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Le marché du travail en février 2022 au Canada et au Québec, et la COVID-19

17 mars 2022

marché du travail février 2022 Canada et Québec et la COVID 19Après avoir commenté la semaine dernière les données sur l’emploi du Bureau of Labor Statistics (BLS) pour le mois de février 2022, je poursuis ma série de billets sur le marché du travail et la COVID-19 en analysant celles de l’Enquête sur la population active (EPA) pour le même mois.

Février 2022 au Canada

Statistique Canada a publié le 11 mars son communiqué sur les estimations de l’EPA pour la semaine du 13 au 19 février 2022. On y apprend notamment que :

  • grâce à sa hausse de plus de 337 000 en février 2022 (ou de 1,8 %), l’estimation de l’emploi en données désaisonnalisées a plus que compensé la baisse de 200 000 emplois de janvier et affichait un niveau supérieur de 369 000 (ou de 1,9 %) à celui de février 2020; rappelons-nous que la baisse atteignait près de 3,0 millions d’emplois ou de 15,6 % en avril 2020;
  • comme la population adulte a augmenté de près de 640 000 personnes (ou de 2,1 %) depuis février 2020, le taux d’emploi était toutefois toujours en très faible recul par rapport à février 2020, soit de 0,08 point de pourcentage, étant passé de 61,85 % à 61,77 %;
  • si le taux d’emploi s’était maintenu à 61,85 %, il y aurait 395 000 emplois de plus en février 2022 qu’en février 2020 au lieu de 369 000, soit 26 000 emplois de plus; cela dit, comme le vieillissement de la population a fait baisser le taux d’emploi d’environ 0,7 point, ce taux devrait être à 61,16 % si la situation économique et la structure économique étaient les mêmes qu’en février 2020; ce taux d’emploi ajusté est inférieur à ceux des mois de février 2020 (61,85 %) et de février 2022 (61,77 %); ainsi, si le taux d’emploi était de 61,16 % plutôt que de 61,77 %, l’emploi serait moins élevé de 192 000, tout en demeurant supérieur de 177 000 à son niveau de février 2020 plutôt que de 369 000; on peut conclure que l’emploi était en février 2022 supérieur de 192 000 emplois au niveau qu’il aurait atteint en conservant la situation sur le marché du travail de février 2020;
  • le nombre de chômeur.euses a diminué de 22 000 personnes ou de 1,9 % entre février 2020 et février 2022, notamment en raison de sa baisse de 206 000 ou de 15,4 % en février 2022, faisant passer le taux de chômage de 5,7 % en février 2020 à 5,5 % en février 2022, en baisse de 1,0 point par rapport à janvier 2022 (6,5 %); notons que le vieillissement n’a eu qu’un impact minime sur le taux de chômage, en ne le faisant augmenter que de 0,014 point de pourcentage;
  • en données non désaisonnalisées, le nombre de chômeur.euses inexpérimenté.es (qui n’ont pas travaillé depuis au moins un an, voir ce billet pour en savoir plus sur le chômage inexpérimenté) a diminué en février 2022 de 0,3 % (ou de 1500), alors que le nombre de chômeur.euses expérimenté.es diminuait de 207 500 ou de 25 %; en conséquence, la proportion de chômeur.euses inexpérimenté.es est passée de 38,5 % à 45,3 % des chômeur.euses, pourcentage se situant au 10e rang des plus élevés au cours des 554 derniers mois (depuis janvier 1976); cela montre que l’ajout de 337 000 emplois en février 2022 a surtout permis de faire réduire le chômage expérimenté (personnes en chômage depuis moins d’un an) et l’inactivité, et n’a presque pas permis de réduction du chômage de longue durée;
  • même si elle a baissé de 88 400 ou de 0,8 % en février 2022, la population inactive a augmenté de 292 500 personnes entre février 2020 et février 2022 (ou de 2,7 %), hausse moins élevée d’environ 156 000 personnes ou de 35 % que celle qui serait due à la croissance de la population adulte et à son vieillissement; dans ce cas, cette hausse aurait été de 449 000 (220 000 en raison de la hausse de la population adulte et 229 000 en raison de son vieillissement);
  • malgré une hausse de 0,33 point en février 2022, le taux d’activité a baissé de 0,23 point entre février 2020 et février 2022, passant de 65,60 % à 65,37 %; ce taux est toutefois plus élevé de 0,50 point que celui qui aurait été atteint en raison du vieillissement de la population (64,87 %), c’est-à-dire si les taux d’activité par tranches d’âge étaient demeurés les mêmes qu’en février 2020;
  • l’emploi à temps plein a augmenté de 0,8 % en février 2022, beaucoup moins que l’emploi à temps partiel (6,2 %); cette forte hausse de l’emploi à temps partiel a permis de renverser la situation des derniers mois; ainsi, entre février 2020 et février 2022, l’emploi à temps plein a moins augmenté que l’emploi à temps partiel (1,8 % par rapport à 2,4 %);
  • l’emploi a augmenté de 5,2 % en février 2022 chez les personnes âgé.es de 15 à 24 ans, annulant presque complètement la baisse de 5,3 % de janvier, beaucoup plus que chez celles âgées de 25 à 54 ans (1,2 %) et de 55 ans et plus (1,3 %); entre février 2020 et février 2022, l’emploi a diminué de 0,2 % chez les jeunes, a augmenté de 3,0 % chez les 25-54 ans, tandis qu’il a peu varié chez les 55 ans et plus (baisse de 900 emplois ou de 0,02 %); la forte hausse de l’emploi en février 2022 chez les 15 à 24 ans a fait fléchir leur taux de chômage de 2,7 points par rapport à janvier 2022 à 10,9 %, toujours en hausse de 0,3 point par rapport à février 2020 (10,6 %); ce taux a diminué de 0,3 point depuis février 2020 (de 4,6 % à 4,3 %) chez les 25 à 54 ans, et est demeuré à 5,3 % chez les 55 ans et plus, grâce à des baisses respectives de 0,6 et de 1,1 point en février 2022;
  • comme la population de ces trois groupes a évolué bien différemment depuis 24 mois, il est bon de préciser que le taux d’emploi a augmenté de 0,2 point de pourcentage (de 58,1 % à 58,3 %) chez les jeunes et de 1,4 point chez les 25-54 ans (de 83,2 % à 84,6 %), tandis que celui des 55 ans et plus diminuait de 1,5 point (de 36,1 % à 34,6 %).

Février 2022 au Québec

Entre les semaines de référence de janvier et de février 2022 (du 13 au 19 février), les annonces gouvernementales de déconfinement ont touché notamment les restaurants, les salles de spectacles, les cinémas, les amphithéâtres, et les gyms et les spas. Sans surprise, sauf peut-être pour l’ampleur de ces améliorations, les données de l’EPA nous apprennent que :

  • l’estimation de l’emploi en données désaisonnalisées a augmenté de 81 500 ou de 1,9 % en février 2022, faisant plus qu’annuler la baisse de 63 000 de janvier 2022 au Québec, contribuant fortement à la hausse de 20 800 emplois ou de 0,5 % entre février 2020 et février 2022;
  • comme la population adulte a augmenté de 1,3 % depuis février 2020 (ou de 90 100 personnes), le taux d’emploi a de son côté baissé de 0,5 point de pourcentage, passant de 61,9 % en février 2020 à 61,4 % en février 2022, en hausse de 1,1 point par rapport à janvier 2022 (60,3 %);
  • si le taux d’emploi s’était maintenu à 61,9 %, il y aurait 55 800 emplois de plus en février 2022 qu’en février 2020 au lieu d’en avoir 20 800, une différence de 35 000 emplois; cela dit, comme le vieillissement de la population a fait baisser le taux d’emploi d’un peu plus de 0,9 point, celui-ci serait moins élevé que le taux actuel de 61,4 % de 0,4 point à 61,0 % si la structure démographique et la situation économique étaient les mêmes qu’en février 2020; dans ce cas, l’emploi serait moins élevé de 33 200 qu’en février 2022 et de 12 400 qu’en février 2020; on peut conclure que l’emploi était en février 2022 supérieur de 33 200 emplois au niveau qu’il aurait atteint en conservant la situation sur le marché du travail de février 2020;
  • l’emploi au Québec a augmenté de 0,5 % depuis février 2020, alors qu’il a augmenté de 2,4 % dans le reste du Canada; dans ce contexte, il n’est pas étonnant de constater que le Québec occupait en février 2022 le neuvième rang des provinces en termes de croissance de l’emploi en pourcentage depuis février 2020, avec seulement le Nouveau-Brunswick derrière lui, comme on peut le voir dans l’image qui accompagne ce billet;
  • marché du travail février 2022 Canada et Québec et la COVID 19_1entre février 2020 et février 2022, l’estimation de l’emploi a augmenté de 5500 chez les femmes (ou de 0,3 %) et de 15 200 chez les hommes (ou de 0,7 %); l’écart entre ces deux évolutions est passé en février 2022 de 0,5 à 0,4 point de pourcentage; en effet, l’estimation de l’emploi a augmenté de 1,8 % en février 2022 chez les hommes (+41 400 emplois) et de 2,0 % chez les femmes (+40 100 emplois);
  • si le nombre d’emplois a globalement augmenté de 20 800 ou de 0,5 % entre février 2020 et février 2022, il a connu une croissance de 9,1 % (ou de 88 400 emplois) chez les employé.es du secteur public, surtout dans le secteur de l’éducation, dans la santé et dans les administrations publiques, mais des baisses de 7,4 % (ou de 41 100 emplois) chez les travailleur.euses autonomes (les baisses les plus importantes ont eu lieu dans la santé, le transport, l’hébergement et la restauration et l’agriculture) et de 0,9 % (ou de 26 400 emplois) chez les employé.es du secteur privé; ces écarts entre les catégories de travailleur.euses peuvent sembler énormes, mais ils ont grandement diminué en février 2022; en effet, l’emploi a diminué de 3000 ou de 0,3 % chez les employé.es du secteur public et a augmenté de 53 800 ou de 2,0 % chez les employé.es du secteur privé et de 30 800 ou de 6,4 % dans le travail autonome;
  • comme au Canada, l’emploi à temps partiel a augmenté beaucoup plus que l’emploi à temps plein en février 2022 (7,3 % par rapport à 0,7 %); malgré cet écart important en faveur du travail à temps partiel, il a diminué de 1,0 % entre février 2020 et février 2022, alors que l’emploi à temps plein augmentait de 0,8 %;
  • le nombre de chômeur.euses a diminué de 900 personnes (ou de 0,4 %) entre février 2020 et février 2022, grâce à la forte baisse enregistrée en février 2022 (-40 100 ou -16,2 %); avec sa baisse de 0,92 point de pourcentage entre janvier et février 2022 (de 5,44 % à 4,52 %), le taux de chômage s’est ainsi retrouvé non seulement plus bas qu’en février 2020 (4,52 % par rapport à 4,56 %), mais au deuxième rang des 554 mois depuis janvier 1976, le premier rang demeurant celui du mois de novembre 2021 avec 4,51 % (je ne l’avais pas souligné à l’époque, car ce premier rang n’est apparu qu’avec les révisions de janvier 2022); comme pour le Canada, le vieillissement de la population adulte n’a eu qu’un impact minuscule sur le taux de chômage (il l’a fait diminuer de -0,003 point de pourcentage…);
  • en données non désaisonnalisées, le nombre de chômeur.euses inexpérimenté.es a diminué de 2200 personnes ou de 2,6 % en février 2022, alors que le nombre de chômeur.euses expérimenté.es diminuait de 48 500 (ou de 26,5 %); en conséquence, la proportion de chômeur.euses inexpérimenté.es est passée de 31 % à 38 % des chômeur.euses, pourcentage revenu nettement plus élevé qu’avant la pandémie (environ 30 %); comme pour le Canada, cela montre que l’ajout de 81 500 emplois en février 2022 a surtout permis de faire réduire le chômage expérimenté (personnes en chômage depuis moins d’un an) et l’inactivité, et n’a presque pas permis de réduction du chômage de longue durée;
  • malgré sa baisse de 38 000 en février 2022, la population inactive a augmenté de 70 000 personnes entre février 2020 et février 2022, hausse moins élevée d’environ 33 000 personnes ou de 32 % que celle qui serait due à la croissance de la population adulte et à son vieillissement; dans ce cas, cette hausse aurait été de 103 200 (31 600 en raison de la hausse de la population adulte et 71 600 en raison de son vieillissement);
  • avec sa hausse de 0,55 point de pourcentage en février 2022, le taux d’activité est passé de 64,89 % en février 2020 à 64,35 % en février 2022; cette baisse de 0,54 point de pourcentage est en fait moins élevée de 0,46 point que celle de 1,01 point (à 63,88 %) qui s’explique par le vieillissement de la population;
  • l’emploi a augmenté de 5,2 % en février 2022 chez les personnes âgé.es de 15 à 24 ans, beaucoup plus que chez celles âgées de 25 à 54 ans et de 55 ans et plus (1,4 % dans les deux cas); entre février 2020 et février 2022, l’emploi a diminué de 5,7 % chez les jeunes, tandis qu’il a augmenté de 1,8 % chez les 25-54 ans et de 0,4 % chez les 55 ans et plus; la forte hausse de l’emploi en février 2022 chez les 15 à 24 ans a fait plonger leur taux de chômage à 7,5 % en février 2022, en baisse de 2,9 points par rapport à janvier 2022 (10,5 %), mais toujours en hausse de 0,6 point par rapport à février 2020 (6,9 %); le taux de chômage a aussi augmenté depuis février 2020 chez les 55 ans et plus (de 5,1 % à 5,4 %), mais a diminué chez les 25-54 ans (de 3,9 % à 3,6 %);
  • par contre, comme la population de ces trois groupes a évolué bien différemment depuis 24 mois, il est bon de préciser que le taux d’emploi des jeunes a reculé de 3,4 points de pourcentage (de 66,9 % à 63,5 %) entre février 2020 et février 2022, alors que celui des 55 ans et plus diminuait de 1,0 point (de 33,0 % à 32,0 %), et que celui des 25-54 ans augmentait de 1,7 point (de 85,5 % à 87,2 %).

– le taux d’activité et la démographie

On pourrait penser que le fait que le taux d’activité en données désaisonnalisées ait été plus élevé dans le reste du Canada (64,8 %) qu’au Québec (63,3 %) en février 2022 montre une plus grande vitalité de leur marché du travail. En fait, c’est uniquement en raison des différences dans leur structure démographique que le taux d’activité était plus élevé dans le reste du Canada qu’au Québec, le Québec ayant une proportion nettement plus élevée d’adultes âgé.es de 65 ans et plus (24,0 % par rapport à 21,3 %). Ainsi, si le Québec avait eu la même structure démographique que le reste du Canada en février 2022, son taux d’activité aurait été plus élevé que celui du reste du Canada. En effet, avec les données non désaisonnalisées du tableau 14-10-0017-01, on peut calculer, en associant les taux d’activité par tranche d’âge de cinq ans (15-19 ans, 20-24 ans jusqu’à 65-69 ans et 70 ans et plus) au pourcentage de la population adulte dans ces tranches d’âges dans le reste du Canada, que le taux d’activité aurait en fait été en février 2022 de 65,3 % au Québec au lieu de 63,3 % par rapport à 64,8 % dans le reste du Canada. Cela n’est pas étonnant, car le taux d’activité au Québec était en janvier 2022 plus élevé que celui du reste du Canada dans huit des neuf tranches d’âge de moins de 60 ans et moins élevé dans les trois tranches les plus âgées.

– l’emploi par industrie

En gardant en tête le fait que les marges d’erreur des estimations de l’emploi de l’EPA sont encore plus importantes avec des données désagrégées comme celles par industrie, je présente dans le tableau qui suit (basé sur les données du tableau 14-10-0355-01) la variation de ces estimations par industrie entre janvier et février 2022, et entre février 2020 et 2022. J’ai mis en caractère gras dans les quatre dernières colonnes du tableau les hausses et les baisses les plus importantes.

marché du travail février 2022 Canada et Québec et la COVID 19_2

Une seule industrie a connu une baisse d’au moins 10 000 emplois entre janvier et février 2022, soit les imprévisibles services d’enseignement (-10 700 emplois ou -3,0 %). Avec une hausse globale de 81 500 emplois, il n’est pas étonnant qu’il y ait eu davantage d’industries montrant des hausses d’au moins 10 000 emplois, soit quatre, dont trois de plus de 20 000 emplois :

  • les services d’hébergement et de restauration (+26 700 emplois, ou +17,0 %);
  • l’information, culture et loisirs (+21 500 ou +13,4 %);
  • le commerce de gros et de détail (+20 600 ou +3,3 %);
  • les services professionnels, scientifiques et techniques (+10 600 ou 2,8 %).

Avec une hausse de seulement 20 800 emplois entre février 2020 et février 2022, il peut être plus étonnant de constater que la moitié des industries présentées dans ce tableau (huit sur 16) ont connu un changement de plus de 15 000 emplois. Sans surprise, l’industrie des services d’hébergement et de restauration est celle qui a connu le changement le plus important, l’emploi y ayant diminué de 75 900 emplois ou de 29,2 %, malgré la hausse de 26 700 emplois ou de 17,0 % en février 2022. On peut s’attendre à de nouvelles hausses au cours des prochains mois, mais il serait étonnant que cette industrie retrouve son niveau d’emploi prépandémique. En effet, selon l’Association Restauration Québec, le nombre de permis en restauration émis par le ministère de l’Alimentation, des Pêcheries et de l’Agriculture (MAPAQ) aurait diminué de 3666 ou de 17 % depuis février 2022. Les sept autres industries en question sont :

  • le commerce de gros et de détail (-18 600 ou -2,8 %);
  • le transport et entreposage (-15 400 ou -6,2 %);
  • les services professionnels, scientifiques et techniques (+34 100 ou +9,5 %);
  • les services d’enseignement (+30 300 emplois ou +9,5 %);
  • la finance, assurances, services immobiliers et de location (+28 200 emplois ou 11,2 %);
  • la construction (+22 100 ou +7,9 %)
  • les administrations publiques (+21 700 ou 9,0 %).

Notons finalement que les données beaucoup plus fiables de l’EERH montrent entre février 2020 et décembre 2021 des tendances très différentes à celles de l’EPA dans trois de ces huit industries (avec bien sûr des différences dans les cinq autres, mais moins accentuées, et je ne parle pas des différences dans les huit non mentionnées ici), soit dans les services d’hébergement et de restauration (11,7 % plutôt que -25,3 %), dans la finance, assurances, services immobiliers et de location (+1,5 % plutôt que +13,6 %) et dans les services d’enseignement (+2,3 % plutôt que +10,8 %). Ces écarts illustrent bien l’importance des marges d’erreur des estimations de l’emploi de l’EPA dont je parlais au début de cette section.

Et après?

Le gouvernement a annoncé d’autres mesures de déconfinement entre les périodes de références de février et de mars (cette semaine), touchant notamment les restaurants, les bars, les tavernes et les casinos, et permettant aussi la reprise des activités de danse et de karaoké. En plus, comme le nombre d’hospitalisations dues à la COVID-19 a diminué depuis quelques semaines (mais demeure relativement élevé) et que le pourcentage de la population adéquatement vaccinée augmente constamment (mais de moins en moins), on peut s’attendre à une nouvelle hausse des estimations de l’emploi en mars 2021 au Québec et au Canada, mais beaucoup moins élevée qu’en février.

La suite est plus incertaine. On commence en effet à parler d’une sixième vague en Europe. Sachant que les vagues européennes nous ont toujours frappés avec quelques semaines de retard, on peut se demander si celle-ci fera de même. Je laisse aux expert.es le soin de déterminer si le gouvernement a laissé tomber trop de mesures trop vite, mais on ne peut pas rejeter trop rapidement la possibilité de nouvelles mesures d’ici quelques semaines…

Et alors…

Même si l’amélioration étonnante de l’emploi en février 2022 au Québec a permis de retrouver et même d’améliorer la situation de l’emploi de février 2020 (un économiste parle même ici de plein-emploi pour le Canada, alors que l’emploi devrait encore augmenter en mars), et a servi de grand égalisateur, notamment dans le travail à temps plein et à temps partiel, dans les catégories d’emploi (salarié.es des secteurs public et privé, et travail autonome), dans les tranches d’âge et, dans une moindre mesure, dans les industries et chez les hommes et les femmes, il demeure qu’elle laisse un secteur en grand déficit, celui des services d’hébergement et de restauration.

Même si le taux d’emploi a diminué globalement (de 60,8 % à 60,2 % en données non désaisonnalisées, utilisables pour comparer deux mois de février), il s’est amélioré depuis février 2020 dans neuf des 12 tranches d’âge, comme on peut le voir dans la huitième colonne du tableau qui suit (Écart, Total), tiré des données du tableau 14-10-0017-01.
marché du travail février 2022 Canada et Québec et la COVID 19_3
Les seules tranches d’âge pour lesquelles le taux d’emploi a baissé de façon notable sont les 60 à 64 ans et les 20 à 24 ans. Dans le premier cas, la baisse fut plus forte chez les femmes (-5,2 points) que chez les hommes (-2,7 points). On peut penser qu’il puisse s’agir de chômeuses de longue durée (leur taux de chômage a augmenté de 4,1 points), possiblement ayant perdu leur emploi dans les services d’hébergement et de restauration, ou de retraites hâtives. Dans le deuxième cas, ce sont au contraire les hommes (-10,7 points) qui ont connu une baisse plus forte que les femmes (-4,2 points). Grâce aux données du tableau 14-10-0021-01, on peut voir que cette baisse est due à la fois à la hausse de la fréquentation scolaire de 7,3 points chez les hommes (de 35,8 % à 43,2 %) et à la baisse du taux d’emploi des étudiants (-14,2 points) surtout ceux à temps partiel (-38,0 points!). Ces baisses s’observent aussi chez les femmes, mais avec moins d’ampleur (-6,8 % et -16,7 %). Notons aussi que près des trois quarts de la baisse de l’emploi chez les 15 à 24 ans provient du secteur des services d’hébergement et de restauration, secteur qui embauche d’ailleurs une forte proportion de jeunes (44 % de l’emploi en février 2020 et 55 % en février 2022), dont passablement d’étudiant.es. J’essaierai de suivre cette situation au cours des prochains mois. Cela dit, ces deux cas d’exception ne doivent pas faire ombrage au portrait général, soit celui d’une amélioration du taux d’emploi dans neuf des 12 tranches d’âge!

Non, il n’y a pas de grande démission ou désertion («great resignation») comme aux États-Unis au Québec (et au Canada), mais peut-être une petite…

2 commentaires leave one →
  1. Venne permalink
    17 mars 2022 8 h 32 min

    Février 2222 (et non 2021)

    Aimé par 1 personne

  2. 17 mars 2022 8 h 40 min

    Oups! Merci, j’ai corrigé quatre titres et adresses url!

    J’aime

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