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Lettre d’un député inquiet

1 mars 2020

Avec son livre Lettre d’un député inquiet à un premier ministre qui devrait l’être, Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole masculin et leader parlementaire de Québec solidaire, se désole que la «conversion à l’écologisme» du premier ministre François Legault reste «sagement à l’intérieur des limites» de son «conservatisme économique» et vise à le convaincre de la réelle gravité des conséquences du réchauffement climatique.

Introduction : La première rencontre de l’auteur avec François Legault a eu lieu il y a cinq ans, lors d’un débat à la télévision sur les objectifs de l’éducation supérieure. À l’époque comme aujourd’hui, ils n’avaient pas la même opinion sur la question! Il aborde ensuite :

  • la concentration du pouvoir détenu par un premier ministre;
  • l’urgence d’agir contre le réchauffement climatique;
  • l’incohérence, voire la contradiction, entre le discours du premier ministre qui se dit conscient de l’urgence climatique et ses décisions qui vont dans le sens inverse;
  • les conséquences de l’inaction.

«Monsieur le premier ministre, je vous écris avec l’espoir, sans doute naïf, de vous persuader que le défi que pose l’écologie n’est rien d’autre que la nécessité de ramener les forces de l’économie à ce devoir élémentaire : rendre le monde habitable.»

1. Il n’est jamais trop tard pour bien faire : L’auteur rappelle que les premiers avertissements sur le rôle du dioxyde de carbone sur le réchauffement du climat par des scientifiques datent d’au moins 60 ans, et que ces avertissements n’ont cessé d’être renouvelés et accentués depuis ce temps. Il montre que les sociétés pétrolières connaissent les conséquences des émissions de gaz à effet de serre dont elles sont responsables depuis tout aussi longtemps (entre autres en raison des études qu’elles ont financées, mais gardées secrètes), mais qu’elles ont choisi de financer des campagnes et des organismes pour les nier. Le premier ministre les connaît aussi, mais refuse d’agir. Il aborde ensuite :

  • le fait que la réalité surpasse déjà les prévisions les plus pessimistes de réchauffement;
  • les conséquences mondiales d’un réchauffement de trois ou quatre degrés d’ici 2100, qui serait le plus prévisible sans virage majeur, mais qui pourrait atteindre six degrés selon les prévisions les plus pessimistes;
  • les conséquences mondiales d’un réchauffement de deux degrés d’ici 2100, qui seraient bien moins catastrophiques que les précédentes, mais quand même désastreuses dans certains pays.

L’auteur invite en conséquence le premier ministre à faire partie de la solution, pas du problème.

2. Les concierges : Les politicien.nes qui appliquent des mesures environnementales ne sont pas les plus populaires, comme l’expérience de Luc Ferrandez le montre bien. Pourtant, les politicien.nes se doivent d’être plus que les concierges des citoyen.nes qu’ils et elles représentent. Il aborde ensuite :

  • la difficulté en politique de traiter de problèmes complexes, les médias forçant les politicien.nes à transmettre des messages courts et percutants (les fameux clips);
  • le courage que les politicien.nes doivent démontrer pour proposer et adopter des mesures impopulaires, mais nécessaires;
  • le fait que trop de politicien.nes considèrent les électeur.trices comme des client.es et que ces politicien.nes prennent leurs décisions avec un horizon maximal de quatre ans, surtout pas de 20 ou 50 ans et encore moins en fonction des besoins des humain.es qui ne sont pas encore né.es, ce qu’il faudrait pourtant avoir le courage de faire en matière de réchauffement climatique;
  • la sincérité ou l’hypocrisie de François Legault quand il parle de l’urgence climatique.

3. Avons-nous les pieds coulés dans le béton? : L’auteur présente quelques-unes des caractéristiques de la population des circonscriptions qui sont représentées par un.e député.e de la CAQ : plus souvent formée d »automobilistes et de propriétaires que la moyenne, moins souvent d’immigrant.es. Des observations semblables peuvent aussi se faire dans les circonscriptions qui sont représentées par des député.es des autres partis, au Québec comme aux États-Unis et ailleurs, clivage qui nuit à la cohésion sociale et aussi à la lutte contre le réchauffement climatique qui touche pourtant tout le monde (quoique moins les plus riches). Il explique ensuite l’historique de l’étalement urbain et du développement des banlieues, et leurs conséquences sur le gaspillage de ressources et sur l’environnement. Il conclut en soulignant l’importance de cesser d’encourager l’étalement urbain et en proposant des façons de le contrer.

4. Tempête économique : L’auteur raconte les conséquences des tempêtes de poussière causées par l’agriculture intensive sur des terres se prêtant mal aux activités agricoles et par des périodes de sécheresse dans les années 1930 aux États-Unis dans la région qu’on appelle maintenant le Dust Bowl. Le fonctionnement actuel de l’économie et notre mode de vie risquent de produire des catastrophes de ce genre à l’échelle planétaire si nous n’adoptons pas des mesures importantes pour les éviter. Il montre que les mesures prises par les personnes qui nient le réchauffement climatique pour combattre les politiques visant la réduction des émissions de GES sont beaucoup plus audacieuses (comme les autocollants de Doug Ford) que celles adoptées par les politicien.nes qui reconnaissent l’urgence climatique.

Il critique ensuite le supposé pragmatisme de François Legault qui consiste à viser à ce que rien ne change tout en espérant par pensée magique que les émissions de GES diminuent d’elles-mêmes ou grâce à des technologies qui n’existent pas encore et qui n’existeront peut-être jamais. Puis, il énumère une série de mesures qu’il serait urgent de mettre en œuvre, en précisant que jamais la main invisible du marché ne pourra permettre une diminution significative des émissions de GES. L’auteur espère que François Legault réalisera vraiment l’urgence de la situation, même s’il en doute. En attendant, dit-il :

«je serai dans la rue avec les jeunes, je soutiendrai à la mesure de mes modestes moyens les écologistes et je vivrai dans l’espérance que les forces vives du Québec engageront le combat pour que le travail, la production, l’échange, la culture, nos lois et nos institutions œuvrent à rendre le monde habitable.»

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Lire! Ce tout petit livre, qui se termine à la page 93, se lit facilement, est bien structuré et aborde sans exagération le principal défi du XXIe siècle. Le style de l’auteur est limpide. Il sait être sévère envers François Legault, tout en lui tendant la perche. Son analyse est appuyée par des faits bien démontrés et fait le tour de la question, tout en demeurant facilement compréhensible. Et les notes sont en bas de pages.

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