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Lettre aux écolos impatients

25 juillet 2022

Lettre aux écolos impatientsAvec son livre Lettre aux écolos impatients et à ceux qui trouvent qu’ils exagèrent, Hugo Séguin, qui est engagé «dans les milieux environnementaux québécois, canadiens et internationaux depuis une quinzaine d’années», «lance un appel au rapprochement entre environnementalistes réformateur.trices, qu’il invite à s’ouvrir aux idées nouvelles, et radicaux.ales, à qui il propose le beau risque de réinvestir les structures de pouvoir»

Introduction – L’appel de la radicalité : L’auteur explique comment il est passé d’un écologisme «raisonnable» à un radicalisme «nécessaire», puis présente la structure et le contenu du livre.

Partie 1 – La nécessaire radicalité

1. Et si nous faisions fausse route? : L’auteur remet en question le modèle que bien des environnementalistes tentent d’appliquer, dont lui-même à une certaine époque, soit de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) sans vraiment envisager de changements du mode de vie de la population et en poursuivant la croissance.

2. Critiques d’un système de pensée qui ne conçoit aucune limite : L’auteur pousse plus loin sur sa critique commencée dans le chapitre précédent.

3. Étouffer la radicalité : L’auteur regrette d’avoir fait partie des personnes qui ridiculisaient les idées novatrices maintenant acceptées et qui étouffaient la radicalité. Il donne de nombreux exemples de ces rejets d’idées pourtant sensées.

4. Se réapproprier la radicalité : Comme le modèle actuel ne fonctionne manifestement pas, il faut se tourner vers des actions plus déterminantes, quitte à ce qu’on les considère radicales, concept très mal défini par ailleurs, car ce que certaines personnes considèrent radical à un moment donné «peut très bien être tout à fait normal, acceptable ou même banal pour une autre» ou quelques années plus tard.

5. Un mouvement environnemental sans repères : Le mouvement environnemental est écartelé entre deux tendances. Les orthodoxes sont fier.ères que leurs idées aient été adoptées par les gouvernements et par une grande partie de la population, mais voient bien que ces idées n’apportent pas les résultats souhaités. Les radicaux.ales prônent des changements majeurs à nos modes de vie, mais ces mesures font face à une résistance féroce.

6. Radicalités, innovations et changement social : Un bon nombre des acquis sociaux actuels ont commencé par des innovations initialement considérées radicales, comme le syndicalisme, le féminisme et l’égalité de genre. L’auteur analyse les processus du passage d’une innovation sociale à un acquis et les barrières qu’il faut franchir pour réussir ce passage.

Partie 2 – Accélérer l’adoption des radicalités

7. Slow thinking : L’auteur fait part de son expérience comme enseignant à l’université dans le but de transmettre «une espèce d’éthique de la prise de décision publique», éthique qui lui a justement manqué dans ces expériences en politique. Il cite entre autres le livre Système 1, système 2 – Les deux vitesses de la pensée de Daniel Kahneman, que j’ai présenté dans ces deux billets, et donne des exemples pratiques de l’importance de bien analyser une situation avant de prendre position.

8. Audi alteram partem : L’auteur juge essentiel de débattre avec les gens qui apportent des arguments sensés qui vont à l’encontre de ses opinions, mais trouve à l’inverse insupportables ceux qui ne font que répéter des «mantras anesthésiants qui tuent toute espèce de réflexion et mettent fin au débat avant même que celui-ci ait pu commencer». Il donne ensuite quelques exemples de ces deux comportements, puis se penche sur la droite complotiste et la «cancel culture», surtout aux États-Unis.

9. L’indispensable dialogue social : Comme les personnes qui font la promotion d’innovations sociales n’ont pas d’appuis chez les puissant.es et dans les médias, il devient encore plus important pour elles de trouver des alliances pour faire connaître leurs innovations. Il en donne ensuite des exemples, puis manifeste son inquiétude face à la rupture récente des alliances du genre.

Commentaire : j’ai trouvé que l’auteur a embelli beaucoup les choses ici, présentant comme des succès des initiatives relevant parfois carrément du verdissement qui n’ont pas permis d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de GES du Québec et ont permis au mieux de moins reculer.

10. Générations d’idées radicales : L’auteur raconte ses premières expériences d’environnementaliste avec Équiterre en présentant notamment l’évolution de ses stratégies de communication et ses résultats (encourageants, mais insuffisants). Il considère qu’il est maintenant temps de passer à la mise en œuvre d’idées plus radicales.

11. Porter au pouvoir une nouvelle radicalité : L’auteur relate les expériences des environnementalistes en politique active et explique les raisons pour lesquelles elles ne sont en général pas réussies. Il analyse ensuite la participation des jeunes aux activités politiques.

12. Idées radicales : L’auteur rappelle que le gouvernement de la CAQ avait mandaté en 2019 un groupe pour proposer des mesures radicales pour les intégrer au Plan de lutte contre le réchauffement climatique. Malheureusement, il n’en a retenu aucune, mais, au moins, elles sont sorties des cercles militants pour se retrouver sur la place publique. L’auteur en propose ensuite une autre touchant le secteur du pétrole et du gaz naturel canadien et en profite pour faire le bilan mondial de ce secteur (bilan malheureusement déjà obsolète, notamment en raison de la guerre en Ukraine).

Conclusion – Cheminements critiques : Même s’il reconnaît que les faits qu’il a présentés dans ce livre devraient le mener à conclure au besoin d’une rupture avec le système actuel, il invite plutôt les écolos réformateur.trices, comme lui, à laisser plus de place aux idées nouvelles plus radicales et les écolos radicaux.ales à investir les lieux de pouvoir actuels, même si ces lieux ne leur conviennent pas.

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Lire, mais sans trop d’attentes. Je dois avouer que le contenu de ce livre ne correspond pas à ce à quoi je m’attendais. On dirait que l’auteur tente plus de justifier sa façon de militer que de vraiment chercher à unir les deux camps environnementalistes. Oui, il reconnaît que son approche n’a pas atteint ses objectifs, mais il voudrait que les personnes qui militent autrement le fassent plus comme il l’a fait. Je pensais lire un appel à la complémentarité, ce qu’il aborde quand même, mais pas suffisamment. Cela dit, ce livre contient une réflexion intéressante sur ce sujet, surtout dans ses chapitres plus théoriques ou plus conceptuels. Comme souvent, c’est la mise en pratique qui me semble plus laborieuse. Un bon point pour terminer, les 211 notes, surtout des références, mais aussi quelques compléments d’information parfois substantiels, sont en bas de page.

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3 commentaires leave one →
  1. 28 juillet 2022 12 h 01 min

    Un bon résumé. Je suis également demeuré sur ma faim quand je l’ai lu. Fait à noter, le livre a reçu un accueil mitigé par certains représentants d’ONG écologistes.

    Aimé par 1 personne

  2. 28 juillet 2022 12 h 21 min

    Merci pour les bons mots.

    «le livre a reçu un accueil mitigé»

    En effet. J’ai même lu des commentaires carrément négatifs, et pas seulement d’André Bélisle (qui critique surtout un passage qui le met en scène). Je suis certain que les intentions de l’auteur étaient bonnes, mais, comme je l’ai écrit, «c’est la mise en pratique qui me semble plus laborieuse».

    J’aime

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  1. Lettre à un·e jeune écologiste |

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