Aller au contenu principal

Montréal en chantier

23 août 2021

Montréal en chantierSous la direction de Jonathan Durand Folco, les auteur.es de Montréal en chantier – Les défis d’une métropole pour le XXIe siècle veulent «décrypter divers processus, tensions et dynamiques à l’œuvre à l’échelle municipale. Cet état des lieux de Montréal se concentre sur douze enjeux, présentés comme autant de chantiers: urbanisme, espaces publics, mobilité, logement, économie numérique, fiscalité municipale, communs, culture (art public), démocratie locale, participation informelle, diversité et inclusion, luttes urbaines».

Introduction – Les défis d’une métropole au XXIe siècle : Jonathan Durand Folco explique que les villes sont au cœur des principaux enjeux du XXIe siècle. Ce livre porte sur la situation de la ville de Montréal dans de nombreux domaines regroupés en trois thèmes et douze enjeux.

Première partie – Habiter

Urbanisme – Le défi de concilier des ambitions métropolitaines avec les enjeux urbanistiques des petites patries : Environ 30 000 logements ont été détruits «entre 1954 et 1976 sous prétexte de lutte contre les taudis, de rénovation urbaine ou de grands projets immobiliers et autoroutiers». Gérard Beaudet présente les changements de perspectives urbanistiques (espaces publics, réaménagement des voisinages, infrastructures, patrimoine, logement social, etc.) au cours des décennies suivantes, avec leurs bons et mauvais coups. Il conclut en dénonçant l’improvisation de bien de ces projets et espère une meilleure planification à l’avenir.

Espaces publics – Les espaces publics de Montréal: des espaces de vie collective à protéger : «Les espaces publics constituent des miroirs de la société dans laquelle ils s’inscrivent». Céline Girard et Pénélope Seguin présentent l’évolution des espaces publics de Montréal et de leur utilisation par la population et par les entreprises commerciales. Elles abordent ensuite les facteurs qui permettent une meilleure utilisation de ces biens communs.

Logement- (Re)faire du logement une question de territoire : Ce texte porte sur la crise perpétuelle du logement à Montréal. Marie-Sophie Banville y aborde la financiarisation croissante du marché immobilier, le rôle de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) dans cette financiarisation et les interventions actuelles de la ville de Montréal dans le logement. Elle présente ensuite trois recommandations pour adapter les interventions de la ville au contexte décrit plus tôt.

Mobilité – L’énigme de la mobilité durable montréalaise : Florence Paulhiac Scherrer explique le concept de mobilité durable puis présente des données sur l’évolution des modes de déplacement dans la Communauté urbaine de Montréal (CUM), avec plus de précisions dans l’île de Montréal. Elle aborde ensuite :

  • les conséquences de ces modes de déplacements sur l’environnement (pollution, émissions de gaz à effet de serre, etc.), la santé (pollution aussi, sédentarité, accidents, etc.) et les inégalités d’accès au transport entre quartiers et municipalités;
  • le développement de l’offre de transport (routes, transport collectif, pistes cyclables et rues piétonnes) et sa planification;
  • l’urbanisme tactique (favorisant un nouveau partage des espaces publics).

Deuxième partie – Innover

Fiscalité – Repenser la fiscalité municipale montréalaise : Les responsabilités des villes se sont grandement élargies au cours des dernières décennies, mais pas leurs modes de financement. Maude Cournoyer-Gendron montre que ce mode, reposant surtout (près de 50 % des revenus à Montréal en 2020) sur l’impôt foncier, limite la marge de manœuvre des villes, surtout qu’elles ne peuvent pas faire de déficits. Elle présente ensuite les problèmes qui sont liés à la dépendance à l’impôt foncier, puis des pistes pour diversifier les sources de revenus des villes. Elle conclut en proposant une réforme de la fiscalité municipale.

Économie numérique – Repenser le développement numérique de Montréal : Depuis environ 40 ans, les administrations municipales de Montréal tentent d’attirer des investissements dans le secteur du numérique. Joëlle Gélinas, Philippe de Grosbois et Myriam Lavoie-Moore montrent que les plus récentes initiatives dans ce domaine sont subordonnées à des impératifs économiques, souvent au détriment des populations locales les plus défavorisées, et estiment que cette dépendance doit être renversée pour favoriser la participation démocratique.

Communs – L’économie des communs à Montréal : Marie-Soleil L’Allier appelle à l’utilisation des communs dans la création d’initiatives qui ne s’inscrivent pas dans une logique d’État ou de marché, mais s’appuient sur l’auto-organisation et l’autogestion, et «permettent à une communauté de gérer démocratiquement une ressource collective». Elle présente les nombreux secteurs dans lesquels des initiatives du genre ont été créées et décrit une trentaine d’entre elles. Elle aborde ensuite les principaux défis auxquels font face ces initiatives ainsi que des pistes d’actions «pour favoriser la multiplication des communs».

Culture – L’art public à échelle humaine : Laurent Vernet explique ce qu’est l’art public, les différentes formes qu’il peut prendre et ses possibilités de développement au cours des prochaines années. Il présente ensuite les principaux débats qui animent l’art public et les activités connexes.

Troisième partie – Participer

Démocratie locale – Les budgets participatifs : cœur du renouveau démocratique à Montréal? : Sophie Elias-Pinsonnault et Jonathan Durand Folco analysent les mécanismes de participation citoyenne aux décisions publiques à Montréal. Les auteur.es constatent tout d’abord leur complexité, leur grande variété et l’absence de vision d’ensemble des objectifs et de la place de la participation citoyenne aux décisions, puis donnent des exemples de ces mécanismes et de leurs résultats. Ce texte aborde aussi la sélection des participant.es, le mode de participation, les modalités du vote pour choisir parmi les projets soumis, la réalisation de ces projets, les défis de la participation et des pistes d’action.

Participation informelle – Où et comment s’engage-t-on à Montréal aujourd’hui? : Laurence Bherer et Pascale Dufour montrent que «Montréal se caractérise par une tradition forte d’engagement citoyen» en donnant de nombreux exemples dans différents domaines et sous diverses formes. Elles abordent notamment les actions de contestation, de participation informelle (hors des organismes et des mécanismes institutionnalisés), d’institutionnalisation de cette participation et d’innovation sociale.

Diversité et inclusion – Montréal: une métropole qui assume sa diversité? : Ricardo Gustave esquisse l’état des lieux du degré de reconnaissance de la diversité à Montréal, ainsi que de ses avancées et de ses lacunes «en matière de lutte contre les discriminations» et contre le racisme.

Mouvements sociaux et luttes urbaines – Le droit à la ville face à la gentrification des quartiers populaires montréalais : Ce chapitre porte sur «la gentrification de certains quartiers populaires montréalais et [sur] la polarisation sociale qui en résulte». Après avoir présenté trois concepts sur lesquels s’anime l’action des mouvements sociaux et deux notions qui permettent de mieux cerner le contexte politique entourant l’opposition des mouvements sociaux, Emanuel Guay et Alex Megelas analysent les mobilisations menées dans deux quartiers, Pointe-Sant-Charles et Parc-Extension. Ils concluent en proposant une réflexion sur le rôle des mouvements sociaux dans «la protection du droit au logement et à la ville» et dans d’autres luttes urbaines, et sur l’importance de ces luttes, même quand elles semblent ne pas avoir eu gain de cause.

Conclusion – Les chantiers de Montréal : Reprenant les trois thèmes explorés dans ce livre (habiter, innover et participer), Jonathan Durand Folco synthétise les apports des textes précédents et boucle la boucle en y ajoutant «quelques idées supplémentaires en vue de contribuer au débat public sur l’avenir de Montréal». Il aborde ensuite un thème non traité dans ce livre, la transition écologique, puis conclut en appelant à un changement de regard sur réalité montréalaise, en délaissant la vision économiciste des enjeux locaux pour passer à une politisation de la question municipale basée sur la réalité concrète des gens qui «habitent cette ville singulière».

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Lire! Ce livre fait vraiment le tour des enjeux sociaux auxquels Montréal fait face. Chose rare dans un livre écrit par autant d’auteur.es (18, dont 11 femmes), on n’y trouve aucune répétition digne de mention. Cela montre la qualité de la direction de l’ouvrage qui a su bien répartir les sujets et les mandats. Malgré le grand nombre de sujets traités et la relative brièveté des textes, chacun d’entre eux est présenté avec rigueur, avec une mise en contexte, une description claire et des propositions intéressantes pour faire avancer le débat. En outre, ce livre contient de nombreux graphiques, photos et images qui agrémentent la lecture. Sa lecture est parfois exigeante face à la quantité d’informations et d’analyses qu’il contient, ce que je ne considère pas comme un défaut dans ce contexte. Finalement, autre bon point, les notes, aussi bien des références que des compléments d’information, sont en bas de page.

2 commentaires leave one →
  1. Sciencesenviro permalink
    23 août 2021 9 h 56 min

    Bonjour Mario,
    Merci la présentation de ce livre! Ça donne clairement envie de le lire.

    Petite coquille dans le texte, il est écrit « Jonathan Durand Folio » dans la section « Introduction ».

    Cordialement.

    J’aime

  2. 23 août 2021 10 h 26 min

    Merci, c’est corrigé!

    J’aime

Laisser un commentaire