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La rémunération des médecins en 2020-2021 (2)

22 décembre 2022

rémunération des médecins en 2020-2021_2aDans mon dernier billet sur la rémunération des médecins, j’ai indiqué que je comptais mettre à jour la section sur les «Écarts de rémunération» quand les données du recensement de 2021 sur les revenus d’emploi par profession seraient diffusées. Elles ont justement été publiées le 30 novembre dernier, tel que je l’avais indiqué dans ce billet. Cela veut dire que les premières sections de ce billet n’ont pas été modifiées, d’autant plus qu’il n’y a pas de version plus récente des fichiers que j’utilise dans ces sections depuis la parution de ce billet, le 2 juin 2022.

Pour construire le premier tableau de ce billet (le gros), j’ai utilisé des données tirées :

  • des documents produits dans le cadre de l’étude des crédits du gouvernement par la Commission de la santé et des services sociaux (CSSS), plus spécifiquement ceux de 2010-2011 (pages 118 et 119), de 2018-2019 (voir les pages 149 et 150 du document intitulé Régie de l’assurance maladie du Québec. Réponses aux demandes de renseignements généraux et particuliers de l’opposition. Étude des crédits 2018-2019, disponible sur cette page), de 2020-2021 (pages 167 et 168) et de 2022-2023 (pages numérotées 192 et 193 du document intitulé Régie de l’assurance maladie du Québec. Réponses aux demandes de renseignements généraux et particuliers. Étude des crédits 2022-2023 sur cette page);
  • des échelles salariales des infirmières et des infirmières auxiliaires membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) couvrant les périodes de 2007 à 2009 (absentes du site de la FIQ), de 2016 à 2020 et de 2021 à 2023, et celles des préposé.es aux bénéficiaires sur le site du Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux (CPNSSS);
  • du tableau 18-10-0005-01 de Statistique Canada sur l’indice des prix à la consommation.

Précisions sur les rémunérations publiées

Quand on utilise les données de l’étude des crédits, on omet souvent de tenir compte des petites notes qui les accompagnent. On y apprend entre autres que les rémunérations moyennes publiées sont seulement celles des médecins spécialistes qui ont gagné en 2008-2009 «un revenu minimal de 9406 $ pour chacun des trimestres et un revenu annuel minimal de 84 424 $», en 2016-2017, 14 163 $ et 127 133 $, en 2018-2019 et en 2020-2021, 15 045 $ et 135 053 $. Pour les omnipraticien.nes, ces revenus minimaux étaient de 11 933 $ et 107 127 $ pour 2020-2021.

D’ailleurs, le nombre total de médecins spécialistes retenu.es dans ces données s’élevait à 8784 en 2020-2021, alors que le nombre de membres actif.ives du Collège des médecins atteignait en fait 22 247 cette année-là (voir la page 134 du rapport annuel de 2020-2021). Si on soustrait le nombre de médecins pratiquant la spéicalité que le Collège appelle la «médecine générale», en supposant que la proportion d’actif.ives est la même dans les deux groupes, on se retrouve avec un peu moins de 11 700 médecins spécialistes actif.ives. Ainsi le nombre de médecins spécialistes considéré.es dans ce document représenterait seulement les 75 % des médecins spécialistes les mieux rémunéré.es. Malheureusement, le document ne mentionne pas le nombre de médecins omnipraticien.nes considéré.es.

Contrairement aux données que j’ai consultées pour les années 2008-2009 et 2016-2017, celles pour 2018-2019 et 2020-2021 ne fournissent pas d’estimations des frais de cabinets. J’ai donc modifié mon tableau en conséquence et ai présenté les données les plus comparables pour ces quatre années. À noter que les documents précisent que les «revenus moyens bruts» que j’ai utilisés n’incluent pas «la majoration payée aux médecins en territoires désignés ainsi que les primes d’éloignement ou d’isolement». Malheureusement, ces sommes ne sont fournies que pour les données plus récentes, celles de 2018-2019 et 2020-2021, mais pas pour celles de 2008-2009 et de 2016-2017. De toute façon, ces majorations et primes ont fait augmenter les revenus des spécialistes de 2,9 % et ceux des omnipraticien.nes de 3,8 % en 2020-2021, ce qui ne changerait pas du tout les tendances de l’évolution de leur rémunération. En fait, l’absence de données sur les frais de cabinets, qui représentent dans quelques spécialités des sommes importantes (près de 25 % des revenus bruts dans certaines spécialités et aucun frais dans d’autres, voir le tableau du billet de 2018, pour une moyenne d’environ 7 % des revenus chez les médecins spécialistes et de 18 % chez les omnipraticien.nes), modifie bien plus les résultats que l’absence des primes et majorations.

Le tableau

Ce tableau présente les revenus moyens bruts et le pourcentage d’augmentation entre 2008-2009 et 2018-2019 et 2020-2021, et entre 2018-2019 et 2020-2021 pour chaque domaine de la médecine spécialisée et pour les omnipraticien.nes. J’ai aussi ajouté pour fin de comparaison le salaire horaire des infirmières, infirmières auxiliaires et préposé,es aux bénéficiaires, selon le premier échelon salarial des conventions collectives en vigueur lors des mêmes années, ainsi que l’évolution de l’indice des prix à la consommation.

rémunération des médecins en 2020-2021_2a_1

J’ai choisi 2008-2009 et 2016-2017 comme premières années du tableau parce que j’avais déjà les données et parce que 2008-2009 est l’année des données disponibles les plus anciennes que j’ai trouvées, datant d’un an après la signature de l’entente entre le gouvernement et les fédérations de médecins en 2007 pour rejoindre le niveau de rémunération des médecins du reste du Canada, 2018-2019, parce qu’il s’agit du sommet des revenus des médecins spécialistes, car, déjà pour celles de 2019-2020, leurs revenus avaient baissé un peu, probablement en raison de la pandémie, et 2020-2021 parce que c’est l’année pour laquelle les données sont les plus récentes et qu’elle est au cœur de la pandémie.

Le tableau montre que les revenus des omnipraticien.nes et des médecins spécialistes ont augmenté respectivement de 49,9 % et de 59,6 % en dix ans entre 2008-2009 et 2018-2019. Précisons que ces hausses ne tiennent pas compte des baisses d’impôts dont ils peuvent bénéficier en exerçant en société. Ce serait le cas de 67 % des médecins spécialistes et de 53 % des omnipraticien.nes, qui épargneraient ainsi annuellement environ 250 millions $ (170 millions $ pour les spécialistes et 80 millions $ pour les omnipraticien.nes, selon les estimations d’Anne Plourde de l’IRIS).

Mais, le plus marquant dans ce tableau est de constater que le salaire des infirmières a, lui, à peine augmenté de 9,7 %, environ cinq fois moins que le revenu des omnipraticiens, six fois moins que celui des médecins spécialistes et près de 10 fois moins que les gériatres, et même 33 % de moins que l’inflation (14,5 %). Les infirmières auxiliaires et les préposé.es aux bénéficiaires s’en tirent mieux avec des augmentations de 20,7 % et de 22,7 %, probablement en raison de gains dans le cadre du programme d’équité salariale du secteur parapublic. Cela dit, ces hausses sont tout de même au moins deux à trois fois moins élevées que celles des omnipraticien.nes et des médecins spécialistes et quatre fois moins que celles des gériatres, et plus basses que celles des 40 spécialités indiquées dans ce tableau. La situation fut bien différente entre 2018-2019 et 2020-2021. En effet, les revenus ont diminué dans 35 spécialités en raison des mesures prises dans la lutte contre la COVID-19, seul.es les omnipraticien.nes et les spécialistes en santé communautaire ont connu une hausse de plus de 2 %, soit de respectivement 5,3 % et de 30,6 %, ces spécialistes regroupant ceux en santé publique et médecine préventive qui furent et sont encore fortement sollicités par la pandémie actuelle. Notons aussi que ces médecins étaient les moins bien payé.es en 2018-2019 (même moins que les omnipraticien.es) et que, même après cette hausse, ils restaient au quatrième rang des médecins spécialistes les moins biens payé.es.

À l’inverse, les employé,es syndiqué.es ont eu des hausses salariales supérieures à l’inflation, de peu pour les deux classes d’infirmières (4,6 % et 4,5 % par rapport à 2,9 %), mais de beaucoup (17,9 %) pour les préposé.es aux bénéficiaires en raison du rattrapage salarial important dont iels ont bénéficié. Notons que le salaire horaire des infirmières auxiliaires se retrouve inférieur à celui des préposé.es aux bénéficiaires, mais qu’il le rattrape et le dépasse dans les échelons salariaux suivants.

Comment alors expliquer les grandes différences de revenus parmi les médecins spécialistes, revenus qui passaient en 2018-2019 de 275 811 $ en santé communautaire (moins que pour les omnipraticien.nes, je le répète) à 607 842 $ en cardiologie, à 627 727 $ en chirurgie cardio-vasculaire et thoracique, à 763 815 $ en ophtalmologie et à 858 741 $ en radiologie (je rappelle que ces revenus sont établis en ne considérant que les médecins spécialistes qui ont gagné au moins 127 133 $ cette année-là, et qu’ils ne sont pas soustraits des frais de cabinet qui étaient selon les données de 2016-2017 les plus élevés en radiologie et en ophtalmologie)? Difficile à dire. Il semble qu’une des raisons est le fait que l’établissement des tarifs des actes des médecins ne soit pas mis à jour assez fréquemment. Ainsi, cet article mentionne le cas des ophtalmologistes où «les opérations sont de très courte durée, si bien que les médecins peuvent en faire plusieurs et gonfler leurs revenus» en raison des améliorations technologiques. L’explication pour les radiologistes serait semblable.

Écarts de rémunération

Pourquoi avoir accordé ces hausses? Officiellement, c’était pour combler l’écart «très important de rémunération avec la moyenne des médecins des autres provinces», nous rappelait en 2014 Diane Francœur, alors présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Or, qu’en est-il?

Le tableau qui suit (tiré des données du tableau 98-10-0452-01 du recensement de 2021) montre les revenus annuels moyens d’emploi des membres de diverses professions qui travaillaient toute l’année (au moins 49 semaines, y compris les vacances) à temps plein (au moins 30 heures par semaine) en 2020 pour le Québec et pour le reste du Canada (RdC, dans le tableau). L’intérêt de cette source est que le revenu d’emploi comprend tous les revenus reçus «sous forme de traitements, salaires et commissions d’un travail rémunéré ou le revenu net d’un travail autonome dans une entreprise agricole ou non agricole non constituée en société et/ou dans l’exercice d’une profession» au cours de l’année 2020. Utilisant le revenu net du travail autonome (mais avant impôt), il tient compte de toutes les dépenses déductibles comme les frais de cabinet, mais aussi des dépenses communes à tous les médecins, comme les cotisations au Collège des médecins et à leur association (Fédération des médecins spécialistes et Fédération des médecins omnipraticiens), les frais d’assurance, l’abonnement à des revues médicales, la participation à des colloques, etc. Par contre, même en utilisant les données des personnes qui travaillaient à temps plein et à l’année, celles-ci ne tiennent pas compte des heures réellement travaillées. Par ailleurs, je n’ai trouvé aucun tableau du recensement de 2021 contenant des données sur le revenu d’emploi moyen par profession précise. J’ai donc dû utiliser des données pour un niveau d’agrégation plus élevé, avec des regroupements de 2 à 6 professions. Cela dit, Statistique Canada offre un autre tableau par profession avec le revenu d’emploi médian dont je vais présenter quelques résultats plus loin. Je préfère le revenu d’emploi moyen parce qu’il correspond au concept de revenu du premier tableau de ce billet et parce qu’on peut calculer le revenu moyen d’emploi dans le reste du Canada, ce qu’on ne peut pas faire avec le revenu médian.

rémunération des médecins en 2020-2021_2a_2La première chose qui frappe dans ce tableau est que les revenus des médecins et vétérinaires (formés à 87 % pour le Québec et à 88 % pour le reste du Canada de médecins spécialistes et de médecins omnipraticien.nes) sont beaucoup plus bas que ceux du tableau précédent pour 2020-2021, soit 172 000 $ par rapport à environ 400 000 $. En me basant sur la proportion de vétérinaires et sur celle de leurs revenus médians, la moyenne des revenus d’emplois moyens des médecins qui ont travaillé toute l’année à temps plein en 2020 serait en fait d’environ 185 000 $, soit toujours moins de la moitié que les revenus bruts du tableau précédent.

Le premier facteur qui explique cet écart est le fait que tous les membres de ces professions qui travaillaient toute l’année à temps plein en 2020 sont ici considérés et non pas uniquement ceux et celles qui gagnent plus qu’un certain montant comme dans le tableau précédent. En plus, comme mentionné auparavant, puisque ces données proviennent «des dossiers d’impôt et des prestations de l’Agence du revenu du Canada», le revenu brut est réduit par les nombreuses dépenses admissibles, pas seulement pour les travailleur.euses autonomes. En plus, comme environ 60 % des membres du Collège des médecins du Québec exerçaient en société en 2020-2021 (14 774 sur 22 247), ces médecins peuvent laisser une partie de leurs revenus dans leur société pour les toucher plus tard et même en verser une partie à des membres adultes de leur famille (conjoint.e et enfant majeur) qui sont actionnaires de leur société. Notons que cela est aussi possible dans le reste du Canada.

Ensuite, on constate que le regroupement professionnel des médecins et vétérinaires étaient le seul de ce tableau où les membres qui travaillaient toute l’année à temps plein gagnaient en 2020 en moyenne moins dans le reste du Canada qu’au Québec (de 11,0 %). Notons toutefois que j’ai utilisé le revenu d’emploi à temps plein et à l’année pour rendre comparables les revenus des 6 groupes professionnels présentés dans ce tableau, alors que seulement 58 % des médecins et vétérinaires du reste du Canada et 51 % de ceux et celles du Québec travaillaient en 2020 toute l’année à temps plein. Le tableau qui suit présente les mêmes données que celles du tableau précédent dans la première section, auxquelles j’ai ajouté dans les deux sections suivantes les revenus pour les médecins et vétérinaires qui ne travaillaient pas toute l’année à temps plein et la moyenne des revenus pour l’ensemble des membres de ce regroupement professionnel.

rémunération des médecins en 2020-2021_2a_3

On peut voir que les médecins et vétérinaires du Québec qui ne travaillaient pas toute l’année à temps plein avaient en moyenne un revenu d’emploi 26,0 % plus élevé que le revenu des médecins et vétérinaires du reste du Canada. En fait, le revenu des membres du Québec de ce regroupement qui ne travaillaient pas toute l’année à temps plein gagnaient seulement 5,2 % de moins que les membres qui travaillaient toute l’année à temps plein, tandis que la diminution était de 21,2 % dans le reste du Canada. Cela peut s’expliquer au moins en partie par les plafonds de rémunération au-dessus desquels le paiement à l’acte est réduit. Ainsi, les médecins qui ont déjà atteint ce plafond peuvent décider d’arrêter de travailler quelques semaines, alors que ceux et celles qui ne l’ont pas atteint continueront à travailler. Si on prend l’ensemble des médecins et vétérinaires (troisième partie du tableau), leur revenu au Québec était supérieur à celui du reste du Canada de 16,4 %. Avec ces données, on pourrait conclure qu’il n’y avait plus de rattrapage à faire en 2020, bien au contraire. C’était d’ailleurs déjà le cas avec les données de 2015. Par contre, il est aussi possible que les heures travaillées annuellement soient différentes au Québec et dans le reste du Canada, ou que la composition des membres de ces professions par spécialité ait été bien différente. On voit donc que ce n’est pas une mince tâche de comparer les rémunérations des médecins du Québec et du reste du Canada.

Comme les deux tableaux précédents de cette section ne permettent pas de distinguer les données des professions faisant partie des regroupements retenus, j’ai utilisé les données sur le revenu médian d’emploi des personnes qui travaillaient toute l’année à temps plein en 2020 de ce diagramme interactif pour ce faire. Comme ces données ne permettent pas de calculer le revenu médian pour le reste du Canada comme je l’ai fait pour le revenu moyen, je compare dans le tableau qui suit les données du Québec (nombre de personnes par profession et revenu médian d’emploi) avec celles pour l’ensemble du Canada, qui comprend celles pour le Québec. J’ai indiqué en caractère gras et ai centré les six regroupements professionnels du premier tableau de cette section et ai ajouté en dessous les professions qui en font partie (de deux à six par regroupement).

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Ce tableau nous montre que, si notre gouvernement cherchait vraiment à diminuer les différences de revenus entre les employé.es du secteur public du Québec et du Canada, il aurait plutôt intérêt à augmenter celui des membres de toutes les autres professions de la santé, notamment celui des membres du personnel ambulancier et paramédical, dont le revenu médian d’emploi tire de l’arrière de 17 000 $ ou de 23 % sur celui de l’ensemble du Canada (donc encore plus sur celui du reste du Canada, autour de 28 %), ainsi que celui de nos enseignant.es du primaire et du secondaire (écarts de 6000 $ et 9500 $ ou de 8 % et 13 %), et de nos pompier.ères et policier.ères (écarts de 16 000 $ et de 7000 $ ou de 16 % et 7 %, alors qu’il y a des policier.ères fédéraux.ales payé.es le même salaire partout au Canada, ce qui indique un écart encore plus grand pour les policier.ères des villes et de la SQ)! L’écart est aussi très élevé pour les infirmier.ières praticien.nes (10 000 $ ou 9 %) et n’est à l’avantage des Québécois.es que dans sept de 28 professions de ce tableau. Cet écart positif ne dépasse 10 % que dans deux d’entre elles, soit chez les spécialistes en chirurgie (+25 % ou 50 000 $!) et les omnipraticien.iennes et médecins en médecine familiale (+15 % ou 22 000 $). Et c’est pour ces personnes que notre gouvernement hésite à intervenir pour limiter leurs revenus, alors qu’il ne se gêne pas pour limiter celui des employé.es les moins bien payé.es. Par ailleurs, le montant des dépenses totales de rémunération des médecins omnipraticien.nes est passé au Québec de 1692 millions $ en 2009-2010 à 2921,1 millions $ en 2019-2020, une hausse de 73 %, et celles des médecins spécialistes de 2735 millions $ en 2009-2010 à 4702,8 millions $ en 2019-2020, une hausse de 72 % (voir les pages 115 et 116 de ce document et les pages 164 et 165 de celui-ci).

Le gouvernement nous dira peut-être qu’il craint l’exode de nos médecins, en reprenant le discours des fédérations de médecins… On se demanderait bien pourquoi, car, en plus du fait que leurs revenus sont plus élevés que dans les autres provinces, les médecins du Québec ont toujours été les médecins canadiens qui quittaient le moins leur province selon les données de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), comme je l’ai montré entre autres dans ce billet. En plus, le solde international et interprovincial des migrations de médecins est depuis quelques années positif au Québec. Par ailleurs, certaines données de l’ICIS provenant d’un rapport commandé par le gouvernement du Québec (toujours pas rendu public en entier à ma connaissance) montrent aussi que ce rattrapage serait déjà réalisé. Alors, pourquoi avoir autant augmenté leurs revenus et pourquoi la CAQ ne respecte-t-elle pas ses engagements pour les réduire? Pendant ce temps, on manque de personnel dans presque toutes les autres professions de la santé et dans celle de l’éducation et le gouvernement leur offre moins que le maintien de leur pouvoir d’achat…

Et alors…

On voit donc qu’il n’est pas facile d’avoir le fin mot sur la question de la rémunération des médecins. Cela dit, il demeure indécent que l’on consacre autant de ressources pour une faible proportion des travailleur.euses de la santé alors que ce sont les membres des autres professions qui ont des salaires bien plus bas que dans les autres provinces. En plus, on exerce de fortes pressions sur le personnel médical (comme le temps supplémentaire obligatoire), ce qui entraîne encore plus d’absences pour maladie (ce qui est aussi le cas dans l’enseignement) et de départs pour le secteur privé. Pire, la médiatisation de leurs conditions de travail médiocres et des maladies qu’elles entraînent fait diminuer les cohortes de personnes qui étudient dans ces domaines, laissant présager une nouvelle détérioration de la situation ou, au mieux, son maintien dans l’état actuel.

Bref, n’ayant toujours pas de réponses satisfaisantes et ne constatant aucune mesure pour améliorer la situation, je risque de mettre à jour encore bien des fois ce billet au cours des prochaines années!

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