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Le marché du travail en 2022 au Québec (2)

19 janvier 2023

marché du travail du Québec en 2022Dans mon précédent billet portant sur le taux d’emploi au Québec et au Canada entre 2000 et 2022, on a vu que, malgré les effets du vieillissement de la population et de la pandémie, la performance du marché du travail québécois en 2022 fut tout simplement renversante, avec neuf sommets historiques (en plus de deux deuxièmes rangs) des taux d’emploi sur 12 tranches d’âge. Cela dit, il est toujours préférable de jeter un œil sur d’autres aspects de la question pour avoir une vision plus complète de la performance du Québec sur le marché du travail. Je vais d’abord regarder plus en détail l’évolution de l’emploi au cours des dernières années, puis présenterai quelques caractéristiques de cette évolution.

Forte croissance?

Quand on utilise les estimations de l’Enquête sur la population active (EPA), il faut toujours se méfier en raison de leurs marges d’erreur élevées. Même si ce billet présente surtout des estimations annuelles qui ont des marges d’erreur deux à trois plus faibles que les estimations mensuelles, il est bon de comparer ces estimations avec les données de l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH), car ces dernières n’ont pas de marge d’erreur, provenant d’un recensement des salariés de toutes marché du travail du Québec en 2022_2_1les entreprises à partir de leur liste de paye. Le graphique ci-contre, produit à l’aide des données désaisonnalisées des tableaux 14-10-0223-01 et 14-10-0288-01 de Statistique Canada, compare les estimations de l’emploi salarié de ces deux enquêtes. Comme le niveau d’emploi de ces deux enquêtes n’est pas le même, j’ai fait partir les données à 100 (en divisant chaque donnée de chaque série par l’emploi de janvier 2019) dans les deux cas pour qu’on puisse mieux voir l’évolution relative des deux courbes.

Ce graphique montre que les courbes de l’emploi salarié de l’EERH (ligne rouge) et de l’EPA (ligne bleue) se sont assez bien suivies jusqu’en février 2020, mais que celle de l’ERRH s’est retrouvée systématiquement sous celle de l’EPA d’avril 2020 à août 2021, tout simplement parce que les gens en congé sans solde sont considérés comme en emploi par l’EPA et pas par l’EERH, car ils ne sont pas dans les listes de paye, et que cette situation était beaucoup plus fréquente qu’habituellement durant la période de confinement. Les deux courbes ont recommencé à se suivre de septembre 2021 à mars 2022. Par contre, les données de l’EERH ont surpassé les estimations de l’EPA d’avril à octobre 2022, laissant penser que les estimations de l’emploi de l’EPA ont été dans la partie basse de leur marge d’erreur au cours de cette période (hypothèse que j’ai soulevée dans mes billets mensuels sur le marché du travail, avec celle de problèmes avec la désaisonnalisation). D’ailleurs, on peut voir que les estimations de l’EPA ont augmenté chaque mois entre juillet et décembre 2022, atteignant un taux d’emploi de 61,7 % en hausse importante par rapport aux mois précédents (entre 60,8 % et 61,4 % d’avril à août). Les données de l’EERH ne sont toutefois pas encore publiées pour ces deux mois, mais je ne serais pas surpris que les deux courbes se rejoignent en décembre 2022, leur écart s’étant d’ailleurs grandement réduit en octobre 2022. Cela signifie que la croissance de l’emploi de 2,6 % (ou de 112 000 emplois) en 2022 selon l’EPA est probablement sous-estimée légèrement.

marché du travail du Québec en 2022_2_2Le tableau ci-contre (réalisé à l’aide des tableaux 14-10-0201-01 et 14-10-0027-01), qui compare les taux de croissance selon les estimations de l’EPA et les données de l’EERH, va dans le même sens. On peut en effet voir que le niveau de baisse de l’emploi salarié selon l’EPA (avant-dernière ligne) fut un peu moins élevé que celui de l’EERH (première ligne) en 2020 (-4,8 % par rapport à -7,3 %), que cet écart s’est inversé en 2021 (+5,5 % par rapport à +6,8 %) et que la croissance de l’emploi fut nettement plus élevée au cours des 10 premiers mois de 2022 selon les données de l’EERH (6,1 %) que selon les estimations de l’EPA (3,3 %). Au bout du compte, l’emploi salarié a augmenté de 4,3 % entre 2019 et les 10 premiers mois de 2022 selon les données de l’EERH, mais de 3,4 % selon les estimations de l’EPA, ce qui va dans le sens de ce que montre le graphique. Cette différence est notable, mais quand même pas si importante compte tenu des mouvements opposés observés annuellement, des différences entre les univers des deux enquêtes et les marges d’erreur des estimations de l’EPA. On notera que la croissance globale de l’emploi selon les estimations de l’EPA (deuxième ligne) entre 2019 et les 10 premiers mois de 2022 fut nettement plus faible que celle de l’emploi salarié (1,5 % par rapport à 3,4 %). Cette différence s’explique par la très forte baisse (-11,0 %) de l’emploi autonome (dernière ligne), baisse qui contredit le mythe prétendant que l’emploi autonome gagne en importance lors de récessions, d’autant plus que leur baisse fut aussi plus forte en 2020, au cœur de la récession.

Autres aspects

– le taux de chômage

Le taux de chômage le plus bas des 564 mois pour lesquels Statistique Canada a publié des données depuis janvier 1976 a été observé en novembre 2022 (3,5 % en données non désaisonnalisées et 3,8 % en données désaisonnalisées selon les données du tableau 14-10-0287-01). En données désaisonnalisées, les neuf taux de chômage les plus bas de ces 564 mois ont eu lieu en 2022, ce qui sort d’autant plus de l’ordinaire quand on sait que le plus élevé a été observé en avril 2020 (18,3 % en données non désaisonnalisées et 17,5 % en données désaisonnalisées). On ne sera donc pas surpris de constater que le taux de chômage annuel le plus bas a été enregistré en 2022, avec un taux de 4,3 % en baisse de 1,8 point de pourcentage (6,1 % en 2021, le marché du travail du Québec en 2022_2_3cinquième plus bas), comme on peut le voir dans le graphique ci-contre. Malgré le sommet d’avril 2020, l’année 2020 s’est classée au milieu de ces 47 années (au 23e rang) avec un taux de chômage de 8,9 %, loin des 14,0 % et 14,2 % atteints en 1982 et en 1983.

– l’emploi selon le genre

La pandémie a davantage pénalisé l’emploi des femmes que celui des hommes. En effet, l’emploi a diminué de 4,2 % en 2020 chez les hommes, mais de 5,5 % chez les femmes. Si la reprise de l’emploi en 2021 et 2022 a été un peu plus forte chez les femmes (7,2 % par rapport à 6,6 %), leur emploi avait toujours moins augmenté entre 2019 et 2022 (+1,3 % par rapport à +2,0 %). Comme l’estimation de l’emploi avait augmenté beaucoup plus chez les femmes de 1999 à 2014 (27,9 % par rapport à 14,2 % chez les hommes), mais que ce fut le contraire par la suite (7,0 % par rapport à 8,1 % de 2014 à 2019), il est difficile d’attribuer seulement à la pandémie la plus faible croissance de l’emploi des femmes entre 2019 et 2022. Il sera intéressant de voir au cours des prochaines années si ce revirement est temporaire ou durable, en tenant compte en plus du fait que le rattrapage de l’emploi chez les femmes sera probablement limité à celles âgées de 65 ans et plus, comme mentionné dans le précédent billet.

– l’emploi selon le genre de travail

Alors que l’estimation de l’emploi a augmenté de 1,7 % entre 2019 et 2022 (la hausse de 1,5 % du tableau était pour les 10 premiers mois de 2022), le travail à temps plein (30 heures et plus par semaine) a augmenté de 2,8 % pendant que celui à temps partiel (moins de 30 heures par semaine) a diminué de 2,9 %. Si l’emploi a augmenté de 2,0 % chez les hommes et de 1,3 % chez les femmes, assez étrangement, le travail à temps plein a davantage augmenté chez les femmes (3,4 %) que chez les hommes (2,2 %). À l’inverse, le travail à temps partiel a légèrement augmenté chez les hommes (0,9 %), mais a diminué de 5,1 % chez les femmes. En fait, là aussi, ce n’est rien de neuf, car le travail à temps plein a aussi plus augmenté que le travail à temps partiel de 2017 à 2019 (3,5 % par rapport à -0,4 %). Comme en 2019 et encore plus cette année, je me demande si cette concentration de la croissance de l’emploi dans le travail à temps plein pourrait être une conséquence de la hausse du taux de postes vacants et du bas taux de chômage, ou encore le résultat d’un changement structurel de l’emploi (par exemple, moins d’emplois dans la restauration et plus dans d’autres industries). À suivre!

– les salaires

Selon les estimations de l’EPA tirées du tableau 14-10-0064-01, le salaire horaire moyen a augmenté de 6,2 % en 2022 (de 6,1 % chez les hommes et de 6,4 % chez les femmes), taux légèrement inférieur à l’inflation (6,7 %). Sur 2019, cette hausse fut de 15,2 % (de 14,4 % chez les hommes et de 15,9 % chez les femmes, probablement parce les femmes ont perdu plus d’emplois à temps partiel souvent mal payés, ce qui a fait augmenter leur salaire moyen). Ce taux de 15,2 % est cette fois nettement plus élevé que l’inflation (11,6 % en trois ans). Cette observation va dans le même sens que celle sur la plus forte augmentation du travail à temps plein pour suggérer que la qualité des emplois s’est améliorée entre 2019 et 2022. Notons que les données de l’EERH présentent des hausses salariales semblables selon le tableau 14-10-0222-01, même si un peu inférieures (14,4 % sur trois ans au lieu de 15,2 %).

– l’emploi selon les catégories

Entre 2019 et 2022, l’estimation de l’emploi a augmenté de 3,6 % dans le travail salarié (de 4,2 % chez les hommes et de 3,0 % chez les femmes), alors qu’il a baissé de 11,1 % dans le travail autonome (de 9,8 % chez les hommes et de 13,1 % chez les femmes). Le travail salarié a augmenté de 10,5 % dans le secteur public et de 1,3 % dans le secteur privé, selon les données du tableau 14-10-0027-01. Les tendances entre 2014 et 2019 allaient dans le même sens, mais de façon moins accentuée. En effet, l’estimation de l’emploi dans le travail autonome a augmenté de 3,3 %, soit 2,5 fois moins que dans le travail salarié (8,2 %), hausse mieux partagée entre l’emploi dans le secteur privé (+7,9 %) et dans le secteur public (9,3 %). La croissance moins forte de l’emploi dans le travail autonome, et même son recul depuis 2019, peuvent étonner, car allant à l’encontre de l’imaginaire collectif, mais ce constat ne fait que poursuivre une tendance qui se manifeste depuis le tournant du siècle, le travail salarié ayant augmenté de 23,0 % de 1999 à 2014, hausse trois fois et demie plus élevée que celle du travail autonome (9 %). Au bout du compte, la part du travail autonome dans l’emploi total est passé de 15,4 % en 1999 à 13,1 % en 2019, puis à 11,4 % en 2022, et la part de l’emploi dans le secteur public de 20,1 % en 1999 à 21,9 % en 2019, puis à 23,8 % en 2022, s’approchant de son sommet historique de 24,7 % en 1982. On peut en fait considérer que la hausse de la part de l’emploi dans le secteur public depuis 1999 comme un rattrapage à la suite des compressions et mises à la retraite de la fin des années 1990, et des besoins du secteur de la santé dus entre autres au vieillissement de la population, secteur dans lequel l’emploi a augmenté de 72,4 % depuis 1999. Notons que cette croissance s’est manifestée aussi bien dans le secteur public (+83,7 %) que dans le secteur privé (82,0 %), mais beaucoup moins dans le travail autonome (+18,2 % quand même).

– l’emploi selon la région

Selon les estimations du tableau 14-10-0393-01, la part de la croissance de l’emploi au Québec entre 2019 et 2022 fut nettement plus élevée que leur part de l’emploi en 2019 dans les régions de Montréal (l’île, 70,2 % par rapport à 25,0 %), de Lanaudière (23,3 % par rapport à 5,9 %), de Montérégie (27,8 % par rapport à 18,9 %) et de Laval (13,9 % par rapport à 5,0 %), et nettement moins élevée dans celles de la Capitale-Nationale (-21,2 % par rapport à 9,4 %), de la Côte-Nord et Nord-du-Québec (-8,8 % par rapport à 1,2 %), de la Mauricie (-8,3 % par rapport à 2,8 %) et du Saguenay-Lac-Saint-Jean (-6,3 % par rapport à 3,0 %). Même sur huit ans, soit de 2014 à 2022, la part de la croissance de l’emploi dans la région de Montréal a été beaucoup plus forte que sa part de l’emploi en 2014, soit de 51,5 % par rapport à 23,3 %, et beaucoup plus faible dans celle de la Capitale-Nationale (1,5 % par rapport à 9,5 %), ce qui représente un virage complet avec la tendance observée de 2006 à 2014, alors que la part de la croissance de l’emploi dans la région de Montréal a été beaucoup plus faible que sa part de l’emploi en 2006 (4,4 % par rapport à 24,7 %) et que ce fut l’inverse dans la région de la Capitale-Nationale (15,1 % par rapport à 9,1 %). Notons toutefois que la croissance de l’emploi ne dépend pas que du dynamisme du marché du travail, mais aussi de facteurs démographiques. Par exemple, la croissance de la population adulte fut légèrement plus élevée à Montréal qu’à Laval et qu’en Montérégie, et beaucoup plus que dans la région de la Capitale-Nationale entre 2014 et 2022, mais fut nettement moins élevée à Montréal qu’à Laval et qu’en Montérégie entre 2006 et 2014 et semblable à celle de la Capitale-Nationale. De même, la structure d’âge de la population adulte peut avoir un impact important. Or, Montréal est la région du Québec qui accueille la proportion la plus élevée de personnes âgées de 20 à 64 ans, la plus active sur le marché du travail.

– l’emploi et le chômage selon le statut d’immigrant

On se souvient sûrement de la déclaration malheureuse (euphémisme) de Jean Boulet qui a prétendu lors de la dernière campagne électorale que «80 % des immigrants ne travaillent pas». On sait bien sûr que cette déclaration est fausse. Mais à quel point?

Le fait que la plus forte augmentation de l’emploi ait eu lieu dans l’île de Montréal depuis 2014 suggère que la situation sur le marché du travail de la population immigrante s’est améliorée, puisqu’environ 54 % de la population immigrante habite cette région, selon les données du recensement de 2021. Il vaut de toute façon la peine de regarder cette situation de plus près, notamment pour savoir si elle est encore bien moins bonne pour les immigrant.es que pour les personnes nées au Canada et aussi que pour les immigrant.es du reste du Canada, et, si oui, à quel point.

Le tableau qui suit, tiré du tableau 14-10-0083-01, montre que, si la situation de l’emploi de la population immigrante récente, soit au Canada depuis au plus cinq ans, et totale âgée de 25 à 54 ans (tranche d’âge la plus propice aux comparaisons entre la population immigrante et celle née au Canada, car elles ont des structures démographiques très différentes) ne s’est que légèrement améliorée entre 2011 et 2015 au Québec, elle s’est redressée de façon spectaculaire entre 2015 et 2019 et entre 2019 et 2022. Ainsi, sur les 11,8 points de pourcentage d’amélioration du taux d’emploi de la population immigrante entre 2011 et 2022, 7,0 d’entre eux se sont réalisés entre 2015 et 2019 et 2,5 entre 2019 et 2022, pour un total de 9,5 points sur 11,8, ou 80 % de cette amélioration. Chez les immigrant.es récent.es, ce fut 16,4 des 17,5 points d’amélioration (93 %) qui se sont manifestés entre 2015 et 2022, dont 10,2 ou 58 % entre 2019 et 2022. Si le taux d’emploi des personnes nées au Canada a aussi connu une hausse entre 2011 et 2022, elle fut bien moindre que celle des immigrant.es, récent.es ou non (5,8 points de pourcentage, par rapport à 11,8 et 17,5 points). Il en fut de même pour le taux de chômage, qui est passé de 19,3 % en 2011 à 7,5 % en 2022 chez les immigrant.es récent.es, niveau toujours beaucoup plus élevé que celui des natif.ives (2,8 %), mais en baisse de plus de 60 %. Pour l’ensemble de la population immigrante, le taux de chômage est passé de 12,0 % à 5,4 %, une baisse de 55 %. Notons finalement que la baisse fut aussi importante chez les natif.ives, le taux de chômage étant passé de 5,8 % à 2,8 %, une baisse de 51 %. On voit bien que les immigrant.es sont loin de voler des emplois comme le disait un mythe heureusement disparu depuis longtemps.

marché du travail du Québec en 2022_2_4

Ce constat est majeur. En raison de cette amélioration et aussi de la hausse de plus de 56 % de la population adulte (personnes âgées de 15 ans et plus) immigrante (y compris les résident.es non permanent.es) entre 2011 et 2022, alors que la population adulte native stagnait (baisse de 0,06 %), le nombre d’emplois occupés par des immigrant.es a augmenté de 437 000 entre 2011 et 2022 (ou de 82 %), pendant que le nombre d’emplois occupés par des natif.ives diminuait de 20 000 (ou de 0,6 %). Alors que la population immigrante n’occupait que 13,4 % de l’emploi en 2011, elle en occupait 22,1 % en 2022. Et c’est cet apport que le gouvernement actuel a décidé de limiter.

Cette amélioration a aussi permis de réduire considérablement l’écart entre les taux d’emploi et de chômage des immigrant.es du Québec et ceux des immigrant.es du reste du Canada âgé.es de 25 à 54 ans, comme on peut le voir dans le tableau qui suit.

marché du travail du Québec en 2022_2_5

Ce tableau nous montre que l’écart entre le taux d’emploi au Québec et dans le reste du Canada entre 2006 et 2022 :

  • est passé d’un déficit de 7,9 points de pourcentage à un avantage de 0,1 point chez les immigrant.es, une amélioration de 8,1 points, et qu’environ 64 % de cettte amélioration (soit 5,2 points sur 8,1) s’est réalisé entre 2015 et 2022;
  • est passé de 8,1 à 3,5 points chez les immigrant.es récent.es, une baisse de 4,7 points ou de 57 %, et que la baisse réalisée entre 2015 et 2022 fut encore plus forte (6,1 points), car cet écart s’était creusé entre 2006 et 2015, de 8,1 à 9,6 points;
  • est passé d’un déficit de 1,8 point à un avantage de 3,8 points chez les natif.ives du Canada, une amélioration de 5,6 points, et que 40 % de cette amélioration (soit 2,2 points sur 5,6) s’est réalisée entre 2015 et 2022.

Il nous montre aussi que l’écart entre le taux de chômage au Québec et dans le reste du Canada entre 2006 et 2022 :

  • est passé de 6,5 points de pourcentage à 0,2 point chez les immigrant.es, une baisse de 6,2 points ou de 96 %, et que plus de 60 % de cette baisse (soit 3,8 points sur 6,2) s’est réalisée entre 2015 et 2022;
  • est passé d’un niveau plus élevé de 8,1 points de pourcentage à un niveau moins élevé de 0,2 point chez les immigrant.es récent.es, une amélioration de 8,3 points, et que 88 % de cette amélioration (soit 7,4 points sur 8,3) s’est réalisé entre 2015 et 2022;
  • est passé d’un niveau plus élevé de 1,9 point à un niveau plus bas de 1,3 point chez les natif.ives du Canada, une amélioration de 3,2 points, et que 54 % de cette amélioration (soit 1,7 point sur 3,2) s’est réalisée entre 2015 et 2022.

Même si on entend de plus en plus parler de ce redressement spectaculaire, il demeure que le gouvernement utilise encore des arguments sur la mauvaise intégration des immigrant.es au marché du travail pour justifier sa décision de limiter les seuils d’immigration, alors qu’elle est responsable de plus de 100 % de l’augmentation de l’emploi au Québec entre 2011 et 2022. Ce fut même le cas de plus de 200 % de cette hausse entre 2019 et 2022 (151 100 sur 72 600, l’emploi des natif.ives ayant baissé de 78 500), même si l’immigration a été ralentie durant la pandémie! Dans le contexte actuel de difficultés de recrutement, de niveau élevé de postes vacants et de vieillissement rapide de la population, il est pourtant clair que l’apport de l’immigration est de plus en plus essentiel.

Je vais apporter un bémol à ce portrait qui semble trop beau pour être vrai. Comme le Québec a accepté peu d’immigrant.es en 2020 et en 2021, il y avait moins d’immigrant.es étant au Québec (et dans le reste du Canada) depuis moins de deux ans. La composition des immigrant.es récent.es était donc formée d’une proportion plus grande d’immigrant.es au pays depuis deux, trois et quatre ans, immigrant.es qui ont une meilleure situation sur le marché du travail que les immigrant.es au pays depuis moins de deux ans. Cet effet de composition peut avoir contribué au taux d’emploi relativement élevé de cette population en 2022 et à leur taux de chômage inhabituellement bas. On en saura plus à ce sujet au cours des prochaines années.

Quelques facteurs

J’aurais aimé compléter ce billet avec des données d’autres sources, en analysant par exemple les données sur l’assurance-emploi, les faillites, les ventes au détail, les opérations financières du gouvernement et le PIB, mais comme ce billet commence à être vraiment long et surtout parce qu’il porte en fait sur trois ans (toute la période de pandémie) et que ce serait compliqué d’analyser ces cinq facteurs sur trois ans, je vais en rester là. Je dirai seulement que je les ai regardées et qu’elles vont dans le même sens que les données sur l’emploi que j’ai présentées.

Et alors…

Ce billet a permis d’avoir une perspective plus complète de l’évolution du marché du travail au Québec entre 2019 et 2022, et même depuis le début du siècle, sans perdre de vue que ces mouvements tiennent compte des effets de plus en plus importants du vieillissement de la population. Pour moi, le point saillant de ce billet est l’amélioration spectaculaire de la situation sur le marché du travail de la population immigrante.

Je dis depuis au moins 2018 qu’il serait étonnant que l’augmentation de l’emploi se maintienne au niveau observé depuis environ cinq ans. Pourtant, les sommets historiques des taux d’emploi ne cessent d’être battus. Mon premier réflexe serait de dire que cela sera difficile d’améliorer les sommets atteints cette année, mais je n’ose plus. Cela dit, à moins que la Banque du Canada arrête d’augmenter ses taux et même les réduise d’ici quelque mois, je serais surpris que ces sommets soient augmentés en 2023. Mais, je commence à être habitué de me faire surprendre… En plus, en 2024, rien ne sera impossible!

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