communautaires et leur manque d’enthousiasme dans la lutte au racisme. Elle dénonce ensuite les expressions inadéquates pour parler des personnes racisées, fournit des données (désolantes) sur la présence de ces personnes dans les groupes communautaires, aborde d’autres aspects de la question, puis propose des pistes de solution.

Racisme et peuples autochtones – décoloniser les esprits par l’éducation : Widia Larivière apporte «un témoignage d’expériences et de visions personnelles» sur la discrimination et le racisme vécus par les Autochtones à travers les initiatives dans lesquelles elle s’est impliquée, notamment au sein du mouvement Idle no More, puis présente les défis qu’elle a rencontrés et propose des moyens pour en arriver à une véritable réconciliation entre les Autochtones et le reste de la société québécoise.

Antiracisme et interdépendance des droits : Lucie Lamarche et Christian Nadeau considèrent qu’il est relativement facile de combattre le racisme ordinaire, mais qu’il est plus difficile de lutter contre le racisme systémique, beaucoup plus pernicieux. Après avoir défini le racisme systémique, les auteur.es proposent des moyens pour le combattre.

Résister pour rester debout : Rodney Saint-Éloi raconte son exil d’Haïti et son arrivée à Montréal où on le regardait comme une minorité plutôt que comme une personne. Le choc de la découverte de ce racisme fut brutal. C’est la culture et la littérature qui lui ont permis de surmonter cette situation. Si ces domaines ne sont pas exempts de racisme, ils peuvent certainement permettre de se libérer.

Antiracisme et santé mentale : Stella Adjokê donne d’autres exemples d’expériences discriminatoires personnelles et collectives, soulignant qu’on reproche même aux personnes racisées de dénoncer ces formes de racisme systémique. Quand des problèmes de santé mentale s’ajoutent, surtout lorsque causés par cette forme de rejet, l’oppression ne peut qu’en être renforcée. L’indifférence face à ces injustices ajoute une nouvelle couche à ces sentiments d’exclusion. Elle conclut en insistant sur l’importance et l’urgence de «tout faire pour assurer le bien-être de nos collectivités», de «reconstruire ce qui a été détruit par la haine de nos peuples».

Conclusion : Amel Zaazaa et Christian Nadeau rappellent les conséquences de l’attaque de la grande mosquée de Québec en janvier 2017, dont le souvenir a été récemment ravivé par celle survenue en Nouvelle-Zélande. Il et elle insistent pour souligner qu’aucun.e auteur.e de ce livre ne prétend que le Québec est profondément raciste. C’est plutôt la présence du racisme systémique que ces auteur.es entendent combattre, soit le «mode de fonctionnement sociétal, qui va des habitudes culturelles et institutionnelles, des relations médiatisées par l’organisation du travail et du loisir, jusqu’au discours public et au partage de l’espace urbain, comme la séparation des quartiers», sans oublier la distribution des ressources.

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Lire, bien sûr! J’ai trouvé que ce livre complète bien celui de Reni Eddo-Lodge que j’ai présenté au début mars. Il fournit en effet de nombreux exemples concrets des manifestations du racisme systémique au Québec, alors que l’autre livre le faisait pour la Grande-Bretagne. Même si on y trouve quelques répétitions, ce qui est inévitable avec un livre écrit par autant d’auteur.es (13), chaque texte présente une réalité qui complète celles abordées dans les autres chapitres. S’il est déprimant de prendre connaissance de toutes ces manifestations de racisme, il est aussi encourageant de constater que tous ces textes contiennent des recommandations pour corriger la situation. Et les notes sont en bas de page.

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