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Ce qu’il nous reste du printemps

12 décembre 2022

Ce qu’il nous reste du printempsAvec son livre Ce qu’il nous reste du printemps, Gabriel Pelletier, avocat et militant pour la justice sociale, «fait le récit de ce printemps qui a marqué le Québec et l’a profondément transformé. Inscrivant, à la suite de Jacques Parizeau, la grève de 2012 dans le long combat de l’accessibilité aux études supérieures, l’auteur parle des jeunes d’aujourd’hui et d’hier et demande quel vote leur est possible, sinon celui de la rue?».

Préface : Jacques Nadeau explique en quoi la grève étudiante de 2012 fut pour lui un point marquant de l’histoire du Québec.

Avant-propos : L’auteur explique les raisons qui l’ont amené à écrire ce livre et précise qu’il ne s’agit pas d’un livre d’histoire, mais un livre sur quelques expériences personnelles vécues au cours de cette période historique.

Première partie, avant

L’autre côté du pont : L’auteur raconte une anecdote marquante vécue 12 ans avant la grève.

Mon père et les origines du militant : L’auteur raconte la jeunesse et le militantisme de son père, et l’impact que cela a eu sur lui.

Côte-Saint-Paul : L’auteur décrit ce quartier et les endroits qu’il y fréquentait dans sa jeunesse.

Le collège et les grandes découvertes : L’auteur a fréquenté une école privée au secondaire. Il présente des données sur ce phénomène (fréquentation, coût, etc.) et dénonce le système à deux vitesses (au moins) qu’il entraîne, mais reconnaît avoir bénéficié de l’éducation de qualité qu’il y a reçue.

Le bunker et la porte entrouverte de l’association étudiante : L’auteur arrive ensuite au cégep André-Laurendeau à l’automne 2011, un peu abasourdi par la liberté qu’il y trouve. Il essaie de se joindre à l’association étudiante qui faisait partie de la CLASSE, mais explique qu’il ne se sentait pas prêt en raison des enjeux qui s’y discutaient à la suite de l’annonce de la forte hausse des droits de scolarité universitaires (hausse de 1625 $ en cinq ans) par le gouvernement Charest en mars 2011.

S’épingler le carré rouge : Si le choix entre les carrés rouges (pour la grève) et verts (contre) a causé des conflits familiaux, ce ne fut pas le cas entre l’auteur et ses parents contestataires. Il compare les discours des deux camps, surtout leur aspect individualiste (verts) et collectif (rouges), ainsi que ceux méprisants du gouvernement en place. Son choix entre les deux fut facile…

Cocher une case : Même dans ce cégep peu réputé pour son militantisme, la grève (renouvelable hebdomadairement) a été adoptée avec une majorité claire et un fort taux de participation.

Deuxième partie, la grève

Les premiers pas : L’auteur raconte la préparation de la première journée de grève et décrit le sentiment de solidarité qu’il a ressenti en voyant des gens provenant de disciplines bien différentes s’unir ainsi.

Votes de grèves, mouvement étudiant et associations étudiantes : L’auteur montre que la vie démocratique dans les associations étudiantes n’a rien à voir avec les clichés répétés par le premier ministre et les chroniqueur.euses populistes. Cela ne veut pas dire qu’elle était parfaite, comme les exemples fournis par l’auteur l’illustrent bien (avec les pires manœuvres provenant des carrés verts).

«Toi, t’es le gars propre» : Pour contrer les préjugés des médias et des policiers, l’auteur a décidé de toujours porter un veston durant la grève, y compris dans les manifestations. Cela lui a notamment épargné bien des coups des policiers que ses camarades n’ont pas pu éviter et lui a permis d’être davantage écouté dans les débats et échanges avec les opposant.es à la grève.

La violence en direct : L’auteur raconte qu’il était exceptionnellement absent lors de la manifestation au cours de laquelle un étudiant, Francis Grenier, a perdu un œil en raison de la violence policière. Il montre avec d’autres exemples que ce fut un cas de banalisation de la violence policière parmi beaucoup d’autres. Mais, ce fut le jour où l’auteur, comme bien d’autres étudiant.es, a perdu le peu de confiance et de respect qu’il avait envers le travail policier.

22 mars, la prise de conscience : Jamais une manifestation de l’ampleur de celle du 22 mars 2012 n’avait eu lieu au Québec. Je pourrais ajouter plein de détails supplémentaires sur cette manif, mais ce n’est pas mon livre! Cette manif a fait ouvrir les yeux du gouvernement (et même des manifestant.es) sur l’ampleur de l’appui à la grève étudiante, qui était devenue un mouvement de changement social.

Perdre le nord : La «blague» méprisante de Jean Charest (d’espérer que les manifestant.es acceptent un emploi «dans le Nord, autant que possible») devant un groupe de gens d’affaires fut un autre point tournant de la grève, alors qu’il était normal de faire le lien entre les milliards $ que le gouvernement voulait investir pour que des entreprises retirent des ressources du sol québécois et les milliards $ qu’il voulait épargner avec la hausse des droits de scolarité et avec les autres mesures d’austérité qu’il avait adoptées, notamment en éducation et en santé.

Il pleut des injonctions : N’ayant aucun respect pour la démocratie, quelques carrés verts ont obtenu des injonctions pour participer à des cours (que le principal instigateur a abandonnés en raison d’un manque d’argent, ironie supplémentaire). Cette judiciarisation de la grève représenta la pire attaque historique à la démocratie étudiante.

La poutine goûte le gaz : La manifestation tenue à Victoriaville lors d’un conseil général du parti libéral du Québec fut celle qui a donné lieu à la plus grande violence policière de la grève. Ce chapitre est particulièrement difficile à lire, même quand on se souvient de ces événements.

Casser le mouvement : Même si la lassitude, les fausses informations transmises par les médias et la mise en récit de la grève par le gouvernement (qui l’associait à un boycott) ont fait diminuer l’appui de la population, ces moyens, même jumelés à la violence policière et à l’arsenal juridique des injonctions, ne parvinrent pas à casser le mouvement de grève (cette phrase ne vient pas du livre). Le gouvernement a alors utilisé son arme ultime, une loi spéciale, la plus sévère jamais adoptée.

Un peuple se lève : «Plutôt que d’écraser l’abeille, le gouvernement Charest a réussi à rameuter toute la ruche». Les associations étudiantes, les syndicats, la Ligue des droits et libertés, le Barreau du Québec, le mouvement communautaire et aussi des humoristes, des médias, des historien.nes et d’autres intellectuel.les (même des organismes internationaux) se sont opposés à la loi spéciale et ont dénoncé vertement son caractère liberticide. Seuls quelques organismes patronaux (et Jacques Villeneuve…) ont appuyé cette loi. Elle a même réussi à faire changer l’opinion de la population, majoritairement contre la loi, même si toujours légèrement opposée au mouvement de grève. Ce fut la période des manifestations de casseroles et de nuit, toujours accompagnées de violence policière.

Le discours du lion : L’auteur s’attarde sur un discours d’appui à la gratuité scolaire de Jacques Parizeau (qui avait 82 ans à ce moment) durant la campagne électorale, que son parti ne mettra pas en pratique une fois au pouvoir (notons que M. Parizeau n’était pas candidat à cette élection).

Une fin comme un soupir : La campagne électorale déclenchée au début août 2012 a sonné la fin de la contestation, pour éviter de nuire au PQ dont la victoire demeurait le meilleur espoir de faire annuler les hausses décrétées par le gouvernement Charest. L’auteur raconte aussi la dernière assemblée générale dans son cégep qui s’est terminée par une humiliation inutile orchestrée par les carrés verts.

Troisième partie, après

Les capitulations tranquilles : L’auteur dénonce le fait que Léo Bureau-Blouin, un des leaders étudiants, se soit présenté en 2012 pour le PQ et surtout que, une fois élu, il ait défendu l’indexation des droits de scolarité plutôt que le gel qui était la position de la fédération qu’il présidait durant la grève. En fait, l’auteur se trompe dans ce chapitre, car le PQ n’a pas adopté l’indexation selon l’inflation comme il le dit, mais bien une indexation un peu plus élevée, basée sur la croissance du revenu disponible des familles, ajoutant ainsi l’insulte à l’injure. Pour plus de précisions, voir ce billet que j’ai écrit à l’époque à ce sujet.

Un rendez-vous manqué : L’auteur critique la position mitoyenne du PQ (organiser un sommet sur l’éducation plutôt que d’appuyer clairement la gratuité scolaire ou, à tout le moins, le gel des droits de scolarité) lors de la campagne électorale de 2012 et tente de démontrer que cette position lui a nui et a accentué la rupture entre le PQ «et le terreau fertile de la jeunesse québécoise».

L’AGÉCAL et la difficile guérison : Sa deuxième rentrée au cégep fut beaucoup moins stimulante que la première, même s’il s’est retrouvé à la présidence de l’association étudiante (l’AGÉCAL).

Les luttes qui s’éternisent : L’auteur participe à des luttes contre les reliquats de la loi spéciale (abrogée par le PQ), comme les règlements municipaux qui restreignaient le droit de manifester. Il a d’ailleurs été arrêté trois fois en application avec une version de ces règlements, le P-6, qui sera en grande partie invalidé par la Cour supérieure du Québec en 2016 avant d’être abandonné en 2019.

Les feux d’artifice qui font trembler : L’auteur aborde les traumatismes qui ont perduré (pour lui et bien d’autres) à la suite de nombreux mois de violence policière presque continuelle.

Ma mère et les combats qu’on choisit de mener : L’auteur fait l’éloge de sa mère et de ses conseils qui l’ont aidé avant, durant et après la grève à concentrer ses efforts et ses actions sans s’éparpiller.

Les printemps qui viendront : L’auteur revient sur les événements, les leçons et les impacts (individuels et collectifs, pour sa génération et la suivante) qu’il a le plus retenus de ce printemps.

Et alors…

Lire ou ne pas lire? Lire! Je pensais que c’était un petit livre facile à lire. Il est en effet formé de chapitres relativement courts (la plupart de moins de 5 pages) et je connaissais bien son sujet avant de le lire. Mais j’avais tout faux! Bon pas tout, mais je ne pensais pas que ce que raconterait l’auteur serait aussi intense (et pas seulement le chapitre sur la manif de Victoriaville). Alors, même si on pense comme moi bien connaître cette période, il ne faut pas hésiter à se procurer ce livre et à le lire. J’aurais par ailleurs voulu synthétiser davantage mon billet, mais il y avait vraiment trop de choses à mentionner pour ça. Et, je n’ai bien sûr pas parlé de tout ce que l’auteur raconte! Autre bon point, les 177 notes, surtout des compléments d’information, mais aussi des références, sont en bas de page.

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