Les postes vacants, la COVID-19 et les programmes d’aide aux travailleur.euses
En juin 2021, il y avait plus de 815 000 postes vacants au Canada et près de 220 000 au Québec, nombres en hausse de respectivement 40 % et 56 % par rapport au deuxième trimestre de 2019, selon les tableaux 14-10-0371-01 et 14-10-0325-01 de Statistique Canada. Le taux de postes vacants, soit le nombre de postes vacants divisé par le nombre d’emplois occupés plus le nombre de postes vacants, est passé de 3,5 % à 5,0 % au Canada et de 3,8 % à 5,8 % au Québec. En fait, si on compare les deuxièmes trimestres de 2019 et de 2021, ce qui serait plus juste, le taux de postes vacants est plutôt passé de 3,5 % à 4,5 % au Canada et de 3,8 % à 5,5 % au Québec.
Comment expliquer cette hausse importante? Si on écoutait seulement le Conseil du patronat du Québec (CPQ) et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), ainsi que certain.es chroniqueur.euses et politicien.nes, on aurait l’impression que le principal coupable est la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE). Pourtant, aucune étude sérieuse n’a porté sur ce sujet, comme il n’y en a pas eu quand on accusait la Prestation canadienne d’urgence (PCU) de désinciter au travail.
Dans ce billet, je vais présenter quelques facteurs qui peuvent expliquer cette hausse et une étude portant sur la même situation aux États-Unis, où le même phénomène s’observe et où les mêmes accusations sont avancées par les organismes patronaux et les politicien.nes de droite.
Facteurs expliquant potentiellement la hausse des postes vacants au Québec et au Canada
Comme aucune étude ne porte sur le sujet et que les données ne permettent pas d’isoler l’impact de facteurs précis (sauf le premier), je vais ici présenter et commenter quelques facteurs pouvant expliquer cette situation :
- situation antérieure : comme indiqué en amorce, le taux de postes vacants était déjà élevé avant la pandémie (quand la PCU et la PCRE n’existaient pas); les données montrent que le taux de postes vacants était au deuxième trimestre de 2019 à 77,6 % de son niveau actuel au Canada (3,5 %/4,5 %) et à 69,3 % au Québec (3,8 %/5,5 %); il s’agit donc du facteur qui explique le plus le taux actuel de postes vacants; notons en plus que ce taux a été au Québec inférieur à 2,2 % au cours des neufs trimestres entre le premier de 2015 et le premier de 2017, et aussi bas que 1,5 % au quatrième trimestre de 2015, ce qui montre que sa tendance à la hausse date de bien avant la pandémie et la création de la PCU et de la PCRE;
- maladie et peur de la COVID-19 : il est bien certain que les personnes malades, soit les quelque 4729 cas actifs au Québec au moment où j’écris ces lignes, les personnes en quarantaine et probablement les victimes de la COVID longue et le surplus de personnes en attente de chirurgie (dont le nombre ne peut pas être estimé), ne sont pas en mesure de travailler; à ces personnes s’ajoutent celles qui peuvent refuser des emplois par crainte d’attraper la COVID-19, surtout dans des domaines où les contacts sont nombreux et où la prévalence de la maladie est élevée, comme dans la santé, la restauration et les entreprises de transformation alimentaire;
- réorientation : bien des personnes, mais on ne peut pas savoir combien, ont profité de la perte temporaire, mais prolongée, de leur emploi pour chercher ailleurs des emplois aux meilleures conditions de travail ou qui leur conviennent davantage, ou encore suivre une formation pour atteindre cet objectif; cela peut avoir eu lieu dans bien des domaines, mais notamment dans la restauration, secteur aux mauvaises conditions de travail, pas seulement au niveau salarial (voir cet article où une personne qui s’est réorientée dénonce ces conditions, dont le harcèlement, le racisme et les heures irrégulières), industrie notamment caractérisée par un fort taux de roulement, car il est fréquent que des personnes y travaillent en attendant de trouver mieux, même en temps «normal»; d’ailleurs, cette industrie (services d’hébergement et de restauration) est celle où on observe le taux de postes vacants le plus élevé (12,7 % en juin 2021 au Canada par rapport à la moyenne de 5,0 % selon le tableau 14-10-0372-01, et 6,6 % au premier trimestre de 2021 au Québec par rapport à la moyenne de 4,2 %, selon le tableau 14-10-0326-01), alors que son taux de chômage en juillet 2021 était plus faible qu’avant la pandémie (4,5 % par rapport à 6,9 % en juillet 2019 au Québec et 4,0 % par rapport à 5,7 % au Canada, selon le tableau 14-10-0022-01) et que l’emploi y était toujours plus bas de 20,5 % au Québec et de 16,4 % au Canada, ce qui montre que le nombre de personnes qui ont quitté cette industrie est très élevé; ce motif comprend aussi les personnes qui ont réalisé durant leur période de perte d’emplois qu’elles n’étaient pas heureuses dans leur ancien emploi et ont décidé de ne plus y retourner (à ce sujet, lire cette excellente chronique de Paul Krugman);
- subventions aux entreprises et baisse des faillites : si certaines personnes pointent les transferts aux personnes ayant perdu leur emploi, elles mentionnent rarement, voire jamais, l’impact des subventions aux entreprises sur les postes vacants; pourtant, le gouvernement fédéral a transféré presque autant d’argent dans le cadre de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), soit 90,8 milliards $ au 22 août 2021, par rapport à 24,8 milliards $ pour la PCRE et 74,1 milliards $ pour la PCU, sans tenir compte des autres aides aux entreprises (loyers, prêts, etc.) ni des «économies» à l’assurance-emploi découlant de l’inscription à la PCU; ces aides aux entreprises ne sont pas étrangères au fait que «le nombre de dossiers d’insolvabilité déposés par les entreprises est passé de 3 680 à 2 786» au Canada entre 2019 et 2020, une baisse de 24 %, et de 3224 à 2507 entre les 12 mois se terminant en juin 2021 et les 12 mois se terminant en juin 2020, une baisse de 22 %; cela a fait en sorte que plus de 1000 entreprises de plus qu’en temps normal sont restées actives en juin 2021, faisant augmenter un peu artificiellement la demande de main-d’œuvre et le nombre de postes vacants; notons que je ne conteste pas du tout la pertinence de ces aides (quoique peut-être certaines modalités, mais ce n’est pas l’objet de ce billet);
- vieillissement de la main-d’œuvre et retraites : j’ai calculé que le vieillissement de la main-d’œuvre a fait baisser le taux d’activité global de 64,8 % en février 2020 à 64,1 % en juillet 2021 (en supposant des taux d’activité fixes en février 2020 et en juillet 2021 dans toutes les tranches d’âge de cinq ans et en les associant à la proportion de la population adulte dans chacune de ces tranches d’âge), ce qui correspond à une baisse de 48 000 personnes actives, essentiellement une hausse du nombre de retraites; c’est autant de personnes qui ne sont plus en mesure de pourvoir les postes vacants;
- migrations : le solde migratoire international (immigration moins émigration) a diminué de 143 000 (ou de 46 %) au Canada et de 10 000 au Québec (ou de 28 %) entre 2019-2020 (avril à mars) et 2020-2021, et le solde des résident.es non permanent.es (travailleur.euses étranger.ères temporaires, étudiant.es étranger.ères et personnes qui revendiquent le statut de réfugié.e) de 245 000 au Canada et de 75 000 au Québec, pour une baisse totale de 388 000 au Canada et de 85 000 au Québec, selon le tableau 17-10-0040-01; cette baisse a fait diminuer considérablement l’offre de main-d’œuvre; il est vrai que les dépenses ces personnes engendrent aussi une hausse de la demande de main-d’œuvre, mais celle-ci se manifeste en partie dans des industries dans lesquelles il n’y a pas de difficultés de recrutement et dans des produits d’importation, alors que les emplois qu’ils auraient occupés sont par définition dans des emplois que les employeurs veulent pourvoir (sinon, ils ne les embaucheraient pas!); notons que le déficit de la migration interprovinciale a diminué de 745 au Québec au cours de la même période (ce solde est par définition nul pour l’ensemble du Canada), selon le tableau 17-10-0020-01, mais cet impact est mineur par rapport à celui de la baisse du solde migratoire international et du solde des résident.es non permanent.es (745/85 000 = 0,88 %);
- services de garde : bien des personnes (dont on ne peut estimer le nombre), surtout des femmes, éprouvent des difficultés à trouver des places dans les services de garde, ce qui les empêchent d’occuper un emploi, notamment en raison des difficultés de recrutement d’éducatrices, difficultés qui s’expliquent en bonne partie par leurs conditions de travail insatisfaisantes (voir le point suivant);
- conditions de travail : la vacance de nombreux postes peut s’expliquer par de mauvaises conditions de travail et pas seulement en raison de salaires insuffisants, comme dans le cas des infirmières qui quittent parfois leur poste dans le secteur public en raison du travail supplémentaire obligatoire (TSO); du côté des salaires on peut par exemple remarquer que le salaire horaire moyen des employé.es rémunéré.es à l’heure était au premier trimestre de 2021 au Québec 22,5 % plus élevé que celui offert par les employeurs pour leurs postes vacants (27,20 $ par rapport à 22,20 $), selon les tableaux 14-10-0205-01 et 14-10-0326-01; même dans une industrie à bas salaires comme les services de restauration et débits de boissons, cet écart était de 15,2 % (16,43 $ par rapport à 14,25 $); notons qu’il est normal qu’il y ait un écart de salaires entre des postes vacants et des postes existants, mais ces écarts rendent tout de même ces postes moins attrayants;
- PCRE : il est aussi possible que la vacance d’un certain nombre de postes soit attribuable à la PCRE, comme le disent notamment les organismes patronaux, mais il serait étonnant que cela dépasse un faible nombre de cas anecdotiques; en effet, les personnes qui accusent ce programme d’être le principal facteur expliquant la hausse du taux de postes vacants semblent ignorer qu’il ne s’adresse qu’aux travailleur.euses autonomes et aux salarié.es qui n’ont pas droit aux prestations d’assurance-emploi (personnes qui n’ont souvent pas le profil des personnes recherchées par les employeurs pour pourvoir leur postes vacants), que la prestation hebdomadaire est passée de 500 $ à 300 $ à la fin juillet pour les personnes qui n’ont pas travaillé depuis le début de cette prestation, au début octobre 2020 (les personnes touchant encore 500 $ ont donc accepté un emploi entre-temps et ne l’ont pas refusé en raison de la PCRE!) et que, contrairement aux critères de la PCU, ceux de la PCRE excluent les prestataires qui ont refusé «un travail raisonnable», le mot important étant ici «raisonnable», ce que trop des postes vacants ne sont pas; en plus, notons que, selon le tableau 14-10-0287-01, le taux d’emploi des jeunes (âgé.es de 15 à 24 ans), que bien des employeurs et chroniqueur.euses accusent de préférer rester à la maison avec la PCRE plutôt que de travailler, a dépassé en juillet 2021 son niveau d’avant la pandémie (66,7 % par rapport à 66,3 % en février 2020 et même à 63,9 % en juillet 2019) et que leur taux de chômage est devenu inférieur (6,7 % par rapport à 7,0 % en février 2020 et même à 8,3 % en juillet 2019); ajoutons finalement que le nombre de personnes touchant des prestations de la PCRE au Québec a diminué de 43 % ou de 98 240 personnes entre son sommet de janvier et la semaine se terminant le 3 juillet, dont une baisse de plus de 20 000 personnes ou de 14 % au cours de la dernière période, ce qui laisse penser que ce nombre est sûrement encore plus bas aujourd’hui; cette forte baisse montre que ces prestataires ont été nombreux à accepter des emplois ou à retrouver leur ancien emploi;
- autres facteurs : il y a probablement d’autres facteurs plus personnels et particuliers qui peuvent expliquer la hausse du taux de postes vacants, mais ils seraient sûrement anecdotiques; notons que les facteurs mentionnés ici ne sont pas pour la plupart mutuellement exclusifs, donc qu’une même personne peut refuser un poste vacant pour plus d’un de ces facteurs.
Le supplément à l’assurance emploi aux États-Unis et les postes vacants
Aux États-Unis, où on observe une situation étonnamment similaire et où on blâme aussi les programmes d’aide aux travailleur.euses pour la hausse du nombre de postes vacants, il y a eu quelques études tentant d’estimer l’impact de ces programmes sur l’emploi, comme celle que j’ai présenté dans ce billet en septembre 2020, étude qui concluait «que le supplément de 600 $ a eu peu ou pas d’impact sur la volonté des chômeur.euses de chercher du travail ou d’accepter des offres d’emploi». En plus, les événements plus récents ont permis de peaufiner ce genre d’analyse, puisque plus de la moitié (26 sur 50) des États ont décidé de mettre fin à leur participation au programme fédéral de supplément de 300 $ par semaine aux prestations d’assurance-chômage pour inciter les chômeur.euses à accepter des emplois, ce qui permet d’analyser la situation de l’emploi en comparant les États qui y ont mis fin avec ceux qui y participent encore.
Un billet de l’Economic Policy Institute (EPI) publié le 24 août présente justement quelques-unes de ces analyses. Un premier constat est que l’emploi a en moyenne augmenté davantage entre avril et juillet 2021 dans les États qui ont continué à y participer (1,6 %) que dans les autres (0,9 %) et que le taux de chômage y a davantage baissé (de 0,4 point de pourcentage par rapport à 0,2).
Une analyse plus poussée de Peter Ganong montre, comme on peut le voir dans le graphique ci-contre, que la situation a varié grandement entre les États, ceux qui ont conservé le programme (barres bleues) ayant connu les trois plus fortes croissances de l’emploi entre mai et juillet (Hawaï, Vermont et Caroline du Nord), mais aussi la plus forte baisse (Kentucky). Ceux qui n’ont aboli que le supplément (barres roses) ont connu en moyenne une croissance plus élevée que ceux qui ont aboli tous les programmes d’aide, comme celui ressemblant à la PCRE à l’intention des travailleur.euses autonomes et des salarié.es non admissibles à l’assurance-chômage (barres rouges). Il peaufine ensuite son analyse en tenant compte des tendances antérieures dans ces États pour conclure que l’intervalle de confiance de l’impact de la fin du supplément et des autres avantages auprès des personnes qui ont été touchées directement par ces mesures varie entre -0,14 % et 0,9 %, ce qui indique que cet impact fut mineur et probablement un peu négatif (entre autres en raison de la baisse des dépenses de ces personnes due à la diminution de leurs revenus). Notons toutefois que cette analyse ne tient pas compte d’autres caractéristiques, dont le fait que les États qui ont mis fin au supplément sont surtout républicains et sont actuellement plus touchés par la COVID-19, ce qui nuit à la reprise de l’emploi, quoique l’utilisation des tendances historiques minimise l’impact de cette omission.
Le billet de l’EPI poursuit en soulignant que, dans le secteur qui se plaint le plus de l’effet négatif du supplément sur l’emploi, soit dans les loisirs et l’hospitalité (qui comprend l’hébergement et la restauration), l’emploi a augmenté de 3,2 % entre avril et juillet dans les États qui ont mis fin au supplément et de 6,5 % dans les États qui l’ont conservé, encore une fois probablement en raison de la baisse des dépenses des personnes qui ne reçoivent plus ce supplément (et possiblement des décisions de confinement des États).
Une autre étude de six auteurs (dont Arindrajit Dube que je respecte beaucoup et de qui j’ai présenté quatre études sur le salaire minimum) intitulée Early Withdrawal of Pandemic Unemployment Insurance: Effects on Earnings, Employment and Consumption (Retrait anticipé du programme d’assurance-chômage en cas de pandémie : Effets sur les gains, l’emploi et la consommation) se concentre sur les effets de la fin du versement du supplément sur les personnes touchées. Les principaux résultats de cette étude, qui porte sur un échantillon de plus de 16 000 prestataires de l’assurance-chômage à faibles revenus, sont que :
- le nombre de ces prestataires a baissé de 46 % dans les États qui ont mis fin aux programmes d’aide (fin survenue dans la première moitié du mois de juillet) entre la fin avril 2021 et la fin juillet 2021, alors que ce nombre n’a baissé que de 11 % dans les États qui les ont maintenus;
- la part des personnes ne recevant plus de prestations (46 % et 11 %) qui avaient un emploi au début d’août était de 25,9 % dans les États qui ont mis fin aux programmes d’aide et de 21,5 % dans les États qui les ont maintenus, un écart de 4,4 points de pourcentage (avec un intervalle de confiance à 95 % passant de 2,1 à 6,8 points);
- cet «avantage» (4,4 points) est minime par rapport à la différence de personnes ne recevant plus de prestations (-35 points), soit de 12,5 % (ou de 1/8), ce qui montre que la grande majorité des personnes recevant le supplément de prestations acceptent des emplois quand elles le peuvent et que cette décision pénalise grandement ces ménages à faibles revenus;
- en moyenne chez les personnes ne recevant plus de prestations, les revenus de prestations ont baissé de 278 $ par semaine, les revenus de travail ont augmenté de 14 $ (seulement 5 % des pertes) et les dépenses de consommation ont diminué de 145 $ (soit de 20 %);
- le taux des personnes qui ont continué à recevoir des prestations d’assurance-chômage, mais sans le supplément de 300 $, et qui ont trouvé un emploi n’est pas statistiquement différent du même taux pour les personnes qui ont continué à recevoir le supplément; cela montre que ce n’est pas la perte du supplément qui a permis un taux d’embauche plus élevé de 4,4 points de pourcentage, mais la fin «mécanique» de leur période de prestations, soit la perte complète des prestations.
Précisons enfin que les auteurs ont tenu compte des effets des mesures contre la COVID-19 qui ont été bien différentes dans les États qui ont mis fin aux programmes d’aide (surtout républicains) et dans les États qui les ont maintenus (surtout démocrates). Dans leur conclusion, les auteurs expliquent que le résultat de 4,4 points de pourcentage de différence dans les taux d’embauche surestime l’effet de la fin des programmes d’aide sur l’emploi, car les emplois que ces personnes ont trouvés auraient pu être occupés par d’autres personnes et que l’échantillon utilisé dans cette étude s’est limité aux prestataires à faibles revenus qui réagissent plus fortement à ce genre d’incitatifs. Ils ajoutent que la baisse de leurs dépenses (d’environ 2 milliards $ en un peu plus de 2 mois) a ralenti la demande de main-d’œuvre et a ainsi privé d’autres personnes d’emplois (par des pertes d’emplois et moins d’embauches), phénomène non capté par cette étude.
Et alors…
La première partie de ce billet montre que les facteurs qui expliquent la hausse du taux de postes vacants sont beaucoup plus nombreux que ne le prétendent les adversaires de la PCRE, que le principal facteur est la situation prévalant déjà avant la pandémie et que si la PCRE peut expliquer un certain nombre de cas, elle demeure un facteur mineur, voire inexistant. La deuxième partie de ce billet montre d’ailleurs que, en raison des décisions de la moitié des États de mettre fin au supplément à l’assurance-chômage, on a pu établir que, là aussi, l’impact de ces programmes sur l’emploi et les postes vacants est mineur, mais aussi qu’il peut ralentir la croissance de l’emploi en raison de la baisse des dépenses des ménages touchés par l’abolition de ces programmes.
L’étude présentée dans cette deuxième partie aborde aussi un aspect de la question trop rarement mentionné, soit l’impact sur les ménages à faibles revenus de l’abolition de ces programmes d’aide. Est-il politiquement et moralement justifié de jeter dans la misère des milliers de ménages pour peut-être pourvoir quelques postes vacants, même quand on n’est même pas certain qu’on fera ainsi augmenter l’emploi total? Disons que je n’hésite pas à répondre à cette question par la négative et que cette réponse demeurerait négative même si cela permettait d’en pourvoir davantage…
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Vraiment le texte le plus complet et le plus intéressant que j’ai lu sur la question. Merci!
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Merci à toi! Ça faisait un bout que je pensais le faire. Je notais les facteurs qui pouvaient avoir un impact (j’en ai aussi discuté avec d’autres personnes) et réfléchissais aux données qui pouvaient permettre d’avoir une idée de l’ampleur de cet impact par facteur. C’est finalement la publication des billets de Krugman et de l’EPI, ainsi que celle des données de juin sur les postes vacants qui m’ont poussés à m’y mettre…
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Oh que j’attendais ce billet avec impatience. Immense boulot. Peut être un “autre facteur”, qui n’est sans doute pas si important, la peur de voir les restaurants etre encore une fois fermés à cause d’une 4e vague. Car il faut bien le dire, même avec des prestations s’élevant à 500$ semaine, ce n’est pas évident d’arriver à la fin du mois. Beaucoup ne veulent plus prendre ce risque.
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@ Yanick n
Bon point, que j’aurais dû ajouter au facteur des conditions de travail, la sécurité d’emploi en faisant partie, d’autant plus que j’ai de fait lu des témoignages à ce sujet. Mais, cela aurait pu aussi être un facteur de lui-même, le facteur yo-yo!
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Beau texte bien appuyé avec des statistiques américaines. Si la PCRE n’a que peu d’effet, que pouvons nous faire pour améliorer la situation et pourvoir les postes vacants? Personnelement, je travail dans un centre de recherche dans le domaine minier et je trouve désolant que la recherche est ralentit par le manque de main d’oeuvre pendant que les ressources financières semblent illimités.
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@ David Vohl
Merci pour les bons mots.
«avec des statistiques américaines»
Dans la première partie, ce sont des données pour le Canada et le Québec.
«que pouvons nous faire pour améliorer la situation et pourvoir les postes vacants»
J’ai pensé ajouter une section à ce sujet, mais comme le billet était déjà très long et que les solutions que j’aurais proposées auraient été liées aux facteurs mentionnées : meilleures conditions de travail (dont une hausse du salaire minimum qui permettrait de s’appliquer à tous les employeurs sans nuire à leur compétitivité, ces emplois étant très majoritairement dans les services de proximité), hausse de l’immigration et du nombre de résident.es non permanent.es, formation dans quelques cas (dont pour le centre où vous travaillez?), maintien en emploi des personnes plus âgées (en les accommodant davantage, pas seulement avec des programmes de crédit d’impôt), plus de places en service de garde, etc., je jugeais que cela n’aurait pas ajouté pas grand-chose au billet.
Pour l’impact de la baisse des faillites, la fin des subventions fera en sorte que les entreprises qui auraient fermé le feront probablement. Cela dit, la tendance à la hausse était déjà là avant la pandémie et je pense que le vieillissement fera en sorte qu’on ne pourra qu’atténuer ses conséquences. Il est toutefois possible que la prise de conscience fasse en sorte que plus d’employeurs s’ajusteront, notamment du côté des salaires et du respect des travailleur.euses, mais rien n’est certain, surtout s’ils continuent à chercher des boucs émissaires comme la PCRE.
Cela dit, il est aussi possible que les changements de comportement de la population face au travail perdurent. Et cela, sa dépasse mes compétences!
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Les données d’août par État aux États-Unis montrent comme en juillet que la croissance de l’emploi fut plus forte dans les États qui n’ont pas coupé les suppléments à l’assurance-chômage que dans ceux qui les ont coupés (0,27 % par rapport à 0,12 %, soit moins de la moitié).
https://www.peoplespolicyproject.org/2021/09/21/august-job-growth-was-twice-as-fast-in-states-that-retained-ui/
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