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La présidence Trump

23 septembre 2019

Avec son livre La présidence Trump – Dans l’antichambre d’un fou, Serge Truffaut «propose le récit des 14 mois ayant marqué l’arrivée au pouvoir d’un homme en train de bouleverser le paysage de la politique américaine» et donne la mesure «de l’énorme gâchis que ce président laissera en héritage sur les plans environnemental, international, social et juridique, entre autres».

Avant-propos : Avant même son élection, «tout un chacun savait que si Donald Trump l’emportait, il serait un président hors normes», mais à ce point? L’auteur explique aussi les démarches qu’il a entreprises pour pouvoir rédiger ce livre.

1. Janvier 2017 – Début du carnage : Dès son discours inaugural, Donald Trump a commencé à dénaturer les faits pour qu’ils correspondent à son message et à accuser les médias de tous les maux du monde. C’est à cette occasion que sa conseillère Kellyane Conway a pour la première fois évoqué l’existence de faits alternatifs. Trump réussit en plus à se mettre à dos de nombreux dirigeant.es de pays alliés, notamment en Europe, commence son œuvre de destruction, entre autres dans les domaines des droits de la personne, de l’économie et de l’environnement, et ne manifeste aucune gêne face à la «myriade de conflits d’intérêts» dans lesquels lui et les membres de son cabinet plongent sans retenue.

2. Heureux comme un nazi qui… : Où des nazis (des vrais, avec le salut hitlérien et tout le reste), dont certains deviendront membres du cabinet de Trump, célèbrent sa victoire.

3. Février 2017 – Aux abris ou aux barricades : L’auteur raconte les efforts d’élu.es démocrates et républicain.es pour se distancier des politiques de Trump, notamment en matière de relations internationales, ainsi que les réactions de nombreux.euses politicien.nes et analystes d’autres pays. Il poursuit en relatant des décisions insensées du gouvernement Trump dans les domaines de l’éducation, de la finance, du renseignement (lien avec les Russes), de la sécurité intérieure, de la défense nationale, des communications, de l’environnement et de l’immigration.

4. Mars 2017 – Donald et le pot au lait : En mars 2017, Donald Trump annonce une baisse d’impôt pour les riches et les sociétés, d’importants investissements en infrastructures (qui ne se réaliseront jamais, eux) et une révision des relations commerciales et internationales. L’auteur aborde aussi :

  • les liens de proches du président avec des Russes;
  • le dépôt d’un décret de Trump contre l’immigration musulmane;
  • une tentative ratée de mettre fin à l’Obamacare;
  • la négation du réchauffement climatique par le patron de l’Agence sur l’environnement.

5. Le triomphe post-mortem de Jackson : L’auteur montre brillamment que Donald Trump est un président populiste, comme le fut Andrew Jackson (je simplifie).

6. Avril 2017 – Le commando des riches : Les membres du cabinet de Donald Trump sont riches, très riches, avec des possibilités immenses de conflits d’intérêts. L’auteur parle aussi :

  • d’une attaque imprévue en Syrie et des relations avec la Chine;
  • des liens entre les proches de Trump et les Russes;
  • des luttes internes à l’intérieur de son cabinet;
  • des politiques adoptées pour récompenser les donateurs de la campagne de Trump;
  • de l’adoption du premier budget, tout à l’avantage des plus riches et des entreprises.

7. Darth Vader s’installe à la Maison-Blanche : Ce chapitre porte sur l’idéologie d’un des conseillers de Trump les plus influents, Steve Bannon.

8. Mai 2017 – Trump et les brutes : Méprisant envers les dirigeant.es des pays alliés, Donald Trump est au contraire tout mielleux avec les dictateurs. L’auteur aborde aussi :

  • les enquêtes du FBI sur les courriels d’Hillary Clinton et sur les liens de Michael Flynn et Paul Manafort avec les Russes;
  • le renvoi de James Comey, directeur du FBI, et ses suites;
  • une autre tentative ratée de mettre fin à l’Obamacare;
  • le réchauffement des relations avec l’Arabie saoudite et le refroidissement de celles avec l’Iran et l’Europe.

9. Juin 2017 – Non à l’accord de Paris : Sans surprise, mais après quelques tergiversations, Donald Trump a annoncé en juin 2017 que les États-Unis se retiraient de l’accord de Paris, ce qui n’a pas empêché les maires des 33 plus grandes villes du pays et de nombreux gouverneur.es à s’engager à poursuivre les objectifs de cet accord. L’auteur parle aussi :

  • d’un témoignage de James Comey devant la Commission sénatoriale du renseignement;
  • du dépôt d’une poursuite contre Trump pour conflit d’intérêts et corruption;
  • d’attaques de Trump contre le ministère de la Justice;
  • d’une autre tentative ratée de mettre fin à l’Obamacare.

10. Le juge et le salafiste : Le nombre élevé de nominations de juges des cours d’appel par Donald Trump risque «de façonner l’horizon juridique des États-Unis pour les trente prochaines années».

11. Juillet 2017 – Le dilemme coréen : L’auteur explique la situation géopolitique extrêmement complexe de la Corée du Nord, tant pour la Corée du Sud que pour la Chine, le Japon et les États-Unis, puis aborde :

  • la démission de Walter Shaub, directeur du Bureau de l’éthique gouvernementale;
  • la participation de Trump au G20 tenu à Hambourg, où il s’est retrouvé isolé tant sur la question environnementale que sur les enjeux commerciaux;
  • l’existence de comités secrets voués à la déréglementation dans une foule de domaines;
  • d’autres démissions, un autre échec à mettre fin à l’Obamacare et une autre attaque de Trump contre le ministère de la Justice.

12. Destitution ! Vous dites ? : Le processus de destitution d’un président des États-Unis est tellement complexe qu’il est quasiment impossible à appliquer.

13. Août 2017 – Renvoi du fort en gueule : Avec trois départs du cabinet (dont Steve Bannon, enfin…), d’autres frictions avec la Russie et un autre projet de loi sur l’immigration, le mois d’août ne se distingue pas des précédents. L’auteur parle aussi :

  • des liens de Trump avec «les groupes ou organisations les plus extrémistes»;
  • du négationnisme environnemental et scientifique du directeur de l’Agence sur environnement;
  • des vociférations et menaces de Trump contre la Corée du Nord;
  • de la «neutralité» de Trump («il y a des torts des deux côtés») face aux victimes (une morte et 19 blessé.es) des suprémacistes blancs à Charlottesville;
  • d’une autre attaque de Trump contre les médias et les journalistes.

14. Septembre 2017 – Le nerf coréen : Après une autre déclaration intempestive contre la Corée du Nord (accompagnée de reproches contre la Corée du Sud) et une engueulade avec son chef de cabinet nommé depuis seulement cinq semaines (John Kelly), Donald Trump émet des commentaires déplacés (et mensongers) sur une attaque terroriste dans le métro de Londres. L’auteur aborde ensuite :

  • l’intervention des Russes lors de l’élection de 2016, plus importante qu’on le pensait;
  • des discussions portant sur la possibilité de mettre fin au programme DACA qui permet à des immigrant.es sans papier arrivé.es mineur.es aux États-Unis d’y rester sous certaines conditions;
  • la campagne de Donald Trump contre Colin Kaepernick et les autres athlètes qui s’agenouillaient durant l’hymne national des États-Unis pour souligner la violence des policiers contre des Noir.es;
  • l’utilisation de leur boîte personnelle de courriels par de nombreux.euses conseiller.ères de Trump, exactement ce qu’il reprochait à Hillary Clinton;
  • une autre tentative de mettre fin à l’Obamacare et le dépôt officiel du budget avec ses fortes baisses d’impôts pour les riches et les entreprises.

15. Les abîmés de Duluth, Minnesota : L’auteur se sert de l’exemple de cette ville pour illustrer les dommages faits par la crise des opioïdes aux États-Unis (et aussi au Canada et dans le monde), elle-même une illustration des conséquences de l’avidité des entreprises aux États-Unis (et ailleurs).

16. Octobre 2017 – 59 personnes tuées : Après la fusillade de Las Vegas (59 personnes tuées et 527 blessées), il ne s’est rien passé, le lobby de la National Rifle Association (NRA) contrôlant bien les politicien.nes, surtout républicain.es. L’auteur parle aussi :

  • d’une nouvelle attaque de Trump contre le programme DACA et d’un discours de George W. Bush contre les politiques de Trump en matière d’immigration et de protectionnisme;
  • de menaces de Trump d’augmenter l’armement nucléaire des États-Unis et de mettre fin à l’ALENA;
  • d’une autre attaque ratée contre l’Obamacare, d’accusations d’escroquerie déposées contre Paul Manafort et deux autres proches de Trump, et de précisions sur l’ampleur de l’intervention des Russes lors de la campagne électorale de 2016.

17. Joe Sixpack habite Butte, Montana : Ce chapitre porte sur l’ampleur de la pauvreté aux États-Unis.

18. Novembre 2017 – Les faux jetons : Facebook a finalement, après 11 mois de négation, reconnu que son réseau a été utilisé par les Russes pour influencer l’élection de 2016 et pour propager des fausses nouvelles (émanant entre autres de Fox News). Novembre 2017 fut un mois plus calme que les précédents, mais on peut souligner la nomination d’un modéré à la Réserve fédérale (FED), un voyage de Trump en Asie (Japon et Chine), la divulgation de données sur l’ampleur de l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux et une enquête sur la Fondation Clinton.

19. Décembre 2017 – A-t-il toute sa tête ? : L’auteur montre que l’enrichissement des riches est le résultat de leur victoire dans la guerre des idées depuis les années 1970 et surtout 1980. On lit aussi dans ce chapitre (entre autres) qu’un groupe de 27 psychiatres s’inquiète de la santé mentale de Trump et le considère comme dangereux, que Trump a décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y déménager l’ambassade des États-Unis, et que des dictateurs se servent des critiques de Trump contre les médias pour censurer ceux de leur pays.

20. Le riche prend le frais à cœur d’Alene, Idaho : L’auteur présente les résultats d’une étude montrant une ampleur insoupçonnée (enfin, par lui!) de l’évasion fiscale chez les plus riches, notamment dans les paradis fiscaux (étude que j’ai présentée plus en détail dans ce billet).

21. Janvier 2018 – Le culte de sa personnalité : En ce début d’année, Donald Trump se vante de tout ce qui est arrivé de positif aux États-Unis en 2017, puis insulte ses adversaires et s’en prend à la Palestine, à l’Iran et à la Corée du Nord. Pendant ce temps, un livre de Michael Wolff paraît révélant les dissensions au sein de la Maison-Blanche et le comportement chaotique du président. L’auteur aborde aussi d’autres attaques contre des immigrants, les paiements à des femmes pour qu’elles taisent leurs relations sexuelles avec Trump, la participation de Trump au forum de Davos et un discours sur l’état de l’Union où Trump embellit la réalité et s’attribue (encore une fois) tout ce qui va bien.

22. Février 2018 – Queue de poisson : Le mois s’ouvre avec la publication d’une note de Trump et de ses conseillers pour discréditer le FBI et le ministère de la Justice dans leur enquête sur le rôle des Russes dans l’élection de 2016. Ce chapitre porte aussi sur des démissions de membres du cabinet de Trump, notamment dues à des accusations d’agressions sur leur femme, l’influence grandissante des évangélistes dans les décisions politiques, d’autres compressions et une autre fusillade dans une école.

23. Martin Luther est le roi d’Iron Mountain, Michigan : Cette ville est un exemple de la «fibre religieuse fanatique» dans bien des régions des États-Unis, et du soutien de l’État aux organisations religieuses.

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Lire, mais avec modération. Ce livre a la qualité de ses défauts, soit l’impression que chaque chapitre (mois) est la répétition du précédent. Ces répétitions sont essentielles pour illustrer le caractère inique de cette présidence. En effet, c’est le regroupement de tous ces événements assez bien connus qui montre qu’aucun d’entre eux n’est un accident, mais au contraire le reflet d’un esprit dérangé. À l’opposé, elles deviennent à la longue lassantes, surtout quand on a assez bien suivi l’actualité politique des États-Unis au cours des dernières années. Notons que je n’ai pas mentionné tous les faits contenus dans ce livre, loin de là. Ce livre se lit bien, grâce au talent de conteur de l’auteur. Autre point positif, il n’y a pas de notes à la fin du livre ni en bas de page en fait!

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