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Que faire des cons ?

15 juillet 2019

Avec son livre Que faire des cons ? – Pour ne pas en rester un soi-même, Maxime Rovere, professeur de philosophie à l’Université pontificale catholique de Rio de Janeiro, «propose une nouvelle éthique pour penser et soigner ce fléau de notre temps, maladie du collectif et poison de nos vies individuelles».

Introduction : «Le problème n’est pas la connerie, ce sont les cons». En effet, si on doit sans hésiter combattre et anéantir la connerie, il n’est pas question d’anéantir les con.nes, et le vouloir montrerait qu’on en est un.e! Mais, comment faire pour vivre avec ces personnes exaspérantes? L’auteur se demande «si la philosophie peut trouver des solutions claires à ce problème urgent».

1. Trois conclusions jetées en préliminaire : Ces trois conclusions sont :

  • «on est toujours le con de quelqu’un», notamment parce qu’il «est très difficile de cerner avec précision ce qu’est un con» et qu’il s’agit d’une notion relative;
  • «les formes de la connerie sont en nombre infini», par exemple, il y a des con.nes qui ne doutent jamais de leurs certitudes et d’autres qui doutent de tout, même de ce qui est démontré;
  • «le principal con se trouve en nous-mêmes».

2. Comment on tombe dans les filets des cons : Même s’il a dit qu’il est difficile de définir ce qu’est un.e con.ne, l’auteur avance que «le con est celui qui manque de respect aux autres (…), qui en définitive détruit les conditions pour vivre ensemble». Et c’est notre répulsion pour les con.nes qui nous font tomber dans leurs filets et devenir nous-mêmes un peu con.nes…

3. Comment se remettre de sa stupeur : Pour éviter les effets de notre répulsion pour les con.nes, notamment la stupeur (ou sidération) qu’elle entraîne, il faut chercher des ressources qui nous sont souvent extérieures et passer par-dessus notre réaction instinctive.

4. Comment on passe de la faute à la chance : Un autre moyen de vaincre nos réactions impulsives est de voir cet objectif comme un défi. Réagir aux con.nes, c’est devenir leur complice. Mais ne pas le faire est difficile, d’où l’ampleur du défi.

5. Rechutes dans l’émotion : Et si, malgré tout cela, on recommence à réagir? Même après avoir relevé le défi, il n’est en effet pas exclu qu’une connerie particulièrement conne (j’essaie de rendre le ton de l’auteur) nous fasse rechuter. Il ne faut pas dans cette situation rejeter nos émotions, mais bien relever un autre défi, soit «d’épuiser la force des émotions en l’exprimant tout entière, jusqu’à plus soif» (pas sûr d’avoir compris).

6. Comment l’impuissance engendre le devoir : Quand une personne dit ou fait une connerie, on ressent le devoir de lui souligner pour qu’elle s’amende. Mais si la personne est conne, cela ne servira qu’à souligner que nous ne sommes pas con.nes comme elle, ce qui est par le fait même une réaction un peu conne (si j’ai bien compris).

7. Comment les autorités morales entrent en conflit : L’auteur montre l’inefficacité du recours à la morale ou aux autorités morales pour faire comprendre à des con.nes qu’ils et elles viennent de dire une connerie, d’autant plus que, selon les valeurs des personnes, ce qui est une connerie pour les un.es ne l’est pas nécessairement pour les autres. Les con.nes peuvent aussi n’avoir aucune cohérence, ce qui n’arrange rien.

8. Comment écouter un con : Quand un.e con.ne nous fait la morale, il faut surtout éviter de se justifier, car on embarque ainsi dans son système de valeur (ou dans son incohérence) et on ne peut que s’y enliser.

9. Pourquoi l’État se fout de nous : Dans les domaines de la religion et de la politique (et dans d’autres), les con.nes n’ont que faire des nuances, n’ayant que des certitudes. De même, ils et elles se considèrent toujours dans leur droit, dans toute situation. Mais, nous sommes vraiment dans notre droit de contester les institutions, car elles sont toujours en retard sur la société. L’auteur précise toutefois que, en raison de ce décalage permanent, ce sont les institutions qui sont connes, pas les fonctionnaires qui sont les premier.ères à subir les effets de cette connerie.

10. Pourquoi la menace est une forme de soumission : L’État, même si décalé, tend à intervenir dans de plus en plus de domaines. Pour éviter le totalitarisme, l’extension de ses domaines d’intervention doit être contrebalancée par un renforcement de notre autonomie de façon à pouvoir résoudre la plupart de nos problèmes sans faire intervenir l’État, tout en ayant la possibilité d’y recourir au besoin. Ce recours doit être utilisé uniquement en cas d’urgence, surtout contre des con.nes, car la menace d’y recourir nous place en position de faiblesse (et même de soumission).

11. Comment la morale achève l’interaction : Le recours à la morale comporte les mêmes désavantages que le recours à l’État, mais sans ses avantages. En plus, l’intervention de la morale est une forme de condition au dialogue qui doit justement se faire sans condition.

12. Pourquoi les cons préfèrent détruire : C’est une obsession bien répandue de vouloir détruire ce qui nous déplaît. Et, bien sûr, les con.nes parviennent rarement à résister à cette obsession. Il ne faut donc pas s’en étonner et on doit en tenir compte dans nos interactions avec ces personnes.

13. Pourquoi les cons gouvernent : S’il est désagréable d’échanger avec un.e con.ne, c’est bien pire quand il s’agit de son ou de sa patron.ne! L’auteur explique pourquoi il y a tant de con.ne dans des postes de direction (y compris en politique), pourquoi c’est inévitable et pourquoi c’est aussi bien…

14. Pourquoi les cons se multiplient : En fait, ce sont leur visibilité et le nombre de nos interactions avec les con.nes qui ont augmenté, notamment avec le gain de popularité des réseaux sociaux, pas nécessairement leur nombre. L’auteur avance aussi quelques autres raisons de cette impression de hausse.

15. Pourquoi les cons gagnent toujours : Même si l’humain a une grande capacité d’adaptation, il favorise souvent l’inertie, surtout lorsqu’il est con. Et, c’est cette inertie qui le fait gagner!

Conclusion : De cette conclusion, je ne retiendrai ici qu’une phrase :

«Pour ne pas sombrer dans la guerre contre les cons, qui serait celle de tous contre tous, nous ne pouvons qu’osciller entre trois stratégies : négocier avec ceux qui le peuvent, faire évoluer ceux qui se laissent faire, laisser être ceux qui s’y refusent.»

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Bof… Je ne me souviens plus ce qui m’a amené à me procurer ce livre, car je sais que j’avais beaucoup de réticences envers lui la première fois que j’en ai entendu parler. Ce livre oscille constamment entre l’analyse sérieuse, l’ironie et la dérision, sans qu’on puisse de façon certaine attribuer ce qu’on est en train de lire à une de ces possibilités. Le discours est souvent décousu et, surtout, l’auteur ne donne pas suffisamment d’exemples de ce dont il parle. J’ai ressenti l’incompréhension qui m’habite parfois en lisant des philosophes… Puis, je ne me sens pas mieux armé pour dialoguer avec des con.nes! Je préfère sa troisième proposition, les laisser tranquilles, quand c’est possible, un genre d’application de l’éloge de la fuite… Je soulignerai finalement qu’il n’y a pas de note, seulement une courte bibliographie de neuf livres que l’auteur dit ne pas avoir ouverts lors de la rédaction du sien. Bref, à moins d’aimer ce genre, on peut passer son tour.

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3 commentaires leave one →
  1. Robert Lachance permalink
    17 juillet 2019 6 h 25 min

    Si j’ai eu du mal avec le titre du livre présenté au billet précédent du 8 juillet, j’en ai eu davantage avec le cons au titre que je trouve provocateur du présent billet. Je suis donc allé au dictionnaire de synonymes de CRISCO, le centre de recherche inter-langues sur la signification en contexte.

    http://crisco.unicaen.fr/des/synonymes/con

    Je salue pauvre d’esprit, cornichon, cruche, idiot et imbécile.

    Je lis pour la première fois gourdiflot et bêtasse rangés premier et deuxième synonymes sur 13 dont on peut voir aussi les synonymes.

    J’ai lu au lien offert que l’éthique est le troisième champ de recherche principaux du Français Maxime Rovere après la littérature et l’histoire de la philosophie, par ordre décroissant. Dans la force de l’âge, Il a 42 ans.

    Je laisse à d’autres le plaisir de lire; vous m’épargnez le temps de le lire, merci.

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  2. 17 juillet 2019 10 h 26 min

    En effet, le titre, et je dirais aussi une partie du contenu, est provocateur, et probablement choisi par souci de marketing.

    J’aime

  3. Robert Lachance permalink
    17 juillet 2019 12 h 18 min

    J’ai lu et retenu que B.F. Skinner avait donné pour titre à son roman utopique science-fiction Walden Two, The sun is but a morning star. L’éditeur en a décidé autrement après trois ans de délai de publication.

    Georges Brassens dans la force de l’âge : Quand on est con, on est con.

    Qu’on se le disent et cons le répètent, je suis génial.

    Aimé par 1 personne

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